Sandino
Dans une ruelle de la capitale Poitevine, une des venelles qui longent le théâtre de la rue Bouffetard, des bohémiens font depuis le milieu de la journée des aller retour entre un vago et une annexe du théâtre.
On le sait les gitans sont déternels voyageurs, toutefois ils ne sont pas les seuls.
Par désir de conquête, pour la découverte, pour échapper à sa condition, pour le commerce, pour trouver une terre daccueil, lhomme a toujours voyagé, et sil est une chose que partagent les voyageurs cest le besoin de rapporter de leurs voyages des bouts de ces terres lointaines. Pour eux-mêmes en souvenir ou pour les montrer et raconter à ceux qui niront jamais là-bas, des histoires dont lobjet rapporté garde souvent la mémoire.
Des souvenirs de voyage les bohémiens en avaient des malles pleines, au point de devoir désormais renoncer à emporter parfois de nouvelles pièces. Enclin à faire de la place dans leur vago qui pesait trop lourd, mais ne disposant pas de logis fixe où entreposer le trop plein, Sandino après avoir demandé à Cali, a pris la décision dexposer le tout dans une salle du théâtre où lon entrepose du matériel pour les décors.
Grâce aux étagères fabriquées par Yoyo, il a investi la salle éclairée par deux fenêtres pour en faire un cabinet de curiosités que tout le monde pourra visiter et aider à remplir, Sandino comptant sur la participation de tous, villageois comme voyageurs de passage pour y déposer comme lui des souvenirs afin que chacun en les regardant puisse imaginer, connaître, apprendre, rêver.
Cette pièce bientôt ouverte à la visite a été baptisé « lImaginarium », sur les quatre murs de haut en bas courent des étagères et des espaces de rangement modulables en fonction de la grosseur des pièces qui vont être exposées à la curiosité des visiteurs. Chaque pan de mur étant dédié à une catégorie définie par avance, à savoir le monde minéral, végétal, animal et le dernier au « miscélanéous » regroupant des objets divers de fabrication humaine.
Pour lheure, le bohémien sest contenté dentreposer en vrac sur des étagères et au sol ce que sa compagne et lui ont jusquà présent rapporté du vago. Des oiseaux empaillés côtoient de faux crânes humains taillés dans le bois ou la corne, des livres, une carapace de tortue et tout un bric à brac qui traîne dans toute la salle et qui aura trouvé sa place une fois le cabinet ouvert à la visite.
Avant de repartir seul à Thouars récupérer des curiosités quils ont entreposé chez Cali, Sandino juché sur un escabeau suspend des bouquets de fleurs sèches sur une poutre du coté végétal de la salle puis laccrochage terminé embrasse sa gitane à qui il laisse le soin de commencer à ranger une partie du stock.