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[RP] Faits d’été : amour & douche froide

Evroult
    Ce n’était pas un soir d’été, mais les premières chaleurs avaient nappé les rues de Gien & ses habitations d’une douceur appréciable. On pouvait croire sans peur que les orages étaient passés, & que le soleil désormais ne leur offrirait que des rayons, toujours plus agressifs jusqu’à ce qu’août arrive, au moins. Les capes & les duvets se laissaient oublier, & on osait doucement dénuder les fenêtres de leurs toiles de cuir. L’été s’annonçait, sans doute, plus tôt qu’à l’accoutumée, & il eut fallu être fou pour ne pas en abuser un peu.

    Aussi, Evroult se trouvait fou. D’un onyx pensif, perdu dans les motifs de mauvais goûts peints sur les cuirs tendus, il semble crever d’envie d’ouvrir grand pour qu’au petit matin les tous premiers rayons viennent chatouiller ses orteils. Il aurait bien lâché la penne & la missive inachevée pour quitter les lueurs vacillantes d’une bougie brûlée, & retrouver une Lune belle & courbée, comme femme penchée sur son ouvrage. Au lieu de ça, un grognement étouffé l’arracha à sa contemplation, fit relâcher la plume agrippée à ses doigts, & coula le corps nu sur la couche occupée.

    Elle dormait comme un ange. Du moins, lui qui croyait trop peu, aurait sans doute été capable à cet instant, tant il la dévorait des yeux, de convaincre le plus pieu des curés que les anges dormaient tout comme elle. Là, glace fondait dans des traits apaisés, laissant une bouche entrouverte expirer une imperceptible & régulière brise. Ici, le corps frêle sagement recouvert d’une chainse trop lâche qui révélait encore, & un orbe frondeur, & la fesse soyeuse. Il fit un geste, un peu brusque sans doute, & belle au bois dormant recroquevilla son être en portant à son ventre une main hyaline.

    - Ah, ne pût-il s’empêcher de grogner, sourcils fronçant à l’instant même qu’il découvrait un réflexe maternel si violemment refusé. Ils avaient commencé à croire à cette affreuse hypothèse quelques jours auparavant, & l’annonce avait suffi à envoyer valser leurs jolis mots & envies de tendresse pour faire face à une haine, implacable, contre le supposé résultat de leur amour.

    - Allez… ça suffit, là. Lui, s’affirmant comme un homme, avait évidemment accusé Hel d’être responsable de cette abominable affaire, puisqu’après tout c’était les femmes qui portaient, les femmes qui prenaient, les femmes toujours à qui revenait le devoir & le droit de dire oui, de dire non, au fœtus se pointant. Ils avaient été prêts à en faire éclater leur couple, avant qu’il ne finisse par venir lui offrir très généreusement son pardon. Ah ! que ne fallait-il pas faire pour contenter les femmes.

    Il souffla. - Ce n’est pas que je ne t’aime pas… Enfin, si, je ne t’aime pas… Soit tu nais & risque de me l’arracher, soit tu meurs & risque de me l’arracher tout autant. Enfin ! regarde comme elle est frêle !

    Accroupi sur la paillasse, Loupiot semblait, en effet, papoter tranquillement avec la possible graine tentant d’étendre ses rameaux au cœur de Camarde. Déjà qu’elle ne supporte pas le moindre rayon du soleil, comment peux-tu croire qu’elle pourrait te supporter, toi ? Ah ! je sais, tu dois être bien fort pour être passé entre les tisanes… mais sois assuré que si tu me la prends, tu ne profiteras pas plus qu’elle du moindre rayon. Je m’en assu… oui, bien sûr que c’est une menace, espèce de gargouillement mal élevé. Il redressa l’échine, bras croisés sur son torse, senestre attelée pendouillant lamentablement, & eut une moue ridicule de jeune parent mécontent. Elle marmonna quelques mots norvégiens dans son sommeil, & il se trouva con. Très, con.

    - Enfin, bref. Tout ce que je dis, c’est que tu ferais mieux de… tu vois ? de ne pas rester, quoi, grogna-t-il en se rallongeant, dos à Camarde qui n’avait pas daigné, un instant, sortir de son sommeil. Et dire que s’il faut, je parle à un ventre vide…

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Evroult
    - Allez doucette, faites-moi plaisir. Elles sont si belles & si… oh, rien que de les voir, si vous saviez ce que ça me fait.
    - J’vous ai dit qu’non. Faites t-y pas ces yeux-là, hein, vous payez pas, vous gardez vos mains dans vos poches. Même si vous avez pas d’poches. C’est-y pas pour les pauvres, ça, hein, c’est qu’y’a d’la qualité là-d’dans, j’vous l’dis !
    - Ooh, vous pouvez bien faire une entorse, une fois… juste une… une petite fois… pour moi… regardez comme je vous supplie, j’en suis fou que vous fassiez l’inaccessible.
    - Et comment que j’vis, moi, hein ?! Faut bien qu’j’y graille & qu’j’y sois en forme, sinon comment j’les entretiens ? ça pousse pas comme ça, des belles poires comme celles-ci, on s’les passe d’générations en générations moi, d’puis des générations j’vous dis !
    - Allez ma douce, allez ma tendre, juste une fois, pis personne n’en saura rien. Promis, on fait ça discrètement.
    - Y pis mon mari, hein, y va dire quoi ? Ah non hein… non, non, non…


    Elle triturait ses mains, mal à l’aise & le rouge aux joues, comme si elle craquait déjà sans oser l’avouer. Et lui, Chasseur impitoyable, resserra le collet.

    - Vous ne le regretterez pas, ma belle, je saurais vous en remercier comme on ne vous… comme il ne vous a jamais remercié. Une fois. Une seule. Je n’en puis plus, moi, de les voir si belles, rondes, & pleines de jus, se balader devant mes yeux affamés. Allez…

    Et lui soufflant ça, il glissa ses doigts sur le panier d’osier qu’elle tenait entre ses petits doigts boudinés. Il n’y vit aucune résistance, claqua un baiser humide d’enfant sur la joue replète, & d’un rire léger fila aussi vite s’enfoncer à l’ombre fraîche d’une ruelle annexe avec son lot de poires.

    Il n’en restait plus que deux lorsqu’il arriva à la chambre d’auberge, le menton encore ruisselant du jus de poires trop mûres & les doigts tous collants. Il n’était pas rentré, cette nuit, & sans doute honteux d’être aussi détestable ces derniers temps, il s’était décidé à se faire pardonner.
    L’absence d’un Dédain qu’il jugeait moraliste & d’une Isaure bigote & effrayante – elle l’était véritablement devenue quand elle avait commencé à hanter ses passes – n’y étaient pas pour rien. Il se sentait revivre, & la présence encore de cet indésirable au creux des entrailles norvégiennes ne suffisait presque plus à le mettre de mauvaise humeur. En fait, il en riait presque ; il s’était persuadé que cette chose finirait par partir, de gré, ou de force.

    Et une fois qu’il eut déposé sur la couche de l'endormie ses deux belles poires obtenues sans un rond, Loupiot, pas rassasié pour autant, fila chercher bonheur entre deux poires plus en chair.
    Chez la fille de l’aubergiste, donc.

Événements de Hel : Vous rêvez que Raymond Barre cueille des poires. En vous réveillant, vous trouvez une poire sous votre couche. Étonnant, non ? (+1 fruit)

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Hel_
*

    A la noirceur d'une chambre calfeutrée s'ajoute celle, plus pernicieuse, d'un cœur rompu aux afflictions qui l'affligent. Loin de battre la chamade, voilà qu'il ralenti pour nourrir une haine finalement plus fournie. Naguère insensible, les premiers émois auront eu raison de cette carapace pourtant si bien tissée.

      Il était une fois une jeune femme dont le cœur glacé ne pouvait être touché par les hommes, sans quoi, ceux-ci victimes d'une énième malédiction en restaient parfaitement congelés. Esseulée, elle tâchait de toujours s'occuper, aspirant secrètement à cet amour toujours si joliment décrit. Alors que la Raison allait s'absenter, elle fit ses dernières recommandations aux sept autres traits de caractère :

        « - Faîtes attention au Loup. Si nous lui faisions une place, il finirait par nous dévorer entièrement. Cette canaille sait jouer la comédie, c'est à sa voix rauque et à ses pattes noircies de vices que vous saurez le reconnaître. »
        « - Nous ferons attention, tu peux partir sans crainte. »

      Ainsi, peu de temps après, quelqu'un frappa à la porte en déclamant des joliesses jamais entendues encore. Les sept attributs tant fascinés faillirent ne pas entendre la voix devenue rauque par de laides paroles :

        « - Accepte que je foute partout. » 
        « - Ta voix est rauque. Tu es un Loup ! Pars ! »

      Démasqué, il courut vitement réfléchir à une façon de garder sa voix douce, le temps de pénétrer les lieux. Il revint ensuite et tint à peu près son discours. Mais tout en parlant, il laissa apercevoir en sa diction agréable, une patte rendue noire par sa nature.

        « - Et moi je pense que tu deviens folle ! »
        « - Ta patte est noire. Tu es un Loup ! Pars ! »

      Furieux de s'être bêtement trahi, il fila trouver de quoi rendre blanche sa patte aussi sombre que son attitude et son caractère. Et pour la troisième fois, il se présenta pour mieux déverser le fiel de ses paroles pourtant enrobées de miel. La voix entraînée était devenue douce et la patte ainsi montrée, était blanche.

        « - Je voudrais toute ma vie de ta voix, de tes gestes, de l'acéré de ton esprit & même de tes faiblesses pour les pâtes de fruits. Je voudrais ne les perdre jamais & mourir mille fois pour les protéger. Pour te protéger toi, ta beauté & ton âme... Mon amour, je ne suis... je ne suis pas courtisan avec toi. Tu sais me rendre mes sentiments quand je ne suis fait que de chair & de vice... Tu sais... Tu sais, toi. »
     

    Adoncque, le loup aux pattes blanches et à la voix mielleuse s'est ainsi immiscé. Dévorant sans crainte et avec lenteur les sbires d'un esprit pourtant solide. Dans sa lubricité, il ose et s'approprie une énième partie, apposant une griffe qu'il n'assume pas jusqu'entre ses chairs fébriles. Aujourd'hui, le loup ne charme plus. Repu, il s'éloigne même toujours plus à chaque manœuvre entraperçues. Mais à sa raison revenue, Roide a enfin entre ses mains les armes qui porteront sa vengeance. Et, ce même, s'il faut pour cela qu'elle s'entaille jusqu'à voir disparaître les dernières traces possessives du prédateur en ses chairs. Alors à la noirceur s'ajoute la douleur salvatrice. Pliée pour mieux expier ses fautes, Camarde subit l'acéré d'une sanction qu'elle s'est, elle-même, infligée. Aux heures qui s'égrainent, le flot de ses sentiments comme de son sang se ternit lentement.

    Et finalement, elle s'éloigne, laissant derrière l'huis clôt, les reliquats d'un ventre redevenu vide. Entre sa paume faible, un coin de drap tâché de vermeil se plisse, unique souvenir d'un instant à oublier.

      « Tu es un Loup. Pars. »


Librement inspiré du conte : Le loup et les sept chevreaux.

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Evroult
***
I put a spell on you
Because your mine.*


    Elle était sienne.
    Chaque coup de talon enfoncé sur la crasse épaisse des pavés d’Argentan hurlait qu’elle était sienne. Le pas, violent, résonnait en chacune de ses articulations pour aviver le feu qui animait le charbon de son œil, & dans sa pogne aux jointures blanchies s’étouffait le petit pendentif de noyer, ciselant une pierre d’Elhaz.

    Il était sien.
    C’est ce qu’elle avait voulu dire, en accrochant l’objet à son cou, liant comme une promesse les mots & les envies inscrits sur quelques lettres. Lui si volage, lui si volant, il s’était laissé enchaîné comme si l’amour ne lui avait pas laissé le choix. Il avait concédé, il s’était abaissé, il avait fait comme s’il pouvait aller contre sa nature de prédateur, & ce ventre tendu qui lui dictait sa vie. Lui-même n’aurait su dire s’il y avait cru un peu, mais du moins avait-il joué le jeu jusqu’à s’en tromper lui-même. Il s’en était restreint jusqu’à s’en rendre fou, il s’en était caché jusqu’à s’en oublier, & voilà qu’aujourd’hui on lui reprochait un faux pas qui ne comptait même pas.
    Qu’était-ce, cette affaire, sinon une vague histoire de bain de minuit en compagnie d’une consœur catin qu’il n’avait pas touchée. Qu’il n’avait pas touchée ! & si sa main seulement avait osé cueillir cet orbe blanc sublimé par quelques mèches rousses, en aurait-il été moins condamnable ? lui qui foutait presque à s’en écœurer sans jamais se faire prendre, voilà que quelques litres d’eau sous l’éclat de la lune suffisait à le rendre coupable ? il en cracha de rage.

    Et elle, qui osait ! elle qui d’un œil de glace & d’un menton hautain rechignait à l’accord, refusait le pardon. Mais que voulait-elle donc ! qu’il en pleure & qu’il prie, qu’il s’écrase jusqu’au sol pour ramper à ses pieds pour se faire pardonner une erreur qui n’en était pas une ? elle qui posait sur lui un regard bourré d’un mépris insensé pour ce qu’elle appelait, hystérique qu’elle était, trahison. Ah ! il l’aurait seulement ! & quand à ses lèvres chéries elle laisserait filer des « tu nous as sali », des « je n’ai plus envie », lui irait lui faire ravaler la moindre goutte de haine, jusqu’à la toute dernière syllabe.

    Elle était sienne.
    Il aurait voulu lui hurler tous les noms & les cons qu’il ne s’était pas gêné de posséder encore, quand après quelques jours d’abstinence pour lui faire plaisir il s’était défoulé sur rien de moins qu’une baronne. Il aurait voulu lui montrer combien ses petites crises pour un bain innocent n’avaient que peu de valeur, lui qui, non content d’être déjà courtisan, était un franc coureur.
    Elle était sienne.

    - … & il faudra lui donner en mains propres. Entendu ? C’est important. Très important.
    - Pouvez m’faire confiance, m’sieur Ponthieu.
    - Je ne suis pas un Pon…
    - Ah moi j’sais pas, c’est m’dame Gygy qui m’a dit que…
    - Rhaa !


    Et le sort fut jeté.


I love you anyhow
And I don't care if you don't want me
I'm yours right now.*


*Je t'ai lancé un sort,
Parce que tu es mienne.
**Je t'aime de toute manière,
Et je m'en fous si tu ne veux pas de moi,
Je suis tiens, maintenant.

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