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[RP] D'un tournesol à une rose

Magda.


    [Amitié : Seul sentiment que l’âge renforce.]
    - Philippe Bouvard


Enroulée dans un châle jaune mimosa, une plume à la main, Magdalena observe par la fenêtre une alouette qui sautille sur l’herbe gelée. Le spectacle, pourtant des plus simples, la ravie. Savoyarde de coeur et de sang, elle n’avait jamais vécu sur la terre de ses ancêtres auparavant et découvrir ses racines emplit son coeur de marguerite d’une joie sans mesure commune. D’une joie qu’elle ressent le besoin impérieux de partager.


Citation:
Fait à Annecy, le neuf novembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma,


    Ma chère amie,

Il est sûrement idiot de ma part de t’écrire alors que depuis le début de ton voyage, il y a une éternité de ça, mes lettres restent sans réponse et pourtant je ne puis mettre fin à cette communication à sens unique : l’espoir qu’un jour l’un de mes messagers te trouve et qu’une réponse me parvienne est bien trop grand pour que j’abandonne. Et puis, qu’importe que tu lises ou non ces mots puisque tu es et seras toujours celle à qui j’ai envie de raconter ma vie, mes pensées et mes émotions.

Dans ma dernière lettre, je te disais préparer mon départ et tu seras heureuse de savoir que je suis bien arrivée en Savoie. Contrairement à toi, je n’ai guère l’habitude de voyager et les deux semaines de route m’ont fatiguée, aussi bien à cause de l’inconfort des longs voyages en coche et des lits de certaines auberges qu’à cause de l’ennui qui très vite c’est installé. De plus, nous sommes passés par des terres occupées par la peste de la Réforme et je dois avouer avoir eu - sans raison semble-t-il, puisque nous n’avons croisé aucunes de ces personnes - très peur. On dit que ces barbares, prétendant défendre la foi “véritable” commettent des atrocités et n’hésitent pas à voler et même tuer les pauvres voyageurs qui ont le malheur de croiser leur route. J’aimerais pouvoir me montrer compréhensive à leur égard, pouvoir excuser leurs actes, mais il me semble que c’est là chose impossible : leurs blasphèmes et leur cruauté sont autant de barrières que je ne saurais franchir.

Toutefois, ne crois pas que le pessimisme c’est emparé de moi : ma joie de vivre et mon amour du monde sont toujours bien présents et si mon voyage n’a pas été idéal, ma bonne a comme toujours su prendre grand soin de moi et le plaisir de découvrir de nouveaux paysages a largement compensé l’inquiétude qui étreignait mon coeur par ailleurs.

Voilà donc quelques jours maintenant, que je suis à Annecy. En attendant de trouver une agréable demeure à louer ou acquérir, je loge dans une charmante petite pension et, sans être luxueuse, je la trouve très confortable d’autant plus que les fenêtres de ma chambre donnent sur le jardin ainsi que, plus loin, sur le lac qui borde la ville. On ne saurait imaginer vue plus jolie.

Je n’ai guère eu l’occasion de sortir pour l’instant, toutefois j’ai eu l’heur de croiser quelques locaux qui m’ont fait un accueil des plus agréables. Les gens d’ici, chère Théréza, ont l’art et la manière pour faire en sorte que chacun puisse se sentir chez lui en cette bonne ville et j'espère être un jour une aussi bonne hôte qu'eux. Parmi les personnes rencontrées, il me semble avoir trouvé une potentielle amie. Elle se nomme Rose, est tribun de la ville et dispose d’un sourire et d’une vivacité d’esprit qui ne sont pas sans te rappeler à moi.

De plus, elle a été porteuse de la plus heureuse des nouvelles. Mon cher Maelh, après dix années passées loin de nous pour faire son apprentissage en Angleterre, est de retour. Eh oui ! D’ici quelques jours seulement je pourrai le serrer entre mes bras ! Comme tu peux l’imaginer, mon coeur est gonflé de joie à cette idée et mon seul regret est que ma soeur, ce double si tendrement aimé, ne sera pas des nôtres à cette occasion. Ceci dit, je ne doute pas qu’elle aussi nous rejoigne bientôt.

Et avec un peu de chance, toi aussi tu pourrais nous retrouver et ce peut-être plus tôt qu’on ne le croit. Je l’espère en tout cas et ne doute pas que je prie pour que ça arrive.

Qu’importe où tu es et ce que tu fais, mes pensées t'accompagnent, mon amie et comme toujours, j’attendrai, le coeur patient, une réponse de toi.

                          Tendrement,
                            Magdalena

PS : il fait affreusement froid ici et cette année encore ma broche florale m’est bien utile. Quelle merveilleuse idée avaient eu nos parents en nous permettant d’échanger ces jolis présents.

_________________
Thereza


    Un beau soir l'avenir s'appelle le passé.
    C'est alors qu'on se retourne et qu'on voit sa jeunesse.


    Louis ARAGON


Une rose rouge, sertie d'infimes petits diamants reposait au creux de la main délicate de Théréza, laissant parfois quelques reflets de ces pierres précieuses lui illuminer le visage. Encore un souvenir de son passé. Souvenir sans vraiment en être un. Pourtant, il ne lui semblait pas avoir vu de pareil broche autre pars. Peut-elle y avait-il une jumelle de ce bijoux ? Encore une question sans réponse. La pressant doucement contre sa poitrine, un mélange de peine, de vide et d'espoir la submergea. Encore une fois..

La fraîcheur de fin de journée enveloppait la petite maison que Théréza habitait, la poussant à faire un petit feu dans la cheminée. Regardant les flammes danser entre elles, la blondinette fut sorti de cette tranquillité ambiante par l'arrivée d'une missive.


Étrange..

Dépliant la lettre avec étonnement , Théréza resta figée. Les premiers mots emballèrent son cœur. Quant au reste de la lettre.. C'était comme si l'enfer venait de s'ouvrir sous ses pieds. La main tremblante, les larmes aux bords des yeux, la fragile et pourtant d'ordinaire si forte jeune femme qu'elle était, s’effondra sur son lit. Dépliant son autre main renfermant encore la broche qu'elle contemplait quelques instants avant, s'en fut de trop. Comme si elle n'était plus maître d'elle, Théréza sentit les larmes formé une rivière sur ses joues, les sanglots la secouer tel un enfant, et le coeur battant à tout rompre au creux d'elle.

Citation:
De moi, Théréza supposée Vitalis da Roma, à toi.. Magdalena d'Acoma.

Je ne sais comment commencer cette lettre.. Mon oubliée amie ? Ma regretter amie ? Mon doux espoir?.. Oui, c'est cela.

    Mon doux espoir,
    Ma lanterne dans l'obscurité,
    Ma douleur dans la joie,


Je ne sais toujours pas comment fournir cette lettre. Mes larmes suffiraient peut-être, si elles pouvaient être écrites par ma plume. J'ai beau lire, encore et encore tes mots, il n'y a que le Néant autour de moi.

Je m'envie à travers chaque phrases que ta plume à tracer sur cette lettre, qui trône en Roy à côté de moi au moment même où je t'écris. J'envie cette vie que tu sembles connaître, que nous aurions pu partager il fut un temps. Tu as tellement d'avantages sur moi. Tu connais mon nom, mon passé, mon histoire, ce qui fait de moi un être à par entière. Alors que moi.. Je ne sais rien. J'ignore qui je suis, d'où je viens.. Comme si le Très Haut m'avait déposée ainsi faite sur sa création.

Malgré ceci, je ne peux qu'éprouver de l'amour envers toi. Amour que peut-être éprouvions nous déjà durant notre enfance, et que je m’efforce de croire en lissant cette tendresse manuscrite de ta main. Par dessus ce sentiment, ce glisse un grain de peine. De la peine, lorsque tu liras ces satires, et que tu constateras qu'il n'y a non plus seulement cette communication qui est à sens unique, mais également.. Une amitié. Bien que je te tutoie, il s'agit là d'une précaution de ma part, peut-être pour apaiser le choc de cette triste réalité qu'est devenu mon existence.

Je ne puis te dire d'avantage.. Du moins dans cette missive ci, même avec ma plus grande volonté..

              Tendrement

                Théréza


PS :Ta fidélité me fait chaud au cœur, et me redonne le sourire, ainsi que le réconfort dont j'avais besoin depuis mon réveil à Patay. Parce que oui.. Je suis actuellement à Patay, en Orléans. C'est ici que je me suis réveillée un beau matin. Depuis des semaines, je recherche un liens avec mon passé, en priant chaque jour qui m'est permit de vivre, qu'un signe ou qu'importe.. Et te voilà. Je suis toute fois peinée, de ne pouvoir exprimée rien de plus envers toi, et ce que tu me racontes. Tu me parles de Maelh, l'ai-je connu également ? Parles moi, raconte moi..

_________________
Magda.


    [Une joie partagée est une double joie, une peine partagée est une demi peine.]
    - Proverbe anglais


La lettre reçue a divisé le coeur de Magdalena en deux parties qui - drôles d’aimants - s’opposent puis se mêlent et s’entremêlent avant d’à nouveau se repousser.

Joie.
Elle a dénié au doute le droit d’exister, elle a chassé les funestes images qui lui venaient dans certains élans de mélancolie et elle avait raison puisque Théréza est en vie. Que Théréza écrit. Parce que c'est elle : si la belle au casque d’or ne se souvient pas de son identité, le Tournesol reconnait son écriture sans la moindre hésitation, retrouvant avec béatitude la façon que son amie a de tracer ses majuscules et ses virgules.

Peine.
La douleur filtre à travers chacun des mots de celle qui a partagé son enfance et la d'Acoma, depuis toujours si perméable aux émotions des autres, ne peut que partager sa souffrance, d'autant plus qu'à celle-ci s'ajoute la sienne propre. Sa chère Théréza ne peut la considérer comme une amie car elle ne se souvient pas d'elle. De leurs jeux et de leurs confidences, elle a tout oublié. Cette simple idée, Magdalena en est certaine, est bien plus douloureuse qu'une gifle.

Mais il est hors de question de se laisser aller au chagrin plus longtemps. Qu'importe que la Rose ne se souvienne pas d'elle : la douce rousse a de la mémoire pour deux et elle ne doute pas que les cendres de l'amitié d'hier puissent être un excellent terreaux pour celle de demain, aussi prend-elle la plume pour reconstruire ce que la destinée a voulu briser.



Citation:
Fait à Annecy, le douze novembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux, 
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma, 


    Ma chère amie,

J'ai hésité à t'appeler ainsi. Ma chère amie... Peut-être est-il douloureux pour toi de lire ces trois mots et si tu me demandes de ne plus les écrire, je le ferais volontiers – je ne souhaite pas te mettre mal à l'aise – mais pour l'heure je ne peux m'en empêcher car ils recèlent le secret le moins bien gardé de ce monde : tu es, et ce depuis si longtemps que je ne sais plus ce que c'est de vivre sans toi, mon amie. D'ailleurs, je dois avouer qu'apprendre que tu n'as plus aucun souvenir de moi, de nous, m'a fait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur... Mais ne t'inquiète pas. Non seulement ma joie de te savoir vivante et visiblement en bonne santé malgré ta mémoire défaillante compense largement ce terrible sentiment mais j'ai en plus l'espoir que les souvenirs se rappellent à toi. Et si ils ne le font pas, qu'importe. Nous pourrons apprendre à être amies à nouveau... C'est à dire, nous le pourrons si tu le souhaites.

Tu me demandes de te raconter un peu de notre passé et c'est avec toute la bonne volonté du monde que je vais le faire, toutefois crois bien qu'il faudra plus d'une lettre pour raconter tout ce que nous avons vécu et tout ce que tu représentes pour moi.

Maelh, d'abord. C'est, comme je te le disais dans ma dernière lettre, mon frère aîné. Il a deux de plus que moi et donc de plus que toi puisque tu me suis de seulement quelques mois. Ton anniversaire est le trente-et-un décembre, d'ailleurs. Si jamais tu ne t'en souvenais plus, te voilà au courant. Maelh, que tu connais pour avoir partagé nos jeux d'enfants, est un beau garçon aux cheveux bruns et a l'air doux, doté d'une gentillesse telle qu'elle en est presque dangereuse pour lui : je le crois tout à fait capable de tenter d'aider un loup prit dans un piège ou d'essayer de réparer une ruche pleine de frelons. D'ailleurs, j'avais la fâcheuse habitude de lui tirer les cheveux quand nous étions enfants, ce qui m'a valu un nombre plutôt impressionnant de lignes à copier. Ceci dit, ne t'inquiète pas : l'âge m'a changé et je n'ai plus tiré les cheveux ou les oreilles de quiconque depuis une éternité.

Ciel ! J'y songe maintenant seulement, mais puisque j'ai promit de te raconter tout ce que je sais, je devrais peut-être commencer par notre rencontre. Celle-ci, très chère Théréza, n'est pas due au destin mais à nos parents. Les miens, Arbert et Athéna d'Acoma, faisaient affaire avec les tiens,  Attilio Vitalis da Roma et Melina Viretto. Si je ne me trompe pas mes parents – qui possédaient quelques terres – avaient confié aux tiens la vente de leurs productions. Il est possible que ça ait été bien plus compliqué que cela, mais j'avoue ne pas m'être intéressée à ces transactions plus avant. Toujours est-il que pendant nos parents discutaient de gros sous, nous étions envoyés à l'extérieur ou dans la nursery pour jouer car on attendait de nous en tant qu'enfants du même âge, que nous nous entendions. Ce que nous avons fait d'ailleurs, notre amitié dépassant même toutes les attentes de nos géniteurs et nourrices.

Si tu savais, chère Théréza, comme le souvenir de ces après-midi passés à nous imaginer des vies de pirates, de chevaliers et de princesses m'est doux... Je te l'assure sincèrement, celui-ci seul pourrait me convaincre du fait que notre amitié n'est pas morte et il en existe des dizaines encore plus merveilleux.

Si tu le souhaites, je pourrais t'en raconter d'autres dans ma prochaine lettre. Pour l'heure, je dois mettre un point final à celle-ci car il me faut me rendre au bureau du conseil municipal d'Annecy d'où j'organise une grande course pour les habitants de la ville.

S'il-te-plait, dis moi comment tu te portes et ce que tu as fait dernièrement. Et surtout, n'hésite pas à me raconter tout ce que tu as pensé et ressentit durant cette période si le cœur t'en dit car quel que soient tes sentiments, je les traiterai avec toute la douceur possible.

                          Tendrement,
                            Magdalena

_________________
Thereza


    Il ne faut pas renoncer aux semailles à cause des pigeons.
    Proverbe Italien


Il était possible de s'affoler autant en peu de temps ? De ressentir, autant d'excitation, de joie et de peur à la fois ? Visiblement, oui. C'était encore tout nouveau. Mais quel magnifique nouveauté, digne de toute extravagance de Roy; ayant encore plus de valeur encore que n'importe quelle richesse.

"Elle" lui avait répondu, "elle", son amie d'enfance oubliée. Et malgré le fait que les coups qui auraient du lui être fatal aient emporter avec violences chaque fragments de sa mémoire, elle était là.. Magdalena.


Citation:
Fait à Patay, le treize novembre mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Théréza.. Vitalis da Roma, à toi, Magdalena d'Acoma.


    Mon doux gâteau au miel,


Quel surnom original, ne trouves-tu pas? Et pourtant, si on compare cette petite douceur accompagné d'un fabuleux thé, ou même un lait chaud, avec toi.. Il en ressort la même étonnante conclusion : Il en découle la même délicatesse. Disons que je suis un bon thé pour accompagner l’image.
Ai-je toujours été aussi.. authentique à ce point pour trouver des surnoms, ou est-ce les coups que j'ai reçu qui me font divaguer de la sorte ?

Quoi qu'il en soit, tu peux m’appeler comme tu le souhaite, tant que cela te soulage, t'apaise dans cette nouvelle épreuve. Je suis peinée, et terriblement mal à l’idée de savoir se sentiment être venu écraser la poitrine. Il me semblait juste que tu saches la vérité.. Tu peux sûr d'une chose, et je t'en fais la promesse ; je ferais tout mon possible pour me rappeler - et si le temps va contre ceci alors je trouverais une autre solution - de ce nous qui était notre. Et je te promet aussi autre chose, si mes souvenirs daignent revenir, ayant eût une réponse de ta part ou non, je te le dirais. C'est la seule véritable chose que je puis faire.

En te lisant, j'ai l'impression d'avoir.. Je vais dire la, une terrible bêtise, mais qu'importe.. J'ai l'impression d'avoir vécu très récemment tout ceci. Il m'arrive parfois de voir en rêve, une petite fille. Oh bien sur, cela ne veut rien dire, mais je nourris l'espoir du contraire. Laisse moi te raconter..
Il y a.. moi, je suppose, puisque je vois à travers mes yeux, et puis il y a cette petite fille. Je ne la pense pas plus âgée que "moi". Pourtant, elle semble un peu plus protectrice dans ses gestes. Oh, et ses cheveux. Ils abordent un magnifique roux brillant de mil feu sous le soleil. Et qu'est-ce que nous rions.
Ce souvenir, ou ce rêve me fend le cœur dès lorsqu'il revient. Dis moi ? Qu'en penses-tu ? Serais-ce toi, cette enfant rieur de mon rêve ?

Ainsi, nos parents faisaient affaire ensemble ? J'aimerais tellement me souvenir de notre rencontre.. De nos après midi.. raconte moi encore.. Avons-nous fais de nombreuses bêtises tout les trois? Ou bien ton frère était à cette époque bien trop gentil également ? Il y a tellement de questions qui me viennent sur notre enfance, que je ne saurais véritablement te poser l'une d'entre elle avec précision.

Laisse moi te dire ce que j'ai fais dernièrement. Dans mon village, tous autant que nous sommes - ou du moins, ceux dont on voit le bout du nez -nous attelons à faire revivre le village. Les artisans travaillent cachés entre quatre murs, ne mettant en vente que rarement leur production. Et sans parler des jours de marché, ou il y a ceux qui dévalisent le tout! ce commence à devenir assez compliqué. Puis finalement, j'ai proposé une idée au maire, - qui est également devenu avec le temps un ami, ainsi que sa femme - qui pourrait redonner un peu de vie à Patay. Idée qui se serait tarder à voir le jour. Je susi tellement heureuse, on dirait une petite fille devant son cadeau!

Oh, et puis il y a eu également cette semaine.. désastreuse, ou le village en même temps que l’élection du maire, aurait pu m'élire " Femme la plus courtisée de Patay ".Tu y crois ? Trois hommes, dont un qui finalement s'est volatilisé, à mes pieds. J'ai finalement accepter de dîner avec l'un d'entre eux - appelons le "le brun". Tout ce passait bien , et puis d'un coup.. Je me suis énervée, j'ai rejoins ma petite chaumière. Cela aurait pu s’arrêter ici, mais ce goujat m'a envoyer un courrier pour dire que je me laissais manipuler. Autant te dire, que l'ai envoyer dans mes roses. Étais-je ainsi, avant ? Comme Maelh ? En voulant bien faire, c'est ainsi moi qui me suis retrouver dans une situation d'énervement. Pourtant, je pense sincèrement que l'amour et les nouvelles rencontres nous sont bénéfique.. Mais peut-être pas dans l'immédiat..

Lorsque je vois le maire et sa femme, leur tendresse, leur complicité.. me touche. Serais-ce un manque d'amour qui bat en moi ? Je ne sais que penser.. Il est certain que de vivre là ou ce n'est pas notre place, ni nos racines, avec des personnes inconnu ne peut que faire naître un trou béant dans le coeur.. Je suis tellement partagée.. Entre la joie, de connaître ces gens qui m'ont aider à m'intégrer comme il se doit dans le village, mais peinée également, par le faite de ne savoir rien sur moi. Maintenant, grâce à toi, je connais.. Mon nom, mes parents, et ma date de naissance.. Et je te connais, toi.

Sur ces bonnes paroles qui je te l'avoue, me libère, je vais devoir mettre fin à cette lettre. Il me tarde de te lire à nouveau. Pourrais-tu lever le mystère sur ta broche? Dans ta première lettre, tu disais que nos parents nous les avaient offert.. Comment est la tienne ? Quel fleur es-tu ?

              Tendrement

                Théréza

_________________
Magda.

    [Avoir dans la vie un véritable ami, c'est aussi rare et précieux qu'un véritable amour.]
    - Emmanuel Carrère


Les doigts fins, aux ongles parfaitement polis, effleurent une fois de plus le papier tandis qu’un indécrottable sourire flotte sur les lèvres roses. Le bonheur, pourtant réputé comme étant une petite chose fragile, c’est emparé de Magdalena toute entière, multipliant ses éclats de rire et faisant battre son coeur à tout rompre.

Et que faire de mieux que d’écrire à sa chère Théréza pour que celle-ci, vecteur ce merveilleux sentiment, puisse aussi en être le témoin ?



Citation:
Fait à Annecy, le quinze novembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux,  
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma,  


    Ma chère amie,

Pardonne moi mon manque d’originalité alors que toi tu m’affubles de si adorables sobriquets, je crains de ne pas avoir ton talent dans ce domaine. D’ailleurs, sache que je ne l’ai jamais eu alors que toi, maîtresse des mots et des coeurs, tu en as toujours été dotée. D’aussi loin que je me souvienne, tu as bien souvent trouvé le moyen de remplacer le simple Magdalena par quelques mots d’amour ou d’humour et, avouons le, il m’est agréable de retrouver ça.

Et il m'est aussi très agréable de t'annoncer, ma merveilleuse amie, que tes rêves ne sont pas des rêves, mais des souvenirs. Rends toi compte ! La mémoire pourrait bien te revenir totalement, car ce minuscule diable roux qui se donne le droit de veiller sur le doux petit être aux cheveux couleur d'or et de miel que tu étais n'est autre que moi. Et si nous rions dans tes songes, c'est sûrement parce qu'ensemble nous n'étions qu'éclats de rire. D'ailleurs, il faut avouer que nous avons joué de drôles de tour, comme cette fois où un « grand » garçon (il avait au moins neuf ans alors que nous en avions cinq) t'avait ennuyé. Nous étions toutes les deux furieuses et nos esprits revanchards affûtés (le mien peut-être plus que le tien, d'ailleurs. Tu étais une enfant si douce, si tendre...), nous avions ourdi le plus terrible des plans qui visait à... Le faire tomber dans la boue ! Comme tu peux l'imaginer, les choses ne se sont pas passées comme prévues et si finalement il a atterri dans une flaque, c'est parce que nous l'avons accompagné dans sa chute ! Rien qu'à y repenser, je ris : imagine deux petites filles de bonnes familles retourner vers leurs parents, les cheveux collés de boues, les souliers glissants et... Les visages radieux d'avoir réussi à prendre leur revanche.

D'ailleurs, je dois avouer qu'à cette époque là j'étais bien égoïste et que je ne souhaitais te partager ni avec Maelh, ni avec Dunjia (Je ne sais plus si je l'ai évoqué dans mes lettres les plus récentes : Dunjia est ma sœur jumelle, mon double parfait et surtout, l'un des plus grands amours de ma vie). Tu étais ma merveille, mon amie et je volais ta présence aux autres. Je crois que ça ne te dérangeait pas que je demande à avoir l'exclusivité sur toi. Tu étais mon soleil et j'étais ta lune.

Lire que tu es celle qui se propose d'animer ton village ne me surprend pas et je crois bien que si quelqu'un peut réveiller des esprits endormis, c'est bien toi. Quant à tes prétendants... Là non plus je ne suis pas étonnée. Cela fait longtemps que je ne t'ai plus vu mais tu as toujours été une incroyable beauté et enfant déjà tu attirais tous les regards. Tu as même eu un petit amoureux pendant un temps. Si ma mémoire est bonne, il s'appelait Oscar et te donnait régulièrement des petits gâteaux cuisinés par sa mère en échange de ton attention.

Quand je te lis, j'aimerais revenir à cette époque bénie où tout était facile pour toi. Tu mérites tellement d'être heureuse et aimée plutôt que tourmentée par cette mémoire qui flanche et cet affreux sentiment de solitude... Toutefois sache que, même lorsque tu te sens isolée, tu ne l'es pas car je porte ton cœur avec moi, je le porte dans mon cœur.*

Oui, vraiment, c'est ce que je pense lorsque je te lis et pourtant, en ce moment ma vie est radieuse. D'abord grâce à toi, très chère, car te retrouver m'apporte la plus grande des joies, mais aussi grâce à Annecy où je me plais beaucoup et encore plus à cause d'un homme. Oui, un homme. Si tu pouvais te souvenir, tu serais sûrement choquée. Moi, si timide, si sage, si étrangère aux affres de l'amour, suis tombée éperdument amoureuse de plus parfait des êtres. Il s'appelle Beren, a des cheveux teintés d'or et de cuivre, des yeux plus verts que l'émeraude et la plus incroyable des personnalités. Il est si intelligent, drôle, charismatique, gentil, généreux, doux, tendre, beau... Et mes sentiments sont réciproques, je crois. En tout cas, auprès de lui je me sens plus forte et plus belle. D'ailleurs, nous allons partir en voyage ses enfants, lui et moi. Cette idée me terrorise autant qu'elle me séduit, ma Rose, car je ne sais pas si je pourrais résister à la tentation qu'il représente encore bien longtemps : j'ai terriblement envie de découvrir le goût de ses lèvres. Ce n'est pas très sage, n'est-ce-pas ?

Oh et ma broche représente un tournesol. Je suis un tournesol. Ou tout au moins c'est ce à quoi on m'a toujours associée.

                          Tendrement,
                            Magdalena



*E.E Cummings

_________________
Thereza


    Les amis sont les anges qui nous soulèvent quand nos ailes n'arrivent plus à se rappeler comment voler.
    Anonyme.


Elle contemplait la lettre. Sans penser à ce qui l'entour. Elle était souriante, heureuse, en paix et émerveillée par cette correspondance qui donnait à sa vie, une nouvelle source de bonheur et futur envisageable. C'était comme si, pour la première fois depuis des semaines, son cœur était libre de battre à tout rompre à chaque arrivée de nouvelle missive.

Citation:

Fait à Patay, le dix-sept novembre mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Théréza Vitalis da Roma, à toi, Magdalena d'Acoma.


    Ma douce amie,


Chacunes de tes lettres me font vibrer d'espoir un peu plus. Ne serais-ce que par ce que tu me racontes, qui parfois me faire rire aux éclats, comme cela à pu m'attrister. Il m'est bien étrange que de voir mes souvenirs couchés sur du papier au lieu d'être bien au chaud dans ma mémoire.

J'ai l'impression, et je ne crois pas me tromper en disant cela, que ma vie passée est littéralement liée à la tienne. Et je t'avoue que je suis blessée de ne pouvoir me remémorer chaque instant, chaque rire et secrets que nous avons partagée ensemble. J'aimerais te dire, dans une prochaine lettre, que je me souviens d'un acte que tu aurais commis dans le passé, et qui me fait tendrement sourire, comme avec ce pauvre garçon que nous avons traîné dans la boue - ce qui j'avoue ne m'étonnes pas du tout, je me reconnais bien la. Y aurait-il une liste aussi longue que nos quatre bras réunis, de toute nos bêtises ?

L'égoïsme fait sans doute partie de notre enfance, à tous. Plus ou moins. Du moins je crois. Aurais-tu été, celle qui savait tout de moi, mieux encore que mes propres parents? Celle qui savait rien qu'en me regardant, si je me portais mal ou bien, si j'allais faire une terrible bêtise ou même encore était contrariée ? Étions-nous, comme ces formidables oiseaux, qui ne se quittent jamais, et ne forme qu'un ? Aurais-tu remplacée, une sœur que je n'aurais jamais ? Cette idée me fait chaud au cœur, et j'ose aussi y croire. Tu n'imagines pas, depuis ta chère Savoie, combien cela me rend heureuse. Peut-être moins que toi, je le conçois, mais je suis heureuse. Heureuse, de trouver en toi une amie, même si malgré le temps, tu ne m'as jamais abandonné une seconde, de trouver en toi, une lumière, de l'espoir. Pourtant, t'écrire me semble être une chose tout à fait naturel, comme si la gêne n'avait pas sa place lorsque je prend la plume.

Pourrais-je vous voir, toi, ton double et ton frère ? Malgré que vos trois minois ne me diront certainement à mon grand regret rien, cela pourrait sans doute être un bon moyen, de rompre la glace du temps. Aussi, peut-être qu'un souvenir me reviendrait. C'est en tout cas, un doux espoir que je caresse.

Je suis ravie de voir que tu semble trouver l'amour. Les mots sont peut-être plus facile à exprimer sur du papier, et pourtant tu sembles être une personne entière, et adorable. Non, je corrige. Tu es une personne entière, adorable, attentionnée et douce. Tu mérite ce bonheur, malgré qu'autre fois tu ai pu être si timide et complément étrangères à ce drôle de sentiment. Mais par dessus tout, faites attention durant votre voyage, je vous en supplie. Je prierais le Très Haut pour que rien ne vous arrive, à vous tous. Et j'espère pour lui, qu'il veilleras sur toi, ma graine de tournesol, comme toi sur lui - mais un peu plus lui sur toi.

Il faut que je te partage un secret. Et je te certifie mon amie, que tu es la première à la savoir. Pas même mes déjantées d'amies de Patay ne sont au courant. Je t'avais fais savoir, que quelques hommes me tournaient autour. Et bien, le brun est retourner chez lui, assez bredouille. Quand au blond.. Je ne sais pas ce qu'il passe. Je ne dirais pas que je suis amoureuse, mais mon cœur bat terriblement fort lorsqu'il est présent. Nous échangeons souvent quelques bêtises, comme par exemple le fait qu'il n'est pas le plus grand des courtisans. Et au contraire de ton prince, le miens est un poil moins parfait. Mais c'est ce qui fait son charme. Il s'appelle Yesgi, aux cheveux aussi doré que les miens, une petite barbe qui me fait rire mais qui fait grand homme de guerre, des yeux rieurs aux reflets noisette.. Et des lippes d'une incroyable douceur.. Nous avons échanger un - ou plusieurs, certainement plusieurs oui - baisers. Je ne saurais véritablement te le décrire, il est si.. simple et torturer à la fois. Crois-tu qu'une fille de bonne famille comme moi, puisse tombée amoureuse.. d'un "gueux" ? Le terme ne me plait plait, et pourtant. Il ne semble pas s'être enfuie lorsque je lui ai avouée ne pas être la jeune fille la plus simple au monde, avec un passé qui court en liberté dans le Royaume, et encore moins.. La plus attachée au romantisme. Ce qu'il à étonnement bien prit, et très vite comprit. Et toi, crois-tu qu'il est bien sage, ce que j'ai fais ? En tout cas toi, tu peux être fière de ne pas s'être jeter à son cou. Ne dit-on pas, que plus on attend, plus la chose attendu sera meilleure ?

Je te laisse sur ces tendres mots, et espère te lire très vite.

                Tendrement,
                  Théréza


PS : Si lors de votre voyage, vous passez par Patay, arrêtez-vous chez moi. Je vous recevrais avec tout l'amour du monde. Surtout toi, ma fleur.

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Magda.


    [C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.]
    - Saint-Exupery

Installée en taverne, Magdalena profite d'un instant de solitude pour répondre à la belle Théréza. Quelqu'un rentre. Lui parle. Elle ne s'en rend pas compte et continue d'écrire à celle qui, en cette seconde, est le centre de son univers en plus d'être la meilleure de toutes ses amies.


Citation:
Fait à Annecy, le vingt-et-un novembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma,


    Ma chère amie,

Si mes lettres te font vibrer, les tiennes me remplissent automatiquement d'une joie incomparable. Tu sais, il y a beaucoup d'amour dans ma vie. Beaucoup de joie. Beaucoup de gens. Mais ce que toi et moi nous avons - ce lien qui n'est pas défini par le sang, ni par la proximité physique, mais pas la ressemblance des âmes - c'est si pur, de si merveilleux, que je pense qu'il n'y a qu'avec toi que je puisse le connaître. Tu es essentielle, irremplaçable.

Je pense comprendre la peine que tu ressens à ne pas pouvoir te rappeler de ton passé - même si je n'ai certainement pas conscience de la mesure de la chose - car mes souvenirs sont ce que j'ai de plus cher en ce monde, exception faites des êtres aimés qui, encore parmi nous, font que le monde est beau et que mes souvenirs sont doux. Toutefois, si je suis bien certaine d'une chose, c'est que tu ne dois pas perdre espoir. J'en suis certaine, la mémoire va te revenir. Et puis... Même si ça n'arrive jamais, il te faut songer que tu as déjà commencé à te forger de nouveaux souvenirs et que, si jamais tu as des questions sur l'Avant, tu pourras toujours me les poser car, maintenant comme lorsque nous étions enfants, je suis là pour toi. D'ailleurs, je crois pouvoir dire que oui, le lien qui nous unissait était si fort que je te comprenais mieux que quiconque. Et l'inverse est vrai ! Ma sœur exceptée, je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui me comprenne mieux que toi et c'est sans doute pour cette raison que m'écrire te semble naturel. Il est des choses que le cœur sait, même si la tête ne les connaît pas.

Lire que tu sembles avoir trouvé un homme t'offrant un peu de la joie infinie que tu mérites me fait tant plaisir ! Tu sais, j'aimerais être à tes côtés pour pouvoir te soutenir dans l'épreuve que tu traverses et je dois avouer que savoir que tu n'es pas seule, que lorsque la mélancolie t'étreint il y a quelqu'un qui peut te serrer entre ses bras et te dire que tout ira bien me rassure beaucoup. Et qu'il soit issu d'un rang inférieur au tien n'a aucune importance : j'en suis absolument persuadée. Nous sommes tous les enfants de Dieu et que nous soyons nés dans la soie, comme toi et moi, ou dans le foin, comme lui visiblement, n'a aucune incidence sur la pureté de nos âmes ou notre intelligence. Qui plus est, tu es libre ma merveilleuse rose. Ton cœur et ton corps n'appartiennent qu'à toi et si le temps passé avec lui t'es doux, il n'y a aucune raison pour que tu mettes un terme à cela. Ceci dit, je te conjure d'être prudente : embrasse-le tant qu'il te plaît, mais prend garde à ne pas te laisser aller à la luxure. Je serais tellement triste d'apprendre que tu t'es compromise et que tu portes un petit être dont la venue n'a pas été prévue.

Et maintenant que ce détestable rappel est fait, parle moi encore de lui. De toi. A quoi occupes-tu tes journées dernièrement ? Et que fait ce Yesgi dans la vie ? Semble-t-il très épris de toi ? Te connaissant, je suppose qu'il ne peut que l'être, qu'il soit disposé à l'avouer ou pas.

Quant à moi, je dois dire que depuis la réception de ta lettre, j'ai eu l'occasion de vérifier ce que tu m'affirmais et je suis heureuse de te dire que tu avais totalement raison. Le délicieux Beren m'a offert mon premier baiser et c'était... Indescriptible. Il me semble que mon cœur a tout a la fois cessé de battre et battu plus fort et plus vite que jamais. Mes jambes ont tremblé, mon esprit a arrêté de fonctionner et mon âme, quant à elle, c'est improvisée gymnase et a fait un triple salto arrière. Mais le plus incroyable est ce qui a suivi : il veut m'épouser. Il n'a pas fait de demande dans les règles de l'art pour l'instant, mais il m'a clairement dit qu'il souhaitait me présenter à sa sœur en tant que sa future épouse et il a même, avec beaucoup d'humour, ronchonné à propos de l'absence de religieux pouvant nous unir à Annecy. Peux-tu seulement y croire Théréza ? Pour ma part, je crains terriblement de me réveiller et de réaliser qu'il n'a été qu'un rêve.

Par ailleurs, nous ne sommes toujours pas partis d'Annecy : Beren a des enfants et organiser un voyage comprenant quatre petits êtres n'est pas une mince affaire, mais dès que nous le ferons tu peux être certaine que nous serons très prudents et surtout que je ferai tout mon possible pour honorer ton invitation ! J'ai tellement envie de te voir ! Oh et évidemment, tu es toi aussi bienvenue à Annecy si l'envie te prend de quitter Patay. J'ai acquis une charmante maison et suis en train de faire construire un grand jardin d'hiver – ça m'a coûté un bras d'acheter toutes ces vitres ! - qui devrait te plaire je pense. Toi qui a toujours été si solaire devrait apprécier le confort d'une pièce où, tout en étant bien au chaud, on peut profiter de la lumière de l'extérieur et de la proximité des plantes.

                          Tendrement,
                            Magdalena

PS : le messager qui t'a apporté ma lettre a aussi dû te confier une petite toile nous représentant, ma sœur, mon frère et moi alors que j'avais cinq ans, un récent portrait de moi et – plus important – une gravure nous représentant toi et moi. Elle a été faite l'année de nos sept ans il me semble. Vois comme nous avions l'air heureuse à nous tenir par la main, entourées de fleurs.

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Thereza


    Un ami est à la fois le soleil et le tournesol, il attire et il suit.
    Johann Paul Friedrich Richter


Depuis son bureau à l'ambassade d'Orléans, la blonde regardait les étoiles. Elle aimait le soleil, sa chaleur, son étreinte invisible, mais également la lune, son mystère et sa beauté. Ces deux astres avaient l'avantage de lui soulever une tendresse au coeur, et depuis ces lettres qui étaient devenu indispensables à sa vie, lui rappelaient les douceurs de Magdalena.

Citation:
Fait à Patay, le vingt-deux novembre mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Théréza Vitalis da Roma, à toi, Magdalena d'Acoma.


    Mon petit diamant jaune,


Sais-tu d'où je t'écris ? Il ne me semble pas t'en avoir encore fait l'annonce dans mes lettres précédentes. Je me trouve dans mon bureau. Oui, mon bureau, depuis l'Ambassade d'Orléans que je représente depuis ce matin même. Je suis affectée au Béarn et au Périgord- Angoumois. Il m'est bien étrange de me dire que du haut de mes quinze années, je représente un Duché entier dans une autre province. Comme il m'est aussi étrange de me dire qu'au sein de ces murs, et dans le monde qui l'entour, on ne m’appellera plus simplement Théréza, mais "Excellence". J'ai tellement de chose à apprendre sur ce rôle qui est miens, que je suis partagée par la hâte et la peur. Peur de faire, ou dire une bêtise qui pourrait compromettre quelque chose de déjà assez instable. Toute fois, le Chambellan est un grand homme, qui si je ne me trompe pas, sera assez compréhensif. Je ne suis qu'une novice après tout.

Tu as raison. Je me construit de nouveaux souvenirs jours après jours.. Et autant te dire, que tu en fais partie. Sans aucun doute, un des plus souvenirs de mon nouveau départ dans la vie. Je n'ai beau ne pas être attachée à toute ses preuves d'amour, et de sincérité, j'ai comme l'impression que cela ne te concerne pas. J'ai besoin de t'exprimer à travers chaque lettre, cette naissance d'amour qui grandit chaque jours, qui me fait sentir plus vivante que l'ordinaire. Tu es - à mon plus grand étonnement - devenue cette amie qui m'est plus cher que n'importe laquelle autre. Il y a tellement de chose que je voudrais voir en ta compagnie..

Dernièrement, comme je te l'ai dis plus haut, je me suis présentée au château de l'Orléans. J'y ai rencontrer le Chambellan, Ursus. C'est une homme d'une extrême gentillesse, qui à prit le temps d'écouter mon histoire, prendre en compte mes doutes et mes peurs. Il m'a présenter un document, inscrivant tout ce que je dois savoir à propos de ce rôle qui m'est nouveau, ainsi que les appellations que je devrais employer dans l'exercice de mes nouvelles fonctions. Il y a des endroits que je verrais un jour, je n'aurais cru voir! Imagine un peu, le Louvre, la Salle du Trône ou encore le Bureau de la Pairie! M'imagines-tu ? Moi ? Petite Théréza dans de tels lieux ? Je te laisse songer à quel point mon coeur bat à tout rompre rien qu'en y pensant. C'est là une chance que je n'aurais sans doute jamais plus.
Tout ce bouscule dans ma vie. Le passé courant de Royaume, je me retrouve rattrapé par un présent qui me prend la plus part de mon temps libre. Cela me laisse tout de même quelques instants en compagnie de Yesgi. Il fut d'ailleurs, le maire de notre village avant que je n'arrive à Patay. A ce que j'ai entendu, ce fut un bon leader. Ce qui ne m'étonnes pas vraiment. Le charisme coule sur lui comme la pluie sur les fenêtres. Je t'avouerais, que j'ignore tout à fait l'âge qu'il peut avoir.. Est-ce mal ? Il m'a l'air tout à fait jeune, sans l'être trop. Et je peux t'affirmer qu'il est épris de moi. Il m’envoie souvent son pigeon, lorsque nous ne nous voyons pas la journée. Ce que je trouve adorable! Mais ne t'en fais pas, je ne m’abandonnerait pas à la Luxure, je me l'interdis fermement.

Les larmes me sont montée aux yeux lorsque je t'ai lu. Une demande en mariage! C'est fabuleux! Oh, comme j'aurais aimer être présente et jouir de cette bonne nouvelle avec toi. J'espère seulement pour son grade, qu'il ne torture pas ton âme et ton cœur, sinon il aura devant lui, une blonde en furie, lui jetant des milliers d'épines de roses. Fais lui bien savoir, je compte sur toi. Parles moi de vous deux, de ta vie, de tes passe temps.

Ses enfants sont-ils aussi taquin que nous l'étions ? Il me tarde de vous voir. Je suis persuader que ta maison te ressemble et respire cette joie de vivre même par temps de pluie. Je t'envie tellement tu sais. Tout à l'air si simple pour toi. Il me semble si simple d'aimer quelqu'un lorsque tu me parle de ton prince, comme il me parait si simple de vivre une vie harmonieuse. Nos jeunes âges auront raison de nous ? Je n'espère pas. Le temps à déjà eu raison de ma mémoire, je ne laisserais rien de plus envahir mon futur.

Il m'arrive parfois de songer à avoir des enfants. Étrange n'est-ce pas ? Mais serions nous seulement capable d'aimer autant que nos parents s'aimaient.. J'en doute. Ne ressens-tu pas cette envie d'envahir toi aussi de temps en temps ?

Je te remercie, pour ces tableaux de vous. Laisse moi te dire, que tu es une jeune femme tout à fait magnifique, tout comme ton double. Quant à ton frère, il en sort de lui une certaine élégance, il doit surement faire des ravages. La gravure nous représentant trouvera une place de Reyne dans mon bureau que je vais devoir côtoyer plus d'une fois par jour. Cela n'a hélas, aucun effet sur ma mémoire, comme je le craignais.. Mais je garde espoir!

Tu trouveras à ton tour, une toile à mon image. Peut-être me trouveras-tu changée.

              Bien à toi,
                Théréza

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Magda.


    [Les voyages sont la partie frivole de la vie des gens sérieux, et la partie sérieuse des gens frivoles.]
    - Sophie Swetchine


Il est des jours où le calme est mis à mal sans qu'on sache trop pourquoi ça arrive. Ce n'est pas forcément négatif. Dans le cas présent, c'est même très positif : si la confortable et paisible existence de la rousse est bousculée, ce n'est pas par des drames, mais par des éclats de joie. C'est beau. C'est doux. C'est terrifiant aussi. Et surtout, c'est à raconter.



Citation:
Fait à Poligny, le vingt-cinq novembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux, 
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma, 


    Ma chère amie,


Ou devrais-je dire, Votre Excellence ? Cela serait bien étrange et pourtant, je suis très fière de savoir que toi, ma meilleure amie, tu as acquis ce titre grâce à ta seule intelligence et ton charisme. Je suis certaine, d'ailleurs, que tu vas faire un excellent travail : il va sans dire que ta terre d'adoption n'aurait pu rêver meilleure représentante et le Béarn et le Périgord seront enchantés d'accueillir la plus jolie des ambassadrices.

Car tu es si jolie... Évidemment, en voyant ton portrait j'ai facilement reconnu la céleste créature que tu étais déjà à cinq ans, mais le temps a joué en ta faveur et je crois pouvoir dire en toute objectivité qu'aujourd'hui tu es plus belle que jamais. Quel étrange mélange de douceur et de force dans tes traits ! Quel savent équilibre entre la délicatesse du sourire et l'intensité du regard ! Vraiment, si j'étais déjà honorée de pouvoir t'appeler mon amie en connaissant ton caractère, je le suis encore plus en redécouvrant tes airs d'ange tombé sur terre et, de fait, je t'imagine parfaitement en train de conquérir le Louvre, la Pairie et les cœurs de tout les grands de ce monde parce que tu es une reine Théréza. Ni plus, ni moins.

Je suis aussi très heureuse de te savoir bien entourée. Ce Yesgi et le chambellan me semblent être des hommes droits quand je lis tes descriptions d'eux et j'espère bien qu'ils le sont réellement, sans quoi je me verrais obligée d'abandonner ma bonne humeur habituelle pour leur apprendre qu'on n'a pas le droit de te blesser sans avoir affaire à un être possédé par la colère ayant à cœur de te venger... Et je peux t'assurer que, même si je ne valus pas la violence, je pourrais être bien cruelle aujourd'hui et ne pas me contenter de les faire tomber dans la boue.

Pour ma part, je suis enfin partie et ce voyage est haut en couleur !

Le premier jour, alors que nous étions à Genève, j'ai fait la connaissance de dame Sarani, cousine adorée de mon cher Beren... Et de son fils, puisqu'elle a accouché en plein milieu de la taverne où nous nous trouvions. Peux-tu imaginer la scène ? Cette impressionnante – par ses cris et par son caractère mordant – rousse, étalée au sol, à demi-nue, mon doux Beren à genoux entre ses jambes pour l'aider à délivrer l'enfant de ses entrailles ? Ajoute à cela Enolia, petite fée de presque neuf ans, qui mourrait d’inquiétude en regardant tout cela, une femme s’enivrant et faisant des commentaires déplacés et moi... Totalement perdue. Le sang, les cris, la nudité... Tout ceci m'est tellement étranger que j'ai eu bien du mal à ne pas partir en courant et je dois avouer que j'ai rendu mon repas. Ce n'est guère élégant mais la violence de la naissance m'a profondément choquée. Je n'imaginais pas que donner la vie puisse être aussi douloureux et mon désir d'être mère a été un peu chamboulé. Toutefois, lorsque j'ai serré entre mes bras le délicat petit être qui venait de voir le jour pour ensuite le donner à sa mère, je me suis souvenue du fait que de ce terrible combat pour la vie sort une incroyable petite créature. De fait, oui, même après ça je continue de vouloir être mère un jour. Qui plus est, Beren aime énormément les enfants et je ne pense pas qu'il voudrait à ses côtés d'une femme refusant de lui en donner d'autres. Quant à toi, lorsque le jour viendra, je ne doute pas que tu feras une excellente mère : tu as tant à offrir, Théréza.

Le deuxième jour, hier, nous étions à Saint-Claude. J'ai passé la journée à Courchaton – il s'agit du fief de Beren – en compagnie de ses plus jeunes enfants (les jumeaux, Pauline et Hartasn ont trois ans et Hélias n'est encore qu'un bébé) et j'ai été absolument enchantée de ce moment de douceur. Le château est charmant, les jardins sont splendides même en cette saison et les petits sont des étoiles de malice. C'était très agréable d'ainsi pénétrer dans l'univers de celui que j'aime.

Le soir par contre, je me suis rendue en taverne et j'ai été obligée, une fois de plus, de faire preuve de sang froid pour ne pas m'enfuir. J'ai commencé par trouver un homme torse nu en entrant dans la taverne, ce qui évidemment m'a troublée - quelle idée stupide que de se déshabiller ainsi en public ! - mais j'ai visiblement été la seule à être choquée et je me suis tue. Après cela, Lyson et Sergueï Novgorod sont arrivés, ainsi que Sarani et on m'a fait subir un long interrogatoire pour s'assurer que je méritais ma place aux côtés de mon amoureux. Apparemment, j'ai réussi le test – pour l'instant tout au moins – mais tu peux être certaine que ça a été éprouvant, d'autant plus qu'ils me font tous très peur ! Sarani est cheffe d'une armée si j'ai bien compris (Les Loups, voilà leur nom... Autant te dire que j'aurais trouvé ça plus rassurant qu'ils s'appellent les Gentils Toutous ou les Petites Marmottes) et les Novgorod sont d'anciens mercenaires sanguinaires qui m'ont bien fait comprendre que si je blessais Beren on se ferait une joie de couper court à mes jours. Ceci dit, je pense pouvoir affirmer que je n'ai rien à craindre puisque je n'ai pas la moindre intention de faire du mal à celui dont le prénom est devenu synonyme d'Amour et, la peur un peu dépassée, je les ai tous trouvé sympathiques quoiqu'assez rustres... Et puis, même si ça n'était pas le cas,je serais tout de même prête à subir leur présence. Beren en vaut largement la peine.

Aujourd'hui nous sommes à Poligny où nous devons passer la nuit en attendant que Sergueï, qui ne pouvait se joindre à nous hier. Je n'ai pas encore eu le temps de temps de me balader en ville et je n'ai pas grand chose à te raconter : tu en sauras plus dans ma prochaine lettre !

                          Tendrement,
                            Magdalena

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Thereza


    Nous sommes tous a la recherche de cette personne unique qui nous apportera ce qui manque dans notre vie.
    - Desperate Housewives


Il y a des jours comme ça, ou rien ne va; enfermer dans son mal-être, à s'en torturer la tête. Cette impression de brûler de l'intérieur, de ne voler qu'avec une aile. De bien étrange sentiments qu'elle se devait de partager avec celle qui était son bout de lumière, sa victoire du moment.

Citation:
Fait à Patay, le vingt-six novembre mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Théréza Vitalis da Roma, à toi, Magdalena d'Acoma.


    Ma douce friandise,


Tes mots m'ont littéralement réchauffer le cœur en cette rude journée passée la veille. Quel plus grand plaisir que de me réveiller par cette douce écriture qui m'est si familière à présent. Tu ne cesse de ma flatter, je ne saurais comment te rendre la pareil. Je n'ai rien d'une reyne, ni même n'ai-je l'étouffe de la plus jolies des Ambassadrices. Mon ciel s'est brusquement obscurcie depuis quelques temps, sans que je ne sache véritablement pourquoi.

Toute fois, en ce qui concerne ton récent départ, je suis ravie que tout ce passe bien le moment. Je n'ose en revanche imaginer cette scène, et miracle de la vie dont tu fut témoin. Crois moi, je ne te demanderais aucune informations sur la délivrance. Et quand bien même ce sera le tour de l'une de nous deux de mettre au monde une mine rose ou un mini tournesol, rappel moi simplement cette lettre où je t'affirme : Je torturerais le père de mes enfants si je souffre au point d'avoir l'impression de me sentir partir.
Raconte moi, un château de noble est-il plus majestueux que nos domaines à nous, bourgeois ? Je veux connaitre de cette vie qui t'attend, le moindre détails!

Les amis de ton prince me semblent bien curieux. Je me permet de te glisser une confidence qui peut te servir ; si eux même te font des ennuies, parle leur d'une cousine éloignée des Corléones, qui est ton amie. Il est bien regrettable d'en arriver à de telle paroles/ Ou est-ce simplement ma petite personne qui est mal lunée aujourd'hui ?

Pour tout te dire, mon travaille à l'ambassade est une véritable catastrophe; je me perds dans les couloirs, je ne trouve pas les documents que je cherche, et n'arrive encore moins à mettre la main sur mes homologues! Suis-je stupide ? Ou est-ce un manque d'organisation de part et d'autre ? Dealius, mon ami, travaille lui comme vice chambellan. Je crois pouvoir t'affirmer qu'il ne va tarder à perdre la tête à son tour. Nous crierons en cœur dans le château! Autant te dire que lorsqu'une ambassade n'est pas tenue à la perfection, cela se fait ressentir.

Comme si cela ne suffisait pas.. Je dois t’avouer ma graine, que je suis terriblement attirée par le péché! L'autre soir, alors que nous étions en taverne, j'ai clairement fait comprendre que je ne me donnerais à personne d'autre qu'à celui qui me demandera ma main, et fera de moi son épouse. Yesgi semblait déçu de cette nouvelle. Depuis, lorsque nous échangeons des baisers ou qu'il me prend dans ses bras, je ne cesse d'y repenser. Il y a quelque jours, il m'a saisit par la taille, et m'a assit sur ses genoux.. Je me suis sentie faussement gênée.. et envieuse. Gênée de me trouver dans cette position avec un homme qui partage ma vie que depuis une semaine. Et envieuse de me laisser aller au rythme de la luxure. C'est comme s'il y avait deux Théréza en moi, l'une retenant l'autre. J'ai à chaque fois cette sensation de fourmis dans ma tête, et de chaleur dans la poitrine. Mon corps l'invite, mais mon esprit le repousse. Et quel torture.. Nos baisers deviennent trop intense, je te le promet Magdalena, je lute pour me retirer de cette emprise.. J'ai peur, tellement peur de me donner à lui, mais le désir si fort.. Oh mon amie, je ne sais plus ce qui est bien ou mal!

Je t'en conjure, ne me jete pas la pierre; Je me fais déjà honte à moi même rien qu'a ces pensées. Me comprendras-tu ? Je l'espère de tout coeur..

Il me tarde de te relire, de connaitre ce que tu vis durant ce voyage.


                Bien à toi,
                Tendrement
                  Théréza

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Magda.


    [Réussir c’est connaître la joie, la liberté et l’amitié. Je dirais que réussir, c’est aimer.]
    - Fame


Une nouvelle ville. Une nouvelle taverne. Une nouvelle lettre à écrire.

Son doux visage marqué par une pointe de fatigue, Magdalena étouffe un bâillement, trempe sa plume dans l'encre et se met à écrire en songeant qu'il faut bien les beaux yeux de Théréza pour qu'elle se force à rester debout encore le temps de rédiger une lettre.



Citation:
Fait à Vesoul, le deux décembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma,



    Ma chère amie,

Je suis navrée de ne pas avoir répondu plus tôt à ta dernière lettre, d'autant plus que tu semblais avoir besoin de réconfort : j'ai moi-même été très occupée et c'est seulement maintenant, alors qu'il est si tard que les étoiles éclairent le ciel depuis plusieurs heures déjà, que je trouve le temps de prendre la plume.

Je dois t'avouer tout de même que si je ne me suis pas inquiétée pour toi outre mesure c'est parce que j'ai la foi la plus totale en tout ce que tu es, que ça soit pour ce qui est de ton travail ou pour ce qui appartient à ta vie privée. D'ailleurs, je vais devoir te gronder ma toute belle : m'as-tu sérieusement demander si tu es stupide ? Je préfère croire qu'il s'agit là d'une boutade ou d'un moment d'égarement car il est évident que tu ne l'es pas Théréza et c'est d'ailleurs sur cela que tu vas devoir te reposer pour résoudre les problèmes qui se présentent à toi et ranger le bazar que d'autres ont laissé.


Quant à ton désir, je suis certaine que tu pourras lui résister (il le faut !) malgré l'empressement dont ton ancien maire semble faire preuve. Il t'a prise sur ses genoux, dis-tu ? Je trouve cela assez choquant de sa part mais, crois moi, si je n'approuve pas sa conduite à lui, je comprend parfaitement le trouble qui t'habite et ne saurais te le reprocher... Mon tendre Beren se montre, semble-t-il, bien plus respectueux de ma volonté de ne pas trahir ma foi - bien qu'il m'ait clairement fait comprendre qu'il nourrit quelques pensées assez osées à mon égard - et pourtant je me vois obligée de prier de plus en plus souvent pour résister à l'étrange envie qui me hante. Souvent, je voudrais ne faire que l'embrasser et serrer mon corps contre le sien bien au-delà des limites que la bienséance impose. As-tu toi aussi l'impression, lorsque tu te retrouves avec ton aimé, que le sang qui coule dans tes veines est en réalité de la lave qui passe lentement en toi, mettant le feu à tes sens ? C'est à la fois délicieux et affreux.  

Mais revenons en à un sujet qui ne me fera pas rougir. Mon voyage se déroule bien. Hier nous étions perdus en pleine nature et je n'ai pas croisé âme qui vive. J'en ai profité pour faire une longue balade à cheval : tu ne t'en souviens pas, mais j'ai toujours été bonne cavalière et j'ai tendance, alors qu'en général on me trouve bien effacée, à me transformer en Amazone folle de vitesse dès que je suis en selle. As-tu monté depuis que tu as perdu la mémoire ? Si non, il faut que tu le fasses : tu verras ainsi à quel point la sensation du vent fouettant la peau de ton visage et le staccato des sabots sur le sol sont agréables. Toutefois, je dois avouer que malgré cet élément la journée d'hier n'a point été ma préférée : j'ai dû dormir sous une tente... Autant te dire que je n'ai pas fermé l’œil. Non seulement le lit de camp n'était guère confortable, mais en plus les bruits de la nature m'ont beaucoup inquiétée. On n'imagine pas, lorsqu'on est couché dans son confortable lit à baldaquin, que la nuit peut être aussi bruyante et vivante.

Et évidemment, avant cela nous étions à Dole, capitale de la Franche Comté. La ville en elle-même n'est pas désagréable, mais là-bas j'ai été témoin de scènes très éprouvantes. La ville abrite en effet la plus vile des femmes et son compagnon... J'ai nommé Dina, ex-fiancée de mon cher Beren, et Hermess qui n'est autre que le demi-frère de mon aimé. Si seulement tu pouvais imaginer Théréza... Cette femme est une vipère qui n'a fait que du mal autour d'elle. Elle a presque totalement détruit Beren et ce dernier est très inquiet à l'idée que son frère subisse les mêmes peines que lui, de fait ils se sont longuement disputés : Beren est très réaliste et - à juste titre ! - dur au sujet de cette succube (je suis désolée d'être aussi mauvaise quand je l'évoque, mais je la hais. Je la hais de toute mon âme pour le mal qu'elle a fait à Beren) alors que son demi-frère est lui totalement aveuglé par la passion. Il y a eu des mots terribles entre eux et voir celui à qui mon cœur appartient subir ça a été très dur pour moi même si, évidemment, ce que j'ai ressenti n'est rien comparé à ce que lui a vécu. Ceci dit, les choses se sont un peu calmées entre eux le dernier soir et mon Doré affirme que ma présence lui a été d'un grand secours ce que je veux croire.

Je vais terminer ma lettre maintenant. Je tombe de fatigue et il est bien certain que je vais m'endormir à peine assise dans le carrosse.

J'espère – encore et toujours – que tu te portes bien.

                          Tendrement,
                            Magdalena

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Thereza



    « Il n'est pas d'hiver sans neige, de printemps sans soleil, et de joie sans être partagée. »
    - Proverbe Serbe


Les yeux rivés sur les toits de la ville depuis le château, la Rose d'Orléans semblant totalement ailleurs. Les missives allaient et venaient d'un bout à l'autre du Royaume, apportant toujours autant de chaleur en la blonde. Pourtant aujourd'hui, on aurait dit que rien que le temps lui apportait cette douce chaleur - bien que celle de sa graine d'Acoma était inégalable.

Citation:

Fait à Patay, le deux décembre mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Théréza Vitalis da Roma, à toi, Magdalena d'Acoma.

    Ma tendre douceur,


Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas pour le temps qui sépare nos réponses. Tu as ta vie, j'ai la mienne, avec toute deux plus ou moins de temps. Tant qu'il m'est permit de lire ta plume, je ne vais pas chipoter.

Il me semble bien t'avoir demander sérieusement si je suis stupide, malheureusement. Et j'ai bien pris en compte ce que tu me dis! Pour tout dire, je n'arrive pas à grand chose cette semaine. Les gardes me refusent mes couloirs, parfois même mon bureau. C'en est presque désolant pour les maitres des lieux.. Pour l'heure je n'ai rien fait de plus que d'annoncer le changement du conseil ducal. Rien de très passionnant mais qui se doit d'être fait.

Je suis ravie que tu me comprennes ma fleur! Et comme je comprends aussi tellement cet espèce de lave qui prend possession de moi. C'est si nouveau. Je ne me ferais jamais à cette idée que l'on puisse désirer quelqu'un aussi fort que Yesgi ne me désire. Je peux t'affirmer que je lute contre lui, corps et âme.. Seulement ce n'est pas si simple. La dernière fois encore, il tentait de regarder sous ma robe! Imagines-tu ? J'en étais effrayée.. Je suis si partagée entre mes sentiments naissant, et cette peur qui me prend au ventre lorsqu'il ose de tel acte. Laisse moi te dire aussi, que je t'envie, toi et ton prince pour votre douceur et votre complicité qui semble flagrante. Je ne connais que des rires, parfois de la frustration, et de la tendresse.. Mais rien d'aussi beau. Comment puis-je espérer une vie futur lorsque celui qui en fait partie me surnom "fromage"? Parfois, oui il est vrai qu'il se laisse aller à m’appeler "Ma rose", ce qui me fait doucement rougir.. Ma tête et mon coeur ne savent plus que faire ma douce, je suis formel.

Un lit de camp ? Oh j'aurais tant aimer voir cela. La nature n'a pas l'air d'être ton fort mon amie, je me trompe ? Avec le temps, tu te fera à tout ses bruits qui t’entoure la nuit, ainsi que cette fraicheur qui ne règne que là ou la nature à ses droits. Quant à cette Dina, laisse moi te dire ce que j'ai appris en étant à Patay. Elle ne mérite ni ton attention précieuse, ni même celle de ta fiole. Et quand bien même son frère ou son demi-frère se laissait prendre dans les filets de cette sirène, laissez le. Il ouvrira les yeux un jour ou l'autre, peut-être sera t-il trop tard. Mais cela ne mérite en rien de s'en user les cordes vocales. Il y eu ici, un peu la même comédie. Deux frères et la compagne de l'un sont parti sur les routes. Puis, sans que le frère cadet ne sache pourquoi, sa blonde la quitta pour aller l'aîné. Le nouveau couple à laisser derrière lui le pauvre frère, trahit et blessé. Il eu vite comprit que ce n'était pas une femme fiable, et sincère. Alors toi, comme Beren, laissez la vipère déverser son venin; et surtout profiter de chaque instant tout les deux. Ta vie se construit autour de cet homme, rien ne doit te détourner de ce chemin.

Laisse moi te raconter à mon tour deux choses merveilleuses!
Ce matin en me réveillant, quelle surprise que de trouver ce duvet blanc et parfait couvrir Patay! J'étais comme une petite fille découvrant pour la première fois cette magnifique œuvre de la nature.. Oh j'aurais aimer être en ta compagnie. Le village était si beau, si doux et plein de magie, que mon coeur était en joie. Lorsque je me suis rendue au centre, j'y ai trouver un magnifique arbre de Noël! Ma graine, mon animation pour le village prend vie! Le village lui même prend un second souffle, s'en ai si beau. Et pour une fois, je vais jouer mon italienne ; je suis fière de moi! Ceci étant dit, je passe à cette autre chose qu'il faut que je te conte, qui te sera surement plus intéressante, j'en suis sur.

Melina Viretto, ma mère était une grande femme n'est-ce pas ? Je me rappel maintenant.. Elle n'était pas du genre très bavarde, mais en disait suffisamment lorsqu'elle parlait, et de façon très douce. Je crois voir un visage aux traits fins et marqué par un certaine tristesse à la fois. Aurait-elle un secret ? Je ne pourrais te dire. Une chevelure blonde - autant que la mienne- encadrait son visage, toujours soigneusement attaché avec quelques perles dans les cheveux. Un regard sombre et remplit de douceur et de tendresse maternel. Il me semble me souvenir, de cette mère affectueuse, mais qui laissait bien souvent la nourrice s'occuper de moi. Et surtout, pour répondre à ta question, je me rappel de mes balades à cheval avec ma maternelle. Quel souvenirs agréable. On dirait, je crois, qu'il y avait une certaine complicité entre elle et moi. Elle m'apportait toujours un bouquet de rose rouge dans ma chambre,en faisait mettre aussi dans le coin d'eau. Et même un parfum. Mon parfum. Avec parfois un soupçon d'orchidée. Elle était aussi, cette femme se donnant corps et âme pour le Très Haut. Je me rappel avoir appris le Credo en sa compagnie, et avoir lu quelques passage du livre des vertus. Ces souvenirs me sont si doux. Magdalena, te rends-tu comptes? Mon passé me revient! Bientôt j'en suis certaine, je recouvrais la mémoire.

Je te laisse sur ces bonnes nouvelles, et rejoindre en traversant la poudreuse ma chaumière, ainsi que mon lit si confortable.

                Bien à toi,
                Tendrement,
                  Théréza

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Magda.


    [Je suis en r’tard, en r’tard, en r’taaaaaaaard !]
    - Alice au pays des Merveilles


Enveloppée dans un cocon de silence qui n'est perturbé que par le bruit des bûches qui, de temps en temps, craquent dans l'âtre, projetant des paillettes de pourpre et d'or autour d'elles, Magdalena profite d'un instant de répit, qu'elle met à profit pour écrire à la sœur qu'elle n'a pas. A la meilleure amie. A la douceur. Bref, à Théréza.


Citation:
Fait à Annecy, le dix-huit décembre de l’an de grâce mil-quatre-cent-soixante-deux,
De moi, Magdalena d’Acoma, à toi, Théréza Vitalis da Roma,
 

    Ma chère amie,


Cela commence à être obvieux, je suis une piètre correspondante mais, à ma décharge, les derniers jours ont été chargés et, pour certains, douloureux.

Comme tu le sais, j'ai passé beaucoup de temps sur les routes et j'en viens à avoir l'impression que le carrosse aux armes de Courchaton dans lequel je voyage est mon adresse principale. Hélas c'est une maison froide et inconfortable – surtout depuis que la neige a recouvert l'est de son blanc manteau – malgré la présence de l'Amour à mes côtés.

La Franche-Comté avec Beren et les siens ; Forbach pour voir mon chef de famille ; Chambéry pour chercher quelqu'un et finalement, Annecy... Tout ceci m'a épuisée et, à peine rentrée chez moi, je suis tombée malade. Rassure toi, je suis guérie grâce aux bons soins du médecin de la ville, mais pendant plusieurs jours j'ai eu peine à tenir debout à cause de la toux terrible qui ne semblait pas vouloir me quitter. Plusieurs fois j'ai entendu les gens autour de moi dire « A ce rythme, elle ne va pas passer l'hiver » et j'avoue que cela m'a beaucoup inquiétée. Je suis suffisamment bien placée, quand on connaît les terribles circonstances dans lesquelles mes parents sont morts, pour savoir que ce genre de maladie n'est pas à prendre à la légère.

Mais, tout ceci est finalement derrière moi. Malgré tout, je ne vais pas retrouver une vie tranquille tout de suite car un nouveau voyage m'attend. Cette fois-ci c'est vers le sud que je vais repartir. En effet, Sarani, la cousine de mon aimé doit s'y rendre, lui a promis de la suivre et moi... Eh bien, je ne peux que suivre aussi. Être séparée de Beren pendant plusieurs semaines ne serait pas supportable, car une journée sans lui est une journée sombre et froide. Une journée sans lui est une journée où le soleil n'existe plus. As-tu cette impression, toi aussi, lorsque tu ne peux voir Yesgi ?

D'ailleurs, en parlant de lui, je lui avais écris pour le gronder. J'aurais sûrement dû t'en parler avant de le faire, mais ce que tu me disais m'inquiétais et j'ai décidé de le faire sans trop attendre. Sa réponse, toutefois, a été charmante. Il semble vraiment entiché de toi. Hélas, j'ai perdu sa lettre et ne peux te la citer.

Et puisque je parle d'amour, je peux bien parler de ma famille. Les sujets sont proches, après tout. Si tu savais, Théréza, comme tout y est trouble en ce moment... Je n'aspire qu'à la paix et à la douceur et je n'y trouve que dissensions et voix qui grondent.

D'abord à cause de ma sœur. Je ne sais plus si je te l'avais dit, mais elle m'avait contactée et devait remonter vers Annecy pour nous y retrouver Maelh et moi, mais tout ceci n'était qu'un affreux mensonge. Ce n'est pas ma sœur qui m'avait écrit mais une usurpatrice se faisant passer pour elle. Je n'étais pas en ville quand elle y est arrivée et c'est mon oncle Caton qui l'a démasquée. Je ne saurais te dire, mon amie chérie, comme j'ai été blessée par cette mascarade, moi qui étais si heureuse de retrouver ma jumelle ! Je ne comprend pas ce que cette femme nous voulait. Sûrement en avait-elle après notre argent, mais tout ceci continu de me troubler, d'autant plus qu'elle savait bien trop de choses sur nous et que je la soupçonne d'avoir croisé ma vraie sœur. Crois-tu qu'elle ait pu lui faire du mal pour prendre sa place ? Crois-tu que je puisse encore espérer retrouver mon double ? Je suis si inquiète...

Comme si cela ne suffisait pas, il y a aussi eu d'étranges révélations faites dernièrement et il s'avère que la fiancée de mon frère est aussi la fille de Caton et donc notre cousine. Évidemment, cela rend leur union compliquée puisque, si Rose est reconnue, ils ne pourront avoir de mariage aristotélicien et que Caton tient absolument à ce que sa fille le soit. De fait, mon frère et mon oncle se font la guerre et Rose comme moi sommes prises entre eux deux. Tout ceci me lasse plus que je ne saurais le dire et j'en viens à être pressée de reprendre la route, moi qui n'aime pourtant guère les longues heures passées dans les coches.

Ceci dit, et pour ne pas finir de te raconter mes dernières aventures sur une touche trop déprimante, j'ai aussi assisté et été invitée à des baptêmes dernièrement. Le premier, celui de la princesse impériale Jane Elizabeth Adala de Sparte était très impressionnant, bien que cette jeune femme soit, finalement, très appréciable et simple. Quant au second, il aura lieu samedi : c'est celui d'un futur religieux dont je me vois très bien devenir l'amie.

Voilà. Je vais maintenant arrêter d'écrire, mais avant cela je te demande encore de bien vouloir pardonner l'irrégularité avec laquelle mes lettres te parviennent, mais aussi et surtout de me raconter ce que tu as fait ces dernières semaines.

                          Tendrement,
                            Magdalena

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