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[HRP]Au rythme des mois au moyen-age

Salvidali
Ce calendrier est un résumé de l'excellent N° de Juin, Juillet, Août "Vivre dans les campagnes au Moyen-Âge" de la non moins excellente revue " Histoire et image médiévales", parution tous les 2 mois.

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Hey ! Ho ! Let's go !
Salvidali
Octobre :

Le mois d'octobre est très important dans la vie paysanne : c'est l'époque des labours et des semailles. Le grain doit bien s'enfoncer dans la terre avant l'hiver et il s'agit aussi d'éviter le chapardage des oiseaux ! Pour y faire face l'on met des épouvantails, les chiens se chargent de les chasser et même parfois de la main d'oeuvre embauchée en renfort.
En général le paysan, aidé souvent de son épouse ou d'amis à qui il rendra le même service, passe et sème à la volée dans les sillons que le laboureur vient de creuser avec un araire ou une charrue, de plus en plus répandue au XV° siècle.
Le semeur éparpille les grains contenues dans son tablier ou dans un semoir, petit panier en osier maintenu autour du cou.
L'on se couvre chaudement : un manteau et un capuchon ou un chapeau.

Les chevaux de trait remplacent peu à peu les boeufs pour tirer les charrues. Il s'agit cependant d'une dépense importante réservée à une riche paysannerie : le coût de l'entretien d'un cheval équivaut à celui d'une personne suplémentaire au foyer ! Pour les plus pauvres, les boeufs demeurent donc.
Ils augmentent de plus les rendements agricoles en tractant les charrues et les herses plus profondément qu'un homme.



En d'autres saisons, les chevaux ou à défaut les ânes ou mules servent à fouler le grain l'été, à assurer le commerce avec des objets lours tels que tonneaux de vin ou pierres sur un parcours toujours limité à une dizaine de kilomètres au Moyen-âge malgré des chemins bien entretenus.
En période de labour et de semailles ou de récoltes les journées de travail sont longues avec plus de huit heures de travail en hiver et jusqu'à seize heures en été !
Cependant des pauses de deux heures pour manger le midi existent : l'on a déjà compris que les travailleurs sont plus productifs reposés...
Les nombreux jours fériés, environ soixante correspondant aux fêtes religieuses compensent cependant ce rythme de travail, ainsi que les samedis après-midi et les dimanches qui sont chômés exceptés pour les boulangers et bouchers indispensables pour nourrir le village ou en cas de surplus de travail pour les récoltes. Les plus pauvres peuvent compter sur la solidarité du village : des caisses d' entraide sont crées, des Maisons-Dieu financées par les notables bien que modestes soignent gratuitement les malades, les léproseries qui fonctionnent sur le meme modèle sont simplement à l'écart du village, mais les lépreux conservent le droit de mendier et ne sont pas mis totalement à l'écart de la société. La société civile prend ainsi la place autrefois dévolue à l'église...

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Hey ! Ho ! Let's go !
Salvidali
Novembre.

Novembre et les mois d'hiver qui suivent jusqu'en mars est un mois de repos pour les travailleurs des champs.
Les seules activitée réelles qui existent sont tout d'abord "la glandée" qui perdurera ou du moins sera légalement encadrée jusqu'au XIX° siècle.



L'on lâche les porcs en liberté dans la forêt où ils se nourissent de glands, de champignons, de racines ou de fruits. un ou deux porchers les accompagnent qui les surveillent mais ont aussi pour rôle de faire tomber les glands des chênes à l'aide de longues gaules en bois, d'où le nom de "glandée".
Durant tout le Haut Moyen-Age, jusqu'au X° siècle environ, les porcs vivaient librement presque en permanence en forêt.
Avec le renforcement de la féodalité les "Droits de paisson" (du verbe "paitre") se sont ensuite restreints à mesure que les forêts devenaient les domaines des seigneurs ou des communautés franchisées et les défrichements massifs du X° siècle.
Comme pour beaucoup d'usages , les paysans doivent maintenant payer des droits aux propriétaires pour faire paître leurs cochons. La tradition de la glandée se perd peu à peu alors que les porcs deviennent nourris aux céréales ou aux résidus alimentaires.
C'est aussi dans les forêts que les porcs s'accouplent avec des sangliers ce qui leur donne un aspect ressemblant aux fameux cochons sauvages corses d'aujourd'hui : poils raides, couleurs brune plus ou moins foncée, défenses prononcées et posture légèrement courbée. L'aspect et la saveur des cochons est donc sans comparaisons avec celle d'aujourd'hui... mais quiconque a goûté un jour de la coppa ou du lonzo le sait !


Astérix en Corse.


La chasse est non moins importante.
Loisir pour les nobles qui leur donne l'occasion de s'adonnerà des activitées guerrières (heureusement disparues depuis que l'on a coupé la tête à un roi, l'homme étant bon par nature il ne lui viendrait plus à l'idée de fiche sur la tronche de son voisin ou d'asservir des peuples qui vivaient fort bien sans lui.), la chasse représente pour le bas-peuple un complément alimentaire non-négligeable. Si la noblesse chasse le loup, le lynx ou l'ours, les paysans non-équipés et peu habitués à manier les armes se contentent eux, lors de certaines périodes et moyennant le paiement d'une concession au seigneur, du petit gibier (le gros étant réservé à la noblesse), des oiseaux, et de différents rongeurs recherchés pour leur fourrure : belettes, martres, hermines et écureuils. ces proies sont de toutes façon plus faciles à attraper à l'aide de filets ou de de collets.
Mais gare au braconnier qui brave les autorisations du seigneur ! Il risque fort s'il se fait prendre de se retrouvé pendouillé dans la forêt même où il a exercé sa chasse...

Enfin c'est la saison du commerce où marchés et foires battent leur plein !



Bruegel l'Ancien, Une f oire flamande.


Les premiers ont lieu dans chaque village en général une fois par semaine, les secondes deux ou trois fois par ans mais de bien plus grande ampleur. On distingue les foires "froides" (l'hiver) et les foires "chaudes" (l"été, gagné !). Très tôt les seigneurs les prennent en charge et veillent à leur sécurité et leur dynamisme de marchés très fréquentés qui feront la fortune de plusieurs provinces : la Champagne, animée par le commerce international fera bonne fortune au XII° et XIII° siècles. Plus tard les principaux foyers commerciaux se déplaceront vers l'Ile-de-France, la Flandre et l'Angleterre. Avec le dévellopement des villes la demande de denrées alimentaire s'accroit. La foire s'étendant dans toutes les rues, l'on construit des halles couvertes, partagées en petite et grande loge. Le contrôle des denrées, des mesures et de la monnaie en est d'autant facilité.
En cette saison qui précède les fêtes de Noel, on vend beaucoup de porcs, vivants ou déjà débité, frais ou salé, mais aussi des boeufs et des moutons.
Et pour des raison économique, l'on préfère vendre ses animaux avant l'hiver où il consommeront du fourrage. Des enclos où sont parquées les bêtes sont construits et tout se négocie et se paie de la main à la main.
Ce qui n'est pas sans poser problème, dans les régions où différentes monnaies cohabitent. Par exemple, la Livre tournois (de Tours ), la plus couramment utilisée et la Livre parisis (de Paris) : Quatre livres parisis valaient cinq livres tournois...
Plus les changement assez courant de monnaies qui embrouillaient les transactions un peu plus :
Charlemagne crée la Livre, En 1250, le roi Louis IX instaure le monopole royal sur la monnaie. Il fait frapper le premier écu d'or, équivalent de la livre tournois, également appelé le franc.
En 1641, Louis XIII remplace le franc par l'écu d'argent et le Louis d'or, avec une parité de 6 livres tournois pour un écu.
En 1667, la livre parisis est définitivement abolie.
C'est également là qu'officient les bouchers, égorgeant les animaux à la demande et les préparant aussitôt.
Les fêtes de Noel approchent !

Comment vivait-on dans les campagnes au Moyen-Âge en Décembre vous demandez-vous amis lecteurs ?
Vous saurez tout des ripailles, des grands froids et des défunts au prochain épisode du calendrier de Tonnerre...

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Hey ! Ho ! Let's go !
Salvidali
Décembre

En décembre la glandée* se termine, et il est plus facile grâce au froid de conserver les aliments. C'est le moment de tuer le cochon familial ! Avec un bon porc bien nourri l'on atteignait cinquante kilos de viande (trois fois moins que les porcs actuels). Selon les régions d'Europe, l'on assomme ou l'on égorge l'animal, l'égorgement étant plutôt une pratique méridionale qui se généralisera tardivement.
Une fois le porc tué, il est saigné, généralement par les femmes car l'opération est délicate et importante : mal saigné, la viande se conservera moins bien. L'on ébouillante ensuite le porc dont on recueuille les soies, puis on le replonge dans une cuve d'eau afin de le laver à nouveau et de racler sa peau. Puis il est découpé en morceaux, en commencant par prélever les abats frais avant la préparation du boudin avec le sang et la viande. Le reste est salé ou fumé au bois de hêtre selon les ressources des régions. On en fera du jambon ou des saucisses pour l'hiver.
A noter que les quantités de sel nécessaires étaient énormes, et que cela alimentait les caisses royales, la gabelle rentrant en masse !

Le pain est l'autre aliment indispensable.
On en consomme de grandes quantités, en moyenne un kilo par jour et par personne.
Il ne faut pas oublier que les autres aliments ne sont que des compléments. Et il représente entre 80% et 90% des calories journalières pour les plus modestes !
Mais au delà de sa valeur nutritive, le pain quotidien revêt aussi une forte valeur symbolique.
Il est en effet l'une des deux "espèces" de l'Eucharistie,"le corps du Christ", l'autre étant le vin. Pour le marquer, l'on trace dessus avant cuisson des croix, croissants ou couronnes.
Selon les régions et les céréales utilisées le pain est blanc ou noir, et se décline en galettes, pain bis, polente,...
Il est cuit dans le four familial ou dans celui banal ( ou collectif ) du village ou pour la majorité chez le fournier.
Dans les villes ce sont les boulangers qui officient entourés de leurs aides :



Le métier était par ailleurs particulièrement encadré compte-tenu de son importance vitale. Le pain sera particulièrement apprécié durant les fêtes et surtout durant les grands froids !
De la fin du XIII° à la fin du XVIII° siècles une "mini-glaciation" est avérée même si l'on connait pas les causes exactes et la France en subbit particulièrement les effets. Certains hivers comme 1302, 1315 et 1324 sont redoutables : "en leurs lits on trouvait morts les gens par angoisse de froid.". Mais le plus dur est celui de novembre 1407 à fin janvier 1408. La Seine, le Rhône et de nombreux autres fleuves se couvrent d'une glace si épaisse qu'un chariot plein peut rouler dessus comme sur la terre ferme. Les famines dues au froid sont, malgré les provisions faites, terribles dans les villes et les campagnes.
Les grands froids se répètent en Ile-de-France et en Lorraine en 1434-1435.
"L'eau qui écoulait des linges mouillés placés devant le feu pour sécher gelait en tombant". Dix ans plus tard, il y a deux mètres de neige à Carcassonne et " Les rivières de Gascogne, du Languedoc et du Quercy gelèrent si fort que nul ne pouvait y aller ni à pied, ni à cheval par suite des neiges qui étaient chutes par terre". D'après une chronique, l'hiver 1480-1481 fut si froid que dans la moitié nord du Royaume " l'on coupait le vin avec la hache et on le vendait au poids."
La Guerre de Cent Ans et les épidémies de peste rajouteront leur quota de morts aux printemps et étés pourris où la charrue s'enfonce trop et où la moisson est mauvaise, aux durs hivers de cette période.




S'occuper des morts est dans ce contexte une tâche que doit remplir la communauté.
Pour recevoir les morts, un espace à la fois profane est sacré est évidemment dédié : le cimetière.
Très différent du cimetière actuel, il est toujours accolé à l'église : depuis la Christianisation massive, l'on enterre plus les morts en rase campagne. Le cimetière médiéval ressemble plus à une patûre plantée d'arbres, ponctuées de quelques tombeaux et sarcophages. Seules quelques croix viennent agrémenter ce "champ" sacré. Loin de susciter la peur, le cimetière est un lieu de rencontres et de discussions. Parfois s'y tient le Tribunal et même des foires y ont lieu !
C'est aussi parfois un lieu de pélerinage et toujours comme à l'église un lieu de rencontre et de sociabilité de la communauté.




Le mort était lavé avec de l'eau ou du vin et envellopé dans un linceul taillé dans son drap de lit. Il était rapidement enterré à cause des épidémies, même si certaines fêtes religieuses comme Pâques interdisent toute inhumation. La messe n'était dite que le lendemain, étant interdite la nuit.
La cérémonie des funérailles en elles-même, consistait en une procession autour de l'église, encadrée par des Clercs et les pauvres demandant l'aumône ou même un repas, suivant les volontées du défunt et payées par testament.
Les femmes semblait peu présentes lors des cérémonies mortuaires et sont peu mentionnées dans les chroniques et iconographies de l'époque.

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Hey ! Ho ! Let's go !
Salvidali
Janvier
Les travaux des différents mois de l'année. À lire de haut en bas et de gauche à droite !

Avec la nouvelle année les ripailles continuent chez les plus riches et pour tous c'est une période de repos. Mais le mois de janvier est surtout celui où l'on se replie dans la pièce unique, généralement accompagnée d'une seule chambre où tout le monde dort. À la fin du Moyen-âge les maisons des régions septentrionales se doteront d'un étage pouvant servir de chambre supplémentaire pour les filles ou de grenier.
C'est près du feu que la famille se retrouve, pour la chaleur mais aussi pour la lumière.
Ceux qui ont des bêtes les rentrent parfois dans une étable, parfois avec les humains, par la même porte.(maisons-étables).

Les maisons médiévales dès le X° siècle sont cependant bien entretenues et fonctionnelles, rapprochées dans des villages, ce qui établit les solidarité entre habitants : rapprochement des sources alimentaires pour le bétail et du chauffage *.
Avec des nuances régionales, la pierre remplace peu à peu le bois dans la construction.
Elle a les grande qualités de bien isoler du froid, de garder la chaleur, elle prévient mieux des incendies et est plus durable donc peut se transmettre.



Le mois de janvier, Golfbook,1450, British Library.

Les cheminées se multiplient avec l'arrivée des étages. Il reste parfois cependant de simples ouvertures dans le toit permettant à la fumée de la cheminée de s'évacuer.
L'hiver offre aux familles une longue pérode commune de discussions, transmission de contes et d'informations de l'année...
Les sources restent rares, surtout dans le nord de l'Europe sur son fonctionnement. La famille est basée sur le couple, choisi par les parents et contrairement à une idée communément reçue unis par une union civile qui prévaut sur l'union religieuse au moins jusqu'au XIII° siècle.
Dans les traditions Germanique et Romaine l'époux remet à son épouse une partie de ses biens dont elle ne peut espérer jouir qu'à la mort de son mari et qui sera transmissible aux enfants du moins aux garçons pour les paysans libres.
En ce qui concerne les serfs s'ils ne sont pas nécessairement complètement dénué de droit d'héritage, celui-ci est dans tous les cas fortement limité, en particulier par "l'échute" : en l'absence d'héritier direct, ses biens reviennent à son seigneur lors de son décès. Le servage sera de fait aboli avec l'essor commercial de la fin du Moyen-äge, qui permettra à de nombreux serfs de racheter leur liberté au seigneur.
L'enfant n'est pas au centres des préoccupations au Moyen-Âge.
Comme le dit l' (excellent !) historien Jacques Le Goff : "Il n'y a pas d'enfants au Moyen-âge, il n'y a que de jeunes adultes." Si la mort d'un enfant est douloureuse, elle n'en reste pas moins banale tant la mortalité infantile est élevée. Au delà de la tristesse c'est surtout la perte d'une aide précieuse pour le futur... Et l'absence d'un héritier mâle s'il s'agit du premier garçon. Le "vivre ensemble" est de toutes façon la seule solution et l'on se replie sur la cellule familiale comprenant souvent 3 générations, et parfois les beaux-parents. La solidarité familiale qu'elle soit voulue, subie ou imposée par le droit seigneurial reste de toute façon le seul moyen de survie lorsque vient bien vite la vieillesse ! Rappelons que l'espérance de vie-et non la moyenne de vie- est faible autour de 30 ans, ce qu'il faut modérer par une très forte mortalité infantile, autour de 60% pour les moins de 14 ans ainsi que le nombre élevé de femmes qui meurent en couches. Y compris dans les milieux les plus aisés l'on dépasse rarement 50 ans et aucun des Rois Carolingiens n'a atteint l'âge vénérable de 60 ans !
Le Mobilier de la maison est pauvre, souvent réduit au plus simple minimum : quelques chaises ou tabourets permettant de tisser et filer la laine, travailler l'osier et vacquer à de petits travaux. Si les plus favorisés peuvent disposers de fauteuils rembourrés de paille et parfois décorés ou sculptés pour les plus riches, les plus pauvres s'asseoient à même le sol ou sur un peu de de paille. On mange parfois sur une table mais pas toujours : une simple planche avec des tréteaux en fait souvent office. N'oublions pas que la famille est nombreuse, avec en moyenne 6 enfants vivants, les parents, les grands-parents... et l'espace restreint. Les autres meubles sont essentiellement des coffres où l'on range habits et ustensiles de cuisine ainsi que les denrées diverses.
Le matériau et les finitions marquent l'aisance de la famille.
Autre élément essentiel : le lit qui peut être dans la chambre si la maison en dispose ou la pièce unique. Simple paillasse munie de planches ou garni d'une couette de plumes chez les plus riches, le lit est un marqueur social que l'on se lègue après sa mort. Il est très large, 5 ou 6 personnes y dormant sous une seule couverture !
La décoration faite de tentures ou nappe sur la table est réservée aux famille paysannes riches ou bourgeoises.
En plus des menus travaux déjà cités (filage et tissage pour les femmes, tressage pour les hommes), il faut aussi chauffer la maison., préparer le repas en famille, avec les meilleures denrées en cette période de fête !
Il faut aussi sortir pour couper du bois, le débiter, le ranger en fagots. La vie est en sommeil mais continue : l'on discute entre voisins, va à l'église. Quand aux jeux d'enfants ils sont restés les mêmes : batailles de boules de neige ou glissades. La luge en bois n'apparaitra qu'au XVI° siècle !





* Ce modèle villageois, malgré les évolutions, perdurera dans les campagnes jusqu'au début du XX° siècle et même jusque dans les années 60 pour les plus isolés. Le petit village de Saint-Martin-de-Belleville n'a été électrifié qu'en 1952 pour la construction de la station de ski ! Jusque-là le modèle paysan traditionel a perduré...



Intérieur d'une pièce unique à St-Martin de Belleville vers 1950 ! (reconstitution, Musée municipal.)

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Hey ! Ho ! Let's go !
Salvidali
Février

Que l'on ait une cheminée ou un poêle, il faut faire face aux hivers très rigoureux au Moyen Âge (voir mois de décembre.) en Europe. Pour cela les paysans ont besoin d'un apport permanent en bois que l'on trouve partout aux alentours des villages. Encore faut t'il faire attention à ce qu'on ramasse et où... Les droits d'usage sont codifiés mais complexes. Si en théorie les paysans n'ont le droit que de ramasser le bois mort tombé à terre, la coupe de certains arbres est autorisée mais strictement réglementée et les zones de défrichement sont bien délimitées. Même l'outillage est encadré légalement : on abat les arbres à la hache, on le travaille sur place à la hachette et à la serpe. Puis il est débité en tronçons et en bûches. Les enluminures représentent le plus souvent un travail qui s'effectue en famille. Les bûcherons sont accompagnés de leurs femmes, parfois de leurs enfants, qui fabriquent les fagots de petit bois. Les vieillards peuvent également aider à cette corvée :




Un enjeu de pouvoir.

La forêt est dans l'espace médiéval un lieu de travail tout comme les champs, au repos à cette période de l'année. Rapidement des conflits apparaissent entre les propriétaires (Noblesse, Clergé) et ceux qui y travaillent (Paysannerie). Terrain de chasse ou lieu de méditation pour les premiers, il s'agit surtout d'une précieuse réserve de ressources dont chacun veut profiter. Le bois bien sûr qui sert de chauffage, mais aussi à l'artisanat : boulangers, forgerons, verriers ou briquetiers travaillent avec un four et ont besoin de réserves conséquentes. Enfin le large choix d'essences offre de quoi construire maisons et mobilier pour les charpentiers et menuisiers.
C'est également un espace de cueillette : champignons, racines, plantes médicinales ou à consommer, sucre d'érable ou de bouleau; mais surtout de fruits et en premier lieu la châtaigne, aliment de base des plus humbles.

Une période de déforestation massive

Pour construire églises, abbatiales ou châteaux le demande en bois va croissante. Dès le X° siècle la taille des forêts commence à diminuer drastiquement, à mesure que se dévellopent aussi les villes. Face à cette réalité une législation protectrice se met (déjà !) en place afin de protéger essences précieuses et belles futaies. Lieu de conflits de plus en plus fréquents,la forêt devra son salut à l'action conjuguée des princes et des monastères notamment cisterciens* soucieux de faire bon usage de ressources fragiles et périssables, avec des variations dans chaque seigneurie.
La forêt est le théatre d'une intense activité : aux côtés des artisans du bois, certains recherchent du miel et des cires sauvages, d'autres pèlent le liège ou la résine de pin suivant les régions. Nombreux sont les villageois qui s'installent un temps dans des cabanes et autres abris de fortune.
Enfin la forêt est aussi un lieu idéal de refuge face aux soudards qui dévastent les campagnes en temps de guerre.
Mais elle abrite aussi les amours clandestines ou interdites, et permet d'échapper à tout contrôle social et religieux...
Tout ceux qui souhaitent échapper au regard des autres y trouvent refuge et des voleurs aux lépreux ou hors-la-loi la forêt devient le havre des proscrits et des bannis... ce qui la rend dangereuse.


Un jeune homme enlevé par des brigands et décapité.

Févier mois du poisson.

Les céréales cuites ou tranformées sous toutes ses formes, pain, galettes, bouillies... et bière, les légumineuses et les fruits sauvages ou du verger, surtout les pommes qui se conservent bien sont la nourriture de base des paysans. Les plus aisés ainsi que la bourgoisie naissante et la noblesse consomment de la viande fraîche et rôtie, tandis que les plus pauvres se contentent de salaisons et de viandes fumées, séchées ou bouillies. Mais février est surtout le début du Carême et la consommation de poisson augmente.
Contrairement à la chasse qui nécessite chevaux et chiens, la pêche est accessible à tous. Pour pouvoir le transporter loin de la mer ou le conserver il est séché ou fumé. L'on pouvait évidemment s'adonner à la pêche toute l'année mais les représentations la figurent généralement en février, en lien avec le signe zodiacal des Poissons. Outre la mer elle est aussi pratiquée en eau douce dans les rivières ou étangs, parfois même dans les douves des châteaux ou les canaux des villes. Cela ne signifie pas qu'elle n'est pas réglementée . Les autorisations portent sur les lieux de pêche, la taille des poissons, les techniques de pêche autorisées. En certains lieux on peut pêcher près des retenues d'eau dans les pêcheries. Comme pour le pain, des redevances sont dues pour les poissons capturés non loin des moulins à eau.
Les techniques de pêche varient selon les emplacements géographiques. La pêche à la ligne ou au filet sont les plus répandues en eau douce. En bord de mer elle deviennent plus élaborées : pêche à la nasse, à la senne, à l'épuisette ou au croc.

Avec le mois de mars reviendra le temps des labours et de l'entretien des vignes... Rendez-vous donc le mois prochain !

L'ordre cistercien (Ordo cisterciensis, o.cist.), également connu sous le nom d'ordre de Cîteaux ou de saint ordre de Cîteaux (Sacer ordo cisterciensis, s.o.c.), est un ordre monastique chrétien réformé dont l'origine remonte à la fondation de l'abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme en 1098.
L'ordre cistercien joue un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du XII° siècle. Par son organisation et par son autorité spirituelle, il s'impose dans tout l'Occident, jusque sur ses franges. Son influence se révèle particulièrement forte à l'est de l'Elbe où l'ordre fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en valeur des terres».
Restauration de la règle bénédictine inspirée par la réforme grégorienne, l'ordre cistercien promeut ascétisme, rigueur liturgique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social qu'il occupe jusqu'à la Révolution, l'ordre exerce une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité.
(source Wikipédia)

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Salvidali
Mars

L'époque des labours.


Les labours se font en octobre et/ou en mars : les calendriers médiévaux les représentent sur ces deux mois. L'opération est importante : une terre bien retournée produira une récolte abondante.
Jusqu’au XII° siècle les paysans ne disposent que d'un araire sommaire à une lame verticale qui ouvre le sol en surface et l'ameublit mais ne le retourne pas. L'outil est relativement bien adapté aux zones méditerranéennes aux sols légers. Il en est autrement pour la terre grasse d' Île-de France, de Normandie ou de l' Est du pays. L'arrivée de la charrue est providentielle pour le nord du Royaume et plus largement de l'Europe.
A la différence de l'araire, la charrue dispose de deux lames. Le coutre qui retourne d'abord la terre verticalement et le soc qui coupe la terre horizontalement et en profondeur. Le versoir placé à l'arrière retourne la terre coupée sur le côté. Cependant cet instrument n'est pas à la portée de la première bourse venue et l'usage de l'araire persistera jusqu’à XV° siècle (Donc de nos jours RP si vous n'êtes pas un opulent paysan.) ainsi que les outils plus rudimentaires : bêche (notamment pour les vignerons), houe ou pic, sorte de pioche à une extrémité plate et coupante.

Semailles et labour à l'araire.

La préparation des vignes.

La viticulture est une activité très développé au Moyen-Âge, y compris dans des région où l'activité a aujourd'hui (HRP) disparue. Le territoire est couvert de vignes, le vin étant préféré à l'eau vectrice de maladies... et peut-être aussi pour l'ivresse !
Produit jusqu'au XIII° siècle dans le nord : Flandres, Île de France, Champagne, Alsace et bien sûr Bourgogne ! , sa culture s'étend ensuite dans le Bordelais, le Sud-Ouest et jusqu'en Italie.
Les seigneurs laïcs et les Abbayes sont là aussi les principaux propriétaires des terres et en tirent de confortables revenus. Les pressoirs ajoutent encore des écus dans les coffres...
Quelques paysans peuvent devenir propriétaires de petites parcelles au bout de plusieurs années de travail.
La surveillance et la taille de la vigne a lieu toute l'année mais la plus importante est celle du mois de mars, après les gelées hivernales.

Taille de la vigne.

Il s'agit de supprimer les parties mortes de la vigne, de favoriser une bonne exposition du cep pour améliorer sa longévité et surtout sa productivité. Les ceps sont taillés à la serpe, les sols bien retournés pour les aérer.
Après la coupe, il convient de lier les sarments et d'épandre des engrais végétaux à base de raisins de l'année précédente ou de fumier.

Paysan et jardinier !

L'arrivée imminente du printemps impose aussi des travaux de jardinage pour le compte du seigneur ou pour soi. L'entretien d'un potager ou d'un petit verger représente en effet un complément alimentaire non négligeable.
Cette importance peut se remarquer sur les gravures de l'époque : les jardins sont représentés clôturés de bois, de briques ou de pierre ce qui permet d'éviter les dégâts causés par les animaux... et les voleurs !
Le travail est tout aussi fastidieux que celui des champs. Il faut retourner la terre, enrichir le sol avec des engrais, semer, tailler, planter, ôter les mauvaises herbes.
Le jardin médiéval fait de plates bandes carrées, soigneusement séparées, est tardive, comme ici celui de plantes médicinales de la (magnifique !) Abbaye de Daoulas dans le Finistère :



Traditionnellement, le jardinier laissait pousser les différentes espèces côte à côte.
Le mois de mars n'est que la saison des préparatifs : il faudra ensuite surveiller et entretenir le jardin et procéder à la cueillette des fruits, fleurs, herbes aromatiques ou médicinales, tâche généralement confiée aux femmes si l'on en croit les représentations.

De l'importance du bon voisinage...

Si les liens de parenté sont fondamentaux dans la cohésion sociale locale, les solidarités s'expriment aussi par les liens de voisinage. Au Moyen-Âge, ce terme est plus large qu'aujourd'hui et englobe tout habitant du village, régi par sa Loi. Le "voisin" n'est pas que l'habitant de la maison située à côté de la sienne comme de nos jours.
Chacun se connaît (les communautés villageoises sont petites et chacun est victime des même calamités, épidémies, guerres incessantes, brigandage...) et se côtoie en dépit des distinctions professionnelles, entre paysans et artisans par exemple. Des historiens comme Emmanuel Leroy-Ladurie ont bien montrés les solidarités existantes en Languedoc lors des procès de l'inquisition pour Catharisme par exemple.*
De même dans le nord, d'autres formes de solidarités existent et vont jusqu'à s'officialiser : les bourgeois se regroupent (souvent par corporations), on prête des serments, on établis des Chartes quand les villages sont affranchis.

Et l'étranger au village ?

Les aubains, les "forains", les "romanichels" sont (déjà) mal perçus comme tous ceux qui ne participent pas à cette interconnaissance. Les "étrangers", dont le village peut être à 10 km, font parfois peur et sont très mal accueillis même si les préceptes chrétiens enjoignent à l'hospitalité.
Souvent les locaux les dénoncent et les accablent de délits parfois réels, souvent imaginaires.
Lesquels délits sont punis plus sévèrement que pour les villageois...
On leur fait payer des droits de couvert et de gîte, des tonlieux**, et droits d'usage dont sont exemptés les villageois. L'étranger paye quand il arrive mais aussi quand il repart. Il y a donc une volonté de protéger le groupe local et d'assurer sa stabilité, même au prix d'un repli frileux sur soi.
Dans les villages non-affranchis la volonté du seigneur prime et ils sont en général moins regardant sur les arrivés que sur les départs Mais dans les communautés affranchies les chartes encadrent très sévèrement les droits et devoirs auxquels sont soumis les étrangers.
Cependant la saignée de la population produite par la Guerre de Cent Ans laissa dans de nombreuses provinces de nombreux champs en jachère et des offres destinées à attirer les étrangers à la province furent massivement lancées provoquant un afflux de population nouvelle. Il n'était donc pas impossible de s'intégrer.
De même les serfs affranchis sont insérés à la communauté par le Droit.
En revanche une certaine exclusion sociale perdurera pour les chevaliers, même de basse extraction et ayant sensiblement le même mode de vie que les paysans, exclus sauf pour raison militaire des villages.
En contrepartie ils échappent aux charges communales et aux droits d'usage.

Au moyen-âge l'extérieur est l'inconnu et possiblement le danger. Mais si les communautés villageoises tendent à se protéger de l' « étranger » au sens large, elles ne l'excluent pas et transcendent les différences sociales quand elles ne sont pas trop extrêmes.


* Emmanuel Leroy-Ladurie est un des fondateurs de l’Anthropologie Historique qui au delà des dates de batailles s'attache à comprendre la vie quotidienne des hommes et femmes du passé dans leur environnement historique.
Il est fait ici allusion à son ouvrage le plus connu : "Montaillou, village occitan de 1294 à 1324", Gallimard,1975.

** Tonlieu:du latin teloneum, du grec telônia, ferme des impôts. Impôt indirect d'origine romaine concernant le transit des marchandises (droit de péage).

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