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[RP] Beaumont - Renart mais pas goupil !

Beatritz
[Chablis]

L'avantage de Chablis, c'est que c'est proche de Beaumont. En une heure on peut y faire savoir une chose, et en deux, en avoir réponse. Alors quand la Duchesse de Nevers eût pris connaissance du courrier, et non sans quelque confusion, elle fit savoir à sa vassale qu'elle souhaitait la voir. Et dans les heures qui lui étaient données jusque là - et encore fallait-il que la dame de Railly fût disposée à quitter sur-le-champ son activité - , Béatrice de Castelmaure eut le loisir de réfléchir.

Grimoald... Était-ce cet enfant présent au côté de la Duchesse d'Amboise, à la cérémonie d'allégeances ? Elle ne se rappelait plus très bien. Elle ne s'était jamais très bien rappelée les noms et visages.

L'après-midi arriva doucement, et la Duchesse de Nevers, laissée tranquille par sa grand-mère qui orchestrait la tenue de la demeure, le passa près de la cheminée à coudre et repriser.
Et puis, on frappa à la porte, et cela signifiait que le Pelot, le garde, avait laissé entrer un visiteur - ou une visiteuse. Il y avait peu de mystères sur son identité.

La servante qui était assise derrière Béatrice, profitant également du feu et l'accompagnant dans ses travaux d'aiguille, se leva pour ouvrir l'huis. C'était Della de Volvent, comme on s'y attendait, qui salua et mesura l'intensité de sa voix, pour parler en ces mots :


-« Bonjour. Je viens voir sa Grâce... si elle est disponible, sinon, je repasserai. »
-« Entrez, la Duchesse vous attendait. »

Della était encore sur le pas de la porte, et de la même voix de catimini, dans un sourire qui ne respirait pas la plus grande sérénité :

-« Bien merci...comment est-elle, je veux dire...de bonne humeur ? »

La servante balança un instant, puis répondit sur le ton de la confidence :

-« D'humeur... Enfin, vous la connaissez. On ne sait jamais, mais plus... enfin, moins mauvaise que ce que vous semblez croire. »

Les traits de Della se détendirent, dans le temps où elle lâcha un léger soupir.
-« Merci...J'y vais donc. »

Et poussant le second huis qui retenait sur le cloître l'air mordant de l'hiver* :

-« Votre Grâce ? Béatrice ? Puis-je entrer ? »

-« Ah, Mademoiselle de Volvent », sourit la Duchesse d'une voix aimablement ironique en relevant la tête,« entrez, oui, entrez ! Et asseyons-nous près du feu, voulez-vous ? »

Della s'inclina en une circonstance de rigueur, et rejoignit sa suzeraine près de l'âtre, dans un fauteuil à haut dossier, tout en commentant le climat, comme l'on fait toujours, lorsqu'on ignore que dire, ou pour écarter de la conversation un sujet par trop embarrassant.

-« Avec plaisir, il fait si froid, je suis frigorifiée » - petit frottement de mains pour joindre le geste à la parole - « Comment allez-vous, Béatrice ? »
-« Oh, bien, bien... Votre courrier est arrivé ce matin. Intéressant... Très intéressant... »
-« Ah oui ? Ah...vraiment ? Oh je féliciterai comme il se doit mon messager...Vous le trouvez vraiment intéressant ? Ce projet trouve un écho en vos idées ? »
-« Non pas un écho, mais plusieurs... Le projet n'est pas mauvais, même si nous imaginions meilleurs partis pour nos vassales. Des barons, au moins... Mais nous écrirons à la Duchesse d'Amboise. C'est une personne aimable, il ne coûtera rien d'en discuter. Enfin, l'idée de perdre Elinor n'est pas forcément pour nous enchanter, du moins ne l'attendions-nous pas si vite... Nous avions d'autres projets, avant celui-là... »
-« Bien sûr, mais le jeune Grimoald sera peut-être titré un jour... et Elinor aussi, qui sait ? »

La servante, qui n'avait pas refranchi le pas de la porte après être sortie accueillir Della, reparut, effacée et efficace, avec un plateau de noix et de fruits secs, qu'elle posa sur un guéridon.

-« Je vous fais confiance pour les contacts avec la Duchesse d'Ambroise... » La Dame de Railly relève un peu la tête - ou est-ce le sourcil ? « D'autres projets, dites-vous ? »

Béatrice avait laissé sa vassale épuiser ses solutions de réponse, et poser la seule question qui méritait de l'être. La Castelmaure porta quelques grains de raisin à sa bouche, et reprit au début, pour glisser vers la fin :

-« Oh, mais pour Elinor, elle le sera. Ne vous en inquiétez pas. Mais nous aimerions que nos vassales le soient pour les meilleurs partis...
Mieux vaut laisser tarder un peu et voir venir un bon parti. Pour Elinor, nous avons le temps. Pour vous... Il faudrait désormais ne plus faire qu'y songer ! »


C'était un ton qui ne souffrait pas de réplique. Della y répondit par un sourire légèrement pincé. Embarrassé.

-« Moi... oui... mais j'ai tellement à faire, vous savez... c'est... enfin... Et vous pensiez à quelque chose de précis ? »

Un léger sourire, un regard qui se plisse, et la jeunette, qu'on aurait dû en droit d'écouter son aînée, poursuivit son office de suzeraine envers sa vassale.

-« Et bien... Il y a quelques nobles bourguignons qui pourraient convenir. Oh, nous pensions au départ au baron de Luzy, mais depuis qu'il a rendu son titre, d'autres peuvent lui succéder, dans la liste - quoique la Bourgogne soit pauvre en partis disposés à convoler. Hélas ! Il faudra peut-être aller voir ailleurs. Mais vous... Y avez-vous songé ? »

Il est donné ici au lecteur de savoir qu'en cet instant, Della se rappela, bercée d'une écume mélancolique, les lettres de Migisti, de celles si bellement tournées qu'elles feraient une sainte se pâmer. Mais elle surmonta la vague, pour poser son regard sur Béatrice au moment de répondre :

-« Pas vraiment, non. Le sujet fut effleuré lors des discussions pour Beaumont mais... rien n'est véritablement abouti. Et je vous rejoins, la Bourgogne est pauvre en Nobles. »

Tiens donc ! Une nouvelle affaire, dont on aurait oublié de l'informer ?

-« Une discussion pour Beaumont, dites-vous ? »

-« Oui...J'ai rencontré le Baron d'Arquian et... et... il a accepté de confier la seigneurie de Beaumont à Godefroy... contre une somme d'argent, quelques fûts de vin... et... moi. »

Tempête, cataclysme annoncé sur Chablis. Un couperet. Et des sourcils castelmaurins froncés. Violemment froncés.

-« Expliquez-vous, Dame de Railly. Vous vous êtes... vendue ? »

Où donc y a-t-il un trou de souris, par ici ? Vite, c'était urgent ! Della sourit bravement à Béatrice, car elle ne voulait pas la mettre en colère, et tenait à expliquer les tenants et aboutissants de la négociation.

-« Vendue, non... C'est que, voyez-vous, pendant que nous parlions, le Baron a évoqué la possibilité que je... me donne à lui. Or, vous le savez, nous partageons la même fermeté quant à ces relations hors mariage... et donc, j'ai refusé. Et c'est ainsi que l'idée d'un mariage est née. Remarquez... » La jeune Volvent s'apprêtait à jouer ses atouts, cartes sur table, et sans ambages. Avec une apparence de détachement - et l'espoir que tout cela suffirait.

-« Cela fera de moi une baronne... vous évoquiez tout à l'heure, un Baron... d'Arquian l'est. Et de plus, il est aussi Baron de Seigneley, dont Beaumont est. Ce qui me donnera aussi la certitude que Beaumont restera dans ma famille...
Le Baron d'Arquian est certes très... froid mais il a de beaux yeux. »


Les sentiments de la Duchesse de Nevers sur l'affaire étaient très partagés, et pour elle, même, il était difficile de distinguer ce qui lui plaisait et ce qui l'irritait, dans la situation qui s'offrait à elles.

-« Vous devez avoir l'accord de votre suzeraine, pour ces noces. Et pour Beaumont, nul n'est à l'abri d'un époux sans scrupules. Le mariage donne peu de droits, il faut en avoir conscience. Il faudra un contrat, pour cela... Et pour bien d'autres choses. Nous sommes fière que vous ne vous soyez pas laissée aller à la faiblesse. S'il vous désire, cela rendra les choses faciles. Mais le désir de l'homme va et vient, dit-on... Sans doute faudra-t-il l'entretenir, après le mariage. »

L'assurance de son timbre vacilla-t-il, à ces mots ? Il lui semblait étrange de les dire - quoi qu'elle les eût souventes fois entendus dans la bouche cave de son aïeule - , car elle-même ignorait comment l'on s'y prenait pour entretenir la flamme du désir.

-« Mais dites-nous... Quelles ont été ses conditions ? »

Della de Volvent comprenait le reproche qui perçait dans la voix de sa suzeraine, dont elle appréciait pourtant la justesse.

-« D'Arquian a prévu de vous écrire. Bien qu'il soit ce qu'il est, il n'en demeure pas moins noble et connaît les us. Il demandera votre autorisation et votre bénédiction.
Les conditions furent matérielles... au départ une somme trop élevée mais ramenée à la moitié soit 1500 écus et une allocation mensuelle en vin... que je ferai en sorte de récupérer... »


Le bouillonnement qui enflait doucement derrière le front blanc de la Castelmaure commença de se faire menaçant. Elle pinça les lèvres pour le contenir, mais enfin soupira.

-« Attendez, une chose à la fois... Tout d'abord, si l'on dit « Monsieur d'Arquian », pour le désigner comme vous faites, on dit tout simplement Arquian, à moins que le nom n'ait qu'une syllabe. On dira « Le Bret a dit », pour parler de monsieur du Bret, mais « de Bret a dit », pour parler de monsieur de Bret.

Ensuite... 1500 écus et du vin... Où trouverez-vous les écus, et de quel vin s'agit-il ? »


Les joues de Della gagnèrent en couleur, et elle se sentit bien gênée. Oui, on le lui avait bien déjà fait remarquer ! Theudbald n'y avait pas manqué.

-« Merci, je tâcherai de ne plus oublier. Les écus, je les ai. Ou presque... et le vin, il s'agit de celui de Beaumont. »
-« Presque... À combien près ? »
-« 300 à peu près. C'est Godefroy qui doit les trouver. Après tout, la seigneurie lui reviendra, une mise de sa part ne sera pas une mauvaise chose. Qu'il apprenne à apprécier ce qu'il possède. »

La Duchesse de Nevers lâcha un soupir, qui pouvait être compris de différentes manières. Soupir de soulagement ou d'agacement ? C'était en vérité du soulagement, car elle avait craint, un instant, qu'on ne lui réclamât ces quinze cents écus. Et quoiqu'elle n'était pas avare, et avait les moyens de ne pas l'être, elle eût été fâchée d'être ainsi mise devant le fait accompli.

-« Etes-vous contrariée, Béatrice, par ceci ? Vous savez que j'ai pour désir de ne pas vous être désagréable. Beaumont me tient à cœur... pour Eldwin. Et quand ceci sera réglé, je pourrai alors être tout à Railly et à mon... époux. » Petite moue sur le dernier mot.
-« Cette affaire a été bizarrement menée, mais après tout... Le parti n'est pas le plus mauvais qui soit. Mais il faudra rédiger un contrat, et que le Baron vienne nous demander votre main et bien formuler ses intentions ! Il faut prendre garde, car c'est un divorcé - parler de mariage avec un homme prompt à rompre cet engagement en théorie inviolable... »
-« Oui, vous avez raison, tout à fait. Nous prendrons garde... je sais que je peux compter sur vous pour cela. » La Dame de Railly se laissa tenter par un sourire, avant d'ajouter : « Vous êtes d'une grande sagesse. »
-« S'il faut l'être pour toutes les folies des autres... »
-« C'est pour cela que vous m'êtes si chère, ma Duchesse. »

La Duchesse de Nevers sourit à cette ancienne dame de compagnie, qui avait quelque chose de touchant. Elle posa ses yeux sur le feu, et resta un temps sans parler, à rassembler ses pensées.

-« Bon...
La Duchesse d'Amboise recevra un courrier, et nous attendrons le Baron, bien armée d'arguments et de clauses. »

-« Merci, votre Grâce... » Il y avait du sourire dans les mots de la touchante blonde. « Me permettez-vous de me retirer, ma chère Béatrice ? »
-« Oui, bien sûr... » Un sourire bon et franc, et l'envoi : « Qu'Aristote vous garde, Della. »
-« Qu'il vous protège, vous aussi. A très bientôt. »

Ainsi Della quitta la compagnie de sa suzeraine, à Chablis, dans l'hiver au froid mordant, et Béatrice resta devant son feu, à coudre et brasser, en son esprit, tout ce dont il faudrait parler au Baron de Seignelay. Cette affaire, malgré tout, sentait le fagot, et la Duchesse de Nevers ne voulait pas qu'on lui reprochât d'avoir entraîné sa vassale dans un hymen indigne.

La fin de la journée arriva... Béatrice ignorait encore que le lendemain même, Theognis Montereau ferait le premier pas de ce chapitre décisif.



*[Il faut s'imaginer une maison avec une cour intérieur, cour entourée d'une promenade couverte de voûtes. Au rez-de chaussée, les pièces sont desservies entre autres par la promenade du cloître. Pour les deux portes, il faut se figurer deux portes séparées d'un peu plus d'un mètre, formant entre les deux comme un sas, et s'ouvrant chacune dans un sens différent. On comprend mieux, forcément, pourquoi Della et la servante peuvent papoter sans être prises en flagrant délit par Béatrice !]

[RP écrit à 4 mains. Tout ce qui y est dit, y compris et surtout ce qui pourrait, venant à être su, avoir des conséquences judiciaires, reste bien sûr entre Della, Béatrice et les lecteurs de connivence.]

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Della
Sur le chemin du retour, court et bref, mille et unes pensées me traversèrent l'esprit, parfois contradictoires, parfois très pragmatiques et parfois même amusantes.
Mais rien n'empêchait l'angoisse de se faire un nid confortable au creux de mon ventre. Je me trouvais devant tant de questions qu'elles semblaient se matérialiser en une multitude de petites voix qui se poussaient à mes oreilles.

La visite que j'avais faite au Baron d'Arquian, en sa baronnie, avait eu pour effet d'éveiller une partie encore inconnue de moi-même.
Derrière la Della de Volvent, froide, rude et même hautaine, il semblait vivre une autre femme, une femme qui jusque là avait préféré se taire et surtout ne pas se montrer.
J'étais perturbée, ébranlée par ce que j'avais ressenti lorsque le souffle tiède des paroles du Baron avait caressé mon cou. Je ne l'avais pas repoussé assez vite et un étrange mécanisme s'était mis en marche, celui de ce que l'on appelait la séduction.
L'odeur qui planait dans le petit bureau, le regard insistant et profond du Baron, la fermeté de sa main posée sur la mienne avaient eu raison de la cuirasse savamment travaillée et mise en place. Le jeu avait été ouvert...séduire ou être séduite.
J'analysais cela, maintenant, dans ce carrosse qui me ramenait de chez Béatrice, comme une lutte pour ma propre survie, c'était comme mordre ou être mordu, tuer ou être tué...
Heureusement, là, il n'était pas question de vivre ou mourir mais de...terres et mariage.


Le coche m'ouvrit la portière et j'allai me réfugier entre mes murs.


Quelques jours plus tard, l'on me porta des missives, venant d'Arquian.
Il devait s'agir des contrats passés avec le Baron pour l'obtention de Beaumont.

Je m'enfermai dans le bureau pour y lire les termes, tranquillement.

Le premier était bien ce à quoi je m'attendais.
Mille cinq cents écus, six fûts de vin et une rente régulière étaient le prix à payer pour que Beaumont revienne à ses propriétaires.
Mes yeux restèrent longtemps fixés sur le parchemin, regard perdu et esprit qui vagabonde.

Citation:
Moi, Theognis Montereau, Baron d'Arquian et de Seignelay, pour la prospérité du duché de Bourgogne, sous les auspices du Très-Haut, déclare:

Pour la Seigneurie de Beaumont, fief attaché à la Baronnie de Seignelay, Godefroy-Ganju de Volvent en sera le seigneur et maître, devenant mon vassal par ma seule volonté.

S'il respecte ses devoirs et n'outrepasse pas les droits que je lui confie, en son nom la famille de Volvent aura toute liberté pour cultiver et exploiter les terres de Beaumont, ses vignobles, ses bois et ses pâturages.

En gage de ma volonté, une somme de 1500 écus sera versée à la signature du présent document. 6 tonneaux de vin seront fournis par la famille de Volvent pour contribuer aux festivités de la cérémonie d'allégeance.
D'autre part, une rente perpétuelle sous la forme d'un tonneau de vin sera versée chaque mois, nécessaire impôt sur les récoltes du vignoble de Beaumont.

Fait en ce mois de Janvier 1458,




Un bruit, dans le couloir, me ramena dans mon fauteuil, tenant toujours le document.
Le second parchemin...

Citation:
Ma chère Della,

J'ai bien réfléchi à votre proposition, et je la fais mienne. Au mois du printemps, vous deviendrez mon épouse et la Baronne d'Arquian et de Seignelay. J'ai écrit à votre suzeraine pour lui faire part de mes volontés.

Je dépose en bas de cette missive un tendre baiser,



Ainsi donc, c'en était fait et presque décidé.
Tout était entre les mains de Béatrice, dorénavant.

Et qu'espérais-je ? Si j'étais réellement sincère avec moi-même ?
Séverin, mon cousin, était au courant de ce projet et je lui avais expliqué en long et en large que si j'avais accepté, proposé même, ce mariage dans les conditions de récupération de nos terres, c'était autant pour être certaine de la réussite des négociations que pour garantir l'avenir de ces terres, en en devenant la suzeraine. Et j'avais même ajouté que le Baron n'était pas pour me déplaire...Le coup du baiser en fin de missive engageait bien ce sentiment.

Lorsque Béatrice aurait répondu, il serait temps d'envisager l'avenir.
Pour l'heure, il me fallait répondre à Theognis.

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Della
Ce fut un matin particulier que ce froid matin de la fin janvier 1458.
Je m'éveillai, de charmante humeur, bien reposée et heu-reu-se !
Parfaitement, oui, heureuse !

J'avais un peu ce mal de tête d'après célébration de la victoire, mais pas assez que pour me gâcher la journée.
C'est qu'aujourd'hui, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais libérée d'un fardeau extrêmement lourd qu'était l'incertitude.
Là, c'était fait, pour un temps, en tout cas.
Le temps de respirer et de reprendre des forces avant le printemps.

Je sortis le nez des lourdes couvertures...brrr...quel froid de canard !
J'attrapai mon châle d'une main timide et tout en sortant le moins possible de mon nid tout chaud, je m'emballai dans la laine épaisse.
Aelis n'était pas encore venue faire le feu et j'activai moi-même les maigres braises de la nuit afin de relancer la flambée qui devrait me garantir une chaleur acceptable dans un rayon de deux pas.
C'était suffisant pour attraper le fameux parchemin dont j'avais mandé deux copies au Héraut, notre héros à tous.
C'est fou ce que ça faisait du bien de lire ça...Godefroy était LE Seigneur de Beaumont...enfin !

Aujourd'hui serait une excellente journée, je le sentais !
Programme : balade dans les vignes, confession - peut-être - et...!

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Della
Un soir, rentrant de Sémur.

Il fallait que je me rappelle. C'était déjà si loin. C'était quand la Bourgogne avait été menacée, que je m'étais rendue à Dijon pour servir sous les ordres du Colonel Migisti pour défendre la capitale...Oui, c'était à ce moment-là que les noms entendus ce soir avaient été prononcés.
Et cette femme à la main de griffes...son visage, je l'avais déjà vu...mais où et quand ? Pourquoi portait-elle ce gant ? Un accident, disait-elle...Mais j'avais bien vu son regard lorsque Maelle avait évoqué le Seigneur Snell.
Tout cela était louche...sentait autre chose qu'un voyage pour Karyl.
Ces noms...Felina, Eikorc...Doko...et cette troupe dont avait parlé Felina, cette bague...
Est-ce qu'à nouveau, la Bourgogne devait être sur ses gardes ?
Zoko...ce nom résonna dans ma tête en autant de mauvais souvenirs de cette période difficile pour la Bourgogne.

Le mieux était d'en informer la Duchesse.

Plume, vélin, encre...


Citation:


Votre Grâce.

Pardonnez-moi de vous faire porter ce message au point du jour mais il faut que je vous livre un tourment qui est mien.
Ce soir, en la ville de Sémur, je pense avoir rencontré des gens qui étaient responsables des derniers troubles en Bourgogne, de ces gens qui ont été emprisonnés, ceux qui étaient entre autres, de la Zoko.
Faut-il en déduire que le danger est revenu en nos terres, Duchesse ?
Je prie le Ciel que non, de toute mon âme.

Je suis à votre disposition, pour de plus amples renseignements, au besoin.

Respectueusement,
Della de Volvent.
Dame de Railly.



Et une autre...plus sérieuse...

Citation:


Seigneur Snell.
Le bonjour vous va.

J'ai, je pense, à vous avertir de ce que j'ai vu, ce soir, à Sémur, à la taverne de Kiss.
Votre petite Maelle, cette adorable enfant à qui vous manquez tant, semblait fort proche de Karyl, un autre enfant, lui-même apparemment en très bon terme avec une dénommée Felina. Cette Felina était membre de la Zoko, lors de l'invasion en Bourgogne.
Peut-être allez-vous penser que je me mêle de choses qui ne me regardent pas mais j'ai beaucoup d'affection pour Maelle et je me fais du souci.
Vous devriez l'interroger, je pense.

Respectueusement,
Della de Volvent,
Dame de Railly.





Les deux messages partiraient avant le lever du soleil. A mes yeux, c'était important.

Je ne trouverais pas le sommeil, cette nuit.
J'étais tourmentée, inquiète, peut-être pour rien, mais peut-être avec raison.
Voir à nouveau la Bourgogne ravagée n'était absolument pas ce que je désirais.

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Tolaine


Une jeune demoiselle à la brune chevelure arriva devant le portail du château de Beaumont, elle fut estomaquée par la splendeur de celui-ci, cela faisait presque seize années qu'elle n'était pas revenue en ces lieux si souvent parcourus lorsqu'elle n'avait que quatre printemps. Elle était loin l'époque où Tolaine courrait dans la cour et entre les vignes avec Orantes et Nabel, les souvenirs affluaient bons comme mauvais, elle se remémora aussi le jour où ses parents décidèrent de l'envoyer au couvent.

La Renarde passa sous le porche avec lenteur voulant profiter le plus longtemps possible des beautés qu'offrait son ancienne demeure, elle arriva ensuite devant ses portes, elle allait de nouveau les ouvrir et revoir sa tante. Elle suivit le sentier qui la conduirait auprès de sa famille qu'elle avait reniée depuis un peu plus d'une décennie, elle n'avait rien fait pour qu'elle change d'avis.

La Brune monta les marches la menant au palier, elle poussa le rideau de bois et pénétra dans l'enceinte, il lui fallait à présent trouver Della dans ce dédale de couloirs et de pièces. Elle déambula ainsi un long moment avant de tomber enfin sur la salle de réception, elle l'avait reconnue tout de suite car elle n'avait pas changé. En s'avançant un peu plus Tol aperçut une silhouette devant la fenêtre, c'était celle d'une jeune femme à la longue chevelure doré comme les blés.

Della ? C'est toi ? demanda la Louve de Volvent.
Je ne te dérange pas au moins, je ne débarque pas à l'improviste ?

Elle se retenait de se jeter dans les bras de sa tante, de peur que celle-ci lui reproche cette conduite un peu trop enfantine. La petite avait beau avoir vingt ans pour le moment, elle n'avait cure des règles de bienséances quand elle se retrouvait seule, face à quelqu'un qu'elle appréciait beaucoup. Tolaine attendit patiemment la réponse de Della, tout en vérifiant que l'on ne puisse pas voir ses points de sutures au cou et légèrement les égratignures qui striaient ses membres.

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Della
Long long long était cet hiver qui me tenait cloîtrée dans ma propre demeure.
Longues longues longues étaient ces journées où la seule occupation consistait à l'échafaudage de projets printaniers.
J'en passais des heures, l'aiguille au doigt, brodant et pensant...
Le printemps que l'hiver cachait encore allait apporter son lot de changements.

Je venais, aujourd'hui, de recevoir une invitation à l'un de ces changements.
Ma Duchesse, Béatrice de Castelmaure, allait convoler.
La connaissant, je me faisais du souci, pour elle. Comment allait-elle surmonter cette épreuve ? Oui, ce mariage serait une épreuve pour ma belle Duchesse, j'en étais persuadée. Elle qui répugnait à tout contact avec un autre humain...Je secouai doucement la tête en soupirant, la plaignant.
Au contraire, moi j'attendais de convoler pour enfin découvrir ces dessous cachés du mariage dont Ode m'avait si bien fait l'éloge, me menant sur un chemin d'impatience.
Mais je ne brûlerais aucune étape...pas à pas...un après l'autre...Délicieuse impatience noyée d'attente...

Je fus tirée de ma rêverie par un bruit de présence derrière moi.
Diantre, mais qu'étaient donc devenus tous ces servants que je payais à prix d'or ???
Je me retournai et toisai un instant la jeune femme qui me faisait face, regard de glace sur celle qui ose venir me sortir de mes pensées sans y être invitée !

Della ? C'est toi ?
Je ne te dérange pas au moins, je ne débarque pas à l'improviste ?

Un sourcil se leva, façon volvanesque juste avant que les deux ne se froncent.
Qui donc était cette jeune femme qui semblait me connaître ?
Rapide tour de la personne...regard connu, traits qui rappellent les miens et tous ceux des Renarts. C'est une Volvent...Recherche rapide dans une mémoire des noms peu fiable...et les yeux qui s'ouvrent au propre comme au figuré tandis que je réponds :
Tolaine ? Tolaine...Tolaine !
Et je quitte la fenêtre pour me précipiter vers l'enfant...euh non, la jeune fille...sourire heureux et bras ouverts pour la serrer au plus fort.
Tolaine !!! Comme je suis contente. Tu es enfin là !
Oui, enfin là.
Une Renarde de plus au nid.
Chacun de nous qui revient au bercail est pour moi, source de joie intense.
Cette famille éparpillée au gré du vent, au long des ans, sans raison ou parfois avec, se rassemble, petit à petit au nid.
Et le Ciel m'accorde de voir un par un, chacun des miens, rentrer et trouver ici, l'accueil familial que je veux pour tous.
Beaumont, enfin redevenue terre seigneuriale, sous la houlette de Godefroy, avec la bienveillance du Baron, voit ses enfants réunis.

Raconte-moi...tout !
Dis-moi comment tu vas, ce que tu fais...

Toute à ma joie, j'entraînai ma nièce prendre place sur un cousiège, non loin de la cheminée où dansaient les flammes, pour l'écouter me raconter...
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Tolaine


Tolaine fut refroidie par le premier regard glacial que lui lança sa tante, son sourire avait disparu, la pauvre Brune n'avait pourtant commis aucune vilénie. Elle observa sans dire mot Della qui fit rapidement le tour de sa personne, puis la dame de Railly recula avant de demander :

Tolaine ? Tolaine...Tolaine !

Très heureuse Tol se précipite dans les bras ouverts de sa tante qui la serra très fort, des larmes de joie sur ses joues tellement son bonheur était immense. Certes la jeune Renarde avait beaucoup changé mais elle avait quand même gardé quelques traits spécifiques aux Volvents, ce qui permis sans doute d'être reconnue par Della.

Tolaine !!! Comme je suis contente. Tu es enfin là !

Moi aussi je le suis ! Tu m'as manqué même si j'étais brouillée avec la famille, mais ceci est de l'histoire ancienne.

Raconte-moi...tout !
Dis-moi comment tu vas, ce que tu fais...
enchaina sa tante.

Elle se laissa entrainer puis s'assoit volontiers sur un cousiège afin de narrer ses "exploits" à Della, par où allait-elle pouvoir commencer ? Hum... il lui en était arrivé beaucoup de chose durant toutes ces années passées à Verneuil et Alençon.

Hé bien, que dire ? Je vais plus ou moins bien car je suis en période de cicatrisation de toutes mes égratignures, il est difficile de combattre trois adversaires sans subir aucuns dommages.
Il y a quelques mois j'étais encore tisserande, maintenant je n'ai plus de métier vu que j'ai déménagé pour vivre à Alençon avec Nabel et n'ayant plus d'écus... je n'ai pas pu reconstruire une échoppe.
Je suis à la recherche d'un compagnon qui saura trouver le chemin de mon coeur, ce qui s'avère pas gagné pour le pauvre sire...


Rah elle avait horreur de parler de sa vie la Louve, elle l'a trouvait inintéressante et était incapable de savoir ce que sa tante voulait vraiment attendait de son récit. La Brunette avait besoin qu'on lui pose des questions précise sinon ce qu'elle racontait n'avait pas beaucoup de sens sans fil conducteur, aïe, elle décida de se taire espérant que Della répondrait à son attente. Elle se demandait si elle serait forcée de montrer toutes ses blessures mais bon elle verrait le temps venu.

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Della
Tolaine avait changé, elle était devenue une jolie jeune fille que les années à venir allaient embellir encore.

Je l'écoutai et partageai de sa joie naturelle.
Je pinçai les lèvres lorsqu'elle évoqua son agression. Cela était une rude épreuve, je le savais pour en avoir subi une aussi, en son temps.

J'appelai pour que l'on apportât des biscuits et de quoi nous désaltérer.

Lorsque nous fûmes servies, chacune selon nos envies, je tendis une main pour caresser le fin visage.

Tolaine, c'est absolument monstrueux de s'attaquer ainsi à une jeune fille.
Ma main tomba doucement sur la main de ma nièce, le geste se voulait réconfortant.
Je remercierai le Ciel de t'avoir protégée. Et je demanderai au même Ciel de veiller à ce que ce bandit soit puni comme il le mérite.

Mais tu es là, maintenant. Ici, tu es en sécurité. Je veillerai sur toi.

Et Tolaine évoqua ce rêve commun aux jeunes filles, à toutes les jeunes filles...le Prince Charmant.
Je lui souris et cachai mes doutes sur la question.
Mon expérience avait été on ne pouvait plus déplorable et m'avait laissée abattue et aigrie sur les questions amoureuses.
Je ne considérais donc plus cet aspect de la vie d'un très bon oeil et me réservais un avis différent.
Serrant un peu la main délicate, je repris :
Le compagnon idéal est bien difficile à trouver...peut-être même n'existe-t-il pas...Tu as le temps, ma belle...tout le temps. Surtout, ne te précipite pas et garde intact ce que tu as de plus beau et de plus intime pour celui qui sera ton époux.
J'étais absolument persuadée que la pureté du corps et celle de l'âme étaient les indispensables conditions à un mariage intéressant.
Faisant fi de l'amour qui plongeait au fond du ridicule et n'était gage que de bien des chagrins, je prônais un engagement sur base de conditions intéressantes réciproquement. Bref, un mariage arrangé et fixé sur de bonnes conditions valait bien mieux qu'une espèce de rêve éveillé qui finissait tôt ou tard au cauchemar.
Comme le disait un certain Duc, l'amour peut naître d'un mariage mais ne peut pas donner naissance à un mariage.

Je rappelai Aelis, la servante, et lui donnai les consignes pour l'installation de ma nièce.

Ta chambre sera bientôt prête. Le temps que la flambée réchauffe les murs et tu pourras t'y installer.
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Tolaine


Je souris lorsqu'on apporta des biscuits et de quoi étancher ma soif ainsi que celle de ma tantine, mais mon sourire se crispa légèrement alors que Della avançait la main pour caresser mon minois. Je n'aime guère qu'on me le touche et je me contraignis à ne pas bouger la tête, ce geste aurait pu déplaire à ma tante et être pris pour un signe de rébellion.

Tolaine, c'est absolument monstrueux de s'attaquer ainsi à une jeune fille.

Je ne trouve pas ça monstrueux mais plutôt lâche de se mettre à trois pour dépouiller une honnête fille,
répondis-je.

Sa main quitta mon visage pour se poser délicatement sur la mienne, elle voulait surement me réconforter mais ce n'était pas la peine, je suis assez forte pour tirer un trait sur ce qui m'est arrivé.

Je remercierai le Ciel de t'avoir protégée. Et je demanderai au même Ciel de veiller à ce que ce bandit soit puni comme il le mérite.

Je l'espère aussi mais je ne leur en veux pas autant que je le pensais, si mes trois opposants n'ont pas une grosse peine ce n'est pas grave. C'est en faisant des erreurs que l'on apprend, de plus ce qui ne me tue pas me rend plus forte, et la violence ne peut résoudre tous les problèmes.

Mais tu es là, maintenant. Ici, tu es en sécurité. Je veillerai sur toi.

Oui, heureusement que je suis enfin là et bien à l'abri derrière nos murs.


Tata Della me serra un peu plus la main avant de m'exposer un peu son point du vu sur les hommes :

Le compagnon idéal est bien difficile à trouver...peut-être même n'existe-t-il pas...Tu as le temps, ma belle...tout le temps. Surtout, ne te précipite pas et garde intact ce que tu as de plus beau et de plus intime pour celui qui sera ton époux.

A ces propos je me sens gênée, j'ai beau être de retour aux bercailles et vouloir répondre aux attentes de Della mais je ne pouvais pas lui apprendre que j'avais été mère d'un petit garçon il y a encore quelques mois avant que l'on se fasse attaqué et qu'il soit tué. Je ne pouvais décemment pas le faire, donc pour ce qui est de garder intact ce que j'ai de plus beau et de plus intime pour celui qui sera mon époux c'est raté. Seule Nabel était au courant mais elle me couvrirait et ne dirait rien à notre famille qui puisse me compromettre à leurs yeux.

J'espérais en secret que ma famille ne me forcerait pas à épouser un homme que je n'aime pas, un mariage arrangé ne me disait rien de bon, je suis sûre qu'il existe quelque part sur terre une personne faite pour moi et qu'il me suffit juste de la trouver. Tati rappela Aelis et lui demanda de préparer une chambre pour moi alors que j'étais encore plongée dans mes pensées.

Ta chambre sera bientôt prête. Le temps que la flambée réchauffe les murs et tu pourras t'y installer.

Merci beaucoup, dormir de nouveau ici va surement raviver de nombreux souvenirs qui hantent chaque recoins de ce château si cher à mon coeur.

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Ptronille25
Mais enfin ! Allez vous prendre la peine de m'écouter ? ! Puisque je vous dit que c'est la Dame de Volvent elle-même qui m'a invitée à venir la visiter !

Pétronille commençait à en avoir assez de rabâcher la même chose. Au portail de la demeure déjà, elle avait dû fourrer la lettre de son amie Della sous le nez du garde pour lui montrer le cachet de cire. L'homme avait finit par la laisser entrer dans le domaine après un examen soigneux du sceau, non sans avoir longuement hésité.

Et maintenant, la veuve était en train de batailler ferme contre un valet obtus qui secouait obstinément la tête en signe de dénégation.

Désolé femme. Ma maîtresse a laissé des consignes strictes. Elle ne veut être dérangée sous aucun prétexte.

S'en est trop !
La veuve tapa rageusement du pied et sortit une nouvelle fois le parchemin qu'elle gardait par devers elle dans son corsage pour lui en faire lecture à voix haute.
Inutile de vous demander si vous savez lire ... mais vous avez des yeux. Reconnaissez vous ce scel ?
Grognement embarrassé du valet qui ne pouvait nier.
Parfait ! Alors voici ce que m'écrivait votre maitresse, il y a de cela 15 jours.

"Chère Pétro..."
Pétro, c'est moi : Pétronille.
" Quelle bonne nouvelle ! Je suis heureuse de recevoir ta lettre. Alors, dans l'ordre...Oui, je vis toujours en Bourgogne, où je suis ..."
Je vous fait grâce de ses titres, vous les connaissez mieux que moi. Mais voici ce qui nous intéresse
" ... Et je suis folle d'impatience de te revoir et de revoir à nouveau Bulle. "
La suite ne vous regarde aucunement, c'est personnel, mais elle ajoute pour conclure
" Permets-moi de vous inviter à Beaumont, notre castel familial. Je vous y accueillerai avec grand plaisir. Nous y dégusterons du vin de mes vignobles, du Beaumont évidemment, j'ai quelques bonnes bouteilles que je garde pour mes amis et que j'ouvrirais avec joie pour les boire avec Bulle et toi."

Alors ? Me laisserez vous enfin entrer maintenant ? Folle d'impatience de me revoir, que vous faut-il de plus ? Si vous ne tenez pas à passer l'hiver comme garçon d'écurie, je vous conseille vivement de m'ouvrir cette porte et me faire annoncer !

Pétronille roula le parchemin qu'elle remisa au chaud là où elle l'avait pris et se planta devant l'entrée l'air plus obstiné que jamais.

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Pétronille veuve d'Astutus
Ex Bourgmestre de Nancy
ex-Tribun de Verneuil en Alençon
Ganju
Godefroy fut attiré par un du bruit. Il regarda Joseph ce débattre avec une femme. Comment était elle rentré ainsi dans son domaine celle là ? Il ne la connaissait pas et n'était pas vraiment d'humeur à supporter une intrusion aujourd'hui.

La voilà qui montrait une lettre, et qui parlait d'une lettre d'une maitresse... Lison ? Non impossible elle l'aurait averti, alors qui cela pouvait bien être ? Il n'en avait pas la moindre idée.

Et la voilà qui menaçait son personnel de sanction, non mais oh elle se prenait pour qui celle là ? Il fit venir les deux premiers gardes qui lui tombèrent sur la main et leur demanda de bien faire sortir cette malotrue de son domaine.
Tolaine


J'étais tranquillement dans ma chambre, sur mon lit, affairée à lire un ouvrage intitulé "Ars Moriendi", alors que je réfléchissais aux dernières lignes que je venais de lire, des éclats de voix me parvinrent de l'extérieur par ma fenêtre entrouverte. Je me levai et me dirigeai vers celle-ci afin de reconnaître ceux qui d'après ce que je pouvais entendre avaient une discussion assez houleuse, il y avait celle d'une femme qui à bien écouter appartenait à ma tendre marraine. Ni une ni deux, je sortis en trombe de mes appartements et descendis prestement, je me rendais aussi vite que mes jambes me le permettaient à la porte du castel familial pour savoir pourquoi on ne laissait pas entrer sa Pétro dans la maison.

J'arrivais enfin sur le palier et contemplais avec ahurissement la scène que j'avais sous les yeux, ma marraine était aux prises de deux gardes, mais en voila des manières peu cavalières d'accueillir une invitée.

Otez vos pattes infâmes de ma marraine messires ! me tournant vers mon oncle qui était là aussi était devait à l'origine des ordres donnés aux deux badauds.

Mon oncle, je vous en prie rappelez vos hommes de mains. Cette femme est ma marraine, de plus c'est une amie de Della. Je refuse qu'on lui fasse du mal contre ma volonté !

Laissant Godefroy encore sous le choc de mon apparition, je m'élançais tête la première vers le trio, je filais à toute vitesse et j'heurtais de plein fouet le ventre de l'un des hommes, lui coupant ainsi le souffle et le forçant à lâcher prise. S'ils croyaient que j'allais autoriser ce genre de comportement hé bien ils se fourvoyaient du tout au tout, namého j'vais leur apprendre à se comporter comme des goujats. Je me redressai et fixai méchamment le dernier malotru qui tenait encore Pétro entre ses mains, mes yeux avaient pris leur couleur dorée comme à chaque fois que j'étais dans une colère noire.

Je ne sais pas pourquoi mais celui qui me faisait face ne pu soutenir mon regard et la peur s'empara de lui, il relâcha Ptronille avant de s'enfuir en courant loin de moi. Je souris amusée par cette vision ma foi était assez drôle, je pus constater que mon oncle était un peu lent à comprendre ce qu'il se passait et que pendant cet instant, j'avais eu le temps de reprendre la situation en main. Certes je n'avais pas vraiment fait dans la dentelle avec mes deux adversaires, mais ils l'avaient cherché, ne doit-on pas ne jamais énerver une Renarde sans pouvoir craindre son courroux.

Ca va marraine tu n'as rien?
Quand à toi tonton retiens bien son visage car il se peut qu'elle revienne à nouveau ici nous rendre visite.


Sur ces mots je saisis ma gentille mère poule et l'entrainais à ma suite dans ma demeure afin de retrouver tata et pouvoir discuter en toute tranquillité autour d'un bon verre de Beaumont. En tous cas j'étais très heureuse de voir Pétro chez moi et je lui ferai visiter le castel avec un domestique plus tard car pour le moment il m'incombait de la mener tout droit à tantine qui devait se trouver dans la salle de réception.

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Ganju
Une furie, voilà la seule chose que ce dit Godefroy pendant l'intervention violente de sa nièce. D'un seul coup la colère lui monta, pour qui se prenait elle ?
Depuis quand être Renart voulait dire pouvoir frapper les domestiques du Renart des Mers sans craindre son courroux ?
Godefroy attendit la fin des poignantes et arrêta Tolaine avant qu'elle s'en aille, une mise au point immédiate se devait d'être faite. Godefroy la regarda froidement, et toute personne le connaissant savait que ce regard n'était vraiment pas celui que l'on souhaitais voir, pour quelques personnes à Compiègne, durant la guerre, ça avait même était le dernier.

Ma nièce, je crois qu'il y a certaine chose que vous n'avez pas comprises.

La première, ici l'on m'avertis des visites qui auront lieu, malgré ce que pensent certains Renarts, Beaumont n'est un un moulin, mais bien un château gardé. Et depuis peu, sous ma responsabilité.

Deuxièmement, vous n'avez rien à imposer ici, que ce soit votre marraine ou même une amie de Della, il y a des règles à respecter et elle ne les a pas vraiment respectées. Vous n'avez rien à refuser, si j'estime qu'elle n'a rien à faire en ces terres, elle n'a rien à y faire.

Troisièmement, vous n'avez pas à frapper mes gardes, surtout si il respecte mes ordres. Vous irez vous excuser devant eux, même si cela fait atteinte à votre honneur. Il y a bien des moyens de m'expliquer la situation sans bastonner nos gens.

Quatrièmement, qui découle du premièrement, cette femme, si elle veut revenir, devra se faire annoncer normalement. Il est hors de question que vous m'imposiez des visiteurs.

Maintenant, si la Dame veux bien m'expliquer qui elle est et pourquoi elle est là, je saurais me faire pardonner de ma méprise, mais j'espère qu'elle retiendra la leçon.


Son regard restait toujours le même, froid et distant.
Tolaine


Pas l'temps de filer à l'anglaise avec Pétro que Tonton ne m'avait déjà arrêtée, gloups !, son regard en disait long et j'allais en prendre pour mon grade... Si on m'avait dit un jour que je me ferai sermonner par Godefroy je pense que j'aurais ri au nez de cette personne mais là face à la situation je n'en menais pas large. C'est vrai que j'avais enfreint ses règles mais quand même c'est pas ma faute si je suis impulsive et n'aime pas que l'on empoigne ma marraine pour la jeter dehors.

Troisièmement, vous n'avez pas à frapper mes gardes, surtout si il respecte mes ordres. Vous irez vous excuser devant eux, même si cela fait atteinte à votre honneur. Il y a bien des moyens de m'expliquer la situation sans bastonner nos gens.

Mes yeux se baissèrent sur mes bottes, depuis quand il fallait que l'on fasse des excuses à des hommes nous étant inférieur de par leur classe sociale ? Je ne suis plus la gueuse que j'étais lorsque j'avais sciemment oublié de quelle famille je venais il y a encore quelques mois mais je n'avais point envie de souffrir l'affront de me ridiculiser en demandant pardon pour ma "mauvaise" conduite à ces deux badauds. De plus j'en ai maltraité qu'un alors je vois pas pourquoi Tonton a dit que j'avais frappé "ses" gardes, je sais parfaitement ce que j'ai fait, j'ai juste coupé le souffle à l'un et l'autre a eu peur de mes prunelles.

Tonton...dois-je vraiment m'excuser d'avoir fait peur à ton garde ?

Je consens à demander pardon à celui dans lequel j'ai foncé tête baissée mais pour l'autre je ne vois pas l'intérêt, je ne l'ai aucunement rossé de coups.


J'étais vraiment pas fière de mon comportement, de plus il était rare que l'on me reprenne là-dessus, faut dire que d'habitude je suis une jeune fille calme et disciplinée. J'avoue que ç'a pas été le cas, ça m'apprendra à modérer mes émotions et à savoir que tonton Godefroy faut pas le mettre en colère, j'ai beau avoir le même regard assassin que lui mais d'une autre couleur, j'ai les chocottes. Purée je tremble comme une feuille sous son regard, bon sang mais reprends-toi un peu que Diable, t'es pas n'importe qui ma fille, me serinais-je, arrêtes tes membres et tes dents de jouer des castagnettes car cela ne t'avances à rien.

Je relève la tête et serre les dents, j'inspire lentement puis me concentre pour interrompre ces maudits tremblements qui sont indignes de moi, j'aurais eu froid, ils auraient eu leur place mais là non, je refuse que mon oncle ait plus longtemps la vision de sa nièce transie de peur. Je cherche d'autres mots qui pourraient éventuellement apaiser son courroux mais c'est peine perdu, je ne sais plus quoi dire, à croire qu'on m'a coupé la langue. La frayeur est arme redoutable contre les gens d'ordinaire si bavard et trouvant toujours quoi répondre, c'était mon cas et j'allais perdre cette bataille de mots devant ma tendre marraine. Je l'avais rembarrée il y a peu et voila que c'était mon tour de l'être, je comprenais à présent la force des mots, certains peuvent faire très mal, à l'avenir j'essaierais d'avoir plus de tact pour faire des reproches.

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Della
J'avais été alertée par les éclats de voix, dans la cour.
Je n'avais pas réagi tout de suite, me disant que mes gens étaient encore capables de gérer une arrivée désirée ou pas.

Pourtant, entendant le ton monté, je m'approchai de la fenêtre et après avoir écarté les lourdes tentures, m'y penchai.

Il ne me fallut pas longtemps pour reconnaitre les personnes et j'allais me précipiter pour aller accueillir mon amie lorsque j'entendis Godefroy répondre...Mon sang ne fit qu'un tour et ce que j'entendis me fit l'effet d'un bac d'eau glacée renversée sur ma tête.
Certaines de ses paroles résonnèrent à n'en plus finir, douloureusement, me blessant au tréfonds de l'âme.

[...]malgré ce que pensent certains Renarts, Beaumont n'est un un moulin, mais bien un château gardé. Et depuis peu, sous ma responsabilité.
[...]une amie de Della, il y a des règles à respecter et elle ne les a pas vraiment respectées. [...], si j'estime qu'elle n'a rien à faire en ces terres, elle n'a rien à y faire.
[...]cette femme, si elle veut revenir, devra se faire annoncer normalement. Il est hors de question que vous m'imposiez des visiteurs.
Maintenant, si la Dame veux bien m'expliquer qui elle est et pourquoi elle est là, je saurais me faire pardonner de ma méprise, mais j'espère qu'elle retiendra la leçon.



C'est donc de cette façon que Godefroy pensait gérer Beaumont ?
C'est donc ainsi qu'il remerciait pour ce que j'avais fait pour ces terres ?
C'est donc tout le respect qu'il émettait envers moi ?
Oubliait-il donc que c'était grâce à moi qu'il était Seigneur ?

La colère gagna mon être, plus que je ne l'aurais voulu.
Je serrai les mâchoires, sentant les muscles de mon visage se durcirent et sachant très bien que mon regard devait lancer des éclairs.

Sans plus hésiter, je quittai ma chambre et descendis quatre à quatre les escaliers avant d'ouvrir la grande porte avec force.

Là, le regard froid, le sang battant aux tempes, les poings serrés le long de mon corps, je m'adressai à Godefroy :

Tu ne mérites pas d'être ce que tu es !
Je suis ici chez moi et je t'interdis d'oser même penser à interdire l'accès de mes amis ici tant que j'y serais !

Je m'avançai vers lui, éloignée seulement maintenant de deux pas, pointant le doigt sur lui.
Le jour où tu auras fait le dixième de ce que j'ai fait pour les terres des Renarts, alors, tu pourras te considérer comme Seigneur. En attendant...J'approchai encore, cette fois, mon visage à seulement quelques centimètres du sien, les yeux furieux, le front plissé...Tu traites mieux que ça autant Pétronille que Tolaine !

Après un soupir, cherchant à évacuer ma colère, je laissai Godefroy digérer ma mise en garde et me tournai vers Pétro.
Je suis sincèrement navrée, Pétro...que tu assistes à cette...querelle.
Je leur pris le bras, à toutes les deux et les entraînai à l'intérieur.
Venez donc...je vais nous faire servir un vin chaud et quelques pains d'épice.
Je passai devant Godefroy, sans un regard pour lui.
Quelque chose venait de prendre fin, définitivement. Et si j'hésitai encore sur mon avenir, pesant toujours le pour et le contre, là, la balance venait de basculer, de façon irrémédiable...


Après être passée par la cuisine pour faire ma demande de collation, je menai ma nièce et sa marraine dans le petit salon.
Chacune installée, la conversation pouvait débuter.

Pétro, je suis si contente de te revoir. Tu as l'air en forme, malgré l'altercation...Je souris, laissant déjà la place à la bonne humeur.
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