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[RP] Vendredi, sur le parvis...

Marwenn


    Les nones venaient tout juste de sonner sur la capitale rennaise lorsque la couturière passa les portes de la chambre qu’elle avait louée dans l’une des auberges les plus réputées de la ville. Fatiguée, harassée même et chargée de divers paquets achetés plutôt dans l’après-midi, la demoiselle se laissa tomber sur le matelas qui trônait au centre de la pièce. Dans un nuage de cheveux roux, son visage s’enfonça dans l’épaisse courtepointe en plume d’oies avec un bonheur non dissimulé. Les lippes carminées de la damoiselle laissèrent s’échapper un soupire de satisfaction. Les souliers de cuir tombèrent au sol dans un bruit mat. Le corsage qui lui enserrait les côtes depuis le matin fut dénoué d’un geste que l’habitude a rendu efficace. Ainsi libérée de ces contraintes vestimentaires, Marwenn resta quelques instants ainsi. Parfaitement immobile, a gouté la quiétude de l’inaction après une journée trop longue.

    Venue à l’origine pour animer la vente aux enchères au profit de l’arsenal, la petite couturière en avait profité pour acheter de quoi garnir son atelier. Velours, satins, taffetas, fourrure. Rien ne lui avait échappé. La fin de ses économies y étaient passées pour la plus grande joie des tisserands de la capitale. Heureusement, les marges confortables qu’elle ferait sur ses ventes compensaient largement ce désagrément. Repoussant une mèche rousse qui lui barrait les yeux, l’irlandaise se redressa pour poser un regard perplexe sur le bordel qu’elle venait de mettre dans sa chambrée. Elle aurait bien pris le temps de ranger un peu, mais elle devait se préparer…

    Car lors de la vente, deux jours plutôt, un évènement imprévu était venu perturber l’animation. Ou plus précisément, Marwenn elle-même. Un homme dont elle n’arrivait pas à percer le mystère avait proposé deux milles écus contre un dîner en sa compagnie. Sa soirée aurait même pu valoir bien plus, si le jeunette avait été plus sûre d’elle car un autre homme se plaignit de n’avoir pu enchérir, faute d’avoir été éveillé au bon moment. Quoi qu’il en soit la naïve jouvencelle découvrait l’intérêt qu’elle pouvait susciter sur la gente masculine et cela la taraudait fortement depuis…

    Décollant prestement sa tête de l’édredon, l’irlandaise une fois sa verticalité retrouvée, entreprit de se préparer pour sa rencontre avec son richissime inconnu. Rien dans ses valises n’avait été prévu pour un tel rendez-vous. Elle ne savait d’ailleurs pas exactement définir le type de rencontre qui l’attendait. Etait-ce une rencontre amicale ? Un rendez-vous galant ? Que cherchait cet homme au final ? Elle n’aurait su le dire. Ne sachant pas non plus le lieu où il comptait l’emmener, le fluette se trouva fort dépourvu au moment du choix de sa robe. Elle prit le plus belle d’entre-elle – d’un bleu nuit intense – se disant que vu les moyens du sire, il ne valait mieux pas avoir l’air d’une pauvresse. Ce n’était pas son genre de toute manière. La fluette, de par son éducation, revêtait toujours une allure soignée et des manières délicates. Mais passons… Ses cheveux roux furent brossés et coiffés avec soin en une longue tresse qui cascadait entre ses omoplates et la demoiselle quitta le reflet de son miroir d’étain poli pour se rendre sur les lieux de la rencontre.

    La rousse remonta l’artère principale en direction de la porte Saint Louis. Dans l’air, flottait l’odeur des popotes et des familles qui se rassemblent. Ce moment de la journée, quand le soleil décline, que les chandelles s'enflamment, la mettait toujours un peu mal à l’aise, elle dont les siens étaient si loin. Le cœur se sert un peu à cette pensée. La demoiselle en quête de réconfort referme sa cape autour de son buste. Le nez s'enfouit dans la fourrure de son col... Plus que quelques mètres et le parvis de Sainte-Mélaine sera là.

    Ou es-tu bel inconnu ?

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Gemma.l
    Inutile de dire que je ne ressens pas de la nervosité. J'en ai jamais eu avec les femmes mais je ne me vante guère plus d'être un expert en dessous féminin. Le dernier que j'ai touché date depuis des lustres et appartenait à une duchesse avec qui j'ai eu un bâtard.

    Depuis, j'ai fait vœux d'abstinence à moi-même. Je suis dans une sorte de purgatoire où je dois réparer mes fautes, toutes mes fautes et je sais et ceci est l'une de mes nombreuses épreuves.

    Hey, On va arrêter de parler de ta vie sexuel trépignante pour nous intéresser à l'histoire non ?

    oui, oui, d'accord. à l'instant, j'étais à l'intérieur en train de prier. Les années avaient passés et j'étais devenu un fervent aristotélicien.

    Oh non ! On ne va quand même pas parler de ta vie religieuse ?

    D'accord. Une autre fois. Tu me saoules à la fin là !

    Je suis tout de même dans cette église en train de prier, c'est devenu mon rituel. Chaque jour, à la même heure, je suis ici. Aujourd'hui, j'ai bouleversé mes plans car je me suis habillé pour les circonstance.

    Je n'ai guère fait d'extravagance. Je porte une veste en cuir noir, des braies noirs, des bottes noirs mais de haute facture, élégant et ma ceinture brodé est de cuir brun avec une boucle en or. Je me suis ceins d'une épée courte sertie d'un émeraude sur le pommeau. Cadeau de la plus grande dame que je n'ai jamais servi. Une grande souveraine.

    Autant dire que je n'aime pas cette épée d'un point de vue pratique, j'ai une préférence pour ma bâtarde qui attend dans son coffre. Celle-ci, je l'ai nommée "précieuse.

    Je me lève, il est temps d'aller à mon rendez-vous. Je n'avais pas encore réussi à déterminer quelle était le but de celui-ci. Le futur très proche allait déterminer celui-ci. Je traverse la nef et me retrouve sur le parvis. Ou es-tu donc ? Machinalement, par habitude, celle des hommes d'arme, je pose ma senestre sur le pommeau de mon épée tout en balayant du regard pour trouver ma jouvencelle. Mon prix d'une soirée.

    J'arrête de penser un instant, je regarde ce qu'il se passe. Je suis dans une ville, la capitale de la Breizh, c'est la fin de journée, les marchands retirent leur articles. les premières lumières s'éclairent, les bourgeois se mélangent aux hurons, je vois un mélange de couleur, je vois la vie, le temps semble s'arrêter quelques instants, je sens la brise caresser mes narines. J'inspire, ça ne sent pas la rose, ça sent carrément le bousin.

    Mon regard se baisse et je vois...un bon crottin de cheval juste devant moi, pas l'idéal comme première image si la Fluette venait à me voir. Je décide de changer de place avant de l’apercevoir. Je me fige quelques instants, je l'observe, elle est en train de me chercher. Elle a ce petit quelque chose, cette prestance, celle des grandes dames, une beauté naturelle qui doit encore s'ignorer et le choix de la robe contrastait parfaitement avec sa chevelure de feu.

    Je n'ai pas la bouche grande ouverte, non, mais elle attisait en moi un désir d'en savoir plus sur elle, sur sa provenance, de qui elle était, de sa vie, de ses rêves. Je me décide à déraciner de ma position et je me présente face à elle avec un léger sourire sur mes lèvres. Je la salue et je lui dis :

    - Bonsoir damoiselle.

    J'évite de trop détailler son visage en faisant un baise main réglementaire. Nous avons toute la soirée pour ça.

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Marwenn


    La voix qui résonna dans son dos la sortie de sa torpeur en un sursaut. Légèrement anesthésiée par le froid, la rouquine contemplait la place qui se vidait peu à peu, s’attendant à voir arriver son acquéreur par l’une des rues adjacentes. Mais il n’en fut rien. C’est du côté de l’église qu’il choisit de faire son entrée. Marwenn s’en voulu de son jugement hâtif, l’homme était peut-être plus pieux qu’elle ne l’avait imaginé.

    Bonsoir messire.

    Elle lui sourit, plantant son regard dans le sien alors qu’il lui baisait la main. De la paume de sa main se dégageait une chaleur rassurante. Elle se fit la remarque cependant que la taille de celle-ci pourrait lui permettre en une gifle de lui arracher la tête. Le Fluette en est encore à se demander à quelle sauce elle va être mangé ce soir. N’était-ce pas finalement elle le repas de la soirée ? Laissant de côté ses quelques égarements, la demoiselle se fendit d’une gracieuse révérence qu’on lui avait fait apprendre dans sa plus tendre enfance. Les genoux se plièrent alors que le dos restait bien droit. Le regard quant à lui se pose au sol. Surtout face à un homme lui répétait en boucle sa perceptrice. Il ne faudrait quand même pas qu’on puisse y déceler un regard aguicheur ou un air de défi !

    Wilh… Puis je connaître votre nom avant que nous allions dîner ?

    C’est légitime, non ? Elle n’avait pas pris la peine de se renseigner sur lui avant de venir. Pourtant après son coup d’éclat à la vente aux enchères, il aurait sans doute suffit de descendre en taverne pour avoir sa biographie complète. 15000 écus pour une duchesse devaient être suffisants pour devenir le sujet principal de conversation de la ville. L’irlandaise le soupçonnait d’ailleurs d’avoir dépensé autant dans ce seul but car il n’avait pas eu l’air intéressé plus que ça par la Dukez Breizh…

    Je suis heureuse de passer cette soirée avec vous, vous savez.

    C’était sincère. Voilà bientôt un mois qu’elle avait débarqué en Bretagne et bien qu’elle adorait le groupe d’amis qui se forgeait peu à peu à Saint Pol. (On était 5 en taverne ce soir quand même!) Voir un nouveau visage et prendre le temps de le découvrir calmement lui mettait du baume au cœur. Elle avait accepté bon gré mal gré le vide qui s’était installé au creux de sa poitrine, mais rompre avec cela durant quelques heures lui faisait du bien.

    Le plus discrètement possible – quand elle pensait qu’il regardait ailleurs – la couturière détaillait d’un œil avisé la tenue de son vis-à-vis. Hormis la ceinture marron qui est à la limite de la faute de gout et l’épée qui l’angoisse un peu, le sire à tout du gentilhomme. C’est rassurant.


    Ou avez-vous prévu de m’emmener ?

    Elle lui sourit de nouveau et posa sa main sur son avant-bras prête à se laisser guider.

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Gemma.l
    Le dilemme qui se pose devant me fait penser que je n'avais pas penser à ce cas de figure. Dois-je débuter notre première rencontre par un mensonge ? Dois-je omettre le plus de détails possible pour éviter ça ? Ou carrément lui mentir ? Devant la réflexion que je me fait dans ma tête, je dois donner une réponses car je suis déjà à la traîne mais je réponds à la révérence parfaitement exécutée d'un simple hochement de la tête.

    - Wilhelm Magnus. Pour vous servir.

    J' espère qu'elle prendrait le Magnus pour un nom et qu'elle n'insisterait plus dessus. Si elle en vaut la peine, ce dont je ne doute pas pour le moment, elle saura. Il connaissait les jeunettes pour leur tendance à pavasser sur leur rendez-vous galant. Je ne lui laisse guère le temps de se poser la question et je demande :

    - Et vous demoiselle ?

    Si elle était descendu dans les tavernes pour une biographie complète, elle aurait été déçue. La seule chose qu'elle aurait apprise c'était qu'il était un ancien contrebandier désormais retraité ou encore qu'il serait un riche commerçant, ou encore qu'il aurait découvert un trésor dans une grotte. Je m'amusais beaucoup à faire de la désinformation tout arrosant de chouchen les tavernes rennaises.

    Je sors de mes pensées pour profiter de la beauté de la rouquine à la voix si douce et agréable. Je lui réponds :

    - C'est un plaisir partager, vous allez voir que vous n'allez guère être déçue de vous être adjuger rapidement.

    Je lui souri, je vais finir par attraper des crampes aux zygomatiques mais ça en vaut la peine tant elle éclaire ma solitude habituel. Elle pose sa main sur mon avant-bras, j'ai du mal à rester sur mes gardes.

    Ou avais-je prévu de l'emmener ? J'avais tenu compte de ses conditions en sélectionnant une auberge réputée de la capitale oú nous aurions eu toute la latitude de pouvoir parler. Je lui réponds :

    - au cabaret ! Comprenez-vous le breton?

    J'ai cité le premier endroit qui me venait à l'esprit, un cabaret, lieu de rencontre de la bourgeoisie et l'ambiance me ferait me sentir à l'aise.

    J'avance lentement vers l'endroit en totale improvisation !

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Marwenn


    Ainsi, il s’appelait Wilhelm Magnus. Ça sonnait bien ! Cependant son nom ne lui évoquait rien, elle ne fit donc aucun commentaire. Il faut avouer que Marwenn n’était pas en Bretagne depuis assez longtemps pour connaitre toutes les familles de ce pays. Sortie des Brocéliandes, des Montfort et des Guérandes, elle était clairement paumée. Alors elle ne se méfia pas et répondit d’un ton léger.

    Marwenn O’Donneill. Je suis irlandaise…

    Et si j’avais su que vous n’étiez pas le seul intéressé, j’aurai laissé traîner la vente, soyez en sûr !
    Vous avez bénéficiez de mon ignorance ! Vil profiteur !
    Je regrette d’ailleurs de n’avoir pu connaitre le prix maximum d’un dîner en ma compagnie.

    Enfin, je n’aurai pu égaler le magot que vous avez laissé pour notre duchesse.


    Elle lève son nez vers lui. L’observe sans se cacher cette fois. Marwenn retiendra cependant la question qui lui brûle les lèvres. Pourquoi avait-il fait cela ? Les 2000 écus pour elle. Les 15000 écus pour Liz ? Son éducation lui interdisait de le questionner ainsi de but en blanc, sur les pierres froides de Saint-Mélaine. Elle attendrait donc que la soirée soit un peu plus avancée, et le dîner lancé, pour laisser parler l’unique crainte qui la taraudait encore.

    Ma’ en était la de ses égarements lorsque l’improbable duo se mit en ordre de marche. A force d’y réfléchir, l’idée de ne pas savoir vraiment ou allait la mener cette rencontre lui plaisait beaucoup. Sans un mot, l’air de rien, la jouvencelle continuait de noter chaque trait de caractère de son royal compagnon. Elle trouva son pas assuré, presque militaire, mais sentait qu’il faisait attention de ne pas la semer, ni de l’essouffler, elle qui faisait une bonne tête de moins que lui. Sur leur route, un pavé déchaussé mis à mal l’équilibre de la demoiselle. Mais pas de mal, sous sa paume, le bras de cuir noir fut d’un soutien sans faille. Solide.

    Non loin apparut un cabaret, était-ce là qu’ils dineraient ?


    Oui, je le comprends.
    Mais j’ai parfois quelques difficultés avec certain mots.

    C’est quand elle s’essayait a certains patois que son accent ressortait.

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Gemma.l
Irlandaise. Belle irlandaise. il y avait déjà mit les pieds en Irlande. Ça faisait un moment que je n'avais plus entendu parler de l'Irlande.

Je voulu répondre mais je n'ai pas le temps d'en placer une, genre un petit compliment quoi, qu'elle me reproche d'être un vil profiteur ! Le tout sur un ton léger. J'adore ! Je lui répond un brin amusé mais sans mentir non plus.

- Peut-être qu'un jour, je vous dévoilerai le montant que j'étais prêt à mettre.

Tout ça devait leur sembler chaotique aux bretons mais ça ne l'était pas. Comme si j'avais besoin d'une duchesse pour ma décoration. Ce n'était qu'un show. . En alignant 15.001 écus et en payant directement je ne me payais pas qu'une duchesse mais la curiosité. A quel genre de rendez-vous aurai-je eu droit si je l'avais emporté à 3.000 écus ? À tout autre chose et la j'ai exactement ce que je voulais : toute l'attention ducale.

L'irlandaise avait été un imprévu mais je n'avais pas hésité. La duchesse de Guérande aurait pu en faire partie ? Oui, la finalité était la même mais Marwenn avait réussi à focaliser toute mon attention.

Je poursuis avec la belle à mon bras, j'ai le temps, nous avons le temps et nous arrivons enfin à la porte du cabaret. Ainsi, elle comprenait le breton, je réponds.

- Très bien, vous pourrez me traduire les passages les plus drôle.

Aujourd'hui, c'est une comédie d'après l'affiche en breton. J'aime les comédies, ça détend et ça permet de discuter librement car qu'on se le dise. Les gens vont rarement au cabaret pour l'écouter, non, on y va pour discuter, faire des affaires, boire, manger. Je n'enviais guère la vie des acteurs qui se démenaient sur la scène face à un public parfois carrément inattentif.

Je pousse la porte en laissant évidemment la désormais Magnifique entrer la première, je reconnais le tenancier, je suis déjà venu ici et on peut déjà me qualifier d'habituer. Je dépose une centaine d'écus contenue dans une bourse sur la table en ajoutant.

- La même place que d'habitude, aujourd'hui j'ai une invitée.

Je tourne la tête vers elle, sourire aux lèvres, la détaillant quelques instants avant de lui glisser dans l'oreille car la salle était bruyante.

- Je viens souvent ici, j'espère que vous apprécierez l'endroit.

Le tenancier nous précède et j'emmène avec moi mon invitée, toujours avec calme, sans me précipiter, sans la brusquer, en lui indiquant de la main que nous allons monter à l'étage afin d'être installé à l'étage où nous aurons une vue parfaite sur la scène et un service exceptionnelle sans devoir se battre pour être servi.

Je lui tends mon bras afin de l'aider à monter les escaliers, je ne voudrai pas la voir se prendre les pieds dans sa robe et chuter. Je m'en voudrai vraiment beaucoup. Nous avançons ensuite vers nos places où nous nous installons. Le tenancier m'avait devancé en tirant la chaise pour la demoiselle et je l'en remercie. Moi même installé, Je m'adresse au tenancier.

- J'aimais beaucoup le vin rouge d'hier, remettez en donc une bouteille. Il était léger et fruité et il conviendra beaucoup à la damoiselle.

Je souris à la rousse, j'ai tout le loisir de la détailler désormais et je lui demande.

- Cela vous va ? Que désirez-vous comme plat d'entrée.

Je l'observe alors qu'elle passe commande et ne me regarde pas. je détaille ses yeux émeraudes, son nez, sa bouche, ses lèvres, sa classe. Le premier étage est réservé à l'élite, à ceux qui ont les moyens de se payer la place et c'est surtout beaucoup plus calme qu'en bas. Les comédiens s'écrient, mes yeux la quittent pour observer la scène, deux comédiens sont en train de jouer une bagarre politique quelconque à la bretonne. Je me sens absorber par le dialogue, des mots d'insultes bretons suivit d'une citation célèbre d'un breton désormais mort fusent avant qu'ils ne finissent pas s'empoigner. On ne peut plus traditionnel. Je ne peux que lâcher un rire avant de regarder la belle qui achevait sa commande.
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Marwenn


    La Fluette passa les portes en première, affrontant ainsi les visages surpris et curieux de l’assistance déjà présente dans l’établissement. Des murmures firent bruisser l’air, comme le vent dans les arbres un soir de tempête. La demoiselle ne s’était pas imaginé que c’est le lieu publique lui-même, qui causerait peut être sa perte. Et si la simple vision de ce repas avec son riche compagnon faisait d’elle le nouveau sujet de conversation ? Il en serait finit de sa précieuse réputation. L’espace d’instant la Moineau prit peur, puis jugeant que de toute façon l’affaire était devenue publique le jour même de la vente, il n’y avait pas à avoir honte !

    Elle laissa Wilhelm s’entretenir avec le patron. Il semblait être un habitué des lieux et s’il n’avait pas précisé à la cantonade qu’aujourd’hui il avait une invitée, l’irlandaise aurait pu croire à un circuit touristique qu’il servait à toutes ses conquêtes. Et le plaisir de cette soirée en aurait été amoindri si elle n’avait pas eu ce parfum d’exceptionnel. Laissant de côtés ses pensées, la demoiselle posa son regard sur la salle un instant. Elle trouvait le lien quelques peu bruyant, mais l’ambiance qui y régnait la charmait. Au fond l’on jouait une scénette qui semblait faire rire les quelques attentionnés. La damoiselle n’eut pas le temps de s’y attarder qu’il fallut déjà monté au niveau supérieur. La table du gentilhomme n’était donc pas parmi la foule. Elle aurait dû sans douter mais ça ne lui avait même pas traversé l’esprit. Ma’ fut soulagée de cette quiétude retrouvée. Il pourrait parler sans crier ou s’en avoir à se susurrer des choses au creux de l’oreille. Déjà tout à l’heure, il s’était penché sur elle et son souffle dans son cou l’avait perturbée. Ca s’était vu. Elle avait paru troublée en lui répondant que l’endroit était parfait. L’irlandaise n’était pas habituée à cela, n’y était pas prête non plus, d’ailleurs.

    Une fois assise à table, on lui tendit une carte qu’elle referma aussitôt pour commander le menu du jour, laissant ainsi au patron la latitude pour choisir à sa place. Les habitudes avaient la vie dure. Et vu la prestance de son hôte, elle doutait fort qu’on lui serve un truc pas frais ou de mauvaise qualité. Ses yeux se posèrent un instant sur Whilhelm, avant qu’un éclat de voix l’attire du côté de la scène. Il Apparemment l’un des comédiens jouait un vieil aveugle qui faisait de grand geste avec sa canne, manquant à chaque fois de peu d’éborgner ses partenaires de jeux qui jouaient des politiciens.
    Marwenn rit de bon cœur.


    Vous allez voir de quel bois je vous chauffe ! C’est drôle pour un inquisiteur !

    Le vin avait été servi et la demoiselle porta le hanap à ses lèvres. Elle n’appréciait pas particulièrement le vin rouge mais n’en montra rien. Si il y avait de la viande au dîner ce dernier ferait fort bien l’affaire. En attendant, qu’on leur serve leur repas, la jeune fille reporta son attention sur l’homme assis en face d’elle. Il était beau. Soigné surtout. Et la lumière ambiante faisait ressortir ses yeux verts.

    Vous avez fait de très bon choix pour cette soirée, je vous en remercie…

    Mais il était temps que les choses sérieuses commencent…
    Le temps fut suspendu, puis elle ajouta.


    … Mais pourquoi m’avez-vous acheter ?

    Comment ça, les pieds dans le plat ?


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Gemma.l
J'observe le moment, dans ce cabaret, en compagnie d'une délicieuse irlandaise, dans une ambiance festive, la clameur, les rires, la chaleur, la vie encore une fois. Vivre l'instant présent, c'était le plus important, ne pas chercher le pourquoi du comment, ne pas tenter de trouver le profit dans la moindre occasion. Je ne pense qu'au moment présent même si tout se balance sur un fil, un fil bien maigre pour l'instant et je crains le moment où le rideau se baissera.

- C'est moi qui vous remercie, c'est que vous m'inspirez. J'improvise totalement.

Je lui souris à nouveau, chaleureusement, en sortant de ma poche un fiole que je verse dans mon vin. C'était du poisson à dose mortel pour quiconque qui en buvait. ça fait des années que je le prends, par habitude, c'est ce qui m'a sauvé un jour... Si je buvais la fiole directement, je tomberais inconscient, comme mort. Dans le vin, J'ai des effets secondaires mais rien de bien méchant.

Nous y voilà, je me suis demandé quand cette fameuse question sortirait des lèvres de la jouvencelle, quand est-ce que la curiosité prendrait le dessus sur la retenue. Je la fixe quelques instants, comme pour mesurer ce que j'allais lui dire. Je décide d'être honnête avec elle.

- Je ne vous ai pas acheter, j'ai acheter le privilège de pouvoir partager un dîner dans ce cabaret avec vous.

Ma main se pose sur ma chope, Je répondais à sa question pour une autre interrogation. A force de trop vouloir jouer le mystérieux par peur que l'on découvre la véritable raison de ma venue en Bretagne, je risque surtout de lui faire peur. Je m'auto répond :

- Pourquoi vouloir ce dîner ? Car je voulais apprendre qui vous étiez.

Je marque une pause, je prends une gorgée , je grimace derrière ma chopine de vin puis je la repose pour continuer en reprenant mon plus bel accent germain :

- Je suis curieux d'en savoir plus sur vous, sur vos origines, sur vos rêves, savoir qui se cache derrière ce regard émeraude.

Mes yeux dans les siens, Je lui souris, c'est la vérité. Je veux en savoir plus sur elle. je continue encore.

- alors, expliquez-moi un peu qui vous êtes, comment se fait-il qu'une fleur irlandaise se retrouve en Bretagne ? Qui sont vos parents ? Ne sont-ils pas inquiet de vous savoir ici, sans protection, avec un inconnu dont vous ne savez rien si ce n'est qu'il doit être riche.

J'observe ses traits magnifiques à un tel point que je regrette d'avoir été en haut alors qu'en bas, nous aurions été contraint à plus de proximité mais ça aurait été un peu inconvenant.

- Je dois aussi vous avouez une chose, je savais le but de l'enchère avant d'y mettre les pieds et je savais exactement ce que je faisais.

Elle a voulu mettre les pieds dans le plat, autant mettre tout le reste avec.

- Par contre, avec vous, c'était totalement le hasard

Le gibier est servi si ça intéresse encore quelqu'un. Le tenancier ronchonne en s'éloignant car il avait été totalement ignoré.
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Marwenn


    À mesure qu’il lui répondait, les appréhensions de la jeune femme refaisaient surface. Les muscles de sa nuque retrouvèrent une tension inhabituelle. La paume de sa main qui lissait les plis de sa robe sur sa cuisse trahissait une certaine nervosité. La fiole n’y était pas pour rien. Qu’avait-il prit ? Qu’allait-il se passer ? Devait-elle se méfier du vin ? Avec précaution, elle reposa son verre sur la table et ses yeux dans les siens.

    Vous ne m’avez pas répondu, Wilhelm.

    Prenant son temps, elle découpa un morceau dans le gibier qu’on lui avait apporté et le porta à sa bouche. La sauce était un peu sucrée. Ma’ apprécia.

    Un diner avec moi, une conversation, mon histoire... Il suffisait de me le demander.
    Pourquoi avoir voulu que je sois un lot, pourquoi avoir voulu acheter ce que je pouvais vous donner ?


    Sans cesse, son regard était attiré vers la poche de sa veste en cuir.
    Elle avait milles autres questions à lui poser mais n’en choisit qu’une.


    Et qu’est-ce que cette fiole ? Vous me faites peur…

    Il y eut un long silence ou ils ne se quittèrent pas des yeux.
    Puis elle ajouta en preuve de sa bonne foi.


    Mon histoire n’a que peu d’intérêt mais puisqu’elle semble vous intriguer, je vais vous la conter… Mon père était duc. Enfin, il l’est toujours mais il n’est plus vraiment mon père, je crois. J’ai grandi en Irlande avec mes frères et sœurs. Ma mère est décédée quand j’étais enfant. J’y ai reçu l’apprentissage qui allait avec mon rang. L’on m’a inculqué les bonnes manières, l’élégance, la politesse, l’art de la conversation et tout un tas d’autres choses qui forgent ce que je suis aujourd’hui. Mon éducation n’avait pour but que de me trouver un mari assez riche pour renflouer les caisses de notre duché. Je vivais très bien avec cette idée jusqu’à ce que l’on me présente le parti qu’on m’avait trouvé.

    Les couverts furent reposés sur la nappe de lin blanc.
    Le dos de la demoiselle s’enfonça dans son fauteuil.
    Les bras croisés sur sa poitrine, elle conclut.


    J’ai fui.

    A tout juste 16 ans, elle avait laissé derrière elle son rang et sa fortune pour tout reconstruire ici.
    L'expression sur son visage était désormais plus fermée. C'était à lui de se dévoiler désormais.



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Gemma.l
    Je la laisse parler, je l'écoute attentivement, elle ne me croit pas
    Quand je lui dis que c'est pour ma curiosité. Peut-être aurais-je du lui dire que la curiosité va de pair avec un intérêt qui croit de plus en plus.

    Son histoire n'est pas banale, elle me prouve qu'elle a une force de caractère. Elle aurait pu tout aussi bien accepter le mariage et s'y résoudre comme la plupart des jouvencelles. Elle a décide de tout quitté, tout reconstruire, c'est admirable. Plus elle parle d'elle, plus elle m'intéresse.

    Je prends mon couteau pour me découper un morceau de gibier que je m'empresse de tremper dans la sauce avant de le glisser dans mon gosier, le tout accompagné d'une rasade de vin qui se marie magnifiquement avec. Elle veut savoir pourquoi j'ai dépensé autant pour un simple dîner. Sois.

    - En effet, j'aurai pu vous le demandez le jour de l'enchère...

    Restons sérieux une minute. De quoi aurai-je eu l'air si j'avais été courtiser la jeune irlandaise ainsi ? D'un malandrin assurément !

    - ... mais ce n'était pas le lieu pour ça.

    Ainsi elle avait fui son pays, sa famille, sa place pour l'inconnu. Nous avions ainsi un point commun.

    - Dites-moi, depuis quand courtise-t-on sur une place publique ? Je pense que vous l'auriez mal pris.

    Je prends une pause, je ne veux pas que ma viande refroidisse et je me prends une autre bouchée.

    - Je pense que cette vente était un excellent compromis pour contourner les règles de la bienséance tout en évitant de vous faire salir car vous acceptez les avances Don Juan chantant vos louanges sur la place publique. N'ai-je pas raison ?

    Je prends une rasade de vin, la soif me gagne après le poisson, c'est toujours pareil.

    - d’autant plus que cela profite à l'arsenal de Kastel Paol. Donc cela m'assurait de ne pas être éconduit et à vous d'être la nouvelle étoile de KP.

    Je lui souris, je lui montre la fiole vide entre mon index et mon majeur en la faisant scintiller à travers la lumière.

    - Vous vous demandez ce que c’est ? C’est du poisson. Je viens d’ingurgiter une dose mortelle pour quiconque qui n’est pas habitué. Je le suis, j’ai juste quelques nausées par après. Les seuls effets visibles sont physiques, comme les yeux qui s’obscurcissent voire change de couleur dans certain cas.

    Je lui réponds sans ombrage à son interrogation, elle était curieuse et je ne peux m’empêcher de m’ouvrir à elle. J’aimerai tant qu’elle puisse lire mes pensées mais pourrait-elle comprendre ce que je cache. C’est à mon tour de parler de moi.

    - Fuir ? Nous avons un point commun. Moi aussi j’ai fui. J’ai fui mon pays...

    Mon pays, mon beau pays. Toi que j'aime tant et que je ne peux oublier.

    - …C’était il y a quelques temps déjà, j’ai fui mon pays, j’ai fui les miens. Au début, j’ai pensé que c’était à cause des autres, de la politique pourrie et corrompue. À l’époque, je rêvais de gloire, de pouvoir et d’entrer dans l’histoire. Je consacrais ma vie à ça, à la quête de toujours plus de richesse, de toujours de pouvoir, toujours plus de titre, de toujours plus, plus, plus. Mon ambition était sans limite et le pire que ça semblait fonctionner.

    Mon poing se serre sur la chopine, je marque une pause pour reprendre mes esprits, cette image de moi me donne envie de dégueuler. Je sens mon cœur s’accélérer en me rappelant de tout ce que m’avait offert le duché.

    - Mais tout ça n’était pas suffisant, j’ai fui, haïssant le monde entier. Ce jour-là, je suis mort.

    Je m’arrête quelques instants, j’ai besoin de ça. Je regarde la scène, les acteurs se disputent une couronne ducale avant retourner à elle, resplendissante dans sa robe bleu nuit. Je dépose mes couverts, n’ayant plus faim.

    - Vous voulez peut-être un dessert ?

    Je tente de changer de sujet car parler de moi ne m’intéressait pas, je voulais qu’elle me voit comme l’homme que je suis maintenant, assis à cette table, à l’admirer, et qui lutte intérieurement pour trouver le chemin de la quiétude.

    Mais je me doutais que sa tête bien remplie devait se bousculer d’innombrables questions…Mais c’est mon tour de poser des questions !

    - Pour revenir à vous, quelles sont vos inspirations ? Vous avez refusé un mariage pour vous reconstruire ici, de quoi vivez-vous ? Vous ne me semblez pas pauvrette et encore moins dans le besoin.

    Je veux tout savoir, je veux la découvrir, entendre chacun de ses mots.

    - Pourquoi la Bretagne ?

    Je m'enfonce dans mon fauteuil, la chopine à la main, continuant à la regarder.

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Marwenn


    La jeune fille était d’abord restée dans sa position défensive, les omoplates calées au fond de son siège. Puis, peu à peu, à mesure qu’il parlait, celle-ci se redressa, reprit le cours de son assiette, l’oreille attentive à chacun de ces mots. Un bref, regard se posa sur lui quand il leva toute ambiguïté sur le but de leur rencontre. Sans doute que l’évidence aurait sauté aux yeux de n’importe quelle demoiselle, mais l’irlandaise, sortant tout juste de son cocon doré, n’avait pas pour elle l’expérience des grandes dames. C’était là, le premier rendez-vous galant de sa vie et elle s’en rendait tout juste compte. Entre les tempes de la rousse, une légère angoisse résonna alors. Que répondre à cela ? Que faire de lui qui semble à voir le cœur si tendre à son égard ? Profitant d’une pause dans le discours de son compagnon, Marwenn tenta de prendre du recul sur cette situation inédite. Le décor, l’homme, ses manières, ses précautions, sa délicatesse… L’évidence était là et lui sautait aux yeux désormais. Et au fond d’elle, Fluette savait qu’il lui faudrait répondre à sa demie déclaration, mais pour le moment son esprit embrumé ne lui permettait pas de savoir si elle voulait de ce riche soupirant ou non…

    Revenant un peu plus à ses paroles, la demoiselle esquissa un sourire à l’évocation de l’étoile de Saint Pol. L’irlandaise se remémora un instant sa première rencontre en taverne avec la duchesse de Guérande. Ce titre lui revenait de droit, elle le méritait amplement. Il n’y avait pas débat. Et puis… Ce n’est pas en enchérissant de 15 000 écus sur une autre politaine qu’il allait faire d’elle la star de sa ville. Ma’ faisait même pâle figure à coté de Liz. Dieu merci l’égo de la demoiselle était loin d’être surdimensionné et elle se fichait de ça comme de sa première robe !

    Un sourire s’esquissa, bien vite effacé par l’évocation du poison.

    Pourquoi donc se faire volontairement du mal. La jouvencelle - vous l’imaginez bien – n’était pas une adepte des drogues et des poisons. Le concept même d’autodestruction était pour elle un non-sens, une ineptie à laquelle elle ne se faisait pas. Et voir son riche acquéreur se perdre la dedans lui fit soudain énormément de peine. Un élan. C’est sans doute cela, qui poussa la jeune fille à se pencher pour poser sa main sur la sienne.


    Il faut que vous arrêtiez d’en prendre. Je vous en prie.

    Aucun ordre dans sa voix, aucune colère dans ses yeux. La rousse était juste inquiète. Troublée de le voir jouer les trompe-la-mort. Ce n’était pas parce que les effets du poison ne lui faisaient presque rien, que ce n’était pas dangereux pour autant. C’est du moins ce dont la damoiselle était convaincue. Elle n’insista pas d’avantage cependant. L’homme avait quelques années de plus qu’elle, et sans doute qu’il n’apprécierait pas de recevoir une leçon de moral de la part d’un oisillon à peine tomber du nid. Au bout de quelques longues secondes, ses doigts fins abandonnèrent la main du rennais et Marwenn reprit cette posture droite, un peu figée, qui la caractérisait.

    A son tour, il lui conta son histoire mais resta étrangement flou. Quel était le pays qu’il avait fui. Son pays. Ses racines. Au final, il parlait peu mais ce qu’il lui dit était déjà d’importance. Il avait connu la désillusion lui aussi. Ils n’étaient pas si différent l’un de l’autre quand on y regardait de plus près. La rousse ne lui posa pas d’avantage de question. Elle devinait qu’il ne voulait pas en parler. Mais elle y reviendrait… Plus tard ou en une autre occasion. Quand le moment serait plus opportun en tout cas.


    J’aimerai bien des poires, mais je ne suis pas certaine qu’il y en ait.

    La légèreté de sa réponse tranchait étrangement avec la gravité de son histoire.
    Ça sonnait faux. Alors elle poursuivit aussitôt.


    Et vous vous méprenez, je n’ai plus un sous. Les 600 écus que j’ai offerts pour la duchesse de Guérande étaient tout ce que j’avais. Un mois d’économies entier y sont passées. Mon apparence est trompeuse, j’ai simplement de belle tenue. Voilà tout. En réalité, j’ai une toute petite maison dans le bourg de Saint Pol qui n’est pas en très bon état d’ailleurs, mais qui avait l’avantage d’être presque donné. J’y ai installé un maigre atelier de couture. Je vis de cela. D’ailleurs, mon lit est caché derrière une immense armoire ou je range mes étoffes, je dis à mes clients que c’est ma remise. Je suis aussi membre de la Maison d’Art Breton depuis quelques jours… C’est à Rennes, peut-être que vous connaissez ? Si je n’avais pas su coudre, j’aurai eu de la peine mais ça va. Je me nourris des légumes que je cultive, et la nuit je prends des tours de garde pour arrondir les fins de mois.

    Les faim de moi aussi, aurait-elle pu dire. En bref, elle était sans le sous. C’est ce qui rendait encore plus douloureux le mal du pays qui l’assaillait depuis ces derniers jours. Elle n’avait jamais vraiment connu la faim jusqu’ici, ni l’angoisse permanente de n’avoir aucune ressource. Marwenn ne s’y faisait pas mais gardait la tête haute. Il n’était pas dans ses habitudes de se plaindre. Encore moins de quémander. Elle avait expliquez tout cela à Wilhelm d’un ton détaché. Une volonté de montrer que tout cela ne l’atteignait pas. Mais le regard qu’elle posa sur lui à ce moment précis était semblable à celui d’un condamné au pied de son bourreau. Elle ne doutait point qu’en lui délivrant une telle vérité elle perdrait tout intérêt à ses yeux. Elle était naïve mais pas stupide.

    Elle prit tout de même la peine de lui répondre.

    Le bateau y allait voilà tout.

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Gemma.l
    Il faut que vous arrêtiez d’en prendre. Je vous en prie.

    La main de la belle posé sur ma senestre. Un léger frisson parcourt mon corps. La douceur de sa paume sur le dos de main me déstabilise quelque peu, je ne m’y attendais pas, vraiment pas mais je fais comme si de rien était et même si ce n’est que quelques secondes, mon cœur se réchauffe.

    Je scrute la native de l’île d’émeraude, elle me captive et je ne ressens aucune injonction lorsqu’elle me demande d’arrêter de prendre ce poisson. J’aurai presque envie de l’écouter et d’arrêter mais ce n’était pas si simple, j’arrêterai le jour où cette comédie sera terminée et je savais la fin proche. Enfin, je pourrai vivre tel que je le veux, sevrer de tout,

    Je ne calcule pas, je ne veux pas calculer, je ne calcule plus rien désormais. J’ai suffisamment calculer dans ma vie que j'ai failli me tuer.

    Ma main de nouveau seule, je reprends possession de mon vin rouge. Je fini enfin par lui répondre :

    - Plus que quelques jours encore et j’arrêterai tout ça.

    « Tout ça ». C’était bien plus grand que le simple fait de prendre du poisson, c’était arrêter les mystères, arrêter de me cacher, arrêter de répondre par plus de mystère, arrêter cette comédie.

    Au fur à mesure des discussions avec la belle irlandaise, je commence à ressentir de plus en plus de crainte et si en découvrant la vérité sur moi, elle venait à me fuir ? Je préfère ne pas y penser et de toute manière je devais être préparé à ce cas de figure.

    - Des poires ? je sais qu’il y a des tartes aux poires. Voudriez-vous de la prunevampi, ça se marierait à merveille.

    J’esquisse un sourire, mesurant chacune de ses paroles quand elle m’explique sa situation, sa vie, ce qu’elle fait. De ses difficultés qui traduisait une force de caractère exceptionnelle malgré un si jeune âge. Elle est fille de talent à en juger de sa robe bleu nuit qui la rendait étincelante, elle est comme la blanche hermine refusant d’être souillée malgré les difficultés, elle est tout simplement.

    - Vous cherchez à arrondir vos fins de moi…N’avez-vous pas un parterre de prétendant ?
    Derrière cette question se cache une autre interrogation, peut-être aurai-je affaire à des rivaux. J’ai passé l’âge de lancer des duels pour une jouvencelle mais peut-être qu’un jeune chien enragé pourrait le faire. Sois.

    Ainsi, c’est le hasard qui a emmené la fluette ici. Je souris, le hasard fait parfois si bien les choses.

    - La Bretagne a de la chance que ce navire se soit dirigé vers ses ports. Ce pays a toujours eu besoin de gens de caractère.

    C’est une pensée sincère que j’avais dit d’un ton parfaitement calme et sincère. Je prends du plaisir avec ce dîner.

    - Je puis proposer mon mécénat, je veux rendre à la terre ce qu’elle m’a donné. J’ai accumuler tant de richesse qu’un homme ne saurait quoi en faire

    J’avais décidé de me séparer d’une grosse partie de ma fortune. Je n’en ai pas besoin, les autres eux, oui.

    - Je ne veux plus vivre comme un roi, j’ai passé ma vie à dépenser des écus en chose futile alors que d’autres, avec cette fortune, pourrait bâtir des châteaux, des villes, des villages, nourrir un peuple ou construire un arsenal.

    Par le passé, je m’étais si souvent vanté de ma richesse, dénigrant les autres, achetant tout ce qui est achetable mais il y a des choses qui ne s’achètent pas.

    - Je n’irai pas jusqu’à dire que je serai sans sous, non. Je dois assurer mon avenir et ceux des miens mais Je me suis déjà fixé un montant, plus grand encore que celui de la duchesse mais cette fois-ci, ce ne serait pas un achat mais un don. Un simple don.

    À qui, à quoi, l’avenir le dira...Mystère de boule de gomme !

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Marwenn


    La tarte aux poires est commandée. La PruneàVampi décliné. Elle n’aimait pas ça.

    Alors que l’on débarrasse son assiette, la demoiselle joue avec une miette de pain abandonnée sur la table. Que répondre à tout ça. A ses questions, à ses aveux et à ses mystères aussi. Ma’ prends le temps de la réflexion, elle fuit son regard pour une fois. Elle le sent néanmoins posé sur elle. Il attend une réponse… Sa voix calme finit par rompre le bruyant silence qui les entoure.


    Je n’ai pas de parterre de prétendants, non. Hormis vous, je crois ? Peut-etre…

    Elle le regarde enfin. Il est beau. Tellement beau.

    Mais je n’en cherche pas, non plus. Je n’ai pas fui un mariage et tout ce qui faisait mon existence pour me jeter dans les bras d’un autre inconnu. Et quand bien même, j’aurais des hommes à mes pieds, ils ne m’auraient pas en m’offrant ce qu’il me manque. J’aurai l’impression de me vendre moi-même et il y a eu assez de mon père à tenter de le faire ! Je préfèrerai mourir de faim complètement nue, je crois.

    Quelle douce ironie de dire cela au courtisan qui vous offre à diner et vous propose son mécénat, non ? Marwenn ne se rend pas compte de ce douloureux paradoxe. La demoiselle est perdue. Paumée. Déstabilisée. Dans son ventre et son esprit, la tempête fait rage. Comment cela peut-il être à la fois si agréable et si impossible.

    Wilhelm… Je…

    Comment lui faire comprendre que malgré l’attrait qu’elle ressent pour lui, la courtiser est une entreprise compliqué et probablement voué à l’échec. La jouvencelle n’était tout simplement pas prête pour cela. Cette fois, elle se retient de lui prendre la main. L’envie ne manque pas pourtant.



    «J’ai besoin de temps.» Elle n’eut pas la force de le formuler à haute voix.

    Je ne doute pas que vous trouverez comment faire bonne usage de votre argent.
    Vous avez déjà commencé d’ailleurs avec Saint Pol.


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Gemma.l
Mon couvert se plante dans la tarte en retire en morceau qui finit dans ma bouche. Je mâche en écoutant attentivement sa réponse au sujet de ses prétendants.

Peut-être qu'elle ignorait ce que c'est. Il m'avait semblé apercevoir un potentiel courtisan lors de l'enchère, le jeune Guérande. Maintenant que j'y pense, qu'était devenu son père ?

Je repose mon couvert sur la table pour goûter là prune pour lui répondre :

- Je suis le premier déclaré. J'espère que vous en garderez un bon souvenir.

Mon regard est toujours posé sur elle, le spectacle était devenu dansant, au Rez de chaussé, le public dansait, les bières volaient sous les gesticulations et ca chantait l'hymne breton.

Du spectacle, j'avais tout raté, sans regret, car j'étais en excellente compagnie.

- vous avez le temps et j'ai le temps, je ne suis guère pressé à vous séduire et connaissant votre histoire je ne compte pas vous presser. Soyez quiet.

Je commence à sentir ses émotions de jouvencelle, je ne suis pas niais au point de ne pas les voir. Je dois la perturber autant qu'elle me perturbe.

Le mécénat fut refusé et cela ne m'étonne guère, elle est du genre à vouloir se battre.

La tarte fut rapidement achevée et la prune aussi. Je commanda quelque chose de fort pour digérer mon repas. L'hymne breton s'achève et je murmure les dernières paroles :

- Dihumet out brema, ma Breiz...*

J'image la suite, on a fini de manger, on a fini de boire. Je ne veux pas achever ce dîner, j'aimerai qu'il dur plus longtemps. Je lui propose :

- Avez-vous déjà naviguer sur la vilaine de nuit ?

Sa proposition pourrait paraître loufoque voir carrément dangereuse pour une jouvencelle. En aurait-elle l'ose ou bien va-elle se réfugier derrière des excuses pour rentrer à son auberge.

Ce que je pourrai comprendre, mais j'aspirai un peu au calme et la seul présence de la belle et du "gondolier" me suffirait pour cela.
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Marwenn


    Assise en face de lui, Marwenn entend avec plaisir que son appel à la patience a été entendu. Sans doute a-t-il compris… La Fluette n’était pas qu’une description physique. La rousse enfant a une tendance à l’économie, à la discrétion et à la retenue en toutes circonstances. « Balais dans le cul » disent ses amis en taverne et ils ont un peu raison, il faut bien l’avouer. La jeune fille malgré une force de caractère certaine ne connait rien à l’amour et ne se verrait pas accepter une cour outrancière ou un baiser trop entreprenant. Ses valeurs et son éducation… Tout la retenait.

    Alors que leur dîner avançait, le lieu avait peu à peu changé d’atmosphère. L’alcool y était pour beaucoup. Le public s’était mêlé au comédien, et le spectacle avait gagné l’assistance toute entière, en bas. Un coup d’œil curieux se posa sur la foule. Ça dansait. Ça riait, se chamaillait. Ça se touchait aussi. Dans le lot, quelques femmes richement vêtue avait des comportements à la limite de choquer la morale irlandaise. Marwenn se sentit subitement étrangère à ce lieu qu’elle trouvait pourtant charmant à son arrivée. Son regard revint aussitôt à son assiette et à sa part de tarte aux poires. Du bout de son couteau, la demoiselle tria les fruits d’un geste expert et les mangea avec joie. Habitude tenace d’une enfant pourrie gâtée. Depuis qu’elle était dans ce pays, sans le sous, elle se détestait de se voir faire ça. Mais ici, dans ce cadre, avec Wilhelm… L’Irlande revenait un peu en elle. Ses démons aussi.

    Mais la belle fut sorti de ses pensées par un détail pourtant anodin. « Dihumet out brema, ma Breiz... » N’avait-il pas dit qu’il ne parlait pas breton ? Son regard se posa sur lui, mais alors qu’elle allait l’interpeller la dessus, il la contrecarra avec une question dès plus incongrue.


    Sur la vilaine, jamais.

    Elle non plus ne se voyait pas rentrer à son auberge tout de suite, mais quitter ce lieu qui sentait de plus en plus la débauche par contre… Décision fut prise de sortir, la rousse enfila sa cape et laissa le soin au rennais de la guider pour la suite des événements puisqu'il avait une idée en tête. Et puis, dans le monde de Ma’ se sont les hommes qui décident !

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