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[RP] « Le Printemps s’annonce toujours rempli de promesses….

Deedee
    …. Sans jamais nous mentir, sans jamais défaillir. »
      Michel Bouthot


[La Haye du Puits – Début mars 1465]

    Il y avait longtemps qu’elle n’était pas rentrée chez elle, dans son domaine, son VRAI domaine, celui qu’elle tenait de son frère ainé, du premier qui l’avait à nouveau accueilli dans leur famille, qui lui avait redonné ses droits et son nom. Il était parti trop tôt, trop vite, à peine s’étaient-ils retrouvés que déjà, la vie avait voulu qu’ils soient à nouveau séparés…
    C’est ainsi qu’elle avait hérité de ce domaine et d’un passé dont les pièces du puzzle manquaient encore…

    La Haye était un havre de paix, suffisamment loin de l’agitation politique pour qu’elle puisse y trouver un peu de repos. Les terres étaient bordées de forêt et de marais plongeant en bout de course dans la mer, offrant de nombreuses richesses aux gens qui l’habitaient, son domaine lui, perché sur une petite colline tout près du village, bordé d’une épaisse muraille offrait à ses habitants à la fois intimité et sécurité. C’était l’un des endroits où elle se sentait le mieux, le seul qui pouvait réellement la ressourcer.

    Son frère avait fait de ce domaine un vrai petit paradis, outre le château qui offrait de nombreuses pièces et un confort digne d’un noble, les jardins étaient eux aussi tout simplement magnifiques, tantôt laissant découvrir des pommiers et autres arbres fruitiers, tantôt arborant de magnifiques roseraies bordant des allées ici et là. Fils en était fier, et Adeline l’était aussi.

    Elle marchait justement dans une de ses allées, son fils dernier né dans les bras. L’hiver était encore là, mais déjà tout autour d’elle les bourgeons se montraient et quelques feuilles, plus téméraires que d’autres, étaient sorties de leur cocon hivernale pour montrer leur belle couleur d’un vert éclatant, tranchant même sur les arbres encore nus.
    Les roses n’avaient pas encore écloses, mais elles pointaient le bout de leur nez, doucement, patiemment, prenant chacune le temps qu’il lui fallait pour déployer ses ailes et devenir la plus belle de ce jardin.
    Dans quelques semaines, ce jardin serait rempli de mille couleurs et mille parfums, le moment rêvé pour sortir, recevoir et voir la petite tête encore dépourvu d’une vraie tignasse s’épanouir sous les pommiers en fleurs.


    -Tu en penses quoi toi ? Demanda-t-elle soudain à son fils de 9 mois. Ça te dirait de rencontrer tes cousins, ton oncle et tes autres frères et sœur ?

    Autant parler à un mur… L’enfant était plus attiré par les boucles châtaines de sa mère que par ses paroles elles mêmes. Il lui offrit néanmoins un sourire baveux et babilla quelque sons avant de fourrer son pouce dans la bouche.
    Manquant d’éclater de rire, Adeline tourna la tête vers sa chienne Sigyn, cadeau d’Osfrid et de Sigrùn, et lui caressa doucement le sommet du crâne.


    -Et toi ? Qu’en dis-tu ?

    Au « wouaf » sonore du chien et son battement de queue, la marquise ne put s’empêcher de rire mais y trouva là comme une sorte d’approbation, ou l’assentiment d’une idée qui lui trottait dans la tête depuis quelque temps déjà.
    Réunir la famille…

    Quelques instant plus tard, son marquizon confortablement couché dans la chambre, Adeline s’installa à sa table de travail prête à envoyer une ribambelle de courrier.

    Le tout premier serait pour sa famille danoise, sa tante surtout ne sachant pas où se trouvait son cousin, mais comme il était hors de question de faire une réunion de famille sans eux, elle avait tout intérêt à le trouver… Alors avec un peu de chance, peut être sa lettre le trouverait à Ribe sur ses terres en compagnie de sa mère.
    Avec un peu de chance…


    Citation:


    «La Haye Du puits, ce 1er jours de mars 1465,

    Ma chère tante

    Une fois encore ma plume s’est montrée paresseuse pour vous donner de mes nouvelles, mais j’espère que cette missive vous trouvera en bonne santé et que tout se passe bien sur les terres de Ribes.

    Ici tout va bien, la vie suit son cours.
    Sebbe pousse comme une plante grimpante, beaucoup trop vite. C’est déjà un robuste petit bout d’homme de 9 mois qui m’apporte tans de joie et de bonheur. Il commence même à vouloir marcher, ce qui me fait dire que d’ici peu… je vais devoir lui courir après !
    Briana se porte mieux également, assez pour faire quelque bêtise. Le couvent où elle se trouvait me l’a renvoyé, la pauvre enfant souffrait de la poitrine… Craignant alors que cela s’aggrave, je l’ai envoyé chez mon vassal dans le Languedoc. Cela ne lui a pas plu, vous imaginez bien… Elle doit vraiment s’imaginer que je ne veux pas d’elle alors que… J’aurais vraiment aimé la garder près de moi, mais le faire, aurait pu la tuer. D’après vous, qu’aurais-je du faire ?
    Je l’aime cette enfant… Mais le comprendra-t-elle un jour ?

    Le temps passe tellement vite ma tante… Si vite que j’ai parfois peur de ne pas pouvoir faire tout ce que je devrais faire.
    Et a ce propos… Avant que le temps ne nous échappe complètement j’aimerais réunir la famille. Une drôle d’idée surement, mais je voulais, pour une fois, que toute notre famille puisse être ensemble et se connaitre.
    Savez vous qu’Aimeryc et sa fille sont venus vivre en Normandie ?

    Ce sera l’occasion pour que chacun puisse se retrouver et pour que mes enfants rencontrent enfin leur oncle, cousine et vous revoie.

    Pensez-vous pouvoir faire le voyage ? La réunion se tiendra le 1er avril sur nos terres de La Haye du Puits. Le moment idéal pour profiter du printemps et du jardin de La Haye.

    Je voulais contacter Osfrid pour l’avertir de cette réunion et de Briana, mais je me rends compte qu’il ne m’a pas écrit depuis un certain temps ni même laisser un indice pour que je puisse le trouver, savez vous où il se trouve ? Peut être est-il avec vous ?
    Si tel était le cas, pouvez vous lui parler de cette réunion ?

    Je vais devoir vous laisser sur ces quelques mots ma tante, le temps passe, et Sebbe risque de se réveiller très bientôt, je lui ai promis de l’emmener voir les chèvres de notre cuisinière. Il adore ça !

    Prenez soin de vous,

    Votre nièce,

    Adeline.

    PS : Sigyn vous envoie une léchouille aussi !»


    Puis ce fut au tour de son frère et sa nièce sans qui une réunion familiale n’aurait aucun sens.

    Citation:


    « Mon frère,

    Depuis le temps que je cogite cela, voici que je me lance enfin. Voilà bien longtemps que La Haye n’a pas résonné de cris joyeux et de rires.
    Le printemps s’annonce, et j’aimerais profiter d’une permission pour organiser une petite réunion familiale. Nous profiterons ainsi des jardins, sa floraison est magnifique, et puis... Ce sera l’occasion pour que tout le monde se rencontre enfin.
    Tu ne connais pas ma fille et mon fils je crois, je pourrais te les présenter. Enfin surtout ma fille, j’ignore si mon fils sera de retour. Et puis, tu pourras faire connaissance de mon époux aussi.
    Bref, j’aimerais vraiment que l’on puisse enfin être tous réunis, même si ce n’est que quelques jours.

    Je t’attendrais donc, Mary et toi à la Haye le 1er avril , une date idéal pour célébré le printemps et notre famille qu’en penses tu ?

    A très bientôt

    Ta sœur
    Adeline »


    Citation:


    « Mary,

    Tu vas trouver étrange ce courrier sachant qu’en plus nous nous verrons au conseil dans les jours à venir, mais tant pis, je préfère faire tout dans la foulée de peur d’oublier quelqu’un !

    Le printemps pointe le bout de son nez en Normandie, une saison que j’affectionne plus particulièrement, tu n’as sans doute jamais vu la Haye du Puits, le domaine de ton oncle que tu n’as jamais connu en cette période, mais c’est une pure merveille. J’aimerais donc en profiter pour réunir la famille à l’occasion du printemps.
    Une bonne excuse certainement, mais les réunions familiales sont si peu nombreuses…

    Je te propose donc de me rejoindre à La Haye du Puits avec ton père et d’autres membres de la famille pour le 1er avril. J’espère que tu viendras.

    Affectueusement,

    Ta tante préférée
    Adeline »


    Et enfin, sa fille, qui, elle espérait, accepterait de revenir quelque jours en Normandie.

    Citation:


    « Ma chère Bree,

    Je prends ma plume ce jour pour avoir de tes nouvelles. Tu n’écris pas beaucoup, mais je suppose que c’est parce que tu as tellement de choses à faire que tu n’y pense pas.
    Tout se passe bien à Narbonne ?
    Tu as pu te faire de nouvelle amie ?

    Matou m’a dit que tu t’entendais très bien avec sa fille, au point même de partir en balade avec elle…
    Ne râle pas Bree, je ne t’écrit pas pour te sermonner, je pense que cela a déjà été fait, et puis, tu serais surprise de savoir ce que j’ai pu faire comme bêtise lorsque j’avais ton âge.

    Non, ma missive a surtout un but bien précis. Que dirais-tu de rentrer en Normandie quelque semaine ? Le temps de rencontrer toute la famille ou plus, si tu preferes.
    Une reunion familiale aura lieu le 1er avril, l’occasion de rencontrer ton oncle, mais aussi de revoir Osfrid et Sigrùn si ces derniers peuvent venir.

    J’aimerais tellement que tu sois toi aussi près de moi à ce moment là.

    Je t’embrasse

    Ta mère »


    Il manquerait Erwan… Mais comment le contacter sans savoir où il serait. Les Océans étaient tellement vastes… aussi vastes que ce monde.
    Il y avait pourtant quelqu’un qui savait où il se trouvait… Sauf que…


    -Plutôt mourir que de lui écrire !
      Oui mais… Il est le seul à le savoir.

    -Jamais de la vie !
      Tu préfères alors te priver de ton fils plutôt que de le lui demandé

    -Hors de question !
      Et tu lui donne raison après tout ce qu’il a raconté


    Et pestant un peu plus, la Marquise attrapa à nouveau sa plume et la plongea dans son encrier.

    Citation:


    « Ce 1er jour de mars 1465,

    A vous, Dante Tommaso Ceresa

    ...»


    Sa plume en suspend, réfléchissant à ce qu’elle allait pouvoir coucher sur le velin, Adeline poussa un petit soupire de soulagement en entendant son fils pleurer.
    « Sauvé » pensa-t-elle. Bien que… tôt ou tard elle devrait finir sa missive et l’envoyer a cet homme tant redouté.

    Pour l’heure, elle confia ses premières missives a un coursier, puis s’empressa de rejoindre son fils. Le soleil se lèverait encore demain… Elle avait encore un peu de temps.

_________________
Briana.
« J'ai reçu une lettre, Il y a quelque jours peut-être, … »
La Lettre, de Renan Luce


- Narbonne - mars 1465-


      Une réunion de famille…
      Je ne sais pas ce qui était passé par la tête de ma mère de vouloir faire une réunion de famille maintenant, elle qui avait toujours fait en sorte d’éparpiller la famille un peu partout.
      Elle ne s’était jamais vraiment préoccuper de la famille, alors pourquoi maintenant ?
      Qu’est ce qu’elle mijotait ?
      Qu’est ce qu’il se tramait ?
      Etait-ce pour m’annoncer en douce qu’elle m’avait trouvé un mari ?

      Après tout c’était bien son style… Après m’avoir mise au couvent, envoyé aux confins du royaume, il ne lui restait plus que cette solution pour me garder loin d’elle !
      C’était vrai quoi ! Elle avait toujours tout fait pour me tenir éloigné, alors pourquoi revenir maintenant ?!

      A moins que


    Briana lisait et relisait la lettre à la lueur d’une bougie, essayant de deviner a travers les mots couchés sur le vélin les pensées de sa mère. Le courrier était arrivé quelque jour plus tôt, ne lui laissant pas trop le temps de la réflexion puisqu’elle devait partir rapidement si elle voulait être en Normandie le jour dit. Elle avait donc prévenu Justin pour que celui-ci prépare la voiture et fasse le nécessaire au voyage qui l’attendait.
    Un voyage sous bonne garde au vu des derniers événements et de ses dernières…. Bêtises…
    Un voyage… qui ne l’enchantait pas.

      Rencontrer la famille… Rencontrer la famille… Je suis sûre qu’elle n’invitera pas Tante Sigrùn et Osfrid. Et Erwan ? Elle y a pensé à Erwan ?
      Quand à mon oncle… Je ne le connais même pas !
      Tu parles d’une famille ! Je vais me retrouver toute seule, en compagnie de cette chose que je dois appeler « petit frère ».
      C’est au dessus de mes forces…
      Sauf si…


    -Flo ? Flo ? Tu dors ?

    Après un court moment d’attente Briana leva sa bougie en direction du lit de la jeune fille.

    -Flo ! Réveille-toi, faut absolument que je te parle !

    Et sans attendre de réponse supplémentaire, la petite normande s’approcha du lit de Floraidh et enchaina.

    -Tu veux pas venir avec moi en Normandie ?

_________________
Sigrund



[Dans la demeure familiale de Courcy – Ribe – Danemark – mi mars]


Le printemps était de retour et comme à chaque nouvelle saison où le soleil se manifestait avec délice, Sigrùn passait des heures à battre la campagne en compagnie des chiens de son élevage. Ils avaient de l'énergie à revendre les gaillards et la blonde mère des pensées funestes à chasser.

Ribe n'était plus vraiment la même bourgade, changeant aux mains de nouveaux venus, de bourgmestres toujours plus ambitieux, de petits seigneurs encore plus orgueilleux. Elle, elle ne changeait aucunement, prenant la vie comme elle venait, se préoccupant du confort des siens et de celui qui n'était pas à ses côtés. Des nouvelles du Royaume de France lui parvenaient avec parcimonie et elle espérait à chaque pli que cela serait un courrier de son fils. Mais ce dernier se faisait fantôme, sans doute trop préoccupé à se morfondre dans un coin paumé plutôt que de revenir vers la lumière et les siens.

Depuis que Cillien de Courcy, son époux, s'en était retourné dans l'autre monde, elle n'avait pratiquement plus aucune prise sur son fils. De ce décès, elle le voyait profondément marqué, du départ de la petite Briana pour un couvent, elle le devinait meurtri, de cette guerre fratricide qui avait touché Ribe et ses habitants, elle le savait profondément blessé. Que resterait-il d'Osfrid si elle ne mettait pas un terme à ses errances, qu'adviendrait-il de SA famille si elle ne se montrait pas telle qu'elle aurait dû toujours être, celle qui sait et celle qui impose. Mais Sigrùn avait toujours été cette femme aux mille secrets qui n'était là que pour accompagner les autres sur leur propre chemin.

Appelant les trois monstres de puissance qui l'accompagnait, elle longea la mer avant de reprendre le chemin du domaine, là-bas, sur le petit mont qui lui conférait une vue imprenable sur l'horizon. Et elle sourit la blonde danoise car au loin, une silhouette se détachait du ciel pour mieux l'accueillir. Pressant le pas malgré elle, Sigrùn arriva à la hauteur du chevelu. S'arrêtant, elle planta ses mirettes aux couleurs d'un ciel de pluie dans celles plus intense d'Harald qui lui sourit en lui tendant un pli.


- ça vient d'arriver. Le Royaume de France…

Redressant le menton comme pour conjurer le sort de la mauvaise nouvelle qui serait venue la prendre à bras le corps pour mieux l'anéantir, Sigrùn cacha ses mains légèrement tremblantes dans le poitrail d'un des chiens qui était venu se coller contre elle.
- Et bien, allons voir quelles sont les nouvelles…

La lecture fut rapide et plaisante comme à l'accoutumée depuis que la blonde danoise avait pris le temps d'écouter sa nièce mais surtout son histoire. Elle n'était pas toujours d'accord avec sa façon de voir les choses ou bien même d'élever ses enfants mais l'une comme l'autre ne pouvaient passer à côté du fait qu'elles faisaient parties de la même famille. Et Sigrùn avait alors pris beaucoup de plaisir à aller et venir jusque sur les terres normandes, ces terres autrefois si fréquentaient mais qui furent abandonnées lorsque le père d'Adeline bascula dans une folie sans nom en séparant ses enfants.

Sigrùn prit le temps de la réflexion avant de se lancer à répondre à sa nièce même si cela ne dura guère longtemps car la danoise avait besoin de se changer les idées et l'envie de revoir la famille mais aussi l'Apollon qu'elle avait laissé entre les mains de sa nièce lui titiller la tête. Ce fut donc avec un grand sourire qu'elle prit la peine de tremper sa plume dans l'encre puis de s'appliquer de sa belle écriture déliée.




Ma chère Nièce,

Je suis heureuse de vous lire même si, effectivement, vos lettres se font rares. Il semblerait que votre plume soit fâchée avec l'idée que nos courriers mettront trop de temps à se rendre à destination. Toutefois, il vaut mieux peu de nouvelles que des nouvelles hypocrites et sans saveur, un peu comme les sourires ou les fréquentations.

Ainsi donc vous avez décidé de réunir les de Courcy sous votre toit. Ma foi, le printemps est tout à fait indiqué pour ce genre de retrouvailles puisque c'est l'annonce du renouveau. Sans doute que dans votre for intérieur vous avez ressenti ce besoin de chasser les nuages d'autrefois afin de vous ouvrir à de nouveaux sentiments. Surtout si votre frère fait partie de cette petite réunion. D'ailleurs, je ne savais pas qu'il était lui-même père ou du moins je n'ai pas souvenir qu'Osfrid ou vous-même m'en ayez parlé. Il faut dire que cela fait si longtemps que je n'ai vu ce garçon… la dernière fois fut durant sa petite enfance, alors que nous étions de passage à la Haye du puits avec Cillien et Osfrid pour quelques jours car votre oncle, mon époux, toujours entre deux ambassades devait se rendre à celle de votre duché. Je n'avais pas particulièrement apprécié qu'Enguerrand refuse de vous confier à notre garde lorsque votre mère vous donna naissance, à vous et à votre frère. J'aurais tant donné pour que tout ceci se passe autrement mais on ne contredit pas un de Courcy n'est-ce pas ?

Par contre, je suis heureuse que vous puissiez aussi renouer avec Bothilde. Elle reste chère à mon cœur et je sais qu'un jour, vous et elle, vous vous retrouverez mais ma chère nièce, si votre petite Briana a hérité du caractère qui couve dans votre sang, elle sera bornée et très dure à convaincre. Regarder Osfrid, il est si contrariant par moment. Mais je serais heureuse de revoir cette petite fille qui, la dernière fois que je l'ai eu à mes côtés, n'avait qu'à peine une dizaine d'années. Qu'elle doit avoir changée… Par tous les dieux, j'espère être capable de la reconnaitre.

Maintenant, en ce qui concerne Osfrid… il n'est jamais revenu. La dernière fois que j'ai eu des nouvelles de lui, il avait quitté l'Empire après avoir mis son épée au service de personnes en pleine guerre et je n'en sais pas plus aujourd'hui. Mais d'après Harald, il demeure dans le sud lui aussi. Peut être qu'avec vos moyens vous sera-t-il plus aisé de le retrouver. Vous avez certainement des connaissances qui pourront mener l'enquête pour vous non ?

En attendant que l'on puisse retrouver sa trace, je vais faire préparer mon voyage et me mettre en route car Ribe n'est pas la porte à côté même si les bateaux d'aujourd'hui nous permettent de nous revoir si aisément.

Veuillez prendre soin de vous chère enfant ainsi que de notre petit dernier que je serais heureuse de voir même s'il pousse comme une plante robuste. Sans doute a-t-il été mis sous la bénédiction de Thor et aura-t-il sa force au combat à moins que Bragi ne se soit penché sur son berceau afin qu'il devienne sage et use des paroles comme d'un don ! Que les Ases y veillent et lui montrent le chemin qui est sien.

Et que les dieux veillent sur vous ma chère nièce.





Le courrier fut donné à Harald afin qu'il fasse le nécessaire et en attendant, elle se devait de préparer quelques affaires pour la traversée et son futur séjour chez sa nièce.
Floraidh
    Le couvent, la séparation et puis les retrouvailles, voilà qu'en quelques semaines j'étais passée par tant d'émotions. La tristesse, la colère, la peur, l'angoisse pour finir par la joie. La joie de retrouver celle qui avait grandi à mes côtés, celle qui avait tout quitté au mépris du danger pour venir me chercher, celle que je considérais comme ma petite sœur. Que donnerais-je pour lui rendre la pareille ? C'est vrai, quand je n'allais pas bien, que je me demandais pourquoi oncle Cormac ne me faisais pas revenir au pays, Briana était là, à me tendre la main. Et malgré les quelques années qui nous séparent, jamais je ne lui tournerais le dos. Alors ce soir, quand Briana m'a réveillé en pleine nuit pour me proposer de l'accompagner, je ne pouvais pas refuser.

    Me redressant doucement sur le matelas avant de me retourner vers la brune qui partageait sa chambre avec moi, j'ouvrais un œil puis les deux. Comme au couvent, nous dormions l'une à côté de l'autre parce que c'était comme ça que nous avions vécu durant des années et que l'une comme l'autre nous nous sentions perdues dès que l'on s'éloignait un peu de l'autre. M'installant sur mon séant, croisant mes jambes en tailleur, je regardais Briana.


    - C'est quoi cette idée de Normandie, pourquoi tu dois y retourner, tu n'es pas bien ici ?

    Depuis toutes ses années, je savais quand Bree n'allait pas bien et ce soir, elle tournait en rond comme un chat en cage. Et cette fois-ci, ce n'était pas à cause de sœur Garance qui, le soir venu, se transformait en véritable dragon et chassait la moindre conversation, même à voix basses, que nous pouvions échanger une fois les bougies éteintes.

    Posant mes mains sur mes coudes, me penchant en avant, j'observais mon amie tout en lui souriant. La petite de Courcy avait une telle joie de vivre qu'il me semblait étonnant de la voir ainsi chagriné de ce retour aux sources. Si on m'avait dit que demain, je pouvais rentrer chez moi, j'aurais fais des sauts jusqu'au plafond mais finalement, ma famille n'était pas celle de Briana et je comprenais que cela avait de quoi la perturber.

    Tendant la main, j'attrapais celle de Briana dans la mienne comme je le faisais souvent quand elle se sentait esseulée ce qui lui arrivait souvent. Je crois que la petite de Courcy a toujours été prise entre deux feux avec sa mère et que même si elle avoue lui en vouloir, quelque part au fond de son cœur, il y a beaucoup d'amour qui ne demande qu'à exploser. Un jour viendra… Serrant les doigts de Briana, je souris à nouveau.


    - La Normandie, ça me rapproche un peu de chez moi alors pourquoi pas ! Et puis j'aime bien voyager, tu le sais. Et si ça se trouve, j'aurais l'occasion de me renseigner afin de savoir si des bateaux partent pour l'Ecosse, qu'en dis-tu ?

    Oui je sais, je parle beaucoup mais mes rêves à moi se situent là-bas, de l'autre côté de la mer dont on me prive depuis bien des années. J'aimerais tant faire un vœu et me réveiller chez moi, comme avant… mais pour le moment, je crois que m'en rapprocher sera déjà un grand pas.
Mary_lisa.
    [Rouen – Jour du Départ ]

    Elle avait reçu missive de sa tante bien des jours au paravent. Cela l’avait d’abord surprise, c’était un geste étonnant. Cela faisait maintenant près d’un an qu’elle était revenu dans la vie de son père et jusqu’à présent jamais elle n’avait eut connaissance d’un quelconque regroupement familial. Pour elle qui rêvait d’une grande famille soudé et unie c’était quelque peu frustrant. Surtout que son père, seize ans après sa naissance n’était toujours pas décidé à lui donner des frères et sœurs. Et honnêtement être sa fille unique parfois c’était usant ! Toute son attention n’était porté que sur elle, qu’elle soit positive ou négative. Alors vraiment partager tooouut cet amour avec un petit baveux ne lui posait aucun problème ! Promis, nulle crise de jalousie en perspective. Enfin, à présent avec la récente arrivée de l’Ozta dans leur vie les choses allaient sans doute changer. Elle avait craint l’arrivé d’une femme dans la vie de son père. Elle n’avait jamais apprécié les conquêtes de son paternel, généralement elles ne faisaient que détériorer plus encore leur relation déjà tumultueuse. Mais cette fois avec l’Ibère tout était différent. Elle les rapprochait plus qu’elle ne les éloignait. Agissant en mère pour l’intenable, et en vrai digne femme pour le maniaque du contrôle. Enfin elle voyait avec joie la possibilité de former une vraie famille. C’était sans aucun doute ce que son père avait lui aussi besoin. Elle trouvait le tumultueux quelque peu assagit – toujours aussi chieur ceci dit.

    Ainsi tout aurait pu aller pour le mieux, les disputes incessantes avec son père auraient enfin pu faire une trêve, mais c’était sans compter son côté intenable, têtu et éternellement indomptable. Elle disait que son père était usant, mais avoir une fille pareil cela ne devait pas être un cadeau non plus ceci dit ! Il disait blanc, elle faisait noir. Mais elle était ainsi, incapable de se voir imposer quoi que ce soit. Elle prenait ses propres décisions, faisait ses propres choix. Par forcément toujours bon… Et elle ne cessait de s’opposer à lui en lui tenant tête, jusque au moment où elle tombait de haut et retournait pleurer dans les bras de son paternel en lui disant qu’il avait raison. Mais quoi qu’il arrive, elle recommençait à chaque fois…

    Ils étaient en pleins dans cette période actuellement. Elle s’opposait farouchement à lui sur un certain sujet. Il était totalement contre sa fréquentation, et elle… elle persistait bien entendue. Mais cette fois, une partie d’elle tenait compte des conseils de son père. Elle avançait prudemment, essayait de le faire sagement, se contrôlant, essayant de contrôler ses sentiments. Mais il lui était impossible d’y renoncer complètement.
    Les derniers jours furent réellement difficiles, lorsque son père était en colère c’était intenable. Il ne criait jamais non, mais c’était pire encore. Il était d’une froideur sans nom, glacial, et si distant. Elle qui aimait tant sa proximité avec son paternel détestait se retrouver ainsi repoussé et si loin de lui. Les tensions commençaient à s’apaiser quelques peu, chacun avaient reconnu leur tort. Mais elle savait que la trêve ne serait que de courte durée tant qu’ils resteraient en désaccord sur le sujet. Ainsi cette réunion familiale tombait juste à point ! Elle allait pouvoir passer du temps avec son père, éloignés de la capitale, de leurs charges respective, et surtout loin des problèmes.

    C’était le grand jour, et sans attendre l’accord de son père elle prépara leurs affaires à tous les deux pour le voyage. Il allait sans doute raler, habituellement le maniaque du contrôle c’était lui. Mais elle était si excitée à l’idée de passer le voyage à bavarder dans le plus grand des calmes avec son père – ce qui était en soit quelques peu exceptionnel – et surtout dans peu de temps elle rencontrerait enfin une partie de sa famille qu’elle ignorait. Elle espérait que ses cousins soient présents. Bien sur elle savait que Sebbe serait là, elle adorait le Marquizon, bon… bien moins quand il bavait dans ses cheveux et quand il hurlait en pleine cérémonie d’hommages sur ses genoux, mais elle l’adorait quand même. Mais elle espérait surtout voir les deux autres enfants d’Adeline. Ces cousins avec qui elle n’avait jamais encore eut contact.

    " Pèèèèreee ?? Vous êtes prêt ? Nous partons !!!"

    Avant même qu’il ne puisse protester la mini Courcy se trouvait déjà devant le carrosse qui les conduiraient, leurs bagages à ses pieds. Mon dieu… il allait râler !

    "Ciel ce que vous êtes long !! Est-ce la vieillesse qui vous rend si mou ?"

    Avec un sourire malicieux, elle se glissa sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur sa joue. Oui tant de légèreté entre eux était rare, mais c’était rafraichissant !

_________________
Aimeryc.
Cette lettre, celle que sa sœur lui avait envoyé quelques jours avant, il l’avait lu et relu à plusieurs reprises sans savoir ce qu’il devait faire à son sujet. Il avait longtemps hésité à la balancer dans le foyer le plus proche et à oublier celle-ci puisqu’il fallait dire que les relations avec sa jumelle n’étaient pas au beau fixe mais il savait que sa fille ne manquerait pas de râler à ce sujet. Surtout que connaissant Adeline elle aurait invité le fameux danois. Elle qui voulait des rires et des cris joyeux allaient probablement récolter l’inverse mais pourtant il finit par se décider à se rendre à cette réunion puisqu’ainsi on ne pourrait rien lui reprocher et il aurait – peut-être – la chance de régler cette situation houleuse. Au final il aurait aussi la chance de rencontrer sa nièce et le fantomatique beau-frère qui semblait rendre heureuse sa jumelle malgré sa présence très… absente. Dans tous les cas, même s’il avait décidé de ne pas y aller, Mary ne lui laissait pas le choix car elle semblait avoir préparé des quantités inimaginables de valise pour un simple séjour de quelques jours.

Dépité de par l’attitude de sa fille qui faisait toujours le contraire de ce qu’il voulait, il savait pourtant au fond de lui qu’il ne serait pas le même sans elle et que peu importe ce qu’elle ferait, il l’aimerait toujours. Ce même s’il gueulerait jusqu’à la fin de ses jours à cause d’elle. En entendant le cri de sa fille résonner dans la demeure qu’il partageait avec elle et l’Ozta quand elle était en ville et quand celle-ci daignait se joindre à eux au lieu de sa chambre d’auberge, il secoua la tête et redressa sa carcasse pour aller voir ce que la jeune Courcy voulait. C’est quand il entendit le fameux « nous partons » qu’il comprit. Grognant comme à son habitude de voir sa fille n’obéir à rien, il ne dit pourtant rien en s’approchant de la porte puisqu’à quelque part au fond de lui il était fier de voir que sa fille devenait autonome même si c’était trop vite à son goût. En la voyant détaler vers l’extérieur il suivit le chemin jusqu’à tomber sur les quantités de valise susmentionnées devant le carrosse et la phrase le frappa de plein fouet.


    « - Non mais ! Je ne suis pas vieux ! Je ne suis juste pas autant dans l’urgence que toi surtout en sachant qui sera présent. D’ailleurs tu devras bien te tenir à cette réunion. Je n’ai pas envie d’entendre râler encore plus que d’ordinaire à cause de ce fichu danois. »


Pourtant malgré le coup porté à son égo il rendit le baiser sur la joue de sa fille avant de s’éloigner pour embarquer dans ce voyage vers La Haye. La fameuse baronnie qu’Aimeryc réclamait silencieusement à sa sœur. Celle-là même qui aurait dû lui revenir à lui en tant qu’héritier mâle de la famille. Était-ce pour le narguer qu’Adeline faisait la rencontre là ? Il ne le savait pas et ne comptait pas lui demander. Quelques heures furent nécessaires pour le voyage mais rapidement ils furent arrivés à destination. Alors qu’il débarquait, il ouvrit la porte pour sa fille qui, comme à son habitude, entra telle une furie dans le domaine pendant que les quelques domestiques débarquait les valises.

    « Adeline ? »

_________________
Deedee
[La Haye du Puits – Début mars 1465]

    Sa lettre était restée en suspens sur sa table de travail, la journée s’était achevée sans qu’elle n’y revienne, entre moment complice avec son fils, organisation des repas avec sa cuisinière, sans parler d’une visite éclair chez son palefrenier dont le fils ainé venait de se briser un poignet. Si bien… qu’une fois le soleil couché, une fois la maisonnée endormie, Adeline se remis enfin à sa table de travail et repris sa plume.

    Citation:


    « Ce 1er jour de mars 1465,

    A vous, Dante Tommaso Ceresa

    …. »


    Pourquoi était-ce toujours aussi dur de lui écrire ? Elle n’avait pourtant rien à craindre en lui écrivant… Et puis ! Elle avait bien le droit de savoir où trouver son fils !

    Pestant contre elle-même, Adeline trempa vigoureusement sa plume dans l’encrier et commença sa rédaction.


    Citation:


    « Messire.

    Une fois n’est pas coutume, c’est moi qui prend la plume pour vous écrire.
    Oh, n’allez pas imaginer une lettre enflammée ou des menaces ou que sais-je encore, je vous connais, et je sais qu’avec vous je n’ai pas besoin de tourner autour du pot trente-six fois. Vous avez été capable de lire sur mon visage, donc je suppose que vous savez également lire entre les lignes…

    J’ai besoin d’un service.
    D’un service de la plus haute importance que vous seul pouvez me rendre.

    Il me faut absolument contacter mon fils et lui demander de rentrer à la maison, ne serait que pour quelques jours… Or, vous seul savez où il se trouve n’est ce pas ? »


    Adeline posa sa plume un instant et respira profondément en s’apercevant qu’elle avait retenu, machinalement sa respiration depuis le début de la missive.
    Décidément… cet homme la perturberait toujours. Et pas forcement à cause de…
    Elle secoua vigoureusement la tête pour chasser quelques images de son esprit et repris sa rédaction, sachant qu’avec lui, ce genre de demande se payera tôt ou tard.


    Citation:


    « Je suis prête à payer le prix qu’il faudra, vous le savez, mais de grâce, j’ai vraiment besoin de revoir mon fils au plus vite.

    Bien à vous

    Adeline »


    Elle posa sa plume un instant, frissonnant. Mais elle ne pouvait plus reculer à présent, et… pour Erwan…
    Dans un soupire elle plia la missive, la cacheta et souffla la bougie.
    Demain, elle la confierait a un coursier pour Paris, là-bas, ce dernier trouverait la boutique de l’Italien et sans aucun doute son sous fifre répondant au nom de « La Fouine »…



[Campement militaire - Rouen – mi-mars 1465 et plus]

    Une pluie fine s’était abattue sur la Normandie depuis le début de la semaine. Ce genre de pluie, ni franche, ni glaciale, qui semblait vous glisser dessus comme des perles de rosée sauf que… les gouttes ne glissaient pas, mais s’infiltraient dans la cotte de maille et parvenaient même à pénétrer le gambison, le rendant aussi lourd qu’un sac de grain, et aussi froid qu’un jour de neige.
    Même le feu crépitant au centre de sa tente ne parvenait pas à le sécher et à la réchauffer…


    -Cap’taine ! Une lett’ pour vous, ça vient d’arriver par l’navire d’ravitaillement.
    -Merci Jean. Va voir le cuisinier et demande lui de te donner une flasque de Calva, ça te réchauffera.

    Elle adressa un sourire au jeune soldat et rentra bien vite dans sa tête pour lire la missive au calme… et au chaud surtout.
    Elle n’avait pas eu besoin de l’ouvrir pour deviner qui lui écrivait. Elle avait reconnu l’écriture, légèrement penché, douce, mais autoritaire. L’écriture… de sa tante.


    -Oh ma tante… Puissiez vous dire vrai… Murmura-t-elle au fur et à mesure de sa lecture.

    Changer le passé… Combien de fois avait-elle imaginé ce qu’aurait été sa vie si son père l’avait confié à sa tante au lieu… De vouloir la faire disparaitre. Que serait-elle devenue aujourd’hui ?
    Elle secoua la tete légèrement troublée et continua sa lecture.

    Sa tante était en route, elle serait probablement là dans les prochains jours, mais il lui restait à trouver son cousin.
    Attrapant alors sa plume, la marquise s’empressa de rédiger une missive, qu’elle ferait porter, l’une à l’ambassade de Savoie, l’autre… du coté du Rouergue. Avec un peu de chance…


    Citation:


    « Mon cher cousin,

    Voila des mois que je vous cherche partout. Où donc vous êtes vous encore caché ?
    Ne râlez pas… je vous taquine.
    J’espère surtout que mon messager vous aura bel et bien trouvé. Je lui ai ordonné de ne pas rentrer tant qu’il n’aurait pas délivré son message en main propre.

    Cela fait longtemps que vous êtes parti, et je m’inquiète un peu de n’avoir pas de vos nouvelles. J’ai même écrit a votre mère dans l’espoir, peut être… que vous soyez à Ribe.
    J’espère donc que cette missive vous trouvera en bonne santé… J’espère aussi que vous accepterez ce qui va suivre.

    Comme je vous l’ai écrit, cela fait longtemps que vous êtes parti, longtemps aussi (voir jamais) que la famille Courcy n’a pas été réuni.
    J’ai donc organisé une réunion à la Haye du puits, histoire de nous retrouver. Mon frère et sa fille seront présents. Briana également. Et votre mère aussi… J’aimerais donc vraiment que vous soyez des notre également.

    J’aurais voulu également profité de cette occasion pour vous parler de certaine chose plus personnel qui nous regarde vous et moi.
    J’ai besoin de vous mon cousin.

    Viendrez-vous ?

    Mon messager est a votre disposition pour organiser votre voyage jusqu’en Normandie. Nous vous attendons.

    Bien à vous

    Adeline. »


    L’encre sèche, la missive écrite en double, Adeline les plia soigneusement et fit venir deux messagers de Vire qu’elle envoya l’un en Savoie, l’autre dans le sud, en leur ordonnant fermement de ne pas revenir sans une réponse ou sans le danois…


[La Haye du Puits – 1er avril 1465 – Jour J !]

    Le château était en effervescence depuis le début de la semaine, la Marquise avait demandé a ce que le grand ménage soit fait et… Le grand ménage avait été fait.
    De la cuisine aux combles de la grande tour, du sol au plafond, tout avait été nettoyé, briqué, et astiqué ! Les femmes de chambres avait soigneusement préparé les quelques chambres de l’étage pour y accueillir les invités, et les différents fournisseurs s’était bousculer aux cuisines pour apporter leur plus belle marchandises : Poularde, gibier, poissons, fruits, légumes, la cuisinière avait vu les choses en grand.

    Adeline courrait partout, d’un coin à l’autre du château, ordonnant de poser un vase ici, de remettre des fleurs là, et là bas, quelques fauteuils, elle ne voulait rien laisser au hasard pour…
    Impressionné sa famille ?
    Même pas… elle se serait écoutée elle aurait organisé cette réunion, le plus simplement possible. Mais… Elle craignait surtout les critiques qui fuseraient, son frère ne se gênerait sans doute pas pour revendiquer une fois de plus cet héritage, pointant du doigt la négligence du domaine depuis qu’elle vivait à Vire. Quant à son cousin… Tous les prétextes seraient bons pour lui rappeler ses devoirs.
    Alors…


    -Mais enfin Marie ! Vous êtes folles ou quoi ! Je vous ai déjà dit de ne pas habiller Sebbe tout de suite avec cet ensemble ! Non mais regardez-le !

    Et la marquise de pointer le doigt accusateur vers son adorable poupon tout de blanc vêtu en train de crapahuter à quatre patte ¾ sur une fesse sur les pierres froides de l’entrée.

    -Je vous ai dit et répété, qu’il fallait lui mettre l’ensemble azur d’abord, et le blanc ensuite, quand tout le monde sera là !
    Elle attrapa son fils dans les bras avant qu’il n’explore les escaliers.

    -Aller donc vous rendre utile en cuisine, je vais m’en occuper ! Léger reniflement en direction du derrière du marquizon, suivit bien vite d’une moue de dégout…. Et en plus il a fait... Marmonna-t-elle.

    Et tournant le dos à sa chambrière, Adeline s’empressa de rejoindre, sa chienne sur les talons, le petit salon, heureuse d’échapper l’espace de quelques instants à la pression de tout ce remue ménage… Refermant la porte derrière, Adeline poussa un large soupire avant de laisser à terre son fils qui déjà repartait à l’aventure vers sa Grand Tante. Elle s’approcha d’elle, lui adressa un sourire, et se laissa tomber à terre à ses pieds.


    -Tout va bien ma tante ?

    Une question plus pour elle que pour sa tante, car plus l’heure approchait… plus son cœur tambourinait dans sa poitrine, craignant encore une fois, des éclats de voix, voire… pire !
    Non… ça n’arrivera pas. Sa tante était là. Et puis la présence de Bree et Mary apaiserait peut être aussi les choses.

    En pensant à Bree, elle fronça les sourcils se rendant compte que sa fille n’était pas descendue déjeuner. Peut être appréhendait-elle, elle aussi cette journée.
    Pourtant… Elle aurait pensé la trouver près de sa tante…


    -Avez-vous vu Bree ce matin ? Je suis inquiète, j’espère qu’elle ne va pas rester cloitrer dans sa chambre toute la journée…

    Derrière la porte le brouhaha s’intensifia, et une voix résonna faisant frissonner la marquise.
      Son frère
    .


    -Hum… je crois que nos premiers invités sont arrivés…

    Se levant aussitôt, elle ouvrit la porte et afficha un sourire de circonstance sur son visage.

    -Aimeryc ! Mary ! Soyez les bienvenus.

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Dante.tommaso
Le temps passait, Dante allait et venait dans les royaumes. Entre Paris et le reste du pays, toujours un coin où se rendre, toujours bouger. Bien que ces derniers temps le Vénitien avait surtout envie de se poser et de ne plus se questionner sur le pourquoi, le comment... Et ce fut dans cet état d'esprit que Dante reçut le courrier de la de Courcy. Celle qu'il avait à plusieurs reprises entraînée sur les chemins du vice et de la luxure venait à lui sans qu'il n'ait à faire d'effort. Leur dernière rencontre datait de cet hiver lorsque Dante, de passage en Normandie, avait soufflé l'une des maîtresses au jumeau de la nobliotte. Est-ce que cela avait amusé Dante, même pas. A cette époque déjà, il était blasé de si facilement faire tomber les femmes dans ses filets et Vivia avait l'âme aventureuse. Le moins drôle dans cette histoire avait été de supporter la nièce d'Adeline. La jeune fille était trop impressionnable et il avait pris un malin plaisir à lui faire croire qu'il allait la vendre dans un bordel. L'aurait-il fait réellement ? Certainement pas. Il ne touchait pas les enfants et encore moins ceux de la famille de la Normande. Mais Dante restait Dante, provocateur même au pire des situations. Sa peau se souvenait encore des tortures des geôliers en Orient lorsqu'ils les provoquaient afin qu'ils lui donnent la mort…

Donc ce jour-là, Dante était en possession d'un pli qui le faisait sourire. Il avait pris le temps de la réflexion, faisant mijoter la de Courcy avant de prendre la plume et de faire réponse. De plus, elle lui offrait une compensation qu'il serait seul à choisir. Décidément, Adeline se jetait dans la gueule du loup avec une facilité déconcertante. Appréciait-elle donc autant ses caresses, était-elle donc en manque de ses baisers ou bien simplement cherchait-elle à se glisser dans sa couche afin de recevoir la chaleur qui lui manquait ? Parce que oui, Dante en était persuadé, cette femme n'était pas aimée avec soin. Pour un peu, il en aurait fait sa maîtresse attitrée mais qui disait maîtresse disait obéissance et Adeline n'était pas du genre à lui apporter la sérénité dont à laquelle il aspirait. Et tout à sa réflexion, le vélin fut préparé et la plume trempée dans l'encrier.


Citation:


Chère Vicomtesse, duchesse et tout le tralala,

Si l'on m'avait dit un jour que je recevrais un petit mot doux de ta part, j'aurais ouvert les paris !!!
Bon d'accord, les mots ne sont pas forcément les mieux choisis pour me déclarer ta flamme mais sache que je n'oublie jamais. Et je saurais te réclamer ce qui me revient de droit et attends-toi à ne pas être forcément heureuse de ce que je désirerais !

En attendant, en ce qui concerne ton fils, il a été récemment victime d'un petit accident sur l'un des navires de la compagnie et mon second a préféré le débarquer à Avranches afin qu'il y reçoive les soins adéquats. C'est là que tu le trouveras. Et ne commence pas à hurler et à ameuter tout ton foutu château, Erwan n'est pas mort. C'est le métier de marin qui rentre c'est tout ! Si tu avais été plus présente lorsqu'il était plus jeune, il ne se serait pas barré sur les chemins à chercher à t'échapper. N'oublie pas que ce petit m'a confié quelques petits secrets, des sentiments qui, si je t'en faisais part, te rabattrait un peu le caquet qui te sert de bouche ! Donc maintenant, à toi de te rendre à Avranches et d'aller le récupérer. Soi dit en passant, Erwan pourra reprendre la mer quand il le voudra. Ma porte lui est toujours ouverte. C'est un bon gars et il le sait, je lui ai assez dis pour qu'il sache que je ne lui mens pas.

En attendant que l'on puisse se revoir et qu'éventuellement, tu reviennes dans mes bras une nouvelle fois, dis-toi que je n'oublie pas la petite Adeline de Courcy, toute noble qu'elle est.

Ah et sache que les frais de ton fils sont à ma charge. Il a risqué sa vie pour mes affaires, c'est normal que je ne déduise pas ces frais de son salaire !

A très bientôt donc



Le pli fut scellé puis Dante le remit à un coursier, direction la Normandie avec un petit sourire au bord des lèvres.
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Osfrid_
    Briana, c'était la seule chose que le danois avait retenu dans le courrier insipide de sa cousine. Certes, elle s'inquiétait, certes elle voulait lui parler et après ? Il était bien assez grand pour se prendre en charge et peu sociable pour tenir une discussion avec quiconque qui oserait l'approcher.

    Les mois qui avaient suivi l'attaque de Ribe par les barbares du nord, Osfrid avait fais de son mieux afin de ne pas paraître plus amoindri qu'il ne l'était réellement. Et lorsque sa blonde de mère l'avait envoyé chez Adeline afin de s'y refaire une santé, l'arrivée de son frère jumeau avait fais battre en retranchement le danois. Il n'était pas assez d'aplomb pour affronter les deux normands, surtout pas dans son état. Après le mariage d'Aimeryc, Osfrid avait disparu de la circulation, se terrant dans le sud pour s'y faire oublier.

    Oublier, voilà ce à quoi il aspirait.
    Oublier la douleur qui le rongeait de l'intérieur, oublier le fait de ne plus être capable de se tenir bien droit sans avoir recours à une canne, oublier qu'aux yeux des autres, il n'était plus le guerrier d'autrefois, prêt à prendre les armes pour défendre sa terre, oublier que sa vie n'était qu'un champ de ruines et de misères.

    Mais le courrier de la normande était venu le titiller. Plusieurs jours déjà qu'on était venu lui donner en mains propres histoire qu'il ne puisse pas faire comme si on ne l'avait pas trouvé. Donc des jours à regarder ce vélin et à tergiverser. Même s'il voulait y aller, comment aurait-il pu se montrer ainsi, diminué, les yeux hagards, les traits tirés, le poil de barbe bataillant sérieusement avec l'infortune sans oublier la tignasse qui se faisait rebelle à souhait. Comment aurait-il pu se montrer ainsi devant sa petite fleur de Ribe, elle qui l'avait sauvé déjà une première fois elle ne pourrait pas affronter la déchéance dans laquelle il était tombé.

    Rejetant sa patte folle, Osfrid prit appui sur sa canne en maugréant. La mauvaise humeur faisait partie intégrante de son quotidien. Il n'avait plus aucune envie de sourire, plus aucune envie de faire plaisir, plus aucune envie de faire d'effort. Il vivait dans une sorte de déchéance dont il aimait se parer, passant pour un pauvre fou dans les villages qu'il traversait. Ainsi, on lui foutait la paix et le danois n'en demandait pas plus au final. Mais il fallait qu'il réfléchisse, qu'il pèse le pour et le contre, qu'il prenne la meilleure des décisions. Sa famille serait surement choquée de son arrivée ainsi en guenilles, Briana ne voudrait peut être pas lui parler, sa mère serait à tous les coups peinée. Le dilemme prenait racine au point qu'Osfrid prit sa tête entre ses mains en soupirant. Une décision devait être prise mais en attendant, il lui fallait calmer sa douleur avec du lait de pavot. Le sommeil qu'il y gagnerait serait peut-être profitable.




    [Des semaines plus tard]



    Briana, toujours. La petite blondinette était au centre des réflexions du danois, constamment. Il l'avait quitté quelques années plus tôt parce qu'il se devait d'être là pour épauler sa mère qui vivait son veuvage et la survivance du domaine à Ribe. Une femme forte, une guerrier, fille d'Erik le Rouge qui n'admettait aucun signe de faiblesse de la part de siens.

    Osfrid avait fais ce que tout fils de bonne famille se devait de faire. Prendre en main sa famille et organiser la vie sur leur terre ainsi que mener les défenses contre ceux qui voulaient s'emparer de leur bien. Plus au Nord, c'était encore des barbares qui menaient la danse et bien souvent, des raids étaient organisés sur les villes et villages aux défenses allégées. Ribe faisait partie des ces contrées qu'il fallait protéger. Et Briana était passée à la trappe sans même le vouloir. Osfrid avait su que sa cousine avait mis la petite dans un couvent afin qu'elle y reçoive la meilleure éducation qui soit, lui pensait que c'était surtout pour s'en débarrasser comme elle l'avait toujours fais. Et l'avenir lui avait donné raison puisque depuis, Adeline s'était mariée et avait procréé une nouvelle fois.

    La rancœur toujours au coin de la bouche lorsque cela concernait Adeline, Osfrid cherchait un faux prétexte pour ne pas aller à cette réunion de famille. Mais il savait au fond de lui que sa mère ne lui pardonnerait pas. Elle qui espérait toujours qu'un climat de confiance s'installerait dans la famille et que chacun pourrait être là pour les autres, il ne voulait pas être celui qui lui enlèverait ses illusions. Aimeryc y arriverait sans aucun doute très bien d'après les souvenirs que le danois en avait. Le peu qu'ils s'étaient vu, Osfrid avait remarqué cette arrogance dont le brun se prévalait. Tout ce qu'il faudrait serait de titiller un peu sa susceptibilité. Mais pour l'heure, il lui fallait prendre un bain et se raser. Le reste viendrait en temps et en heure.

    Quelques jours plus tard, Osfrid arrivait en Normandie mais ne pouvait se résoudre à entrer sur le domaine de la famille. De loin il observait les allées et venues, planqué qu'il était derrière les murailles à soupirer et à boiter. L'âme prise dans un tumulte qui en disait long sur son état d'esprit et l'envie qu'il avait de revenir ici.

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Erwann_

    Consigne lui avait été donné d’y aller. Autorisation, serait le terme plus juste, pourtant le jeune marin ne l’avait pas ainsi pris et compris ainsi. Ce fut donc d’une assez mauvaise grâce, que ses récents déboires n’avaient pas pour unique cause, que celui se faisant désormais appeler Ettore prit la route et fit chemin jusqu’aux terres Maternelles. Son allure n’était plus celle d’un enfant mais n’était pas encore celle d’un homme. Elle avait encore les contours flou de l’adolescence qui laisse entrevoir sans certitude aucune, les moult évolutions que ces traits et ses membres pouvaient prendre. Grandir, il le pouvait encore probablement un peu mais sa principale poussée avait eu lieu les mois précédent, rendant – pendant cette période – ses mouvements gauches et parfois maladroits. Passage révolu. Et les travaux marins avaient heureusement harmonisé cette silhouette qui aurait pu paraitre dégingandé autrement. Il avait d’ailleurs la carnation coloré des gens de la mer, rendant sa prétendue affiliation italienne plus aisée à faire croire. Ce mensonge, le jeune garçon l’avait naturellement mis en place sous l’influence involontaire de son Capitaine. En colère contre sa mère et en fuite, il avait cherché à se créer une nouvelle histoire, de nouvelles origines. De Courcy était trop Normand. Erwan, trop breton. Il n’en voulait plus et s’en était choisi d’autre sans réaliser qu’il conservait néanmoins ses initiales. Il n’est jamais facile de renier totalement ce que l’on est. Et à présent, il rentrait chez lui. Enfin chez lui … Levant ses pupilles sombres vers l’édifice et son poste de garde, il reconnut sans émotion ses pierres et ses murailles. Les meurtrières sur les côtés et les créneaux en haut. Le bois vieillis du pont et la douve juste en dessous. Et devina, juste derrière les épais murs, la cour, les escaliers puis les logis. Si rien n’avait changé, c’est ainsi qu’il trouverait les choses dans une dizaine de pas. Les souvenirs étaient bel et bien là mais lui donnaient l’impression d’être ceux d’un autre. Etrange sensation qui ne parvient pas à s’expliquer. Mécaniquement, il massa son épaule. Sous l’épaisse chemise et le plastron en cuire, sa peau était encore zébrée des coups reçu quelques jours plus tôt.

    Lentement, son esprit s’évada, faisant fi du temps et de l’espace pour revenir en d’autres lieux et d’autres jours. C’était leur première soirée à terre depuis leur retour. L’expédition avait été plus longue que prévu, plus difficile aussi, la météo n’ayant pas joué en leur faveur. On pouvait même dire qu’elle avait été contre eux, totalement contre eux. Ils le savouraient donc particulièrement ce retour, et Erwan n’était pas en reste. Les premières années de son embarquement, Dante avait toujours exigeait son isolement avec lui ou – en son absence – avec Ardgalh, la nuit. La raison étant à son jeune âge et la hiérarchie qu’immanquablement, il existait au sein même d’un équipage. Au-delà du Capitaine et du commandement direct, le rapport de subordination se faisait plus ou moins naturellement parmi les marins et les plus jeunes n’étaient jamais les plus épargnés. Bien au contraire. Pour lui, ce temps-là était à présent révolu et les années passées en leur compagnie lui avait fait gagner sa place. Celle-ci s’était même officialisée quelques mois auparavant quand, croyant tromper la vigilance de l’italien et du Gaelique alors qu’il n’en était rien, il avait été débarqué par quelques autres jusqu’au tripot voisin au port puis poussé dans les bras d’une fille de joie. L’expérience n’était pas sa plus belle victoire mais lui avait acquis l’affection presque maternelle des filles de l’endroit et quelques exclusivités non-charnelles à passer sous silence. Mais ce soir-là – comme souvent – tout avait dégénéré. Un jeu et une prétendue triche en était la cause. L’un des leurs étant lié à l’histoire, le jeune homme n’avait pas réfléchir plus d’un tiers de seconde avant de se jeter dans la mêlée avec les siens. La rixe n’avait pas durée plus d’une demi-heure mais c’est presque qu’inconscient qu’il avait été ramené à bord. Tenu par un adversaire et frappé par un autre, l’ancien mousse n’était pas joli à voir ensuite bien qu’aucune de ses blessures n’aient eu une réelle gravitée.

    Portant une main à sa lèvre entaillée, il grimaça. L’ensemble avait dégonflé et il ne restait – que ce soit au visage ou au corps – que quelques égratignures et ecchymoses qui s’estompaient bien. Mais certaines nuances, autour de son œil droit et sur la pommette juste en dessous notamment, ne pouvaient pas tromper grand monde. De même que l’état de ses mains et leurs phalanges abimées. Tant pis, c’est donc ainsi qu’il se présenterait devant celle lui ayant donné la vie, presque quatre ans après son départ, la figure marquée et le regard sombre, incapable de masquer son manque d’envie. Il la trouva, au centre de la salle principale. Accompagnée. Elle lui tournait le dos, il la trouva plus petite que dans ses souvenirs et un bref instant, il songea à tourner les talons. Mais, se visualiser devant le Capitaine ou le Lieutenant à avouer son incapacité à tenir son engagement, le fit renoncer à ce projet. Restant alors en retrait, dans l’ouverture même de la grande porte, le Normand s’éclaircit légèrement la voix avant de faire connaitre sa présence.



      « Bonjour mère. »

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Briana.
- Narbonne - mars 1465-


      J’observais le visage de Flo dans l’obscurité. Je ne pouvais pas voir ses traits, mais pouvais amplement les deviner à l’intonation de sa voix. Elle semblait surprise que je doive partir si vite. En même temps je l’étais moi-même surprise.
      C’était bien la première fois que ma mère me faisait appeler auprès d’elle, et inévitablement je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer le pire.


    - Nan… Enfin si je suis bien ici, au contraire même, j’aimerais pouvoir rester. Mais… oui tu as raison La Normandie est plus proche de l’écosse et il y a beaucoup de navire là-bas aussi.
    Mais…


      Je posais mes mains à plat sur mes genoux et laissait tomber mes épaules. D’habitude, je parlais facilement avec Flo, sans crainte, sans chercher mes mots et sans peur d’être jugée ou considérée comme une petite fille gâtée. Elle était plus âgée que moi c’est vrai, mais cela ne l’empêchait pas de m’écouter et me considérer comme son égale et non pas comme une enfant. Après tout, nous avions toutes les deux un passé difficile, une famille compliquée et la même soif de vivre et l’envie d’aventure.
      Sauf que…. Cette aventure-là, moi, je n’en voulais pas !
      Mais comment expliquer mes craintes à l’Ecossaise… Elle qui aurait tant aimé rejoindre les siens aussi…Elle qui avait vécue l'horreur sur les chemins avec ce... marchand ! Elle qui finalement... Ne se plaignait jamais, comparée à moi…

      Sentant sa main prendre la mienne, je me détendis doucement souriant et secouant la tête résignée.


    -De toute façon je n’ai pas le choix, je dois y aller. Mais tu m’accompagne hein !
    Et puis comme ça… si ça tourne mal, et bien nous embarquerons toutes les deux sur un navire pour l’Ecosse !
    Tu imagines que je retrouve la famille de mon père là-bas ?
    Si ça s’trouve on est du même clan !


    Briana ne put s’empêcher de pouffer de rire, c’était toujours ainsi quand la fillette, plus si « fillette » que cela commençait à imaginer et imaginer une vie, une famille, autre que la sienne. Son imagination ne s’arrêtait plus. Tantôt elle était fille d’un laird écossais, tantôt d’un grand guerrier, tantôt encore elle était la petite fille du froid et exigeait de se faire appeler de son nom danois, Bothilde, et tantôt, elle n’était que la petite Briana de Courcy, en mal d’affection…

      Il n’y a pas de mal à rêver un peu n’est ce pas ? Après tout, je n’ai que de vague souvenir de mon père. Juste un nom, une image, une dague que ma mère m’a donné en souvenir de lui, et… rien d’autre. Mais je ne veux pas croire que je n’ai pas une famille quelque part, là-bas, de l’autre côté de la mer.



- La Haye du puits - 1er Avril 1465-


      Nous étions arrivées, quelques jours auparavant, après un long et interminable voyage aussi poussiéreux que chaotique. Heureusement en compagnie de Flo et à force de discuter, papoter et rêvasser, le voyage passa plus rapidement.
      Bizarrement, je me sentais partager de ce retour à la maison. A la fois heureuse de revoir ma mère – mais n’allez surtout pas lui répéter- heureuse de revoir le château, les terres et même retrouver cette chambre que j’avais occupée autrefois avant… le couvent.
      Mais je me sentais aussi triste, en colère, inquiète, et…. Même si j’essayais de ne rien montrer, je me sentais complètement terrifiée…

      Cette idée de réunion familiale semblait trop simple pour être vrai. J’étais sûre ! Et même certaine que cela cachait autre chose derrière.

      Heureusement, ma Tante Sigrùnd était là. Je ne me lassais pas de lui parler et de lui raconter toute ma vie depuis mon départ de Ribe.
      Heureusement, Flo était là, et les écuries comptaient assez de chevaux pour explorer les environs et échapper à l’effervescence du domaine et de ses occupants....

      J’avais décidé d’emmener Floraidh explorer les remparts du côté de l’Est, assez loin du château, mais suffisamment près de la grande route.
      C’était aujourd’hui que tout le monde devait arriver. Enfin tout le monde… Je me demandais quand même qui allait venir.
      Mon oncle et ma cousine que je ne connaissais pas ?
      Moui… mais encore ?
      Mon cousin ?
      Ca m’étonnerait, sinon il serait venu avec ma Tante.
      Mon frère ?
      Savait-il seulement que cette « réunion » devait avoir lieu ?

      Bref… cette balade me permettrais d’échapper à l’interminable attente et je pourrais voir aussi, de loin, l’arrivé des visiteurs.
      En espérant que…


    Chevauchant côte à côte tout en bavardant avec sa jeune amie, Briana ne remarqua pas tout de suite la première voiture qui s’était aventurée sur la Grande Route, ni même la fine silhouette d’un voyageur pénétrant dans la cour principale, par contre, une ombre le long des murailles attira son attention.
    Une ombre, une haute silhouette, massive, imposante, comme celle d’un géant. Une ombre qui lui semblait à la fois étrangère et familière.

    -Flo ? Tu as vu là- bas ?
    C’est moi, ou tu vois bien comme moi ? On dirait…


      Je connaissais cette silhouette, j’en était certaine. Mais sa démarche n’était pas comme dans mes souvenirs. Etait-ce vraiment lui ? Ou le simple fait de mon imagination à trop vouloir qu’il soit présent aujourd’hui ?


    -Mon cousin !

      N’y tenant plus j’arrêtais un instant ma monture et mis pied à terre en confiant les rênes à Flo, puis je m’avançais, d’un petit pas rapide vers l’inconnu.


    -Osfrid ?

      Je n’étais vraiment pas sûre de moi, et à mesure que j’avançais, j’entendais une petite voix me dire de faire demi-tour et de partir en courant, mais je refusais de l’écouter, poussée par la curiosité.


    -Mon cousin ? C’est vous ? c’est vraiment vous ?

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Deedee
    Elle avait rêvé ce moment depuis qu’il était parti.
    Elle avait imaginé cet instant depuis qu’elle avait su où il était.
    Elle s’était joué la scène dans son esprit depuis qu’elle savait qu’il avait débarqué non loin d’ici.
    Elle s’imaginait prête à le revoir.
    Mais…

    Adeline venait d’accueillir son frère et sa nièce, et les conduisait dans la pièce juste à côté où se trouvait déjà leur tante Sigrùnd et son dernier né, Sebbe. Briana n’était pas encore descendue, ou rentrée, elle savait sa fille en proie à de longue promenade sur le domaine avec sa jeune amie.
    Comment s’appelait-elle déjà ?
    Flo… Flora… non, Floraidh, c’était ça.
    Un nom qui lui rappelait les origines de Jason. Ce n’était peut être pas pour rien que sa fille s’entendait si bien avec elle.

    Le château se remplissait doucement, les quelques valets s’empressaient déjà de monter les malles (nombreuses !) vers les chambres qui avaient été préparées pour l’occasion. Bientôt La Haye prendrait vie, et le château d’ordinaire si silencieux résonnerait enfin de cri joyeux.
    Du moins…
    Elle espérait que les cris soient joyeux, à vrai dire la dernière fois que la famille s’était réuni, cela avait failli finir en champs de bataille.
    Mais qui sait ? Depuis le temps, ils avaient tous plus ou moins « vieilli » et normalement gagner en maturité.
    Normalement !

    Et tandis qu’elle s'enquérait de la santé de son frère et sa nièce, une voix résonna dans son dos l’arrêtant net dans sa démarche.
    Cette voix !
    Elle l’aurait reconnu entre mille !
    Elle avait changé.
    Muri.
    Mais l’intonation était pourtant la même.


    -Erwan !

    Elle avait crié malgré elle avant de plaquer sa mains sur sa bouche et de se retourner vivement.

    Erwan…
    Aucun doute, c’était bien lui.
    Il était plus grand que dans ses souvenirs, il devait la dépassait d’une bonne tête maintenant. Il avait les épaules plus larges aussi, le torse semblable à celui des hommes habitué à travailler. Sa peau semblait légèrement plus foncée comme brûlée par le soleil et la mer. Paradoxalement, il avait gardé ses jambes longilignes lui donnant encore cet air dégingandé de l’adolescence.
    Elle contempla son visage, cherchant un instant les traits du petit garçon qu’elle avait laissé 4 ans plus tôt dans ce monastère mas son visage n’avait plus rien de semblable, son front semblait plus large, ses pommettes plus saillantes, il avait une entaille à la lèvre, et quelque reste d’ecchymose en voie de guérisons, mais ses yeux, son regard… n’avait pas changé.
    Il ne ressemblait plus vraiment un enfant, mais pas tout à fait un homme encore.


    -Erwan ! Tu es là !

    Adeline ouvrit les bras et tenta de faire un pas dans sa direction pour l’accueillir et le serrer contre elle, mais ses jambes refusèrent de bouger, une drôle de sensation s’empara d’elle comme un nid d’abeille bourdonnant dans le creux de son ventre. Tout se mit à bouger autour d’elle et ses jambes cédèrent sans qu’elle ne puisse avoir le temps de se rattraper à quoi ou qui que ce soit.
    Et paf, plus d’Adeline !
    Finalement, la journée commençait bien non ?


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Osfrid_
    Ira, n'ira pas… ira, n'ira pas…
    Osfrid était derrière les murailles du domaine et attendait que ça se passe. Un pas en avant, cinq en arrière. Sa canne l'aidait à supporter son poids mais sa conscience elle ne supportait pas grand-chose. Et c'était sans compter les soupirs qui en disaient long sur ce qu'il ressentait à ce moment-là le danois.

    Ira, n'ira pas… ira, n'ira pas…
    pour un peu, il aurait joué à la courte paille afin de se défiler, pour un peu il aurait chanté une comptine d'enfant, fait deux ou trois petits tours et puis s'en serait allé mais c'était sans la main du destin. Les dieux en avaient décidé autrement et Odin dans sa grande mansuétude pour le guerrier qu'il avait été, à moins que cela ne soit Frigg qui connaissait le destin des hommes, lui réservèrent une surprise qui prit forme rapidement dans sa direction.

    Les cavaliers s'approchèrent rapidement aussi Osfrid se prépara déjà à devoir argumenter sur le fait qu'il était sur les terres des Courcy et qu'il fallait qu'il déguerpisse. Bien que son allure de vagabond n'était plus de mise, l'effort avait été fait là-dessus, il savait qu'il aurait peine à convaincre des gardes habitués à jeter les gens plutôt que de les laisser passer. La Haye du puits n'était pas réputé pour être accueillante bien au contraire. Enguerrand, le maitre des lieux et père d'Adeline et Aimeryc ne s'était pas fait que des amis ou alliés durant sa vie et sa fille n'avait pas la réputation d'être si accueillante que ça. Le danois se souvenait encore de son premier retour en cette demeure. Erwan lui avait barré le passage faisant son petit soldat tandis que la cousine voulait le faire enfermer dans les geôles du domaine. Quelle charmante famille il avait là le danois ! Donc il s'attendait à tout sauf à l'accueil des supposés gardes qui en fin de compte s'avérèrent être une blondine en jupons accompagnée d'une inconnue. Et le regard d'Osfrid ne put se détacher de la gamine qu'il avait si souvent tenue dans ses bras lorsque, haute comme trois pommes, elle recherchait l'affection d'un père qui n'existait plus que dans ses rêves.

    Et alors que le danois réalisait que la petite fille d'autrefois avait bien changé, que celle qu'il avait fait voyager au-delà des mers pour l'emmener dans son Danemark, qui lui avait fait connaitre Ribe et ses guerriers, que "Grand-père" l'avait accueilli à bras ouvert, Osfrid comprit que le temps avait filé et que tout avait changé. Et l'envie de fuir le domaine et ses gens le prit aux tripes si bien qu'il dut serrer le pommeau de sa canne si fortement qu'il s'en incrusta la tête d'ours sculpté.

    Reprenant sa respiration comme il le pouvait, cherchant à faire bonne figure, il tenta un sourire désabusé à plaquer sur son sourire désabusé. Il aurait aimé arriver autrement, il aurait souhaité d'autres conditions, il aurait tant désiré ne pas avoir cette patte folle et ne plus ressembler au fringant jeune homme qu'il était autrefois mais la réalité était bien plus dure qu'elle n'y paraissait. Il avait guerroyé et il ne s'en était pas réellement remis. Une ombre parmi les hommes voilà ce qu'il était et il réalisait que Briana n'aurait jamais dû voir ça. L'envie de faire demi-tour, de partir, fuir revint au grand galop et il détourna le regard, cherchant un prétexte à la con pour s'en aller mais il n'y en avait pas. Personne ne l'attendait plus nulle part alors fermant les yeux avant de les poser à nouveau sur sa petite cousine, Osfrid serra la mâchoire avant de lui adresser la parole.


    - Bothilde, ça me fait plaisir de te revoir. Tu n'as pas changé, toujours aussi belle que dans mon souvenir.

    Un sourire plus tard, Osfrid tendait le seul bras qui pouvait accueillir l'enfant devenue demoiselle. Et pour couper court à d'éternelles retrouvailles, le danois lança.

    - Nous ne devrions pas faire attendre ta mère ou sinon elle va encore croire que je te retiens loin d'elle.

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Mary_lisa.
    Comme prédit par son père, la solaire entra en furie dans le château. Il lui était impossible de patienter ou de contrôler sa spontanéité. Si certain membre de la famille venaient à reculons – la majorité semble-t-il - il en était tout le contraire pour elle. Depuis le temps qu’elle attendait ce moment, de découvrir enfin réellement sa famille. C’était lassant d’entendre parler d’un tel et un tel sans jamais pouvoir juxtaposer un visage sur un nom. Pour l’instant sa famille se composait uniquement de son père, d’Adeline et de Sebbe. Le reste n’était que des noms dans un arbre généalogique. Elle ignorait comment Adeline faisait pour rester si longtemps loin de ses enfants. Elle voyait la douleur sur le visage de son père chaque fois que leur séparation bien trop longue était évoquée. Etre séparé de son enfant lui semblait être la douleur la plus intenable qu’il soit. Puis égoïstement, elle en avait assez d’être la seule à subir les surveillances des jumeaux infernaux. Bon… son père était sans doute le plus infernal des deux, mais niveaux surveillance Adeline n’était pas trop mal non plus. Après tout, il y avait deux mini Courcy plus jeune qu’elle, qui eux aussi méritait de connaitre ce supplice !

    Ainsi tout le long du voyage son plan se mit en place. Elle devait prouver à ses deux cousins à quel point il était bon de vivre en famille – ou pas – à quel point la Normandie c’est cool et qu’on ne s’y ennuie jamais – ou pas – et qu’ils ont une cousine de la mort qui tue qui serait ô combien angélique avec eux – là clairement le pas est de rigueur. Elle avait compris que les relations mère enfants n’était pas forcément des plus tendres, et elle espérait bien que cette réunion suffirait à resserrer leurs lien. Il était grand temps que la famille se soude. Après tout… elle avait fini par totalement accepter la présence de son père dans sa vie après dix années de séparation. Adeline ne pouvait pas être plus difficile que Aimeryc, si ?

    Alors qu’elle mettait un pied dans le château sa tante vint les accueillir. Contrairement aux ainés de la jumelle, il semblerait que mary ai eut plus de chance. Elle connaissait uniquement le côté d’Adeline maternelle, attentionnée et présente. Alors quand elle la vit, son visage s’illumina et elle n’eut pas besoin de se faire prier pour l’étreindre un instant dans ses bras.

    « - Comme je suis heureuse !! C’est une idée géniale que de nous réunir ! Espérons que tout le monde se tienne bien… »

    Elle jeta un regard taquin vers son paternel. Si il y’en avait un qui pouvait faire des esclandres c’était bien lui. Ceci dit, elle ne connaissait pas encore le Danois, alors dans son esprit son père ne pouvait être que le plus… turbulent. Mais après tout… ça rendrait la réunion vivante. Car bon si ils passaient la journée à se regarder dans le blanc des yeux cela allait être long, très long. Pour ne pas l’entendre râler elle glissa sa main sur le bras de son père pour qu’ensemble ils emboitent le pas à sa tante à travers le château. Curieuse comme à son habitude elle ne cessait de regarder partout autour d’elle. Elle connaissait bien Vire à force, mais ce lieu lui était inconnu. Alors doucement elle glissa à l’oreille de son père.

    « - Où sommes-nous déjà ? Adeline m’a dit dans ma lettre que ce domaine appartenait à mon oncle. Votre frère ? »

    C’était fou comme son père avait été avare de détails sur sa famille. Il lui semblait même ne jamais l’avoir entendu parler d’un autre frère. Arrivant dans une pièce elle aperçut une femme d’un certain age – non je ne dis même pas qu’elle est vieille ! – qui lui était totalement inconnu, et une nouvelle fois elle s’illumina à la vision du Marquizon.

    « - Bonjour Dame, je suis Mary-Lisa. »

    Elle jeta un regard dans un haussement de sourcil vers son père et sa tante attendant qu’ils fassent les présentations. Elle s’attarda un instant sur son père genre : si j’ai une grand-mère et que tu me la jamais dis, je te tue ! Bon en vérité ce n’était pas totalement ça, mais après tout ce n’en était pas si loin.
    Doucement elle s’accroupie vers le Marquizon pour lui tendre les bras avec ce sourire niais à souhait qui marquait son visage dès qu’elle était en présence du bambin. C’est fou comme les femmes peuvent devenir gaga devant un enfant. Mary surtout. Peut-être un désir de maternité sans doute ? Mon dieu… heureusement que Aimeryc n’entendra jamais cela sinon… bonjour la tour !


    « - Bonjour mon baveux préférée ! Tu sais quoi… aujourd’hui t’a le droit de faire toutes les crises que tu veux, ça mettra un peu d’ambiance. »

    Elle avait survécut à la crise monumentale qu’il lui avait fait en pleine cérémonie d’hommage devant toute la noblesse Normande. Vraiment après ça, elle pouvait supporter tous ses pleurs. Alors qu’elle prenait doucement l’enfant contre elle, une voix masculine attira son attention. Mère… cela ne pouvait être qu’Erwan. Ses yeux dévisagèrent celui qu’elle savait être son cousin mais dont elle ne savait rien. C’était étrange, une partie d’elle semblait le reconnaitre comme si les liens du sang suffisaient, alors qu’il n’en était rien. Il était étrange de ce dire que ce presque homme était le fils d’Adeline. Restant en retrait elle observa les retrouvailles mère-fils sachant que ce moment devait leur être précieux. Mais personnes n’eut le temps de se réjouir. Adeline leur échappa avant même que quiconque ne puisse effectuer le moindre mouvement. Un cris de surprise s’échappa de ses lèvres alors que sa tante s’écroulait sous ses yeux. Instinctivement elle tenta de détourner l’attention du Marquizon pour qu’il échappe à son vision. Mais affolée ses yeux cherchaient la sécurité sur le visage de son père.

    « - Père… faites quelques chose, vite ! »

    Pourquoi fallait-il justement que ça soit celle qui était le Médecin familial qui s’effondre ! Puis bon elle n’avait même pas encore commencé ses cours de Médecine avec sa tante. Vraiment là Adeline tu ne tombes pas à point !


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Erwann_

    Comme accueil, il s’était probablement attendu à tout sauf à ça, le Fugueur. Ayant amorcé le mouvement de se reculer pour échapper à la prévisible étreinte maternelle, il ne put rien pour amortir la chute et resta assommé à l’observer. Lui l’était par la surprise, elle probablement par le choc. De cet état de stupeur, il en sorti quand quelques mots féminin rompirent le silence ayant soudainement prit possession des lieux. Ses iris s’égarèrent sur la concernée et son esprit, pas tout à fait revenu, se dissipèrent sur d’étrange détail. Un chiard dans les bras, un regard sur l’homme plus âgé : le bougre était donc grand-père. Pas de chance. Puis à nouveau, l’attention du fils fut sur la mère. Le délai de déduction n’avait été que de quelques petites secondes, juste assez pour comprendre que la simulation ne faisait pas partie des scénarios possible. Non, la Marquise ne jouait pas la comédie. Alors, ses muscles reprirent enfin vie et sa tête actionna le mode : mise en marche automatique. Inutile de réfléchir pour le moment, ils auraient le temps ensuite d’en déduire toutes les conclusions possible. Pour l’instant, sa mère était à terre, sans mouvement. C’est tout. Alors, tout en s’agenouillant, il retira le vêtement poussiéreux qui lui servait de manteau de voyage. Roulé en boule, il ferait un oreiller de secours comme un autre et si elle trouvait à redire sur la propreté, c’est qu’elle irait mieux.

    Assis sur un talon, il fit délicatement pivoté l’inconsciente d’une main, privant la nuque d’un basculement trop vif de l’autre. Se ne fut qu’une fois sur le dos qu’il lui glissa le paquet textile sous tête, avec précaution. Ses gestes, le jeune Normand n’était pas sans les connaître, ayant une mainte fois l’occasion de les apprendre lors de ses années d’embarquement. Les opportunités de voir des hommes dans les vapes ne manquaient sur un navire ou dans les ports. Bien au-delà des batailles navales qui, parfois, pouvaient faire rage au large, les causes d’évanouissement étaient diverses : De la poulie mal rattachée qui s’échappée soudainement, au coup de vent se prenant dans les voiles et vous envoyant le bôme en plein front. Les cas n’étaient pas quotidiens mais régulier. D’ailleurs, le dernier en date sur le Phénix, c’était lui, lors d’une rixe. L’ironie le fit sourire et qu’importe qu’un observateur extérieur s’offusque de le voir ainsi, amusé par la situation.

    Puis retrouvant un brin de sérieux, il détailla sa mère. Le teint cireux presque blafard, ne présageait rien de bon. Guettant ses flans, l’adolescent se saisit de l’une de ses mains et jaugea les doigts. Froids et souple. Trop même. Revenu sur le visage, il palpa les joues. Guères mieux. Non, décidément, aucune comédie la dedans. Bien malgré lui, une pointe de crainte fit son apparition dans le creux de ses entrailles et le démangea. Sa mère n’allait quand même pas lui faire le coup de disparaître maintenant ! Passant le revers de ses ongles sur les pommettes de la maitresse des lieux, il actionna quelques allers-retours afin de les stimuler.


      « Mère. M’entendez-vous ? » Guettant les signes de reprise, il se tut un instant. « Mère. Allons revenez, reprenez-vous. »

    Le ton était dur et sec mais cachait en réalité cette brève peur qu’il n’appréciait pas de ressentir. Il ne devait pas, la ressentir ! Massant toujours le visage, il releva le sien et commanda à l’assemblée, sans désigner personne en particulier.

      « Amenez de quoi la couvrir, qu’elle se réchauffe. Maintenant ! »

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