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[RP] Tes fleurs...mon mal!

Takoda
« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci. »*

[Rencontre à Bourganeuf]

Le besoin de prendre l’air s’était fait impérieux, presque nécessaire…et lorsque Vera avait proposé un voyage à Guéret, Thaïs avait de suite dit « oui ». Elle étouffait ! Les deux « mies » étaient donc parties visiter la Marche, profitant de ce répit, loin du tourbillon de la capitale. Le calme se faisait rare et ce dernier se trouvait être le bienvenue…encore que…cela laissait plus de temps pour penser...

La rousse était d’humeur morose ce jour-là, et même un tour dans sa salle à la Confrérie n’avait apaisé ses tourments. Elle se consumait à petit feu, flamme en perdition, soleil en extinction. Le silence, dix jours sans un mot de sa part…Dix jours avec ce doute qui s’insinue comme un vil poison dans son âme. On est bien peu de chose quand on aime…Enfin aimer, elle se refusait à corps et à cri de prononcer cette évidence, mais il fallait bien se rendre à la raison… Et comme chaque fois que ce genre d’état pointait son nez…le besoin de se sentir vivante faisait son apparition.

La première fois ça avait été en Anjou, à la mort de sa sœur, une bouteille, des ciseaux, de quoi entailler ses jolis poignets d’albâtre. Fort heureusement, on ne l’avait laissé faire. Et depuis, il y avait eu des rechutes…

Jusqu’à la dernière…Anjou ! Elle n’y avait pas mis les pieds depuis la mort de Fal’. Revoir les murs de Saumur avait rouvert bien des blessures et le soir venu…elle avait fauté. Violemment, sans ménagement pour rien de plus que ce frisson qui vous parcourt l’échine…Douce adrénaline ! Rien ne laissait pourtant présager qu’un tel état referait surface…et pourtant…

Cette journée s’annonçait banale à souhait, Vera et elle, étaient à Bourganeuf, buvant de la prune, se demandant encore si elles « détalaient ou s’étalaient »….lorsqu’une blonde avait paru. Takoda comme à son ordinaire avait lancé son questionnement, curiosité oblige. Il s’agissait d’une italienne, Corleone qui plus est, et que pouvait elle bien faire en Limousin ?

Elle n’avait trop su comment la conversation avait dévié, mais cela avait été le cas et la rouquine se retrouvait à demander sur un ton amusé à Anitha, puisque tel était son prénom, ce qu’elle venait fouetter icelieu…ou qui ? La réponse ne s’était guère fait attendre…une proposition… :

Vous voulez que je vous fouette ?

Et à Tak de rétorquer sur le ton de la plaisanterie :

J’adorerais

Mais était-ce vraiment une plaisanterie ? S’en était suivit un échange amusant, un sieur pensant qu’elles allaient se battre s’interposa, chacune son tour, elles le renvoyèrent à ses affaires. Pour finir par cette phrase…LA phrase : « Un mot de vous, et je vous donne la clé de ma chambre plus bas en ville… »

Depuis lors, Thaïs, tournait cette phrase en boucle dans sa caboche…


[Limoges, le lendemain]

La Corleone était à Limoges, elle venait voir sa sœur, elle le lui avait dit… était-ce cela qui lui vrillait le ventre depuis son réveil ? Les gestes machinalement exécutés du quotidien n’endormaient pas l’écho de la voix de la blonde…Avançons !

Retour à Limoges, retour en taverne…La Fraise de nouveau attablée devant un verre de prune faisait montre de son contrôle d’elle-même habituel. Un sourire ici, une remarque amusante là et hop, une nouvelle gorgée…Jusqu’à l’instant où, Takoda reconnut la silhouette, avant même d’avoir entendu le fort accent italien, elle savait de qui il s’agissait…Pas en public…Rester maîtresse de soi encore un instant, d’autant que Vera déjà se raillait de l’épisode de la veille…

« Je n’ai rien à cacher », avait dit la brigande la veille…
« Nous avons tous quelque chose à cacher ! », avait répondu la porte-parole…
Personne ne devait savoir, jamais…c’était une rédemption…, c’était le grand frisson…

Thaïs-Korydwen d'Ambrois, voulez vous bien vous ôter cette idée de la tête? Je ne le peux, il le faut...La rousse avance un papier devant la blonde...Un papier sur lequel était écrit trois mots, trois sentences…



Votre clé, Anitha !


Elle avait besoin de se sentir vivante.

*Recueillement, Charles Baudelaire

_________________
Anitha
    [Bourganeuf: La rencontre]

    Le voyage vers l'aventure avait débuté, mais ce n'était pas un simple voyage, ce voyage était salvateur voila bien longtemps qu'elle se trouvait dans la même ville, et pour la Vitalis la sédentarité était synonyme d'une petite mort où tous les souvenirs se réveillaient, ses nuits étaient de nouveaux agitées par les fantômes de son passé, il n'était plus rare de l'entendre hurler dans la nuit et de se réveiller en sueur et en pleure.
    La ritale pouvait paraître excentrique, forte pourtant le passé était comme un boulet qui ne lui permettait pas d'avancer dans le présent et encore moins dans le future, le lugubre prenait toujours le dessus surtout quand elle commençait a s'installer dans une ville.
    Pourtant le présent était devenu pour elle une chose qu'elle voulait chérir et appréciait , après tout elle avait sa fille son rayon de soleil dans les méandres de ce monde, mais il y'avait aussi une autre personne qui malgré sa noirceur réussissait à la faire vivre, Fen, ce barbare irlandais, qui était devenu depuis peu son fiancé.

    La première étape avait était cette ville morte, cette ville qui n'avait strictement rien intéressant, après tout elle était une insociable et elle faisait tout pour que les gens ne s'attachent pas à elle ou bien viennent lui parler, et comme exemple les tatouages aux mains, de simples dessins permanents pouvaient avoir un certain effet, car comme nous le savons tous ces marques étaient signes dans la plus part du temps de marginalité. Et elle ne le cachait en aucun cas, de toute manière elle le revendiquait même, la Ritale n'était pas des plus fréquentable et cela lui allait très bien.

    La blondasse, partit donc en quête d'amusement et de divertissement et quoi de mieux qu'une taverne pour se rincer le gosier toujours sec, elle rentra dans la première venue le cadre était sans importance mais voila qu'il y avait ici présent deux femmes, avec qui les discussions allaient de bon train, mais une en particulier une rousse, du nom de Takoda qui avait la langue bien pendu, un sourire en coin amusée se dessina sur les lèvres de la Vitalis. Et puis la question tomba sans réfléchir la réponse sortit de manière tout naturelle avec une pointe d'amusement, et elle le savait bien qu'à cette réponse toutes personnes fuiraient. Cependant ce n'était pas le cas ici la rousse voulait, un sourire sadique s'afficha un peu plus, elle avait même poussé le vice à lui offrir la clé de sa chambre au moindre mots d'elle. Et une parole, même déguisée, reste une parole comme vous le savez pour le chevalier Loyal une parole reste une parole et elle se devait d'être honoré, mais l'échange se finit là.

    Alalalala petite chose fragile avait elle pensée à ce moment là.

    Puis le voyage reprit.




    [Limoge: la tentation]


    La veille avait était oublié d'autre chat à fouetter, dont son fiancé qui comme à son habitude lui en faisait voire toutes les couleurs, d'ailleurs sa lèvre avait était fendue, dans ce couple hors du commun, la violence et l'amour vache avait toute sa place, la guimauve était mise de coté pour être remplacé par une sorte de passion furieuse. Ce couple choqué, ce couple dérangé, mais cela lui passait par dessus la tête, la Ritale se foutait de se que l'on pensait d'elle comme de sa première culotte.
    Et pourtant là la blessure était bien plus grande, son égo avait était touché et 'égo de la Ritale était surdimensionné, l'envie de lui faire du mal elle même était bien plus présent qu'à l'accoutumé, une envie de lui montrer qu'elle était aussi une personne et qu'il tait possible de la perdre. D'un pas rapide se souvenant de cet épisode la blonde poussa la porte de la taverne, s'enivrer, dévirer voila sa volonté en entrant et pourtant voila qu'elle tomba nez à nez devant la rousse de la veille un sourire s'afficha. D'autre personne arrivèrent et ses azures ne pouvaient s’empêcher de se poser sur la rousse, il était rare qu'elle admire une femme, et puis cette Takoda ne l'avait elle pas poussée au plus profond de ses retranchements?

    Bien sur que si elle avait fait resurgir en elle ce passé italien où la torture, la douleur était son quotidien, la bête qui sommeillait en elle était ressortit pour la première fois depuis son arrivée dans le Royaume de France.




[i]Votre clé Anitha!


    Les mots avaient étaient prononcés, une clé et un mot pour la rousse



Auberge des voyageurs à la porte sud de la ville chambre six je vous y attend


    La blonde regarda la proie avec un sourire qui pouvait faire froid dans le dos, puis se redressa et salua l'assemblée avant de se rendre dans sa chambre. Elle fit face au miroir et se contempla, il était vrai que l'on voyait une femme ravissante aux formes généreuses, aux traits fins mais l'apparence ne reste que l'apparence, le visage doux cachait la noirceur de son âme. Le questionnement débuta, un début de regret en pensant à son brun mais en même temps cette envie était présente cette envie de lui montrer qui elle est et puis il était trop tard pour faire machine arrière.

    Elle se posa sur son lit la pipe au bec, dans la main une bouteille de poire et voila que débute... l'attente
[/i]
_________________
Takoda
« Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d’eux. »*

[Il est une heure où l'on doit expier ses fautes...quand on les a commises...]

Thaïs, avait toujours fait ressortir le meilleur côté des gens…le meilleur…peut être pas cette fois, encore qu’elle ne savait pas grand-chose de cette femme ! Le dernier regard que lui avait lancé la Ritale aurait fait pâlir n’importe quelle donzelle, mais la rousse n’était plus une jeune fille. Takoda était moins impressionnable ou bien, elle faisait mieux semblant de ne pas l’être. Son verbe haut, l’avait par ailleurs mis bien des fois dans des situations périlleuses et c’était une as de l’esquive…Mais pas aujourd’hui…

Ce soir, La Fraise n’avait plus envie de penser, elle ne voulait plus rien entendre, elle voulait juste oublier. Perdre la notion de bien, de mal…On a toujours tendance à tout cataloguer, le blanc, le noir…alors qu’un simple mélange changeait tout. La vie ne se résumait pas à une simple couleur, à un choix entre bonne action et mauvaise. Et parfois, on avait beau vouloir le bien, on ne récoltait que son opposé. Ce soir, elle ne voulait pas choisir, il fallait stopper ce bourdonnement incessant des pensées dans son crâne, arrêter les questions, achever le doute…

Elle avait quitté la taverne, peu de temps après la Corleone. Enroulée dans son mantel, elle avait remonté la rue des pendus jusqu’à sa demeure pour prendre un vélin, qu’elle avait gratté à la hâte. Ce dernier était un pli pour Anne Mary Grey. Dessus, pas grand-chose, juste une demande…




Anne,

J’espère que tout se passe bien pour vous à Rochechouart et que vous prenez soin de votre personne. Pourriez-vous, s’il vous plaît, m’envoyer la recette de votre baume cicatrisant, j’ai reçu une vilaine coupe au pied et je ne parviens pas à m’en débarrasser. J’ai souvenir que ce dernier avait fait des miracles sur la blessure de mon poignet la dernière fois…

De tout cœur, merci.

Tak.


Puis, sur un morceau plus petit, une liste…





Rédemption: 7 coups.

1.Avarice

2. Gourmandise

3. Orgueil

4.Colère

5.Envie

6.Acédie

7.Luxure


Le tout fait, elle s’était dirigée vers l’auberge des voyageurs, la peur au ventre mais déjà le frisson au corps. Qu’es-tu en train de faire pauvre petite chose ? Elle ne pouvait plus reculer, elle était devant la porte de la chambrée numéro six… Il ne fallait plus penser, juste souffrir. La main percuta le bois...

Toc, toc, toc...

Anitha êtes vous là? Ou dois je utiliser la clé? Il était de toute façon trop tard pour s’enfuir.

*Recueillement, Charles Baudelaire (suite)

_________________
Anitha
[Chambre 6: l'attente]

« Derrière l'attente, il y a tout : la permission gratuite d'évoquer un beau visage ou de dialoguer avec une ombre. »
de Dominique Blondeau

    Le mélange de chanvre et d'opium ainsi que la poire avaient fait leur effets sur la Ritale et voila que le dialogue intérieur débuta

      -"Dis la Ritale t'es sûr de c'que tu fais là?"
      -"Berdol j'serai certaine d'ça t'es sur que t'serai là?"
      -"Ouai t'as pas tord"
      -"J'sais j'ai t'jours raison"
      -"Ouai enfin pour l'coup t'es entrain d'merder là"
      -"J'suis pas certaine d'merder ça m'montrera d'quoi j'suis capable"
      -"Capable d'supporter l'poids du passé?"
      -"'Tain ma qu'est c'que tu peux m'faire chier la conscience"
      -"Remarque j'suis là pour ça hein, répond à la question"
      -"Ma t'es une pure chieuse tu l'sais ça? Et j'en sais rien c'est l'seul moyen d'voir si j'suis d'venue ce qu'ils voulaient"
      -"Moi j'dis tu fais une connerie"
      -'ET moi je te dis je t'emmerde!"


    Une gorgée de poire en plus et voila que sa conscience se fit la malle enfin un peu de paix la saloperie c'est qu'elle aurait pu lui faire rebrousser chemin sur sa parole, la garce! Mais ce n'était pas sans compter sur sa folle envie de pousser ses limites et qu'enfin l'on puisse découvrir son vrai visage.
    Et puis bon surtout que rien de tel qu'un bon amusement!

    Les bruits de pas derrière la porte la mit en alerte, un sourire mauvais se dessina sur le visage, et puis

    Toc, toc, toc...

    Son coeur s'affola non de peur mais d'excitation, elle se leva de son lit, remettant en place son chignon et ouvrit la porte avec toujours ce même sourire, ses azurs avaient cet éclat de perversion, qui l'avait quitté il y'a bien quatre années maintenant quand elle avait décidée de venir dans le Royaume de France. Le monstre italien était de retour


[Chambre 6: Le renouveau]

    La Vitalis se décala pour laisser entrer la rousse, cette rousse qui avait renaître cette chose si enfouie qu'elle ne pensait pas un jour la retrouver, mais pour le coup cette chose fragile allait en découdre pour toute cette tourmente qu'elle avait put lui apporter en très peu de temps. Le chemin de la rédemption était semé d’embûche et voila qu'au premier obstacle, à la première tentation la Ritale replongeait dans l'enfer mais pas à demi toute entière. Et puis à quoi bon caché sa vrai nature?
    Elle sortit l'objet du délit, un vieux fouet, au cuire limé, la blonde le caressa du bout des doigts et le posa sur une table, son sourire s'afficha de plus belle, tant de souvenir dans un objet, son passé, ce même objet avait fait sur elle deux marques fines dans son propre dos, et avait fait tant de marques dans le dos, cuisses et même visage entre les mains de la blonde. Ce fouet avait une grande symbolique pour la Ritale et le voila de nouveau sortit.
    Elle se tourna vers la rousse

      -"Il est encore l'temps pour toi d'rebrousser chemin...Quand cette porte s'ra fermée il sera trop tard."


    Pour elle le chemin retour était devenue impossible, elle le savait dès la veille.

_________________
Gray.
        “Jouissance des petits plaisirs de la vie.”



      {Rochechouart}



    Ténébreuse soirée.
    La prune coule à flot. Ce délicat goût qui cautérise bien des maux et en entraîne d'autres. Soulevant les coeurs et la hargne. Soulevant les Peuples de ce monde et d'ailleurs par la verve vive et les discours alléchants. Lèvres caressées par la tumultueuse langue qui serpente à bien des égards sur les courbes les plus succulentes. D'un union, se fait plus chaud. Chaleur étouffante. Sueur s'égouttant. Entrave des liaisons dangereuses des bras contre deux corps entrelacées. Humidité. Tension. Succube suave. Réalité thermique sur une délinquance toute outrancière de l'époque. Naviguer sur les eaux troubles d'un Nil aphrodisiaques sur lesquels ces symboles phalliques de puissance montrent leurs crocs acérés. Finalement, c'est dompté. Maîtrisé. Sournoisement. Les hanches se délient en ce délice. Mélange sucré, salé. Quelques pulsions entraînent à quelques romances du passé afin d'écrire le futur. Exaltation. Souffle saccadé. Palpitant déchaîné. Tête en arrière. Chevelure caressant un dos voûté. Des mots. Des onomatopées. Quelques cris s'élèvent pour toucher le ciel étoilé. Les étoiles pleins les yeux. Légers tremblotement. À n'en plus en tenir. Jusqu'au bout de la nuit, l'élévation la plus totale. Invincibilité. Sensation du divin. De retour à ses lèvres. Il est temps d'accoster sur d'autres rives. Il est temps d'appuyer le stylet sur un poing final. Une finalité grandiose, éclatante, pétillante et...

      -“Dame Gray! Dame Gray!”


    Purée.
    La tension s'essouffle tel un soufflet trop vite retiré du feu. Je regarde mon compagnon. Il semble émasculé, d'un coup. Je fais la moue. Je regarde mon valet. Je le foudroie des yeux. Il a ouvert la porte qu'il ne fallait même pas entrouvrir. Je peste en levant le poing vers le ciel, la poitrine à découvert pendant que lui se met à couvert. L'inconvenance perfide se libère sous des flots de moult jurons plus ou moins fleuris. Finalement, je me lève. J'enfile la chemise masculine et je me dirige vers l'idiot qui dérange en pleine folie peu aristotélicienne. C'est lui que je devrais émasculer.

      -“Un soucis, Hector?”

      -“Navré de vous...

      -“Un soucis Hector?!”

      -“Navré de...”

      -“HECTOR!”

    La voix de l'homme se serre.
    Il étouffe un son désagréable de sa salive avalée, prenant sa pose de chien battu qui ne désire nullement se faire frapper d'un coup de cravache. Il me tend une lettre et tente de rebrousser chemin en agitant ses petits pieds en arrière mais se colle à un mur. Je le regarde en haussant un sourcil. Fais-je si peur que cela? Je prends la lettre que je décachète avant d'en lire son contenu. J'hausse un sourcil. Puis le second. et je souris finement.

      -“Ah! C'est la charmante joueuse des mots! Il fallait le dire plus tôt.”


    Nouveau regard noir envers son valet.

      -“Allez me chercher le livre médical.”


    Il s'en va presqu'en courant malgré son âge avancé.
    Je le suis jusqu'à la bibliothèque, nullement plus vêtue que cela. Ce ne sera pas la première fois qu'il me voit de cette façon, ceci dit. Il s'empresse de monter la petite échelle pour escalader la haute bibliothèque et fouiller les livres. Je croise les bras, tapant du pied, me voulant expéditrice sur le sujet.

      -“Allons, Hector. La médecine n'attend pas.”

      -“Je fais vite, je fais vite!”

      -“Pas assez à mon goût. Par contre, pour déranger deux adultes consentants, vous faîtes vite, oui.”

    Il me tend un livre.
    Je regarde ce dernier. Je regarde le valet. Je regarde le livre. Je fais la moue.

      -“Non. Ça c'est pour transformer les princes en crapauds.”

      -“Gné?!”


    Léger rire quittant mes lèvres parfumées de fraise.

      -“Ne vous en faîtes pas, Hector. Vous êtes loin d'être un Prince. Vous vous rapprochez déjà du crapaud.”


    Bon.
    En réalité, il s'agit simplement d'un conte pour enfant, non d'une réalité de sorcellerie dont je ne saurais faire preuve. J'ai tellement de livres entassés ci et là qu'il peut arriver de trouver quelques bêtises digne de ce nom. Je le regarde fouiller encore, prenant mon mal en patience tout en regrettant amèrement de n'être arrivée à l'apothéose plus tôt. Il me sort un nouveau livre. Je le prends. Je lui souris. Je m'en vais dans mon bureau prendre parchemin et plume que je trempe avidement dans l'encre.

    Citation:
    Takoda,

    Tout se passe merveilleusement bien à Rochechouart. Je tente de laisser passer l'ennui par quelques divertissements intéressants. Les âmes de cette ville sont agréables, c'est un fait. Serviables, surtout.
    Pour ce que vous me mandez, il est très simple. Il suffit de vous procurer une Lysimachia Nummularia ou Centimorbia. Le moindre apothicaire digne de ce nom saura vous permettre d'acquérir pareille plante. Ensuite, il faudra en faire un baume en l'écrasant dans un pot en bois afin d'obtenir toute son essence. N'hésitez pas, selon la taille de la blessure, à prendre plusieurs de ces plantes.
    Vous mettez cela sur la plaie ouverte que vous recouvrez d'un fin ruban, puis, vous laissez agir une nuit. Vous réitérez l'opération jusqu'à disparition de l'estafilade.
    Ensuite, je ne saurais trop que vous conseiller d'éviter les objets coupants et, surtout, d'enfiler une bonne paire de bottes seyantes. Vous pouvez vous protéger tout en étant à la dernière mode Parisienne. Ne l'oubliez point.
    Enfin, je ne veux même pas savoir ce que vous faîtes de vos temps libres avec des objets coupants. Ce ne sont pas mes affaires!

    J'espère que j'aurai su vous guider.
    Je vous retrouve bientôt à Limoges.

    Je vous embrasse,


      -“Hector. Allez porter cela, je vous prie.”


    De toute façon.
    Pour ce soir. C'est foutu, j'ai plus envie.





Takoda
« Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. »*

[Chambre n°6, 2 minutes avant l'enfer]

Il y a des choses qu’on ne peut faire soi-même, des choses dont on est incapable… Fort heureusement, certaines personnes, sont aptes à les faire pour vous.

La Flamboyante rousse sur le pas de la porte prenait la pleine mesure de cette vérité alors que la blonde la faisait pénétrer dans la chambrée. Observant les lieux à la décoration sommaire, à savoir, un lit, un fauteuil et une table, elle nota que rien ne pouvait laisser deviner ce qui allait se passer ensuite… Pas un indice… si ce n’est le fouet de cuir posé sur la table, prêt à l’usage… Elle-même n’aurait été bien capable d’utiliser cet instrument…et encore moins sur elle.


-"Il est encore l'temps pour toi d'rebrousser chemin...Quand cette porte s'ra fermée il sera trop tard."

Si j'avais dû faire demi-tour...je ne serais pas là...Fermez la porte! avait-elle répondu avec froideur.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la porte se ferme à la volée sous le pied d'Anitha et se verrouille d’un tour de clé. Nous y sommes...Les yeux se croisent, les uns excités, les autres incertains...L’ambiance devient pesante dès lors, et la rouquine tente un trait pour détendre l’atmosphère…

Auriez vous peur que je ne m’échappe ?

-"Si ! Beaucoup s'échappe aux premiers coups..."

Rien de tel pour vous mettre en condition… Un silence lourd de sens s’installe soudain, Thaïs, réfléchit tandis que ses doigts la débarrasse du mantel qui la recouvre avant de le poser sur le lit.C'est la première barrière qui tombe...Elle sait qu’elle va souffrir, mais elle est là pour ça…pour remplacer sa première douleur, morale, par un mal physique…nettement plus supportable !

Il en faudra sept !

Sept coups de fouet, comme les sept péchés capitaux ! Sept rappels qu’on ne transgresse pas les principes. Pas les principes Aristotéliciens, non, ça elle n’est pas très pratiquante, mais…ses propres principes à soi ! Sept coups donc pour apaiser le mal.

- "T'sais que tu n'tiendras pas la moitié et que tu risques d'tourner d'l’oeil?"

Takoda a toujours eu un seuil de résistance à la douleur impressionnant…Peut-être parce que ses plus grosses blessures ont été faites très jeune. Ou peut-être parce que les dites blessures étaient très douloureuses…on relativise ensuite. Si elle devait tourner de l'oeil...elle le ferait...on verrait bien.

Les étoffes glissent au sol les unes après les autres, découvrant peu à peu les formes féminines. D’abord la houppelande qui descend jusqu’aux pieds une fois ses liens dénoués. Puis la chemise qu’elle passe au-dessus de sa tête…et enfin les bandages qui soutiennent sa poitrine qui se déroulent pour ne plus former qu’un enchevêtrement de tissu une fois entassés au pied du lit.

La chair du dos à présent apparente est d’albâtre, surface vierge contrairement à l’avant de l’épaule gauche qui s’orne d’une cicatrice à la forme étoilée. Cette épaule se referme d’ailleurs, la main venant emprisonner le sein droit et le bras couvrir son jumeau. Un peu de pudeur dans ce monde d'intimité malsaine!


-"J'vais t'laisser choisir assise ou d'bout? […] dans tous les cas tu s'ras attachée!"

Debout, elle ne tiendrait pas longtemps…Assise…oui c’était sûrement le mieux…Lorsque son regard s’attarda sur la table…le buste serait à plat…Inconfortable certes d'être semi pliée mais…idéal. Voilà le bon intermédiaire. Le tronc se pose donc sur la table, le visage se tourne de côté, la joue venant recevoir la caresse du bois. Dernière sensation de fraîcheur avant de sentir le feu du cuir… Plus que la corde et on serait fin prêtes… Les poignets sont liés...La voilà entravée, victime entièrement offerte à son bourreau…

Prête?

L'était-elle? Devait-elle l'être? Ou même peut-on être prête à ce genre de chose?

Ça ne te dérange pas si je compte?

*Recueillement, Charles Baudelaire (suite et fin) dans les Fleurs du Mal.

_________________
Anitha
"Chaque jour vers l'enfer nous descendons d'un pas."
Charles Beaudelaire

[Chambre n°6: Aux portes de l'enfer]

    Le destin était scellé, la porte du paradis venait d'être close.

    La froideur de la rousse laissait perplexe la Ritale, beaucoup de personnes jouaient de leur fierté quand le moment arrivait mais le final était toujours la même chanson on lui supplié d'arrêté, enfin là c'était dans le cas où la douleur n'amenait pas la victime du supplice vers l'inconscience. La moindre fierté pouvait être rompue par cette simple lanière de cuire, la douleur avait un pouvoir fabuleux sur l'être humain, celle ci pouvait faire dire toute les vérité à qui en goûter. Mais aussi, et de manière plus étonnante, la douleur pouvait avoir un effet salvateur pour les âmes en détresses et en mal de vie.
    Ces deux effets l'italienne les connaissaient que trop bien, avec son passé transalpin sombre, le fouet n'était certes pas l’instrument qu'ils avaient choisit pour la détruire mais c'était du tout au même. La douleur avait était présente et elle l'était encore quand ses souvenirs remontaient à la surface.

    Les explications, indications étaient lancés comme ça sur un ton de léger d'amusement ce qui se produisait ici lieux, dans cette chambre simple, n'était autre que ce qu'elle était là bas en Italie entre leurs mains, elle n'était autre que femme s'amusant à faire du mal, elle n'était autre qu'une sadique avec un penchant naturel pour la torture. Mais pour l'heure elle ne pensait pouvoir faire cependant les effets psychotique du pavot avait eu raison de la conscience qu'elle s'était efforcé à avoir durant ces quatre longues années.

    Une fois Takoda dévêtue cette dernière s'installa sur la table, les poignets étaient liés, les azurs de la ritale se posa sur ce dos encore vierge de toutes marques, à l'idée qu'elle serait la première et peut être la dernière a dessiner sur cette beau blanchâtre la blonde se mordit la lèvre inférieure avec un sourire sadique, l'excitation était palpable pour elle du moins. Elle se dirigea vers l'objet du dénis et le caressa de nouveau du bout des doigts, un long frisson lui parcourut l'échine, un regarde en biais vers sa victime

      -"Prêtes?"


    La Vitalis se tourna vers la rousse et répondit à l'affirmatif à la question, puis elle pensa "D'toute manière ma belle au bout d'trois tu tomberas dans les pommes...", un rire intérieur se fit entendre et voila que le bras prolongeait du cuire s'élança et vient lécher le dos de la femme d'une manière brutale sans aucune once de pitié.

    Premier cris, et première marque qui ne serait pas des plus prononcée, un frisson encore plus intense traversa le corps de la blonde, ses azurs dès lors eurent une lueur de sadisme, elle était pour le coup malsaine mais cela ne pouvait que lui plaire.

    Un!

    Sans même que Thaïs puisse comprendre ce qui lui arrive un deuxième coup s’abattit, cette fois ci la fureur commençait à prendre possession de la transalpine les coups n'étaient plus retenus. La lanière de cuire s'entoura autour de la taille de la rousse laissant derrière son passage un long trait fin rouge. Cette fois ci le cris se transforma en un hurlement, le sourire s'élargit "je t'avais prévenue que j'n'retiendrais pas mes coups..."

    Deux!

    Le laps de temps entre les coups amoindrie, l'autre coup était donné d'un autre angle voila que le fouet caressa le long de la colonne vertébrale cette marque était déjà plus profonde et avec le temps le rouge allait laisser la place à une couleur blanche, une fine cicatrice qui allait rappelait à tout jamais à cette rousse cet épisode de douleur

    Trois...

    Et voila que la douleur avait fait son effet son oeuvre d'art venait de sombre dans les méandres de son inconscience, et c'est ainsi que la Ritale devait continuer son oeuvre elle paracheva le tableau qui prenait forme sur le dos de la femme, les coups s'abattaient sans pitié, dans une transe la blondasse devenait incontrôlable. Chaque coup faisait tressauter le corps inerte de la rousse.

      -"Et voici le septième!Ma..."


    C'est alors que son fouet lécha pour une huitième fois le corps, en sueur et le corps tremblant elle regarda le dos zébré, quelques gouttes de sang perlaient de certaines rayures. Elle déposa son fouet en soupirant, puis détacha les liens de la rousse qui la maintenait à la table, et c'est comme une crêpe que cette dernière s'étala sur le sol. Froide comme la glace, la blonde regarda le corps par terre et l'enjamba pour attraper un fin draps, puis s'accroupit et remit en place des mèches qui cachait le visage tendue de douleur, sa main froide se posa sur le dos mal mené c'est à cet instant que son tableau se réveilla lui réclamant de l'eau, sans mot elle lui apporta.

      -"J'vais prév'nir Vera tu n'pourras pas t'lever ni rien sans aide"


    Plume et vélin et hop c'est partit

    Citation:
    Vera,

    Je me permet de t'écrire simplement car il semblerait que Tak a besoin de toi, nous t'attendons chambre 6 à l'auberge des voyageur au sud de la ville.

    La Ritlae


    rapide simple y'avait rien d'autre à dire, elle approcha un fauteuil près de la rousse au sol et se mit à boire sa poire en attendant la brune, mais par pitié avant tout elle fit glisser un coussin sous la tête de la rousse. L'instinct animale de la Ritale venait de se réveiller enfin l'on voyait son vrai visage et elle n'était pas prête de le cacher...

_________________


Takoda
"L’une des plus grandes douleurs est d’aimer une personne que tu ne peux pas avoir"
Proverbe Africain.


[Chambre 6, chambre 6, chambre 6…6, 6, 6 numéro infernal]


C’est étrange cette sensation d’être démunie, à la merci de quelqu’un. C’est étrange, mais grisant…

Quand la peur est dépassée par le frisson, car au fond c’est ce que la d’Ambrois est venue chercher, cette petite étincelle de vie, cette essence bien plus pure que dans toute autre occasion…quand on se sait menacé, on a des ailes qui nous pousse. L’instinct de survie en somme…

Et ce moment-là, s’apparentait à cela. A cette bouffée d’air qu’on vient chercher à pleine bouche quand les poumons sont prêts à éclater par manque d’oxygène… Parce qu’elle se sentait sombrer vers les abysses et que l’occasion s’était présentée…le timing parfait quoi ! Mais revenons à la chambre 6, Thaïs est là, affalée sur la table, les mains crispées sur le bord de cette dernière…encore une chose Anitha :


Ne retiens pas ton bras !


Elle a juste le temps de finir cette demande que déjà les lanières de cuir entament sa chair, elle hurle de douleur. Un cri bestial, alors que la sensation de brûlure s’imprègne dans son dos…Comptons !


Un !


L’avarice, c’était peut-être l’intrus de la liste parce que tu n’es pas avare…c’est même le contraire …mais parfois trop donner se paye. Alors celui-ci sera pour cette trop grande générosité… Tu t’es trop donnée, tu as perdu le contrôle…

Le second coup tout aussi fort claque à son tour, rougissant un peu plus la peau. Le hurlement se fait plus fort, plus intense, le genou ploie un bref instant et les dents se serrent pour supporter la douleur. La table la soutient, la jambe se redresse et la taille se marque d’une nouvelle blessure. Continue de compter !


DEUUUX !


La gourmandise…Thaïs avait avalé la quasi-totalité de sa boîte de dragées quand il était parti…par dépit. Elle avait aussi vidé un stock important de prune et autres alcools divers et variés. Cela suffirait donc pour ce péché là…Sucre et ivresse, de quoi mettre sur un listel, avait ricané sa voix intérieure quand elle rédigeait sa petite liste.

Anitha, venait de lui offrir un bref répit, changeant son angle de frappe…mais le troisième coup arriva, plus fort que les autres. Tak sentait à présent le sang battre dans son dos et les mains se crispèrent sur les rebords de la table, à en faire pâlir les jointures. Tandis que des carmines s’échappait un grognement sourd.


TROIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS!


L’orgueil…Ah ! Celui-ci, le fouet avait bien raison de s’appuyer plus fortement…Pour t’estimer plus aimable qu’une autre, une première fois. Pour avoir renouvelé la chose une seconde fois et pour t’être pensée plus maligne et intelligente qu’elles et lui. Tu as vu l’effet que certains gestes produisent…tu t’en es servi…

Un mouvement de poignet et les cordes qui la lient se resserrent d’un cran, abimant légèrement la chair de leur frottement. Les yeux cherchent le regard de la Ritale, ne trouvant dans leurs opposés que sadisme et folie. La Corleone semblait en transe et le rythme s’accéléra…enfin avant le noir….


QUATRE…Cin…


La Flamboyante n’irait pas plus loin, sa conscience s’éteignait… Le quatrième coup était pourtant pour la colère. Cet état la tenait depuis des jours…de longs jours sans un mot, sans une nouvelle. Avec l’angoisse d’apprendre sa mort, avec le doute…Ce doute qui engendrait un questionnement intense. Que fait-il ? Avec qui ? L’aime-t-il ? Est-elle mieux que moi ? Tiendra-t-il sa promesse de revenir ? Est-ce que je l’aime ou ne fait-il que m’attirer ? Pourquoi ai-je été si stupide ?

Tu es une idiote Thaïs-Korydwen…une fichue idiote…tu te laisses tromper par un beau parleur et tu te plains…La colère, mauvais guide, et qui avait entraîné sa venue icelieu…
Et ce cinquième coup heurte sa cible… Le corps se monte sur la pointe des pieds dans un sursaut, retombant immédiatement, les chairs se boursouflent, le rouge colore la peau blanche, le mal…partout ce mal… Car le dos n’est plus que douleur, trempé de sueur et de sang, il pleure…Il noie son chagrin dans une illusion de rédemption. Tu es bien une idiote Thaïs, mais de te faire souffrir autant....

Cinquième coup donc, pour l’envie…Pour avoir voulu ce qu’une autre possédait déjà, pour la vouloir encore alors qu’elle lui appartient…visiblement. « Si vous l’aimez, oublier moi » avait-elle dit. Et la colère s’en était alors mêlée…apprend à respecter tes règles Tak !

Le sixième et le septième coup ne seraient jamais comptés, le souffle s’était fait haletant, le mal trop grand, elle avait sombré dans les ombres. La douleur physique a supplanté la douleur morale et ton bourreau est lui en pleine extase… Le plaisir se mêle à ton repentir. Ce plaisir qu’elle ne goûte plus…car elle n’a goût à plus rien d’autre que l’écriture…Acédie, c’était ça le sixième et dans les affres de ta nuit intérieure, toi qu’il qualifie de soleil tu es en train de devenir un ciel couvert de nuages. Ce n’est pas ton corps qui est brisé, c’est ton cœur. Pauvre enfant !

Le septième était pour la luxure…pour cette nuit saumuroise…où là aussi Takoda avait voulu se prouver une fois encore qu’elle n’était pas transparente, qu’elle était bien vivante…pour une nuit comme ce soir…Rien à voir avec lui cette fois…Tout à voir avec elle. Il ne lui avait pas offert de fleurs…il avait pris la sienne…avec violence, sans ménagement et elle avait aimé ça.

Elle ne sentit pas le huitième coup…celui qui venait déséquilibrer ses comptes…Elle ne saurait jamais qu’il y avait eu un numéro huit. Pour rien, pour le plaisir d’une blonde qui réveille ses propres démons alors que la rousse tentait de calmer les siens. Seul le contact froid de la main sur le brasier de son dos la ramena à la réalité…Les liens se dénouèrent, elle ne sut trop comment et elle se laissa entraîner au sol par son propre poids, incapable de se soutenir. Elle mit un temps à prendre conscience des déplacements de La Vitalis au-dessus d’elle, parvenant à demander avec peine de l’eau.


-"J'vais prév'nir Vera tu n'pourras pas t'lever ni rien sans aide"


Un simple hochement de tête, rien que ça car elle ne pouvait faire plus… Le moindre mouvement réveillait les blessures, la rappelant à l’ordre. Elle sombra de nouveau…Vera allait hurler !
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Vera.
    [La Marche territoire mort, les rencontres se font .]

    Un tas de projets en tête, réalisables ou utopiques. Le temps défilait doucement, trop lentement même. Les jours se ressemblaient , l'ennuie commençait un peu à peser. Fuir la routine en invitant ma Mie à se joindre à un voyage improvisé. Tournée du commissaire au commerce et de la porteuse de parole comtale. Destination la Marche, le pays des "Drôles de Dames" alias Cyrianna la Tourville maire de Guéret & Izaah quatre-vingt septième du nom maire de Bourganeuf.

    Si j'avais insisté pour que Tak soit de la partie c'est pour ne pas faire la route seule et éviter la dépression. La mort appelle la mort c'était ainsi et ces deux villes étaient connues pour être désertes , on croisait plus de gens de passage que d'autochtones. La Flamboyante avait l'air d'avoir besoin de respirer , tout comme moi. Nous nous aventurons donc gaiement vers ce comté , la Marche dans toute sa splendeur, des forêts partout, quelques tavernes abandonnées.

    La prune coule à flot, ça nous permet d'oublier qu'on est un peu seule dans le coin. Une Thaïs qui se vante d'avoir déjà rencontré madame la maire, puis moi qui me plaint du trou pourri vide de vie. J'étais d'humeur un peu morose, oui se déplacer en personne pour voir l'élue municipale et ne pas réussir à la croiser, ça ne pouvait que titiller mon humeur. J'avais donc décidé d'oublier que j'étais à Bourganeuf, j'étais à Limoges dans ma tête avec Tak et on discutait de vraiment tout, des bas et des poulaines, de la couleur des cheveux à celle du ciel, du temps frais et de l'amour, du passé, du présent et un tout petit peu de nos rêves d'avenir. Bref c'était une sortie entre fille et nous en profitons pleinement pour rire, chialer ( ça c'est surtout moi) et boire. On pensait qu'on allait finir en solo, sans croiser personne, quand soudain est entrée une blonde, à la démarche un peu désinvolte, la dégaine qui en dit long sur le profil. Les gants se retirent pour laisser place à des mains finement tatouées, ça en jette un max hein?

    Il en faut peu pour m' impressionner oui, les présentations se font, je retiendrai le surnom "la Ritale", s'enchaine une conversation plutôt curieuse entre la mie Troubadour et la Blondie ritale. Avait-elle dit qu'elle avait des chats à fouetter ? Pour qu'elles en viennent à causer de fouet.

    Je l'ignore à ce moment là, mon esprit avait mis les voiles, j'étais perchée comme qu'ils diraient les autres, mais pas plus perchée que les deux comparses de beuverie. Les propositions "vaseuses" s'échangeaient entre la Ritale qui avait gagné un nouveau surnom "La Ritale Sadique", puis Thais qui laissait place à une nouvelle facette joueuse, malicieuse ça je connaissais un peu mais masochiste pas du tout.

    L'Anitha l'invite à à la rejoindre dans sa chambrée. J'ai tout juste le temps de lâcher un "Pouvez me la prendre ma mie, mais faudrait me la rendre avant minuit" , par ce que ce soir on détale. Voila c'était la question posée chaque jour à Tak , selon l'ambiance des villes et des tavernes je lâchais un "ma mie on détale ou on s'étale là". La réponse était souvent criée de concert "on détale" en gros on se casse.

    La Ritale faisait également route pour Limoges.
    Nos chemins ne se coupaient donc pas à Bourganeuf. Takoda sera-t-elle tentée par le vice ?

    J'en doutais sincèrement.L'avenir le dira!


    [Limoges : quand l'envie est assouvie.]

    Nous étions de retour enfin dans la capitale. Pas trop déçue du voyage ,finalement partir d'ici c'était pour mieux revenir. S'éclipser un instant pour mieux connaître la valeur qu'à Limoges à mes yeux. Un manque terrible , le "mon chez moi". J'avais laissé ma mie s'échapper , plus trop besoin de rester coller l'une à l'autre avec la trouille de se perdre dans un coin complètement inconnu. Nous retournons à nos occupations, la routine toute simple entre le conseil comtal et pour le premier soir aucune beuverie dans la capitale, j'étais un peu inquiète de constater l'absence du Diablotin de Limoges & maire, contente de retrouver Victoire et les autres.

    Les minutes les heures s'écoulent et je croise Tak, pourquoi affiche-t-elle cette moue si désespérée ? Aucun sourire, juste des soupires, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Mes taquineries ne faisaient que l'agacer, mes paroles étaient-elles écoutées? Pas question de "violer son intimité" en la questionnant avec curiosité. J'avais perdu cette habitude depuis longtemps. Les gens se confient quand ils le veulent. La patience pour faire passer la mauvaise humeur, un jour , puis deux mais la Troubadour reste toujours aussi déprimée. D'une nature un peu égoïste, comme si le malheur ne pouvait que m'appartenir et que les autres qui avaient pour habitude d'être gaie devaient le rester pour toujours. J'étais choquée voila tout. Noyée dans l'incompréhension et le non dit, Thaïs la jouait un peu à la Shigella là, trop discrète, trop secrète, ça m'apprendra sans doute à en prendre de la graine, oui Véra, il ne faut pas pleurer tout le temps , n'importe quand, avec n'importe qui, faut apprendre à refouler ses maux, ses bobos comme le fait Tak!

    C'est ce que je me disais, mais j'en étais pas du tout convaincue, comme qui dirait Diablo ou Trublion "elle doit avoir ses ragnagnas" . Ainsi j'ai décidé de faire comme si j'étais aveugle. Si elle assure que tout va bien, je vais la croire sans sourciller.

    Pourquoi alors me secoue-t-on? Pourquoi on me demande de voir ce qui ne va pas avec "ma mie"? Comme si tout le monde avait remarqué que dans la caboche de la rouquine ça clochait , puis que moi, j'étais du genre hyper indifférente, "mais non tout va bien elle a dit, croyez-là".

    Missive envoyée à Gueldnard dans le doute, j'ai besoin de renfort, Tak est mal en point, je ne sais pas quoi faire, reviens, reviens, voila je ne le répèterai jamais assez. On dirait que le Trublion a la largeur d'épaule adéquate pour supporter nos coup de blues puis bon il a parfois la force de redonner le sourire mine de rien.

    Alors que le parchemin prenait son envole en direction de Rochechouart, un autre pigeon arrivait missive à la patte. Peut-être que c'était le pigeon de Matt, le dénommé Pierre-pigeon il me le donne! Ou bien des nouvelles des provinces contactées pour quelques contrats.... cette missive c'est peut-être de l'or pour le comté ou pour moi. Je déroule le parchemin, puis arque un sourcil.

    - Hep Piotr, le Sud c'est par où?
    -....
    Le saligaud , j'ai comme l'impression qui me répond par la pensée "DTC" (dans ton cul), c'est blessant.
    -c'est en bas.
    - Vous m'aidez vachement vous là.

    J'irai jamais à la même école que Piotr, il ne sait même pas distinguer sa droite de la gauche. C'est barbant, moi qui pense avoir un commis hyper intelligent. Ce n'était pas gagné, j'avais quitté le bureau pour retrouver l'auberge des voyageur en plein sud de Limoges, demandant aux gens de passage si j'étais bien sur le bon chemin.

    Piotr est derrière moi, je suis un peu désabusée, quelle idée de sortir à cette heure tardive. La Ritale n'était pas en train de m'envoyer dans un coin pourri au moins? Des questions qui se bousculent , la curiosité trop grande puis la perplexité et aussi cette sensation louche, comme si dans le fond je savais ce qui se passait dans cette chambrée 6. Avait-elle cédé à l'envie ?

    Je fais signe à Piotr qu'il peut décamper, je risque pas grand chose dans une auberge.

    [Chambre Six ou chambre du vice.]

    TOC.TOC.TOC.

    Je suis polie, je ne défonce pas la porte et je ne tente pas de rentrer sans frapper. Il fallait faire preuve d'un peu de méfiance tout de même. L'avait pas l'air commode la Blonde, dans ma tête je visionne bien la lèvre fendue et le nez pratiquement cassé, une scène de ménage qu'avait tourné à une séance de "ravalement de façade" au sens propre. Si Tak est bien derrière cette porte. Dans quel état elle se trouve?

    - Oyez de la Ritale, s'agirait pas de me faire poireauter longtemps.
    Bruyante avec tout ça, la serrure se déverrouille, la porte s'entre ouvre et laisse apparaître le visage de la Sadique, je sais un peu reconnaître la tête de quelqu'un qu'a fait des efforts. Je la salue sans trop m'étaler dans des salamalecs, après tout je crois que je ne suis pas invitée pour une tisane ou de la prune.

    Elle me laisse rentrer, sans trop discuter, puis là, le choc. Sur le sol, affalée la Mie. Je les regarde tour à tour, inutile de dire que je suis un peu imbibée et que je ne suis pas vraiment seule dans ma tête, mais ce que je voyais sous mes yeux ce n'était du tout à quoi je m'attendais.

    - GRAND DIEU! Vous l'avez FAIT!
    Oui, la voix qui s'élève sans trop le vouloir, mais voila l'émotion prend le dessus. C'était pas du tout un bon délire , ni mon délire.

    C'est comme une évidence, l'avait-elle châtiée longuement pour qu'elle soit dans cet état? Étaient-elles bourrées toutes les deux, ou défoncées.

    - Dites moi que ce n'est pas vrai!
    Un SEUL coup ne t'as pas réveillé de ton délire Tak!? Il ne t'a pas suffit!

    Je m'agenouille à ses côtés, complètement larguée , peinée et en colère, la violence était une source de souffrance, pourquoi être consentant pour se prendre une telle branlée Tak?

    - Punaise ma mie, mais qu'est-ce qui cloche chez toi!? Si tu me dis que c'est pour Arry que tu recherches à connaître tes limites, tu te plantes, il ne mérite pas que tu te fasses du mal!

    Elle douille ma mie, je sais qu'elle souffre physiquement et sans doute moralement , mais j'en rajoute une couche par dessus, par ce que je ne comprends pas, par ce que je ne veux pas comprendre. Je foudroie du regard la Ritale qui est un peu trop penaud là. Les yeux un peu injectés de sang, je sais encore reconnaître quelqu'un qui plane. Elle doit être loin, très loin de nous , de cette triste réalité qui les éclate le couple de sado/maso. Question logique qui s'en suit.

    - J'espère bien que vous êtes bien défoncée toutes les deux pour en être arrivées à ça, ma Mie, ta peau d'albâtre t'y tiens pas du tout? Tu n l'entends pas ton dos il pleure pour toi!


    Au tour de la Bourrelle de se prendre quelques remarques maintenant.
    - Vous pouvez être fière de vous, vous auriez pu vous arrêter au premier coup? Quand bien même elle le voulait, il fallait vous arrêter aux premières éraflures pffffff.

    Puis j'observe le "Grand oeuvre" de la Ritale, un réel carnage, si j'avais pas bu, je crois que j'aurai facilement pleuré là. Je crois que j'ai "un peu beaucoup" mal à sa place dans le fond, pour l'heure en guise de réponse de la "Châtiée" je n'ai que des gémissements de douleurs , des grognements.

    - Faudrait peut-être la retirer de cette position minable, je suppose que vous n'avez aucun souci à ce que la Maso' squatte votre couche là?

    Oui au stade où elles en étaient les deux, on pouvait bien lui redonner un peu de sa dignité à l’Étincelle vacillante, en la relevant du sol frais. J'invite la Blonde à me donner un coup de main, en espérant que l'Effrontée fouettée se laisser faire docilement.

    - Désolée. Ma mie je crois que tu n'es pas trop en mesure de décider quoique ce soit présentement. Je vais essayer de soigner tout ça avec ta Bourrelle.

    Je lance un regard à la Sadique.

    - N'est-ce pas?!

    En gros elle l'avait participé à la conception de ces blessures, il fallait qu'elle continue son oeuvre, mais là avec douceur : les soins. Quant aux explications, j'en aurai ou pas , on dirait bien que mon amie n'est pas en mesure de riposter à mes sermons pour le moment.
Takoda
« C'est surtout quand mes yeux se ferment qu'ils voient le mieux, car tout le jour ils tombent sur des choses indifférentes ; mais, quand je dors, ils te contemplent en rêve et, s'éclairant des ténèbres, deviennent lucides dans la nuit. »
William Shakespeare.


[Au plus noir de la nuit…]

Le temps qui passe est une notion relative, elle dépend de bien des choses…et dans l’état vaporeux où était Takoda…le temps ne passait pas à la même vitesse.

C’était comme la perception qu’elle pouvait avoir des évènements, autour d’elle Anitha s’agitait, grattant la plume, fumant et buvant. La porte plus tard recevrait la main de Vera et la pièce s’animerait sous la voix de la CAC...On la trimballerait sur le lit où elle passerait la nuit, dos dénudé, blessures séchant à l’air.

Tout ça, pour le moment était bien loin de sa réalité, autant dire clairement les choses : Thaïs-Korydwen d’Ambrois, porte-parole comtal, était dans les vapes.

Autour d’elle il n’y avait rien de plus que des ombres, des souvenirs et des sensations, rien de réel. Elle ne se souviendrait même pas de ce qui s’était passée sous sa caboche pendant qu’elle planait, la seule chose qui serait une évidence pour elle, ce serait le trou noir.

Ce moment d’absence total, ce manque de présence dans son propre corps comme s’il ne vous appartenait déjà plus. Cet instant volé à votre vie, parce que vous avez décidé d’infliger à votre corps, un acte qu’il ne supporte pas et qu’il préfère oublier qu’il est en vie. Et en vie, elle l’était…enroulée dans ce drap, gisant au sol, le dos lacéré des traces du fouet.

Et dans ses brumes, elle revoyait ses fantômes, blessures du passé… Un jour elle avait fini par penser qu’elle était maudite…Ceux qui t’aime, finissent par mourir. C’est la dure loi…Ou n’était-ce là que les tortures d’un jeune cerveau qui souffre, et qui se sent palpiter grâce à cela ?

Son corps était là…mais sa conscience…volait quelque part…là-bas…au loin.


[Bretagne-Rieux, le commencement...]

Ce visage aux traits presque similaires, ces même cheveux et la tâche caractéristique des "d’Ambrois" sur l’épaule. Falbala était là, vivante en train de s’adonner à son passe-temps favori…à savoir boire du chouchen en chantant des chansons ridicules. Le temps de l’insouciance, le temps des jeux d’enfants, elle n’a que quatorze années alors. Les yeux verts se tournent vers elle, l’appelle avec un sourire ravi, Tak court vers son aînée et…

Le paysage bascule, Thaïs se retrouve dans la campagne angevine, non loin de Saumur, dans ce bosquet. LE bosquet, la jambe inerte qui dépasse à l’angle de ce dernier juste devant elle, c’est celle de sa sœur. Fal’ est tombée. Fal’ n’est plus, un brigand a eu raison de sa jeunesse. La vision de ce corps allongé, inerte devant elle, ce corps qu'elle a tant aimé, est insupportable, les yeux s'embuent, les larmes coulent. Une rivière de larmes.Premier sillon salé sur ses joues rebondies de jeune fille.

L'inconscient travaille de nouveau, l'illusion s'efface...Suivant!
Nouveau voyage, nouveau visage…


[Confrérie Troubadour, Salle de Thaïs]

Tak est là, dans ces lieux qu'elle aime tant, tranquillement assise à converser avec un homme, la voix chaude se veut caressante, et elle rit, de bon coeur. Il aime qu'elle rit d'ailleurs, il le lui répète sans cesse, mais ce soir il est là pour une demande.
Le genou se ploie, il attrape sa main, plante ses yeux rieurs dans ceux de la jolie rousse et énonce:

Ma chère Takoda, je suis ici ce soir, chez toi, pour te demander si tu veux bien être... être...

La rousse frémit, rosit et panique, elle n'a pas l'intention de l'épouser, ils ne se sont pas même encore embrassés, mais lorsqu’il achève sa demande, la Troubadour ne songe plus qu’à se moquer à son tour…

Être ma marraine à mon baptême !

Loctavia goguenard lui fait face, ravi d'avoir pu se jouer de sa délicieuse amie et elle accepte…non sans ménager le suspens, de préparer ce baptême, d’être près de lui en ce jour important. Et puis un soir peu de temps après, la chose se concrétise … Leurs lèvres se frôlent, leurs peaux aussi, début d’une romance, qui se consume aussi vite que la flamme d’une bougie, la scène se brouille de nouveau jusqu'à...

L'arrivée de ce messager venu de Chambéry….La montagne avait été fatale… Le pauvre homme balbutie plus qu'il ne parle, Thaïs comprend qu'il est arrivé malheur...


Il est... décédé...dans mes bras...Ses dernières pensées... furent pour vous... et... Il aurait voulu que... vous l'ayez...C'est...un edelweiss.

Sa lumière était soufflée...Elle s’effondre de nouveau dans un hurlement bestial…Elle pleure, une dernière fois, le sel s'imprègne sur les joues plus creuses, c'est une femme.

Nouvelle blessure au cœur…Nouveau chemin.

[Sonnez trompettes, c'est le défilé aux morts!]

Ça tournait dans sa tête à la rouquine, un véritable défilé, comme si tous les morts de son entourage, de sa vie même, avaient décidé de profiter de son moment d’inconscience pour se pointer.

Ils y passaient tous les uns après les autres : la belle Sadnezz, la douce Alrune, Sofmeig, Spleen, Le Vaisneau, La Compostelle, Ifrit, Délicia…et d’autres dont elle ne se souvenait plus les noms… Tous de façon plus ou moins brève lui traversaient l’esprit, comme si elle faisait le compte des êtres perdus.

Ça tambourinait dans sa tête.


TOC.TOC.TOC

Et une voix venue d’outre-tombe, lui demandait si un seul ne l’avait pas réveillé de son délire…D’ailleurs à y bien songer cette voix ressemblait à celle de Vera. Reprenait-elle contact avec la réalité ? C’est quand le nom d’Arry fut prononcé qu’elle sut qu’il s’agissait bien de sa brune amie… Un gémissement s’échappe des lèvres de nouveau asséchées. Un appel à un retour à la vie…

Cette fois c’était bon, elle était vivante…Douloureuse, honteuse…mais vivante ! Pas délivrée de tous ses fantômes, mais il fallait faire avec. C’était ainsi la vie, certaines blessures ne guérissaient jamais mais on apprenait à vivre à leurs côtés, à vivre autrement.

Les émeraudes se rouvrent lentement, les cils battent le vide un moment. Thaïs est de nouveau là, prête à être mise au lit…La nuit serait longue, son dos lui rappellerait ce qu’il en coûte de vouloir se punir.


Vera...on verra demain pour le sermon...
_________________
Vera.
    [Motus bouche cousue]

    Vera...on verra demain pour le sermon...

    Une supplique ou un ordre. Je n'en savais rien, j'étais consciente que la Flamboyante Châtiée n'était pas en mesure de discuter. Je décidais alors de la laisser se reposer, lorgnant du regard sa comparse de jeu. Elle non plus elle n'est pas en état de tenir une conversation. Bien qu'ayant un coup dans le nez, j'avais bizarrement retrouvé toutes mes capacités. De loin, j'avais pour une fois de ma vie l'impression que j'étais la plus stable du monde présent. Malgré toute la folie qu'on peut m'associer, j'avais encore de la marge pour rejoindre la Ritale & ma Mie. Perturbée et c'est le cas de le dire, je balaye d'un regard la chambre puis observe longuement l'accessoire de torture.

    - Il serait bon de le balancer au feu et éviter de l'utiliser. Ani, combien de temps pour que Boucle Rousse Fouettée se remette de cette triste aventure?

    La Blondie devait s'y connaître forcément. Était-elle assez lucide pour me répondre.

    - Elle ne vous a pas dit pourquoi elle y tenait tant à cette séance "très spéciale"?

    Des fois que la Mie se soit confiée à son bourreau entre quelques verres et quelques coups de cravaches. Je pouvais m'imaginer la scène de confidence, sans trop y croire.
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