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Info:
La mort de Zeiss. Parce qu'il faut bien y songer à un moment.

[RP] Le temps de s'acquitter de sa dette

Zeiss
Le temps avait suivi son cours, inlassable, et les jours étaient passés les uns après les autres. Depuis la fin de l'année 1464, Zeiss n'avait que fort peu quitté Forbach. Depuis le début de l'année 1465, Zeiss n'avait que fort peu quitté sa chambre. Bien que son humeur fut maussade, il avait profité de son enfermement pour s'occuper de sa descendance, qui ne l'avaient pas autant vu depuis bien longtemps. Puis, la maladie l'avait contraint à garder le lit. Tout d'abord, il s'était efforcé de continuer à parcourir le domaine, que ce soit pour s'entraîner, se promener ou jouer avec ses enfants. Jusqu'à ce que son endurance ne lui permette plus de s'entraîner, ou de pratiquer la moindre activité demandant un effort physique trop poussé. Puis, il dut raccourcir ses balades, jusqu'à les arrêter purement et simplement. Désormais, ses enfants venaient lui rendre visite dans sa chambre une fois par jour, voire deux lorsqu'il était assez en forme. Parfois, il se forçait à se lever, ne serait-ce que pour s'asseoir sur la chaise près de la fenêtre, mais cela n'était pas simple.

Il n'avait parlé de son état de santé à personne, et aucun médecin n'était venu. Il n'en avait pas la moindre envie. Seul le personnel de Forbach savait. Peut-être les enfants aussi. Bien qu'il s'efforçait de paraître en bonne forme, ils n'étaient pas stupides. Ceux de l'extérieur qui avaient constaté l'absence prolongée du d'Acoma se doutaient peut-être.
De son lit, Zeiss contemplait le ciel gris au dehors. Cela faisait quelques minutes seulement que ses trois enfants restants avaient quitté la chambre, lorsqu'il fit appeler un serviteur
.

Apportez de quoi écrire, j'ai une missive à vous faire rédiger.

Quand celui-ci revint avec le nécessaire d'écriture, il lui dicta le contenu du pli. Il fut scellé et confié au serviteur.

Cela doit être transmis à Satine au plus vite.

Le parchemin fut transmis à un messager de Forbach à qui on avait confié le meilleur coursier disponible. Celui-ci fila à travers les Royaumes, à la recherche de la destinataire. Ce n'était pas une tâche bien simple qu'on lui avait confié. Mais sa mission devait être un succès. coûte que coûte.
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Sat
Marseille, février 1465, dans une taverne...)

La Noiraude était revenue quelques temps dans son village au bord de la mer, profitant des journées qui se faisaient plus douces, le climat du sud avait cet avantage d'une température plutôt clémente. Et le printemps arriverait sous peu, relançant la belle nature sauvage aux alentours.

Période calme pour la jeune femme, qui veillait à prendre ses tours de garde aussi souvent que possible, profitant de ses journées pour se reposer un peu, avant de passer du temps avec sa fille. Vie paisible, en apparence du moins.

Soirée tranquille, quelques chopes partagées avec ses amis du coin, rires, taquineries et les petits maux, doutes et tracasseries que l'on tente d'oublier en les noyant sous les discussions agréables et animées.

Puis un premier messager, venant de Bretagne, qui, bien que récalcitrant au début, se fit raisonner par une Satine bien décidée à recevoir le présent envoyé, coûte que coûte ! Le pauvre bougre qui s'en retourne tout penaud, soucieux des menaces proférées par la damoiselle qui le menaçait de se faire dévorer par une Louve aux yeux fougère, qui ne loupait jamais, oh grand jamais, sa proie, après lui avoir fait subir les Treize cercles de l'Enfer. Le bougre n'avait pas tout compris, mais l'impression qu'une grande menace planait sur lui, l'avait fait décamper sans demander son reste, gagné !

A peine le temps de profiter du mot de son amie et du bel arrangement floral, que Satine vit arriver un autre coursier, bien plus laconique celui-ci. Forbach, important.
La mine épuisée de l'homme prouvait bien qu'il avait fait au plus vite. Et l'ancienne lorraine de se sentir sa joie intérieure partir en chute libre... Si Zeiss faisait appelle à elle, c'était, paradoxalement, mauvais signe.

Rassemblant ses affaires, elle avait brièvement hoché la tête, murmuré pour elle-même un misérable
*si seulement je pouvais..* à la saveur insaisissable du temps enfui et que l'on voulait rattraper à tout prix. L'impitoyable Temps qui vous poussait en avant, sans pitié et sans faillir.

Quelques jours de préparation, des courriers pour mettre en place le convoi, avec lequel elle ferait route parallèle pour quelques villages en commun. Mais elle savait que le reste la verrait talonner son destrier plus vite, prenant de l’avance sur les chemins qui la ramèneraient en Lorraine.

Tavernes, auberges, villages, tout semblait défiler dans une sorte de brouillard silencieux pour la cavalière pressée, qui ne faisait attention qu’à prendre les chemins les plus courts, tout en gardant un minimum de sécurité sous le pas de son destrier.

Et enfin, Forbach. Une ancienne lorraine qui arrivait aux portes d’un domaine qu’elle ne connaissait quasiment pas, et pourtant le lieu de vie de son ami. Descendant de son cheval, main gantée donnant une petite caresse à l’encolure avant de tendre la longe au palefrenier empressé venu à sa rencontre, la voyageuse fourbue et encrottée par la neige mouillée qui jonchait encore le sol hivernal lorrain, s’annonça :


Satine du Val…votre Maître devrait attendre ma venue, veuillez m’annoncer, merci…


Et les yeux myosotis de parcourir la façade de la demeure, redoutant un brin ce qu’elle allait découvrir à l’intérieur. Pour une fois, sa mine n’était pas éclairée d’un sourire, et c’est d’un geste lent qu’elle repoussa sa longue tresse en arrière pour la nicher dans son dos, finissant par se masser doucement la nuque. Il ne restait plus qu’à patienter quelque peu…

*if only I could
make a deal with God
And get him to swap our places…
si seulement je pouvais
faire un pacte avec Dieu
et obtenir d'échanger nos places...

*Placebo - running up that hill https://www.youtube.com/watch?v=Mh-9a4OvAt4
Zeiss
Plusieurs jours étaient passés. Zeiss avait repris un peu de force. Mais il était toujours affaiblis, et il savait au fond de lui que si son corps avait remonté un peu la pente, c'était pour mieux chuter de nouveau. En attendant, il en profitait pour voir un peu plus ses enfants. Lorsque le serviteur se présenta au seuil de la chambre, Zeiss était assis en tailleur non loin du lit, avec ses Prunille et Marie-Erika. Il lui apprenait le ramponneau. Azur, un peu jeune pour ce genre de jeu, devait probablement se prendre pour un chevalier en herbe quelque pars dans le domaine, avec quelque garde pour garder un œil sur lui.

Le serviteur lui annonça l'arrivée de Satine. Zeiss lui ordonna de la conduire dans la chambre. Nul besoin de recevoir son amie dans un bureau formel ou dans une quelconque salle trop grande et trop froide.


Allez les filles... Nous continuerons plus tard.

Les dites filles parties, Zeiss se releva quelque peu péniblement et alla s'asseoir sur la chaise près de la fenêtre. Autant profité de ce bref regain de force pour ne pas s'afficher affalé dans un lit. Comme un mourant. C'était ce qu'il était, en réalité, un mourant. Mais le d'Acoma avait sa fierté. Et tant qu'il pourrait conservé un air digne, il le ferait. Même devant Satine. Surtout devant Satine, peut-être.

Patientant, son regard se promenait sur l'horizon morne et monotone, propre à l'hiver qui se prépare à terminer sa course pour passer le relais au printemps. Quelque pars, un peu plus loin, à proximité du domaine, des gardes et des serviteur s'étaient affairés selon les instructions du maître des lieu. Ils en auraient terminé à temps.

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Sat
Satine avait suivi le serviteur du maître des lieux pour remonter les couloirs, observant distraitement autour d’elle, quand elle vit deux petites têtes sortir d’une pièce, prenant un autre chemin, l’heure du repas, des leçons ou du bain devait approcher. Les enfants de Zeiss, sans aucun doute. La Noiraude eut un petit sourire, sa mini-moustique n’était pas bien loin non plus.

Depuis son long périple à Alexandrie, la jeune mère n’avait plus eu l’idée de se séparer de son enfant. Peu importait, où ses pas la portaient, plus jamais elle ne s’infligerait pareil crève-cœur.

Franchissant la porte sans hésitation, Satine se retrouva dans la partie privée de Forbach, pour découvrir un Zeiss les yeux perdus à observer par la fenêtre, silhouette encore imposante, même si on ne pouvait que constater sa mine fatiguée et une stature plus mince qu’un temps…

La voyageuse n’arrêta guère sa course avant d’avoir atteint la même fenêtre, pour rejoindre celui qui fut temporairement son maître d’armes. Otant ses gants, elle s’adressa à lui, contente de le revoir après tant de mois passés hors de la Lorraine, le tirant de sa contemplation, introspection...Rêverie, elle en doutait fort.


Est-ce que l’Aigle de Lorraine se sentirait l’envie de voler, par hasard ? Bonsoir, Zeiss..

Ton volontairement léger, la jeune femme voyait bien à présent qu’il était loin de sa forme olympique d’antan, m’enfin. N’avaient-ils pas des années derrière eux, depuis Verdun, des vies qui les avaient fait vivre et évoluer sur des sentiers éloignés, mis à part quelques fois où leurs chemins s’étaient à nouveau croisés, rarement, trop rarement. L’amitié avait tenu la distance, elle pouvait encore réfléchir longtemps, il était clairement son plus ancien ami.

Le regard myosotis le détaillait, cherchant à deviner ce qui se cachait derrière cet appel qui l’avait inquiétée.


Désolée pour ma tenue de voyage, j’ai fait vite… Que puis-je pour toi et surtout, comment vas-tu..

Finissant sa phrase, la Noiraude se pencha pour lui déposer une douce bise sur la joue. Toujours son affection pour lui qui remontait à la surface, alors que le bougre n’avait jamais daigné lui rendre un bise, à son souvenir. C’était ainsi, et elle se redressa, comme à son habitude, défaisant sa cape humide qui finirait par sécher sur un rebord de chaise. Satine se doutait bien qu’elle n’était pas là pour parler chiffon. Elle lança d’un geste vif sa chaude protection sur un fauteuil, sans pour autant quitter des yeux Zeiss.

Raconte-moi.

Et oui, parle, parce que si les amis sont là pour les bons moments, ils sont aussi là pour les mauvais. Et même si le temps écoulé les avait marqué tous les deux, elle n'avait pas terriblement changé, elle savait écouter et soutenir selon ses possibilités.
Zeiss
Puis enfin, Satine arriva dans la chambre. Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, elle était arrivée près de la fenêtre. Zeiss releva les yeux vers son amie.

Le volatile fatigué que je suis se pose, Satine. Enfin. Bonsoir.

Métaphore qui dissimule à peine la réalité des choses. De toute façon, même si il ne comptait pas avoir l'air trop misérable devant elle, il ne souhaitait pour autant mentir sur son état. C'était même pour ça qu'il lui avait demandé de venir à Forbach.

Mais un dernier tour vers l'horizon ne me déplairait pas. Marchons un peu.

Zeiss s'appuyait déjà sur les accoudoirs de son siège pour se redresser lorsqu'il terminait sa phrase. Sortant de la chambre, il guida Satine dans les couloirs du domaine. Ce faisant, il poursuivit sa prise de parole.

Je vais bientôt mourir, Satine. Tout en délicatesse, comme d'habitude. Mais avant cela, j'aimerai faire une balade, avec toi.

Ils arrivaient dans le hall, devant l'entrée.

Comme nous l'avions fait il y a quelques temps, près d'un feu.

Depuis qu'ils avaient quitté la chambre, la voix de Zeiss s'était faites plus rocailleuse, et son souffle plus fort entre chaque mot. Dehors, près des écuries, il fut forcé de s'arrêter. Il était là, droit au milieu de la cour, alors que le ciel devenait plus sombre. Il regardait ses pieds et reprenait son souffle, plus bruyamment qu'il ne l'aurait voulu. Il finit par regarder Satine et repris la parole avant que celle-ci ne mette des mots sur ses inquiétudes.

J'ai rédigé mon testament, il n'y a pas si longtemps que ça. Je voulais te transmettre Clémery. Un fief obtenu de mérite par Lavania. Verdunoise dans l'âme... Mais tu aimes tant voyager. J'ai réalisé qu'en faisant cela, tout ce que je t'offrais, c'est une cage. Ainsi, tu ne figures pas sur mon testament. Mais j'ai tout de même quelque chose pour toi.

Zeiss mena Satine près des écuries et pointa un cheval bai cerise du doigt. L'animal avait l'air calme et robuste.

Il a été ma nouvelle monture après que Néron soit mort. C'est un trakehner fort et vif. Bon coursier comme bon cheval de guerre. Il est docile, jeune et n'a pas encore de nom. Libre à toi de repartir avec, ou même de venir le chercher plus tard. Le personnel de Forbach a ses instructions.

Reprenant de nouveau son souffle, il finit par tourner son regard vers Satine, dans les yeux. Il ne l'avait plus fait depuis qu'ils s'étaient mis en marche.

La dernière fois, je t'avais prise à l'arrière de mon cheval et tu m'avais guidé. J'ai bien peur qu'aujourd'hui nous devions inverser les rôles.

Pendant ce temps, un serviteur apporta à Zeiss un mantel et une cape. Il était fin prêt.
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Sat
Ils avançaient pour se rendre au-dehors, et Satine encaissaient les informations, se faisant violence pour ne pas l'interrompre. Lui annonçant sa mort sans doute prochaine, à sa façon, sans cœur. Même si elle s'y était préparée, son palpitant à elle se révoltait farouchement. Pourtant elle s'était immunisée au long des années contre la douleur de voir partir ses proches, alors pourquoi cela piquait-il autant encore ?

La jeune femme entendait son souffle qui peinait alors qu'il s'exprimait, et de sentir elle-même son air qui venait à lui manquer de douleur. Oh, Zeiss.. fourbe que tu es, ainsi tu veux déjà me fausser compagnie…la phrase lui vrillait les tempes.


Elle écoutait, serrant les poings, l'envie de le tuer tout de suite était bien là, au creux de son cœur où régnait le chaos, comme par le passé. La peur de le perdre.

C'était lui, qui le premier avait éveillé en elle la crainte de voir disparaître une personne aimée, l'envie de protéger.
C'était lui, qui lui avait donné son crédo, ni Dieu, ni Maître, qu'il arborait à début de leur amitié. Oh combien elle avait aimé ce côté rebelle.
Lui qui avait ouvert ses yeux myosotis sur des sentiments inconnus d'elle, l'amour naissant qu'elle avait fui à toute jambe, ne comprenant pas ce qu'il se passait dans son cœur. Comment était-ce possible d'aimer quelqu'un aussi vite ? Impensable…
Lui, qui sans le vouloir, avait fait d'elle une voleuse, aussi.
Elle se souvenait avec une précision déroutante, de ses derniers mots alors qu'ils venaient de faire une bataille de pommes en taverne, sous le nez du marchand endormi.
C'est le bordel, chez moi.
C'était plus que le bordel, chez elle, c'était le chaos.


Relevant la tête, alors qu'elle l'avait gardée légèrement baissée, pour qu'il ne puisse pas voir ses yeux déjà rougis par les larmes qui perlaient à ses cils, elle passa rapidement un dos de main sur son visage, faisant mine de repousser une mèche rebelle qui s'était échouée sur son visage fin.

La Noiraude était redevable de bien des choses, envers Zeiss, n'était-elle pas faite de lui, après tout. Croisant son regard bleuté insondable bien entendu, elle lui opposa le sien, brillant de peine contenue, mais teinté de fierté de l'avoir comme ami. Il savait son peu d’engouement pour les titres, ou les terres, son besoin incessant de se trouver sur les routes. Vagabonde un jour, vagabonde, toujours.


Tu ne me connais pas si mal, finalement...
Ce cheval est magnifique, ton idée ne pouvait pas être meilleure.
Il s'appellera Chaos, je crois bien que c'est ce que tu m'as toujours fait ressentir.
Ouais..Zeiss, Chevalier du Chaos, j’vois pas autre chose pour toi…
Merci..


Et de se hisser sur la pointe des pieds pour aller cueillir un baiser aux lippes de l'homme sans cœur qui lui faisait face. Un baiser comme se devait d'être l'existence : intense comme la vie, fort comme l'amour et doux comme la mort... Elle avait toujours senti qu'ils n'étaient pas destinés à s'aimer, restait qu’elle avait conçu pour lui un amour étrange qui n’avait pas besoin de se dévoiler ou de se concrétiser. Qui ne le devait pas. Elle recula d'un pas.


Bien ! Tu noteras que j’ai progressé depuis le jour où je t’ai volé un baiser alors que tu dormais en taverne, une pomme en équilibre sur ta tête, déposée par mes soins.
Cette fois-ci, tu ne dors pas. Je crois que je prends courage, quand même.
N’empêche que tu auras été le seul, qui par deux fois, m’a poussée à agir en premier.
Me suis quand même traumatisée et maudite, ce jour-là…Zeiss…mais qu'est-ce que tu m'impressionnais ! Et..bref..


Et elle parlait trop, pour changer, son habitude pour saouler son vis à vis. Alors elle se tut. Petit sourire tendre, désormais elle avait rendu à qui de droit, ce qui l’avait fait fuir par le passé et en quelque sorte, poussée à ouvrir les ailes de la découverte. Il lui avait donné son envol.

Elle le voyait prêt à partir faire cette balade proposée, alors elle hocha doucement la tête :
Volontiers, Zeiss, à toi de me dire où tu as envie d'aller... Nous prenons Chaos, bien entendu. Je pense qu'il m'acceptera mieux ainsi.

Elle aussi reçut ses affaires en retour pour cette petite vadrouille, la Noiraude s'équipa puis attendit que Zeiss fit signe de seller le beau destrier. Restait à découvrir la destination des deux promeneurs nocturnes. Satine avait bien une ou deux idées, alors qu'elle caressait l'animal à l'encolure, mais sans doute que le Chevalier aussi...et bien entendu, elle l'aiderait à retrouver sa belle Lavania.


May be I, May be You*
Peut-être moi, peut-être toi
Can make a change to the world
Peux apporter un changement au monde
We're rearching out for a soul
Nous cherchons à atteindre une âme
That's kind of lost in the dark

Scorpions - May be I, May be You https://www.youtube.com/watch?v=WI7Tsaxv-jM
Zeiss
Zeiss observait la jeune femme devant lui. Son esprit sembla abriter nombre d'idées, avant qu'elle ne relève la tête.

Le chaos? Bah, peut-être que tu as raison, après tout.

L'homme reçu le baiser de Satine de manière quelque peu confuse. De manière partagée, surtout. En vérité, il ne voyait pas cet acte là, à cet instant, comme quelque chose de déplacé. Mais tout son être désirait respecter le serment qu'il avait fait envers sa défunte épouse. Le pire, c'est qu'il savait qu'au fond, celle-ci aurait souhaité que Zeiss retrouve le bonheur de ne pas arpenter ce monde seul. Mais lui n'avait jamais pu s'y résoudre, même lorsqu'il avait pu ressentir quelque chose qui ressemblait à de la tendresse envers quelqu'un. En attestait ce ruban rouge toujours fourré dans une poche, ou attaché quelque pars sur lui.
Ainsi, il avait accepté le baiser sans bronché, et avait posé sa main sur l'épaule de Satine. Main qu'il retira lorsqu'elle recula.


Une fois lorsque je dormais, et une seconde alors que je suis mourant, j'aurai vu progrès plus fulgurant.

Trop tôt? Peut-être. Mais il n'avait pu s'en empêcher. Il commença rapidement à donner ses ordres, et le nouvellement nommé Chaos fut sellé et prêt au départ. Zeiss attendit que Satine ne monte le trakehner, puis se hissa tant bien que mal derrière elle. Ils quittèrent alors le manoir puis, suivant les instructions du d'Acoma, se dirigèrent vers les bois. Après avoir suivi durant un moment la route principale de la forêt, ils bifurquèrent et finirent par déboucher sur une grande clairière au centre de laquelle brûlait depuis peu un grand feu.
Quelques serviteurs semblaient s'affairer, et plusieurs gardes et soldat forbachois étaient également présents. Certains aidaient à finaliser la mise en place du lieu, d'autres montaient simplement la garde, armés de piques et d'arbalètes. L'un d'eux, en armure d'argent, avisa les nouveaux arrivés et les rejoignit en quelques enjambées.
De près, on pouvait voir que celui-ci ne devait pas être beaucoup plus jeune que Zeiss. Malgré son visage qui se voulait inexpressif, son regard demeurait sombre.

Le Capitaine de l'Ost de Forbach aida le baron puis l'invitée à descendre, avant de prendre la parole.


Tout a été fait selon vos désirs, messire.

Zeiss hocha la tête en observant la clairière. Le Capitaine sembla hésiter un instant, puis donna l'ordre aux soldats et serviteurs de quitter les lieux, à contre-cœur.
Le feu était désormais à peine plus petit que Zeiss. Non loin des flammes, un large tissu sur lequel était déposé une bouteille de mirabelle et de quoi se sustenter. Le d'Acoma laissa tomber sa cape et son mantel puis s'y installa, attendant que Satine le rejoigne.


L'avantage d'avoir des terres. Même si j'aurai aimé me charger de cette tâche moi-même... Mis à part mes enfants et le personnel de la baronnie, tu seras la dernière personne que je verrais avant la fin. Malgré la distance et la faible fréquence de nos rencontres, tu m'as bien souvent aidé à garder les pieds sur terre, Satine.

Allez, viens t'asseoir, et discutons de tout et de rien. Du passé et du présent. De tout ce qui nous passera par l'esprit.

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Sat
Progrès plus fulgurant..

La Noiraude avait sourit doucement, sans donner réponse à son ami, puis elle avait eu la surprise de ce pique-nique nocturne près d'un feu, cela lui faisait penser à tous ses feux de camps où elle s'était retrouvée durant les nombreuses guerres qui avaient eu lieu. Elle les avait aimé, ces coins inconnus, faite de rencontres parfois inattendues.

La jeune femme avait énormément appris en observant les autres mercenaires, chefs de guerre, ignorant parfois qui était qui. N'avait-elle pas pris Kran pour le cuistot du coin, lors d'une de ces rencontres, elle avait bien ri de sa méprise. Et Sarani qui lui avait dit sa fierté d'avoir été avec elle et son ancien compagnon à Genève pour la prise de la mairie. Elle avait été surprise de ses dires, parce que la Noiraude n'avait fait que ce qui lui semblait juste à ce moment là. Sa vie avait été jusqu'à présent plus que mouvementée, et elle n'avait aucun regret d'avoir mené sa route comme elle l'avait fait. Cette chasse quasiment incessante aux brigands durant des années, avait fait qu'elle avait accepté finalement la terre proposée par son amie et sœur d'armes, Flory.

La preuve en était la bague vassalique à sa main droite. La gauche portant celle de son fiancé, passée à l'index suite à un saut dans le vide dans un torrent. Le bougre, comme si elle allait le laisser se noyer tout seul comme un pierre au fond de l'eau ! Elle n'avait pas réfléchi, fait le saut de l'ange dans l'eau glacée, espérant qu'il ne s'était pas cassé sa sale tête de Viking au creux de la rivière. Lui aussi lui en faisait voir de toutes les couleurs, mais ils s'apprenaient petit à petit... Ce qui était un peu l'idée, pour des fiancés !

Lançant un petit coup d'œil alentour, La Noiraude rejoignit Zeiss pour se glisser en face de lui, se mettant en tailleur pour l'observe et lui sourire, repensant à sa phrase avant de prendre la route. Mais avant tout, le voyant ôter sa cape et son mantel, elle secoua la tête :


Ppfff..si pressée d'en finir, Zeiss ? Déjà qu'il fait pas si chaud que ça !
Tu es mal en point, n'accélère pas non plus les choses, hein !
Tu vas la retrouver, ta Lavania.
Je l'ai peu connue au final, mais je sais qu'elle avait un beau dynamisme.
Et son mérite lui appartient encore, je n'aurai pas accepté sa terre, garde-là pour un de tes enfants...
Et à ta place, je remettrai les vêtements, m'enfin..


Satine n'obligeait jamais personne, chacun était maitre de ses choix. Elle avait vu un lien rouge dépasser de la chemise de Zeiss, elle n'aurait pas pensé qu'il était du genre à porter les couleurs de son épouse encore sur lui. Mais après tout, il avait été Chevalier, et c'était le genre de truc qui se faisait...

Prenant un bois qui trainait non loin d'eux, elle raviva les flammes, contrée de loups que la Lorraine ! Du reste, elle se demandait si son Virus, rôdait encore dans le coin et s'il la reconnaitrait. Elle était partie depuis un sacré bout de temps à présent. Verdun et ses Loups Gris, ou noirs..elle ne savait plus vraiment.


Zeiss, j'ai mené ma barque au mieux, hein. Et je peux te dire que ça a été plus souvent la tempête que le calme plat. Et j'ai aimé ça.
Pour cela que je voulais te remercier, j'ai suivi ton exemple et je me suis amusée à faire l'aigle de Lorraine à mon tour et à ma façon.
J'ai plané, trèèès loin, jusqu'à Alexandrie. Tout était magnifique, une belle aventure...

Je revenais, je repartais de la Lorraine, puis j'ai déménagé quand j'en ai trop vu des ces manipulations, mes amis souffrir, j'étais vraiment à bout de force. Heureusement, j'ai retrouvé Uriel qui m'a donné la possibilité de m'éloigner de tout ça. En faisant le chemin de leur Quête. Cela, tu le sais. Mais c'était ça ou la mort. Je ne voulais plus ni voir, ni savoir.

Et son cœur de se serrer douloureusement encore, en pensant à chaque disparition de gens qu'elle aimait. Les Bastions de la Lorraine, Einskaldir, qu'elle avait encore croisé à Toul et félicité avant son départ, trouvant si courageux de veiller encore, et encore... Et à présent Zeiss...

Elle détourna un moment son attention sur les flammes, les voyant danser, y voyant les ombres ou les fantômes du passé, se replongeant loin en arrière dans le temps.

Verdun, Toul, Epinal. Je m'y sentais bien, en paix, puis est venu le jour où notre belle Esmira a disparu. Je lui ai écrit, aucune réponse.
Et personne ne voulait m'expliquer quoi que ce soit. Je ne sais pas où tu étais, toi.
Cette femme qui se donnait tant de peine pour animer notre village. j'ai senti une gêne, un malaise. Puis bah, c'est là aussi que j'ai senti les tensions monter...ça devenait franchement méchant. J'ai vu les manipulations et j'ai fini par m'en aller et les laisser se dévorer entre eux. Je me retrouvais seule sur la route, et libre de tout. Débarrassée des tensions.

Un bon bol d'air quoi. Toi, je ne sais pas où tu étais, je t'imaginais heureux avec Lavania. Et suis partie le cœur léger. Si c'est pas beau, tout ça !


Revenant à son ami qu'elle espérait encore éveillé ! car elle avait parlé assez longtemps, le pauvre, que devait-il subir de souvenirs inutiles en somme, quoi que parfois, le mal prenait racine dans le passé, sans qu'on le sache.

La jeune femme se redressa, se mettant à genoux pour aller poser sa main sur le front de son ami, cherchant à savoir s'il avait de la fièvre...


Dis, as-tu eu l'idée de faire venir Ella pour te soigner ? Médecin à l'Ost, elle était douée en tous cas, je l'ai aidée quelques fois, mais suis loin d'avoir ses connaissances...

Frissonnant un peu, le vent se levait, elle resserra sa cape autour d'elle. Puis songeant à la force armée qu'elle avait vue juste en arrivant, elle fronça les sourcils.

Dis-moi, Zeiss.. Tous ces soldats, craignais-tu quelque chose ? Cela ne m'a pas paru étonnant à prime abord, m'enfin...Un soucis ? Parait qu’Ersinn est revenu d’entre les morts..truc du genre. Est-il venu te saluer?

Là non plus, j'ai pas trop compris ce qu'il s'était passé.
Et dire que j'ai même eu une petite larme pour lui..
tss..tss..je faiblis.. m'enfin, c'est un ami, n'est-ce pas ?


La Noiraude sentait une petite faim, après tout, elle n'avait pas eu le temps de manger, ni de se changer vraiment, mais sa cape séchait lentement auprès du feu. Balayant la nappe du regard, elle cherchait s'il y avait des châtaignes à faire griller au feu. Bonne purée de marrons..ah oui...que cela lui titillait les narines, à la Noiraude.
Zeiss
La voyant s'installer en face de lui, Zeiss entama immédiatement une tranche de viande rôtie. Au dessus d'eux, le ciel s'assombrissait encore un peu plus, et il ne fallut pas bien longtemps avant que la pénombre totale ne surgisse. L'homme redressa la tête vers Satine pour l'écouter parler.

J'ai demandé à ce que ce feu soit grand et dure longtemps, et c'est justement pour avoir le plaisir de n'en avoir que faire du climat autour. Je ne vais pas m'emmitoufler comme un vieillard.

Terminant son morceau de viande, il repensa à Clémery. Ce qu'il avait hais cet endroit. Ça avait été la récompense de Lavania pour son travail au Conseil Ducal lorrain. Et c'était précisément ce travail acharné qui l'avait épuisée et conduite à la mort. C'était probablement pour cette raison qu'il se battit avec tant de férocité lorsqu'on tenta de lui retirer. Et désormais, ce fief était destiné à Catherine, sa cousine. Il avait mis du temps à la connaître, mais il l'avait vite appréciée. Ses enfants vivraient à Forbach, à l'abris du besoin. Nul besoin de plus.

Zeiss repensait à pas mal de chose au rythme du discours de Satine. Il avait tout de même beaucoup vécu le bougre. Même si ça ne prit pas bien longtemps avant que tout ne devienne sombre et sans saveur.

Ne me remercie pas. Tu as suivi tes propres convictions, c'est tout. Ce surnom, que fort peu de monde a utilisé -et à raison- m'a été attribué pour un seul et unique "fait d'arme": avoir corrigé une bande d'apprentis brigands en haillons, et je n'étais pas seul. Pour la suite... Et bien, j'ai majoritairement versé dans la boucherie plutôt que dans la chevalerie, et pas toujours pour des causes justes.

Parlant d'Uriel, il avait connaissance de certaines de ces boucheries. Une, particulièrement. Seule deux autres personnes savaient: ceux qui l'avaient accompagné.
Le d'Acoma déboucha la bouteille de mirabelle, l'une des meilleure de la cave de Forbach, et en bu une longue gorgée avant de la tendre à Satine.


Lavania avait déjà quitté ce monde lorsque Esmira a disparu. J'ai tenté d'en savoir plus, mais en vain. Ceux qui avaient été ses amis ont été fort peu loquaces sur ce sujet. Je n'ai jamais pu apprendre quoi que ce soit.

Laissant un petit moment de silence, il entama un autre morceau de viande. Puis Satine lui toucha le front. Il ne comprit pas tout de suite, mais ça ne tarda pas trop. C'était donc ça.

Non. Je n'ai eu l'idée de faire venir personne. Et ce n'est pas dans mes intentions. Ça serait vain.

Ne désirant pas vraiment devoir débattre sur la pertinence de son choix à ce sujet, Zeis répondit vite à la question des soldats.

Non, pas vraiment. Mais ça rassurait les domestiques. Et le Capitaine aussi. Et non, je n'ai pas vraiment eu de nouvelles d'Ersinn. Mais j'avais appris pour son retour. Ça m'a fait plaisir, tout de même.

Puisque c'était lui qui avait initié la chose, il aurait été dommage de ne faire que répondre à ce que disait Satine. Ainsi...

Mais en attendant, j'ai perdu ma sœur. Je ne comprend vraiment pas ce qu'elle est devenue. Bien qu'elle affirmera mordicus que c'est moi qui ne suis plus le même. Elle aura probablement raison. Mais aujourd'hui, elle ne m'inspire que de la crainte envers l'avenir. Dont-il était mine de rien assez satisfait de ne pas faire partie. Enfin... Peut-être que ce n'est pas la meilleure chose à faire, mais je lui ai tout de même envoyé une dernière pique avec mon testament. Pour lui rappeler certaines choses...

Une autre gorgée de mirabelle viens réchauffer le gosier. Et il se rappel de cet événement. Comme si c'était arrivé hier. Mais il n'est pas encore bien certain de vouloir parler de ça. Même Uriel n'avait eu droit qu'à un vague sous-entendu. C'était un drôle de mélange qu'il ressentait, en vérité. Il n'était pas bien fier, mais n'avait pas vraiment de remords pour autant. Après tout, cela faisait longtemps qu'il avait compris que l'Homme n'est pas extérieur au règne animal. Il n'est jamais qu'une bête sauvage conduis par des instincts basiques, au même titre que tout les autres animaux.

Détournant son regard des flammes qui brûlaient encore bien, Zeiss reposa ses yeux sur Satine, et lui tendit de nouveau la bouteille.

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Sat
Restant les mains croisées sur ses jambes qu'elle avait repliées contre son torse, elle se retient... Serrant fort tout son être pour qu'il n'explose pas de colère !

Suffit ! Elle se sermonnait, même si son corps avait envie de trembler de partout.

Mais ses yeux...oh, Dieu, ses yeux prirent à ce moment là toute la couleur des flammes de l'Enfer...murmurant si une personne avait mis la disparition d'Esmira sur mon dos, ça va chier des braises, croyez-moi...il...elle...eux..peu importait, elle préférait se tromper. Intentionnel, c'était immonde. Elle souhaitait que ce ne fut que la réputation qui la précédait toujours qui fut à l'origine du soucis, et non point une personne amie.

Une jalouse, un homme éconduit ? Voilà aussi pourquoi Zeiss n'avait pas su lui non plus, il est plus facile d'éviter un sujet délicat que de l'aborder de face. Satine tourna la question maintes fois dans son esprit, cherchant qui avait raconté des histoires sur la Noiraude aux cheveux de jais..Du reste, elle n'était pas la seule en ce temps-là, à avoir cette si jolie coiffure, plusieurs la possédait tout autant. Grande mode à Epinal, que ce si joli chignon, que l'on pouvait défaire d'une main sensuelle, avec la lenteur du geste qui dévoilait plus qu'il ne montrait. Les zones d'ombre étaient bien présentes, mais Satine devinait...

Elle grogne puis secoue sa tête, sa mine des mauvais jours passant rapidement à la surface de son visage, elle soupira au final.



Je suppose que c'est plus simple d'accuser la personne qui porte déjà un nom de femme facile, mais parfois seule la rumeur peut prendre au vent pour un rien..

Zeiss..à mon avis, ta sœur pourrait y avoir pensé, à cela... Ce qui serait bien dommage.. L'image d'un frère Chevalier bien moins intacte l'aurait possiblement blessé.
Elle t'a toujours admiré, peut-être que quelque chose l'a déçue. Si cela te peine, tente encore de savoir ce qui a mis le trouble entre vous.

Je ne sais pas quelle pique tu as mis dans ton testament, mais partir en laissant encore de la douleur, à toi de juger...


Sacré Zeiss, encore à vouloir piquer au delà de la mort, il n'était pas du genre à lâcher facilement, pas plus que la Noiraude, du reste.

Frissonnant doucement, elle met un genou à terre devant son ami, comme si elle allait se redresser, mais reste là...à l'observer, une main posée au sol...le visage souriant doucement, rassurante..

Zeiss... en vivant les choses, on apprend encore plus profondément que dans les livres, mais ça, tu le sais aussi. Il y a eu bien des comportements désolants.. et crois-moi, Dieu voit et veille au grain...aucun doute..

Et la bouteille de mirabelle d'être prise bien volontiers, elle en avait besoin ! Et sans doute que personne n'y comprendrait rien..que faire de toute cela, sinon potasser..


Buvant un petit coup à même le goulot, Satine resta en position de guet, comme si elle pistait quelque chose que le sol lui aurait transmis.

Lançant un petit regard à son ami, elle lui dit avec un brin de regrets dans la voix :


Dommage que tu sois déjà un peu mort, on n'a guère eu d'histoires à raconter en commun. M'enfin, un presque mort, c'est déjà pas mal !


Se redressant, petit museau humant l'air nocturne, elle lança un petit regard alentour. Tout était calme, mais elle savait que des ombres étaient cachées à les observer. Elle n'avait aucune crainte, des espions, elle savait qu'elle y avait eu droit par le passé. Cela l'avait même fait rire, se demandant pourquoi on ne venait pas lui poser les questions directement.

Lançant encore un peu de bois dans le foyer, Satine se sentait hors du temps, elle était apaisée auprès de son ami, pour ce petit moment de partage.

Le regardant à nouveau, elle poursuivit la conversation privée :

Tu sais, je me demande si notre marchand de fruits n'était pas un espion, il dormait rudement profondément, avec tout le bruit qu'on faisait à lancer ces pommes. Mais je ne vois pas qui cela pouvait intéresser...
Au fait, as-tu encore un vœu ou un souhait avant que tu ne sois plus de ce monde, Zeiss ? Si je peux t'aider, ce serait volontiers.


Des ombres, tout le monde en avait sa part, elle ne s'en inquiétait guère. Les fantômes de son passé étaient plutôt amicaux envers la jeune voyageuse, même si parfois elle avait l'impression qu'on cherchait à éveiller en elle la petite bête endormie. Bah..qui se connaissait vraiment au fond, parfois on ressortait tout surpris soi-même de l'expérience. Relâchant le bâton, Satine retourna s'assoir à côté de son ami cette fois-ci, lui donnant son tour de dégustation mode lorraine, la fameuse tournée qui pouvait cuiter les gens un bon moment. La nuit était étoilée, le silence régnait autour d'eux, mis à part quelques bruits d'animaux nocturnes, ces petites confidences lui faisaient du bien. Les moments de silence entre eux n'avaient rien de désagréables, juste que cela leur permettait de réfléchir au passé et au présent. Le futur étant un peu cuit déjà.
Zeiss
Qui aurait pu croire que les choses se termineraient ainsi? Parfois, Zeiss se remémorait l'époque où Niconoss lui avait présenté sa petite sœur perdue. Encore jeune et naïve. Jeune, on pouvait dire qu'elle ne l'était plus vraiment. Mais elle était probablement encore pleine de naïveté. Même si il avait manqué le début de sa vie, il l'avait vu en découvrir beaucoup de part. Il l'avait vue devenir soldate, puis fière défenderesse des faibles et autres opprimés, pour enfin en arriver là où elle en était aujourd'hui... Et cela faisait peine à voir. Car plus elle s'affirmait, plus elle refusait la moindre contradiction envers ses idées. Désormais, elle était fière meneuse d'un ordre empli d'oppresseurs en tout genre, et elle s'était mue en un petit tyran hystérique. Des dernières nouvelles qu'il avait eu, elle s'était enfoncée plus profondément dans ce marasme ci.

Grande déception aussi que l'homme qui l'accompagnait. Ce petit bonhomme de Dacien était pourtant si prometteur. Ce qui était à la fois risible et d'une tristesse profonde, c'est que lorsqu'il était enfant, et qu'il s'imaginait combattre le dragon et sauver la princesse, le Chenot était alors bien plus proche de l'idéal de chevalerie qu'il n'avait jamais pu l'être en tant qu'adulte.

Deux personnes bien partie, qui finissent par s'unir dans leurs erreurs. Quelles étaient les probabilités. Mais voilà, ce n'était plus que des souvenirs pour Zeiss. Depuis la mort de sa douce Lavania, le d'Acoma n'avait plus espéré qu'une chose: la rejoindre. Maintenant qu'il en était si proche, il était hors de question qu'il ne perde encore son temps avec des causes perdues. Il avait décidé de terminer son existence en donnant à ses enfants le temps qu'il aurait dû leur donner bien avant. Le temps est bien trop fugace pour qu'il en soit autrement, et cela, il l'avait compris bien trop tard. Et malgré ses passions guerrières, il en était venu à regretter l'ODL, car il l'avait tenu bien trop éloigné de sa famille. Même l'Ost lui semblait une erreur à présent. Zeiss avait passé son existence à protéger des vies du mieux qu'il le pouvait, et pendant ce temps, il n'avait pu sauver celles qui comptaient vraiment. Et maintenant, il était mort à l'intérieur. Et ce depuis longtemps.

Ses billes de glace s'étaient faites plus sombre avant de se poser de nouveau sur Satine.


De la douleur, je ne sais pas. Une leçon, peut-être plus. Si elle sera apprise, je n'en sais rien...

L'homme hésita un instant, puis finit par dégainer sa dague et la présenta à Satine. De toute façon, il serait bientôt mort.

Cette lame, mon amie, m'a servi à assassiner un homme d'église. Pour faire court, c'est celui qui a mis mon enfant au bûcher... Dit-il alors que son regard s'assombrit encore un peu plus. Elektra, modèle autoproclamé de vertue, était là pour m'assister. Il y a quelque temps, j'ai eu l'occasion de parler à Dacien une dernière fois, et quand j'ai vu comme il était persuadé de leur perfection à tout les deux, j'ai décidé de lui offrir cette arme entachée de sang. Il la recevra donc à mon trépas, et libre à Elektra de lui en conter l'histoire ou pas.

Récit terminé, Zeiss rangea la tueuse d'inquisiteur dans son fourreau. Il écouta la jeune femme parler de divinité. Une chose avec laquelle il avait vite eu du mal, le Zeiss. Il avait même finit par s'intéresser au panthéon nordique, car l'idée qui allait avec lui semblait bien plus proche de la réalité qu'Aristote et toute sa clique. Mais il avait finit que ce n'était pas l'idée en elle-même qui lui importait...

Tu sais Satine, je n'ai jamais été très friand de religion... Je crois tout de même qu'il y a quelque chose, car j'ai du mal à imaginer l'existence du néant. Mais si il y a bien quelque chose, je ne pense pas qu'aucun mortel n'ait pu l'imaginer, et encore moins le compiler dans des livres. Ce qui est raconté de nos jours, ce ne sont que divers outils de contrôle.

Quant à savoir si ce mystérieux quelque chose veille au grain, j'imagine que je ne vais pas tarder à le savoir.


Zeiss termina un dernier bout de viande, et récupéra la bouteille de mirabelle. On parle, et le temps passe. Quand on disait qu'il est fugace... La bouteille était déjà fortement entamée. Avant qu'elle ne soit vide, le d'Acoma versa la goûte du mort au côté du drap. A la santé de ceux qui ne sont plus. Que votre mort soit plus douce que ne l'a été votre vie.
Hommage fait, il repris une bonne rasade du nectar. Zeiss sembla réfléchir, les yeux dans le vague et la bouteille tenue du bout des doigts. Il finit par poser celle-ci au sol, et regarda Satine. Son regard se trouvait être plus éloquent qu'il ne le fut depuis un moment déjà.


Oui, j'ai un souhait à formuler. Ce que je viens de te dire, sur la religion. Prie pour que je me trompe. Prie pour mon salut. Prie pour moi, Satine...

...Car l'idée même qu'il puisse mourir pour finalement ne jamais retrouver son amour était intolérable.
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Satineduval
La Noiraude l'écoutait en silence, seul le feu crépitant venait à briser leur discussion intime, qui semblait même tourner à la confession. Bah, y avait bien des jours où la donzelle se sentait sainte Satine... Donner écoute à son ami n'avait rien de perturbant pour elle, des confessions horribles elle en avait eu son lot, particulièrement lorsque Tibère avait avoué le mal fait à Suzanne, la jeune femme horrifiée n'avait su que dire à celui qui lui faisait face dans ses aveux. Tibère avait été monstrueux, bien plus que ce que lui racontait Zeiss, au sujet de l'Inquisiteur..

Elle observa la dague utilisée pendant le règlement de compte expliqué brièvement, puis haussa les épaules en souriant à son ami :


Uhm..je vois que tu es comme moi, malheur à qui touche à tes enfants, Zeiss. Ton sang a parlé sans doute ce jour-là. Et si ta sœur était là, malgré son rang, son statut et ses croyances, ne penses-tu pas que c'était preuve de son grand attachement à toi ? Elle voulait sans doute te protéger. Etre là pour te soutenir. Je pense surtout qu'elle s'est mise en danger pour toi, et toi ? tu doutes de sa vertu ? M'enfin !!!

Et de se lever, pour faire quelques pas, des allers et retours, pour calmer le sentiment d'injustice qui montait en elle. Son sourire s'était effacé de son visage, et elle restait plantée dans ses pensées quelques instants, à contempler le feu. Elle poursuivit d'une voix neutre.

Zeiss..j'ai le regret de te dire que..comme beaucoup, tu ne vois pas ce que les autres font pour toi. Ton Inquisiteur, bahh.. j'aurai fait pareil, on ne touche pas à la tête des miens. T'en fais pas trop pour ça, je pense que, de là-haut, on voit et on sent ce qu'il se passe dans le cœur des hommes, et des femmes, bien entendu. Tu as fait ta justice, à Lui de juger.

Petit massage de sa nuque tendue, la Noiraude était quand même un peu fatiguée du chemin parcouru pour revenir en Lorraine, elle avait chevauché sans répit, dans le froid, la nuit, et les jours incertains. N'avait-elle pas laissé son fiancé en plan à Dijon, le remettant face à son frère, Gabriel Louis pour l'attitude qu'ils avaient eu envers elle ? Elle revoyait soudainement le visage au rictus mauvais de Gabeloup, alors qu'elle enfonçait le clou en lui envoyant en face sa colère. S'était-elle fait un ennemi ce jour-là ? Peu importait, elle avait sorti sa rogne et s'était sentie bien mieux par la suite. Et tant pis pour qui l'appréciait ou la détestait, elle n'en avait rien à cirer. Il ne fallait juste pas s'amuser à vouloir manipuler autour de la Noiraude, et tout se passait au mieux.

Reprenant le fil de sa conversation, l'ancienne lorraine se planta devant son ami, droite dans ses bottes, cape au vent, pour lui parler encore :


Dacien.. Il m'a parlé de ta demande, Zeiss. Quand il est venu avec ta sœur à Forbach. Mais que croyais-tu ? qu'il accepterait de te tuer sans broncher ? Et vivre par la suite avec le regard de sa femme posé sur lui, et y lire l'horreur dans ses yeux sachant ce qu'il aurait fait ? Es-tu fou ?

Bras posés sur ses hanches fines, la Noiraude ruminait un peu le manque de discernement de son ami. Etait-il aveugle à ce point ? Croyait-il partir sans que personne ne soit triste de le voir mourir ? Elle ne connaissait pas tous ses amis, il en avait peut-être peu, tout comme elle. Mais elle se doutait bien que certains seraient bien touchés par son départ. A commencer par elle-même.

Zeiss ! mais reviens donc un peu à toi ! Cesse de faire ton Ours grognon dans ta grotte, et pense un peu à vivre, même si ce ne sont que tes derniers jours ! T'es pas drôle là !!!

Et de plier les genoux pour aller se mettre à sa hauteur, penchant la tête en avant pour aller lui mordre le cou, à la jugulaire, cherchant à savoir si du sang coulait encore dans ses veines. Elle mordit fort, mais pas au point de faire couler le carmin sur son derme qu'elle trouvait encore assez tiède, pour un mort.

Il avait demandé à Dacien de le tuer, et à elle de prier. Sauf que la donzelle ne priait qu'une fois l'âme rendue à son créateur. Par contre, elle savait encore maudire. La Noiraude en venait à maudire son ami de ne songer qu'à lui et son amour si intacte encore pour sa défunte épouse. Aucune haine ou jalousie dans ses actes peut-être étranges, juste l'énervement de voir une vie finir bien trop vite. Elle savait un peu soigner les blessures physiques, mais quand il s'agissait de soigner les âmes, ma foi, comment mordre ce qui était impalpable, toucher ce qui était intouchable, rendre vivant ce qui était mort... Rendre vie comme on rendait grâce...

Fermant les yeux, elle lui chuchota à l'oreille, rapidement :


Que restera-il de toi, une fois parti.. Tueur d'Inquisiteur et mangeur de chat au déjeuner, c'est pas si mal au final..
Je comprends mieux le Chevalier déchu !


Et de rester là, penchée à son cou, l'envie de laisser sortir ses larmes parce qu'il lui manquait déjà. Même s'il ne pouvait pas le savoir. Elle avait envie de le retenir, de le serrer fort contre elle, de le secouer, de le frapper sans doute aussi. De le sortir de sa léthargie avant tout.

Et de murmurer doucement :


Sais-tu combien je tiens à toi, Zeiss ? non mais..vraiment..
t'es pas drôle..je prie après la mort, pas avant...tu vas me manquer...


Et d'avoir envie de lui arracher la veine qui portait encore la vie en lui, d'un seul coup de dents bien plantées en sa chair tendre, là, rien ne différait en les êtres humains, tous étaient vulnérables à cet endroit propice à laisser la vie ou la mort se répandre dans le corps. Satine ne savait pas trop pourquoi elle l'avait mordu, l'instinct avait pris le pas sur la raison. L'effet de la peur, de la mirabelle, de la fatigue, des jours sans projets devant elle. C'était ainsi, il fallait composer avec qu'elle pouvait offrir sur le moment. Un jour après l'autre, un instant après l'autre..

" Tu peux t' vanter
D'avoir trouvé le rôle
Où t'es pas drôle
Et si tu crois
Qu'on va t' regretter
Oui, tu t'es pas trompé !


Catherine Lara, t'es pas drôle.. https://www.youtube.com/watch?v=dyJJssGU3Hw
Zeiss
Zeiss se renfrogna un brin en écoutant Satine. Visiblement, elle avait mal interprété certaines choses.

Je ne doute absolument pas des bonnes intentions de ma sœur lorsqu'elle m'a accompagné. D'ailleurs, j'avais vaguement hésité à la faire enfermer dans une chambre.

Mais je veux qu'elle se rende compte que sur certains points, elle n'est pas si différente de moi. Je veux qu'elle réalise que, comme je l'ai réalisé sur mon propre compte, elle est encore bien loin de la vraie chevalerie, et qu'elle s'en éloigne encore un peu plus chaque jour.


Ecoutant plus avant le discours de Satine, l'homme sentit son sang commencer à bouillonner. D'autant plus lorsqu'elle vint lui mordre le cou pour une raison mystérieuse. Serrant les dents, Zeiss posa une main ferme sur l'épaule de la jeune femme -et un peu son cou aussi vu la différence de taille entre les protagonistes- et la repoussa sans ménagement. Ceci fait, il lui opposa un regard noir.

Eh bien, oui, je l'ai cru sur le moment! Ma demande était clairement une erreur, à bien des égards. Mais que crois-tu que je ressente, Satine? Hein? J'ai vécu par l'épée, et je m'apprête à crever dans mon lit! J'ai cherché désespérément un moyen de mourir au combat quand je me suis senti faiblir, en vain! Alors oui, j'ai demandé quelque chose de stupide à Dacien. Cela n'empêche pas qu'il n'ait absolument rien compris à la plupart de mes intentions. Et ça n'a plus d'importance, qu'ils pensent ce qu'ils veulent, si ça les convainc qu'ils ont la science infuse!

Entre temps, il s'était levé et faisait les cent pas, les poings serrés. Dans sa colère, il ne se rendait pas compte de son corps qui s'affaiblissait déjà suite à ses gestes. Et là que la tension redescendait doucement, Zeiss sentait l'épuisement s'emparer de tout son corps. Et alors qu'il allait recommencer à parler, ses mots furent remplacés par une quinte de toux. Reprenant son souffle, il reposa ses yeux glacials sur Satine.

Les causes justes n'existent plus depuis longtemps. Tu te demandes ce qu'il restera de moi quand je serai mort. Mais qu'y a-t-il, là, alors que je vis encore? Que suis-je, si ce n'est pas un tueur? J'aurais probablement été un meilleur homme en mangeant des chats, si seulement l'ours était resté bien sagement dans sa grotte.

Zeiss observa ses mains pleines du sang des vaincus.

J'ai donné cinq vies à ce monde. Combien en ai-je repris en échange? Mes bonnes actions ne changent pas mon reflet dans la marre de sang*. D'ailleurs, je ne puis être déchu. Je n'ai jamais été un chevalier. Le titre pompeux que j'ai porté n'a jamais rien changé à ce fait. Au contraire.

Son regard se perdit de nouveau dans les flammes. Tout ce qu'il espérait désormais, c'est que si quelqu'un ou quelque chose l'avait observé, celui-ci avait pu lire dans son cœur et voir qu'il n'avait fait que se fourvoyer. Mais avait-il de la pitié pour ceux qui se trompent si lourdement?

Au final, tu fais bien ce que tu veux Satine. Prie avant, après, voire pas du tout. Ça ne changera probablement rien. Peu m'importe d'être regretté. Je vais mourir, si il y a un moment pour être égoïste, c'est bien celui-là.

Zeiss finit par se remettre en mouvement pour récupérer la dague qui gisait au sol. Il l'observa un instant et la remit dans son fourreau.


*Vald - Kid Cudi
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Sat
** “It is not the critic who counts; not the man who points out how the strong man stumbles, or where the doer of deeds could have done them better. The credit belongs to the man who is actually in the arena, whose face is marred by dust and sweat and blood; who strives valiantly; who errs, who comes short again and again, because there is no effort without error and shortcoming; but who does actually strive to do the deeds; who knows great enthusiasms, the great devotions; who spends himself in a worthy cause; who at the best knows in the end the triumph of high achievement, and who at the worst, if he fails, at least fails while daring greatly, so that his place shall never be with those cold and timid souls who neither know victory nor defeat.”

― Theodore Roosevelt


Zeiss s'était levé, en colère, la repoussant sans ménagement et elle eut une envie folle de rire ! Elle l'avait mordu pour qu'il réagisse enfin, et le résultat était excellent, comme l'aurait dit Septimus lors qu'ils s'étaient tous croisés à Dijon. Elle n'avait pas su ce qui était excellent, mais à cet instant, la réaction de Zeiss était tout ce qu'elle avait cherché à faire.

La Noiraude espérait que Zeiss ne vit pas ses yeux déjà rougit de tristesse due à l'instant d'émotion de le voir déjà mort... Là, elle se relaxa un peu, allant poser ses mains à plat au sol, légèrement en arrière, pour ensuite étendre ses jambes en avant, bottes croisées aux chevilles. Un peu plus elle aurait siffloté de joie, puis pris un brin d'herbe entre les dents pour l'observer. En lieu et place, elle souriait aussi lumineusement qu'un soleil de Provence en plein midi, tout en l'observant, sans vraiment comprendre ce qu'il disait, toute à son bonheur de le voir faire ses allers et retours.

Il se calmait petit à petit, pour finir par tousser, sans doute que le coup de colère l'avait un peu fatigué, ce qui était tout à fait normal. Mais elle avait vu autre chose aussi, elle avait pu enfin voir quelle nature animal était en lui, et elle fût plutôt surprise du résultat, même bien étonnée !! Quoi que pourtant, elle aurait dû déjà le savoir...pff..mais qu'elle était quiche, parfois !! Alors, secouant la tête, elle lui dit d'un petit air taquin :


uhm...ben, fais ta crise cardiaque pendant que tu y es, comme ça on en aura fini et tout le monde sera content, sauf moi ! puisqu'il semble que ce soit ce que tu penses..

Et de lever les yeux au ciel, secouant la tête, la mine d'une personne dépassé par son propre aveuglement et celui de Zeiss... Ils avaient encore tant à apprendre !

Alors, elle murmura à son Seigneur, Père ou Créateur, parfois, ça dépendait des jours^^ :

T'en fais pas, j'ai d'la force !


Et de voir un ciel étoilé magnifique, dommage que Zeiss ne le voyait pas, lui, encore à reprendre son souffle tant il s'était agacé, par sa faute en plus. Peut-être aurait-il quand même le temps de découvrir, elle le souhaitait de tout son cœur.

Reprenant le fil de la conversation, elle lui répliqua au sujet des causes justes, ce qui la remis tout à son présent, bien concentrée à nouveau :


M'enfin, Zeiss, que dis-tu ? il y a des causes justes, plusieurs, mais pour moi, il y en a une de principale, et crois-moi, je mourrai 1000 fois s'il faut pour m'en occuper !

Et ce fût à elle de se lever, grondant comme mille tonnerres, son cœur en feu, la rage au ventre, mais elle n'était pas tournée contre Zeiss, du tout. Plutôt contre un monde que parfois elle n'appréciait pas.

S'il y a une chose que je ne supporte pas, c'est que l'on touche à un seul cheveu de mes enfants.. ou des tiens ! Et de tous les enfants que puisse porter cette terre..

Ses yeux devenaient luisant de colère contenue, une brillance métallique digne de la lame la plus acérée au monde...

Pour eux, je reviendrai sur terre des dizaines de fois, autant de fois qu'il le faudra pour les protéger, et je reviendrai, oui, mais encore plus puissante qu'avant. Crois-moi....

Quiconque leur fera du mal, paiera douloureusement de sa mort, que cela soit su !!! On ne touche pas à la tête de mon enfant, d'aucun enfant ! Et vrai dire, tu ne sais pas à quel point j'en suis de..uuuhmmpff....ggggrrr!!
A ceux qui leur font du mal, qu'ils sachent.. Parce que..


Et de prendre une bonne respiration, elle devait se calmer, elle le sentait, La Noiraude se demandant brièvement si ses yeux n'étaient pas injectés de sang, juste à l'instant...Ouffff !! De là-haut, on lui faisait signe avec véhémence de se calmer, mais son cœur battait encore à tout rompre, elle avait pourtant, encore envie de grogner.
Bien heureusement, elle avait éviter sa propre fureur à temps, cette fois-ci.
C'était qu'elle se foutait les boules à elle-même, parfois...


Les enfants sont sacrés, dans mon peuple, Zeiss. Pas des enfants rois, non..mais ils sont ce qui nous tiennent le plus à cœur. Voilà...

Et de rester silencieuse encore un moment, laissant planer ses dires dans la nuit, attendant d'avoir repris tout à fait son calme..

Relevant la tête pour faire face à son ami qui avait repris la dague au sol pour la ranger, elle l'écouta attentivement, puis hocha la tête en guise de compréhension, elle le savait mourant et pourtant..

Egoïste tu ne l'es pas, pour moi... mais j'ai un combat qui m'attend, pour ces enfants..Zeiss. Pas besoin de titre de Chevalier pour ça. J'y vais de toute façon, mais ta présence dans l'Arène m'aurait été précieuse, je le sens..

Qui pouvait choisir de mourir ou pas, après tout. Elle ne savait même pas cela.

Déterminée, elle alla reprendre le cheval offert par Zeiss peu de temps auparavant, le flattant à l'encolure pour le saluer de sa présence. Le cheval semblait la renifler, signe qu'il commençait déjà à l'accepter. Tenant la lanière entre ses doigts fins, la Noiraude se pencha pour prendre la bouteille de mirabelle encore au sol, souriant légèrement.


Uhm..on va pas gaspiller le reste, n'est-ce pas ?

Et d'un mouvement brusque, elle déversa le fond de la bouteille sur le feu encore allumé, faisant de la sorte une belle flambée bien visible dans la nuit, les flammes montant plus haut dans le ciel, en une petite explosion de chaleur.

Le cheval se cabra, surpris par ce soudain embrasement, et Satine se mit à sourire, tentant de le retenir et de le calmer. Mais il était devenu nerveux.


Rah..Zeiss, je me vois de devoir fausser compagnie à tes gardes, là ! Temps pour moi de reprendre ma route !!

Et de tenir fermement la sangle pour s'approcher du beau destrier, lui faisant des petits Chhhut, pour le calmer et monter sur son dos. Tendant la main à Zeiss, pour qu'il puisse monter derrière elle s'il le souhaitait, Satine lui adressa un sourire ou se mêlait sérénité et détermination :

Mon ami, on a le choix dans la vie, toujours, même s'il n'y a plus beaucoup de temps. Mais sache que de toute manière tu seras à mes côtés, parce que tu es dans mon cœur, depuis le début. Je pensais, étrangement depuis toujours, que je mourrai le même jour que toi..mais à présent, il semble que non...Et je me battrai, quoi qu'il arrive !

Depuis un certain temps, la Noiraude avait développé certaines sensibilités dont elle se demandait si d'autres personnes avaient aussi ressentis cela, un jour. Il lui semblait faire lien entre la terre et le ciel, mais ne savait pas très bien si c'était Dieu ou la Terre elle même qui lui avait donné cette sensibilité étrange qu'elle ne percevait pas vraiment bien encore. La peur du début l'avait quittée, et petit à petit, elle tentait de comprendre sa vrai nature, à elle. Chose bien peu aisée, on pouvait le comprendre..

Allez..tu viens oui ? petit bout de route ensemble encore ? Parce que pour eux, je continue ma quête…

Elle savait qu'il pourrait rentrer avec ses gardes, tout comme il pouvait choisir de monter sur le destrier qu'il venait de lui offrir en héritage, ou cadeau, peu importait. C'était un don, de toute façon.


Lindsey Stirling - The Arena https://www.youtube.com/watch?v=4MCjU-Du3eI ** ayant peu de temps ces jours, j'ai eu la flemme de traduire, sorry, hein...ceux qui sont curieux se débrouilleront.

Non non, ils ne se débrouilleront pas. C'est OBLIGATOIRE de traduire les passages en langue étrangère. Je regrette mais c'est incontournable. Merci de vous conformer au règlement. {La_lanterne}
Zeiss
Tant de colère. Tant de tristesse. Le deuil avait accompagné Zeiss durant la majorité de sa vie. Qu'en serait-il après sa mort, après tout? Il s'était demandé si il irait au paradis solaire, ou sur l'enfer lunaire promis aux pêcheurs. Il avait trouvé cela peu probable, et avait fini par plutôt se demander dans quel genre d'autre monde il aurait droit. Mais si aucun au-delà ne se trouvait au bout de sa route? Et si il était condamné à errer chez les vivants pour leur infliger les tourments qu'il avait lui-même gardé dans son cœur pendant une bonne part de son existence? Raccroché à la terre par le lien tenace des noires humeurs...

Le regard sombre de Zeiss s'était égaré un moment alors que Satine semblait comblée de joie. Et il savait pourquoi elle adoptait soudainement cette attitude, il avait compris. Et il n'apprécia guère. Déjà parce qu'il n'aimait pas qu'on se joue de lui, mais aussi parce que la colère qui l'animait -et dont elle semblait heureuse de la récente manifestation- lui vaudrait peut-être un destin peu enviable après son trépas. Mais il ne dit rien. Comment pouvait-il lui reprocher sa propre rage? Ainsi, il poursuivit sur la suite.


Ce dont tu parles relève également de l'égoïsme. Pleinement compréhensible, certes, mais égoïsme quand même. Ce genre de causes nous paraissent justes uniquement car elles nous semblent primordiales, de notre regard égocentré, limité.

Satine semblait se préparer à partir. Il se faisait effectivement tard. Il récupéra les vêtements qu'il avait abandonné en arrivant et replia le drap autour des provisions qu'ils avaient laissé. Il le tendit à Satine lorsqu'il la rejoint près de Chaos.

La chevalerie n'est qu'un ensemble d'idéaux encore bien mal compris. Pas besoin de titre ou de quoi que ce soit d'autre pour mener les combats qui comptent pour toi. Seule la volonté prime. Tiens, pour tenir jusqu'à ta prochaine bataille.

Après tout, il n'en aurait plus besoin. Il s'apprêtait à achever la plus dure des batailles: La vie. Sa vie. Il saisit ensuite la main de Satine pour retourner au manoir. Il l'avait bien entendu invitée à rester autant qu'elle le souhaitait, ou au moins pour la nuit. Mais la vagabonde avait refusé. Ils se quittèrent donc définitivement devant l'entrée du manoir de Forbach. Avant qu'elle ne s'en aille, il avait choisi de lui baiser la joue pour la première et la dernière fois. Puis il s'en était retourné dans son domaine, pour profiter de ses enfants pendant encore quelques jours. Jusqu'à ce que ses forces ne s'amenuisent drastiquement. Jusqu'à ce qu'il soit cloué au lit, sans jamais plus être capable de s'en extraire. Jusqu'à ce que sa vie ne soit plus qu'une faible lueur vacillante, au bord de l'extinction. Jusqu'à ce que la Mort ne se présente à son chevet, prête à collecter la dette que chaque être contracte à la naissance. Elle n'oublie jamais personne, Elle n'oublie jamais une seule dette. Il en allait de même pour celle de Zeiss, et il s'apprêtait à s'en acquitter.
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