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[RP]L'Impatience renaît par le Courage...

Elisa.baccard
    « L'angoisse de la perte, tu ne sais absolument pas ce que c'est, hein ? Ça te conduit à penser que tout est fragile, que tout n'a qu'un temps. Tu finis par douter du bonheur, douter que ça puisse exister. Et chaque fois qu'il t'arrive quelque chose de bien dans ta vie, tu sais que ça ne restera pas, qu'on va te le reprendre à un moment ou un autre...»
        L'homme qui voulait vivre sa vie



    [Nuit entre le 30 mars et le 31 mars - Montélimar]



    La nuit était tombée sur Montélimar et la soirée s’était passée calmement pour certains. Mais moins pour la Malemort. Celle-ci avait été prise de contraction durant toute la durée de la soirée, tentant de cacher comme elle pouvait les douleurs qui devenaient de plus en plus proches et douloureuses. Était-elle prête à cela ? Était-elle prête à vivre cet accouchement alors qu’elle était seule ? Alors que le père de cet enfant ne le verrait jamais ? Qu’il ne serait pas là pour lui dire combien elle a bien travaillé et combien elle lui avait offert une merveille ? Comme il l’avait fait lors de l’accouchement d’Emery ?
    Les draps de la Duchesse semblent mouillés, signe que le travail a commencé et que l’enfant avait choisi sa nuit pour naître. Des perles de sueurs viennent naître sur son front, la douleur devient difficilement gérable. Son ventre est bien plus gros que la moyenne alors qu’elle n’est qu’à huit mois de grossesse environ. Les douleurs sont-elles liées à cela ? Tout plus grand, tout plus fort, tout plus douloureux ?


    - Aaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Suzanne ! Oh mon Dieu Suzanne ! Le bébé ! Le bébé !

    La voix est paniquée. Le souffle court de la future mère réussit tout de même à percer la porte pour atteindre les oreilles de sa Dame de Compagnie qui entre dans la pièce. Une chambre parme au premier étage de l’auberge municipale « Le Nougati », tout juste rénovée par la maire en place. Un grand lit est positionné au centre de la pièce avec des voilages parme entourant le lit à baldaquin. Deux lits d’enfants semblent avoir été rajouté sur le côté droit de la pièce. Sur le mur opposé se trouve un nécessaire de toilette avec une bassine d’eau, des linges, une coiffeuse et un miroir. Et enfin, sur le mur face au grand lit un petit bureau de bois permettant d’accueillir les clients pour écrire leurs missives ou traiter quelques dossiers.
    Suzanne s’approche rapidement de la future mère. Les enfants ont été réveillés par le cri de leur mère, ils viennent rapidement monter sur le lit maternel les traits tirés, inquiets.


    - Ma dame, que se passe t-il ? Qui y’a-t-il ?
    - Le bébé Suzanne… Le bébé arrive… aaaaah ! Faites sortir les enfants ! Faites les sortir. May ! Amenez les chez May.
    - Oh ! Oh ! Ma Dame… Je… Oui ! Venez avec moi les enfants, on va voir tante May.
    - Non ! Je reste avec Maman moi !

    Saleté de fille Malemort plus têtue tu meurs ! C’est bien la digne fille de sa mère ça encore.

    - Non… Ma princesse. Tu vas avec ton frère… Huuum… Je… je veux que tu t’occupe de lui. Tu lui raconte une…humm hummm… une belle histoire. Et tu le laisses s’endormir avec… avec toi…. Vas… S’il te plait…
    - Mais je t’aime Maman. Tu n’as pas le droit de nous abandonner hein ! Tu n’as pas le droit.
    - Je vous aime aussi mes amours... Partez maintenant… Partez.

    Le cœur déchirait, la jeune femme malgré la douleur regarde son jeune fils de deux ans tenant la main de sa sœur de 5 ans à peine, descendre du lit pour rejoindre la porte. Les ténèbres de la Malemort croisent encore une fois les yeux noirs de sa fille. Sa petite fille chérie pour qui il y a cinq ans elle souffrait également pour la mettre au monde… Mais pour l’heure, la porte est refermée, et la Malemort peut alors se retrouver seule avec sa dame de compagnie pour ce moment si douloureux.
    Une larme vint couler le long de sa joue, tandis qu’elle regarde Suzanne.


    - J’ai peur Suzanne… J’ai peur pour mon enfant, pour mes enfants.
    - Tout va bien aller ma dame, je suis là. Je suis là.

    Non tout n’allait pas bien se passer. Non. Suzanne n’avait aucune connaissance dans l’accouchement mise à part sa présence durant la naissance d’Emelyne et d’Emery. Evidemment, cela devrait mieux se passer puisque Elisa avait déjà mit au monde par deux fois. Officiellement en tout cas. Puisqu’elle avait perdu deux autres enfants qu’elle avait dû accoucher mort né. Ainsi, la délivrance serait normalement plus facile et plus rapide… Mais qu’en sera-t-il réellement ? Seule dans une chambre d’auberge cela sera-t-il réellement facile ?

    - Aaaaaaaaaaaaaaaah ! Suzanne ! Allez chercher de l’aide ! Allez chercher un médecin, je vous en conjure !
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    Chouquette
    une soirée en taverne ... particuliére... son attention etant partagé ... entre l'un ... et l'une ... elle avait remarqué qu'elisa caressé souvent son ventre ... elle lui avait bien grondé dessus dans l'aprés midi en lui disant que c'etait inconscient de voyager dans un etat pareil ... elle ressemblait a ... a .... met sa bouche de coin .. a quoi d'abord ... elle avait connu que maman comme ça quand elle attendait le ptit puant qu'allait devenir son frére ... et encore maman avait pas l'air si gonflé ... a croire qu'elisa elle allait exploser ... imaginait presque voir sson ventre s'ouvrir comme une grosse fleur trop gorgée de soleil .... bouarffffffffffff ... secoue la tête et frotte son visage chasser cette idée bouarkkk ... se promettant secretement de jamais avoir un ventre bombe bb ....

    d'ailleurs quand elisa etait partie rejoindre sa chambre fraichement renovée elle avait fait part de ses craintes a gregory , mais il l'avait rassuré en disant que quelques jours de repos a montel et tout irait bien ... elle ne pouvait que penser a son tonton cheri .. tule ..elle ne pouvait qu'avoir ce gros chagrin au coeur en y pensant ... il aurait tellement eté heureux de ce nouvel enfant ... enfant qu'il ne connaitra pas ... la boule dans la gorge chassait cette pensée la aussi ....

    quand tout fut calme au nougati ... la chou avait quitté les lieux non sans trainer les pieds faut l'avouer , et toute la nuit avait cherché sommeil qui 'netait pas venu ...

    au petit matin ... se dirige vers la taverne auberge ... esperant passer du temps avec l'un et l'autre ....

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    chou et maric
    Kye
    La journée avait été riche en émotion pour le vieux loup.


    Tout d'abord, il y avait eu l'arrivé à Montélimar et les retrouvailles avec son valet, Gregory. Même s'il était trop fier pour l'avouer, Kye avait fini par regretter le départ de son valet et il lui manquait. Quand il su que finalement, ils allaient faire un détour avant d'aller vers Limoge et que par conséquent, il passerait pour Montélimar, il n'avait plus qu'une envie c'était d'y être. Et puis, en plus de revoir Gregory, c'était aussi l'occasion de manger du nougat, de plus compter les morceaux qui restent et de finir par les rationaliser entre lui et La Duchesse. Une fois là-bas, tous les deux pourraient en manger autant qu'il voulait, enfin dans la limite des stocks de la ville.

    Ensuite, il y avait eu se petit jeu avec La Duchesse. Ce n'était pas qu'un simple petit jeu, c'était le jeu. Celui qui avait donné de piquent et du mordant à cette journée et qui allait en donner pour le reste de leurs vies. La veille Elisa avait fait la remarque à Kye qu'il haussait beaucoup les épaules, c'était venu une habitude chez lui, une réponse qu'il donnait aux questions de La Duchesse. Cela lui permettait d'éluder la question et ainsi de remettre la réponse à plus tard, voir à jamais. Mais, si lui ne devait plus le faire, elle non plus et pour l'obliger à ne plus le faire, il lui avait dit que si elle le faisait, elle devrait en payer les conséquences. Une sorte de cape ou pas cape.
    Et c'est à Montélimar qu'elle en paya les conséquences. Kye s'approcha un peu plus d'elle à chaque fois qu'elle haussait les épaules. Au point de coller son nez au sien. Puis, l'ultime fois, l'obligea à coller ses lèvres au sienne. Une chaleur intense les parcourus, un léger picotement revigorant mais, trop court. Plus tard dans la journée, le picotement eu lieu à nouveau, cette chaleur resta plus longtemps et se simple bisou se transforma en un tendre baiser, jusqu'à la morsure du protagoniste au cheveux ténébreux et au regard d’azur.


    Le Noircastel s'était couché tôt ce soir là. Il n'avait pas profité jusqu'au bout de son ami-valet mais l'étape à Montélimar était prévu pour durer quelques jours, voir une semaine, alors il se disait qu'il aurait le temps de partager d'autres soirées, d'autres morceaux nougats et d'autres verres avec cet ami.
    Le loup était allongé dans son lit, dans la chambre bleu, non loin de celle d'Elisa et de May. Il n'avait même pas pris soin de bien poser sa cote de mailles ou son mantel sur la chaise, il les avait négligemment jeté là. Quant à ses bottes, il les avait bien placer au bord du lit, prêt à sauter dedans si cela s'avérait être nécessaire, son arme sur le chemin de la porte. Il avait aussi pris soin de cacher son couteau sous oreiller dans le doute et avait simplement placer l'étui et son estoc sur la table en face du lit.
    Le garde était allongé dans son lit, profitant du silence qui s'était établie dans sa chambre. Le bras gauche posé sur les yeux pour se les cacher de la lumière, il sommeillait en ressassant les évènements de la journée et surtout en se rappelant de la chaleur et du gout sucré des lèvres de La Duchesse.
    Mais un cri le sorti de son inertie totale. Il se dressa et pris quelques secondes pour comprendre d'où venez le bruit. Les petits pas dans le couloir l'aidèrent à situer que le problème venait de la chambre de La Duchesse. C'était Suzanne qui courait aussi vite qu'elle le pouvait. Rapidement Kye sorti de son lit, jetant ses pieds dans ses bottes et s'élança à toute vitesse vers la porte empoignant le fourreau et l'épée qu'il contenait. Il était là, sans ceinture, dans sa chemise blanche entre-ouverte et en brais entrain de courir dans le couloir vers la chambre d'Elisa et poussa la porte de son épaule en tirant son épée à moitié du fourreau. Il ne lui fallu même pas un battement cille pour comprendre la situation et savoir qu'il n'avait pas besoin de son arme, il lâcha alors la fusée de l'arme qui eu pour effet de la faire redescendre dans son fourreau grâce au poids propre de l'arme. Devant lui, Suzanne seule avec La Duchesse, dont le visage était déformé par la douleur des contractions et complètement en nage. Le travail avait commencé.


    - Elisa !


    C'était la première fois qu'il l'appelait de cette façon devant d'autres personnes, à cet instant il tenait trop à elle pour mettre les bonnes formes. Il voulu s'avancer mais on lui fit comprendre qu'il n'était pas le bien venu dans cette chambre.
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    Elisa.baccard
      « J'ai peur de sortir de cette chambre et de ne plus jamais ressentir ce que je ressens…»
          « Dirty Dancing »



      [ Nuit entre le 30 mars et le 31 mars – Montélimar – Chambre Parme]


      Les doigts se tordent sur le drap qui recouvre le lit où est allongée la jeune femme. Elle a mal, bon sang qu’elle a mal, mais pourtant cette douleur est signe du bonheur qui l’attendra dans quelques instants. Peut-être quelques minutes ou quelques heures. Bientôt, elle pourra tenir dans ses bras son enfant. La chair de sa chair, mêlée par moitié à celle de son défunt époux. Bientôt elle pourra embrasser chaque partie de sa peau en étant tellement fière, elle pourra le regarder en se disant : « c’est mon enfant ». Elle pourra le voir grandir, marcher, parler, crier, se disputer, apprendre, compter, et puis devenir cet Homme ici ou là. Un ou une Baccard dont toute la famille serait fier, à n’en point douter…
      Mais en attendant, elle devait souffrir pour lui donner la vie. Elle devait souffrir pour le déloger de ce petit nid qu’ils s’étaient créés tous les deux depuis quelques mois. Mais ce fut sans compter sur une voix qui vient résonner dans la pièce.

      Une voix qui lui devient de plus en plus familière au fil des jours. Les prunelles noires se redressent vers la porte où quelques instant plus tôt ses enfants étaient parti, et elle le voit, là, lui, son garde, Kye, Lui. Il était debout devant la porte, son épée en main, débraillé, le visage tiré et fatigué par cette nuit troublée. Sa voix résonna encore dans sa tête « Elisa ». Juste un mot, juste un mot qui pourtant en disait long. Elle n’était jamais Elisa, elle était la Duchesse, toujours la Duchesse dans ses lèvres. Mais quelque chose avait changé en cet instant, quelque chose dans sa voix qui n’était pas comme d’habitude, et ce prénom lancé alors qu’ils ne sont pas seuls…
      Mais l’esprit de la Malemort fut rapidement rappelé à l’ordre lorsqu’une nouvelle contraction vint déchirer son ventre, il ne devait pas être là, il ne devait pas voir ça, il n’avait pas le droit d’être là. Son dos se cambre, et ses mains viennent attraper les barreaux du lit derrière sa tête, son visage se tord une nouvelle fois de douleur, ses yeux se ferment, tandis que Suzanne vint rapidement appliquer un tissu humide sur son front.


      - Aaaaaaaaaah !

      Un cri fait écho dans la pièce malgré elle. La douleur est trop forte pour qu’elle ne puisse pas le dire tout haut. La contraction est longue est signe que l’enfant ne tardera pas à sortir. Les onyx viennent de nouveau retrouver l’océan si sombre en cet instant.

      - Vous… Vous devez sortir… Il le faut. Vous devez sortir, s’il vous plait…

      Il ne devait pas se trouver dans la pièce, il ne devait pas la voir dans cet état, il ne devait pas être là tout simplement. Il devait la laisser vivre cette souffrance seule comme toutes les femmes doivent le faire, comme elle l’avait toujours fait. Il devait sortir…
      Suzanne quitta le bord du lit pour venir rejoindre Kye à l’entrée.


      - Sieur, vous devez sortir. La Duchesse ne souhaite pas la présence d’un homme dans la chambre tant que l’enfant n’est pas né. Pourriez-vous aller délacer tous les nœuds de l’auberge ? Les croyances pensent à dire que cela évite au cordon de s’enrouler autour du cou de l’enfant. Sa Grâce se plait à y croire. Tout comme la présence d’un homme porte malheur. Allez dormir, boire un verre, prier. Mais vous ne pouvez pas rester là.

      Pendant ce temps la Malemort avait continué de souffrir avec une nouvelle contraction. De toute évidence, Suzanne avait été claire et la Malemort n’aurait pas pu mieux dire. Mais les choses s’accéléraient, elle semblait perdre le contrôle, sa tête se mettait à tourner, la douleur était trop forte, la contraction trop rapprochée et…

      Suzane… Suzanne, l’enfant… L’enfant ! Il arrive, il est là … !

      La prochaine contraction serait la première poussée. La ligne droite. Autant dire que cet enfant était bien le digne héritier de son père, un impatient. Un grand et bel impatient qui avait décidé de pointe le bout de son nez un peu plus tôt et qui ne souhaitait pas attendre plus longtemps pour pousser son premier cri et pouvoir inspirer pour la première fois. Mais… Oui mais… Il y a toujours des surprises dans un accouchement… Et bon dieu ce médecin il était où ?
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      Kye
      Mais, pour qui ce prenait-elle, cette femme ?
      Le loup n'avait qu'une envie c'était de balayer cet obstacle d'un revers de patte comme on balai des miettes de pain sur une table, mais il ne pouvait pas le faire. Personne n'était au courant de ce qui s'était passé aujourd'hui, enfin personne dans l'entourage d'Elisa, c'est-à-dire Suzanne, sa famille et ses amis. Seulement Gregory, le "valet" de Kye et Chouquette le savait.
      Alors en cet instant, Suzanne était supérieure au loup. Elle ne pouvait pas le dompter mais elle pouvait parler au nom de La Duchesse et lui ordonner de quitter la chambre était tout à fait possible.
      Il fallut plusieurs secondes à Kye pour maitriser le flot d'émotion qui l'envahissait. C'était quelque chose de nouveau, qui le surprenait et qui l'empêchait de bouger les jambes et par la même occasion de quitter la chambre. Lorsqu'il fut enfin maitre de lui-même grâce à l'appel au médecin d'Elisa, il pivota sur ses talons pour courir vers l'escalier et descendre les marches quatre par quatre, laissant tomber son épée une fois au rez-de-chaussé.

      Il interpela alors les clients encore présent dans la taverne de l'auberge.

      - Le médecin ! Vite !

      Car oui, maintenant Suzanne ne pouvait plus quitter la chambre de La Duchesse mais il lui fallait bien un médecin et c'était à Kye d'aller le chercher. Il n'était pas du genre superstitieux, il respectait les croyances des autres mais de là à rester les bras croisés à attendre que tout se passe ou alors dénouer des noeuds... Il ne faut pas abuser non plus, comme si Suzanne était capable de faire accoucher Elisa seule et puis si ça se passait mal...?
      Les clients prirent quelques instants pour comprendre l'enjeu de la situation et c'est les cris de souffrance d'Elisa qui les firent réagir. Ils lui indiquèrent alors la maison du médecin de la ville, car à cette heure là, son cabinet devait être fermé selon eux.

      Le loup sorti à toute hâte de la taverne, il porta deux doigts à sa bouche et siffla deux coups rapide, sur une note particulière et continua sa course pour ne pas perdre de temps. Son cheval le rattrapa rapidement et toujours en courant il monta dessus pour ensuite lancer sa monture au galop.
      Kye avait une relation particulière avec son destrier. Il le connaissait depuis toujours et l'animal l'avait suivi dans toutes ses aventures. Personne ne pouvait l'approcher si ce n'est le Noircastel. Ce n'était pas lui qui le décidait mais l'animal lui-même qui ne restait docile qu'en présence de son maitre. Le dressage avait pris plusieurs années mais le résultat était parfait.

      Galopant à toute allure dans la ville, le plus compliqué était de négocier les virages serrés, sans trop ralentir. Parfois il était impossible pour Kye de voir ce qui se trouvait de l'autre côté et il espérait juste ne pas blesser quelqu'un en lui rentrant à cette vitesse. Enfin, plutôt tuer quelqu'un, car un cheval a une telle vitesse est plutôt dévastateur, en témoigne les charges de cavaleries pendant les batailles.
      A cette vitesse, il était aussi difficile de se repérer, les rues étaient sinueuses, parfois labyrinthique et il fut obliger de s'arrêter au milieu d'un carrefour pour faire tourner sa monture sur elle-même afin de regarder le nom des rues. Il ne connaissait pas vraiment la ville mais c'est une vieille dame, qui passait par là et qui avait remarqué qu'il semblait perdu qui vient à sa hauteur et lui demanda ce qu'il cherchait. Il descendit alors ses yeux sur elle, tout en continuant à faire tourner sa monture sur elle-même et lui expliqua le problème. La dame, lui sourit et lui dit avant de tendre le bras:


      - Au bout de cette rue !

      Kye ne prit même pas le temps de la remercier, elle ne lui en voudrait pas de toute façon et il ne la reverrait surement pas. La monture parti à nouveau au galop pour atteindre le bout de la rue en quelques secondes.
      Le noircastel sauta sur le sol et alla tambouriner à la porte, attendant qu'on lui ouvre.

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      June
      [ Dans l'après-midi du 30 mars 1462, à Montélimar. ]

      June s'ennuyait un peu à Valence en ce moment. Il étudiait, mais aussi s'occupait de ses cochons, cultivait son champ de maïs et faisait tourner sa boucherie. Enfin, il regardait son commis faire tout ça pour lui. Déjà qu'il le payait grassement - au moins deux écus d'or pour sa journée et nourri le midi -, il n'allait pas non plus faire le travail à sa place ! Et puis maintenant, le jeune serviteur faisait très bien son travail, s'assurant d'un bon rendement des terres, et le grand blond avait chargé les deux gardes du domaine de Céris, Aimbaud et Godefroy, de le surveiller. S'ils n'étaient pas les plus intelligents du coin, au moins ils seraient occupés à quelque chose plutôt que de se tourner les pouces. Il en avait donc profité pour aller se promener dans le Duché, par souci de tourisme. Son étalon pie avait en plus grand besoin de se dégourdir les jambes et le cavalier d'un bon bol d'air frais. Leur première étape serait Montélimar, parce que c'était là-bas que l'on fabriquait le nougat, et c'est vachement bon le nougat - June adore ça.

      Arrivés à Montélimar en fin d'après-midi, le destrier fut confié à un écuyer soigneux tandis que l'ancien Chancelier partit écumer les magasins de confiseries et autres récompenses enfantines. Il s'en mit plein la panse, ne s'arrêtant plus de manger, si bien que l'indigestion se fit rapidement sentir. Il fut conduit par un vendeur de nougat jusqu'à la demeure du médecin de la ville, s'accrochant tant bien que mal à la selle de son cheval pour éviter de tomber et de tout rendre sur les pavés. Rassuré, s'attendant à un barbu avec qui il allait pouvoir plaisanter et se taper dans le dos une fois soigné, il se renfrogna quand il vit que le praticien en question était en fait de la pire espèce : une femme.
      Elle eut sûrement ce jour-là le patient le plus désagréable de sa carrière. June détestait les femmes. Il avait su d'avance que ces mégères voleraient un jour le travail des honnêtes hommes depuis qu'on les avait autorisées à pratiquer la médecine. Et pourquoi pas leur donner le droit de vote, ou le droit de gérer leur propre bourse, tant qu'on y était ! Il allait donner sa contribution à ce légitime combat en menant la vie dure à la doctoresse en question. C'est ainsi que deux heures durant, trop timide pour oser le mettre dehors, elle en prit plein la tête en essayant de le soigner au mieux, supportant les critiques acerbes, les brimades et autres calembours machistes qui ne faisaient rire que lui. D'un coup, en ayant assez, elle se leva brusquement, désigna la porte et lui hurla de partir, surprenant le grand blond qui étalait son discours habituel sur la place trop importante des femmes dans la noblesse d'aujourd'hui. Mal lui en prit, à cette pauvre bougresse, car le grand blond, remit de ses émotions, ne tarda pas à lui décocher un gnon. (Oui, ça rime, héhé.) Assommée, elle s'étala, inconsciente, par terre et dans un grand fracas.

      June s'épousseta. Celui qui avait dit qu'il était déshonneur de frapper une femelle était un idiot. Celle-là l'avait mérité. Par correction tout de même, il la transporta jusqu'à son lit et l'y laissa tomber.
      Le temps passa.


      [ Plus tard, dans la soirée. ]

      Il avait choisi de s'intéresser à ce qu'il y avait dans la maison ; il avait feuilleté les livres, tâté l'argenterie et lu les étiquettes des différentes fioles posées là. Il s'apprêtait cette fois à explorer le contenu d'une série de pots en terre cuite quand quelqu'un d'apparemment très pressé tambourina à la porte.

      Hésitant un instant, le grand blond se décida finalement à aller ouvrir pour annoncer à la personne que non, le médecin n'était pas là, qu'elle était partie en consultation dans les fermes alentours et qu'elle serait de retour seulement le lendemain matin.

      _________________

      Chevaucheur de Sylvestre, Héraut ès Généalogie.
      Monsieur_k
      Kye continuait de tambouriner à la porte. ça fait quoi ? Cinq ou dix bonnes minutes qu'il frappait à la porte sans obtenir de réponse. Parfois il tapait plus fort, puis ralentissait un peu le rythme pour reprendre ensuite de plus belle. Il hésitait même à donner des coups de pied dans la porte pour faire encore plus de bruit et réveiller ainsi le docteur, qui semblait soit absent soit bien endormi. En parlant de sommeil, des lumières commençaient à s'allumer dans les chaumières avoisinantes, c'est qu'il en faisait du bruit le vieux bougre, qu'importe la situation nécessitait qu'on fasse autant de bruit.
      Finalement la porte s'ouvrit, mais Kye continuait toujours à tambouriner sur la porte, il eu le temps de ralentir un peu mais pas assez pour retenir le coup et frappa avec l'arrêter de la main sur le haut du crâne de la personne qui venait d'ouvrir, un grand blond.
      Le coup n'était pas très fort, mais c'était suffisant pour que la personne se penche en avant et ainsi cacher son visage. Kye s'approcha un instant et posa une main sur l'épaule de la personne, approchant son visage de son oreille pour lui crier dessus :


      - C'est pas trop tôt ! Vous faisiez quoi là-dedans ?! Y en a qui ont besoin du médecin ! C'est pour un accouchement, elle est où ?

      Oui, Kye était un peu énervé. ça faisait un moment qu'il était là, à frapper à la porte et l'autre avait pris son temps pour lui ouvrir. Il faisait quoi là-dedans ? Il se tapait le docteur sur la table des auscultations ? Limite, il avait envie de lui en recoller une autre pour qu'il reprenne ses esprits tout de suite et qu'il réponde dans l'immédiat.
      C'est alors que le blond releva le torse et que Kye découvrit son visage. Bordel, c'était son fils, qu'est-ce qu'il foutait là ce con ? Et puis pourquoi c'était lui qui ouvrait la porte ? Elle était passée où le docteur ? Il lâcha tout de même un "Putain June, tu fous quoi ici ?" Mais, pas le temps pour les réponses, Kye fit un pas dans la chaumière mais, son fils avait déjà placé un bras en travers de la porte pour barrer le chemin de son père.


      - Bon écoute fiston, j'ai pas le temps de m'amuser avec toi ce soir
      , comprenez "j'ai pas le temps de t'en coller une autre à la loyale", La Duchesse est en train d'accoucher, me faut le docteur qui habite ici, alors dégage de mon chemin.

      Je sais que June, ne laissera pas ce geste "impuni". Je vais devoir lui en coller une autre à la loyale, un soir en taverne surement, ou un matin. Mais là, ce n'était clairement pas le moment. J'espère qu'il le comprenne, je n'ai vraiment pas le temps pour des enfantillages là alors...

      Alors Kye le regarde droit dans les yeux, les poings serrés, refusant de baisser les yeux devant son fils et devant quiconque mais encore moins devant son fils.


      - Soit tu me laisses passer, soit tu dis quelque chose mais tu restes pas planté là comme un légume à me regarder.

      Parfois le Loup avait des doutes sur l'intelligence de son fils, il se demandait si tout était bien en place là-haut. En même temps, avec un coup pareil, il fallait se douter que certaines choses avaient bouger.
      June
      Il aurait pu s'attendre à tout, sauf à ça. C'aurait pu être un vieillard en train de mourir, une grand-mère qui tousse, une fillette au poignet cassé ou un homme qui s'est coupé avec l'un de ses outils. Ou encore une femme qui perd les eaux et un garçonnet pâle et fiévreux qui la suit. Mais tomber sur Kÿe qui lui annonce un accouchement, ça c'est fort ! Non pas que June pense que son père va lui-même accoucher. Et il ne songe même plus au ventre volumineux d'Elisa. Le grand blond estime juste qu'un Kÿe qui se soucie des autres est plus qu'irréel.

      Comme si c'était une habitude, June se mangea une mandale normalement destinée à la porte de bois, donc plutôt gratinée. mais bon, depuis le temps qu'il en prenait, que ce soit moralement ou physiquement parlant, il commençait à avoir l'habitude ; il ne s'évanouit pas mais se tint la tête en se penchant en avant le temps - court - de la douleur du coup. Et, à peine remis, voilà que son père, qu'il avait reconnu au premier abord parce qu'il le connaissait bien - et par la mandale aussi... - lui beugla dans les oreilles.


      "C'est pas trôp tôt ! Vous faisiez quoi là-dedans ?! Y en a qui ont besoin du médecin ! C'est pour un accouchement, elle est où ?"

      Il avait l'air énervé, en tout cas. Si énervé que June eut peur de s'en reprendre une. Mais le paternel reconnut son enfant chéri ; un instant, il resta interdit. Ce qu'il fout ici ? Il n'eut même pas le temps de répondre un mot que Kÿe enchaînait déjà. Pas le temps ? un accouchement ? la duchesse ? Puis June se souvint d'Elisa, sans s'autoriser à penser aux Malemort et au bout de passé qu'il avait en commun avec eux. L'étudiant en médecine naturelle prit le dessus sur le politicien.

      "Le médecin est, euh... Absente. Occupée. Loin. Elle sera sur pieds, euh, de retour quoi... Demain."

      Il se mit en travers de la porte. Et il évita d'expliquer sa présence dans la maison. Il mit une main sur l'épaule de son père pour le faire se calmer et qu'il écoute son fils.

      "Mais je peux soigner Elisa. Je sais le faire."

      Il manquait de preuves à montrer mais il était sincère, et ça se sentait dans sa voix. Si Kÿe connaissait au moins un peu son fils, il savait qu'il était doué en cette matière et qu'il ne s'aventurait jamais en terrain inconnu pour faire le coq devant les poules, surtout dans une situation aussi grave. C'était sa mère qui l'avait initié à la médecine, et il avait toujours continué depuis, étudiant, assistant des médecins dans leur travail, et manipulant les outils. Kÿe le regardait droit dans les yeux, l'air peu convaincu, si bien que June se sentit obligé de répéter :

      "Je peux soigner Elisa. Fais-moi confiance. Emmène-moi auprès d'elle."
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      Chevaucheur de Sylvestre, Héraut ès Généalogie.
      Monsieur_k
      Voilà encore deux autres choses auxquelles Kye ne s'attendait pas.

      La première, c'était que son fils soit capable de mener un accouchement à bien. Il est vrai que Kye n'a pas été un père très présent pour lui. Non pas qu'il était toujours en vadrouille, c'était juste que June avait un frère jumeaux que Kye affectionnait tout particulièrement. Même si, physiquement ils étaient très semblables, leur caractère était totalement différent.
      D'un côté, il y avait June, l'enfant calme et posé qui préférait rester avec sa mère. Mère qui lui servait tutrice, c'était qu'elle était intelligente la Kerah malgré sa chevelure de blé doré. Il passait son temps dans les livres, ce qui ne dérangeait pas plus le père et le frère bien qu'ils auraient apprécier que June sortent un peu plus souvent avec eux. Car si l'enseignement prodigué par les livres étaient important, selon eux, rien ne valait la pratique et puis surtout les livres n'apprenaient pas comment se battre, comment chasser, comment pêcher et encore moins selon JigSaw, comment séduire une femme.
      De l'autre côté, il y avait donc JigSaw. Ah, JigSaw, c'était quelque chose. Un véritable guerrier qui donnait du fil à retordre à son père mais l'âge faisait la différence. Kye lui avait presque tout appris, la chasse, la pêche, comment s'occuper de sa monture, comment entretenir son arme et son armure. Un véritable chevalier selon la tradition des Noircastels.
      Kye aurait dû savoir que son fils en était capable mais ce qui le surpris encore plus c'était qu'il se propose de lui venir en aide et mieux encore, qu'il lui dise de lui faire confiance. C'était une grande première pour Kye, surement que serrer son fils dans ses bras auraient été de circonstance mais le temps était un luxe que les Sidjénos n'avaient pas ou plutôt, qu'Elisa n'avait pas.

      Kye préféra sourire à son fils. Un sourire tendre et sincère, surement le premier depuis qu'il est revenu. Pour la première fois, père et fils allaient œuvrer ensemble sans se mettre des bâtons dans les roues. En parlant de problème, Kye évoqua la condition lorsqu'il regarda son fils de bas en haut :

      - D'accord, mais pas dans cet état...

      Il tourna sa langue sept fois dans sa bouche, cherchant comment tourner la suite.

      - Elisa ne veut pas d'hommes dans sa chambre...C'est pour ça aussi que je suis là...Du coup...

      Bordel, un sourire se dessine sur le visage de Kye, il a envie de rire rien de s'imaginer son fils déguisé, alors que celui de June reste de marbre. ça va pas lui plaire, c'est certains.

      - Va falloir que tu te travestisses ! Faut que ce soit bien fait ! Je veux que le premier charlot qu'on croise dans la rue te confonde avec une courtisane de l'Aphrodite ! Alors mets-y le paquet.


      Nul doute que s'il était dans la maison du docteur, il avait accès à sa garde-robe et donc à ses tenus. En tout cas, la tête que June fit à cet instant valait toute la fortune du vieux Loup et Aristote sait qu'elle est conséquente.
      June
      Kÿe semblait étonné, mais résigné. Étonné de la proposition d'aide de son fils, si inhabituelle pour lui. Et résigné de l'accepter pour aider Elisa. Peut-être priait-il intérieurement que June soit réellement compétent pour sauver la femme qui avait percé son coeur d'une nouvelle flèche. En fait, ce qui surprenait le plus le grand blond, c'était ce sourire paternel qu'il n'avait pas vu depuis longtemps. Sans doute Kÿe repensait-il aux vertes années où June apprenait la médecine et où lui apprenait à Jigsaw comment devenir un homme, un vrai. Jig avait toujours été proche de son père plus que de sa mère ; il était toujours et pour éternellement le fils préféré de Kÿe entre les deux jumeaux que sa femme lui avait donnés. C'aurait été mentir que de dire le contraire. Mais hélas, un malheur aux yeux de Kÿe peut-être, c'était le "mauvais" jumeau qui était resté, alors que son frère avait succombé à la maladie contractée lors d'un voyage. Peut-être le regrettait-il encore, après ces années passées, éventuellement songeait-il à son préféré à ce moment où il avait besoin de l'aide de l'autre.

      Mais si c'était Jigsaw qui avait été là à la place de June, il n'aurait jamais pu sauver la Malemort. Bon, il n'aurait peut-être pas assommé la femme médecin, mais c'était une autre histoire ; Kÿe n'était pas au courant de ce fait. Admettons que Jigsaw aurait réagi comme son frère, il n'aurait pas pu soigner. Et l'extravagance de June qu'il n'avait pas ne lui aurait pas permis de vivre la situation qui suit.

      Kÿe avait précisé que les soins ne pourraient pas se faire dans cet état. Pas dans cet état ?! Qu'est-ce qu'il avait, son état ?! June s'examina, vexé. Il s'habillait toujours de façon très élégante - mais néanmoins simple - et les uniformes qu'il avait portés au long de sa vie politique - Chancellerie, Ost... - avaient influencé ses goûts vestimentaires. Bon, il était certes un peu débraillé pour une raison obscure, mais ce n'était pas si grave. Il se détendit quand son père précisa qu'Elisa ne voulait pas d'homme pour l'accoucher. Norf, elle était déjà tout à fait détestable par son sang, voilà qu'en plus elle était exigeante dans une situation où elle ferait mieux de ne pas l'être. Une chiante. Une femme, en somme.
      Il fallait donc trouver une solution à la June. A Kÿe :


      "Un instant."

      Le grand blond disparaît d'un coup, laissant le brun dans l'encadrure de la porte. Il se dirige vers la chambre où le médecin dort comme un bébé. June aurait pu être l'auteur de l'Assommoir tellement la chose était bien faite. Il fouilla dans les commode et armoire qu'elle possédait et en sortit une longue robe de couleur ocre, un tablier blanc et un foulard tout aussi immaculé. Il trouva de même un corset gris. Dans la pièce de bain, il trouva du maquillage. Dans le cabinet, du coton. Il enleva ses propres vêtements, à l'exception de sa culotte courte. Dommage qu'il n'y ait pas de donzelles pour profiter d'admirer ce corps d'athlète ! Il passa le corset, ne le nouant pas serré car trop étroit, et le bourra de coton pour se créer un semblant de faux seins ; il enfila la robe et noua le foulard autour de sa tête pour camoufler sa coupe masculine. Le tablier suivit. Un miroir lui assura que le costume commençait à être convaincant. Il avait beau les détester, il s'y connaissait assez en femmes et en maquillage pour se faire une simple beauté. La chose faite, il contrôla son visage et parut s'en satisfaire.
      Avant de repartir, il fourra ses affaires au fond d'un sac et les recouvra de draps, torchons, ustensiles qui serviront pour l'accouchement. Il prit également une bassine au cas où il n'y en ait pas sur place.

      Il retourna vers la porte d'entrée où Kÿe patientait.


      "Ça va, comme ça ?"

      Il ne lui manquait plus qu'à planquer ses jambes poilues pour avoir l'air totalement crédible au premier regard. Il avisa une paire de bottes non loin de la porte et les enfila. Elles étaient un peu petites, mais en recroquevillant les orteils, ça rentrait. De toute façon, June n'avait pas d'autre choix, la femme médecin semblait apprécier plus que tout autre chose les sandales à la romaine. Il enfila donc les bottes et prit une voix de circonstance :

      (voix de fausset) "Et là ?"
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      Chevaucheur de Sylvestre, Héraut ès Généalogie.
      Kye
      Et là, c'était parfait.

      June tenait beaucoup de sa mère et pas que sur sa façon d'agir, physiquement aussi. Dans cette robe il lui ressemblait beaucoup, bien que plus grand et plus musclé tout de même...En fait, en y regardant bien il lui ressemblait pas du tout. Une chose était sûre, c'était que Kye avait une folle envie de rire.
      En même temps, qui n'aurait pas envie de rire ? Quiconque connait un tant soit peu June, son ressenti vis-à-vis des femmes, n'arriverait pas à se retenir de rire. Pourtant, Kye y arrivait, il avait certes un sourire jusqu'aux oreilles, mais, il ne riait pas.

      Il s'approcha de son cheval et jeta un regard en coin à son fils :


      - Allez, en selle Simone.

      Avant d'essayer de retenir un rire et au final de littéralement exploser de rire, il se retourna et s'appuya contre son cheval pour essayer de contenir son rire mais, à chaque fois qu'il y arrivait un tant soit peu, ça repartait de plus belle. Il en avait les larmes aux yeux tellement il en riait et le pire dans tout ça c'est que June ne pouvait rien faire. En temps normal, le grand blond sera surement déjà venu lui en coller une en plein dans le nez mais là, la robe était trop courte pour lui, l'obligeant à faire des petits pas pour avancer et les bottes étaient trop petites ce qui lui faisait un mal de chien à chaque fois qu'il posait une patte au sol, en gros Kye le verra venir.
      Quelques secondes plus tard, Kye se calme enfin. Plusieurs vies étaient en jeu quand même, il fallait reprendre son sérieux rapidement et ramener June à l'auberge au plus vite. Il regarda son fils, sans sourire et le plus sérieux du monde cette fois :

      - Allez monte, faut y aller.

      June fit un premier pas, un peu maladroit, il luta pour regagner son équilibre ce qui donna encore une fois envie de rire à son père. Le grand blond écarta les bras, comme s'il jouait les funambules enchainant les petits pas jusqu'à la monture. Il essaya de lever la jambe pour glisser son pied dans l'étrier mais il fut bloqué dans son élan par la robe. Kye le regarda et lui dit avec un léger sourire :

      - Va vraiment falloir que tu sois une dame jusqu'au bout.

      Sous-entendu : Tu montes comme une véritable Dame et pas en amazone.
      Kye s'installa derrière June, en équilibre sur les étriers, lui laissant la scelle, plus confortable pour ces petites fesses de Dame et passa ses bras autour de lui pour attraper les rênes. Une nouvelle fois il lança la monture à une allure soutenu mais un peu moins rapidement que tout à l'heure, il ne fallait pas perdre son fils en route tout de même, bien qu'il soit habitué à monter à cheval, il n'était surement pas habitué à se tenir de cette façon.
      Au détour d'une ruelle un gueux lança un "Doucement ! Elle va pas s'envoler ta Donzelle !" Alors que d'autres disaient qu'ils étaient bien pressés de conclure ou alors que c'était beau l'amour.

      Une fois arrive à l'auberge, Kye descendit du cheval en premier et regarda June:


      - Tu débrouilles pour descendre, je vais pas te tenir les hanches pour que tu puisses poser tes doux pieds sur le sol. Dépêches-toi.


      Kye entra en premier dans l'auberge et remonta l'escalier quatre par quatre, se tenant devant la porte de la chambre d'Elisa.

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      June
      Kÿe semblait ne pas vraiment pouvoir se retenir de rire. Résultat, il avait un sourire jusqu'aux oreilles. June choisit pour lui-même un air renfrogné qui lui était plutôt habituel.
      Cette situation était le comble pour un homme comme lui qui n'aimait pas les femmes ; se déguiser en femme, quelle drôle d'idée ! Mais puisqu'il le fallait, June était bien assez fou pour ça. Son père se dirigea vers sa monture, et le grand blond habillé en femme devait se résoudre à le suivre : son propre cheval était pie, donc bien trop voyant et bien trop reconnaissable. Il allait donc rester dans l'écurie de la maison de la doctoresse le temps de son intervention dans l'histoire.

      Après un premier pas plus douloureux que maladroit en direction de la monture de Kÿe, écarter les jambes dut une des solutions qu'il essaya pour soulager ses orteils qui déjà protestaient de n'avoir que cet espace restreint. Il essaya de monter à l'étrier, comme d'habitude, mais la robe trop étroite le bloqua à tel point qu'il dut abandonner l'idée. Une dame jusqu'au bout, qu'il avait dit, l'autre. Accusant le coup, il se hissa sur la selle à la force de ses bras. Se penchant en avant pour laisser à son père la place de monter derrière lui sur la bête, il grimaça lorsque ses bijoux familiaux se trouvèrent écrasés sous lui par le pommeau de cuir. Ses deux jambes pendaient du côté gauche et il essaya de s'agripper. au mieux au pommeau et à la crinière du cheval pour ne pas tomber lorsque son paternel lança l'animal à une allure plus soutenue. Un vieux devant qui il passèrent cria à Kÿe que sa donzelle n'allait pas s'envoler ; June lui répondit par un geste obscène qui sembla choquer le gars ; peut-être n'avait-il pas l'habitude de voir une femme lui faire un bras d'honneur... Ou alors c'était la robe qui s'était soulevée avec l'air, découvrant les poils des jambes de June, qui lui avait donné cet air interdit. En tout cas, on ne pouvait pas les rater : en plus de la tenue atypique du grand blond devenu grande blonde, le sac de toile contenant les affaires de June et ce qu'il fallait pour accoucher Elisa s'était lancé dans une danse bringuebalante avec la bassine, ce qui causait un grand fracas dans les rues pourtant calmes de la ville.
      Puis, une fois qu'ils furent enfin arrivés, Kÿe le laissa se débrouiller pour descendre et courut rejoindre Elisa à l'auberge. June se laissa glisser de la selle en écartant l'étrier pour éviter d'arracher au passage sa robe. Même s'il avait de quoi faire une jupe de fortune avec les draps qu'il avait emportés, il n'avait pas envie de jouer à la couturière en plus de la sage-femme. Il se dirigea vers l'auberge, puis rejoignit Kÿe devant la porte de la chambre où se trouvait la future mère. Il ajusta une dernière fois son costume et lança à son père un regard entendu.

      Il était prêt.

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      Chevaucheur de Sylvestre, Héraut ès Généalogie.
      Elisa.baccard
        « C'est comme un feu d'artifice qui s'éteint d'un coup et tout devient noir. Je me sens seule, malade, j'ai mal au coeur et chaque mouvement me coûte des efforts colossaux. »
            « L'Élégance du Hérisson »



        Bon Dieu mais où est ce médecin ? J’ai maaaaaaal !

        Elle les détestait, tous autant qu’ils étaient. Une bande d’incompétent qui n’arrivait même pas à soulager sa douleur. Son troisième enfant… et pourtant ça faisait toujours aussi mal… Bon sang ! Pourquoi tu m’as fais ça Rotule ? Pourquoi tu me fais subir cette horrible douleur alors que tu n’es même pas là ? Que tu ne pourras même serrer dans tes bras ton enfant, que tu ne le verras jamais sourire, rire, pleurer, marcher, courir, jouer, crier, aimer… Pourquoi me fais-tu vivre cela toute seule ?

        Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

        Les larmes viennent couler tout le long de ses joues. Elle n’a jamais eu aussi mal en faite… Comme si cette naissance faisait renaître la douleur de cette perte. L’image de son corps sur le sable, froid, vide, blanc… mort. Le bruit de ses sanglots chaque nuit durant, et les murmures de ses prières, chaque matin sur sa sépulture. Cette sensation de froid et de vide dans leur couche la nuit, tandis qu’elle ne peut plus venir rejoindre ses bras pour s’endormir en sécurité, comblée, heureuse, amoureuse… Non. Aujourd’hui, elle pleure, elle crie, elle a froid, elle est vide, elle est seule… Tellement seule.

        Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

        Nouvelle contraction tandis que la porte de la chambre est ouverte par Suzanne. Elle s’apprêtait à répéter à Kye en le voyant, qu’il n’était pas autorisé à rentrer dans la Chambre quand la Duchesse parla avant elle.

        Le médecin vite ! Le bébé sort, maintenant Suzanne ! Mainte….

        Et le silence. Plus de cris, plus de soupire, plus de paroles… La Malemort devient tout à coup fort silencieuse. Comme si la douleur avait finalement eu raison d’elle… Après tout à quoi bon se battre… à quoi bon vouloir vivre alors que le Père ne sera même pas là ?
        Les yeux noirs finissent par regarder par la porte et apercevoir Kye. Et là, une décharge électrique vient parcourir le corps de la future mère. Elle se souvient tout à coup la sensation de ses lèvres sur les siennes, la douceur de ses mains sur ses joues, la sensation forte de sa main dans la sienne. Alors la Duchesse se souvient pourquoi elle est là. Pourquoi elle souffre en cet instant… Car elle veut se battre, pour ses enfants mais aussi pour lui… Car il est rentré dans sa vie il y a quelques mois et la Malemort ne veut plus le voir repartir. Car sa présence lui permet d’être rassurée, car il la fait rire, car il la protège, car il la fait sourire, car il la rend heureuse tout simplement… En étant lui, en étant là.

        Les yeux se tournent un peu plus, et elle aperçoit alors une autre personne à son côté… Elle cru d’abord à une dame en imaginant le médecin... Soulagé. Kye était finalement parti cherche le médecin… Mais ce fut sans compter sur sa vision qui se fait plus net et qui d’un seul coup découvre…


        June !

        Et le prénom est accompagné d’une nouvelle contraction.

        Que fichez-vous ? Aidez-moi ! Ne me laissez pas mourir comme ça, ne laissez pas mourir mon enfant ! Je vous en conjure, June !

        Mais que fichait-il habillé en femme ? Voilà pourquoi ils avaient été si longs à revenir… Elle n’eut même pas envie de chercher à comprendre il avait remit des jupons pour venir l’aider à enfanter. Autant, elle n’avait jamais accepté que le père ou qu’un autre homme soit présent à ses accouchements… Autant s’il était médecin elle n’avait rien dit… Elle avait même laissé Hannibal, son frère, l’accoucher de sa première fille, Emelyne.

        Il serait toujours tant de poser la question plus tard… Pour l’heure, il est temps d’accoucher car la tête est déjà bien engagée…

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