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- Prologue - Résilience


 

 

❝  Elle se tient immobile, spectatrice de l'agitation tranquille qui tire le port de sa torpeur. Seule femme de ce décor à l'attrait singulier, aucune coiffe ne vient ceindre sa tête d'une noble convenance. Les longues mèche brunes battent sa tempe au fil de la bise, fugitives d'une demi-queue où se perd quelques filins blancs, témoins muets d'un âge passant sur ce visage qui ne saurait trahir aucune année. La mâchoire termine l'ovale doux d'un minois que l'on imagine volontiers tendre naguère, mais que la sévérité des traits d'hui vient nimber d'un troublant paradoxe. La vie a posé l'estampille de son expérience et sa rudesse, vorace et implacable, creusant une ride du lion régnant en maître entre les sourcils qui rehaussent les iris d'un azur sombre, impénétrable de pensées et pourtant si cinglant d'attention. Un col de zibeline vient étreindre son cou, surmontant une longue cape noire dont la forme si près du corps laisse envisager que ce n'est pas de jupons qu'elle a drapé ses hanches. Cependant, parmi ce tableau de particularités qui fait sa personne, rien ne serait, sans doute, être aussi prégnant que les balafres blanches qui taillent ses joues d'un sourire postiche. ❞ . Anaon "Le Sel des Fers" .

 

 

 



Table of contents


- Février 1465 -

Un ourlet d'embruns vient border le rivage. Rideau de bruine qui fait un voile de mariée à l'horizon pâlie. En ce matin de février, le mercure reste caché sous la masse froide et immobile de l'air hiémal. La bise tantôt s'essouffle, tantôt cisaille, dans cette aube naissante que le cri des mouettes vient à peine perturber. Un décor gelé, que seul le roulis des vagues anime de sa langoureuse cadence. Sur la palette pastel du ciel en éveil, la figure sombre de la galère dresse ses mâts pailletés de gouttelettes comme les pinacles d'une église constellés de givre. Les mains épaisses des débardeurs éventrent le navire de ces précieuses marchandises, camouflées dans de lourdes caisses qui ne laissent rien transparaître des trésors exotiques qui sommeillent en leur sein.❞ . Anaon . 

 

- Février 1465 -

L'esprit d'un enfant est une mer que les vents adultes façonnent, au gré de leurs leçons aux prix de leurs erreurs. Ils ont tant et tant l'habitude de cheminer le monde, de leurs humeurs de brises et leurs coups d'ouragan, qu'ils en oublient souvent les étendues innocentes et tranquilles qu'ils déforment et malmènent. Et à trop souffler le bon et le mauvais, ils rendront la mer plus secrète. L'enfant se peuplera de vies sur lequel le vent n'aura que peu d'emprise. Il se creusera d'abysse qu'il ne sondera jamais. Et quand après ses tempêtes, même involontaires, il comptera sur la grève les cadavres des illusions et des rêves que l'enfant aura recrachés au monde, il regrettera avec amertume d'avoir soufflé si fort.❞ . Anaon .

 

- Juin 1465 -

Loras connait les jeux dangereux qui entrainent d'odieuses conséquences. A vingt trois ans, son enfance n'est pas si loin. Il n'a rien oublié. Rien de ses actes gratuits. Lorsque dans son enfance il avait souvent tué de petits animaux pour le plaisir de voir comment la vie pouvait s'achever , pour tester son pouvoir, en connaitre les limites. Les versants sournois. Rien qui l'ait fasciné. Rien qui n'eut valu d'aimer cela. Devenu adulte par la morsure des chiens, les jeux cruels des hommes, les vengeances de la nature, le serbe était entier, droit dans ses bottes, et ne tuait que par nécessité. Extrême. Depuis le renoncement. Depuis les bris d'allégeances. La délivrance.❞ . Loras Novgorod .

 



Footnote


Archivist: Ann Anaon
Add: 08/02/2017 - 23:32
Change: 13/10/2018 - 23:46

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