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Info:
Ouverture du testament de Marguerite Corteis de Volpilhat, à la Chapelle Saint Antoine

[RP] Fleur fanée

Cristòl
Corteis, Appérault, Volpilhat... C'était Sylvestre ou Mnémosyne. Mais Corteis, c'était mieux sans doute, car elle en avait été chef de famille, après tout.
Depuis quelques semaines, déjà, Cristòl faisait le deuil de son amie, de sa marraine... Qui lui était tout, tout vraiment ! Et maintenant qu'il ne croyait plus à la vertu de son père, il n'avait que le souvenir de sa marraine, chère, et tendre, pour vivre et espérer. Espérer qu'un jour, tout serait mieux, tout serait bel et bon.

Cristòl n'était pas là dans son tabard de héraut - pas cette fois. Il était là pour ouvrir le testament de Marguerite de Volpilhat, qui avait fait de lui l'exécuteur de ses dernières volontés, ô combien lourdes, ô combien douloureuses.

C'était pour cela qu'ayant fait prévenir Sylvestre, il attendait, mains l'une dans l'autre dans son dos, et menton baissés dans la contemplation du pavage de Saint-Antoine le Petit.

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Ylalang
Après avoir assisté à l'office de Prime, Sylvestre était retourné dans son bureau préparer le difficile dossier qui l'attendait ce jour. Ce fut assez pensive que la généalogiste quitta son alcôve pour rejoindre le baron de Saint Félix.

Les noms qui parcouraient ces vélins éveillaient beaucoup de souvenirs, ceux d'une noce bien étrange, d'un mariage arrangé entre deux familles puissantes, d'un au-revoir à un jeune homme qu'elle avait beaucoup apprécié, et qui n'avait fait que connaitre la solitude et l'égarement dans les chaudes terres d'Oc. Son esprit se fixa alors sur l'image de la mariée, fugitivement rencontrée à l'hérauderie, et qui n'avait été pour elle qu'une enfant plongée trop tôt dans les noeuds des alliances.
Et encore, elle n'avait fait qu'entr-apercevoir la complexité de cette femme-enfant, l'ayant trop peu connu. Mais il avait été aisé de remarquer cette sorte de vénération, d'instinct de protection presque maternel que la fleur d'Oc générait chez ses proches, indifféremment qu'ils soient hommes ou femmes. Ce qui était la faiblesse avait fait la force en fin de compte.
Mais aujourd'hui elle était morte, et
Sylvestre se retrouvait avec un épais dossier ou se mélaient la généalogie de la famille du Roy de France et celle du Roy d'Aragon, avec pour mission de ne pas faillir. Elle n'avait pas de le droit à l'erreur, alors que cela ne faisait que quelques jours qu'elle avait cet office...

Et parce qu'il n'était plus
Lengàdoc en cet instant, et que la vicomtesse ne connaissait que trop peu Cristòl, ce fut avec un formalisme certain qu'elle le salua, sur le parvis de Sainct Anthoine.

Le bonjour Baron.

La vicomtesse leva les yeux au ciel, regardant les nuages filer et les oiseaux passer. C'était une belle journée de printemps pour elle, mais pour eux, ceux qui allaient ouvrir le testament, qu'était-ce ?

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Cristòl
Lugubre. Malgré l'air doux d'avril, malgré les coins de ciel bleu qui rognaient sur les nuages. Entre eux deux, une tension, un lien ténu, une conspiration contre la mort. Mais tout échouait, en fin de compte ; on ne pouvait que la constater, la pleurer et, à force de temps, l'accepter.

Le Chevalier de Sìarr resserra sa cape hospitalière sur son dos ; non qu'il eût froid, mais il voulait s'envelopper de cette chape d'humilité, au moment d'appliquer les volontés funèbres de celle qui lui avait tout été.


-« Adissiatz, Silvèstre. »

Un nœud dans la gorge. Qu'aurait-il dû dire de plus ? Par son regard, il indiqua qu'il allait entrer dans la chapelle, et ce serait le meilleur endroit, pour mettre en oeuvre le testament de la si pieuse, si blanche, si froidement fervente Margot.
Ses pas raisonnaient ; il n'y avait pas beaucoup de monde ce matin-là, à Saint-Antoine le Petit. Le long de la travée principale, des écritoires, comme cela se faisait. L'on tenait même la bourse, dans certains clochers ! Mais ici tout était calme, ce matin-là. Le repos éternel. Et maintenant comment rompre le silence ? Fades, insipides paroles, face à cette douleur, face à cet événement aussi imprévu que terrible. Le Chevalier se demanda si Sylvestre savait les conditions de la mort de Margot. Si seulement...


-« Avez-vous... avez-vous tout ce qu'il faut ? »
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Ylalang
Une semi-seconde d'hésitation quand Cristòl de Siarr l'interrogea. Avait-il peur que de par son inéxperience, les choses ne soient pas faites correctement, ou n'était-ce qu'un prétexte pour parler, rompre ce silence qui semblait si pesant pour le jeune homme ? Elle eut un demi-sourire qu'elle voulut apaisant.

Oui, rassurez-vous...

En silence, remontant la travée, dépassant les écritoires, elle prit la direction d'une alcôve libre, éclairée par des chandelles, ou elle invita le baron à prendre place. Le testament était long, et même si les bancs étaient durs, le héraut avait une jambe à ménager. Elle n'avait aucune envie de devoir arborer à nouveau une canne, question d'esthetique. Et de fierté.

Attendons-nous l'autre executeur testamentaire, Paula-Estèva d'Alanha, ou quelques-uns des bénéficiaires du testament de Marguerite ?
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Polstephie
Et alors qu'ils avançaient au sein de la Chapelle, ils purent entrapercevoir une blanche silhouette.

Blanche la robe qu'elle avait revêtue.

Blanc le voile qui masquait son visage et même sa tête en entier.

Blancs les gants et la cape.

On aurait pu croire un fantôme tellement était blanc également le silence qui l'entourait.


Un mouvement. Un visage qui semble se relever pour les fixer, mais dont on ne peut saisir le regard puisqu'il est voilé.

La Poursuivante d'Armes reconnut la jeune femme aux côtés de son Maître. Elle ne se voulait pas Comtesse en ce jour et encore moins Epouse du Roy d'Armes. Elle venait parce que
Lengadòc lui avait appris la teneur de la mission qui l'attendait. Elle avait promis alors d'assister au moment. Il le fallait.

Elle avait donc accompagné son Epoux en la Chapelle et s'y était fait discrète jusqu'à entrapercevoir les personnes avec qui elle savait qu'elle allait devoir oeuvrer. Rouvrir les plaies qui étaient encore béantes. Et se fondre dans cette douleur qui était son quotidien, presque seul élément lui rappelant qu'elle était vivante... elle...


Murmure alors qui brise le silence, ou plutôt l'accompagne. Cette voix qui est sienne depuis le drame, presque venue d'outre-tombe, presque glaciale parfois.


Adissiatz...

Etrange moment que celui où une Papesse officie en une Chapelle et s'adresse à une Etoile...
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Ylalang
Le baron de Saint Felix n'eut pas besoin de répondre à sa question qu'une silhouette spectrale apparût. Sylvestre déglutit péniblement à la vision de la comtesse du Gévaudan dans ces atours mortuaires, comme si c'était elle- même qui venait d'être enterrée. Elle invita celle-ci à s'asseoir dans l'alcôve, dans un occitan qu'elle jugeait approximatif, mais il fallait croire que cette langue du sud déteignait à force d'être entendue...

Adissiatz Contessa, merci d'être venue.

Il y eu un silence, assez lourd, annonciateur de ce qui allait arriver. Et assez bêtement, ne trouvant pas d'autre formulation, la vicomtesse leur demanda à tous deux.

Etes-vous prêts ? Ou souhaitez-vous attendre d'autres personnes ?

Sur ces mots, elle mit devant elle le vélin scellé par son prédecesseur.

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Cristòl
Cristòl s'inclina devant Paula, et son cœur s'étreignit. Paula... Aussi blanche désormais que l'avait été la Fleur d'Oc la plus grande partie de sa vie. Sauf ce jour, ce jour de noce, ce jour en rouge.

Et le silence. Le silence dans la chambre mortuaire de la Fleur d'Oc. C'était le même, ou presque...


-« Nous... Nous pouvons commencer. La jeune soeur de la... de Marguerite viendra peut-être, elle est à une auberge proche avec sa gouvernante... Mais il n'est pas certain qu'elle vienne, peut-être renoncera-t-elle à cette épreuve.

Nous pouvons, oui... Nous pouvons commencer. »


Et son regard tomba sur le rotulus en vélin. Il en connaissait certains points, mais jamais ne l'avait vu, jamais ne l'avait lu...
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Polstephie
Elle ne releva pas le voile qui la masquait. Elle se contenta de pencher doucement la tête et de murmurer de cette voix aussi blanche que sa tenue.

Òc... Soi...

Pardonnez-moi... Oui. Nous pouvons.


Économie de mots, comme si l'Occitan lui même était en deuil finalement. Cette langue si chantante ne chantait pas le bonheur en cette occasion mais entamait un Requiem en l'honneur de la Blanche Marguerite nimbée de Rouge désormais et portait la douleur de Paula-Estèva.

Elle était là. Morte parmi les Vivants. Une grande part d'elle anéantie à Jamais.

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Ylalang
Sylvestre hocha la tête aux propos des deux languedociens, et brisa le sceau. Avant d'entamer la lecture du testament, elle crut bon d'ajouter :

Le troisième executeur testamentaire aurait du être feu Sa Majesté Reginhart Cortéis de Volpilhat, Roy d'Aragon.

Puis la longue lecture commença, le héraut prenant soin de faire une pause après chacun des paragraphes, pour permettre aux deux executeurs de bien comprendre ce qu'ils impliquaient, et éventuellement prendre des notes.

Citation:
Citation:
Ce mercredi, XIVème jour de janvier de l'an d'Horace MCDLVII, moi, Marguerite Charlotte Victorine Corteis de Volpilhat, dite la Fleur d'Oc, en pleine conscience de ma raison et de mon cœur, quoiqu'affaiblie au lendemain de la naissance de ma fille Jehanne Elissa Raphaelle, née d'Appérault, et consciente de l'emprise du Très Haut sur mon âme et du droit qu'il aurait à la rappeler à lui à tout moment, teste en présence de mon frère, Reginhart Ferreol Raphaël de Volpilhat, ma sœur, Catalina Constance Marianne de Volpilhat, et mes gens en l'Hostel des Malpertuis, sis en la bonne ville de Carcassonne, dite le Joyau du Languedoc.

Si je devais dans les jours, les mois ou les ans prochains, être rappelée auprès de Lui,
Que le Très Haut reçoive mon âme, car à celui que j'aime le plus, j'offre ce que j'ai de plus précieux ;

Que la Crypte des Illustres sous la Cathédrale de Narbonne reçoive mon cœur embaumé, dans une urne, dans le tombeau de ma feue mère ;
Que la Vaunage reçoive mon corps, dans la chapelle du château qui reste encore à consacrer ;

Que soient dites trois messes pour mon âme, une en la Basilique Saint-Nazaire de Carcassonne, une en la Cathédrale de Narbonne, au jour de mes funérailles, et une nouvelle dans l'une ou l'autre des églises, à six mois de mon départ ;

Que la baronnie de Malpertuis, fief familial des Volpilhat, jadis seigneurie allodiale, désormais baronnie du Duché de Bourgogne, aille à ma fille Jehanne Elissa Raphaëlle, légitimement née de mon union avec Louis d'Appérault ; je lui lègue ce fief, et non à mon fils aîné, pour ce qu'il est déjà l'héritier de son père et du nom d'Appérault dans une branche où a cours la primogéniture masculine ; ainsi jamais ma fille Jehanne Elissa n'aura-t-elle plus que ce que je lui lègue par la présente, et j'y mets pour seul condition qu'elle porte sa vie durant le nom de Volpilhat qui est si étroitement lié à la baronnie de Malpertuis susdite ; que si ma fille n'atteignait pas sa majorité, date à laquelle elle testera selon son bon vouloir, qu'au jour où elle rejoindra le Très Haut la terre de Malpertuis aille en douaire à sa tante, Catalina Constance de Volpilhat, ma sœur née item de l'union de Jehan de Volpilhat et Elissa Corteis, qui en jouira jusqu'au jour où, à son tour, elle rejoindra le paradis solaire ; alors la terre reviendra à la Bourgogne et, pour ce que ce fut un fief séculaire des Volpilhat n'ayant pas d'histoire en propre rattachée à la Bourgogne, et aucune raison pour que quiconque n'en voulût, je souhaite qu'il ne soit plus possible à l'avenir de l'octroyer en Bourgogne, sinon à un Volpilhat, comme il est possible au Duc de Bourgogne de le commander et d'y engager sa parole, s'il lui plaît, ce qui s'est déjà vu en Limousin pour certaine terre de nos cousins Ysengrin ;

Que la baronne de Malpertuis distribue, sur ses terres, une seigneurie à l'archevêché de Lyon, pour la consécration de la collégiale de Malpertuis, dès l'instant que l'édifice sera béni, et jusqu'au jour où les archevêques de Lyon cesseront d'y vouloir officier ou envoyer un chapelain ; que dans l'autel de ladite collégiale soit rivée ma médaille de diaconesse pour la mémoire des générations à venir, avec l'inscription SANCTAE RAPHAELI ; et y soit dites trois messes pour mon âme, au jour de la consécration, et aux deux premiers anniversaires de mon départ ;

Que la branche de la famille Corteis découlant du légitime mariage d'Elissa Corteis et Jehan de Volpilhat soit retirée des registres afin que les lourdeurs administratives liées à ce doublon, dont nous avons éprouvé l'ampleur, à l'avenir soient évitées ; cette branche subsistera dans le registre de la famille de Volpilhat, branche principale, où est sa place ;

Que des branches restantes, Kamhar Ley d'Avidson-Corteis devienne le chef pour ce qu'il est noble de mérite en Languedoc, et quoique son degré de parenté soit le plus éloigné ; car étant relaps, mon oncle Constant Corteis ne saurait perpétuer une lignée légitime, ni plus que l'honneur de ce lignage ; que Kamhar Ley Corteis devienne par le même fait le tuteur de ma sœur Catalina Constance de Volpilhat, jusqu'à sa majorité ou que le Très Haut la rappelle auprès de Lui ;

Que la tutelle de Jehanne Elissa de Volpilhat, qui m'appartient autant qu'appartient à son père la tutelle de Jacques d'Appérault son frère, aille à Reginhart de Volpilhat, mon frère et son oncle, pour ce qu'elle sera comme susdit une Volpilhat avant d'être Appérault, et que mon frère, quoiqu'accablé du poids de la Royauté, saura mieux qu'un autre orienter la vie de ma fille ; que s'il ne pouvait assumer cette charge, que ladite tutelle aille à Cristòl de Sìarr, mon filleul et ami de longue date, dont j'ai éprouvé la confiance et la sagesse, pour ce que je sais qu'il aura prochainement des intérêts en Bourgogne, et pourra mieux qu'un Champenois s'y faire accepter et défendre les intérêts de la future baronne de Malpertuis ; qu'il sache avec raison s'entendre avec Louis Raphael d'Appérault, mon époux, sur le devenir de l'enfant que je lui confie avec le nom de Volpilhat, comme susdit ; s'il ne pouvait ou ne voulait assumer cette charge, que ladite tutelle aille à Paula-Estèva d'Alanha, mon amie de fort longue date, qui ne vient pas en premier dans l'ordre pour ce que je sais qu'elle a déjà la tutelle d'Eirwen de Vergèze, fille de ma défunte vassale à Cauvisson, et la charge de deux filles en bas âge, ce qui m'incline à ne pas l'accabler de cette charge supplémentaire si un autre accepte d'en endosser la responsabilité ;

Que l'Hostel des Malpertuis sis Rue du Cers à Carcassonne aille à Catalina de Volpilhat, ma soeur puînée, de même que l'atelier de tissage qui lui fait face ; de même que tous les meubles, tableaux et objets qu'il contient, sauf mention contraire spécifique dans le présent testament ; et de même que lui aille le mas de Bélinay, sis en Auvergne, à l'ouest de Saint-Flour et au sud de Murat, et tout ce qu'il contient ;

Que ma harpe double, tenue de ma feue mère, Elissa Corteis, aille à Catalina de Volpilhat, ma légitime soeur, et qu'elle en apprenne l'art par Constant Corteis, mon oncle, qui tint de nos ancêtres l'art de la harpe, qui se doit d'être transmis aux hommes et femmes du sang Corteis ; que si Catalina ne pouvait ou ne voulait la recevoir, que cette harpe aille à Jehanne Elissa de Volpilhat, avec la même mission pour mon oncle de lui en dispenser des leçons ; que si de même Jehanne Elissa ne pouvait la recevoir, qu'elle aille à Kamhar Ley Corteis, qui s'il a à cœur de respecter mes volontés, trouvera Constant Corteis et apprendra de lui l'air d'Hermeline, pour le transmettre ensuite, selon la coutume familiale, à ses enfants ;

Que sur mes biens le Comté du Languedoc, auquel je dois voue un amour tenace, reçoive 1500 écus [déjà donnés IG], pour ce que je sais qu'il en aura l'usage ;

Que mon époux Louis d'Appérault reçoive l'excellent cheval que son père m'offrit à nos noces, et que je n'ai jamais monté, pour ce que je ne suis remontée à cheval après le décès de ma mère ; que mon époux ne reçoive rien d'autre, puisqu'il a déjà reçu ce qui m'est le plus cher après le Très Haut, la Vaunage ; qu'il en prenne soin, ou que le Languedoc le lui reprenne, et le délivre à un homme ou une femme de plus grand mérite ;

Que Jehanne Elissa de Volpilhat reçoive en sus le bracelet qui me fut offert par mon frère, Reginhart de Volpilhat, au jour de ma noce ; la bague des Malpertuis, héritage des sires de Malpertuis, par laquelle Jehan de Volpilhat mon père demanda Elissa Corteis ma mère en mariage ; le pendentif d'ambre, dans lequel se trouve enchâssée une mèche de cheveux d'Elissa Corteis, sa grand-mère ; le pendentif d'or pur, en forme de coeur, gravé des lettres E et J, qu'offrit la duchesse mère de Champagne Tsarine de la Francesca à ma feue mère Elissa au jour de ses noces ; ma médaille de baptême, longtemps attendue, ce qui la rend si chère à mon cœur ;

Que Catalina Constance reçoive en sus tous mes bijoux, hormis ceux cités par ailleurs ; mes robes, pour ce que nos tailles sont semblables, et celles de notre feue sœur Alionor Lhise Amédée, que je n'ai jamais osé toucher ; la médaille de citoyenneté d'honneur de Carcassonne de notre feue mère Elissa Corteis, comme vœu que ma sœur œuvre, à son tour, pour le Joyau du Languedoc ; la croix civile du Languedoc de notre feue mère, formant le même vœu, qu'elle sache s'illustrer en Languedoc ;

Que Paula-Estèva d'Alanha reçoive les émeraudes que m'offrit mon époux, qu'elle pourra faire sertir autrement que ce qu'elles sont actuellement ; que si elle refusait ces pierres, qu'elles aillent à ma fille Jehanne Elissa pour lorsqu'elle sera dans la fleur de son âge ; que mon amie reçoive aussi les robes de ma feue mère qui sont brodés ou cousues d'or ou d'argent, pour ce que c'est apanage de la noblesse, et quoiqu'elles soient surannées ; qu'elle reçoive mes gants de marte et ma cape pourpre fourrée de petit-gris ; qu'enfin elle reçoive ma croix civile du Languedoc, dont le ruban a été cousu sans attache et trop serré, de sorte que jamais je ne pus la porter en collier ; qu'elle laisse ainsi le ruban qui rappelle les circonstances de son octroi, et voie dans ce legs tout le mérite que je lui trouve au service du Languedoc ;

Que les autres vêtements de ma feue mère, n'ayant aucun insigne spécifique à la noblesse, aillent en partage à Adeline et Brilhèta, les domestiques qui me furent le plus fidèles et du plus grand soutien ; qu'elles restent, si tel est leur bon plaisir, au service de ma sœur Catalina, ou qu'elles changent de vie ; mais j'émets le vœu qu'elles ne se mettent pas au service du Vicomte de Cauvisson, comme elles l'étaient au service de la Vicomtesse ;

Que LeGueux d'Alanha reçoive mon missel plénier, qui n'a pas été ouvert depuis bien longtemps, pour ce que je le connais de tête ; ce legs marque pour moi combien je suis redevable au Très Haut d'avoir béni ma vie de la compagnie et de l'amitié de cet homme ; et pour qu'aucun doute ne subsiste sur la dette que je me sens envers lui, je lui lègue aussi, quoiqu'il n'en ait pas l'usage, la couronne vicomtale que j'ai portée par sa volonté ; s'il venait à refuser ce legs, ou ne pouvait le recevoir, que le missel échoie à notre filleul commun, Cristòl de Sìarr, et la couronne itou, pour qu'il en ceigne la future Vicomtesse de Fonollède ;

Que Cristòl de Sìarr, en sus de la tutelle de ma fille, hérite de mon alliance, qui n'a que peu de valeur mais qui fut la chaîne de ma vie ; que mon filleul se souvienne ce dernier conseil : le mariage est une bénédiction du Très Haut, et mieux vaut se marier tard que tôt, lorsque l'on est libre de choisir, que sceller pour la vie une erreur ; qu'il reçoive, enfin, mon Livre des Vertus, copié à la main et enluminé à l'abbaye Saint-Félix de Montceau, où nos deux mères ont choisi de se reclure sur la fin de leur vie ;

Qu'Actarius d'Euphor reçoive le poignard que me forgea Paula-Estèva d'Alanha, pour ce qu'il nous semble indiqué que son filleul le reçoive ; qu'il lui en demande le sens et le secret ; s'il devait le refuser, ou ne pouvait le recevoir, que ce poignard échoie à LeGueux d'Alanha, époux de ma chère amie ; qu'Actarius sache combien il me fut cher, et combien je compte sur lui et sa lignée pour prendre soin de ma chère Vaunage ;

Que Phelipe de Saunhac reçoive les fûts de Vieux L'Anglade qui restent en ma possession des crus ayant précédé mon mariage, pour ce que les crus postérieurs sont possession de mon époux le Vicomte de Cauvisson ; je lègue ce vin à Phelipe de Saunhac pour le respect et l'amitié que je lui voue, et parce que je sais qu'il appréciera à sa juste valeur la qualité de ce vin ;

Qu'Eirwen de Vergèze reçoive la robe que je portais à mes noces, ainsi que la broche d'or de la ceinture, pour ce que cette robe n'a pas rendu heureuse une Volpilhat, mais saura, je l'espère, faire le bonheur de l'union de la fille de Zagelle, lorsque l'occasion se présentera, et bien que je sache qu'il est encore loin d'en être question ;

Que SanAntonio d'Appérault, mon beau-père mais surtout parrain, reçoive mon livre d'heures, enluminé dans les ateliers de Guillaume Jouvenel des Ursins ;

Que Reginhart Ferreol Raphaël de Volpilhat, mon frère, garde pour lui ce qu'il me reste de richesse : mon amour ;

Que la matrice de mon scel, en vertu des coutumes, soit brisée ;

Que Reginhart de Volpilhat, Cristòl de Sìarr et Paula-Estèva d'Alanha soient les exécuteurs de mes dernières volontés.


Nous, Azdrine de Vissac, dict "Sylvestre", Héraut ès Généalogie, enregistrons les présentes volontés en conformité avec les loys héraldique francoyses et le contrat de mariage de la dite Marguerite Charlotte Victorine Corteis de Volpilhat et son époux Louis Raphaël d’Appérault et nous y apposons nostre scel afin qu'elles acquièrent pleine recognoissance.

A Sainct-Anthoine-le-petit, ce treizième jour du mois de février mil quatre cents cinquante sept.










Elle laissa une pause avant de reprendre.

Souhaitez-vous que je revienne sur certains points ?


hrp : je me suis permis d'aérer le testament en sautant des lignes, pour en faciliter la lecture, j'espère que cela ne posera pas de souci à LJD Marguerite.
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Catalina_constance
La petite avait accompagné Cristol jusque Paris, la ou l'on devait ouvrir le testament, un testament... un testament? Cela n'était pas si clair dans l'esprit d'une enfant de neuf ans, que pouvait-on bien faire pendant une tel journée.
Cela ne faisait ajouter qu'un peu de confusion dans cet esprit, déjà perdu dans ce monde d'adulte qui ne lui explique rien, qui la laisse en dehors de tout.
Adeline maintenant l'accompagnait partout, tellement bien que l'enfant ne savait plus faire un pas sans elle, l'hésitation de ces jours derniers, de ces mois dernier n'avait été que quelques peu vaincue par la présence de la gouvernante.
On le lui avait indiqué un lieu, un moment dans la journée mais à force de questionner Adeline sur des centaines de questions pour la plupart sans réponse elle n'était jamais partit à l'heure.
Elle continuait d'essayer de se rassurer sur le chemin puis arrivant plus près de l'endroit, elles se turent.
Déjà elles avaient prit beaucoup de retard.

Testament, les derniers vœux de sa sœur, mais à quoi bon... Il faudrait surement que Cristol ou bien que le temps le lui explique.
Elle ne connaissait pas le lieu et d'ailleurs n'aurait su le décrire, c'était un endroit dont elle approcha la tête tournée vers le ciel sans pouvoir en parler avec des mots certain.
Aucune description du lieu car rien ne l'inquiétait plus, le monde semblait s'être arrêté.
Et l'enfant ne s'intéressait plus vraiment, tellement bien qu'elle perdait de ses couleurs et que ses joues habituellement bien rebondit d'enfant commençait à se creuser.
Elle s'approcha du groupe, une femme qu'elle ne connait pas, puis deux visages qui la rassure.
Un chuchotement...


Adissiatz,

Elle inclina la tête puis s'approcha encore d'eux le plus silencieusement possible pour ne pas déranger la lecture, espérant que son arrivée ne soit pas mal vu.
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*Regarde le ciel, pour savoir si sa Margot et Reginhart sont bien la haut avec les anges.*
Cristòl
Cristòl alla poser la main sur l'épaule de la jeune Volpilhat, si semblable et pourtant si différente de sa sœur... Un regard différent, sans doute, car on n'aurait su dire aussi bien que pour Margot si ses yeux étaient verts ou noisette.

Et la lecture du testament... Cristòl le découvrait, Cristòl en frémissait. Si long ! Tout cela, tout, elle avait tout prévu, tout pensé... La tutelle de Jehanne, il le savait déjà, mais le reste, ces petites choses insignifiantes, ces détails inconnus, cette précision, et au travers de tout, cette angoisse de laisser quoi que ce fût d'inachevé derrière elle. Pourquoi avait-elle pensé à tout cela ? Ces marques d'amour...

Cristòl osa croire que c'était d'avoir souffert la perte d'un être cher, de sa mère, qui avait tant marqué Margot, mais sans doute se trompait-il ; il n'avait jamais réellement réussi à la comprendre. Il était trop humble, et de prime éducation trop paysanne.

Au travers de chaque voeu, même ceux qui n'auraient jamais à être accompli, elle avait marqué l'amour qu'elle portait aux gens. Cristòl accepterait la tutelle, bien sûr ; mais combien cela devait trouver d'écho en Paula, qu'elle eût pensé à elle aussi ! Et de même que Cristòl n'aurait sans doute pas la couronne vicomtale de Margot, cela l'ébranla, ces quelques mots : « s'il venait à refuser ce legs, ou ne pouvait le recevoir, que le missel échoie à notre filleul commun, Cristòl de Sìarr, et la couronne itou, pour qu'il en ceigne la future Vicomtesse de Fonollède... »

Comment penser à se marier, en ces circonstances ? Ah, cruelle, cruellement bonne, cruellement aimante ! Elle l'aimait comme une mère, et lui, comme un prétendant. Et pourtant, elle lui aurait presque légué sa couronne, pour sa femme, et pourtant...

« Que Cristòl de Sìarr, en sus de la tutelle de ma fille, hérite de mon alliance, qui n'a que peu de valeur mais qui fut la chaîne de ma vie ; que mon filleul se souvienne ce dernier conseil : le mariage est une bénédiction du Très Haut, et mieux vaut se marier tard que tôt, lorsque l'on est libre de choisir, que sceller pour la vie une erreur... »


Là, le chevalier ne put se retenir. Elle lui offrait ses chaînes, elle lui offrait, en somme, ce qui l'avait empêché de la chérir et de la rendre heureuse ! Et malgré le lieu, public, et malgré la compagnie, devant laquelle il aurait voulu paraître fort, paraître capable de surmonter cette épreuve et de soutenir Paula et Catalina... Sa gorge se serra, et des larmes, lentes, piquantes, roulèrent lentement. Et soudain, la lecture du testament s'acheva. Trop vite après cet émoi, il ne savait trop qu'en dire...

Relevant la tête vers Sylvestre :


-« Les points nobiliaires... Les points que l'on ne peut exécuter sans vous, la... la tutelle, l'héritage... »
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Polstephie
Elle était restée silencieuse à la lecture du testament. Du moins en apparence. Le cri était monté pourtant, mais sourd. Aucun son n'avait franchi ses lèvres finalement. Et le nœud de cette voix prisonnière enserrait maintenant sa gorge... blanche...

Son corps était tendu et frémissait parfois de l'être trop. Les rondeurs de sa récente maternité étaient encore visibles, tendant par endroits le manteau neigeux qui l'enveloppait. Et de voir Cristòl aussi marqué par la douleur alors qu'elle relevait la tête entreprit d'anéantir plus encore la Comtesse, si tant est que ce fut possible. L'ancienne Paula se serait levée et l'aurait tendrement emprisonné dans ses bras, contre son coeur. Mais en cet instant elle en était incapable... mais pour des raisons plus inavouables qu'on ne le penserait.


Catalina restait là, tel le petit écureuil sauvage qu'elle avait toujours été. Et Pol eut une pensée pour elle. Sa main se tendit alors vers la menotte et la prit doucement. Fort heureusement les gants rendaient le contact moins rêche et moins froid pour la petite.


Les pensées de la Comtesse vagabondaient. La lecture de ce testament rendait la mort de son Âme-Mie plus réelle encore... pour son plus grand désespoir.

Sa main libre se crispa sur le brocard de soie de son surcot. Le voile cachait alors le visage aux yeux cernés ravagé par les larmes...

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Ylalang
Sylvestre accueillit d'un hochement de tête la petite fille qui venait d'arriver, reconnaissant le roux des Volpilhat dans la chevelure d'icelle. L'émotion était palpable, et un élan de compassion traversa le coeur du héraut quand elle vit les larmes couler sur le visage du Baron de Fenouillèdes. Mais elle ne pouvait malheureusement rien faire pour lui en cet instant. Elle répondit à sa question.

Oui, la tutelle... Il y a une chose que Marguerite ignorait, c'était que son époux avait fait acte de renonciation pour les terres de Cauvisson, en faveur de sa fille.

Le Héraut sortit d'une pochette le vélin reçu quelques semaines auparavant.

Citation:
Citation:
De Nous, Louis Raphael d'Appérault, Vicomte de Cauvisson, Baron de Malpertuis, Seigneur de Vaux

A vous, Hérauts Généalogistes,

Bien conscient de notre retrait vis-à-vis des choses du monde, soucieux de nous trouver plus humble dans notre longue retraite, en grand deuil de notre fils Jacques , et conformément au contrat de mariage qui nous lia à Marguerite Charlotte Victorine de Volpilhat, vous demandons de prendre en compte notre présent renoncement à tous nos droits et biens nobiliaires au profit de notre fille Jehanne Elissa d'Appérault.

Ne doutons pas que notre épouse, Marguerite Charlotte Victorine d'Appérault, aura bien du soin pour le bien de notre fille, Jehanne Elissa d'Appérault, dans l'attente de sa majorité.

Espérons que vous pourrez régler toutes les lourdeurs administratives au plus vite afin que notre esprit puisse profiter de la retraite qui sera notre au moment où cette missive vous parviendra.

Que le Très Haut vous garde.

Daté et scellé dans un froid monastère des Causses Cévenols le VIème jour de mars de l'an MCDLVII


Nous, Leah Melani dicte Ylalang, Vicomtesse d'Avize, Héraut Généalogiste sous le nom de Sylvestre, enregistrons la volonté de renonciation aux terres de Cauvisson de Louis-Raphaël d'Appérault en faveur de sa fille légitime Jehanne Elissa d'Appérault.

Actons à ce jour que Jehanne Elissa d'Appérault devient Vicomtesse de Cauvisson.

Fait à la Chapelle Sainct Anthoine le Petit, le premier du mois de mai 1457.

Afin que nul ne remette en question cet écrit, nous y apposons notre scel,












A ce titre, Jehanne Elissa devient désormais vicomtesse de Cauvisson, et vous, en tant que son tuteur, devrez faire allégeance en son nom au comté du Languedoc jusqu'à sa majorité, si vous acceptez cette tutelle.
Je vous le demande donc en cet instant, acceptez-vous la tutelle de Jehanne Elissa d'Appérault jusqu'à sa majorité ?

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Cristòl
Cristòl savait que cet acte existait, mais il n'avait pas imaginé qu'il serait ouvert et validé en même temps que le testament. Tellement plus simple, oui... Mais cela lui laissait un amer goût dans la bouche ; le goût d'une responsabilité de plus, et de la tristesse, en même temps qu'un sentiment revanchard qui l'étonnait.

Louis Raphael avait-il jamais fait quoi que ce fût pour la Vaunage ? Cristòl en aurait voulu, de cette Vicomté... Il aurait voulu la main de Margot, il aurait voulu...

L'ironie voulait désormais qu'il régnât sur cette vicomté pour sa pupille. Et le jour viendrait où il choisirait lui-même le prochain Vicomte de Cauvisson.
Parce que la question que posait Sylvestre était une formalité, pour lui. Cela faisait partie des points du testament dont il avait eu connaissance par Marguerite, de ces choses auxquelles il s'était préparé... quoique terrorisé.

Il dodelina un peu de la tête, puis répondit :


-« J'accepte cette tutelle, mais... Margot... Marguerite de Volpilhat a demandé, dans le testament, que sa fille porte uniquement le nom de Volpilhat, et a mis cette condition à l'héritage de Malpertuis. En tant que son tuteur, tant qu'elle ne sera pas majeure, je déciderai donc du nom qu'elle porte... A sa majorité, si elle renonce à ce nom, alors elle renoncera à Malpertuis, mais ce choix ne m'appartient pas.

Je serai donc tuteur de Jehanne Elissa de Volpilhat. »

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Ylalang
Sylvestre hocha la tête aux paroles du jeune Siarr, et rédigea le certificat de succession, en plusieurs exemplaires.

Citation:
Certificat de succession nobiliaire.

Marguerite Charlotte Victorine Corteis de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, Baronne de Malpertuis, a rejoint le Très Haut.

Elle était la mère légitime de Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat.

Nous, Leah Melani, dicte Sylvestre, Héraut ès Généalogie, déclarons la damoiselle Jehanne Elissa Raphaelle héritiere des fiefs de Cauvisson et de Malpertuis, conformément au testament de la défunte.
Déclarons également que Cristòl de Siarr, Baron de Fenouillèdes, est désigné tuteur d'icelle jusqu'à sa majorité, devant ainsi en remplir les devoirs afférents.

Fait à la Chapelle Sainct Anthoine le Petit, le premier du mois de mai 1457.

Afin que nul ne remette en question cet écrit, nous y apposons notre scel.



Elle en tendit un exemplaire à Cristol, les autres étant reservés aux archives de l'hérauderie.
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