Raulvolfoni
Comment ça, je suis l'heureux gagnant d'une mise en procès ?!?!?!
Je me prélasse dans la grand salle du petit bordel bourgeois et champêtre de la « Cuisse rose ». Le nom est stupide mais le cadre assez cossu, les prix pas trop charnus. Je m'y suis fait mon petit trou, depuis une semaine.
D'abord en aidant à mettre dehors des clients par trop perturbateurs. Mais ça, à peu près tout le monde s'y était mis, dans une ambiance assez carnavalesque. Ensuite en cassant la tête au meneur, furieux, venu le lendemain pour terroriser son monde. Et surtout en épuisant toutes les filles le soir-même.
Vive la pharmacopée mauresque, et bénis soient les apothicaires prévoyants, mais quand même... Je ne crois pas trop à tous les compliments qu'on m'y fait, mais oui, je suis le héros de la semaine, quoi. Peut-être du mois s'il ne se passe vraiment rien de plus excitant.
On est en Bourbon-Auvergne, d'accord, mais quand même...
Quand cette patrouille aux armes du BA m'interpelle. Dosage classique : un type chétif, tête de fouine, sourire plein d'aérations, haleine de goupil ; quatre gros costauds au front bas ; un mastiff, sans doute nourri au petit lait depuis ce matin pour lui exciter lappétit.
- Voix sifflante de l'avorton : Raul Volfoni, c'est bien toi ? Niark...
- Ma, ça dépend, signor, si c'est pour des dettes, il vient de partir...
- Sourire qui se veut éclatant : Dettes judiciaires : tiens, voilà ta convocation. On t'attend...Niark, niark...
- Arrêtez de sourire, signor... Si, c'est carrément malsain, vous savez ? Bon, qu'est-ce qu'elle dit cette convocation ?
- Sourire hésitant, il a du mal à comprendre le détail de ce que je viens de lui dire, puis finalement il s'en tamponne, donc derechef : Raul Volfoni, tu es l'heureux gagnant d'une mise en procès par le Bourbonnais-Auvergne ! Entendons-nous bien. Tu as l'obligation de t'y rendre, sous peine de hart.
Chacun son dû : tu gagnes un procès, les bourgeois gagnent des contrôles fiscaux... Niark, niark, niark...
D'où ma réplique plus haut...
Je lis la missive
Je suis énervé, mais ça se passe bien. Le bordel se réveille, personnel dont filles, derniers clients dont habitués. Y compris le frère de la cousine par alliance au 3e degré d'un juge de Clermont. L'essentiel, c'est que ça suffise pour calmer la patrouille, qui se met à picoler. Sur son compte.
Oui, à l'origine, l'idée d'épuiser les filles vient de lui, pari à la clé. Il se proclamait plus vaillant sur le long terme que moi. Perdu, mon petit gars. Méthodes naturelles, écologie, respect du temple sacré de son corps, qu'il disait ? Tss, jamais entendu parler de la science averroïste ?
Je me demande s'il ne fume pas sa barbe de temps en temps, le propriétaire de chèvres ? Oui, il exploite ses terres comme un gentilhomme campagnard qu'il est, et vante les qualités de ses troupeaux. En particulier les chèvres. Ce qui laisse rêveur... Cela étant, il est bon compagnon de débauche, dépensier et bon perdant, pas si fréquent...
J'écris un petit courrier à Nenu, il me semble qu'on avait vaguement causé justice, la dernière fois qu'on s'est croisé, elle s'y connaît certainement mieux que moi. Je prévois encore deux ou trois trucs. Dis à Marguerite de bien planquer mon sac et mes maigres possessions. Dépense ce qui me reste comme argent. Choisit le vin. Donne des instructions à droite et à gauche...
Il était temps, la patrouille en est à son troisième cruchon. Par soldenier. Tête-de-fouine commence à s'impatienter, en s'inquiétant visiblement de la réaction du juge. Un truc comme ça...
On se met en route.
Je me prélasse dans la grand salle du petit bordel bourgeois et champêtre de la « Cuisse rose ». Le nom est stupide mais le cadre assez cossu, les prix pas trop charnus. Je m'y suis fait mon petit trou, depuis une semaine.
D'abord en aidant à mettre dehors des clients par trop perturbateurs. Mais ça, à peu près tout le monde s'y était mis, dans une ambiance assez carnavalesque. Ensuite en cassant la tête au meneur, furieux, venu le lendemain pour terroriser son monde. Et surtout en épuisant toutes les filles le soir-même.
Vive la pharmacopée mauresque, et bénis soient les apothicaires prévoyants, mais quand même... Je ne crois pas trop à tous les compliments qu'on m'y fait, mais oui, je suis le héros de la semaine, quoi. Peut-être du mois s'il ne se passe vraiment rien de plus excitant.
On est en Bourbon-Auvergne, d'accord, mais quand même...
Quand cette patrouille aux armes du BA m'interpelle. Dosage classique : un type chétif, tête de fouine, sourire plein d'aérations, haleine de goupil ; quatre gros costauds au front bas ; un mastiff, sans doute nourri au petit lait depuis ce matin pour lui exciter lappétit.
- Voix sifflante de l'avorton : Raul Volfoni, c'est bien toi ? Niark...
- Ma, ça dépend, signor, si c'est pour des dettes, il vient de partir...
- Sourire qui se veut éclatant : Dettes judiciaires : tiens, voilà ta convocation. On t'attend...Niark, niark...
- Arrêtez de sourire, signor... Si, c'est carrément malsain, vous savez ? Bon, qu'est-ce qu'elle dit cette convocation ?
- Sourire hésitant, il a du mal à comprendre le détail de ce que je viens de lui dire, puis finalement il s'en tamponne, donc derechef : Raul Volfoni, tu es l'heureux gagnant d'une mise en procès par le Bourbonnais-Auvergne ! Entendons-nous bien. Tu as l'obligation de t'y rendre, sous peine de hart.
Chacun son dû : tu gagnes un procès, les bourgeois gagnent des contrôles fiscaux... Niark, niark, niark...
D'où ma réplique plus haut...
Je lis la missive
Je suis énervé, mais ça se passe bien. Le bordel se réveille, personnel dont filles, derniers clients dont habitués. Y compris le frère de la cousine par alliance au 3e degré d'un juge de Clermont. L'essentiel, c'est que ça suffise pour calmer la patrouille, qui se met à picoler. Sur son compte.
Oui, à l'origine, l'idée d'épuiser les filles vient de lui, pari à la clé. Il se proclamait plus vaillant sur le long terme que moi. Perdu, mon petit gars. Méthodes naturelles, écologie, respect du temple sacré de son corps, qu'il disait ? Tss, jamais entendu parler de la science averroïste ?
Je me demande s'il ne fume pas sa barbe de temps en temps, le propriétaire de chèvres ? Oui, il exploite ses terres comme un gentilhomme campagnard qu'il est, et vante les qualités de ses troupeaux. En particulier les chèvres. Ce qui laisse rêveur... Cela étant, il est bon compagnon de débauche, dépensier et bon perdant, pas si fréquent...
J'écris un petit courrier à Nenu, il me semble qu'on avait vaguement causé justice, la dernière fois qu'on s'est croisé, elle s'y connaît certainement mieux que moi. Je prévois encore deux ou trois trucs. Dis à Marguerite de bien planquer mon sac et mes maigres possessions. Dépense ce qui me reste comme argent. Choisit le vin. Donne des instructions à droite et à gauche...
Il était temps, la patrouille en est à son troisième cruchon. Par soldenier. Tête-de-fouine commence à s'impatienter, en s'inquiétant visiblement de la réaction du juge. Un truc comme ça...
On se met en route.