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[RP] Dis, raconte-moi une histoire...

Ninon_
Un préambule indispensable de deux ou trois lignes de RP pour une causette entre amis, une rumeur, des confidences, des caprices inexplicables, une histoire ou un conte à partager, une poésie à clamer ou bien juste écouter.
Cet endroit est pour vous.

Il n'y a rien de plus amusant que de saisir au vol la conversation de tout un chacun. Prenez les mots comme ils viennent ; le hasard leur donnera une toute autre valeur.


Elle s'appelle Ninon. Dix et trois ans. Toute petite, élevée à vau-l'eau par des parents s'étant donnés comme objectif de lui fournir instruction nécessaire pour lui définir un chemin protecteur.
Ninon, a la suite d'une rencontre inopinée, décide de répudier un tantinet soit peu tous les beaux principes, ceux des bonnes gens, pour ne garder que les riantes existences d'enfants.

Elle aime à vagabonder après le travail minier, seule, à s'égarer, à se perdre. Cela lui procure beaucoup d'excitation. Un soir, en sortant d'un bois angevin, elle rattrape un gamin dépenaillé qui comme elle s'en rentre à Angers.

Il a un joli sourire, les cheveux hirsutes et des yeux écarquillés très clairs. Spontanément l'enfant lui prend la main et tout en marchant lui dit.


- Dis, raconte-moi une histoire...

La saveur fine de sa demande enlumine sa rieuse figure. Alors tout proche de chez elle, ils s'assoient sur une murette et la jeune fille cherche au fond de ses souvenirs pour lui conter l'histoire du Diable et du Meunier.




Le Diable et le Meunier


" Il y avait une fois un Meunier tout blanc, qui dormait dans son moulin. Le Diable survint, tout noir, et arrêta le moulin. le Meunier furieux, jeta son manteau sur le Diable, et le Diable, en se défendant, couvrit le Meunier de sa cape.
Après la lutte, le Meunier, depuis la pointe de son bonnet de coton jusqu'au bout de ses sabots devint tout noir, et le Diable tout blanc, depuis ses cornes jusqu'à ses pieds fourchus. Et ils rentrèrent, chacun chez soi. Mais ni la femme ni les enfants du Meunier ne voulurent le reconnaître, et de même la femme et les enfants du Diable s'écartèrent de lui avec horreur. Alors, les deux délaissés allèrent promener sur l'eau leurs infortunes. Mais des gens ayant jeté sur la barque des sacs de farine, l'embarcation chavira.

Le Diable tomba dans l'eau et redevint noir, et le Meunier redevint blanc.

Ils rentrèrent dans leurs familles où ils eurent beaucoup d'enfants, blancs et noirs."


A la fin du conte, le petit garçon la gratifie d'un sourire complice, puis sans dire un mot, s'en retourne en sautillant d'une jambe à l'autre.

Une idée germe alors en l'esprit de Ninon. Des veillées au coin d'un feu, dans une taverne borgne ou en sa demeure pourquoi pas...L'instant d'une poignée de main, d'une accolade et de quelques histoires à partager.
Ninon_
Des vols d'oiseaux silencieux passent dans le ciel ouateux angevin. Des nuages chargés de décors irréels semblent partir d'un endroit invisible pour se transformer au gré d'un vent capricieux en rondes d'enfants naïfs.
Ninon, tout en taillant un bout de bois s'amuse à contempler leurs métamorphoses et c'est en cet instant pensif que l'enfant qu'elle avait rencontré à l'orée du bois vint la voir en s'asseyant près d'elle.


- Dis, raconte-moi une autre histoire. Je veux devenir riche !

- Riche ?

- Oui, riche en histoires et en pensées pour que je puisse reposer ma tête. Un pavé c'est un peu dur, mais les rêves sont tellement moelleux.

La réplique n'étant pas banale. Tout en éclaircissant son bois de son couteau elle lui conta une petite histoire bien d'époque.

- Fort bien...alors écoute.



Un Seigneur, soucieux de savoir ce que pensaient les paysans travaillant à son service, entreprit de jauger ses vassaux.
Il avisa un serf entre deux âges, occupé à fendre son bois, et fit hâter son cheval pour aller à sa rencontre.


- La bonne journée l'ami. Dis-moi ; si tu avais deux maisons, ferais-tu don à ton Seigneur d'une ?

- Oh oui ! Répond le serf.

- Et si tu avais deux chevaux, serais-tu assez reconnaissant pour m'en donner un ?

- Oui oui ! Répond de nouveau le paysan.

- Et si tu avais mille écus dans ta bourse, m'en allouerais-tu cinq-cent ?

- Bien sûr que je vous les allouerais réplique le fier travailleur.

- Et si tu avais deux poules, tu m'en ferais bien rôtir une ?

- Ah ça non ! Rétorque le pauvre homme.

- Mais ....pourquoi ? Toi qui sans geindre aucunement me cèderais une chaumière si tu en avais deux, un cheval si tu en possédais deux, cinq-cent écus si tu en avais gagné mille, tu ne me ferais pas l'honneur de me rôtir une poule si tu en avais deux !

Alors le brave homme, s'appuyant sur sa hache lui fit.

- Mais parce-que les poules je les ai !


Le petit garçon regarda Ninon de ses yeux toujours écarquillés et rieurs, puis se mit à rire.

- En voilà un bien malin. Merci, maintenant j'ai un deuxième pavé à poser sous ma tête. Je me souviendrais de toutes ces histoires. Je les raconterais quand j'aurais des enfants.

Puis toujours vif, de manière impromptue, il sourit à Ninon et de son pas dansant disparut à travers les ruelles.
Ninon_
Il y a eu une tempête la nuit dernière. Cela a troublé mon sommeil. Par instants le vent soufflait si fort que je me suis levée pour regarder à travers le carreau. Dans une lumière lunaire livide, la cité Angevine semblait ourlée d'écume blanche s'agitant comme une nuée de spectres devant ma fenêtre.

Sur le matin, les éléments se sont quelque peu calmés et j'ai pu enfin m'endormir. Au fond de ma roupille j'ai confusément conscience qu'il est tard et que je paresse au plumard. Alors je me dis que "merdaprétout". Juste ça. "Merdaprétout". C'est une position indéfinie et vague.

Au bout d'un moment j'ai un sentiment de malaise, avec cette impression inquiétante que je ne suis pas seule dans ma chaumière.

Gagné ! Le petit garçon, toujours le même faisait les cent pas autour de ma paillasse. Me redressant sur mon séant je l'invite à s'asseoir sur mon pucier. Il n'attendait que ça le bougre. Tout en prenant position il me demande.


- Dis...j'ai trois chats, enfin une chatte et deux chats. Je me demandais pourquoi Blanchette était blanche, Maigrou tout noir et Minet tout gris.


Question intéressante et embarrassante à la fois. Je me frotte les yeux et tripote une mèche de mes cheveux, tentant de trouver une réponse à défaut d'être scientifique, pouvant être porteuse de rêves.

Je commençais mon récit comme toutes les histoires, c'est-à-dire par "Il était une fois...




Il était une fois deux petits chats dans un panier, deux petits chats tigrés et gris comme ils étaient tous avant, et comme il y en a encore aujourd'hui.
Or, la neige vint à tomber. Les petits chats qui entendent tout, même en dormant, entendirent bruisser la neige. L'un se dit : "les souris, les mouches, font plus de bruit que ça, ce n'est rien..." et il se rendort.
L'autre, Minette, voulut voir : "Oh les jolis papillons blancs ! Miaou !"

Et la voilà qui s'élance, voulant tous les prendre d'un seul coup.


- Tu comprends petit homme, comme elle dut aller loin sans en prendre un seul...




"...Mais qu'est-ce là ?"

C'était petit bonhomme de neige qui la regardait avec de bons gros yeux ronds. Minette eut peur tout d'abord. "C'est un garde certainement puisqu'il a un balai...mais les gardes remuent...méfions-nous quand même..."
Elle tâte prudemment, flaire le bonhomme qui ne bouge pas l'ombre d'un pouce. Elle se sent rassurée Minette.

"Miaou, miaou, viens jouer petit bonhomme blanc". Et pour l'y engager, la voilà qui se frotte bien fort contre lui. Patatras ! Petit bonhomme, les jambes fondues, s'effondre, croule sur Minette qui sort de là poudrée comme une Duchesse, Blanchette à jamais.


Oh ! fait Minet qui s'éveille en la voyant, "qu'est ceci ? Grise elle est partie, la voilà qui revient Blanchette ! Qu'est donc ceci ?"
Il s'en va voir lui aussi. La neige ne tombe plus, tout est blanc.

La lune s'élève derrière le moulin, Minet la connaît bien dame Lune, elle ne saurait lui faire peur, non plus que ce balai, car balai sans maître n'est pas fait pour effrayer un chat...
"Miaouuuu"!le balai a saisi Minet, la lune emporte le balai, ils s'en vont à la grande ronde des farfadets qui se danse là-haut on ne sait où...

Minet a eu grand peur d'abord, mais les farfadets sont si drôles ; il s'est bien vite rassuré Minet, il a rondé, rondé, rondé jusqu'à l'aube, puis le balai, au grand galop l'a ramené au logis...


- Oui mais par où ? Par la cheminée. Et comment en est-il sorti ? Noir. Oui noir mon bonhomme, tout noir, brûlé, fumé, chat de sorcière... hou !...



...Était-ce vengeance du petit bonhomme de neige qui l'aurait pris pour sa sœur ?


Toujours est-il que le môme le croit mais n'est pas certain de la véracité de mon histoire ; messire Rêve, l'ange qui sait les histoires n'en finissant jamais aucune. Tout le monde sait qu'il disparaît juste au moment où l'on voudrait lui demander quelque chose.

Entre nous, je crois bien qu'il a bien peur de s'entendre dire que ses histoires sont bien bêtes et ont tout l'air de contes bleus.
Ninon_
Voilà-t-il pas qu'une pluie fine se met à lancequiner ? Elle est détrempante la perfide. Oui, mais elle coupe la bise, car elle n'ignore pas que "Petite pluie abat grand vent".

Je radine à l'endroit où se déroulent les festivités angevines du moment, en servant au passage quelques louches de ragoût aux affamés.
Quelques gamins attirés par l'animation mais surtout par les odeurs de brioche et de pain chaud viennent quémander un peu de charité en s'agglutinant du côté de Satinéa et de Temary, puis mon petit compagnon des bois, vous savez celui qui aime les histoires, rameute la troupe et viennent se grouper autour de moi comme des mouches autour d'un peu de miel.


- Ninon, tu nous racontes une histoire ?

Vous le savez, pour l'avoir appris par voie d'affichage, je suis une fille de grandes décisions. Je me chope par le revers de ma chemise et je me tiens le langage suivant : "Ninon jolie, puisque la vie t'a amenée jusqu'ici c'est que tu as un destin à accomplir. Or, le destin c'est ce qui laisse le plus de traces. A toi de les tracer en faisant gaffe qu'elles ne prennent pas froid..."

- D'accord. Mais attention à ne pas vous brûler. Reculez un peu.

Tout en remuant religieusement mon petit salé, un petit chat noir me fait des ronds de jambe en ronronnant. L'idée me vint.



Il y avait une fois une petite fille très gentille qui jouait toute la journée avec une petite poupée de chiffon.
C'était une petite poupée que la maman de la petite fille avait confectionnée amoureusement parce-que celle-ci s'ennuyait beaucoup dans son village. La petite fille aimait bien sa poupée parce-que sa maman l'avait décorée rieuse avec des yeux comme ça et de beaux cheveux en mèches.

Un jour un chat noir la vint voir...
La petite fille l'attrapa de sa main blanche et gentiment l'habilla comme un petit enfant : bonnet rose, robe grise.

- Dodo petit minet. Dodo dans ta belle robe grise et ton bonnet rose.

Quand le chat noir eut bien dormi près de la poupée qui s'ennuyait beaucoup, il se mit en colère parce-qu'il était méchant comme le diable. Il griffa la petite fille qui voulait lui donner des airs de princesse et de politesse et s'en fut.
Il s'en fut très loin, très loin ! S'en fut on ne sait pas où, s'en fut là-bas...! Et la petite fille resta toute marrie, laissant sa poupée sur la terre en pleurant.

Et plus du tout, ni jamais elle n'aima la pauvre poupée. Car c'était une poupée qui ne marchait pas et qu'elle regrettait fort sa poupée vivante.

Il y avait une fois une petite fille...


Je regarde les mômes qui, la bouche entrouverte devaient rêver à des trucs, des machins, à des choses...

Bon, le métier de participant aux festivités a ses exigences. Je prends le parti le plus sage : celui de les laisser réfléchir et quand à moi, de retourner à mon sac de jute et à la recherche de trésors cachés.
Ninon_
Ambiance délicate et élégante à Angers. Festivités en cours, service gastronomique et gourmand empressé et jubilatoire, car vous serez d'accord avec moi mais la diététique c'est frustrant. Suffit de voir Temary goûter en catimini, en jetant des regards d'espion si on ne la remarque pas en train de déguster à fortes louches mon ragoût.
Et puis les hommes de cette ville, les bouches pleines, faisant contre mauvaise fortune bonne langue en gloutonnant quelques brioches bien dorées que les femmes actives de cette ville avaient confectionnées.

Une accalmie, juste le temps de regarder une petite fille en train de jeter du sel - Mon Dieu quel gaspillage - sur la queue de quelques piafs picorant des miettes.

Ceci lui rappela une petite histoire pleine d'à propos.




Il y avait une fois une petite fille qui se promenait. Et voilà qu'elle fait la rencontre de petits oiseaux. Des petits oiseaux si gentils qu'elle voulut en capturer. Mais pas plutôt elle s'approcha qu'ils s'envolèrent tous très vite. Alors de dépit, la petite fille se mit à pleurer.

Il y avait aussi un petit garçon qui regardait la petite fille ; il vint à elle et lui donna ce beau conseil :

" Sais-tu que pour ne pas que les petits oiseaux s'envolent il faut leur mettre du sel sur la queue !"

La petite fille ne répondit rien du tout et le petit garçon laissa sur le sol choir un beau cerf-volant qu'il avait, pour tenir compagnie à la fillette.
Et voilà qu'un beau petit vent qui passait par là emporta également le cerf-volant.
Quand le petit garçon vit cela, il dit:

" Oh non ! Mon beau cerf-volant qui s'envole !" et il se mit à pleurer.

Alors la petite fille lui dit :

" Sais-tu que pour ne pas que les cerfs-volants s'envolent il faut leur mettre du sel sur la queue !"

Et voilà.


Les enfants quand même, c'est la voie de la raison non ? Vous ne trouvez pas ?
Bon, il est temps que je me remette à chasser le trésor moi. Y'en a qui ronronnent de satisfaction, d'autres qui se massent les graisses et les muscles.

J'ai trouvé une chemise trouée tiens. Ça fera l'affaire pour le moment.
Ninon_
Comme je ne suis pas très riche, j'ai dû me contenter d'une petite chaumière, dotée d'une seule pièce, et nantie de deux fenêtres, dont l'une donne sur mon petit champ de blé et la seconde sur une ruelle. Une ruelle noire et puante d'Angers, mais une ruelle forte et libre, dans sa vaillante et gauloise franchise.


Faut pas vous leurrer. Malgré que ça pue, malgré que ça vit, que ça pleure, que ça baise, que ça frappe, il y a une vie éclatante dans laquelle se reflète l'âme humaine, et que mes émotions y frémissent, aussi fraîches que depuis que le monde est monde.
Je rends à certains meneurs d'une certaine Cour, d'une certaine Rue un hommage.

N'y voir que de la tendresse en ces quelques mots.




Accoudée sur le rebord de ma fenêtre je regarde la vie qui m'entoure, et dont je fais mienne.

Il y a d'abord un cul-de-jatte ; un tronçon d'homme ressemblant à un lapin de saltimbanque qui chante généralement ceci :

" C'est la couturière
Qui d'meur' su' l' devant ;
Moi j'suis su' l' derrière ;
C'est bien différent."


Il y a un sourd-muet dont voici le refrain favori :

" Mignonne, quand le vent soufflera sur la terre,
Nous irons écouter la chanson des blés d'or."


Il y a un estropié de la main droite, qui, tout en exhibant son horrible moignon, braille, d'une voix de gargouille obstruée :

" Cette main, cette main si joli-i-i-i-i-i-e..."

Il y a un manchot des deux bras qui préfère ce passage d'un lai à la mode :

" La taille fine
De ma divine
Tiendrait, je crois,
Dans mes dix doigts."


Il y a un aveugle de naissance, venu au monde avec un chien et un flutet, qui choisit toujours cette idylle de feu Adam le bossu :

" Quand je vis Madeline
Pour la première fois..."


Viennent ensuite un pauvre orphelin :

" Qui qu'est comme un échalas ?
C'est papa.
Qui qu'est comme un monument ?
C'est maman."


...un ouvrier sans travail :

" C'est pour la paix que mon marteau travaille..."

...un paralytique :

" Et je la suivis en chantant
Tralalalala, tralalalala,
Lui disant, le cœur palpitant :
Tralalala.
La belle, ne courez pas tant !
Tralalalala !


...un ancien soldat mutilé à Azincourt, qui tournant sa face sans nez vers l'atelier des tisserandes, leur chante sans vergogne :

" Mad'moiselle écoutez-moi donc !"

Le défilé se termine toujours par une horrible vieille victime de la lèpre. Ses yeux ? Deux plaies suintantes. Son nez ? Un trou béant. Sa bouche ? Une excavation.
Il en sort généralement cette chanson :

" Un baiser c'est bien douce chose !..."


Vous pensez bien que je ris, dans ma petite chaumière, dont une des deux fenêtres donne sur la ruelle. Une ruelle noire et puante d'Angers. Une ruelle que j'aime.
Ninon_
Occupée à peindre sur toile un portrait devant le pas de ma porte en cette journée printanière, - un portrait caressant et rêveur - une petite main frêle déposa près de moi une jolie rose rose.
Surprise et décontenancée je relâchais mon attention et levais mes yeux en découvrant la bobine enjouée du petit garçon qui venait me rendre visite parfois.


- Je l'ai coupée dans l'jardin de M'sieur l'Maire.

Sans un mot je le serrais contre moi en embrassant ses cheveux fous.

Me vint à l'idée de lui raconter une histoire appropriée.


- Dis-moi petit homme, sais-tu comment fut colorée la première rose pourpre, et comment fut-elle parfumée ?

- Non ! Raconte !

- Et bien voilà...



La mignonne fée Melusinette, tu sais celle qui peut à son gré faire fleurir les arbres, mûrir les fruits, verdir les champs, épanouir les fleurs et pousser les pâquerettes, s'en alla ce soir-là toute seulette rendre visite à une fée, une amie en son pays des Songes.
Elle se cala dans son char fait du nid d'un roitelet avec deux ailes de papillon pour portières et deux vers luisants pour lanternes. Pour ce qui était des coursiers, trois libellules aux ailes diaphanes et aux corps miroitants. Le harnais était confectionné de quelques cheveux de la Vierge Maria bien tissés, et ornés de gouttelettes de rosée.

Mais avant d'arriver au pays des Songes, de l'autre côté de la Lune, il faut franchir un grand marais qui est l'empire des Farfadets et des Lutins.
Arrivée en ces lieux, Melusinette fit une pause pour regarder tous ces follets dansant et courant joyeusement, leur chevelure enflammée au milieu des joncs et des herbes humides.

L'un d'eux aperçut la jolie fée, et délaissant ses camarades et son marais, s'élança vers la jeune fée là trouvant plus délectable qu'aucune fée ne le fut.
Ce n'était point un de ces lutins diaboliques qui, la nuit tombée attirait les passants méchamment pour les noyer dans une mare puante, ou les pendre au plus profond des bois. Non. Juste un paillard de Farfadet qui connaissait moult farces et savait rigoler et non pleurer.
Il savait dénouer le licol d'un cheval mis au vert pendant les estivales nuitées pour que le lendemain le fermier ne le trouve ; il brouillait la quenouille des fileuses ; se moquait des maris encornés en criant sur leur chemin à chaque fois qu'il les voyait : " Coucou ; coucou..." Et quand il ne savait que faire il ne faisait rien. Ce qui montre qu'il avait plus de sagesse que moult gens.

Donc, notre Farfadet mignon, en deux sauts fut près de l'adorable petit char de la jolie fée et commença à chanter une douce chanson d'amour à Melusinette qui souriait en l'écoutant.

Or, qu'advint-il ? Point n'est besoin de te narrer ce que tu penses. Nos deux amoureux font vite connaissance et s'en furent cacher leur amour au fond d'une grosse rose blanche. Il n'en existait point d'autre couleur en ces temps-là.
Le lendemain à l'aube, Melusinette reprit sa route. Mais avant de quitter son ami Farfadet, la jolie fée voulut marquer d'un signe la rose blanche pour la reconnaître à son retour ; cette rose où ils prirent de si bonnes lippées d'amour.

- Oh ! Fait le Farfadet, donne ma mie à cette fleur le pourpre de tes lèvres et le parfum de ton haleine, ainsi sera-t-elle d'entre toutes la Reine des Fleurs.

Pour complaire à son ami, Melusinette baisa une feuille de la blanche fleur, laquelle s'empourpra et se mit à exhaler un suave parfum.
Et de cette rose pourprée, comme les lèvres de Melusinette, odorante comme son haleine, naquit depuis, toute une descendance de roses rouges et parfumées.


Mon petit homme alors posa sa tête sur ses bras repliés sur la table. Son regard se porta vers le ciel azur.
Je suis certaine qu'en ce moment il rêve d'une jolie fée aux lèvres pourpres et à l'haleine parfumée.
Ninon_
A la fois très travailleuse et très bohème, je partage mon temps entre mon champ de blé, la maréchaussée et les ruelles de la ville ; entre les joyeuses tavernes d'Angers et mon chez moi dans lequel je termine mes journées à noircir sur papier des histoires , des contes et autres réflexions.
Aussi ma mondanité est-elle restée des plus embryonnaires. N'en déplaise à ma mère.

Je suis arrivée à Angers comme je suis dans la vie, c'est-à-dire timide et éperdue, et comme chaque soir, à la lueur d'une chandelle, je gratte ma plume sur un parchemin filandreux pour narrer ce que j'aurais dû narrer depuis le début.





Comment le destin d'une petite fille s'écrivit-il dès sa naissance ?

C'était au temps du bon Roy...je ne sais plus très bien. Naquit un jour de milieu d'hiver en pays angevin un enfançonnet mignon. Une fille.
Comme à peine fut-elle expulsée du ventre maternel, maintes bonnes fées que sa mère avait connues étant pucelle, vinrent voir la marmouzette et lui faire dons mirifiques.
Elles étaient toutes à l'entour du berceau, et cependant que la petite dodelinait de la tête parmi ses blanches langes, l'une dit :


"Belle tu seras". Et en même temps lui toucha ses doux cheveux blonds d'un beau bastonnet de diamant.

" Et paillarde" ajouta une autre en saupoudrant les fossettes roses de la fillette d'une pincée de gris souris.

"Et bonne buveuse et d'inventif esprit" ajouta une tierce. Et toutes ainsi voulant lui adoucir les peines et chagrins de l'existence.

Mais voilà qu'une méchante fée qui s'était avancée sournoisement parmi les bonnes, comme ont coutume de toujours faire les méchants, s'approchant de la jeune enfant, lui posa un grand doigt sec comme brindille de bois mort sur son front rose en disant :


"Malgré que ta mère n'ait point jugé bon de me prier à venir comme les autres fées ses amies, je veux pourtant te faire moi aussi un don."

Et alors, sa vieille face ridée comme cul de singe eut une forte et laide grimace de rire.

"Tu seras traductrice de textes pieux au couvent Lescurien d'Alençon, où de par le Sans-Nom tu trouveras bien le moyen d'exercer ta patience et ton inventif esprit. Et jamais tu n'en sortiras."

Les bonnes fées étaient très contrites comme bien vous le pensez. Cependant un gros chat noir, aux bottes de cuir cordouan et pourpoint de soie rouge qui s'en allait par les routes en quête d'aventures, vit par la fenêtre les fées qui larmoyaient ; il entra courtoisement et, s'avançant au milieu des fées, ôta poliment son bonnet de la tête et se plia jusqu'à la ceinture comme font Seigneur en Cour.
Il s'enquit de la cause qui mettait si tristes larmes en si beaux yeux. Quand il eut connu l'affaire, il se tourna vers la méchante fée pour lui graffigner le visage, et par ainsi la punir de sa mauvaiseté ; mais la vieille, dans un bruit de poudre enflammée qui s'étouffe, se changea en un brouillard a l'odeur de souffre satanique.

Alors le bon chat dit :


" Point n'est en mon pouvoir de détruire l'oeuvre de cette mauvaise. Oui, enfant tu seras traductrice et conteuse aussi, mais en notre bonne ville d'Angers, où jamais tu n'en sortiras, mais, quand bien auras peiné, par Bacchus, aux jours de fête et tous les soirs que Dieu fera, je viendrai te quérir pour aller en joyeuse taverne au milieu des joyeux drilles, bons buveurs et poètes, grands trouvères et ménestrels, tenant de ta dextre la coupe, buvant, riant, chantant joyeusement ; et le mal de vivre ensemble ferons passer."

S'inclinant une seconde fois, le gros chat noir s'enfuit parmi les grandes herbes vertes, les marguerites blanches sous les pommiers, pour se délecter d'un verre de vin angevin dans une joyeuse taverne d'Angers.


Je suis tout à fait à mon aise maintenant, et je lâche les brides à mes plus joyeux paradoxes que les enfants et mes amis écoutent avec un rien d'ahurissement et d'émerveillement.

- Ce soir mes amis ce sera ma tournée !
Raknor
Raknor se plaisait dans cette belle ville d'Angers, entouré de sa famille et de ses amis. Comme le disait le sage Euripide, " Aux vrais amis tout est commun ". Les joies comme les peines, les jeux comme les labeurs. Il avait tout partagé avec des compagnons qu'on pouvait aujourd'hui qualifier de longues dates. Pourtant, à son plus grand bonheur, de nouveaux venaient s'ajouter à cette grande famille angevine, jeunes et anciens, femmes et hommes, dans un grand méli-mélo de cultures et d'expériences.

Cette esprit de convivialité et d'entraide, il le défendait, bec et ongle, pour qu'à jamais, Angers soit le phare des hommes libres, insoumis à la volonté des puissants et des malhonnêtes gens. Rejoignant Ninon sur les remparts un soir de ronde, il lui conta un récit de son enfance, soucieux d'apprendre à sa jeune collègue, les préceptes d'un vieux lourd de mer.




Il était une fois trois amis.
Un canard, un dindon et une petite poule rousse.
La petite poule rousse avait trois poussins.

Un jour, en picorant, la petite poule rousse trouva des graines.
Elle alla voir ses deux amis et leur demanda :
"Qui veut m'aider à planter ces graines ?"
"Pas moi" dit le canard.
"Ni moi" dit le dindon
"Et bien ce sera moi" dit la petite poule rousse
Et c'est ce qu'elle fit.

Et les graines germèrent et devinrent de grands épis de blé.
Alors la petite poule rousse demanda à ses deux amis :
"Qui veut m'aider à faucher ce blé ?"
"Pas moi" dit le canard.
"Ni moi" dit le dindon
"Et bien ce sera moi" dit la petite poule rousse
Et c'est ce qu'elle fit.

Et quand le blé fut fauché, la petite poule rousse demanda à ses amis :
"Qui veut m'aider à moudre ces grains pour en faire de la farine ?"
"Pas moi" dit le canard
"Ni moi" dit le dindon
"Et bien ce sera moi" dit la petite poule rousse
Et c'est ce qu'elle fit.

Et quand la blé fut moulu, la petite poule rousse demanda à ses amis :
"Qui veut m'aider à faire du pain avec cette farine ?"
"Pas moi" dit le canard
"Ni moi" dit le dindon
"Et bien ce sera moi" dit la petite poule rousse
Et c'est ce qu'elle fit.

Alors, la petite poule rousse appela ses amis :
"Qui veut m'aider à manger ce pain ?"
"Moi", dit le canard
"Moi", dit le dindon
"Oh non ", dit la petite poule rousse.
"C'est nous qui allons manger ce pain, mes trois petits poussins et moi."
Et c'est ce qu'ils firent.


Bon peuple angevin, ne te laisses pas abuser par les mielleux et les flatteurs ; Alors, tu reconnaitras tes vrais amis.

Le froid est mordant, en haut de la Tour du Moulin, sur les remparts de l'imposante forteresse angevine. Tandis que la citée s'endort paisiblement, la garde veille au grain, les yeux rivés vers l'horizon ligérien.
Ninon_
Des senteurs de champignons à la crème, les rires des joyeux drilles encore attardés en taverne flottent et amusent mes sens. C'est bon la province.
Je suis de garde et je stagne en haut des remparts tout en alignant d'une écriture soignée les blases des voyageurs, étrangers, retardataires et adultères entrants à Angers.
Je perçois un bruissement. Un chuintement à peine perceptible. C'est ce bon Raknor qui, chaloupant d'un pas feutré vient me faire une petite visite de courtoisie.

Il a juste envie de s'assoir et de causer. Me raconter une histoire de sa petite enfance...
C'est joli et terriblement réel. La morale en est évidente, et c'est curieux que ce soit un homme qui la raconte. En voilà un en avance sur son temps.


- Tellement vrai mon ami. On a pas d'âme mais on a des bras. Ôter les crottes que vous avez laissées sur la table avec vos bottes sales, ranimer le feu après avoir été chercher le bois, laver vos braies, faire chaque jour le repas etc...Par contre on ne perd pas de temps pour se mettre à table n'est-ce-pas ?

Je souris. Lui claque une bise de jouvencelle sur sa joue. Puis j'y vais également de ma petite historiette...un peu coquine avouons-le...




Histoire à ne pas narrer devant tout le monde.

Deux pieds nus se posèrent sur un tapis à l'entrée du château d'une duchesse. La porte étant ouverte, un jeune homme de retour de la mine entra, curieux, en jetant des yeux émerveillés sur les ors et les draperies du hall.
Il se mit à siffloter un air du pays.

A ce moment-là, la duchesse, qui, dans la pièce voisine s'ennuyait à mourir depuis plus d'une heure en la société du duc - de son singe comme elle l'appelait - montra sa mignonne tête blonde.

Très alléchante mais dépravée en diable la petite duchesse. Elle n'avait guère plus de vingt ans, mais avait mordu dans tous les fruits défendus et, blasée déjà, insensible aux caresses des vieux jeunes et des jeunes vieux qui l'entretenaient, à peine émoustillée par les hétérodoxes distractions que lui procuraient ses bonnes amies, elle cherchait comme tant d'autres, des sensations nouvelles, de nouvelles pommes à croquer - mais surtout des pommes vertes.

Le jeune mineur, un grand garçon de quinze ans, de longs cheveux embroussaillés en cachant sa tête noircie jetait des regards exorbités, admirant la richesse des tentures.
Au bruit discret que fit la duchesse, il se retourna brusquement et esquissa un geste de repli, geste très vite annihilé par le regard de la nobliaute.
Malgré les loques sales qui le recouvraient, il rayonnait d'une singulière beauté. Ses deux grands yeux profonds, d'une blancheur bleutée brillaient d'un éclat étrange au milieu de sa face noirâtre. Dans sa bouche, ébauchant un sourire, luisaient des dents nacrées pas encore gâtées.

En l'apercevant, la duchesse, envahie d'un rut subit, avait senti frémir en elle je ne sais quel incompréhensible et vague désir. Elle le regardait toute rose.


- Pourquoi pas après tout fit-elle.

Et sans crainte de noircir sa tête fardée, elle le baisa longuement à pleine bouche. Le mineur n'eut pas le temps de dire un mot ou de faire un geste.
Elle héla la bonne.


- Au bain et vite ! dit-elle en désignant le jeune garçon.

La femme de chambre, une brune rondelette au nez troussé le toisa d'un regard narquois et fit ce qu'on lui intima de faire.

Pendant ce temps, la duchesse coquine traversa à la hâte la pièce où l'attendait le duc, et sans même un regard, entra dans la chambre à coucher.
Dans sa chambre embaumant les onguents, vrai nid d'amour elle l'attendit dans une posture équivoque. Elle avait dénoué comme jadis lors de ses premières nuitées d'ivresse, les épaisses torsades de ses cheveux et attendait, émue, impatiente des étreintes qu'elle rêvait.

La bonne revint.


- Faites entrer annonça-t-elle d'une voix ensorceleuse.
Et elle se leva pour se jeter au cou du jeune homme dans un élan de bête amoureuse dès qu'il paraîtrait.

Il parut.

Mais tout-à-coup, l'excitation de la capricieuse et jolie jeune femme retomba. Elle eut une moue navrée. C'était là l'éphèbe charmant qu'elle avait cru entrevoir tout à l'heure sous la couche de poussière qui le recouvrait ! Ce n'était plus qu'un grand garçon, aux grands yeux niais, à l'allure gauche, dont les mains ballantes pendaient lamentablement.
Elle le regardait, ne sachant que dire, mais lui, finit par croire qu'on se moquait et désira être payé de cette plaisanterie.


- J'veux ch'inq écus !

C'en était trop...comme l'amour, la tristesse s'envola aux mots du mineur. Elle lui donna dix écus, et quand il fut parti elle éclata d'un fou rire.

- Un Auvergnat ! C'était un Auvergnat !

Alors elle sortit, prit le duc par la main pour le faire entrer dans la chambre.

- Vous êtes bien ramolli duc ; mais j'aime encore mieux ça !


Chacun a sa réputation à préserver. On a beau avoir le feu aux fesses ou à l'inverse le tricotin chez les mâles, y'a pas moyen de tricher.
Ninon_
C'est un moment étrange que je vis en ce jour. Un jour pas comme les autres et qui ne ressemble à aucun de ce que j'ai pu connaître.
Je viens de recevoir une missive. Un coursier s'est déplacé spécialement pour moi pour m'apprendre que mère et père se sont tués accidentellement. Comment ? J'en sais rien. La missive est informative, pas explicative. Je souris timidement au coursier et je lui refile deux écus en lui soufflant.


- Merci. Il n'y aura pas de réponse.

Il se calte en me saluant. Je relis le pli officiel... bla bla bla...la mort de Meredith et Alcyde de Cydalise. L'inhumation... bla bla bla.
Et puis il se passe une chose d'essentiel. Il y a une larme au coin de mon œil gauche. Une qui capte le soleil. Tout le bon gros soleil tient dans ma larmette avec ses rayons. Il n'en manque pas un.
Bizarrement je ne ressens rien. Aucune émotion.

- Pardon papa. Mais je ne viendrais pas à la mise en terre. Juste pour signer le Livre des Raisons. Pourquoi faire hein papa. Pour voir les amants de maman qui certainement fonderont une association pour rendre hommage à son formidable fessier et signer des pétitions afin de lui décrocher une médaille pour services rendus ? Non non. Je tourne la page, c'est terminé.

Sauf que moi qui pensais ne plus atermoyer, je me raccroche à cette petite larme pleine de soleil. Et là je me dis qu'il faut être intelligent pour pleurer. Les biches exceptées, aucun animal ne pleure. la peine c'est une émanation de l'esprit. Donc j'ai confiance en cette larme, je ne suis pas le morceau d'acier que je pensais être devenue.

Alors je prends une plume et une feuille parcheminée, j'envoie un baiser au ciel à mon pauvre papa tout là-haut, et à ma mère cet hommage fort réaliste.




Meredith


Un amour de blonde, grande, affinée. Elle a sous les frisons fous de sa chevelure le front bas et dominateur des royales prostituées. Ses yeux atones paraissent en porcelaine, les joues empâtées de carmin en pétales de roses flétries. La taille est divine, délicates les mains d'enfant, délicieuses au baiser les perles du sourire. Mais la sensualité de ses lèvres et la richesse de son corsage évoquent le désir de cruelles voluptés, plus épuisantes et plus intimes aux bras d'amants éperdus.

Elle a peu ou point d'esprit, pas de cœur, non plus qu'en dépit de l'attirance de sa chair fleurante de tempérament. Parfois la jeunesse parle en elle. Alors, dédaigneuse des mignons amants dont l'affinement est fécond en savantes jouissances, elle cherche un mâle brutal et herculéen, heureuse que ces étreintes de taureau furieux meurtrissent la gracilité de ses membres et froissent les boutons rose tendre de ses seins. Et dans l'alanguissement qui suit ces accouplements douloureux à son ventre de naine en rut, un dégoût plus profond de l'homme la fait rêver aux caresses habiles de celles qui se plaisent à faire l'amour entre elles.

Deux de ses amants se sont tués pour elle. Un troisième est mort en prison pour avoir puisé dans la caisse de son maître le prix des faveurs de Meredith. Elle n'en a point gardé souvenance, trouvant cela tout naturel que sa beauté fut néfaste aux insensés qui en ont voulu déguster les secrets trésors. Une seule fois, des larmes ont coulé de ses yeux d'émeraude pâlie. Un cheveu blanc tachait l'or sombre de ses tresses.

Maintenant que les rides plissent son visage de poupée et que le fard est impuissant à dissimuler la caducité de la petite vieille, comme l'ont dénommée ses rivales en débauche, elle enseigne le vice aux débutantes timides qu'à séduites l'appât des robes riches et des paresses infâmes. Et tandis que des mères et des fiancées gémissent en la maudissant, Meredith, doucement, très heureuse,s'incline vers la tombe.


Je relâche ma plume et m'étire en regardant le jour laisser sa place au soir, j'envoie encore un long baiser à mon petit papa assis sans doute à la droite des anges ; quand à ma mère, je laisse à la postérité cet écrit. Qu'elle se rassure encore une fois. Un baiser on l'oublie, mais les belles paroles restent consignées sur parchemin et portées aux archives de la bibliothèque de la ville. Du coup maman, c'est ta conscience qui va se farcir tout le boulot.
Ninon_
Ce petit fabliau est dédié au JD Coolmaro, lui qui un soir en taverne m'a - gentiment et avec beaucoup d'humilité - reprit sur le terme "Angevin" que j'avais par ignorance glissé dans une phrase au lieu de "peuple Andégave".
Qu'il trouve ici l'expression de ma plus vive gratitude, de mon profond respect et du reste, car, grâce à lui, je me suis instruite sur l'encyclopédie Google et découvert une partie de Notre Histoire que je ne connaissais pas.

Pour conclure, l'intervention de JD Coolmaro doit être un exemple à certains malotrus, certains casseurs d'ambiance, faisant étalage de leur culture de manière pédante sans comprendre ce qu'ils racontent.

*S'il existe de l'honneur à savoir, il n'y a pas déshonneur à ne pas savoir. L'ignorance est une page blanche sur laquelle il faut assoir la vérité. (citation Frédéric Dard)


Je regarde le monde et la petite société Andégave, sans illusion, sans indulgence, sans grande méchanceté mais avec grand intéressement. Je ne méprise personne mais sélectionne mes sentiments.

C'est grisant de regarder vivre les gens déambulant tout en faisant leur marché, se poivrer en taverne ou assassiner un larron au coin d'une ruelle.

La finalité définitive de la mort occultée par la réalité momentanée de la vie...

Alors me vient une idée, pendant que l'on cache les maladies et que l'on dissimule les gémissements. On en oublierait le trépas pour moins que cela.




Petite histoire amorale

Une carriole tirée par deux chevaux passait sur la place du marché.
Une petite vieille y passait aussi. C'était son droit. Personne ne lui contestera ce droit.
La charrette était toute auréolée de draperies jaunes et le riche commerçant menant son attelage portait un ruban jaune à son chapeau, des passepoils jaunes, un gilet jaune, des cheveux jaunes.
On a un uniforme ou on n'en a pas.

Les chevaux également étaient jaunes, de leur couleur naturelle. On ne leur en fera pas un crime.
Et puis vous savez, les goûts et les couleurs...

La bonne vieille avait le teint jaune, mais le teint ne fait rien à l'affaire.
Elle était sourde, c'est vrai, mais un bon cœur fait pardonner bien des défauts.

Bref, les choses en étaient là quand les chevaux se mirent à trotter. Tout arrive ici-bas.
Sur la place du marché il n'y avait que l'attelage et la petite vieille. Or, cette place mesurait quatre-vingt toises de long et quarante-cinq de large ; ce n'était pas l'espace qui manquait on ne dira pas le contraire. (Je voudrais bien voir qu'on dise le contraire).

Et pourtant la charrette a écrasé la petite vieille.

Après tout me direz-vous, une femme de plus ou de moins. Je ne dis pas mais cela n'en était pas moins fort désagréable pour le riche commerçant. Ça pouvait lui faire du tort !

Enfin, on lui a pardonné pour cette fois.

Du reste, à quoi bon le punir ?

S'il a écrasé une femme est-ce une raison pour lui enlever son gagne-pain ?

Il faut bien que tout le monde vive !...


C'est alors que je sens quelqu'un derrière moi, et une haleine odeur de rosée inonde mon cou. C'était mon jeune ami, celui que j'avais rencontré lors de mon arrivée, qui me demandait de lui lire ce que j'avais écrit.
Une fois la narration effectuée il me chuchota tout bas.


- Elle n'a pas pas bien pris le temps de mourir.

- Et non lui réponds-je. Un instant suffit.
Ninon_
D'une histoire vraie et pathétique, assise nonchalamment sur un muret au croisement de quatre ruelles, moi, observatrice très fine - ben oui, si je ne me complimente pas qui le fera hein ? - j'étudie avec soin ce besoin de repos et d'engourdissement immédiat qui s'empare parfois des petites sottes dans mon genre.

Dédié à Tord-fer et Bossuet



Ce qu'il pourrait advenir d'une jeune fille si elle n'y prenait garde

Il y avait une fois une petite oiselle venant de nulle part et posant son balluchon dans la cité Andégave. Assise dans un coin d'une auberge voilà qu'elle rencontre un sale et grand garçon qui lui fit belle révérence en lui clamant lais et réflexions utopiques.

Le grand garçon était tellement passionnant dans ses idées que la petite oiselle fut attirée et se mit à rêver de belles idéologies et d'un monde nouveau.

L'on s'amusa beaucoup et la petite oiselle rêva jusqu'au soir. Puis voyant le soir tomber elle dit gentiment.


- Je dois m'en aller maintenant, il est tard et je ne sais encore où me loger.

Or, avec la nuit qui venait vint une vilaine pensée au jeune homme ; il lui fit.

- J'ai encore plein de rêves là où je vis. Si tu en veux viens les chercher.

Ravie, la jeune oiselle totalement absorbée et aveugle au danger qui se dessinait, s'en alla bien vite, et le lendemain, fit honneur à l'invitation du jeune poète et se rendit à l'adresse que lui avait donné le jeune homme.

Ce soir là, il y avait un gros "chat" qui rôdait dans la ruelle indiquée par le poète anarchiste. Alerté par une vision inconnue et fraîche, il vint tout en courant en entendant héler le nom de Bossuet.
Quand la petite l'aperçut, elle fit l'honneur au gros "chat" de sa plus belle révérence - celle qu'elle avait appris du temps où elle était servante - et le salua.

- Bonjour Sieur !

Le "chat" ne dit rien du tout, mais l'oiselle prit peur de voir une grosse tête ne possédant qu'une seule oreille qui s'avançait avec un œil manquant également, une si grande bouche crasseuse et elle se mit à pleurer.

Le "chat" s'en moquait bien, il avait sa proie. Il l'avala d'une bouchée - c'était drôlement bien fait - et s'en alla très content en se léchant les babines.

Au loin, on entendait Bossuet qui, d'un rire gras, se félicitait encore une fois d'avoir séduit et trompé.


Je pense avoir détaillé ce rare bonheur empli de sensations étranges que peuvent ressentir ceux qui abusent de la crédulité des jeunes filles. La vie de celles-ci sera remplie de souffrances et de désespérances en l'avenir. A jamais éprouvées dont une lutte quotidienne émoussera peu à peu l'énergie pour avoir l'espace d'un instant envisagé le rêve bleu qui repose et assure les batailles idéologiques des lendemains qui déchantent.

Une histoire de plus à conter dans les chaumières.
Ninon_
Les ténèbres absolues tendent leurs voiles autour de moi. L'inexorable insomnie me torture. Les chandelles agonisent de lueurs bleutées, les derniers noctambules, la tête dans leur gilet racolent les dernières filles, les nobliaux ronflent sous la couverture dorée de leurs édredons, l'impénétrable sentinelle, le veilleur de la ville ânonne ses inlassables recommandations, les bruits se meurent un à un à Angers qui s'endort, et l'on n'entend plus sur le pavé désert que le pas ennuyé des maréchaux de la ville, tandis que les chiens harassés s'arrêtent au seuil d'une porte ou dans les angles des taudis.

Aux pauvres gens qui ne dorment pas et à mes compagnons, compagnes, maîtres en gai savoir, je dédie cette histoire exubérante qui paraît-il fit trépasser mon trisaïeul.

L'historiette se passe en Poitou.




Depuis le temps où vivaient les plus vaillants pourfendeurs de montagne jusqu'à nos jours,on n'avait vu de plus honnête cocu que mestre Johan de La Brèche, propriétaire de l'auberge La Vache Enragée proche de Chateauneuf que traverse la Vienne en la joyeuse ville Chatellerault la Poitevine.

C'était un petit bout d'homme qui n'avait de malice hormis le ventre. Il ne songeait nuit et jour qu'à ses marmites, coquelets et rôtis. Il partait dès que sonnait matines pour acheter de la sauce verte et des épices et laissait sa femme à la merci de gaillards, sans se douter qu'il y avait toujours quelques bons artilleurs pour tenir chaude sa place et pour accommoder ce dont il n'avait cure à la sauce que vous imaginez.
Combien eut-il les yeux vairons qui, à une toise repérait un écu, il ne voyait point au-delà de son nez, lequel n'était guère plus gros qu'un oignon ; aussi se moquait-on fort par la ville de ce pauvre compère qui laissait à d'autres cueillir les roses de son jardinet et se promenait à la conquête de jambons, boudins et tripes qui sont bons tisons à boire, sans avoir aucun souci des franches lippées d'amour qu'il abandonnait, comme font les gens riches qui point ne savent se donner du plaisir et sont plus malheureux que les besogneux.
Et disait-on quand il passait, qu'il était simple de cervelle et fin à dorer comme pertuisane de bois.

La Dame de l'aubergiste qui avait pour nom Cunégonde, était suave comme un désir de poète et mignonne à faire damner tous les archiprêtres.
Or, elle était de celles qui sont idoines aux salecetés de toutes sortes et qui se moquait de la sagesse comme de sa prime chemise, laissant volontiers son corsage et ses jupons à la merci des muguetteurs et n'entendait la vie qu'à plaisirs débridés et jupes retroussées. Et comme mouches s'abattant sur du miel, était-elle toujours amplement pourvue de chevaliers prêts à la servir jusque derrière les linceuls de son lit.

Il arriva que par une vesprée du mois de may, on vit venir sur le pont de Chateauneuf, nobles seigneurs partis d'Alençon pour s'en aller rendre hommage au Roy de France en compagnie de quelques cent soldats. Le capitaine de la garde, s'étant allé bailler le baiser d'adieu à sa belle non loin de là et tenir avec elle les derniers devis d'amour, ses compagnons s'en furent boire et paillarder parmi les auberges et bourdeaux de Chatellerault. Les dix plus rusés s'en vinrent demander réconfort à
la Vache Enragée ayant ouï dire qu'on y pouvait boire, manger et faire l'amour à son saoul.

Donc, ayant gentiment accosté l'hôtellerie et jeté quelques moqueries à mestre de La Brèche, se mirent-ils à humer force plats et à avaler les jambons car ils avaient grand faim et la poudre des chemins avait éperonné leur soif.
Dame Cunégonde leur bailla tant de vin qu'ils manquèrent en crever cent fois et mirent à mal le réduit où se blottissaient les jolis tétons roses de l'hôtelière.
La collation faite, refaite, complétée, l'un d'eux qui se nommait Philippe Boutefort prit par l'oreille le pauvre aubergiste et l'ayant jeté comme vieille défroque au fond du grenier, verrouilla l'huis de belle façon en criant :


- Hola ! Mestre, prenez garde de peur que les coquecigrues ne vous mordent aux chausses ; mettez votre œil au pertuis de la porte et bayez, vous allez voir la plus belle farce du monde !

Aussitôt fut prise par le col doucement la coquine Cunégonde et Philippe Boutefort lui fit voir qu'on avait raison de l'appeler ainsi. Puis vinrent les neuf autres mettre la main à la pâte, si bien que la pauvre dame en était toute étourdie et disait :

- Par les cornes de mon mari, je ne saurai avaler une bouchée de plus.

Alors les joyeux soldats firent sortir le pauvre aubergiste plus mort que sauf, et lui ayant baillé l'accolade, le firent chevalier du cocuage. Puis ayant bu sans respirer douze pots de vin de grand nom, dévalèrent vers la ville sans avoir dépoché un denier, laissant les caves vides et l’hôtelière autrement.

De là est venu le joyeux proverbe poitevin dont je vous disais en début de narration que mon trisaïeul en trépassa à force de rire :


" C'est comme de la femme de mestre Johan de La Brèche, qui s'emplit pendant que sa cave se vide."


Quelle belle nuit printanière...m'est avis qu'après cette subtile et taquine historiette certains n'arrivent point à trouver le sommeil.
Ninon_
Assise sur mon muret encore une fois je pense à Emyliia et à son petit d'elle qui mûrit bien sagement dans son ventre nourricier.
Alors pour une fois, j'élabore un conte. Pour cet enfançonnet, pour elle. Point de cruauté cette fois-ci, point d'absence de morale ; juste un conte pour un enfant pas encore de ce monde, puisque les fées qui doivent présider à sa naissance n'ont point encore atteler leurs chars aériens, et que les rois mages qui doivent venir pour sa naissance n'ont pas encore quitté leurs lointains palais ni coiffé leurs couronnes adornées.

J'écris donc ce conte pour Emyliia puisque l'enfant mignon ne sait rien encore de cette terre où il est attendu comme un messie.
Tu lui liras cette douce histoire à la Noël, lorsqu'il sera en âge d'écouter les histoires, s'il plaît à Dieu, s'il te plaît.




Il était une fois en Bretagne... voici la Noël, faites la veillée...

Dans le plaisant pays de Bretagne, il y avait une fois un seigneur très riche qu'on appelait Jean le Superbe. Il était bien plus qu'on ne saurait le dire et demeurait en haut d'un rocher gris sur le bord de la mer, dans un grand château, flanqué de de douze grosses tours munies de trois cents gardes chacune. Tous les soirs il se promenait sur son cheval blanc d'Arabie et ses habits étaient si magnifiquement brodés de pierreries que la lune ouvrait de grands yeux pour le voir passer et que les vers luisants s'éteignaient sur le bord des routes.
Sa femme, fille d'un vieux roi du voisinage, était la princesse la plus douce du monde. Elle était pour le moins aussi belle qu'un ange et s'appelait Anne-Jeanne. On l'avait surnommée le Dame des Mers parce-qu'elle errait toujours sur le rivage, parce-que ses cheveux étaient couleur de sable et ses yeux couleur d'océan.

Or, il arriva que dans ce pays-là, le Bonhomme Hiver oublia de passer durant plusieurs années. Les petits garçons n'avaient plus le nez rouge lorsqu'ils s'en revenaient de l'étude des érudits ; les petites filles n'avaient plus l'onglée lorsqu'elles allaient à la messe et les vieux pêcheurs de la côte ne parlaient plus jamais du
"froid de loup" qui est le plus grand froid qu'on connaisse dans la contrée.
Parfois on rencontrait bien de ci, de là, quelques pauvres petites gelées égarées, mais c'était tout ; il n'y avait plus de glissades, plus de boules de neige, plus de plaines blanches, plus d'arbres en habit d'argent, plus de ruisseaux gelés, plus de jolies fleurs en diamant sur les fenêtres.

Une année, comme le mois de décembre commençait à poindre et qu'on songeait déjà à brûler les anciens calendriers, le beau seigneur Jean et la princesse Anne-Jeanne voyant qu'on pourrait aller à la messe de minuit sans mantes ni torches, firent publier l'édit suivant au son des trompes.


" Attendu que depuis tantôt cinq années, nul flocon de neige n'est tombé sur nos terres, ni dans le voisinage ainsi qu'à l’accoutumée, et qu'il ne gèle plus à pierres fendre lorsque vient le beau temps de Noël ; prions et requérons ceux de nos vassaux qui sont en relation avec les fées, Korrigans ou génies, de les bien vouloir supplier d'envoyer ici-bas quelques frimas pour qu'il nous soit permis de fêter dignement la naissance de Christos, et que les marmousets puissent au fond des sabots qu'ils auront mis dans la cheminée, trouver un peu de froidure avec leurs pantins !"

Mais bien que la plupart des gens de ce pays-là fussent les bons amis des Korrigans et des fées, il ne vint aucune neige.
On commençait à désespérer, lorsque par un beau soir de lune on vit partir par le grand chemin du Nord un vieux saltimbanque avec sa roulotte. Comme on lui demandait où il se rendait il répondit de manière hautaine.


- Hé ! parbleu ! je vais quérir de la neige ! je sais où il y en a, et vous me l'achèterez fort cher ma foi !

Il traversa beaucoup de royaumes, alla loin, loin, très loin, jusqu'en pays nordique où il neige toujours à ce qu'on dit. Il marcha longtemps, très longtemps que sa pauvre haridelle déjà maigre comme un clou devint plus maigre encore.
Au terme de son voyage il fit emplir sa baraque de jolie neige blanche comme hermine, et reprit le chemin de Bretagne. Il arriva deux heures avant la messe.

Il s'en fut à l'église et se mit à carillonner en signe de joie et de cupidité, mais à peine s'était-il laissé soulever deux ou trois fois par le gros bourdon qui était fée que la corde s'enroula autour de son col et le pendit comme un mécréant.
Et tout le monde d'accourir en criant :
"Qu'y a-t-il ? Qu'y a-t-il ?"

Alors le bourdon qui s'était arrêté pour reprendre haleine se remit à sonner, et de sa grosse voix qui ébranlait tout le clocher et faisait trembler les mollets il cria.


- Bonnes gens réjouissez-vous ! Le méchant homme ding ding dong est bien puni ! Ding ding dong ! d'avoir voulu gagner de l'argent avec la crèche de Christos et la misère de nous autres ! ding ding dong ! Il est bien puni maintenant ! ding ding dong !
La neige qu'il a rapportée est changée en jambonneaux ! ding ding dong ! en jambonneaux roses pour le réveillon de cette nuit ! Réjouissez-vous ! Ding ding dong.


Quand il eut fini de parler commença la messe de minuit. Et lorsqu'on sortit de la messe, les toits, les chemins, les arbres, tout était blanc ! Et l'on entendit les vieux marins parler entre leurs dents du "froid de chien" qui est presque aussi violent que le "froid de loup" à ce qu'on assure.

Sur la place , chacun trouva dans la vieille baraque un jambon bien appétissant, et l'après-minuit on réveillonna gaiement dans la grande salle du château et l'on but longtemps à la santé du bon seigneur Jean le Superbe et de la belle princesse Anne-Jeanne.
Depuis ce temps-là, il tomba chaque année de la neige dans le pays, car depuis le trépas du cupide qui conduisait le Bonhomme Hiver et l'égarait pour gagner quelques écus, les frimas reviennent chaque année secouer leurs grandes ailes blanches jusqu'au roc où s'élève le château à douze tours jusqu'au sommet des tours sur chacune desquelles veillent trois cents soldats, jusque plus loin encore, jusqu'à la mer !


Je laisse au vent le soin de sécher l'encre puis près de la chaumière d'Emyliia je dépose ma petite historiette en notant ceci.

Pour Emyliia et son enfançonnet, cette prose imaginaire en forme d'affectueux hommage. Je pars en pays lointain, en espérant qu'à mon retour j'aurais le plaisir de caresser la joue du petit de Toi.
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