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[RP] Für Elisa*

Elisa.baccard
[ Montpellier - Languedoc ]

Tourne le monde, mais pourquoi ne tourne t-il pas dans le bon sens ? Pourquoi s’acharne t-il à se jouer de ce qui ne savent pas ? Certains ont besoin de se raccrocher aux branches, de respirer une odeur connue et rassurante, d’autres ont juste besoin de bras réconfortant leur affirmant que ça ira. Oui la Malemort était de ces gens là, elle avait besoin d’être rassurée, conseillée, aidée, guidée pour faire son choix en connaissance de cause… Son époux avait prit ce rôle durant des années, il avait su la protéger, l’enfermer dans une bulle merveilleuse qui finalement l’avait coupé de la réalité. Et maintenant ? Un an qu’il n’était plus. Et la belle devait désormais faire face seule, car personne n’avait su trouver cette place qu’il s’était créé.

Bien évidemment, elle avait rencontré Kye, mais cette relation était bien différente. Elle l’aimait d’une pure folie, bravant les interdits et les barrières que son rang et ses prétendues valeurs lui avaient fixées durant toute sa vie. Elle osait dire non, rire, chanter, danser, sourire… Elle s’était trouvée une insouciance de jeune fille, malgré ses occupations et ses responsabilités. Et puis le coup fatal était arrivé. Ce coup qui arrive si brutalement et qui vous brise les reins. Vous vous retrouvez alors allongés, sans réellement comprendre ce qui vous arrive car votre corps ne vous obéît plus. Vous perdez petit à petit ce que vous avez de plus cher, vous quittez le moindre repère que vous vous étiez crée, et vous finissez par vivre seule, le cœur douloureux. Car le moindre sourire que vous faites est tel une brûlure qui vous rappelle que vous n’êtes ici que pour souffrir désormais.

Mais le bonheur dans tout cela, où est-il ?

La Duchesse s’était imaginé ce nouveau petit être, il devait être brun, évidemment, elle aurait laissé ce petit bonhomme avec ses cheveux jusqu’aux épaules. Ses yeux auraient été légèrement en amande. Sa peau blanche, des lèvres rosées mais fines. Tout comme son corps qui aurait eu la morphologie de ses deux parents… Svelte. Son esprit aurait été vif, pénétrant et de toute évidence, il se serait démarqué tel un grand politicien une fois en âge de le devenir. Il aurait fini Marquis, Prince et enfin Roy. Faisant de ses parents une fierté sans nom. Mais à la place de ça, il avait laissé un trou béant dans le cœur d’une mère bouleversée et d’un père plus vraiment père.

Tapotant ses doigts sur le bois du secrétaire qui venait enfin d’être placé dans le bureau de la Duchesse, la Malemort était assise devant ce parchemin encore vierge, un encrier noir ouvert et une plume qui ne demandait plus qu’à retranscrire ce que la jeune femme souhaitait lui dire… Mais par où commencer à dire vrai… Il y avait tant de choses à dire… Cette lettre serait certainement un brouillon, comme l’était son cœur depuis vingt jours…


Citation:



A vous, Kye de Noircastel, Huissier Royal,
De nous, Elisa Sophie Mathilde de Malemort, Veuve Baccard, Dicte la Courageuse, Duchesse de Clermont en Viennois, Dame de Saint-Paul-en-Tricastin, Dame de Saint-Bonnet-en-Bellac,


Salutations,

    Je ne sais réellement si les mots auront plus de facilité à glisser sur le vélin plutôt que de sortir d’entre mes lèvres. Au moins, j’aurais essayé les deux. Malheureusement, je sais aussi que cela sera la dernière possibilité pour tenter de vous faire comprendre ce que je ressens envers notre histoire, cette aventure, notre enfant et vous.

    Vos mots m’ont blessés, mais vous le savez. Je les ai pardonné comme vous le savez aussi, car vous n’étiez pas vous-même ce soir-là. Un homme nous a prit notre enfant, et votre colère s’est déversée sur moi. Je le conçois, sans l’accepter bien évidemment. Mais parfois la douleur nous fait dire des mots que nous n’aurions jamais pu imaginer avoir dans notre esprit concernant la personne. Je me persuade que cela fut le cas pour vous. Que ces mots ont dépassés votre pensée sans réaliser la portée qu’ils pourraient avoir envers moi.

    Cette agression m’a fait beaucoup de mal, physiquement tout d’abord, car même si je le montre peu, la blessure à ma cuisse me fait extrêmement souffrir au quotidien, mais également psychologiquement. Cet homme a réussit à nous suivre jusqu’à Montpellier, depuis combien de temps m’observait-il ? N’a-t-il pas eu envie de s’attaquer aux enfants ? Et si mon cousin ne m’avait pas fait suivre par ses gardes ? Depuis combien de temps attendait-il que je sois seule ? Sont-ils plusieurs ? Cela peut-il recommencer ? Voilà toutes ces questions que je me pose et je n’ai aucune réponse. Et personne ne peut m’apporter de réponses. Vous m’avez demandé l’autre jour si tous les gardes qui me suivaient désormais étaient-ils obligatoires ? Oui. Car je ne me sens pas en sécurité. Au moindre bruit dans la rue, je sursaute. Au moindre cri, je me tétanise. J’ai peur. J’ai réellement peur de ce qu’il peut advenir désormais pour ma famille, pour mes enfants, pour moi.

    La perte de notre enfant fut dès plus terrible pour moi. Comment puis-je être une bonne mère tandis que je n’arrive pas à offrir la vie à un être sans défense ? Celui-ci s’était logeait dans mon ventre, bien au chaud. Je le pensais en sécurité tandis que mon ventre commençait tout doucement à s’arrondir. Je commençais également à ressentir comme des petites bulles à l’intérieur sûrement lorsqu’il bougeait. Désormais, je ne ressens plus rien. Mais les jours qui ont suivi l’agression, malgré le fait que cet enfant n’existait plus en moi, je continuais d’être malade. Comment peut-on réussir à être forte tandis que notre corps nous croit encore enceinte, tandis que notre esprit sait pertinemment que l’enfant n’est plus ? J’ai souffert si fort. Et je souffre encore tellement que le mal en devient vide. Sans le moindre sens.

    Mais vous, où étiez-vous ? A vos yeux, j’étais la fautive, mais aujourd’hui, le suis-je encore pour vous ? Je sais Ô combien la perte de cette enfant est aussi douloureuse pour vous. Mais pourquoi n’avons-nous pas affronté cela à deux ? Comme le fait un couple normalement. Comme le font des parents qui viennent à perdre leur enfant. Saurez-vous me pardonner de n’avoir su offrir la vie à cet enfant, notre étoile ?


J’ai besoin de votre pardon.

En toute sincérité,


Une étoile,






Kye
« Les effets de la colère sont beaucoup plus graves que les causes. » Marc-Aurel


Quarante années que cet endroit était en dehors du temps. C'était comme si du jour au lendemain la vie s'était arrêtée ici. Les jouets des enfants étaient restés dans les jardins, les salles n'étaient plus lavées et la poussière avait terminé son invasion depuis deux décennies. Les horloges n'avaient plus été remontées depuis que ce moment tragique avait eu lieu, les aiguilles affichant 8h16min.
Il avait insisté pour que tout reste ainsi, pour que la dernière demeure de ses parents, celle qui n'avait pas brulé, reste en l'état.

Alors elle resta en l’état.

Le temps faisant son oeuvre, la nature reprenait ses droits, petit-à-petit sur le lieu. Sans jardinier, les arbres poussaient librement et les mauvaises herbes se multipliaient allégrement. Le jardin de Karwen était méconnaissable, autrefois finement aménagé, il était maintenant le territoire de centaines d'insectes. L'eau claire des fontaines, était croupie et offrait un abreuvoir naturel aux animaux errant.
Un nouvel animal avait fait de ce lieu son territoire depuis peu. Un vieux loup blessé au coeur.

Il ne quittait que rarement le bâtiment et lorsqu'il y était, c'était tout juste s'il bougeait. Il avait laissé les volets suffisamment ouverts pour voir l'extérieur sans que la chaleur et la lumière ne rentrent de trop. Depuis quelques jours, il était devenu photosensible. C'est un des problèmes lorsque vous êtes en manque de sommeil, la lumière du soleil vous donne un mal de crâne à vous taper la tête contre les murs parfois. Mais, s'il le faisait, la bâtisse s'écroulerait sur elle-même alors autant fermer les volets.
Le tac des horloges, s'était arrêté douze secondes après 8 h 16, celui du coeur de Kye s'était arrêté il y avait 20 jours et n'avaient pas repris depuis. A quel moment précisément s'était-il arrêté ? Etait-ce lorsqu'il a appris la nouvelle à propos d'Elisa ? Ou bien était-ce lorsqu'il a pris pour leur enfant ? Ou lorsqu'il s'est emporté contre elle et qu'il a ensuite réalisé ce qu'il avait fait ? Difficile à dire, disons que chacun de ses évènements ont déréglé cette horloge et que pour se protéger d'une rupture irréversible, elle s'est tout simplement arrêtée d'elle-même.

Le temps s’était donc arrêté ici. Même les cycles jours/nuits n’avaient plus d’importance pour le Noircastel, la lumière qui rentrait était la même, il ne faisait pas plus chaud ni plus froid et les bruits étaient toujours les mêmes.
Un jour, Eli vint le voir. Ou une nuit ? Appelons-ça un moment.


- Kye… ? Kye… ? C’est Eli…

Eli, venait le voir tous les jours. Elle s’inquiétait pour se pauvre petit garçon, elle l’avait toujours appelé ainsi et malgré leurs âges avancés c’était resté comme ça.
Mais en ce moment elle venait un peu moins. Enfin, c’était la sensation que Kye avait mais peut-être qu’il ne remarquait tout simplement pas toujours la présence de la vieille dame.

- Ah, vous voilà enfin. Ce n’est plus possible, Kye, il faut vous ressaisir mon pauvre petit !

Elle prit le pichet de vin à moitié vide et le verre à moitié plein pour les mettre ailleurs.

- Et puis regardez-vous. Vous empestez l’animal. Allez donc prendre un bain !

Elle se dirigea vers l'ancienne salle de bain, pour voir si c'était toujours possible de lui y faire prendre un bain. Visiblement oui, il fallait juste trouver de l'eau chaude, bien que du froid réveillerait aussi l'animal et ne lui ferait pas de mal.

Eli, c’était la nourrisse de Kye. En réalité, elle s’appelait Elizabeth, mais quand Kye était petit il n’arrivait pas à prononcer le « za » du prénom, alors il s’était arrêté à Eli. Elizabeth ne lui en a jamais tenu rigueur et c’est resté ainsi depuis. Eli, était dans la famille depuis toute petite, sa mère avait travaillé pour les parents de Kye et sa grand-mère pour Karwen, la mère de Kye et surement que ses ancêtres aussi. Alors, quand sa mère ne fut plus en âge travaillé, elle prit la relève. Elle avait tout juste 13 ans lorsque le petit enfant à l’oreille pointu vit le jour.
Par chance, elle n’était pas présente lors de l’incendie du château. Elle était chez le frère de Kye, en train de s’occuper de l’enfant, qui venait de voir le jour. Puis lorsque le frère disparu à son tour, Kye l’envoya ici, à Montpellier. Même lorsque Kye disparu pendant plusieurs années de sa famille, il revenait souvent ici. C’était comme son sanctuaire et à chaque fois elle prenait soin de lui, allant jusqu’à le recoudre lorsque c’était nécessaire. Eli était douée, dans beaucoup de domaine.


- Vous avez reçu du courrier.
- Foutez-y le feu.
- Je pense que vous voudrez lire celle-ci avant…


Kye haussa les épaules alors qu’Eli posait la lettre sur un plateau d’argent en face de lui. Un ruban bleu entourait le vélin et de loin il reconnu la lune sur le cachet. Une lettre des Malemorts.

Lire ou ne pas lire ? Encore un choix difficile. Aussi difficile que celui qu'il s'était imposé quelques jours plus tôt : Partir ou ne pas partir ? Heureusement, Lizzie avait réussi à le faire changer d'avis. Enfin, il se disait cela, il essayait de se persuader que c'était mieux ainsi et que tout allait finir par s'arranger, mais au final, plus le temps passé et moins il voyait de solution.

- Venez donc vous laver, puant !

Le Noircastel soupira et se leva en laissant la lettre sur le plateau d'argent. Il traîna la patte jusqu'à la salle de bain et rouspéta lorsqu'il se glissa dans l'eau. Bordel qu'elle était froide, cette vieille peau aurait au moins pu la faire chauffer, ça ne lui aurait pas rajouté une ride. Puis, elle le laissa quelques dizaines de minutes, seul.

Puis, Eli revint, des serviettes entre les mains. Kye n'a pas bougé, il était toujours dans son bain en train de regarder un tableau, alors elle se mit dans un coin et attendit tout en le regardant. Ça lui faisait vraiment mal, à elle aussi, de le voir dans cet état. Elle se souvenait encore de l'éclat qu'il y avait dans ses yeux lorsqu'il était petit. Lorsque ses parents étaient toujours en vie. Cet éclat, elle pensait l'avoir revu il y a peu, quand il était venu lui dire qu'il allait avoir un enfant avec une magnifique femme et qu'il serait vraiment très content de les présenter. Mais depuis, plus rien, le bleu était devenu sombre, comme sans vie.


- C’est elle, n’est-ce pas ?
- Qui ?
- Sur le tableau, la femme, c’est elle dont vous me parliez à chaque fois ?
Kye ne répondit pas, mais elle comprit à son regard que c’était bien cette femme. Elle ressemble beaucoup à votre mère. Toujours aucune réaction. Et vous à votre père, comme lui et comme vous avez toujours fait, vous finirez par trouver un moyen de retomber sur vos pattes. J’en suis certaine.

Mais toujours aucune réaction de sa part, alors Eli laissa les serviettes sur un meuble et quitta l’endroit.
Il fini par sortir du bain et lire la lettre. Sans prendre le temps de se sécher ou de s’habiller, il s’attela à une réponse. Combien de temps mit-il pour répondre ? Difficile à dire, en tout cas, Eli fini par revenir et lui donna la lettre.



- Apportez-lui en personne, ne passez par aucun intermédiaire.


Citation:

A vous, Elisa Sophie Mathilde de Malemort, Veuve Baccard, Dicte la Courageuse, Duchesse de Clermont en Viennois, Dame de Saint-Paul-en-Tricastin, Dame de Saint-Bonnet-en-Bellac, une étoile,
De nous , Kye de Noircastel, Huissier Royal



Salutations,

Si j'ai perdu ma langue depuis quelques jours, j'espère ne pas avoir perdu ma plume et que de l'encre coulera sur ce vélin.


    Bien que j'ai reçu beaucoup de coups dans ma vie. La douleur provoquée par chacun ne sera jamais comparable à celle que l'on recent lorsque l'on perd un enfant. Notre enfant. Je ne vous dirai pas donc, que je comprends votre douleur physique. Cependant, je recent le même déchirment dans mon coeur.
    Ce déchirment semblable à une vasle à trois temps. Provoquant la sidération, la culpabilité et la colère. Colère que je n'ai pu contrôler et dont j'ai laissé les flots se déverser contre vous. Quand bien même je sais que vous m'avez pardonné, je ne pourrais jamais me pardonner moi-même pour ce que je vous ai dit. Les mots que j'ai eu, ne sont pas ce que je pense de vous, ni-même ce que je ressens pour vous. Ils en sont tout le contraire, des odieux mensonges.

    Je comprends vos interrogations. Votre peur. Elles me rappellent celles que j'ai posé à mon frère lorsque j'avais dix ans et celle que je me suis posé quelques années plus tard lorsqu'il a disparu. Ces questions, sont celles d'une enfant perdu et appeurée. Si vous avez encore, au fond de vous, une étincelle de confiance en moi, allimentez-la avec un peu d'amour et sachez que je ne désire rien d'autre que de rester à vos côtés. Je ne vous quitterai jamais et je ne partirai plus comme je l'ai fait ce jour-là.

    Souvenez-vous aussi, que vous avez mis au monde cinq magnifiques enfants et qu'ils ont besoin de leur mère pour les guider dans la vie. Souvenez aussi, qu'il y a Lizzie, qui même si vous n'êtes pas sa véritable mère, a besoin de vous plus que jamais dans sa vie. Être mère, ce n'est pas simplement donner la vie, c'est aussi guider celle des autres. Ca vous le faites à merveille avec eux. Vous êtes une bonne mère, aimante et attentionnée, vous êtes ce qu'il y a de mieux pour les enfants. N'ayez aucun doute la-dessus.


    Si la perte de notre enfant m'affecte beaucoup ce n'est pas ce qui m'effraie le plus. Ce qui me fait le plus peur en ce moment, c'est de vous perdre. Il ne se passe pas une journée sans que je ne m'imagine cette éventualité. Je pense que je dois remercier le seigneur de vous avoir laissé en vie et qu'une bonne étoile veille sur nous, là-haut.



Je vous accorde mon pardon le plus sincère.

Je suis un loup qui ne chante plus la nuit, car l'étoile qui l'écoutait a filé.



_________________
Maiwen
Elisa de Malemort venait juste de refermer la porte de la taverne, y laissant Maïwen seul. Les larmes coulèrent le long de ses joues, sans qu’il ne puisse les retenir. Dire qu’il ne pleurait jamais était faux. Il craquait assez souvent de colère. Mais de tristesse, ainsi ? Même quand Haëlig était partie, c’était de colère qu’il s’était exprimé, avant de vite se montrer froid comme la glace ; il intériorisait encore beaucoup de choses, et souvent au lieu de montrer aux autres ses émotions il se repliait sur lui-même. Pas cette fois. Cette fois les larmes coulèrent, longuement, il n’essaya même pas de les retenir. Il n’y pensa d’ailleurs même pas. Ces larmes étaient comme une évidence ; il voyait quelqu’un qui lui était cher partir loin, très loin de lui, et il en souffrait. Il n’était plus ce jeune homme distant et froid qu’il avait pu être. Non, cette personne n’existait plus.

Pourtant, dire que les semaines qui suivirent lui furent difficiles serait un mensonge. Elles furent à la fois longue, de par l’absence de celle qui était devenue une proche de Maïwen avait une facilité déconcertante au vu des innombrables disputes et de leurs fichus caractères, mais elles furent aussi très courtes. Il retrouvait le goût de vivre au côté d’Heaven du Cougain. Souvent, un sourire était présent sur ses lèvres. Depuis quand la vie n’avait-elle pas été aussi douce pour lui ? Il se révélait incapable de répondre à la question.

De nombreuses gouttes de pluies s’écrasaient inlassablement contre le sol. Par cette pluvieuse soirée, Maïwen s’était confortablement installé dans un fauteuil, vers la cheminée, au sein de la bibliothèque du château d’Heaven dans lequel il avait élu temporairement résidence. Celui-ci avait connu de grands aménagements ; si l’apparence-même des lieux damerait sévère et austère, le lieu était en fait très confortable, notamment cette pièce dans laquelle il passait la moitié de ses journées.

Un jeune scribe avait pris place sur un bureau situé au milieu de la pièce, plume, encore, et parchemin à portée de main. Maïwen aurait voulu écrire lui-même, mais désirait que cette première lettre soit propre, et n’était clairement pas en état de prendre la plume lui-même, avec son bras droit cassé. Alors, il transmettait la tâche à quelqu’un d’autre qui l’accomplirait mieux que lui, en se contentant de dicter.

Citation:
A vous, Elisa de Malemort, duchesse, ancienne régnante, et par-dessus tout mon amie
De moi, Maïwen


      Salutations,

    Je ne sais s’il est trop tôt pour écrire, ou s’il est trop tard, mais c’est malgré tout ce moment que j’ai choisis, peut-être parce que le manque de votre personne se fait doucement ressentir. Peut-être parce qu’en cette froide soirée d’hiver, je n’arrive pas à dormir, et je maltraite donc un pauvre scribe pour qu’il écrive ce que je lui dicte. Peut-être que j’ai envie de vous écrire, tout simplement.

    J’ai quitté Montpellier, avec Allena, Heaven, Ilaria, Xavier, Nicolah, Castelreng (oui les femmes d’abord) et quelques autres, pour Narbonne. Ne me demandez pas pourquoi, je n’ai toujours pas compris, mais le fait est que cela ne m’importe pas beaucoup ; Narbonne est une belle ville, y êtes-vous déjà allé ? Ne pensez pas que ce n’est là qu’un prétexte pour vous ramener jusqu’à cette province si accueillante qu’est le Languedoc ; même si c’est le cas.

    J’imagine qu’à l’heure où j’écris, vous devriez être en bonne route pour la Normandie. Peut-être en Limousin. Sans doute plus loin. Je ne sais à l’allure à laquelle vous allez, mais je ne peux qu’espérer que la route vous est agréable, ou du moins, que les brigands ne se sont pas frottés à vous même si j’ai plus ou moins confiance en la capacité de vos gardes. J’enverrai cette lettre dans vos terres, en Limousin. A partir de cet endroit, j’imagine qu’on saura bien vous transmettre la missive.

    Ce début de mandat se passe, pour moi, plutôt bien. S’il y a des tensions, elles ne me concernent en rien, j’ai un terrain d’entente avec mes anciens colistiers (cela va de soi), mais les relations sont également bonnes avec les autres conseillers. Je pense pouvoir dire sans mentir que je m’y attendais.

    Je me remets lentement de mes blessures. Dans quelques semaines, je n’y paraîtrai plus. Les rondes de nuit à Montpellier ont été augmentées, par ailleurs, à ce que j’en sais, mais je vous avoue que je ne vais plus me risquer, où que ce soit, à me promener seul en pleine nuit. Peut-être pouvez-vous me comprendre, parce que vous avez vécu, vous vivez, ce que je vis en ce moment. Le sursaut, quand quelqu’un est un peu trop brusque non loin de moi, quand une porte claque. L’inquiétude, quand je pense que je suis suivi. Les nuits blanches. Les cauchemars, les cris, les réveils en sursaut la nuit, le reste du temps. J’ai peur. Et je vous en prie, ne m’écrivez pas que tout ceci est votre faute. Si c’était à refaire, je le referai. Sans hésiter, parce que vous comptez pour moi à ce point-là.

    Je vous avoue que je me suis considérablement rapproché d’Heaven du Cougain. Elle est belle, intelligente, intéressante en tout point. En somme, j’apprécie sa compagnie, et c’est un euphémisme. Je ne me pose pas vraiment de questions, avec elle, cela me paraît inutile ; et je ne m’en plains pas, loin de là.

    Dehors, le temps s’est considérablement rafraichi. Cette fois, l’hiver est là ici, alors, où que vous soyez, je n’imagine même pas quel froid il doit faire. J’imagine malgré tout que vous y êtes habituée.

    Devant l’absence de réponse que m’avait étrangement opposé Enduril (étrange, il s’agit de la mère adoptive de la duchesse de Nice ; sans doute une coïncidence), j’ai écrit à un autre diacre pour accomplir un premier pas vers l’Eglise Aristotélicienne. Ma foi, ma personnalité, ont beaucoup évolué ces derniers mois, tant et si bien que j’ai finis par prendre cette décision. Je vous en ai déjà parlé, il me semble. Cette fois, j’ai reçu une réponse, voilà ce qui importe. Puis l’archevêque de Narbonne en personne m’a proposé de célébrer mon baptême, mais je ne sais pas trop si je vais accepter même s’il s’agit d’un grand honneur. Je verrais, le chemin est encore long, mais les mots que j’ai reçu ont su me conforter dans le choix que j’ai fait. Ce n’était pas gagné d’avance…

    Je pense à vous, Elisa. Je ne vous oublie pas. Et ce n’est pas près de changer… J’attends de vos nouvelles.




La lettre partirait au lever du jour, si toutefois le temps le permettait. Les épisodes pluvieux s’abattant sur le Languedoc étaient à la fois rares et d’une violence inouïe. Parfois, on allait se coucher le soir, et le matin, tout était inondé, et on était confiné chez soi… quand toutefois on était un privilégier, comme Maïwen, et on avait encore un chez-soi.
Elisa.baccard.



[ Tours - Touraine ]

La lettre était arrivée jusqu’à elle, seulement quelques jours plus tôt. Juste avant son départ pour Paris. Elle n’avait donc pas eu le temps d’y répondre. Mais celle-ci était restée, dans son sac, prête à être relue dès que le besoin se faisait sentir. Pour être franche, Montpellier ne manquait pas une seule seconde à la Malemort et pourtant un point noir persisté… Si la ville ne manquait pas, cet homme, par contre, avait laissé un grand vite. Ils ne se connaissaient pas depuis de longues années comme certains peuvent décrire leur amitié et pourtant, la Malemort avait appris à le connaître dans des moments difficiles. Il avait été là pour l’aider à remonter la pente, pardonner, sourire et recommencer tout doucement à vivre et faire confiance malgré les blessures -physique et psychique-.

Ainsi, une fois de retour dans les terres tourangelles, la Duchesse s’était isolée de ses frères et sœurs d’armes pour commencer la rédaction de cette lettre qui avait déjà trop attendue. A la lueur d’une bougie, qui lui servirait plus tard à sceller le courrier, elle commença à écrire, elle s’était promis de rester forte et ne pas lui rappeler ses peurs suite à l’agression qu’il avait subi à cause d’elle… Mais cette promesse ne serait sûrement pas tenue. Maïwen lui avait appris au moins une chose : Rien ne sert de faire attendre, autant parler directement. A défaut de pouvoir parler, parfois, elle écrivait de la même manière. Elle avait eu si peur pour lui lorsque le lendemain elle l’avait vu dans cet état alors que la veille elle l’avait quitté avec un sourire aux lèvres. Non, la promesse ne serait pas tenue…
Les mots glissaient petit à petit sur le vélin. Sans réfléchir, la lettre serait peut-être décousue mais qu’importe après tout….





Citation:



A vous, Maïwen, Avocat du Dragon, peut-être toujours Juge du Languedoc et surtout, mon cher ami,
De nous, Elisa de Malemort, Veuve Baccard, Dicte la Courageuse, Juste nous,



Salutations,


    Quel ne fut pas mon plaisir de voir vos mots déposés sur ce vélin à défaut de votre écriture. Je déplore néanmoins la lenteur de mes gens pour réussir à me transférer cette lettre. Mais je comprends que cela n’est pas évident pour eux. Nous bougeons chaque jour, et parfois le matin, nous nous retrouvons dans un village que je ne pensais pas visiter. Mon courrier met donc du temps à arriver. Mais malgré l’attente, j’étais ravie de pouvoir vous lire.

    Nous sommes donc, arrivés après un très long voyage dans les terres Normandes. Accueillantes, certainement, quoi que bien vides comparées à notre Montpellier, ville de l’agitation du soleil jusqu’à la lune. Nous avons retrouvés l’armée qui nous attendait comme prévu. Nous intégration ne s’est pas faite immédiatement… Mais je peux désormais vous le dire. Me voilà Cadet de l’Ordre Royal des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. Mes frères et sœurs d’armes sont des plus accueillants, je suis réellement ravie d’être entrée dans cette grande famille. C’est d’ailleurs l’un d’eux qui a été mon cavalier au Grand Bal du Soleil et de la Lune qui a été donné à Paris. En avez-vous entendu parler ? Toute la Haute Noblesse de France était conviée. Enfin bref…

    Comment se passe votre vie à Narbonne ? Je ne connais pas cette ville, vous deviez me faire visiter le Languedoc et vous avez eu, finalement, d’autres projets. Peut-être le ferez-vous, dans l’avenir ? Je pense souvent à vous, et à cette nuit où vous m’avez ramené chez moi. Je me dis que si j’avais refusé tout cela ne se serait peut-être pas passé. Oh mais je sais ce que vous allez me dire, mais je ne peux pas m’en empêcher, je sais que tout cela est de ma faute.

    Qu’ils ont voulu m’atteindre en vous blessant et ils ont réussi. Oui de toute évidence, ils ont réussi car aujourd’hui, je n’ose plus me rapprocher de quelqu’un comme je me suis rapproché de vous par peur qu’il ne lui arrive la même chose qu’à vous. Je préfère subir moi-même la violence celle-ci fera toujours moins mal que la culpabilité dès que mes yeux se posaient sur vous. Et vous ne me dites pas que vous le ferez, car vous n’avez rien à voir là-dedans, ils n’auraient jamais dû s’attaquer ainsi à vous. C’était faible, lâche, mesquin et sans courage.

    Je sais combien la douleur mentale est parfois plus difficile que celle physique. Car même si les coups s’effacent, les blessures guérissent, le traumatisme lui persiste. Entourez-vous, de vos gardes, vos amis, votre promise. Ne restez pas seul. C’est le seul moyen qui vous permettra de remonter cette pente vertigineuse. Malheureusement la descente est toujours plus rapide que le retour. J’aurais aimé être là, vous aidez à aller mieux, mais je ne peux pas. Je me console en sachant que vous êtes bien entouré, que vous n’êtes pas seul et que vous êtes heureux. L’êtes-vous Maïwen ? Si cette femme vous rend heureux, alors je vous souhaite tout le bonheur qu’il puisse être auprès d’elle. Puissiez-vous connaître la grandeur que l’amour peut nous offrir en l’être qui nous est cher. Cela vaut la peine. Ne réfléchissez pas, vivez, c’est tout ce que vous méritez Maïwen.

    Mes prières, mes pensées et mon affection vous accompagnent.






Ps : Offrez un verre de vin et quelques pâtes de fruits, du coing de préférence, à votre Scribe pour le remercier de cette nuit qu’il a passé à écrire.


_________________
Elisa.baccard.
[RP écrit par JD Maïwen et posté sur sa demande]



Être heureux, au point de ne rien désirer de plus. Être comblé, en amour, en amitié, et en travail, parvenir à un point où se rendre compte que se plaindre est un blasphème, une insulte pour les personnes qui souffrent d’une manière ou d’une autre. Voilà le dur problème auquel était confronté Maïwen depuis ces dernières semaines. Lui pour qui la vie n’avait jamais été clémente, se voyait à présent octroyer des choses auxquelles tout homme rêvait ou devrait rêver. Lyria de la Noé de Proisy-Fortunat, son souvenir le plus sombre, celui qui faisait qu’encore aujourd’hui, ses nuits étaient parfois agitées, et ses journées parsemées de doute jusqu’à peu – que ce serait-il passé s’il n’avait pas accompli la plus grande idiotie de sa vie ? – ne s’imposait plus à lui aussi distinctement que ce fut le cas par le passé.

Hélas, il y avait malgré cela un point noir dans la vie de Maïwen. « Une étoile ». Elisa de Malemort. Duchesse de… duchesse de peu importe quoi, d’ailleurs, elle ne lui avait jamais dit et il ne lui avait jamais demandé, pas plus qu’il ne s’était renseigné lus que ça à son sujet. Il avait un souvenir d’elle. C’était à Limoges, il y a maintenant de nombreuses années. Blessé, malade, affamé et assoiffé, il était péniblement parvenu à rejoindre une taverne. Elle lui avait offert de l’eau. Il s’en souvenait distinctement. Comme si c’était hier, comme s’il venait juste de quitter cette taverne. « Une étoile ».

Elle était partie, ayant su gagner le respect de Maïwen en l’espace de quelques instants. Jamais il ne critiqua la famille pourtant si controversée des Malemort. A l’époque de leur règne, il n’était de toute façon qu’un vagabond ; vagabond cultivé et certainement aux grandes capacités, mais vagabond malgré tout, qui n’y connaissait strictement rien à la politique royale, et qui, du reste, n’en avait cure tant qu’on le laissait voyager. Des Malemort, il retint l’image d’une famille capable de tendre la main à un pauvre malheureux qui crève de faim.

Ce Maïwen avait disparu, comme tant d’autres avant et après lui, pour laisser place à un jeune bourgeois riche aux fonctions nombreuses ; mais le respect, lui, n’avait pas disparu, pas plus que le souvenir. Quand il revit, au coin d’une taverne, la duchesse de Clermont-en-Viennois, s’installer à sa table, le souvenir était toujours aussi clair que de l’eau de roche. Le Très-Haut lui avait donné l’occasion de se rapprocher d’une des femmes qu’il respectait le plus au monde.

Et cette chance, il la saisit à deux mains. Jour après jour, dispute après dispute, sourire après sourire, réconciliation après réconciliation, un lien se tissait inexorablement entre l’ex-régnante et l’avocat. En quelques semaines, ils devinrent amis, tant et si bien que Maïwen ne pouvait pas se résoudre à la laisser partir sans garder un contact.

Il lut et relut à de nombreuses reprises la lettre qu’elle lui adressa. Il n’avait après tout plus que cela pour se consoler de son absence. Il ne se passa presque pas un soir sans que ses yeux ne parcourent le parchemin. Il tâcha d’intérioriser chaque ligne, chaque phrase, chaque mot, jusqu’à être capable de réciter la lettre comme on récite une poésie. Pourtant, il n’y répondit pas si rapidement. Juge, bâtonnier, professeur, depuis peu ambassadeur, et surtout amoureux, il n’avait hélas pas beaucoup de temps. Seulement, près d’un mois plus tard, l’envie fut forte, le mandat étant terminé, il n’avait plus rien pour occuper ses journées. Rien ne pouvait l’empêcher de lui écrire, ce qu’il fit, assis à une table d’une auberge située entre Lodève et Millau.


Citation:
A vous, Elisa de Malemort, cadet de l’ordre des chevaliers Hospitaliers, Duchesse veuve Baccard, la Courageuse qui porte bien son nom, et à jamais dans mon cœur de par l’amitié qui nous lie
De moi, Maïwen, bâtonnier de l’ordre des avocats du Dragon


      Salutations,


    Je m’excuse de prime abord pour le délai ayant espacé votre dernière lettre à celle-ci. J’espère que vous ne le reprocherez pas, mes nombreuses occupations, qui m’épanouissent entièrement, me conduisent à ne pas avoir beaucoup de temps libre. Mon mandat est terminé, il n’y en aura pas de suivant. De la sorte, mes prochaines lettres ne seront pas aussi longues à venir. J’ai d’ailleurs décidé de prendre des vacances, loin de l’ordre, loin du Languedoc, loin de tout, vous pouvez alors compter sur ma disponibilité. De toute façon, il n’y aura pas de mandat suivant de ci-tôt.

    V
    ous le constaterez certainement, cette fois, c’est mon écriture qui noircit ce parchemin qui fut si tardif. S’il arrive que mon corps me fasse encore souffrir, mon bras lui est guérit, pour mon plus grand bonheur. Si vous saviez comme je déteste devoir confier le soin de mes échanges personnels à d’autres personnes… si vous saviez comme je déteste avoir à confier à des scribes l’ensemble des mes pensées. Je préfère écrire moi-même.

    Allez-vous bien, mon amie ? Comment se passe votre intégration dans votre nouvel ordre ? Tant de temps s’est déjà écoulé depuis votre départ loin de mes yeux et des murs de Montpellier. Il ne se passe guère un jour sans que mes pensées me ramène à un moment où un autre à vous. Je me rappelle là un des nombreux repas que nous avons partagé, autre part une des si agréables discussions que nous avons eu, ou encore ailleurs, une de nos si délicieuses promenades. Je me souviendrai encore bien longtemps de tous ces moments, et si nos échanges ne sont et ne seront jamais qu’une piètre imitation de votre présence, ils n’en restent pas moins pour moi essentiels. Peu importe, Elisa, le temps que vous mettrez, mais répondez-moi toujours.

    J’ai attendu votre courrier, chaque jour, et quelle ne fut pas ma joie lorsque j’ai eu l’occasion de vous lire de tout mon saoul. Un jour, j’espère avoir une collection de vos missives si importantes que je pourrai vous lire toute la sainte journée sans jamais deux fois poser les yeux sur la même. Vous trouverez peut-être tout cela naïf, enfantin, même si j’en doute, mais j’espère quoi qu’il en soit que ces mots vous aideront à comprendre à quel point vous me manquez. Je me console en me disant, que là où vous êtes, vous trouvez plus facilement l’épanouissement que Montpellier n’a pas su à mon grand damne vous offrir.

    Je n’ai par ailleurs jamais entendu parler de ce bal que vous évoquez dans votre dernière lettre. J’espère qu’il fut pour vous une source d’amusement, comme se doit de l’être tout bal. J’imagine que oui, ceci étant. Je n’ai jamais eu l’occasion de vous voir danser, il faudra un jour remédier à cela. Sans transition, pourriez-vous m’expliquer en quoi consiste la mission de l’ordre royal que vous avez rejoint ? Je dois avouer que je n’ai jamais cherché à me renseigner, ni à m’intéresser, à cela. L’occasion m’est donnée à travers vous, ne pas la saisir serait certainement quelque chose de stupide.

    Quelque chose de stupide ; comme revenir comme le tragique accident que j’ai traversé. Vous n’y êtes pour rien, seuls sont fautives les personnes responsables de votre malheur. Ceux-ci paieront, dans ce monde ou dans l’autre. Comme je l’ai déjà certainement écrit, s’il me fallait choisir entre renoncer au lien qui nous lie, renoncer à tout souvenir, pour que les marques de ce violent passage de ma vie disparaissent, je refuserai. Si j’avais à revivre l’affrontement que j’ai subis pour nous préserver, je me jetterai sans hésitation aux pieds de mon imbécile d’agresseur. C’est lui le responsable. Pas vous. Je vous en prie, contredisez moi sur tous les points que vous désirez, mais pas celui-ci. Sachez seulement que je mettrai du temps à m’en remettre, oui, d’avantage mentalement que physiquement ; mais vous le savez déjà, parce que vous le vivez. C’est à la lettre que j’ai suivi chacun de vos conseils. Entouré de mes gardes, de mes proches, de la femme que j’aime, je combats cette peur et fait de mon mieux pour l’empêcher de me dominer. Inutile, je crois, d’expliciter encore quels fantômes hantent mes nuits. Vous le savez aussi bien que moi.

    Vous me demandez si je suis heureux, et c’est sans conteste le cas. Je ne peux raisonnablement pas écrire le contraire. Si votre absence est un vide que rien ne saura combler, parce que personne ne pourra représenter ce que vous représentez pour moi, je suis quelqu’un de comblé. Heaven sait prendre soin de moi comme personne ne l’avait fait auparavant. Je peux vous écrire que mon cœur lui appartient, et que cela me remplit d’une joie unique. Et vous, Elisa ? Avez-vous, où que vous soyez, trouvé le bonheur ? Vous dites que je le mérite, et je crois la même chose pour vous. Vous vous devez d’être heureuse. Le monde doit plier pour vous le permettre. Idiot, naïf ? C’est encore une fois ce que je pense. Peu m’importe que ça le soit.

    Comme je l’ai écrit au début de ma lettre, Narbonne est derrière moi. Je viens d’entamer un voyage, avec de nombreuses personnes, qui doit nous conduire jusqu’à Lisieux, en Normandie. Auront-nous, alors, l’occasion de nous croiser, Elisa ? Votre imprévisible route et la mienne pourront-elles se croiser sans heurt ? Dans quelques jours, nous serons à Limoges ; cette ville où, une après-midi de septembre, vous avez offert un peu de votre attention ainsi qu’un verre d’eau à un jeune homme en difficulté. Ce souvenir n’est pas une chimère, vous savez. Je m’en souviens distinctement, et je m’en souviendrai toujours. Limoges m’a toujours porté chance, et j’y ai de nombreuses connaissances et amis.


      Me mancas,
      Vous me manquez,




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