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[RP] C'est l'histoire d'un tercio suisse - guerre d'Urgell

Raoulleglabre
Aube. Entre Soleil et Lune. Deux yeux où rien ne se révèle, de doux ni d'amer. Entre paradis et enfer, comme disait le vieux. Dessous, le Purgatoire : la petite compagnie venait de passer la porte forte de la cité aux longs quais. La mer odorante et vagabonde roulait ses galets férocement. Le vent était fort ce matin là. Cataclop cataclop. Les nuages en enclume semblaient lourds de promesse de fer et de sang. Cataclop cataclop. Mon héros pressa le flanc de Grand'Ch'val qui s'immobilisa. Bords sur bords, quatre lourdes caraques s'emmêlaient les vergues à deux encablures. Un. Le sel séchaient les langues. Les embruns graissaient les cheveux. Mon spadassin se retourna. Deux. Son bandeau de borgne de complaisance relevé sur l'œil, mon faux cyclope comptait. Trois. Maria, Aelig. Qu[...]. Il est où Bart ? A défaut de quatrain, notre lecteur ne doit plus ignorer que le plus célèbre des Tercio, le suisse, était entré dans Barcelone.
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Maria_paz
Deux.

Qu’il est doux de revoir enfin Barcelone. De s’envoyer l’alizé en dialise pour se gonfler le battant de souvenirs ricochant de galets en rochers pour s’égarer sur la grève. Depuis longtemps les flots ont effacé les traces des deux amants unis sous l'azur, simplement parés d’écume.

- Bon sang, c’était l’bon temps ! Grommelait constamment le vieux Trinidad, évoquant ses conquêtes, affalé dans sa barcasse dans un coin du port de Valencia.

C’était, c’était… Hum. N’allait tout de même pas nous casser l’ambiance ce vieux tromblon qui s’installait dans sa mémoire comme un sans-gêne. La plage était toujours là et propice au repos du guerrier. Entre deux bastons, une petite séance de thalasso, rien de tel pour requinquer nos coucous suisses blindés.

Un pouce sous la plate-bande, Raoul tenait ses comptes.

- Il est où Bart ?

La Paz sourit en coin.

- Il sera là quand sa monture l’aura décidé pobre Sancho. Quelqu’un lui a dit qu’il s’était fait refiler une mule ?
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Raoulleglabre
Barcelone. Les armures milanaises présentaient un souci de l'esthétique moins prononcé que les armures gothiques des teutons. Les armuriers lombards savaient créer des modèles qui se passaient de décorations, et dont toute la beauté n'était due qu'à la pureté des lignes, alliée à la protection la plus fonctionnelle. Pour conserver un maximum de souplesse pour escrimer, les espalières étaient réduites, ce qui n'était pas sans danger, car les coups d'estoc portés aux aisselles, à l'épée ou à la lance, étaient très redoutés des combattants. De tout temps, c'était là le défaut de toutes les armures.

Citation:
Vous avez passé la nuit à l'hôtel (coût : 1,00 écu).


Dans la cour de l'hostellerie, mon reître chargeait précautionneusement Grand Ch'val. La claymore dépassait de la lourde couverture de laine flamande achetée deux jours plus tôt cent trente neuf écus et quarante cinq deniers à Dame Notwen. Mon Raoul l'avait empruntée à Aelig. Le petit suisse n'en avait pas besoin, lui, avait Maria.

Pfffff ! Qu'il piaffe, Grand Ch'val.

La lame sombre de la hallebarde du suisse alourdissait les fontes de ce Bucéphale fait bête de somme.


Arrête de bouger ! Qu'il hennit, mon spadassin

La longue couleuvrine à main restait la pièce maîtresse de l'équipement militaire de notre compagnon reître suisse. Et celle-là, c'était des nuits et des nuits passées à la briquer. Serpent de feu qu'elle disait Poupette. Mon lecteur l'ignore peut-être, mais Mademoiselle Poupette tient un établissement de réputation internationale à Genève. Très propre. Alors, astiquer, elle connait, Poupette. L'expérience avait buriné mon faux borgne. Chien des guerres de France et d'Empire, Raoul le glabre, maître es-poudres et moult fois Capitaine, s'était forgé muscles et réputation. Barcelone ! Le voila !

Ellipse.


Citation:
Vidaló cherche un travailleur pour récolter un champ de blé. Qualification requise: 19 points de force. Salaire : 17,86 écus.


[...]

Citation:
Vous avez été embauché chez Vidaló .


Si c'est pas gâcher...
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Maria_paz
Côté chantier.

La meule bien calée entre deux gros bastaings du ponton, la castagnette laissait pendouiller ses guibolles qui se balançaient au rythme de ses observations. Par instants la cadence augmentait, grand Deos sur quoi avait-elle la vue ?

---

Tôt, à la fraîche le matin même, quand le soleil arborait encore une fausse pudeur au revers de son voile léger d’organdi.

- Pardon ? Vous cherchez ?... L’homme au visage tanné et sans âge étarqua d’épais sourcils...Du travail ?

- Et alors ? Pourquoi souriez-vous ?

- Ben…C’est pas qu’vous z’êtes pas bien charpentée ma p’tite dame, non… mais pas assez pour travailler sur le chantier de c’rafiot. C’est du gros tonnage, faut des costauds, des durs, des tatoués !

Et que j’te toise la charpente dans tous les coins sauf dans les yeux.

- Alors prenez-moi comme maître de hache. J’étais bucheronne dans mon village.
Gonfle de maigres biceps.

- Non ! Rien à voir.

La voix faiblit
- Au calfatage ?

- Non plus ! Et vous commencez à m'les effilocher !

*Alors-là ma fille, tu n’as plus qu’une carte dans ton jeu.*

- Et puis m’faites pas ces yeux-là ! … hou, j’supporte pas !

*C’est bon, maintenant achève-le, fais dégouliner les châsses.*

- C’est bon, reviens pour la voilure.

Passe sa main épaisse et crevassée dans sa barbe jaunie, hoche de la tête.
- T’auras qu’à te pointer au coin là-bas dans une semaine pour t’inscrire. Tu d’mand’ras Edèsia de la part d’Eleàtzar.

---

L’astre bien éveillé jetait son souffle ardent sur le plus gros chiffre du cadran, la Paz plissa les yeux. Les jambes gesticulèrent de nouveau, Aelig venait d’apparaître avec ses outils tous neufs de charpentier. Son torse luisant de p’tit suisse à la vanille était tartiné d’un très beau coulis de fraise.
« Tu pourras admirer ma charpente dorer au soleil sur le chantier de la caraque. » Avait-il lancé, sourire heureux, en prenant la direction du port.

Ce soir ils joueront avec des rondelles de patates.

En attendant, plan d’action pour apprendre à bien coudre, et qu’ça saute ! Fouiller la chambre d’hôtel, les malles, la charriote, trouver les aiguilles et inventer en vitesse le costume de bain à fleurs avec le bonnet assorti.

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Raoulleglabre
[Derrière Barcelone. Devant les moulins à grandes ailes. Paysage rural et pittoresque. Un âne, une charrette, des sacs de blé qui entrent. Des sacs de farine qui sortent. Mon Raoul, minotier d'occasion, huilé de sueur. Ceinture de cuir ibérique à grande boucle, achetée la veille sur la rambla. Chausses à crevés comme il convient au spadassin de Germanie occidentale. Reître à triste figure, tellement qu'il s'ennuie pendant que les copains eux, s'ennuient pareil, mais dans les faubourgs d'Urgell. L'autre, rude, costume élémentaire du paysan vulgaire, blaugranas. Sur son baudet, lui.]

Quels géants ? Qu’il interpelle entre deux sacs, mon héros.

Ceux que tu vois là-bas, lui répond Sancho en montrant la montagne vers Urgell, avec leurs grands bras, car il y en a qui les ont de presque deux lieues de long ! Le paysan en question est catalan de Barcelone, du parti ménestrel. Il chante beaucoup, donc. Et comme à Marseille où une sardine bloque le vieux port, ici un village qu'on nomme Urgell abrite d'irréductibles Polyphème vaguement aragonais et mangeurs d'enfants.

Prenez donc garde ! Ce que nous voyons là-bas ne sont pas des géants, mais des moulins à vent et ce qui paraît leurs bras, ce sont leurs ailes, lesquelles, tournées par le vent, font tourner à leur tour la meule du moulin. Certes, ça, c'est Cervantès. Votre humble écriveur lui, se contente de goinfrer son héros d'une interjection malhabile qu'il fait accompagner d'un mouvement de dépit. Mon Raoul est moins picaresque que Quichotte.


Banane !

On voit bien, répond le fier ibère, que tu n'es pas expert en fait d’aventures : ce sont des géants, te dis-je et, si tu as peur, ôte-toi de là et va te mettre en oraison pendant que je leur livrerai une inégale et terrible bataille.

Paffff !

Sancho, en bas du baudet, blaugranas fariné, babille bêtement ses balivernes en barcelonais. Mon minotier a repris son ouvrage. Si Deos envoye ses suisses en messie sur le Camp Nu des Batailles catalanes, ça se respecte. Faut pas déconner non plus.
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Aelig
[Welcome to the hotel Barcelona, such a lovely place...]

Le jour se lève sur Barcelone, perle romantique entre terre et mer d'un peuple fier et affranchi que notre doux rêveur, l'âme conquistador, aurait rebaptisé la Nouvelle-Genève, si d'aventure le territoire avait été vierge comme au beau matin de la création du monde. C'est qu'avec Maria on s'y fixerait bien. On avait même eu le coup de coeur pour une sublime auberge tout en pierre dans le port, pas loin du centre.

Et c'est dans le quartier du port justement, avec mouettes sur fond de ciel, parfums d'arômes frais et épicés, ouverture sur la Grande Bleue, ballet de frêles barques des pêcheurs et allées et venues des grands navires, que nous retrouvions Aelig, sergent-chef de la section de la Cardabelle, section d'élite, oui Messieurs- Dames, autrement appelée la compagnie fourgon à bagages ou voiture balais du corps expéditionnaire genevois en Catalogne et composée d' hommes et femmes de corps de métiers différents, que le patriotisme avait transformé en guerriers et l'amour de la liberté en véritables héros. Et à quoi distinguait –on un véritable reître suisse d’un piquier lambda, vous vous direz ? Le reître helvète avait toujours dans sa besace un couteau suisse, ce qui lui permettait une grande polyvalence et de s'adapter à tous types de situations. Et les instructions du jour rectifiées par le brigadier Raoul ici présent, étaient de rester stationnés à Barcelone où l'on tuait le temps sur le chantier naval à y faire pousser des mâts.

Ce matin là donc, où il faisait comme hier beau et déjà chaud , dans le vacarmes des outils qui s'entrechoquaient et résonnaient, notre vaillant charpentier charpentait, torse nu, la peau tannée par le soleil et l'air marin, le corps en mouvement mettant en évidence biceps, pectoraux, abdominaux, quadriceps, fessiers…Il faisait torride...Les sens étaient en alerte...Maria aussi…Lorsque soudain, la voix d'une estafette à bout de souffle et en sueur vint troubler ce charmant tableau.


-Sergent Aelig ! Sergent Aelig !

-Oui, qu'est c'qu'i y a qu'est c'qu'i s'passe ??

-Genève est assiégée ! Les chevaliers teutoniques !


-J'ai déjà.

- Pardon ?

- Oui, j'ai déjà deux trophés à la maison.

- Mais... Qu'est ce qu'on fait alors? On rentre ?

- Rentrer ? Ca va pas non ! Tu ne vois pas qu'j'suis occupé pour l'instant.
J'ai un mât à faire, moi. Ca attendra que j'ai fini.



-...

Et c'est important ça, un mât ?


- Ah on voit bien que tu n'es pas de la branche gentil compagnon : si c'est pas important ? Mais c'est que sur un voilier, un mât, ça change tout !

Vont quand même pas venir nous les briser pendant les vacances. Qu'ils repassent en hiver.
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Raoulleglabre
28 juin Quatorze cent soixante. Libérer l’ibère ! Liberam, liberis, liberae liberarum… A Barcelone, l’aventure se déclinait chaque jour davantage en ennui profond. Suivre... Suivre... Suivre... Pfff ! Rien de plus assommant que de suivre la meneuse, non ? M'enfin, à la guerre comme à la guerre, notre Tercio suisse, arrondi au dessus, d'ailleurs, admirait enfin les remparts d'Urgell. Semblant vagabonds, de rosaires bardés, marchaient vers les premiers rangs par Trencacors commandés. Le bienheureux Aristote peint sur leur bannière, entre une vache d’Uri et les clés de Genève. Attaché sur leur sein, sur un large scapulaire, un Talisman poissonné redoutable et divin bouclier, impénétrable aux coups du plomb et de l’acier ; Une couleuvrine, des dagues et des piques, des rosaires, des croix, des symboles mystiques, avec un grand couteau et la paille tressée un immense chapeau, formaient l’accoutrement et la brillante armure de ces pieux héros suisses à la triste figure. Les rosaires, c’était pour vendre aux indigènes, particulièrement superstitieux dans la région. Sous la paille, mon sombre héros cuivré par le soleil et la longue marche, mirait la croupe sergente chaloupant devant lui. Suivre… Suivre… Suivre…

Olé !

Avec l’accent suisse, le sens est bouleversé. Mon lecteur ne doit pas s’y tromper. L’interjection ici, valait salutation admirative lorsque la sergent posa pied à terre. Si les suisses n’étaient pas encore au complet, ils disposaient enfin néanmoins de leur arme persuasive : la bombe anatomique. Olé !
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Aelig
[On the highway to Urg'hell ]

Ainsi, nous étions enfin arrivés à destination, après une longue ellipse où nous égarâmes momentanément la compagnie de la Cardabelle quelque part plus au sud, todo recto, toujours tout droit, comme disait l'habitant, à qui l'on demandait son chemin, en indiquant vaguement une direction pour se débarasser de nous.
Et pour sûr, la route fut ennuyante: on y croisait hormis des espagnols, des touristes et des mulets, quelques taureaux aussi et même un maure, par hasard, qui nous expliqua qu'Urgell était dans les contreforts pyrénéens et non sur la plage.

Quittant donc le littoral pour s’enfonçer dans l’arrière-pays, nos reîtres découvrirent le relief escarpé des cordillères littorales, des massifs montagneux parallèles à la frange maritime, les grandes plaines de Vic et Lérida, qui s’étendaient à perte de vue, puis enfin la micro region d'urgell, avec les Pyrénées en toile de fond. Urgell petite cité s'étirant dans une petite plaine alluviale, à 700 mètres d'altitude où les habitants étaient réputés irrascibles et hostiles, un peu comme nos valaisans à nous, et dont les Chants de Pyrène en faisaient des géants velus et bavards qui n'hésitaient pas à transpercer les touristes de passage à coups de lancer de banderilles.


-Olé !

L'interjection était concise, efficace et résumait assez notre Raoul pour celles et ceux qui ne connaissent point encore. Il était un aventurier bagareur, un homme à femmes un vrai picador ambulant, le plus grand de Genève même. Il en avait estoqué plus d'un. Vous l'auriez vu en représentation sur la lice : la foule nombreuse qui le porte en triomphe, les femmes en délire...Et d'ailleurs, à ce sujet, faut savoir que Raoul a longtemps été l'élément décoratif des salons de thé de Genève.

Mais à Urgell, point d' accueil enfièvré, point de Ola: ici, une chaleur qui faisait transpirer à foison sous les spalières, ce public méchant et horrible et puis ce colosse qui ne voulait toujours pas mourir...A Urgell, tout était affreux.

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Maria_paz
[TUER, le temps...]


- T’as pas mis ton blé !

- Ça vient, me brusquez pas ça me vrille les boyaux.

- Prends tout ton temps, la charrette est en double file.

- Total ou tierce ?


- On s’en tape, on raffle

- C’est parti !



Cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc



[ …]



Cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc



[ ???]



- T’es sûr qu’ils sont bien brassés ? Allez balance !



Cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc-cloc...cloc-cloc-cloc !



Vlang ! tic tic tic tic tic…. Tic



- Trois !

- Ha ben c’était bien la peine ! Tu dois être fatigué.

- C’est à cause des zanzis, c’est de la camelote

- Quoi ? Qu’est-ce qu’ils ont mes dés ? Sont tous neufs !

- En os de croisé ça vaut rien, c’est tout poreux...


[...]


- Et si on se faisait un Colin Maillard ?

- ho oui, un jeu de mains !

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Raoulleglabre
30 juin Quatorze Cent Soixante. Chemin des oliviers, colline de Castellciutat. Mèche courte.

BANG !

Citation:
30-06-2012 04:05 : Vous avez touché Chakay. Vous l'avez sérieusement blessé.


C'était qui ?

'Sais pas.

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Aelig
[ It's a beautiful day ]

Samedi, trentième du mois de juin. Le temps était beau, la chaleur commençait à être forte. Aelig, Maria et Bartholom s'étaient réfugiés sous les branches charnues, qui protégeaient du soleil, d’un figuier énorme aux racines tentaculaires et à l’odeur sucrée, verte et boisée, très intense lorsqu’il fait chaud.
Les combats de la nuit avaient été âpres et éreintants.

La veille, les régiments helvèto-catalano-légitimistes lancèrent le coup d'envoi à la fin de l’après-midi, parce que l’après-midi en Espagne, on mange la soupalognon y crouton puis on fait la sieste. Une tradition ancestrale à laquelle Bartholom s'adapta très rapidement. Vous y associez la légendaire lenteur suisse, vous comprenez pourquoi celui-ci fût porté disparu deux jours durant aprés être allé dans les alentours de la forêt voisine, à la ceuillette des champigons pour le dîner de l'avant veille.

On envoya alors quelques éclaireurs reconnaître les abords de la ville sous les ordres du Maître de la lance, Coto, un type originaire de Caspe et qui connaissait bien la topographie du lieu. Mais la manœuvre n’échappa pas aux milices bourgeoises de la ville, envoyant aussitôt un escadron, qui déboucha du côté d’un pont à portée de la couleuvrine de Raoul, pour se porter à notre rencontre. Le tir de contre charge fut insuffisant pour ébrécher la charge précipitée des défenseurs. Faut dire qu’à propos de bouche à feu, il n’y en avait qu’un seul parmi nous qui savait se servir d’une couleuvrine comme il faut, d’une seule main et sans trucage, parcequ'il est trés trés fort notre Raoul. Tant et si bien que notre progression se passa en quelques escarmouches et pour notre brave héros, en duel avec une amazone plantureuse et coriace. On nous avait parlé plus haut de géants velus peuplant cette contrée reculée et sauvage, mais pas précisé qu'y vivaient également des amazones à demi-vêtues. C'est un tort. Vous pardonnerez cette digression lubrique, mais l'été, aimons aborder des sujets légers et coquins. Néanmoins, celle-ci habillée de pied en cap, ce qui est un tort aussi, et armée d'un grand coutille luttait fébrilement pour atteindre l'ouverture des régions sud de son armure de plates .


-Enfin Mademoiselle. Il suffit ! On touche pas aux roubignolles !

Citation:
Vous avez frappé *****. Ce coup l'a blessé superficiellement.


-Olé !

Malgré la qualité et la force téméraire de nos fantassins, la pression fut trop forte et nous nous retrouvâmes très vite en infériorité numérique, si bien que nous dûmes nous replier tandis que le sort de la bataille avec les autres colonnes se fit longtemps indécise au sud de la cité.

Nous ne saurions vous dire les actions particulières de tout ceux qui sont à conter durant cette bataille, parcequ’il serait trop long ici de les décrire, mais on signalera notre polyglotte-interprète Gaïa, reconnaissable à sa coiffure façon bergère des Alpes, chignon de chaque côté, en vogue chez les élégantes de Zurich, qui se battit comme une lionne avant de se faire estoubir, ou alors le vénérable Iksander, qui tel Lawrence d'Al-Andalus-les-Alpes, pour rappeler au passage la nature avérroïste archaïque de l'aristotélicisme réformé de confession genevoise, chargea sur son dromadaire, armé de son braquemard, au son du tocsin sonnant la charge de la demi-brigade de cavalerie légere suisse , comme s'il voulut décider seul du sort de la bataille avant de finir sa course dans la poussière et le sang, sa monture criblée de flèches et de traits d'arbalètes. Ou encore le porte étendard de l'ost "In Nomine Christi Vinces Semper" qui sous la violence du choc frontal se retrouva à l'envers sous son destrier à galoper dans l'autre sens avec le gros des troupes encore sur pieds, contraint et forcé de suivre le meneur bonnant malant. Mais on arguera que le drapeau Suisse, croix blanche symétrique et centrée sur format carré se porte très bien et de tous les côtés sans que cela perturbe le sens de lecture de l'étendard. Si ce n'est pas la preuve du génie helvète ça, et cette adaptabilité en toute circonstance vantée précédemment.

Et enfin Maria, qui tomba également, alors que les reliquats de notre lance lâchèrent pied pour chercher refuge dans un petit bois. Et là avec Bartholom, on fit volte face pour aller venir en aide à notre compagne, alors qu'on pouvait entendre vociférer sur un ton vengeur à l'encontre de l'assaillant de Maria:

- Bougre d'extrait d'crétin des Alpes ! Viens par ici toi ! J'vais t'cramer !

Lorsque tout d'un coup, un cavalier qui nous poursuivait, lance dans les reins, fonça droit sur nous.


Citation:
Votre bouclier a été détruit.


...


La bataille prit fin après une nuit d'extrême violence et de confusion. Les troupes assiégeantes avaient été repoussées laissant sur le champs de bataille une multitude de morts de chaque camps.

Ils couchèrent Maria à terre. Le mauvais coup ne semblait point avoir touché les parties vitales. Aelig se laissa tomber comme un poids mort contre le tronc du figuier, puis enveloppé par cette odeur si cremeuse et enveloppante émanant des feuilles. Le vent s'était levé, il faisait froid.


-Ce vent est affreux, murmura t'il à Bartholom

- Quel vent ?

Les soleil était à son zénith et les rayons filtrés par les branchages donnaient une lumière intime à la scène. Lorsque soudain, celle-ci s'éteignit.

Citation:
Ser77gi vous a porté un coup d'épée. Vous avez été grièvement blessé.


....

Déos, le grand chef de guerre dit : Ça va ?

- Tu m’as appris à oublier la douleur...

Déos dit : Ça marche ?

- Pas vraiment. Mais je vous en veux pas.*


*Rambo
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Raoulleglabre
3 juillet Quatorze Cent Soixante. Faubourgs d’Urgell.

Luca Andrea Muntaner i Verona ! Fill de Rosief, Presidenta de la Generalitat i una gran mare. Fill d'Enzo, diplomàtic, conseller i bocamoll. Germà de Fadrique, un gran paio.

Qui tu dis ?

Es un gran Ombre !


Mon spadassin observe le cadavre dubitatif. Sans vouloir être morbide, un gars, même brave, même fils de, même ibère, après ça, il est guère grand. Tout du moins sans recollement.

Citation:
03-07-2012 04:05 : Vous avez frappé Andreaverona. Ce coup l'a probablement tué.


On y est allé un peu fort, nan ?

Mon lecteur se doit d’être informé qu’à peu près toute l’armée suisse est assemblée en rond autour de la dépouille. Comme dans une votation en plein air. Si le sang et les boyaux ne dégoulinaient pas de ce qui fut un personnage, on en sortirait presque les gourdes de genepi, le lard salé et le fromage. Le médicastre, qu’en Suisse l'on reconnaît aisément par la croix rouge qu’il porte en brassard, relève la tête, les yeux furibards !

C’est du propre !

Vingt neuf coups d’épées, de hallebarde et une balle de couleuvrine qu'a fait du crane de l'héritier un escargot de Bourgogne ; ça murmure penaud dans les rangs. Les visages sont fermés, presque honteux.

Comment qu’on fait maintenant, pour le rendre à la famille !

On recoud ?


[…]

Ellipse.


J’comprends pas ça dépasse.

Soyez pas triste, ça va v’nir, chaque pot a son couvercle.
Mon spadassin, les bras croisés dans le dos, observe scrupuleusement la scène au dessus de l'épaule de l’aide médicastre. Il est aussi barbier chez lui à Fribourg. En plus d’être bucheron, bien entendu. Et comme Mon Raoul a toujours soif d’apprendre…

L’autre couturier grogne.
Ben voilà, ben voilà ! C’est tout l’armée ça ! Ils vous donnent des morceaux et ça rentre même pas dans […] R’gardez ! Le gars s’essuye sa grande aiguille sur son tablier de sapeur, la pièce de chair en trophée.

J’ai un bout d’trop !

[…]

Ouaf !

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Maria_paz
« Ils couchèrent Maria à terre… »

…Qui n’était pas à une coquetterie près, même dans l’adversité.

- Est-ce que quelqu’un pourrait me prêter une pince à épiler ?
- Ce sont des picots de masse d’arme que vous avez dans les chairs, pas des échardes ! Restez tranquille, on va s’occuper de votre cuisse.
- C’est à la jambe que j’ai mal !
- Alors entendons-nous bien, soit vous vous laissez examiner de haut en bas, soit on vous ampute. Comprendido ?
- Voyous !

Nous ne savons pas bien si l’helvético-ibérique à castagnettes taillées de ses petites mains et avec acharnement dans un tronc de mélèze… qu’est-ce que je disais… Oui, nous ne savons pas bien si son hurlement fut consécutif à l’amputation ou à la vue de son chevalier gisant, bouche ouverte, tête nue, la nuque baignant dans le frais cresson bleu. Etendu dans l’herbe, près de Bartholom, pâle dans son lit vert où la lumière pleuvait.**

Pour le savoir, retrouvons-nous deux jours plus tard sur le lieu du crime.

Un verger, qu’y a-t-il à l’intérieur d’un verger ?

Devinette.
Ils sont pulpeux, juteux et sucrés. Doux ou forts, tendres ou fermes. Ensoleillés, parfumés. On les vole parfois. Certains seraient mortels.
Qui sont-ils ?
Ce qui est certain, c’est que grâce à leurs pouvoirs secrets, Aelig retrouve sa vigueur et apprécie la posologie : "consommez-les selon votre bon plaisir et sans modération."

Dans ce verger extraordinaire, on peut y voir un Caprice de femme* dans sa tenue de soierie fine ouvrir sa corolle avec frivolité sous le Bois de Cupidon* pour détourner son regard de la Sultane*. Caprice d’une fausse Vierge de Saragosse* oui !
Le mâle figuier aux bourses naissantes couvre de ses larges feuilles cette scène de Feu ardent* tandis que Celle qui sauve la vie* prodigue ses soins, devient entreprenante.
La Fée verte* n’en perd pas une miette. Sans doute celle qui veillait jadis au-dessus du berceau du jeune Aelig du temps où il trempait ses langes. Elle va encore lui fourguer une paire d’ailes et le requinquer avec le Quinquina du pauvre*. C’est fou ce que les fées peuvent être pingres parfois !
A cet instant, vous ne verrez pas d’Amour en cage*, non. La Mandragore l’a fichu à la porte sans préavis ni indemnités.
Car dans ce verger, vous avez deviné, il n’y a que des Pommes d’amour* et surtout des baisers.


Pfiiiiiiiiiiiiiiiiuuuiiiiiit !

Allez Maria ! On réintègre !

- Y mierrrda !!!!
- Reste encore un peu, j’suis pas bien guéri là, pis là, et pis là !





** sorry m'sieur Arthur Rimbaud
* Hibiscus, Myrte, figue, figue, Bryone, Sauge, Absinthe, Gentiane, Physalis, Grenade.

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Maria_paz
[Poireauter… Gober les mouches. C'est loin la plage ?]


Ils parlent de la mort
Comme tu parles d'un fruit
Ils regardent la mer
Comme tu regardes un puits


Du soir montent des feux
Et des pointes de silence
Qui vont s'élargissant
Et la lune s'avance
Et la mer se déchire
Infiniment brisée
Par des rochers qui prirent
Des prénoms affolés
Et puis plus loin des chiens
Des chants de repentance
Des quelques pas de deux
Et quelques pas de danse
Et la nuit est soumise
Et l'alizé se brise*

Sur les lames qu’on aiguise



Bailler d’ennui, avant de finir à la baille où en pâture aux corneilles.
Certains étaient partis se vider les poches pour une tournée de blondes effervescentes, d’autres se faire pieusement siphonner la cervelle en décapant à genoux les dalles des cloîtres de Santes Creus ou de Poblet les oies.



- Pense à nous ramener des souvenirs !


*Brel et ses Marquises
_________________
Maria_paz
Planque-toi connnard !*


Formule qui sauve un soldat qui ne voit pas arriver les grosses bricoles parce qu’il a un torticolis qui l’empêche de surveiller ses arrières. C'est bien normal, entre frères d'armes, ça ne choque personne.
Par contre...
« Planque-toi connasse ! » de suite c’est pas classe. Alors on s’abstient. C’est pour cette raison qu’on évite de narrer la mort héroïque des grandes guerrières. Y'a faute.


[15 juillet 1460 - après la baston]


Etendue et inerte, mordant la poussière et baignant dans son sang, la Paz a cessé de râler.
Son âme se balance lentement sur un courant d’air ascensionnel. Une âme en intense réflexion. « …Changerait bien d’étoile moi tiens ! Celle-là m'néglige… »

Le ciel est cotonneux. Une vieille barbe s’avance silencieusement, l'oeil soupçonneux. Notre moribonde en évaporation sursaute et se couvre pudiquement d’un bout de nuage.

- Are you ?
- You are ?*


On frise le clin d’œil de connivence.

- Bonjour, je suis PierreALaDroiteDuSeigneur III, je suis un Saint.
- Et moi Maria Paz II. Je suis en Sainte.

Oui, elle est déjà morte une fois, une vieille histoire. Mais on s’habitue rarement à la rencontre du troisième type. De même qu’à tout ce blanc givré qui vous file des frissons, à ce silence qui vous plombe les écoutilles. Ce serait sympathique tout de même, une petite musique d’accueil.

On sent poindre l’humeur de chien.

- Mordiable ! J’y crois pas ! Y’a toujours pas d’ambiance et de chaleur dans votre boui-boui. C’est pas vraiment pas l’paradis ici ! Pas un fut de cervoise ! pas un troubadour ! Et le banquet ? Hein ? Parce que j'vous préviens, on est venus à plusieurs pour avoir le tarif de groupe !

- Ta, ta, ta ! C’est pas le bureau des réclamations ici ! Vous avez votre ticket au moins ?

[ ?]

- Sans ticket c’est la taule d'à côté. Tout le monde dit qu’c’est d’enfer ! Mais je dois vous avertir, en ce moment c’est plein à craquer et ils refusent du monde !

- Bon ben alors, qu’est-ce que j’vais devenir moi maintenant ?
- Tenez, c’est mon dernier.
- Qu’est-ce que c’est ?
- Un ticket pour devenir immortel avant votre prochaine mort.



* Il était une fois la révolution, La grande vadrouille
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