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[RP] Preuves d'amour en or plaqué

Chevalier_du_chaos
Je peux t'offrir tout ce que tu veux.
Tout ce dont tu as besoin.
Je vais réaliser tes rêves.
Tout ce que tu veux.

Tu veux une licorne ?
Je te l'offrirai.
Tu veux un p'tit chiot ?
Je te l'offrirai.
Une crème glacée ?
Je te l'offrirai.
Un prêt hypothécaire?
Je te l'offrirai.
Un oreiller de satin?
Je te l'offrirai.

— The Muppets —


Une longue cape brune, sombre, un capuchon brun, très sombre, avec un long pendouillon brun au bout, de longues chausses brunes et sombres, avec des guêtres brunes, longues, un long col brun-sombre, et un long mantel brun, très long, très sombre, très brun, et... un petit collier. Vert. Un petit collier vert en pompon. C'était ainsi qu'était accoutré ******** alias Chevalier du Chaos.

Un sombre inconnu. Sombre et brun, et long... Avec un petit pompon vert. Ah ah.

Bref ce sombre inconnu, sombre et vert, allait au pas dans les rues de Montauban, les bras chargés d'un coffret en bois. Il avait l'épaisse carrure d'un quarantenaire, et marchait avec les genoux écartés comme après une longue route à cheval. Un nuage de vapeur blanche courait derrière lui. Le gel crissait sous ses bottes. C'était le matin. Les colis, ça se livre de bonne heure.

Son poing s'écrasa quatre fois sur la porte d'une petite bicoque sans prétention, des quartiers défavorisés disons... Faut dire ce qui est, c'était quand même pas très bourge. On avait vu mieux comme quartier résidentiel. Il y avait du caca de poule parterre.

Le Chevalier du Chaos, enfin, ********, avait été renseigné sur l'occupante de ce réduit. Il la reconnu d'après description lorsqu'elle ouvrit la porte.


Axelle J'ignore-Comment. Un colis pour vous. Pas facile à trouver votre planque. Bon faut signer là. Une croix ça ira. Hop.

******** lui tendit un bout de stylet en charbon, et un bout de parchemin posé sur la boîte. Le marquis voulait un accusé de réception, alors bon...

Dans la boîte, il y avait du drap, et dans le drap, il y avait un carré de soie, et dans le carré de soie, il y avait une paire d'escarpins en satin damassé aux semelles feutrées, avec des rubans, et dans chaque escarpin en satin damassé à la semelle feutrée avec des rubans, il y avait dix dragées.

Joyeux noël !


[Titre emprunté à Zazie]
Axelle
L’argile. La terre chaude et douce glissant suavement entre ses doigts. C’était une découverte dont la Gitane ne se lassait pas, trouvant un exutoire fabuleux à ses doigts par trop privés de fusains et de sanguines par des yeux traitres. Elle aimait tant cette nouvelle matière à modeler aux grès de ses envies, que souvent, elle délaissait son appartement des Combes pour s’endormir, les mains collantes de glaise, dans son atelier paumé dans un coin de Montauban.

Néanmoins, hormis quelques pots proposés à la vente - il fallait bien grailler quand des histoires politiques la retenaient indirectement sur place - le nouvel atelier restait le plus souvent déserté de visiteurs, et nul doute que la Casas en était ravie. Alors quand sa porte fut tambourinée, la tirant d’un sommeil lourd pour la plonger dans une mauvaise humeur visible à l’éclat orageux de son œil noir, elle resta un moment stupéfaite. Qui donc venait l’embistrouiller quand elle n’avait même pas eu le temps d’ingurgiter ses quatre verres de lait indispensables pour amadouer le mauvais poil qui lui chatouillait les narines ? La porte de bois fut ouverte brusquement, la gitane prête à vociférer tous les jurons qu’elle avait méticuleusement amassé depuis une volée d’années, pour se figer ahurie devant la chose longue et brune avec un pompon vert se tenant là, un paquet entre les mains. Etrangement, plus efficace que tous les godets de lait du monde, cette vision incongrue lui étira un sourire réjoui. Fichtre, le gars était rapide. Elle qui pensait ne recevoir ses ébauchoirs, estèques et autres mirettes avant un bon mois encore, se trouvait face au trésor tant attendu pour fignoler une ébauche qui n’avait encore de forme que dans sa caboche.

Tant pressée de se renfermer derrière la porte de bois pour tester ses instrument qu’elle ne prit pas même la mouche quand l’escogriffe sombre et vert insinua sur sa seule trogne trop basanée qu’elle était incapable de savoir même écrire son nom. L’écriture emportée biffa le parchemin de son nom, distraire quand toute son attention était dévouée au coffret de bois. Aussitôt la formalité accomplie, elle se rua sur la boite, faisant voler couvercle, draps et soies à n’en plus finir, et se figea, les mirettes grandes ouvertes, relevant vers l’homme un regard tout couronné de sourcils haussés d’incompréhension. Les mirettes se baissèrent à nouveau, se tordant le cou dans tous les sens pour tenter de comprendre ce que les soies camouflaient. Et enfin, prudente, la main brune s’approcha de l’un des curieux objets emberlificotés de rubans pour le prendre entre deux doigts peureux.


Z’êtes planté, c’pas ma commande, lâcha-t-elle hargneuse alors que le délicat soulier bonbonnière se balançait au bout de son talon impensable. M’avez bien regardé ? Interrogea-t-elle du haut de ses pieds nus, de ses boucles noires bataillant encore avec l’oreiller et de sa joue barrée d’argile.
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Chevalier_du_chaos
Hohé moi j'suis livreur, pas styliste. Hein. Déjà qu'ça me gonfle de m'taper la moitié de la France à ch'val pour une paire de godasses...

Fit le grossier personnage en émettant un bruit de flatulence avec les joues. Là dessus il lui tourna le dos et s'enfonça à nouveau dans l'air piquant de ce blanc matin d'hiver, sa cape brune, sombre, et longue, frottant sur ses talons et éparpillant à la ronde des gouttelettes de boue. Il fit la sourde oreilles à la réplique que la pauvre femme pouvait bien prononcer derrière lui, on ne l'avait pas payer pour faire la causette. On aurait peut-être dû !
Axelle
Escarpin pendu au bout des doigts, la gitane interdite regarda l’homme long et sombre s’éloigner en maugréant, ou plutôt en l’envoyant purement et simplement se faire voir ailleurs. Axelle n’avait aucune idée de qui avait pu l’envoyer jusqu’à elle, mais une chose était certaine, la personne en question ne savait pas choisir ses coursiers. Ah, si la Casas avait été riche, une flopée de serviteurs amassée derrière son divin cul, nul doute qu’elle aurait choisit chacun des privilégiés avec une attention aiguisée.

Mais ni riche, ni puissante, ni rien, elle se trouvait comme une cruche sans rien comprendre à ce qui venait de se produire. A moins qu’elle ne soit l’objet d’une fumeuse conspiration tout juste bonne à la faire passer pour une voleuse. La chose était un chouilla embarrassant, voire un tantinet alarmant quand déjà elle trainait sur sa seule tronche la réputation de chaparder des poules.

Le mieux était donc de cacher les preuves compromettantes. Ni une ni deux, embarquant le coffret et son énigmatique contenu, elle fila dans sa tanière et s’enferma à clef. Trouver une cachette était urgent. Mais alors qu’elle fourrait les souliers sous le lit, ce qui ressemblait à une crotte de chamois blanche rebondit sur le sol. Intriguée elle plissa les sourcils et examina la chose avec un intérêt tout mêlé de crainte. Un index brun s’avança prudemment, pour tapoter le mystère du bout de l’ongle. C’était dur et lisse. A peine rassurée, au moins ça ne semblait vouloir lui sauter à la figure, elle le saisit et le porta à son museau pour le renifler.

Fichtre, voilà que la crotte de chamois blanche sentait bon, et pas qu’un peu ! Avec mille précautions, elle porta son doigt à ses lèvres et y aventura le bout de sa langue. Tudieu ! En plus de sentir bon, la crotte était sucrée. Alors, audacieuse et courageuse, elle y aventura les dents… et soupira de bien être sous le délice envahissant son palais. Trop gourmande pour hésiter, elle replongea sa main dans le fin soulier et en saisit une seconde, puis une troisième, puis une quatrième pour les croquer à pleines dents. Si être accusée de vol pouvait permettre un tel régal, cela valait bien la chandelle et la rugosité d’un drôle de coursier à pompon. Prenant sur elle pour ne pas boulotter d’un coup toutes les sucreries, elle s’empressa de les ranger précieusement dans un petit pot de terre, soit passablement raté, mais plus discret que les souliers qui captèrent à nouveau son attention. Elle avait engloutit des friandises certainement destinées à une autre, alors, essayer les escarpins n’ajouterait que peu au méfait. De gestes posés, elle déposa les chaussures enrubannées et y glissa ses pieds habitués à être nus. Ils lui allaient comme s’ils avaient été faits pour elle. Cette constatation pourtant, ne suffit pas à allumer la moindre lumière dans l’esprit paranoïaque de la Casas. Pourtant paranoïaque quand elle se cassa la figure en se tordant les chevilles après trois malheureux pas, elle avait toutes les raisons de l'être.

Quelqu’un ne cherchait pas seulement à l’accuser de vol, mais avait bel et bien décidé de l’assassiner en lui brisant le cou via des souliers démoniaques !

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Chevalier_du_chaos
Alors ? Alors ! A-t'elle aimé ? S'est-elle montrée surprise ? Les a-t'elle portés ? Souriait-elle ?
Oui. Ah ben oui. Oui oui oui, vraiment.
Raconte-moi.
Ben... Elle a apprécié moultément, ça s'voyait.
Raconte.
Ah ben elle était jouasse, et tout !
Mais comment, qu'a-t'elle dit ?
Ben... Elle a dit "Chui bien jouasse ! Ça déboîte. Vous f'rez mes compliments à votre maître."
Ah bien. Mais voulait-elle savoir de qui cela venait ?
Euh... C'est pas facile à savoir. Non. Pas tant.
Ah... Bon... Ah. Bon. Qu'importe.


Ainsi s'était soldé le compte rendu de ********, alias Chevalier du Chaos, à son seigneur. Là dessus il avait passé les portes de la cuisine et s'était vu servir une bonne assiette de potée au lard, pour se remettre l'estomac dans le bas du ventre. Vraiment, il ne comprenait pas l'intérêt de cette mission secrète pourrie à laquelle il avait dû participer. Et il était bienheureux d'en avoir terminé. Il allait pouvoir reprendre sa vie pépère de sculpteur-graphiste intérimaire au château, retrouver ses pinceaux et ses burins, et surtout continuer de se branler la coquillette aux frais de la princesse, enfin du marquis, à attendre qu'on lui passe commande pour une petite bannière à la noix, ou une enluminure express...

Il y songeait avec un soupir paisible en remplissant ses joues de potée, quand un valet s'approcha pour poser une grande boîte sur sa table, ce qui fit sursauter son cruchon de vin.


À porter à la même adresse.

Nomdidjudmerdacutsamèrelaputasse... ******** s'étouffa et la potée lui remonta dans les narines.

Quelques semaines plus tard — parce que c'était pas la porte à côté, ce bled de gitans ! — le grincheux chevalier chaotique cahotait cahin-caha vers la cahute dont nous parlions jadis, celle avec du caca de poule devant. Il frappa huit fois sur la porte, parce qu'il avait l'habitude de frapper de manière exponentielle sur les portes où il n'avait pas du tout envie de frapper...


Salut. Signature.

Dit-il avec le même regard blasé que la première fois, mais en se permettant cette fois un élégant appuyage de coude sur le chambranle de la porte qui soulignait son déhanché redoutable (nous avions oublié de préciser que ce vieux garçon à la barbiche filasse était également voûté du dos, ce qui rendait son déhanché — vraiment — redoutable). De sa main libre, il tendait le colis à l'occupante des lieux.

C'était cette fois une boîte plus allongée, car elle contenait une coiffe en cornet de velours noir à voilettes de soie crème, avec un liseré pourpre pour souligner le dessin du front, et bordée de rubans de perles espacées d'un pouce chacune sur le tombant des épaules. C'était très en vogue en ce moment au Louvre. Près de la coiffe, on avait pris soin de poser deux fragiles flacons de parfum distillé.
Axelle
Longtemps, les joues gonflées de dragées, elle s’était interrogée quant à ces curieux souliers, cherchant à comprendre comment certaines coquettes parvenaient à marcher avec ça comme si de rien n’était. Assez rapidement, la certitude s’imposa entre les tempes gitanes : c’était un don de naissance. Un héritage sanguin ou un truc opaque du genre. Bref un mystère inaccessible pour la Casas. Peut-être, à peine une pisseuse née, qu’en outre de lui fourrer une cuillère en argent dans la bouche, la coutume voulait aussi qu’on lui mette ces choses aux pieds ? Fichtre, que c’était bon finalement, d’être née la morve au nez au milieu du grouillement des cloportes, pour la simple survie de ses chevilles.

Le temps passant sans que la maréchaussée ne frappe à sa porte pour la conduire au pilori d’un vol imaginaire dont elle ne pigeait rien mais s’était persuadée, elle avait oublié les souliers pourtant méticuleusement rangés dans leur coffret de bois, sur le couvercle duquel la poussière commençait doucement à prendre ses aises. Et les jours, avaient défilés, les orteils joyeusement nus, à tourner ses pots. Oui, tout s’oubliait, jusqu’à ce que sa porte à nouveau soit tambourinée. Et pas qu’un peu. Ca non. Comme si le visiteur s’était mis en tête de massacrer le battant de bois ou la croyait sourde. Comme si être à moitié aveugle ne suffisait pas pour que l’intrus veuille l’affliger d’une tare supplémentaire.

Pour le moins agacée de cette fracassante irruption dans sa tranquillité quotidienne, la Gitane ouvrit la porte à la volée, un air revêche peint sur la trogne. Mais alors qu’elle se préparait à tempêter à tous vents, elle se figea devant l’escogriffe long et sombre. Non, malgré les apparences, son tourmenteur ne l’avait pas oublié.
Encore vous… grinça-t-elle entre ses dents après avoir refermer son clapet qui baillait aux corneilles justes quelques instants auparavant.

« Salut. Signature. »

Et impoli de surcroit ! Ah la bonne idée qu’avait eu le Pierrot de la planter comme la cruche qu’elle était sous la tente de soins de Clichy pour ne plus donner signe de vie, quand il aurait bien utile à cet instant, brandissant son épée, preux chevalier qu’il devait être, pour la défendre du goujat au déhanché redoutable.

Souris gourdasse, si ça s’trouve, y a plein d’crottes d’chamois la dedans ! Oui, oui, et c’coup ci, après m’avoir alléchée, l’seront empoisonnées. Regarde sa trogne, c’t’un malin j’dis ! T'veux bien m’expliquer un truc ? Pourquoi qu’on voudrait t’empoisonner ? Qu’j’en sais moi, une épouse jalouse. J’t’avais dit, les hommes mariés, t’y touches pas. J’en ai touché qu’un d’marié. Menteuse. Oui, bon, mais lui… Ouais, c’est bon on sait, lui ci… lui ça… et patati et patata et tralala ! En attendant, qu’est-ce tu fais ? J’prends les crottes ! Sont trop bonnes. Pas question, t’refermes ta porte illico presto et t’oublies tout ça vite fait bien fait. C’pas pour toi tout ces trucs d’façon.

Les amandes noires coururent sur la boite, plus longue que la précédente, un éclat de curiosité y étincelant malgré elle. Pourtant au lieu de tendre les bras, elle les croisa, une moue buttée accrochée aux lèvres.


Z’allez pas m’avoir deux fois. J’signerai rien et j’veux rien, et surtout pas quand j’sais même pas qui qu'y vous envoie.


Foutredieu c’est vrai ça quoi !
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Chevalier_du_chaos
Eh ben je signerai pour toi, biche.

Répondit le Chevalier du Chaos, aussi sec, en lui balançant la grande boîte dans les bras. Quelle dinde, cette égyptienne ! Il s'était tapé DEUX FOIS l'allez-retour Nevers —> Montauban pour lui livrer des dentelles à la con, et madame faisait la dédaigneuse. Un peu de gratitude, ça lui aurait écorché le gras des fesses ?

Sans rien ajouter au sujet de l'expéditeur — puisqu'on lui avait fait jurer le silence — il s'en retourna soudain par les ruelles, d'un long pas sombre, brun et vert, rapide, sauvage, bossu, et impérieux.
Axelle
Les pieds comme plantés dans le sol - comble pour une danseuse de se voir clouée au plancher par un escogriffe qui tanguait jusqu'à vouloir lui chaparder son déhanché - la Gitane regarda l’escogriffe brun et vert et sombre s’éloigner sans rien pouvoir ni faire ni dire trop embarrassée qu’elle était par le paquet.

Si elle ne faisait rien, le rouge de la colère dégorgeait néanmoins de sa robe pour déteindre sur ses joues. La Casas avait horreur que quiconque lui impose ce qu’elle refusait. Et la grande tige avec son air suffisant excellait en la matière. Il était si incroyablement doué à cet exercice, que l’envie de bazarder la caisse lui piqua les doigts avec plus d’agacement que ne l’aurait fait l’ortie. Elle n’en fit cependant rien, trop domptée au manque pour se permettre le gâchis et l’irrespect. Alors elle n’eut d’autre choix que de rentrer sagement chez elle, embarquant cette boite qui gardait jalousement ses mystères. Posée sur une table branlante, le tête-à-tête entre l’emballage anonyme et une gitane dans l’expectative put commencer.


Qui t’envoie ?

Assise sur un tabouret, Axelle observait la chose sans y toucher comme si celle-ci avait le pouvoir de répondre aux questions s’agglutinant entre ses tempes.

Qui ?

Lentement, elle passa en revue ses connaissances. Les proches, les lointaines, et aucune n’étincela. Néanmoins, un visage se figea quelques secondes.


Lui ?

Penchant la tête, elle plissa les yeux. Cela semblait possible. Après tout, ils se connaissaient si peu. Mais pourquoi tant de mystère ? Par romantisme affolant qui aurait certainement fait tourner la tête à une meute de fleurs bleues quand la gitane était coquelicot ? L’attention aurait été si jolie si, dans un coin de sa tête, une voix nasillarde ne persifflait. La honte... La honte... la honte… Secouant la tête vigoureusement, elle empoigna la boite close et d’une voix abrupte, trancha. Non, pas Lui. J’lui ai dit n’rien vouloir, juste un p'tit rien qui m’comble d’souvenirs. Et ni une ni deux, sans y avoir jeté le moindre coup d’œil, la boite inviolée rejoignit sa jumelle sur l’étagère, prête à l’oubli jusqu’à ce que l’on vienne lui réclamer des comptes.

Je veux d'l'amour,
d'la joie, de la bonne humeur,
ce n'est pas votre argent
qui fera mon bonheur

Je veux - Zaz

_________________
Chevalier_du_chaos
[Attention ambiance]

Alors ! Alors ! Quelles nouvelles ?
Ça ! Eh ben : j'me suis encore fait emmerder par les douaniers du Bourbonnais.
Je parle de ta livraison.
Très bien, impec'. À part qu'à l'allez aussi j'me suis fait emmerder par les douaniers du Bourbonnais.
...
Ah oui, non 'voulez dire, des nouvelles d'la fille ? Ben comme l'autre fois, vot' magnificence, tout pareil.
Mais qu'a-t'elle dit ?
C'est que... J'comprends pas bien, y faut-y que j'y parle ou faut-y surtout pas que j'y parle ?
Surtout pas !
Mais comment dont faut-y que je l'entende m'dire des choses si j'y parle pas ?
...
...
...
...
Moui... C'est criant de vérité, ce que tu dis là, bougre. La prochaine fois tu lui parleras. Mais de tout sauf de moi.


Car il y eut une prochaine fois, hélas. Et le Chevalier du Chaos, une nouvelle fois, dû se tanner le cuir des fesses sur le cuir de sa selle pour regagner, coûte que cuir, cette destination du sud vers laquelle les élans romanesques de son seigneur avaient élu direction...

Tout le long de cette terrible route, il pleuvait, il ventait, il neigeait, il grêlait, il tempêtait, il poudroyait, il cailloutait, il avanlanchait, il raz-de-marait, mais le Chevalier tenait bon, oui, il s'accrochait à sa capuche, aux brides de son cheval, et hurlait dans les collines. Il hurlait qu'il détestait sa vie et qu'il allait rendre son tablier si ça continuait comme ça ! Car il lui arrivait de porter un tablier. Parfois. Un tablier sombre, long et brun, avec un petit pompon vert pour bien l'ajuster à la taille (et pour le comique de répétition).

Mais en l'occurrence là, il ne le rendait pas, son tablier, car il était, au fond, un gars serviable et loyal, et qu'il craignait que s'il en venait à mal faire son travail, on lui lâche une horde d'épagneuls de chasse au cul pour lui apprendre à pas faire le malin. Il aurait alors une bien piètre vie d'errance à mener, devrait mendier son pain et finirait lépreux à la cour des miracles... Et en plus il aurait une jambe en moins à cause des épagneuls qui en auraient fait leur casse-dalle. Sales corniauds. Il détestait les chiens.

Bon donc ******** alias Chevalier du Chaos, rappelons-le (puisque le Chevalier du Chaos était un pseudonyme usité par bien des serviteurs de ce marquis là — mais lequel, me direz vous ? Mais celui-là — lorsqu'il envoyait ses hommes en mission taupe secrète), donc ******** arriva une nouvelle fois devant cette bicoque sale avec du caca de poule devant (ah je vous jure, promis, c'est pas du gâteau de vous faire une narration intéressante avec des éléments si pourris, parce qu'elle était tellement miteuse cette bicoque que votre dévoué narrateur ne voit vraiment pas comment enjoliver...).

Il frappa environs seize fois.

Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam. Bam.


C'est le livreuuuuuuuur. Ajouta-t'il avec une voix traînante et grinçante.

Lorsqu'on ouvrit, il tendit une nouvelle boîte, qui contenait un nécessaire à broderie avec des fils de soie de toutes les couleurs de l'arc en ciel, des aiguilles fines comme des cheveux et des draps de lin doux comme une peau de bébé. Il y avait aussi, serré là dedans, quelques paquets d'amandes, et un délicieux vin de Bourgogne mis en paille.

Et comme il faisait toujours très bien ce qu'on lui ordonnait de faire, le Chevalier chaotique se mit à parler.


Ça s'est rafraîchi ces temps-ci, non ? Moi j'trouve qu'y fait frisquouille.
Axelle
Les jours passaient, tranquilles. Enfin, presque, si une petite ombre ne s’était amusée à jouer à cache-cache dans les pensées bohémiennes. Elle avait pourtant rangé les foutues boites sur la plus haute étagère de l’atelier, ces dernières semblaient animées d’un pouvoir maléfique. Celui de faire des clins d’œil pour attirer le sien, d’œil. Et alors qu’elle pensait s’évader dans des pensées qui auraient eu vite fait de la coller au pilori, la voilà qui s’interrogeait encore devant des nervures de bois. Alors la curiosité bataillait l’agacement. L’envie d’entrouvrir le couvercle pour y jeter un coup d’œil bravait celle d’envoyer l’ensemble se faire voir sous d’autres mirettes que les siennes. Voire même sous celles du Diable si tant était qu’elle puisse rêvasser tranquillement, et même, pourquoi pas, travailler un tantinet.

Mais rien à faire. Aucune décision ne s’imposait. Quant à se demander qui était derrière toute cette mascarade, le Gitane avait renoncé à chercher tant cette fichue question lui tournant dans la tête lui filait le tournis. Mais le pire certainement, était la prémonition lancinante. La bohémienne n’avait aucun de ces dons dont les badauds imaginaient tous ceux de son sang affublés, et c’était une bonne chose quand nulle boule de cristal ou autres tarots n’étaient nécessaires pour prévoir une troisième visite du grand et long et désagréable escogriffe brun et vert. Il était le fil, le seul lien capable, non pas malheureusement d’arrêter l’invasion, mais de se trahir d’un indice. Sauf qu’au vu du caractère avenant du gus, il tenait du prodige de lui tirer plus de trois mots d’affilé. Alors un indice…
Et rebelote, elle avait cogité encore. Pourtant, quand les seize coups ébranlèrent sa porte, la gitane n’avait rien trouvé de mieux que l’idée géniale d’assommer le rêche échalas et de le séquestrer jusqu’à se qu’il parle ou que l’on - ce satané « on » qui restait obstinément bien caché - s’inquiète de son sort et vienne en personne. Et si la séquestration ne suffisait pas, elle avait en réserve la torture insupportable de sa tambouille.

Seize coups, voilà qui lui laissait tout le temps nécessaire pour se munir d’un gourdin et d’ouvrir la porte tout sourire en cachant l’arme grossière derrière son dos. Cependant, ce fut elle qui se prit le premier coup de massue quand, contre toute attente, le pompon vert avait décidé de dénouer sa langue.


Euh… Oui, fait pas chaud.
Et sautant sur l’occasion magistrale, s’écarta de l’embrasure d’un pas sournoisement accueillant. Entrez donc boire qu’qu’chose, c’vous ferra du bien.
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Chevalier_du_chaos
Alors là pour sûr, ******** alias Chevalier du Chaos ne se fit pas prier. D'ailleurs c'était de notoriété commune, on parlait toujours mieux quand on avait la langue humide.

Oh ben oué allez ça c'est pas de refus. Genre plutôt verveine ou cointreau ?

Du coup il entra dans la piteuse masure et posa la caisse sur une sorte de table-établi assez bordélique, en faisant tomber des outils parterre. Il prit aussitôt place sur un tabouret, s'étira les os de la colonne pour les faire craquer (surtout ceux du haut qui était voûtés), et, saisissant un verre en terre-cuite, il cracha dedans pour l'essuyer avec un bout de sa manche. Ce modeste lavage de vaisselle terminé, ce long individus sombre et vert scanda en tapant des mains sur la table, avec enthousiasme :

C'eeeeeest à boire à boire à boireeeuuuh, c'est à boire qu'il nous faut.
Axelle
L’idiote ! Que n’avait-elle songé avant que la perspective de se rincer le gosier, rendrait le grand et long et sombre machin plus loquace ? Pourtant, Axelle en était persuadée, tous les hommes fonctionnaient suivant un grand et même principe de base.

Le ventre.

Que se soit pour le remplir de boustifaille bien dégoulinant de sauce. Pour le noyer de sirupeux divers et variés – qu’importait lequel tant qu’il brulait correctement la gorge - ou se dégourdir le haricot dans un petit cocon de soie bien douillet. Chaque mâle était relié à l’une de ces ficelles, parfois les trois en même temps. Les femmes n’avaient plus alors qu’à jouer le marionnettiste et amener ces grands hommes dominants là ou elles le voulaient, tranquillement et sans éclaboussure. Du moins, sans autres éclaboussures que celles s’éparpillant sur leur vêture après le festin, quelle qu’en soit la nature.

Alors, bien sûr, elle aurait pu prendre son temps, la Gitane, et faire un petit panaché des trois. Sauf que d’une part elle n’avait aucune envie de vider sa réserve d’abricotine pour un tel casse pied, de deux il était purement et simplement hors de question de se le coltiner durant des heures, et de trois, elle était une magistrale nullité culinaire.

Mais surtout, pourquoi s’embarrasser de tous ces subterfuges quand un bon bâton bien lourd grattait la paume de sa main ? Aussi, prenant soin de se tourner en cadence avec son agaçant invité, le regarda s’asseoir comme un pacha en son domaine en pissant les yeux, concentrée. Et rejetant d’un bloc tous les scrupules qui pouvaient s’agglutiner entre ses tempes brunes, dans un magnifique élan tournoyant, visa le pompon vert. Le gourdin s’abattit lourdement, alors que malgré elle, les mirettes noires se fermèrent.


Une bonne camomille pour vous ! Et on fout pas le bordel!

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Chevalier_du_chaos
AAAAAARRH ! La SALOPEUH....! ARRRH... ghhhh...!

Fit ******** dit le Chevalier du Chaos en tombant de son siège, le crâne presque fendu en deux. Il gémit, se tordit, s'empoignant la tête. La douleur était si vive qu'elle l'avait rendu quasiment aveugle, la terre se mettait à tournoyer sous lui. Mais un soudain instinct de survie le poussa à ramper à plat ventre pour tenter de trouver abri sous la table... Sauf que...
Axelle
Cela fit un drôle de bruit quand l’onde de choc se répercuta dans les bras menus. Comme si elle avait tapé sur une courge séchée par le soleil. Tant et si bien que ça lui agita les neurones. Un peu. Bien moins que ceux du bonhomme qu’elle découvrit affalé en rouvrant les yeux. Si la gitane maniait le couteau comme pas deux, le bâton et ces grands fracas lui était inconnu et la dégoutait de cet espèce d’acharnement qu’il quémandait. Mais que faire d’autre que de réitérer le carnage quand l’escogriffe voulut chercher refuge sous la table branlante ? S’il y parvenait, ce serait à son tour de passer un sale quart d’heure. Et puis n’abattait-on pas les chevaux blessés ? Quoique pour le coup, il était hors de question de se retrouver avec un macchabée dans l’atelier. D’une part cela faisait désordre, et d’autre part, surtout, un cadavre avait le fâcheux inconvénient de ne pas parler. Hors, il ne fallait pas croire que la Gitane s’amusait à estourbir les visiteurs gratuitement, ça non, même si le visiteur en question était imbuvable.

Alors le bâton s’abattit à nouveau sur le crane déjà mal en point, mais avec moins de force, si tant était qu’elle en est beaucoup, mais suffisamment pour que le gus s’écrase, face contre terre, un filet de bave aux lèvres sans plus de possibilité de se faire la malle. Ni sous la table, ni ailleurs.

Les bras pendants, médusée et perplexe, Axelle regarda le grand corps sombre affalé au sol, pas bien fière de son œuvre. Mais la curiosité gitane n’avait pas de prix, l’échalas aurait dû le comprendre. Sortant de sa torpeur, elle se précipita vers les établis, cherchant avec une frénésie angoissée de la corde, renversant au passage ses outils et autres pains d’argile. Dénichant enfin son bonheur qu’elle déposa sur la table, elle entreprit de déplacer l’assommé, pestant à tout va sous le poids mort du corps.

Tirant poussant, soufflant, les joues rougies par l’effort, elle parvient enfin à l’adosser contre le large poteau de bois massif soutenant le faitage de la masure. Puis à grand renfort de grognements, y ligota les poignets inertes. La difficile besogne enfin accomplie, elle soupira de soulagement et se paya le luxe de vider la cruche d’eau d’un seul trait. S’essuyant la bouche du revers de la manche, elle observa l’homme, tête pendante et bras vilainement tirés vers l’arrière. Fronçant les sourcils, elle secoua la tête pour chasser toutes trainées de compassion qui pouvait couler entre ses tempes, et de gestes à présent posés, tira une chaise et s’installa face à sa prise, observant d’un regard attentif le ventre se gonflant et se dégonflant régulièrement. Il n’aurait plus manqué qu’après tous ces efforts, le bonhomme lui crève entre les doigts ! Et quand enfin la tête dodelina, indice d’un réveil attendu, la voix rauque de la gitane emplie la pièce sans plus de patience alors que les amandes noires se posaient furtivement sur la nouvelle boite du jour.


Maintenant, z’allez me répondre. Qui vous envoie ?

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Chevalier_du_chaos
Mmguh.... h... gu.... Nhmg... Hu...

Fit ******** en ouvrant un demi-oeil dont la paupière lui semblait lourde comme un demi-quintal de viande de cochon. Il ravala le filet de bave qui lui coulait sur la barbiche, avec précaution, sentant d'infinies douleurs dans le moindre cartilage de son crâne et de sa mâchoire. Ça, il ne s'était plus senti aussi mal depuis sa dernière cuite de la Saint-Vincent où il s'était murgé un demi tonnelet d'eau de prune avec un entonnoir à gaver l'oie.

Ouhgu.... gu...

Marmonna-t'il en essayant de se rappeler qui était la rombière qu'il discernait devant lui, et pourquoi il était saucissonné à une poutre. Ah, le colis. Ça lui revenait. Boire un petit coup. Tomber. Ouh... C'était flou flou flou tout ça. Mais soudain, un sursaut de conscience le redressa. Il vociféra sans reprendre son souffle :

Mais...! Mais vous êtes MALADE. Arg... Mais c'est une MALADE. Hé mais j'ai pas signé pour ça moi. On m'y a pas dit que c'était une MALADE cette... MALADE. MALADE, va ! Elle va me libérer fissa. Mocheté. Folle-dingue ! J'ai pas signé pour ça. Ah j'vais gueuler.

Non mais c'est dingue... rgh... En plus c'tait quoi la question ? Hé mais. MALADE. Pouvait pas l'demander sans m'agresser ? Hé mais j'me sens agressé là. C'est des MALADES ici. Sérieux, la Guyenne, z'êtes des MALADES. J'vais porter plainte. Ça va bien vous faire le cul ! Espèce de grosse MALADE. En plus ça m'a niqué la crâne. Mais sérieux. Mais j'hallucine. C'est grave.

Rgh... Vous m'lâchez, sinon ça va mal s'mettre ! J'préviens hein. Plus jamais mais alors là mais plus jamais. Ça m'apprendra à faire livreur, hé mais sérieux. Grosse MALADE. Une GROSSE malade. Non mais en plus j'vous l'aurais dit volontiers moi. SYMPA les manières ! On vous a élevé chez les primates ! Sérieux quand mon maître y va savoir ça, ça va chauffer pour vot' cul. Parce que j'suis son enlumineur personnel moi, ça vous la coupe ça ? Eh ouais madame la FOLLE-DINGO, faut réfléchir deux minutes avec sa noisette de cerveau avant d'agresser des gens importants. Hein, elle l'a mauvaise là ? Hein ? Hein ? Tu flippes ? Et mon maître c'est le marquis de Nemours, voilà, t'es contente ? Comme ça t'sais qui qui va te faire fout'au piloris. Ça va bien te faire les miches. Alors maintenant tu m'lâches, c'est dans ton intérêt.
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