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[RP] Autour de Babel

Archibabel
Le tribun d'alors reclus chez les moines, probablement en pleine méditation transcendantale ou affecté à quelque tâche ménagère ingrate pour prix de son séjour spirituel à défaut d'en rire. Une manière de traiter le tout-venant du Tout-Puissant dans des proportions acceptables par les vide-ordures, tandis que l'eau coulerait de manière harmonieuse dans le nettoyage des latrines. Et défense de copier sur le voisin lors des prières tandis que la métaphysique permet de considérer sous un jour nouveau la transformation en engrais des sels de la communauté des fidèles présents au monastère.

Le tribun d'alors reclus chez les moines, nous disions donc. Archibabel avait vainement tenté de soudoyer le quidam responsable du taudis pour qu'il sous-loue sa place aux futurs arrivants. Une idée sur le thème de "On est complet mais je vous fais de la place contre une pièce ou deux." Las. Peine perdue. Pas moyen d'arrondir les fins de mois. Et notre néo-Brestois de devoir renoncer à une première tentative de vie de rentier pour ne devoir compter que sur ses bras et le produit de son champ de légumes. Légumes dont les capacités régénératives ne le lassaient pas de l'étonner. Il n'y avait proprement qu'à se baisser pour les ramasser. Vingt-deux heures de travail tout de même, la pause est syndicale, donc merci de préciser si vous êtes membre d'une corporation dans votre lettre de motivation pour le poste.

Mais il avait aussi un logis. Si! si! Quatre pans de mur, un sol avec des fondations, un toit permettant de se protéger du manque de soleil de la Bretagne et des fenêtres avec vue sur la rue des Chevaliers, vue vers le port et son canon, vue sur la chaumière de Seb29, son sympathique et avenant voisin coiffé d'un casque et armé jusqu'aux dents. Et vue sur la cabane au fond du jardin, j'y vais quand j'ai... envie de méditer! Or, logis dont l'exiguïté pourtant réelle se trouvait être bien grand en rapport du faible patrimoine mobilier de notre Archi, réduit pour l'heure à suivre la voie de Diogène dans le dénuement. De là à se balader avec sa chandelle durant la journée? Non, quand même pas... Quoique... Pour allumer la mèche du canon du port? L'idée était à creuser. Et la philosophie adjacente aurait été du coup assez plaisante si le penseur à son origine n'avait pas été un ennemi farouche d'un Bienheureux de l'Église Aristotélicienne. Platon prenait ses amours avec de l'eau fraîche et des glaçons pour en calmer les feux brulants. Mais il en allait pas de même avec ses détracteurs, souvent incultes. Même avec toute la sagesse qui l'habitait et lui enseignait de ne pas mettre le chahut devant les beaufs.

Or, pour le désormais Tribun de Brest, n'y voyait pas hommage à son talent mais il se trouve que la maire était sa future marraine. Or donc, l'évènement le plus important en ligne de mire restait son Baptême à venir. Et sa chandelle lui servait donc plus à vaincre les Ténèbres en éclairant sa lecture du Livre des Vertus. Pendant que son unique paire de braies, sa garde-robe étant aussi extravagante que son mobilier, son unique paire de braies, autre cadeau de sa future marraine décidément très attentionnée, y'a des pistonnés, j'vous jure, séchait devant l'âtre et sa petite flambée. Elle serait propre ce dimanche mais une légère interrogation persistait sur la portée du mot "baptême" en ce monde. Aurait-il droit à un seau d'eau sur la tête? Et dans ce cas, quel intérêt de faire sécher son linge avant d'aller à l'office? S'épargner la gêne des "floc!floc!" en marchant devant l'assistance réunie pour l'occasion? Dont quelques uns seraient là sur son invitation.

Il avait mis pieds au sec il y a quinze jours. Mais se sentait déjà membre de ce taxon brestois et le Sacrement à venir serait pour lui comme un genre de fête d'accueil. Une célébration de l'Amitié et de ses nouvelles amitiés.

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Archibabel
Un jour peut-être un troubadour entonnerait d'un air joyeux, qu'il appellerait "l'énigme". Celle-ci n'en n'en serait pas une si ce n'est que de découvrir que notre joyeux compagnon, ayant simplement laissé là son oeuvre de prose faute de rimes convenant à sa musique pour conter une histoire, avait empilé des phrases sans logique les unes derrière les autres.

Ainsi, Archibabel, pas moins troubadour et ne s'offusquant pas d'appartenir à la confrérie rassemblant pêle-mêle Richard Coeur de Lion au plus simple et plus vil des goupils, se retrouvait en son logis.

Des sandales troués, un Livre des Vertus, de la viande à profusion, un exemplaire du Grand Coutumier, un boc, des réserves de chandelle, du papier, de la plume, du chouchen, tiens?, de l'encre pour faire boire le parchemin à l'aide de l'encre, un lexique de Breton à l'usage du débutant, merci dame Perles!, des écus par ci, des écus par là, un poisson encore frais, des courriers reçus, des brouillons, des copies de courriers envoyés, ses braies, cadeau de Tuatha rappelez-vous, encore une fois sorties du lavage posées près du couchage, une corde, cela sert toujours, du beurre salé, barbare de Bretons!, des plantes, des légumes, du lait, un traité sur l'art du combat, une assiette et des couverts, relief du dernier repas dessus, des hagiographies des Saints et des passages du Droit Canon, le vademecum du brigand, où comment voler aux faibles pour devenir riche!, un balai déplumé, le Petit guide du maréchal-douanier de Bretagne, en espérant mettre brigands à son tableau de chasse, la carte et l'encyclopédie offerte par Liz, de la pâté en réserve pour Azazel, le chat du bureau du tribun, un pot de bière plutôt tiède, une liste de vêtements à acheter, des frusques à laver, des frusques propres, un croquis du canon du port de Brest, dessiné dans une moment de solitude, et tiens? d'autres écus... Chef-maréchal, ça paye, resservons-nous donc un verre de chouchen!

Donc chez Babel, ce n'est pas le bordel. Non, du tout.

Mais... Euh, on va éviter d'inviter pour l'heure jolie dimizell. A fortiori dame, surtout gente, car notre Brestois fait quand même sacrément vilain sur le coup, même pour 1463.

Et de cette année, on démarrait le deuxième mois, un peu plus de trois semaines après l'arrivée d'Archibabel à Brest. Si sa situation personnelle évoluait convenablement, le calme autour de lui l'avait surpris ce jour. Les Bretons ont la bougeotte, grâce en soi rendu au Très Haut pour lui avoir permis de rencontrer ainsi une de ses deux marraines, Liz. Mais beaucoup qu'il côtoyait habituellement avait pris le large, au propre comme au figuré. Il avait certes à faire de son côté et pas forcément de temps pour une présence sans faille. Mais flûte tout de même!

Mais... Où en était-il à cet instant? Quelle occupation le prenait?... Ah oui! ... Son Altesse, qui se défendait de n'en être qu'une que par son mariage et forte soulte d'écus, Ça se paye au poids? Ou y'a d'autres critères qui montent la note? Si le contrat est public, l'apprenti juriste se montrera intéressé. Son Altesse, n'y voyait rien en rapport avec la chair mais elle s'était montrée fort généreuse quant à satisfaire ses appétits, en viande, bien évidemment, on vous avez dit de ne point mal penser... Tss. Son Altesse, croisant les doigts de trouver homme de mains à son service, pas baladeuses, les mains, sous peine d'être mis à l'index, je vous surprends encore en train de mal juger l'affaire... Tss! Et de lettres aussi, gardez cela à l'esprit. Car si le charisme vient avec le légume, on fait aussi miracle avec la plume. Pour la montagne de tâches attendant la Bretagne. En parlant de montagne, restez attaché à la terre, point de mascarade au loin dans les ambassades. Son Altesse, en privé, n'aimant pas trop qu'on s'incline, mais s'attendant à ce qu'on fasse ce qu'elle demandait sans broncher. La grenouille n'aime pas que cela cafouille. Donc, son Altesse lui avait demandé... en gros de persévérer.

Hardi donc! Persévérez, jeune Archibabel. A la lueur de votre chandelle, sans jouer à la tarentelle. En attendant de repartir pour une nouvelle ronde, sous la lune blonde. Lisez, apprenez, progressez. Et allez gagner des écus, vous ferez moins peigne-cul.

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Archibabel
"C'est aujourd'hui dimaaanche, tiens mon joli Archiii, voici des rosées blaaanches, toi qui les aime taaant." Et c'est vrai que le sol breton n'était pas moins humide que son air, son ciel, sa mer d'Iroise, la truffe de ses chiens, tout quoi! Aussi peu sec que les gosiers copieusement abreuvés au chouchen, et les saint-jacques au vin blanc, ne les oublions pas.

Mais en vérité, ce n'était la rosée elle-même que notre bonhomme, que des vents contraires à son opinion avaient fait échouer ici un peu plus d'un mois auparavant, que notre néo-Brestois appréciait. Lui n'y voyait que le signe que l'heure était encore bien matinale, celle où il était de bon aloi de se précipiter pour le labeur. Et ce labeur, c'est une mine d'or, peu importe le sens que vous deviniez. De vrai! La plaisante mine! Où la peine se payait à l'heure, à y revenir plus d'une fois dans la journée! Et si possible en commençant tôt le matin... Histoire de bien garnir sa bourse. Et ce jour, il ferait l'impasse sur l'office dominicale. Point de remord. La veille il était allé se recueillir en priant le saint du jour, Orrus Ferrus, le saint patron des mineurs. "Orrus Ferrus, saint patron qui êtes sur le Soleil avec Aristote et toute la bande, coucou à papa-maman si vous les croisez dans les parages, bisou tonton-tata également, quoique j'ai un doute sur la présence de ces deux pingres, et caresse à mon chien disparu qui a vécu une vie de moine, je vous le certifie, il était castré, doit'être surement là aussi... Mais faîtes surtout que le contremaitre ait toujours de la monnaie sur lui pour me régler mes quatre deniers contractuels en sus de mes deux écus, amen!"

Mais pour lucrative qu'elle puisse être, l'activité n'était pas sans danger. Dans les entrailles de la terre, vite fait de choper une entaille. Les estropiements étaient monnaie courante, notamment le fameux "terre-lisse elbow" où comment exploser son bras en glissant sur un sol... humide? On est en Bretagne ou on ne l'est pas. Il était donc prudent de chercher à varier les plaisirs.

Oui... Mais quoi? Et bien pourquoi pas la pêche? Quoi de plus authentique passe-temps pour un Breton que de se mettre en quête de poisson. Certains allaient même fort loin pour en trouver! Ou pour mettre de la distance avec madame, c'est aussi une bonne raison.

Et voila donc notre bonhomme se présentant face au lac et le regardant façon "que d'eau, que d'eau, et encore on ne voit que le dessus" et dans la continuité "On a pieds où?" Non pas qu'il manquât de courage! Que nenni! A Sparte, il aurait été admis sans peine pour l'apôgê, et serait devenu un combattant légendaire, tout brave et fort qu'il était! Sauf que le basanos, mesdames et messieurs, c'était avec du vin! Et oui! Pas de l'eau! Et non! Et puis c'est tout! Si les Spartiates avaient été pêcheurs, ça se saurait. Et l'issue de la bataille des Thermopyles aurait été tout autre suivant qu'elle se soit déroulée après un lâché de truites ou pas, n'en doutons pas un instant.

Mais ce qui réfrénait le Brestois par dessus, c'était tout simplement l'idée même de prendre un bain, comme cela, dans le froid de l'hiver... Autant l'inviter à une séance de torture! Ça glace le sang et... ça fait les attributs tout petits. D'ici qu'une bique à moitié gâteuse vient à passer par là, y'aurait toujours de la place pour un regain de vigueur si c'était une jolie nymphette, et s'esclaffât de sa nudité après fraîches ablutions. "Et mais dégage, toi! Vieille sorcière!"

N'empêche que... Poisson... Cuisine bretonne... Filets de cabillaud au miel et vinaigre de cidre... Huhuhu... A s'en lécher les babines. Si cette friponne de Boulasse lui avait au moins offert une barque! A naviguer sur l'eau, on était mieux que dedans. Et pas l'ombre d'un matériau sur les bords proprets du lac. Pfff... A croire que les riverains s'en étaient servis pour faire un double combo Jeanne d'Arc/ Jacques de Molay à la dernière templière du quartier. Tsss... Quoique s'il n'avait pas brûlé la dame, il y aurait eu mieux à faire que de ramasser du bois pour espérer gagner sa croute. Des indications sur le trésor des anciens templiers par exemple. Et donc tenter d'amadouer la femme en armure. "Dis, c'est toi qui est censée garder le temple de Salomon? Celui qui coupait les enfants en deux? Tu sais, moi, je peux t'en faire un entier pour toi toute seule si tu veux. Non mais... Attends... Je t'aide à défaire les lacets de ta cotte de maille!" Certes... Mais pour qu'elle tombe ainsi dans ses bras, faudrait plus qu'un simple passage chez le coiffeur pour un coupe de tombeur façon "Je fais ce que je veux! Avec mes cheveux!" Peut-être un tonnelet d'eau-de-vie aussi, voire un tonneau, pour qu'elle baisse sa garde. Oui, plutôt un tonneau, un gros tonneau. Léger soupir et chassât la saynète de sa tête.

Comme dirait le préposé à l'intendance d'un équipage auquel il avait appartenu : "si nous avions un baliste, nous pourrions jeter filet au loin, attaché à une corde, et le ramener en tirant tranquillement depuis la berge". Idée lumineuse! Sauf que... Il n'avait pas de baliste. "Emprunter" le canon du port à sa Grâce de Guérande, alors?. Hum, c'était plus que douteux qu'il acceptât. Peut-être en partageant les bénéfices? Des transactions lui donnaient à penser qu'une de ces filles avait l'air d'avoir besoin de pas mal d'écus pour mener grand train. Oui mais non. Pas de quoi justifier qu'il s'associât en affaires avec son tribun. Peine perdue.

N'ayant donc pas trouvé solution à cet épineux autant qu'aqueux problème, Archibabel fit une moue dépitée.


Bah... C'est du verjus.* Lâcha-t-il pour lui-même. Allons faire au plus simple et que je maitrise.

Et il se décida à reprendre le chemin de la mine. La pêche, ce n'était pas la bonne pioche. Du tout.


* Le renard et les raisins, Ésope
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Archibabel
Hei do! marc'hig,
Pell emañ da barkig ?
- P'emañ pell, p'emañ tost,
Me vo 'r gêr a-raok an noz. *

Et de fredonner en rentrant pour mieux repartir à sa garde. Ce qu'il ya de bien pour un homme avec les chansons pour enfant, c'est que vous pouvez la massacrer. Comme un marmot. Personne ne vous en tiendra rigueur. Surtout pas les femmes pour qui les hommes ne grandissent vraiment jamais totalement. Donc, même si la prononciation de notre tribun lui faisait plus défaut faute d'une longue pratique de la langue bretonne, il massacrait la chanson tout en essayant d'en conserver l'air.

Son petit potager n'était pas si loin et il doutait de s'en éloigner bientôt. Depuis le sommet de la tour Azénor, du nom de celle qui les avait allié, il continuerait de guetter les tonneaux et les adultères. Était-ce cela la Bretagne? Juste de l'alcool et des femmes... Archi sourit. Certainement pas. Mais bon. Il avait entendu parler des menhirs et de lieux "magiques"... Mais à Brest, y'avait pas!

Il s'assit dans son logis pour se faire une pause.

Un peu basque, d'avoir pêché la dorade en Bizkaiko golkoa (golfe de Gascogne). Un peu portugais d'avoir vu la pourpre pousser sur les falaises des Îles Canaries. Un peu Andalou d'avoir aimé les danses envoutantes. Un peu Romain, d'avoir suivi les traces d'une fille aux yeux de braises sur près de mille lieues. Un peu Napolitain d'avoir eu alors affaire à son fiancé couteau en main. Un peu gitan, d'avoir été hébergé ensuite dans une roulotte. Un peu Grec, d'avoir rembarqué sur le premier navire en partance. Un peu Maltais, d'y avoir cuisiné du lapin. Un peu Algérois de l'avoir fait dans la rade du port de la Isla de Sant Pau, refuge des barbaresques à quelques encablures des colonnes d'Hercule.

Un peu tout ça quoi... Mais pas Marseillais! Ah non! ... Et pourtant, c'est son précieux tarot qu'il ressortit. Les cartes savaient bien des choses bien mieux que lui sur bien des sujets. D'aucun dirait qu'il avait l'ardeur et la santé, la finesse et la sagacité, la technique et la capacité pour se sortir de toutes sortes de situation, mais ce serait vraiment le surestimer. En fait, Harmonia, Phoebos et Deimos veillaient sur lui. La vieille gitane l'avait dit. De cela, il était plus sûr. Trois n'avaient jamais été de trop vu le nombre de situations scabreuses où il avait pu se fourrer. Et puis, après tout, les Bretons croyaient bien aux Druides. Lui, il parlait avec ses amis divins via des cartes un peu écornées. Et il trouvait toujours, parfois après avoir longuement, voire très longuement, cogité, ce qu'elles avaient voulu lui dire.

Bizarre, ce soir, les lames parlaient d'amour. Ce qui était douteux pour notre Archi. De confort financier, ça, ça collait. De famille, il n'en avait plus. De rencontre à problème, mais y'avait personne à Brest! D'un mentor, il en avait trois en fait mais elles étaient absentes de la ville ou de ses fréquentations.

Il soupira. Il avait dû lire l'avenir ou le présent caché de quelqu'un d'autre... Qui? ... Peu lui importait... Retour au monde réel. Il rangea les cartes et partit pour sa ronde.

Hum... Demi-tour et se saisit d'une bouteille de chouchen. Il y aurait bien du monde sur le port comme toutes les nuits. Il irait se prendre une cuite en fin de service, tiens! Et peut-être évoquer port bien loin du bout du monde avec un marin perdu comme lui.


*Hue donc ! petit cheval
Loin est ton petit champ.
- Qu'il soit loin, qu'il soit près,
Moi je serai à la maison avant la nuit.
Comptine

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Archibabel
Me zo chomet da goshaat ha n'on ket c'hoazh dimezet
Me zo chomet da goshaat ha n'on ket c'hoazh dimezet
Ha dre-se on gwelet fall gant an dimezelled
Ha dre-se on gwelet fall gant an dimezelled

Ar merc'hed a oa gwechall a glaske labourat
Kannañ gwenn ar rochedoù, ober stamm ha gwriad

Met ar re yaouank zo bremañ a zo o klask bezañ koant
Setu aze 'vit petra on chomet paotr yaouank

Dre ma 'z int bet pell er skol o teskiñ ar galleg
Kaozeal, lenn ha skrivañ evel avokaded

Met da labourat a greden n'o deus ket kalz a c'hoant
Setu aze 'vit petra on chomet paotr yaouank *

Tanana ninaho... tanana nihoho! Tanana ninaho... tanana nihoho!
Tanana ninahé... tanana nihéhé! Tanana ninahé... tanana nihéhé!


Toujours en fredonnant car le chant avait une tendance naturelle à le rendre joyeux, Archibabel rentrait chez lui. Apprendre le breton n'était pas chose aisée, mais pas impossible non plus. Surtout quand on savait depuis sa plus tendre enfance que les hommes et les femmes pouvaient parler de manière différente, que les objets et les actions portaient un nom parfois autre en fonction de la personne qui s'exprimait. Mais la musique, fort heureusement, est universelle et permettait d'entrer en relation avec n'importe quel être humain. Oui. Et les paroles? Toujours une leçon. Première phrase répétée. Puis les deux premières à la suite de l'enseignant. Puis les trois. Puis les quatre. Et ainsi de suite jusqu'à la fin... Et voila, il connaissait la chanson, du moins dans ses grandes lignes et suffisamment pour qui lui ferait grâce de la chanter avec lui.

Et notamment les fréquentations nocturnes de notre chef-maréchal, gentilé peu pressée le soir de quitter les ports où ils s'amarraient devant des godets, personne ne les attendant à la maison. Et ceci n'était pas sans effet sur les thèmes des chants entonnés après quelques pintes de bière. Tribun ayant respectabilité à conserver, notre ami évitait d'ailleurs de chantonner dans les rues quelques autres morceaux, disons, plus... crus? Les marins chantaient en effet tout autant leur indifférence à la mise en ménage que leur plaisir à côtoyer de près, voire de très près, la gente féminine.

Mais voici donc notre homme de retour chez lui. Chaumière toujours aussi branlante mais désormais adossée de chaque côté par un potager. Hum... Le préposé au cadastre lui avait dit qu'il était un hobereau maintenant. Il ne devait pas savoir ce que c'était en vrai. On pouvait bien devenir prince, roi, voire empereur, par quelques faits de gloire ou une réussite légendaire, on ne serait jamais gentilhomme que de naissance. C'était exactement ce que le mot voulait dire, "un homme appartenant à une famille". Donc sauf à se découvrir une lignée fameuse vous ayant précédé... Toujours possible. Après tout, Archibabel n'avait-il pas eu la surprise d'apprendre de leur bouche que les chefs de clan gitan était reconnus comtes? Une façon pour l'Église de les convertir à leur arrivée en Europe en gratifiant les meneurs de cette population de titres dans le "Royaume de Haute-Égypte", entité fumeuse mais au titre ronflant suffisamment évocateur pour faire illusion. Et après tout, ces mêmes chefs se faisaient fort de vanter les mérites de leurs ascendants et de leur "famille" en général. CQFD. Et pas sans rapport avec leur installation en nombre dans les royaumes d'Espagne, où la position de Rome, étant prise très au sérieux, leur assurait quelques avantages et une certaine autonomie.

Mais quoiqu'il en soit, Archibabel n'était pas gitan, a fortiori de la famille d'un chef de clan. Ni même d'aucune famille, qu'elle soit bien sous tout rapport aristotélicien, gagnant à être connue et reconnue de l'Alentejo à la Chaldée. Donc hobereau, non. Mais toujours un peu plus gros paysan, oui.

Des habits, amenés à Brest grâce la dévotion de sa maeronez à son égard. Une épée, elle lui avait dit de ne pas en acheter, de privilégier la viande, mais il ne fallait pas croire qu'Archibabel n'était pas capable de n'en faire qu'à sa tête parfois... souvent. Non, non. Et donc un deuxième champ, un potager, puisque, même si les mûres et autres baies rouges poussaient en masse sur la côte en été, il fallait bien soigner son teint toute l'année.

Tout ceci avait contribué à améliorer sa mise, mais aussi à faire fondre ses économies. Fini les petits tas d'écus. Il allait falloir se remettre au travail une fois qu'il aurait cessé de rêvasser... La viande, c'était pas donné!


*Je suis resté à vieillir et je ne suis pas encore marié
Je suis resté à vieillir et je ne suis pas encore marié
Et du coup je suis mal vu des demoiselles
Et du coup je suis mal vu des demoiselles

Dans le temps les filles n'avaient pas peur de travailler
De laver les chemises, de tricoter et de coudre

Mais les jeunes de maintenant, tout ce qui les intéresse c'est de faire les belles
C'est pour ça que je suis resté vieux garçon

Comme elles ont été longtemps à l'école elles ont appris le français
Elles parlent, lisent et écrivent comme des avocats

Mais travailler, à mon avis, ça ne leur dit trop rien
C'est pour ça que je suis resté vieux garçon
Ar c'hozh paotr yaouank kozh
( Le vieux garçon )

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Archibabel
Saint Gabriel archange,
ange de la Tempérance,
ouvre nos oreilles
...
...
...
Aide-nous à rester éveillés
afin que, lorsqu'Il viendra,
le Seigneur ne nous trouve pas endormis.
Amen.

24 mars. On en était bien au jour de la Saint Gabriel de cette année 1463. L'occasion d'aller prier le dit Saint?, me direz-vous. Sans doute. Ou pas. On pouvait se montrer fort dévot à l'occasion et aussi se laisser porter par les vents de l'acédie en d'autres moments. D'ailleurs, il fallait bien quelques pêchés à confesser pour que les Confiteor clamés les jours de messe servent à autre chose qu'un concours de ténor. Donc...

Gaby, oh Gaby, tu devrais pas m'laisser la nuit
J'peux pas dormir, j'fais qu'des conneries
Gaby, oh Gaby, tu veux qu'j'te chante la mer
Le long, le long, long des golfes
Pas très clairs*

Des conneries, notre zélé chef-maréchal n'en faisait pas de trop, la nuit, occupé qu'il était à arpenter les remparts de Brest. Par contre, chanter la mer? Que d'eau, que d'eau. Non. Les petits bateaux qui vont sur l'eau, oui. Le fonds des océans? Non. Les sirènes. Et les canons aussi, sa chère petite marotte qui le ferait passer pour gaga. Au risque de se faire surprendre en train de zieverer, comme on dit du côté du plat pays. Le mot existe, le narrateur vient de s'en souvenir. Et Archibabel s'en souviendrait tout autant que d'avoir croisé des filles de la Venise du Nord, pas les mâtines de Bruges qui demandent "Schild en vriend" (1) mais les mutines qui réclament "liefde en geld" (2). Le tout avec un presque autochtone liégeois, en quête de boulets bien de chez lui. De là à dire que les filles étaient canons. Hum... 'S'en souvenait plus. Forcément, il ne se préoccupait plus que de ré-embarquer au plus vite. À bord, logé-nourri, parce que, faute d'écus, le logeur brugeois est rabat-joie et on ne la lui faisait pas à l'Anvers. Crever la dalle à terre, ou voguer en mer, la précellence s'imposait pour la seconde solution. Sans sombrer dans le déisme absolu, il était clair que le Très Haut avait inventé les femmes de petite vertu pour que les marins, par tradition multiséculaire, rembarquent prestement, même avec le livre des vertus, même avec la version traduidu, celle d'un prêtre Flamand qui connaissait fort peu le latin. Mais pour complexante que soit l'injonction à quitter les lieux, la perspective de ne pas finir congelé et de mettre cap au sud offrait tout le réconfort. Archibabel voulait voir refleurir les marguerites, ici cela ne devait pas être possible. Et puis revoir au loin sur la Costa Tropical, les Jinetes (3) du roi de Castille, aux chevaux piaffants d'impatience pour la fin de la Reconquista. Sentir le sirocco dans les voiles poussant son navire par le nord, par Cabrera et Carbonara, en des eaux plus calmes, là-bas, vers l'Italie.

Non, pas la peine d'aller prier Gabriel, le Seigneur ne le trouverait pas endormis. Rêveur, peut-être. Mais pas endormi. Affairé à la mine ou dans son bureau de tribun, plus certainement. Toujours un peu soucieux quant à son dernier poste d'ailleurs. Hum... Il avait été nommé le 17 janvier mais n'avait récupéré véritablement son trousseau de clefs que le 26. Comment se comportait la démographie de Brest? Plus 13 ou 11 habitants. Notre Brestois grimaçât : s'ils avaient pu accrocher ne fusse que quelques uns qui ne faisaient que simplement passer dans la ville du bout de monde, la population de Brest aurait déjà dépassé la centaine d'habitants. Encore fallait-il trouver en quoi les intéresser à le faire... C'était ce qu'il appelait "le problème". Mais qui a dit que les charges, quelles qu'elles soient, étaient légères à porter? Personne, assurément!

Bon! L'or n'allait pas s'extraire tout seul! Et à force de piocher, il trouverait peut-être ce qu'il cherchait. Il jetât l'état de la population brestoise sur un tas et fila gagner sa croute, enfin sa viande et son poisson. De quoi payer ses employés aussi. Il paraissait qu'il les payait hautement bien. Perles, la douce Perles, s'en était inquiétée, de voir si généreuse offre et craignant qu'elle ne soit réservée. D'autres femmes n'avaient jamais eu aucun scrupule à lui soutirer jusqu'à son dernier écu. Il sourit en claquant la porte de son bureau.


*Oh Gaby, Alain Bashung

(1) Écu et ami
(2) Amour et argent
(3) Cavaliers, de Zenata, tribu berbère réputée pour les siens

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Archibabel
Le jeune homme avait fini de distribuer ses consignes aux employés de l'urbanisme, se devant de leur expliquer qu'un habitant de la ville souhaitait installer logis à l'écart, comme un tuberculeux. Devant leurs récriminations suite à l'effort de terrassement un peu inutile, il leur avait indiqué que le messire se passionnait pour la pêche, et qu'il y aurait bien quelques crustacés spinuleux qui vengeraient leur surcroit de labeur. La Nature est non-violente mais elle sait se défendre, parfois.

Ceci fait, Archibabel en profita pour passer par chez lui. La frugalité de son petit déjeuner le laissait sur sa faim. Il faudrait prévoir un panier-repas pour tenir la journée au bureau. Du saucisson! Et du vin, pour l'assoiffé. Euh... Du vin, il en avait dans sa tanière de tribun! Mais du jambon et du fromage? Le Très Haut! Il avait la dalle. L'ébauche d'un dérèglement digestif? Pfff... Peu importait. Il allait s'en payer une bonne tranche. Regard en passant sur les jardinières devant sa maisonnée, les sagines faisaient un peu buisson sauvage. Y'avait du laisser-aller. Ce n'était pas tout que d'aller courir les routes de Bretagne, cela occasionnait du boulot au retour. Tel un Cincinnatus tardif, il allait devoir poser la spatha pour se saisir de la fourche. Non pas qu'il hésiterait à se réembringuer avec sa marraine et les Boulets, mais une vision constructiviste lui donnait à voir son logis paré de friches en comparaison de lui-même, ayant posé des bases mais laissant le cours des choses faire sans plus agir.

Mais après tout, pourquoi ne pas abscondre sa chaumière derrière une végétation luxuriante? Pour vivre heureux, vivons caché! Et puis le jardinage, quand on avait l'esprit combatif comme lui, c'était vite gonflant. Cela ne poussait pas assez vite ou alors n'importe comment. Et à y regarder d'un oeil positif, cet étalement de verdure tentait de la couleur de l'espoir sa demeure, non? Toutes les excuses étaient bonnes quand il s'agissait de procrastiner. Et puis, il était venu casser la croute pénard.

Lui n'avait pas de baquet, enfin si, un exigu, mais plutôt une bannette pour son courrier. En se tapant la cloche tranquillou, il parcourut les dernières missives dont l'une lui arracha rire aux éclats. Cela faisait du bien de sourire. Cela avait été depuis toujours son credo personnel. Il l'avait un peu oublié ces derniers jours. Un genre de blues post-Tro? Tss... Fallait remédier à cela. Et de répondre des bêtises bien plus grosses que lui à son correspondant. Rassasié, rasséréné, il repartit sourire aux lèvres. Direction la mine! On reprenait depuis le début! Les fondamentaux et cet horizon lointain qui s'éloignait toujours mais qui donnait l'impression d'être si grisant.

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Archibabel
Un peu trop de vague-à-l'âme... Archibabel détestait la mélancolie qui semblait le gagner. Il avait suffi pour lui coller le bourdon de la simple évocation par Perles d'un petit chien au nom à la consonance par trop italien pour ne pas être un cadeau de son fiancé. Pff... Et le Très Haut que le jeune homme ne s'aimait pas ainsi. Un peu en colère contre lui-même de se prendre la tête. Pas du tout contre la jeune femme qui vivait sa vie, comme il avait essayé de faire comprendre à sa marraine qu'on ne commandait pas aux gens dans leur coeur. Leçon qu'il espérait qu'elle finirait par apprendre d'ailleurs et, ce jour-là, l'amour ne se fera pas long à venir pour elle. En attendant, il essayait bien de la reporter sur quelqu'un d'autre mais n'y arrivait pas. Il savait, par certains biais, que le Carmin se comportait comme un vrai gentilhomme... Aller embêter Ylan? Aucun intérêt...Franchement. En tous les cas, il avait grand besoin de se défouler pour ôter, au moins pour un temps, la Maligorn de ses pensées.

Rentrant chez lui, il avisa son armement. Se battre, voila ce qui lui ferait du bien! Il se para du bouclier et retira l'épée de son fourreau.

Sa chaumière était toujours aussi pauvrement meublée... Cela tombait bien. Si l'envie était là, il n'avait pas besoin de s'exhiber à la vue de ses voisins, qui pourraient être interloqués de ses agissements. Et de l'entendre soliloquer aussi. Il repoussa les quelques meubles pour créer un grand espace libre devant lequel il se présentât.


Me voilà, homme libre, avec bouclier et épée et j’ai longtemps désiré faire assaut avec toi...

Le jeune homme s'inclina devant son adversaire imaginaire. Puis il entama ses gammes, se les remémorant à voix haute et luttant contre le vide.

Mon adversaire veut tourner le bouclier et frapper.
Je ramène son épée entre les deux boucliers et teste sa force.
...


Et de mimer le mouvement.

Le rustre pique avec le bouclier détourné.
Me voila à découvert et sans parade.
J’ai tourné mon bouclier, et me voilà pourtant confondu.
Je relève mon bouclier, je romps de son attaque, afin de déjouer son estoc.
...


Le tout dit en exécutant le mouvement.

Nous sommes dans la même position qu'au départ, seulement chacun a pris la position de l’autre...

Il fit faire un moulinet à son épée, comme pour provoquer son ennemi invisible.

En position couverte je tourne mon bouclier, j’avance et je pique.
J’ai voulu piquer obliquement derrière son bouclier.
Après l’élan mon ennemi repousse du pied mon bouclier, et applique son estoc en plein.
Je pare. Avec la partie forte de l’épée je veux empêcher sa taille et tout estoc.
Il veut briser mon bouclier et engager par derrière, afin de me mettre à nu.
Je suis de nouveau en parade.
...


Séquence effectuée avec énergie.

J'ai remarqué le coup et ne laisse pas l’autre arriver au but.
Je reprends pied dans l’engagement. d’en haut l’épée et le bouclier ensemble, pour essayer de l’attraper d’en haut.
Il s’est dérobé à l’attaque et il m’a dupé.
...


Et le ballet de se poursuivre.

Il veut frapper obliquement en avançant.
Je me suis dérobé à son attaque, il a manqué, je le poursuis.
J’ai paré avec force, je suis resté en place, et j’ai piqué fortement.
...


Un bras rageur sur la dernière pique.

L’autre a ramené son bouclier, voulant me mettre sans défense et repousser mon bouclier; il a raté son coup.
Je pénètre entre le bouclier et l’épée, de façon à le frapper sur la tête.
Il est en franche parade.
...


Le tout en arpentant la pièce unique de sa chaumière.

En cachette je change l’épée dans la gauche et le pique au-dessus du bouclier.
Je veux engager avec le bouclier et l’épée et m’éloigner.
L’autre a bondi en arrière, a empêché mon coup, laisse tomber le bouclier, fait un pas et tente de me frapper au cou.
Je laisse aussi tomber mon bouclier, saisis mon adversaire au coude et le perce de mon épée.
...


Geste brusque et ferme comme si son épée entrait effectivement dans la chair de son ennemi vaincu.

Victoire!

Un sourire en même temps qu'une longue expiration... Le Très Haut que cela faisait du bien! Et il préférait suer ainsi plutôt qu'à la mine!

Allez! On y retournait! Et de se dire deux ans et demi qu'il n'avait pas fait ça... Il faudrait voir face à un adversaire bien réel mais, en tous les cas, ses membres et ses muscles n'avaient rien oublié. Surement encore un peu lent, très certainement même, du fait du manque de pratique mais cela reviendrait.

Et Archibabel de sourire... Car telle est sa nature et il n'y avait que comme cela qu'il se sentait bien.

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Archibabel
La boule de poils avait pris la fuite. Abandonnant sa pâtée derrière lui, le chat du bureau du Tribun avait pris exemple sur Horace, lui-même Tribun pour l'occasion, jetant son bouclier avant de s'enfuir à la bataille de Philippes. "Odi profanum vulgus et arceo"... Avait aussi dit le poète latin. En l'espèce, l'arrivée d'Indri dans le lieu lui avait plutôt dicté de s'écarter, lui. Il avait beau porté le même nom que le Démon de la Luxure, il pouvait tout aussi bien ne plus goûter les histoires de fesses. Surtout depuis qu'il avait été victime d'une tentative d'écrasement de la part de miches guérandaises... Première porte de sortie trouvée et voici donc Azazel à la rue. Où Archibabel récupéra la bestiole pour la ramener chez lui. Tout conflit génère ses déplacements de population, c'est bien connu.

Acte de charité donc de la part du jeune homme envers un animal domestique. Preuve de libéralité aussi, il n'était même pas contrarié de la perte de son bureau. Ni même de celui de Prévôt de Bretagne. il avait annoncé ne plus l'être et était disposé à démissionner pour permettre d'en nommer un nouveau mais cela lui avait été refusé. Être obligé de passer par des solutions de raccros pour poursuivre sa mission, cela ne lui semblait pas la meilleure idée mais, bon, autant s'y atteler. Et comme mieux valait un petit chez-soi qu'un grand chez-les-autres, il avait ouvert une taverne au nom évocateur "Breizhad bepred" (Breton toujours), histoire que le Duché garde au moins un point d'ancrage dans la nouvelle ville franche. Perplexe également à la vue d'une suite nettoyage-réapprovisionnement du marché local, il avait de même changé ses cultures. Deux champs de maïs pouvaient nourrir quatre personnes de statut artisan ou inférieur, toujours bon à avoir en temps de crise.

Et comme sur d'autres décisions, les paramètres appelaient à la patience, jeu qu'il pratiquait de manière régulière avec ses cartes. Le printemps étant fort doux et charmant. Perles également. Le Brestois nourrit le chat qui se rua sur sa gamelle puis fila pique-niquer avec son Doux Canon. Il n'était pas né celui qui lui dicterait sa vie et son centre d'intérêt principal pour le moment était bel et bien ses amours naissants avec la Maligorn. Surtout que si l'épée était prête, la catharsis d'une bonne bataille ne semblait pas pour tout de suite. Donc de là à s'agacer grandement des pertes de temps en parlote infinie... Oui, tout à fait.

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Archibabel
Deux semaines qu'ils étaient mariés. Et si au niveau de leur vie de couple, le changement n'était guère perceptible, Perles et Archibabel demeurant amoureux l'un de l'autre avec une grande assiduité dans la démonstration de leurs sentiments respectifs, quelques signes perceptibles d'évolution étaient à noter. Au bout de la rue des Bourgeois, en surplomb des falaises face à l'Iroise, l'adjoint à l'urbanisme de Brest avait un peu abusé de ses prérogatives, annexant à leurs parcelles le morceau de route séparant leurs chaumières. Et afin que ce soit bien visible, le jeune homme avait construit un toit reliant les deux habitations et couvrant donc l'espace. De fait, s'étant installé chez son épouse, son ancienne demeure servait à présent d'entrepôt et de remise aux deux, sachant que la tisserande avait eu besoin de beaucoup de place pour stocker les pelotes de laine nécessaires à la réalisation d'une commande assez conséquente de la part d'Azkaban et de Liz. D'ailleurs, la jeune femme ne quittait quasiment plus son échoppe, ayant commandes et veillant à approvisionner le marché de Brest en vêtements. De son côté, Archibabel se disait que botaniste n'était pas le métier qui le rendrait riche un jour. Mais en changer se révélerait bien trop coûteux pour l'envisager. Par contre, le retour à la normale dans la ville du bout du monde avait rendu moins opportun de conserver des cultures de maïs. Achevant les dernières récoltes, le jeune homme changeait donc ensuite leur destination pour refaire de ses champs des potagers. il trouverait toujours sur le marché ou auprès de Perles de quoi approvisionner leur taverne. Taverne qui, dans les faits, coûtait plus en taxes qu'elle ne rapportait mais les deux y étaient attachés comme petit coin à eux et à leurs amis.

Ayant remplacé au pied levé sa marraine¹, Archibabel avait donc repris son train-train d'auparavant: mine la journée, ronde la nuit, petit-déjeuner à piocher près de la lice. Si la fortune n'était pas encore là, il avait tout de même déterrer deux fois un écu, mais aussi un fort joli Codex. Si une bonne âme lui achetait, voila qui mettrait du beurre sur la galette! Et l'espoir restait de trouver encore autre chose. Décidément, le karma du Brestois était encore et toujours de piocher avec persévérance, comme souvent depuis janvier. Et l'avantage de cette occupation était qu'elle n'encombrait que fort peu la tête et lui laissait du temps pour s'atteler à ses études aux Écuries Royales ou au Séminaire Inquisitorial. De préparer aussi ses activités d'Aumônier avec un agenda ayant tendance à s'étoffer: une messe, une bénédiction, peut-être une pastorale et un Baptême en suivant. À voir, une vieille déclaration de l'Évêque ayant consacré la Chapelle faisait de la paroisse un lieu d'enseignement des pastorales du Diocèse mais cela pouvait mériter une confirmation de la part de l'Archevêque.

Quelques réflexions en tête donc. Mais aussi une certitude persistante, il était heureux auprès de son épouse qui le comblait de joie chaque jour. Délaissant un peu la pioche, il entreprit d'aller en quête de son amour. Peut-être lui ferait-elle le bonheur de passer en taverne lui déposer un baiser sur ses lèvres? Et question subsidiaire, comment la coquette serait-elle habillée?

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Archibabel
Ailleurs, avec les frères et sœurs de son Ordre, Archibabel s'échangeait des blagues. Il leur avait notamment racontés celle-ci.



Un jeune curé, très angoissé, est incapable de prononcer un seul mot le jour de son premier sermon.

Le lendemain il va voir l’archevêque et lui demande quelques conseils pour être à la hauteur au sermon du dimanche suivant. L’archevêque lui conseille de se verser quelques gouttes de calva dans un grand verre pour se sentir plus détendu.

Le dimanche suivant, le jeune prêtre suit le conseil et réussi à parler sans être paralysé et sans avoir le trac.

De retour à la sacristie, il trouve un lettre laissée par l’archevêque, ainsi rédigée :


Citation:
"Mon Fils,

La prochaine fois, mettez quelques gouttes de calva dans un grand verre d’eau et non quelques gouttes d’eau dans la bouteille de calva.
D’autre part, je tiens à vous faire part des quelques observations suivantes, afin que vous amélioriez encore un peu vos prochains prônes.

1) Il n’est nul besoin de mettre une rondelle de citron sur le bord du calice.
2) Évitez de vous appuyer sur la Sainte Boulasse et surtout évitez de l’embrasser en la serrant étroitement dans vos bras.
3) La ville que Dieu a détruite n'est pas Carcassonne mais Oanylone.
4) Ne parlez pas des logions d'Aristote et Christos comme "des trucs relous que personne ne lit"
5) Aristote impressionne Platon par sa maîtrise du syllogisme, pas par son illogisme.
6) L'essence des choses d'Aristote n'est pas une apologie de l'alcoolisme
7) Les apôtres étaient 12 et non pas 7 et aucun n’était nain.
8) Nous ne parlons pas de Christos et ses apôtres comme de "Cricri et les garçons".
9) Nous ne nous référons pas à Daju comme à "ce mignon de catin".
10) Namaycush n’a rien à voir avec la mort de Christos.
11) Pierre Ponce a dit que le cas de Christos lui donnait des aigreurs d'estomac, pas des flatulences, et il ne lui a jamais donné de coup de boule.
12) L’eau bénite est faite pour bénir et non pour se rafraîchir la nuque.
13) Ne célébrez jamais la messe assis sur les marches de l’autel.
14) Vous ne devez pas parlez du Pape en disant "Le Parrain" et il n'y aucun Luca Brasi à la tête des Saintes Armées
15) Les hosties ne sont pas des gâteaux à apéritif à consommer avec le vin de messe.
16) Les pêcheurs iront en enfer et non "se faire enculer chez les Grecs".
17) L’initiative d’appeler les fidèles à danser était bonne, mais pas faire la chenille dans l’église
18) L’homme assis près de l’autel et que vous avez qualifié de "vieux pédé" et le "travelo en jupe" c’était moi.

Sincèrement l’Archevêque.

PS. Christos n’a pas été liquéfié, mais crucifié. Et boire à sa santé n'a jamais fait partie de la liturgie…"

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Perles_de_ponsardin
Le petit monde autour de Babel, soit celui de Perles car Archibabel était tout pour elle, devait déménager. A peine descendus de la caraque le trio étaient aller dire au revoir à Tuatha. Oui ne pas oublier leur petite étincelle "Estrella". Les au-revoir furent bien trop courts. Perles aurait voulu rester bien plus longtemps auprès de son amie. Hélas ils étaient pressés, des événements venant contrarier le temps de leur passage. Puis vint ensuite le début des hostilités. Des allers et des retours sans discontinuer entre la falaise et le port. Notre maligorn observait tout ça d’un oeil tantôt avisé tantôt perdu dans l’immensité de l’Iroise qui leur faisait face. Si au moins elle savait peindre ! Sans une douce main venant chercher la sienne et ainsi la sortir de ses songes elle serait restée captivée. Elle ne pourrait hélas emmener tout sinon elle aurait kidnappé deux jolies rousses, un grenouille, un chat, un moulin et l'Iroise. Et bien oui après tout autant prendre tout ce qui vous est cher.

Son échoppe avait été vidée de tout il n’y restait plus rien. Puis vint le tour de leur jolie maison de la falaise. Démonté le petit auvent fait des mains de son hidalgo et empaqueté, en faisant bien attention de repérer les bouts.

Que croyez vous ? Qu’elle ne ressentait rien ? Et bien si il y avait là dans le creux de son ventre une petite douleur accompagnée d’un gros pincement au coeur.

Notre Maligorn avait veillé à ne rien oublier même la jolie décoration murale avait été décollée. Ce qui avait sans doute pris le plus de place dans la chariotte ce fût leur baignoire et attention car elle y tenait Perles. Le jardin était rempli de trous car elle n’avait voulu laisser aucune des fleurs offertes par Archibabel. Pincement oui mais heureuse aussi car une nouvelle vie commencerait. Elle avait rit en observant son époux face au chat. Tâche ardue que de vouloir attirer le fameux Azazel dans sa cage. L’animal semblait avoir pris ce petit air bien particulier qu’avaient les matous quand ils vous snobaient car mécontents d’avoir été délaissés. Du style « t’es qui toi ? » « Jte connais pas moi  ! » Mais l’odeur alléchante de la gamelle remplie de ce qu’il préférait avait eu raison de son orgueil. Il était hors de question de partir sans leur félin. Leur fille Estrella battait des mains et voulait à tout prix caresser la jolie petite bête mais ce n’était pas un jouet ! On allait éviter les problèmes de devoir soigner petites griffures, bobo inhérents aux jolies griffes du bel animal, enfin de cette touffe de poils hérissés pas très contente au final.

Une fois leur paquetage terminé ils s’en étaient allés dire au revoir au canon de Brest. Témoin de leur amour naissant ce drôle de personnage s’était vu offrir de nouveau un très beau foulard rouge. Il remplacerait le premier offert qui était devenu terne au fil du temps. L’Iroise encore et encore fût contemplée avant de devoir rejoindre leur bateau. Perles savait qu’ils reviendraient le saluer un jour. Brest serait toujours pour notre maligorn son premier port d’attache. Y vivait son amie la plus chère. Elle lui devait bien des choses au final à cette si jolie ville du bout du monde. Notamment son adorable petit surnom de Maligorn qui lui resterait toute sa vie mais surtout elle y avait rencontré Archibabel son bel amour..

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