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[RP] Ca commence par un baiser, ça finit par un bébé*

Desiree.



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Citation:




      Cher Aimbaud,

    Je n'avais pas prévu de vous écrire, mais... Oh, ne froncez pas le nez et ne vous moquez pas ! J'en ressens le besoin, voilà.
    Et puis c'est de votre faute de toutes façons.
    C'est vous qui m'avez fait picoler, et c'est vous qui m'avez laissé un souvenir qui me fait rendre tripes et boyaux à longueur de journée.
    Oh, ne vous fâchez donc pas. Je n'enverrais pas ce courrier de toutes façons, et vous ne le lirez probablement jamais. Enfin peut être un jour, si ça tourne mal pour moi à un moment.
    Je demanderais à Artur de vous donner ça. Ou peut être pas. Je ne sais pas.
    Vous m'emmerdez, Aimbaud.
    Il aura fallu vingt ans mais vous avez réussi l'exploit de m'engrosser en une seule fois et je ne vous remercie pas du cadeau. Enfin si. A la base.
    Pardon, cette lettre est totalement décousue, mais vous ne m'en voudrez pas j'en suis sure. D'autant que vous ne la lirez jamais.
    J'ai besoin d'écrire pour remettre de l'ordre dans tout ça, et soyons honnête, au prix du matériel il serait malséant de ne m'adresser à personne. Aussi je m'adresse à vous car, malgré vous, malgré nous, vous êtes dans la même galère que moi.




* Proverbe québécois

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Desiree.



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Citation:




      Un mois.

    Vous souvenez vous, Aimbaud ?
    Probablement, oui.
    Nous avons commis cela, un peu sous l'influence de l'alcool, et sous celle de la solitude, aussi, peut être. En tous cas pour moi.
    Oh, je ne devrais pas vous dire tout ça. Mais baste.
    Il n'y a que quelques semaines que nous nous sommes quittés et je suis malade comme jamais je ne l'ai été dans ma vie. Je n'ai absolument aucun doute sur ce qui m'arrive, mais c'est bien la première fois que je ne puis quitter mon lit. C'est aussi la première fois que j'ai le loisir d'être malade aussi, ceci dit. Quand j'attendais Artur je travaillais dur - et vous en savez quelque chose si je puis me permettre - et Iseult je l'ai cachée le plus longtemps possible.
    Enfin, celui ci est plus qu'inattendu, ceci dit. A mon âge, je ne pensais pas être encore fertile. Encore moins grosse. Encore mois d'un bâtard. Et encore moins de celui d'un ami sur le point de prendre épouse. L'on dirait un mauvais fabliau.
    Qu'avons nous fait, Aimbaud ?
    Fichtre, nous semblons ne pas nous en souvenirs, ni l'un ni l'autre, mais m'est avis que nous l'avons fait, et bien fait.




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Desiree.



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Citation:




      Deux mois.

    Oui, vous avez du faire ça fort bien, mon ami. J'ai fort peu d'enfants, pour une putain, savez vous ? Deux, seulement, et d'un seul père. Du seul homme à m'avoir fait jouir. Vous pouvez donc vous enorgueillir d'être le second. Ou peut être le troisième. Oui, le troisième dans le temps, mais probablement le second en qualité, puisque vous m'avez suffisamment tourné les sens pour que j'en procrée ! A mon âge, Aimbaud !
    Et fichtre, Deos me le fait cher payer, cet écart. Six semaines déjà que je rends chaque repas. Ce n'est pas juste. J'ai faim. Chaque odeur m'allèche et me dégoute. Je ne mange rien. Parfois un peu de pain, et les jours fastes j'arrive à garder une tranche de pain beurré. C'est gai, n'est-ce pas ?
    J'espère que quand vous attendrez un héritier, votre épouse ne vivra pas les mêmes tracas, personne ne mérite ça, encore moins une jolie jeune femme comme elle. Car j'ai réussi à me trainer jusqu'à vos noces, ami, souvenez vous. J'ai même coupé les grelots à un breton mal fagoté qui avait des poulaines infernales. Le rustre en avait une paire de rechange !
    Je me suis éclipsée rapidement, j'aurais été bien en peine de devoir vous expliquer devant la mariée pourquoi je vomissais à la simple évocation d'un repas...
    Vous étiez beau. Vous étiez si beau, cher, et elle si belle ! Je vous souhaite tout le bonheur possible et je prie Deos qu'il ne vous tienne pas rigueur de ce que nous avons fait, qu'il vous offre vite cet héritier mâle que vous méritez !
    Votre fille aussi était resplendissante, enfin, sa tenue. Elle ne semblait pas si ravie que cela, mais les enfants s'habituent à tout, savez vous ?
    Je suis certaine que vous serez tous très vite très heureux.




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Desiree.



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Citation:



    Trois mois.

Je vous hais, Aimbaud !
J'ai faim ! J'ai faim et je vomis tout le temps, j'ai faim et tout me dégoûte ! J'ai faim et rien ne me plait ! J'ai faim, là !
Je suis laide, j'ai des cernes horribles, la peau crayeuse, je suis si pâle qu'on voit mes veines à travers moi, je ressemble à un cadavre ! Je vous déteste ! Vous, et votre fils avec ! Je ressemble à une tige avec une boule sur le milieu, une excroissance disgracieuse ! Je ne ressemble à rien !
Mes amis vont finir par comprendre ce qui m'arrive, et tout ce que je vais inspirer, c'est de la pitié ! Ils me pensent malade, me poussent vers le médecin. La matrone a essayé toutes ses potions avec moi. Elle dit qu'il n'y a plus rien à faire, juste attendre. Peut être que ça passera d'ici une semaine, ou deux. Une semaine ou deux sans manger, réalisez vous ce que cela représente ?
Non, je gage que non, vous devez déjà peiner à imaginer une demie journée de jeûne, vous ! Espèce de gros lard ventripotent ! Je vous hais vous entendez !



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Desiree.



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Citation:



    Quatre mois

Deos, Aimbaud, je crois que j'ai été odieuse la dernière fois que je me suis confiée par écrit.
C'est atroce. Je n'en pense pas un mot, croyez le bien.
Il y a des moments où je vous hais vraiment, vous et l'enfant. Et d'autres où je vous aime. Il a commencé à remuer, je le sens. Oh, ce n'est pas bien violent. Çà chatouille un peu. Cela fait comme des glouglous à l'intérieur. Il barbote gentiment dans ma matrice.
J'ai parfois un vague répit, à présent. Je ne mange pas, mais au moins je ne vomis plus, du moins, pas tous les jours.
Et, bon sang, que j'aimerais que vous soyez là. Je ne cesse de penser à ce que nous jurons avoir tous les deux oublié. Je n'ai rien oublié, j'ai menti. Je revois chaque instant, je revis chaque geste, et mon corps de m'obéit absolument plus. J'en fais même des rêves parfois, et je me réveille en sueur avec un besoin dévorant au creux du ventre. C'est un sensation odieuse, que je n'ai jamais connue. Ce besoin qu'un autre m'assouvisse, qu'on me possède ou qu'on me soumette, qu'on me cambre et qu'on pétrisse mes hanches comme vous l'aviez si bien fait. C'est odieux, je déteste cela. Je déteste que vous ne soyez pas là pour le faire. Oh, je suis une putain, je suis une femme, je sais fort bien les quelques gestes qui soulagent le plus pressant. Mais il manque vos bras pour m'enserrer et votre corps contre le mien, vos jambes qui écrasent les miennes et votre torse pour cambrer mes reins. Que Deos me pardonne, j'ai tellement envie que je songe à vous tout le temps, et d'une manière fort peu amicale. C'est mal. C'est tellement mal. Je préférais presque quand je vomissais tout le temps, au moins à ce moment là je savais que je ne pouvais rien contrôler. Je déteste ce que mon corps me fait vivre. Je crois que je me sens encore plus seule, maintenant, qu'avant que vous ne nichiez cette chose au creux de moi.



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Desiree.



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Citation:




    Cinq mois

Saint Foutre Aimbaud, je vous hais.
Enfin, non. Vous, je vous aime, ami.
Je hais ce que vous avez fait de moi.
Une espèce de bourgeoise gravide, qui vomit encore du soir au matin. Parce que la faste période où je passais parfois une journée sans vomir, quoi que ne mangeant pas, est déjà finie. La matrone dit que je suis bonne pour en souffrir jusqu'à la fin, maintenant. Je suis maigre comme le vieux clou rouillé.
L'enfant a le bon goût de se montrer discret dans ses coups de pieds, mais il est là, il bouge, il me déforme, et il me fait vomir tous mes repas.
Je me rends au monastère de Sainte Illinda. J'y ai une amie très chère (connaissez vous Mère Ellya ?), et je veux fuir l'agitation. Il y a trop de monde à Limoges, trop de bruit à Paris, trop d'odeurs surtout. Cette ville est puante, je la déteste.
Mon fils gère la plupart de mes affaires pour le moment, mais je relis avec lui, il est si mauvais en calcul. Mais pour quelques mois, je peux me contenter d'envoyer mes notes par courrier, et travailler au calme dans une cellule bien chauffée. Je préfère encore subir les volées de cloches à l'heure des prières que m'imposer les odeurs immondes de la capitale.
J'espère pouvoir m'y morfondre ces quatre prochains mois tranquille, et retourner aux affaires dès l'enfant né.



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Desiree.



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Citation:




    Six mois.

Cet enfant me ronge. Votre fils sera surement bien gros, car il mange toute mon énergie.
Je suis si usée que je n'ai pas encore trouvé la force de quitter Limoges, encore moins celle de me réfugier chez les moines.
J'ai à peine celle de m'alimenter.
Mais enfin, cela va mieux.
L'enfant va bien, il est vigoureux. Cela m'ennuierait de vous donner un fils chétif, quand bien même vous ne le rencontreriez jamais. Car vous ne le rencontrerez jamais, savez vous cela, mon ami ? Bien sur que vous le savez, puisque vous ne lirez jamais ces lignes.
C'est égal, cela sera un bel enfant, je le sais. Il aura vos traits, avant que votre joli menton ne s'arrondisse, et les miens, avant qu'un cheval ne vienne marche dessus. Nous étions beaux lorsque nous étions jeunes, mon amis, vous souvenez vous ?
Je me languis de cette époque, parfois. Enfin, de la jeunesse, surtout.
Oh, il fallait que je vous dise, aussi, un jour, peut être, que j'ai beaucoup aimé les circonstances de notre toute première rencontre. Et aussi, je regrette sincèrement d'avoir été si dure avec vous, la Princesse m'avait mise sous pression, et fichu un peu la frousse aussi. Faire de vous un amant parfait en une nuit, sérieusement, elle n'avait pas du rencontrer beaucoup de puceaux dans sa vie celle ci ! Si elle m'avait laissé huit jours avec vous, encore ! Vous auriez eu le temps de prendre de l'assurance ! J'espère au moins que votre nuit de noces ne fut pas trop désastreuse.
Je gage que non puisqu'une fille est née de votre union. J'espère qu'elle va bien, d'ailleurs. Elle n'avait pas l'air de se réjouir beaucoup de voir une jeune femme vous épouser.
J'espère qu'elle ne détestera pas votre fils. Enfin, elle ne le pourra pas puisque vous ne le connaitrez jamais.
Oh, il a bougé. On dirait qu'il aime bien quand je vous écris, c'est amusant. Il bouge dans tous les sens depuis que j'ai pris la plume.
Encore trois mois comme ça, et il sera là. Et je pourrais enfin manger !



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Desiree.



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Citation:



    Sept mois.

Je vais beaucoup mieux, Aimbaud. Je ne mange toujours pas, mais au moins je ne vomis plus ma tisane le matin.
Votre fils m'amuse. Lorsque je prends mon bain, il se plait dans la chaleur, il bouge plus. Cela fait des vaguelettes dans le bain, vous devriez voir ça ! Mon ventre ondule et se déforme, on reconnait ici une tête, là un petit fessier, et parfois lorsqu'il s'agite, il donne des coups de poings ou de pieds.
La matrone me dit que sa tête est vers le bas, et son petit cul dodu bien en haut sur la droite. Je veux bien la croire : je m'essouffle dans les escaliers, et mon dos me lance de vives douleurs jusque dans les orteils de la jambe droite si je reste debout trop longtemps.
C'en est fini de mes longues balades au marché à la recherche du coupon de soie qui me ferait la plus jolie robe. Je me contente de faire venir la couturière chez moi pour ajuster celles qui peuvent l'être.
Mais baste, je me sens mieux. Tellement mieux. Je me moque de marcher beaucoup quand je sens ses petits pieds pousser sur mon côté après que je l'y ai appelé. Car il vient contre ma main, savez vous ?
Cet enfant sera surement très affectueux. Il aime que je lui chante des berceuses et que je frotte son dos à travers mon flanc. Sa préférée, c'est "La Bourguignonne", je gage que vous la connaissez, elle est fort célèbre dans les tavernes du côté de chez vous.
Vous me manquez, ami. Je regrette de devoir vous cacher tout ceci. J'aimerais que vous soyez là. Vous poseriez votre oreille sur ma matrice et vous pourriez parler à votre bébé. Il réagit toujours quand je le fais, je suis sure que d'une manière ou d'une autre, il entend déjà. Et vous pourriez le toucher aussi, quoique je crains que rien que l'idée de vos mains sur moi n'éveillent encore des idées que je peine à contrôler.
Quelle plaie !



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Desiree.



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Citation:




    Huit mois.

Parfois vous me manquez, ami. Surtout quand je reçois vos lettres.
Vous me crevez le cœur quand vous me demandez comment satisfaire une femme vingt ans plus jeune que vous. En rajeunissant mon ami, pardi ! Ou, à défaut de rajeunir, en retrouvant le corps que vous aviez il y a quinze ans. Vous vous essoufflerez moins, vous verrez le bout de votre vît, vous pèserez moins lourd sur elle après l'effort.
Ou, à défaut, servez vous de vos mains, voilà. Il n'y a pas que le vît, dans la vie ! Les mains, c'est bien aussi, et vous me l'avez copieusement prouvé avant de concevoir votre fils ! Je ne vais quand même pas devoir, vingt ans après et frustrée de ne pas pouvoir vous toucher, vous expliquer comment satisfaire une jeune femme sans l'aide de votre virilité, si ?
Foutre Aimbaud, vous me manquez. Quand votre femme vous incommode, souvenez vous que vous avez fait jouir une putain frigide avec des caresses et des baisers avant de défourailler. Vous saurez donc faire cela avec une jeune femme, prenez donc une tisane énergétique pour rester éveillé la moitié de la nuit à la faire gémir de vos mains avant de l'assouvir !
Comment croyez vous que je fais, puisque vous n'êtes pas là, hein ?

L'enfant sera gros, votre fils sera beau, je le sais. Il nous ressemblera, en mieux.
J'aimerais que vous soyez là parfois, pour profiter de cela. Il commence à être à l'étroit, mais il remue encore. Il est descendu, dit la matrone, il se prépare à naître. Je la crois. Je respire bien mieux depuis qu'il a baissé d'un étage. Il remue toujours lorsque je chante. Sa chanson préférée est la Bourguignonne, j'espère que vous la connaissez ! Oh, oui, vous la connaissez surement. Il bouge différemment quand je chantonne celle ci. Il se blottit tout doucement contre moi, il s'apaise. Il lâche ma vessie contre laquelle il s'appuie. je caresse son dos le long de mon ventre pour le bercer. Il m'enchante. Ensuite, nous dormons, lovés ainsi.





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Desiree.



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Citation:





    Neuf mois


Il va naitre, Aimbaud.

Je suis éveillée depuis le milieu de la nuit. L'enfant aussi. Nous nous sommes réveillés en même temps, je le sais. Quand la première vague nous a saisis.
Elle n'était pas forte, pourtant, pas plus forte que celles des jours précédents. Mais elle venait de plus profond. Elle venait de là, tout au creux de moi, pour nous souffler trois mots. Ça a commencé.
J'ai tourné en rond, longtemps. Je suis restée sous mon édredon, mais il a fini par devenir inconfortable de rester couchée. J'ai marché. J'ai attendu qu'il fasse assez jour pour envoyer mes gens me préparer un bain chaud. Je me suis détendue. Je me suis parfumée, un peu. J'ai eu faim. Pour la première fois depuis des semaines, j'ai eu faim.
J'ai mangé un peu. Plusieurs fois, un tout petit peu. Et je n'ai pas vomi, même quand ma matrice a commencé à travailler plus ardemment, après le bain.

Il va naitre, Aimbaud.

Je le sens dans ma chair. Il me vrille les reins. Il me tord les entrailles. Il m'essouffle et il m'essore. J'ai peur et je me sens bien. Je suis faible et forte. J'ai mal et je suis puissante. Je suis liquide et dure comme le roc. Je suis la mort et la vie. Le dernier souffle et le premier cri.

Il va naitre, Aimbaud.

J'ai envoyé chercher la matrone.
Mais j'ai encore du temps. Un peu de temps entre chaque vague pour vous dire ce que je sens.
J'ai peur Aimbaud. Ma fille a failli me tuer, et votre fils sera au moins aussi gros. Que m'a-t-il pris d'aimer des hommes aussi grands ?
Car je vous aime, ami, savez vous ?

Il est temps. Il est temps. Au revoir, Aimbaud. Je vous aime, ami, savez vous ? Souvenez vous que je vous aime.




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Desiree.



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Citation:





    Neuf mois (²)


Je ne suis pas morte, Aimbaud !
Le travail a été remarquablement rapide pour un bébé si gros. La matrone l'a pesé tant il était énorme. Il franchit aisément la barre des 9 livres, ami. Vous avez bien travaillé.
Je suis très affaiblie, car j'ai si peu mangé ces derniers mois que je peine à rester éveillée.
Je ne me lève pas, je suis douillettement dans mon lit, votre fils près de moi. Ce vorace tète avec l'énergie du désespoir. C'est fatigant, mais très plaisant à la fois. Je dors. Je mange un peu. Très peu. L'appétit revient lentement. Mais il reviendra.
Il est beau, Aimbaud, si vous saviez ! Il a dix merveilleux doigts et dix petits orteils dodus. Un joli bidon tout rond. Ses yeux sont gris, mais les bébés ont tous les yeux gris. J'espère qu'il les gardera, ainsi il me ressemblera. Ses cheveux sont les vôtres. Il pleure peu, il dort beaucoup. Comme moi, il récupère de nos neufs mois. J'ai enfin l'impression de sortir de cette affreuse gueule de bois que j'avais lorsque nous nous sommes réveillés, Aimbaud, savez vous ?
Vous saviez, n'est-ce pas ? Vous aussi, vous vous souvenez de tout, ne me mentez pas !
Je n'oublierais pas, ami, même si je ferais toujours comme si.
Mais je ne regretterai pas non plus car le fruit de nos entrailles et si beau et fort. Il sent bon le bébé tout neuf. Il est rose et joufflu. Il est en pleine forme. D'ailleurs, sa petite bouche s'ouvre en un O parfait pour réclamer que j'y glisse mon sein, et il dévore, encore et encore.




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Desiree.



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Citation:





    Dix mois.

Il a déjà un mois, Aimbaud, et je réalise que vous ne savez même pas son nom. Il s'appelle Bédivère. Il ne sera probablement pas chevalier, mais je m'en moque, il en aura les valeurs, comme son frère. Artur, Iseult et Bédivère. Mes enfants sont tous beaux, Aimbaud, mais votre fils est le bébé dont je peux le mieux m'occuper. Je n'ai pas de travail prenant. Je ne vis plus la nuit contre de l'argent. Et je n'ai pas failli mourir en accouchant. Je suis là, pour lui, tout le temps. Je ne quitte presque pas mon lit, sauf lorsque nous prenons notre bain, mais il vient avec moi, il aime téter dans l'eau tiède. Peut être cela lui rappelle-t-il lorsqu'il vivait dans ma matrice ? Nous sommes si détendus, après... que nous retournons nous coucher. Et nous sommes bien, là.
Tellement bien.
C'est tellement facile de s'occuper d'un si petit enfant lorsque nous n'avons rien à faire d'autre que dormir, manger, le faire manger. Je n'ai pas touché un lange sale depuis sa naissance, mes gens s'occupent de tout. Artur et Iseult sont venue rencontrer leur frère, et lui ont offert d'adorables petits vêtements de soie. Cet enfant est vêtu comme un prince, les rares fois où je le vêts.
J'aimerais que vous puissiez le voir. Mais cela ne sera pas.




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Desiree.



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Citation:





    Onze mois.

Votre fils est magnifique, Aimbaud. Il est brun, il a les yeux gris, mes yeux, je crois. Artur a les yeux gris aussi, et il est brun tout pareil. Mais en grandissant, Artur est devenu le portrait de son père. Je gage que Bédivère deviendra le votre.
Je suis toujours très fatiguée, et je reprends peu de poids, voire, j'en perds encore. Alors que je mange. Si vous voyiez ce que je mange ! Presque autant que vous, je pense !
Mais votre fils est vorace et je refuse de laisser une nourrice l'approcher. Il sera nourri de MON sein autant que possible. Tant que ma maigreur n'affecte pas trop mon énergie, le médecin dit que je peux continuer à le nourrir. Car la matrone a fini par m'envoyer un médecin, à mon corps défendant.
Je crois qu'Artur a déjà commencé à recevoir des nourrices potentielles, il se souvient que sa sœur en avait une fort aimable et elle nous a bien servis. Elle s'appelait Aslà, je crois. Elle était languedocienne, Iseult est née en Languedoc, voyez vous. Artur, à Paris. Et Bédivère, à Limoges, chez moi.
Je ne suis pas très loin de Sainte Illinda, et je crois vraiment que je vais y aller, avec mon amie Ellya.
Oh, je l'ai mise sur mon testament, Ellya, savez vous ? Elle aura une part de mon bordel quand je mourrais !
Enfin, vu que je ne suis pas morte en accouchant, je gage que j'ai encore de belles années devant moi pour voir grandir notre fils. Je ne sais pas trop comment je vais pouvoir continuer à vous cacher son existence, d'ailleurs.
Enfin, je suis une putain et vous ne m'avez pas crue lorsque je vous ai conté le nombre d'années d'abstinence que mon corps avait connues. Alors si jamais vous voyez un petit garçon brun m'appeler "Maman", sans doutes ne vous poserez vous pas vraiment de questions.
Il est grassouillet, votre fils, Aimbaud. Tout round, tout potelé, avec d'adorables petites joues roses à croquer, des petits orteils dodus à souhaits, des cuissots si gras qu'on y compte pas moins de cinq bourrelets ! Il respire la santé !
Nous passons encore beaucoup de temps à dormir, tous les deux, mais il commence déjà à remuer, à redresser sa tête pour regarder ce qui l'entoure, et parfois à tendre ses petits doigts, mais je ne crois pas qu'il soit capable d'avoir la réelle volonté de saisir un jouet de chiffon pour le moment. Le téton c'est bien tout ce qui l'intéresse. Du lait, du lait, et encore du lait !




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Aimbaud
Aimbaud de Josselinière a écrit:


    Amie,

    Je suis passé à votre demeure, et vous n'y étiez pas. Vos abeilles travaillent seules, aucune d'entre elles n'a su m'indiquer clairement le lieu où vous trouviez, aussi je confie cette lettre à votre Marceau qui me le demande. Il saura mieux que moi où l'envoyer, ou vous la fera lire à votre retour. Qu'importe.

    Je ne m'attarde pas, je passais pour un godet. Un seul godet. L'on sait ce qui se passe lorsque vous avez la main lourde sur le dos de la bouteille.

    Comment vont vos affaires ? Vous devez crouler sous le travail, vos missives se font rares. C'est la neige, n'est-ce pas ? Ça bonde les bordels. Les rudes hivers, il n'y a dans Paris que ces maisons là de bien chauffées.

    Je ne fais pas long, il me reste de la route jusqu'à Nemours. Aussi le papier n'a pas la saveur de nos discussions de comptoir. Ma femme me cause bien du souci, vous savez. Nous parlerons à votre retour. Tâchez de m'avertir.

    Soyez prudente sur les routes. Dieu vous ait en sa sainte garde.


      Aimbaud de Josselinière


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Dame Jeanne, ma plus fidèle compagne.
Desiree.



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Citation:



    Aimbaud,


Ami, Marceau me fait parvenir votre courrier juste à temps à Limoges, où je réside la plupart du temps. Je ne vais que peu à Paris, savez vous ? Lorsque je m'y rends, c'est pour vous.
Enfin, pour vérifier mes registres, surtout. Mais lorsque cela m'est possible, je me débrouille pour être là en même temps que vous.
Je n'ai jamais la main lourde sur le dos de la bouteille, c'est votre gosier qui se dessèche vite, mon ami. Quant au reste, je ne me souviens de rien.
Je ne serais pas de retour à Paris avant de longs mois. Je suis fatiguée de cette ville. Je suis fatiguée, tout court.
Je quitte Limoges ce soir, je me retire un moment au monastère de Sainte Illinda, auprès de mon amie Mère Ellya.

Contez moi vos soucis. Comment votre jeune épouse peut-elle bien vous torturer ? Rencontrez vous des soucis avec la réalisation d'un héritier ?
Et votre délicieuse aînée, comment se porte-t-elle ? Est-elle toujours au couvent, pour son éducation ? Vous manque-t-elle ?

Écrivez moi, à Sainte Illinda, ami.
Vous me manquez distrairez ainsi d'un hiver qui s'annonce bien morne, loin de la tiédeur des bordiaux parisiens !

Bien à vous,
Désirée





Citation:



    Douze mois

Oh, comme vous êtes cruel avec moi, Aimbaud.
Qu'il me pèse de vous écrire des banalités, quand je voudrais vous conter Bédivère de la tête aux orteils ! Il est tellement goulu ! Il tète tout le temps, il tète bien. Mes seins sont lourds de lait, je crois n'en avoir jamais autant eu. Je pourrais presque me reconvertir comme nourrice, si ma vertu n'étais pas aussi entachée ! Il pousse comme du chiendent, vous verriez ça ! Ses premiers bonnets ne lui vont déjà plus, et je m'en languis tellement. Ils étaient adorables, en soie beige, je les avais brodés moi même. Je les rangerais dans le coffret avec tous ces faux courriers que je ne vous enverrais jamais. Il ne pleure que peu. Quand il a faim, ou sommeil, ou qu'il est mouillé.
Il ouvre sa petite bouche en un O furieux et seuls le sein peut l'apaiser. Ça et sa chanson favorite.
Il dort bien, la nuit. Il ne se réveille que trois ou quatre fois, brièvement. Il se rendort aussitôt mon sein dans sa bouche, et je me rendors contre lui.
La journée, il commence à s'intéresser au monde. Il me regarde, il me sourit même parfois. Il essaie de saisit son hochet de bois. Il échoue souvent, et il hurle de frustration. Mais un tour contre mon giron et le voilà souriant à nouveau.
Vous me manquez, Aimbaud. Je vous hais pour votre absence, je vous hais de devoir vous cacher cela. Je me hais de vivre dans le mensonge, quand vous m'envoyez des courriers qui sous entendent que vous vous souvenez très bien de ce que nous avons fait.
Et nous l'avons si bien fait. Il est si beau, Aimbaud. Votre fils. Il est magnifique.
je ne me lasse pas de le regarder. e le regarde toute la journée. Il vous ressemble. Il vous ressemblera beaucoup. J'espère que vous ne le verrez jamais. J'espère que vous le verrez.




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