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Info:
Sortie d'une longue retraite, retrouvailles jamais simple quand il s'agit de la Violette.

[RP Ouvert]Etait-ce un rêve.....

Mariealice
.... Ou un cauchemar.

Depuis quand était-elle enfermée, volontaire qui plus est, entre ces hauts murs? Elle ne s'en souvenait plus. Trop de temps certainement pour certains, pas assez pour d'autres. Pour elle le temps s'était écoulé à la fois très vite et très lentement, la vie journalière rythmée par les mêmes offices, les mêmes gestes, les mêmes silences, maintes et maintes fois répétés. Confortable et lancinante litanie dans laquelle elle s'était installée, fuyant un monde devenu par trop difficile, une culpabilité bien trop lourde à porter. Culpabilité dont elle croyait s'être débarrassée. Mais non, elle avait été remplacée par celle d'avoir abandonné son devoir, tous ses proches - amis, famille -. Tout ce qu'elle avait toujours honni chez tant, elle l'avait fait. Ce qu'elle avait tant reproché à ceux qu'elle aimait et avait perdu, elle leur avait imposé.

Pourquoi décida-t-elle de finalement retrouver tout ceci et de s'y confronter? Le manque. D'eux, de lui. L'envie. Des mêmes. Le rappel de son devoir. Comment elle allait être reçue? Marie l'ignorait mais le besoin était devenu trop fort. Voir sa fille, son fils, son époux, son frère, sa presque soeur, ses frères et soeurs d'armes, ses amis, les serrer dans ses bras, rire à nouveau - pleurer elle n'avait jamais cessé de le faire -.

La décision prise, elle en avait faire part à la Mère Supérieure et n'avait pas fléchi. Ses maigres effets dans sa besace de voyage, ce fut une Marie amaigrie, les traits tirés, apeurée mais ferme dans sa décision qui passa les lourdes portes de bois. Les yeux plissés sous la lumière crue d'un hiver rigoureux, une première inspiration de l'air extérieur emplit ses poumons.

Un premier pas, hésitant, suivi d'un deuxième puis de leurs compères l'amenèrent du couvent aux portes de Langres qui était tout près. Des visages inconnus la dévisageaient alors qu'elle les ignorait, la capuche rabattue sur son visage fatigué, assaillie par les bruits et les voix dont elle avait oublié les sons, enfermée qu'elle était dans un couvent aux règles si strictes que le silence était de rigueur et que nulle nouvelle du monde extérieur ne filtrait, ni dans un sens, ni dans l'autre d'ailleurs. Une taverne, dont elle poussa la porte avant de commander un repas frugal mais bien plus copieux que l'ordinaire ainsi qu'un peu d'encre et de s'installer à une table près de l'âtre.

Une fois quelques morceaux avalés et un peu d'eau bu, elle sortit un parchemin et une plume ainsi que son écritoire. Une première lettre à envoyer. A qui, si ce n'était lui? Cela allait se révéler bien plus difficile que tout ce qu'elle avait imaginé mais nulle dérobade ni échappatoire.



Citation:
Walan,

Je ne sais par où commencer ni comment même débuter cette lettre. Sans doute que la première chose à faire est de te demander pardon, mille fois pardon, pour cet isolement, pour mon absence, pour t'avoir laisser seul, seul face à nos responsabilités, face à notre fille, à mon fils, seul alors que je t'avais promis d'être toujours à tes côtés. Je n'ai nulle excuse, pas même à mes yeux. Sache cependant qu'à chaque instant mon coeur et mes pensées étaient tournés vers vous, que chaque prière contenait vos noms.

Je n'ai peut-être plus le droit de le dire mais je continue à le penser et à le ressentir. Je vous aime, je t'aime. Encore et toujours. Bien maigre consolation sans doute et peut-être même cela te mettra en colère de lire ces mots mais il fallait qu'au moins une fois tu puisses les lire si tu ne veux plus les entendre. J'espère que tu m'accorderas une entrevue mais si tu devais me la refuser je comprendrais tout à fait. Je n'exigerai rien si ce n'est de voir au moins une fois notre fille.

Je me trouve actuellement à Langres et ne suis pas pour l'instant en état de voyager. Je te présume à Meyrieux, dans ton antre que je t'avais fait quitter pour me suivre. Du moins c'est là-bas que je vais adresser cette missive, je suppose qu'où que tu sois, on te la fera parvenir.

Marie Alice de Meyrieux (si tant est que tu me considères encore digne de porter ce nom)



Après fait scellé sa missive et avoir trouvé quelqu'un pour la porter, la brune ne put finir son repas. Une fois installée dans une chambre libre, propre et nettement plus confortable que sa cellule, Marie se coucha sur le lit toute habillée, les yeux perdus au plafond, sursautant à chaque bruit. L'attente désormais commençait.
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Retour d'une longue retraite, blason pas à jour etc.... Ca va viendre.

Mariealice
--.Jehan a écrit:


[En Lyonnais-Dauphiné, un peu à l'est de Vienne]

Le castel de Meyrieu n'était pas très grand. Protégeant une simple seigneurie sans réelle valeur stratégique, et n'ayant jamais abrité quiconque de notable avant son actuel occupant, il n'était donc pas particulièrement développé en termes de bâti. Pour autant, cela faisait quelques années maintenant qu'il était au centre d'un réseau de pigeons et messagers montés ne cessant d'aller et venir. Les choses s'étaient faites petit à petit, au fil des nouveaux postes du seigneur des lieux, mais avaient vraisemblablement atteint leur pleine mesure lorsqu'il avait été nommé auprès du Souverain. A ce moment là, il avait fallu trouver un moyen de le garder informer des débats ayant trait à ses fonctions parisiennes, dauphinoises et même normandes -puisque là était le siège de l'ordre de la Licorne- malgré ses voyages fréquents pour qu'il puisse s'exprimer en toute connaissance de cause lorsqu'il était sur place.

Au centre de ce réseau, l'intendant de Meyrieu, fidèle serviteur et conseiller : Jehan. Il examinait la plupart des missives, décidant de leur priorité, mais était aussi chargé de coordonner les messagers et d'anticiper de son mieux les déplacements de son maître pour éviter d'envoyer des messages le rejoindre là où il n'était déjà plus. Cela demandait une organisation certaine, mais jusqu'à présent les choses fonctionnaient plutôt convenablement.

Ce jour là, rien ne laissait présager que le messager s'engageant à cheval dans la cour soit différent des autres. Pourtant, lorsque l'intendant dénoua le ruban qui maintenait le parchemin roulé et observa le sceau en bas de celui-ci, il ne manqua pas de s'exclamer :

Oh Dieu. Oh Dieu oh Dieu oh Dieu.

Malgré la difficulté à garder son calme, le vieil homme parcouru brièvement la missive -il avait depuis longtemps gagné la confiance de Sans Repos pour le faire- et se précipita vers la fenêtre pour apostropher le messager qui s’apprêtait à repartir.

Toi, là ! Attends ! J'ai une réponse à renvoyer au plus vite à celle qui vous a confié ce message.

Le temps que le messager revienne dans l'office de l'intendant, celui-ci avait rédigé d'une main tremblante d'excitation et de joie quelques brèves lignes.
Citation:
Madame,

Quelle joie de lire votre missive. Messire votre époux n'est pas à Meyrieu mais au Louvre, ou sur les routes d'Orléans. Je lui fais parvenir votre lettre au plus vite.

Nous venons vous rejoindre altesse ! Restez sauve !

Jehan.


Leur maîtresse avait quitté son couvent ! Alors même que des rumeurs ne cessaient de parcourir la domesticité qu'elle était morte -rumeur que n'avait pas manquer d'alimenter la décision de succession anticipée- et que le maître des lieux vivait dans le déni. Mais il avait eu raison ! Il avait raison ! D'une main tout aussi fébrile, une seconde missive fut rédigée.

Citation:
Votre Altesse,

Avec ce courrier s'en trouve un autre qui devrait vous ravir.
Nous nous mettons en route séance tenante pour Langres et nous y emmèneront la princesse pour y attendre votre arrivée en compagnie de Son Altesse votre épouse.

Le Très Haut est avec vous, seigneur, et nous sommes tous en joie !
Jehan


Sans même réfléchir pour savoir s'il était dans ses prérogatives de le faire, tant il était convaincu de connaître à l'avance la réaction qu'aurait Walan, l'intendant se mit à parcourir le castel en donnant des consignes un peu partout.

Baptiste ! Fais transmettre cette lettre de toute urgence à Son Altesse. Elle est prioritaire sur toute autre.
Adrien, prépare les chevaux, deux coches et de quoi voyager rapidement jusqu'en Champagne. Nous ne ferons pas de pause pour le ravitaillement jusqu'à la destination, alors assure toi du nécessaire.
Et que les gardes préparent une escorte pour la princesse !


La princesse, la petite, risquait d'être bouleversée par la nouvelle, mais il lui fallait pouvoir voir sa mère au plus vite.

Sancie ! Sancie ! Nous partons pour Langres, prévenez la princesse et préparez là. Sa mère l'attend ! Jehan était bouleversé rien que d'imaginer les retrouvailles.

En l'espace de quelques minutes, comme une trainée de poudre, tout le castel se mit à bruisser comme une fourmilière dans laquelle on aurait taper. Marie Alice de Meyrieux était vivante et avait quitté sa retraite.

















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Tobias_maxence.

Et dire que ce truc est noble.



Dans l'Auberge en compagnie de Mariealice :

J’ai toujours été maladroit, de ma naissance à aujourd’hui, je suis né maladroit, gaffeur, étourdi, gauche comme ont dit. C’est possiblement pour cela que je ne m’attends pas à devenir un jour : adroit et sans anecdotes à raconter à mes amis en rougissant de honte.

Étant commissaire aux commerces du duché de Champagne, je voyage beaucoup, ne sachant plus vraiment où je vis réellement. Les auberges se ressemblent et les jours s’écoulent alors que je rêve de retrouver un endroit stable, pour une vie sereine. Ce jour-là, j’avais quelques contrats à conclure et une nuit blanche derrière moi. Moi, beau, grand et plutôt courtisé, je me retrouve avec la tête d’un cochon empailler par un taxidermiste en apprentissage. Les cernes recouvraient mon visage, de petits vaisseaux rouges envahissaient le blanc de mes yeux et ne parlons même pas de mon douloureux mal de pieds.

Je retourne donc à l’auberge, sans me soucier des gardes prenant la route pour rejoindre le château et y stocker mes achats. J’agite vaguement la main, pour dire ‘au revoir’ et disparais derrière l’épaisse porte de la taverne. Je suis éreinté et mérite un bon bain, voir deux le luxe ne pouvait me tuer. Passant devant l’aubergiste, j’échange deux mots : ‘Oui, merci’ et rejoint les chambres. J’ouvre l’une d’elle à ma gauche et retire mes bottes sur le sol, commence même à déboutonner le haut de ma chemise, lorsqu’un détail, petit détail, inattendu détail, attire mon regard azuré.


You are serious ?*

Pourrait-on m’expliquer, s’il vous plait. Pourquoi une femme est couchée sur mon lit ! C’était une mauvaise blague, visiblement de très mauvais goût et qui ne me convenait absolument pas. Une inconnue, dans mon lit, enfin le lit que j’avais loué pour la nuit et de préférence vide. J’aurais dû préciser peut-être ? Je regarde l’inconnue, la chambre et hausse un sourcil perplexe et curieux.

Euh…

Ma main droite va naturellement gratter ma nuque, le malaise s’installant doucement dans la pièce, pour moi du moins. Ce n’est pas tous les jours qu’une inconnue est dans votre lit, pas tous les jours non plus qu’une femme soit dans votre lit. Moi, ce n’est jamais arrivé, généralement, je les choisis mâle, jeune et du genre homosexuel.

B…Bon… euh…soir.

Je dois dire quoi ? Je ne sais même pas pourquoi elle est là ! Mais elle ne semble pas spécialement dangereuse et plutôt paumée. Je suis à deux doigts d’aller chercher la Prévôt et le Maire histoire de m’assurer que tout va bien dans le coin. J’avance d’un pas et garde le silence. J’avoue, à ma grande honte que je ne remarque pas un seul instant, que je ne suis pas dans ma chambre et que l’erreur viens de moi et de ma fatigue extrême.




* Tu es sérieuse.
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Mariealice
Humpf comme aurait dit son époux....

Je vous rappelle que nous avions laissé une Marie allongée sur un lit inconnu, dans une auberge pas plus connue que le meuble précédemment citée et complètement perdue puisque tout juste sortie d'un monastère extrêmement rigide niveau sons et nouvelles. Juste pour situer le cadre.

Allongée sur le lit donc, les yeux dans le vague, le cerveau tournant à plein régime - et autant dire que chez la brune ça voulait dire quelque chose - et sursautant au moindre bruit. Ce qu'elle fit bien évidement en entendant la porte s'ouvrir. Les noisettes quittèrent le plafond pour se tourner vers le bruit et l'intrus - puisque c'était bien d'un homme dont il s'agissait. Encore un inconnu au bataillon, le contraire aurait été fortement étonnant reconnaissez-le.

Etait-ce l'habitude du silence, la surprise? Peu importe, mais la Princesse (entre autres choses mais on ne va pas non plus commencer à étaler les bagages de la dame sinon on y est encore demain) resta totalement coite. Façon benête voire vierge effarouchée, ce qu'elle n'était plus depuis longtemps. Le deuxième hein, le premier n'avait jamais été d'actualité.

Et en plus, il se déshabillait, tranquillement, l'air de rien. Euh..... Bon certes les réactions de Marie étaient plus lentes mais tout de même, elle finit par en avoir. Surtout quand le dit-inconnu sembla enfin prendre conscience de sa présence, l'air tout aussi ahuri qu'elle devait alors afficher sur son visage.


Bonsoir.

Ca c'était fait. A la suite maintenant.

Pourriez-vous me dire ce que vous faites au juste? Dans ma chambre je veux dire.

Non parce que bon déboussolée, fatiguée, perdue mais pas devenue blonde d'un coup. Elle avait bien remarqué qu'il comptait se déshabiller et se coucher hein, mais bon pas dans SON lit et encore moins avec elle dedans. Pas vu de représentant de la gente masculine de si près depuis des lustres certes mais amoureuse toujours et ce n'était pas SON homme qui était là. Et lentement le noisette du regard tournait vers l'émeraude, ce qui chez la dame dont il était question, était signe annonciateur de tempête. Ca commençait bien ce retour au monde!
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Tobias_maxence.

Bon sang, tu devrais le savoir : Le prince charmant n’existe pas ! Au mieux le prince, il t’enc…



Je suis planté là, tel une carotte dans le jardin de grand-maman à regarder le soleil ce lever à l’Est et ce coucher à l’Ouest sans aucune réaction autre, qu’être une carotte ! Alors dans mes beaux vêtements qui coûtent un bras et une demi-jambe, je l’observe cette inconnue qui par courtoisie me répond ‘Bonsoir’. J’ignore qui elle est et si je l’apprendrais cela ne changerait pas ma vie. J’ai toujours côtoyé des Princes et Princesses en tout genre, du noble détendu et amicale, à mon Connard préféré, aux Princesse prout-prout ennuyante à mourir, ou celle qui à Paris passe la journée en ma compagnie. Au bout d’un moment, l’effet ‘Wouhaaaa’ se transforme en une sorte d’impression de déjà vu et le seul étonnement réside dans le petit truc en plus.

A un moment, j’ai du avoir vaguement conscience d’être à moitié nu, mes doigts s’appliquant à refermer les premiers boutons de ma chemise, lissant des plis imaginaire sur une de mes manches, allant même à tirer le tissu légèrement pour former une petite montagne et d’une pichenette parfaite le tout.

Où en étions-nous ? À oui, l’inconnue couchée sur MON lit, dans MA chambre, de l’auberge. J’avoue que dans mon enfance, je fus préparé à vivre une vie d’enfant de nobles, mon père étant Duc Impérial, l’on m’a appris les bonnes manières, diverses langues, plusieurs protocoles et j’ai pensé naïvement être préparé à tout. Je n’ai d’ailleurs pas souvenir de ne pouvoir me sortir d’une situation délicate. Suffis simplement d’être diplomate, de savoir séduire d’un regard complice ou simplement de détourner les regards vers autre chose. Mais là ? Puis-je pointer la lune du doigt et lui faire croire qu’un lapin rose vole entre les étoiles ? Clairement pas.

Lorsque je fus enfermé à Dijon, par un malheureux malentendu, j’ai fait appel à mon protecteur pour me sortir de là. Quelques mots bien placés : ‘je vous prie de retirer le masque de l’indifférence et me venir en aide. Accordez-moi votre protection, aujourd’hui, pour que demain, je vous en remercie en vous dévouant ma vie, pour vous servir. ‘* Bha t’y crois ou pas, mais il était arrivé pour me sortir de là. Maintenant, la question légitime est : dois-je prévenir mon nouveau protecteur pour une histoire de chambre ? Je doute. Soyons adulte, après tout, j’ai dix-sept ans, fini d’être une carotte.


… Beuh …

Oui, alors bon, vous allez rapidement vous rendre compte que mon niveau de conversation reste très faible lorsque je suis surpris, étonné, en pleine hallucination. ‘Beuh’ étant sûrement le maximum possible en cet instant précis. Je me regratte la nuque et lance un regard circulaire, lit, meuble, chambre, auberge. Pas comprendre.

… Euuuh… Bonsoir.

Rappelons que je suis intellectuellement très intéressant, dans mon état normal. Là, j’accorde que j’ai l’air d’un con, un bon gros con, qu’on invite aux dîners pour se moquer et prendre son pied. Un jeune homme sexy, charmant, mais con. Comme quoi, tout semble possible.

Je suis … Dans ma chambre, voyez. Mes bottes, moi, mon domestique, ma chambre. Cohérence, logique implacable.

Tiens le domestique n’est pas présent, il est passé ou celui-là encore ! Toujours absent, c’est dingue de payer si cher un homme pas capable de vous suivre. Non ?



* Extrait de Mon meilleur plan.
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Mariealice
....Que diable allait-elle faire dans cette galère?*

Marie l'observait tout en se redressant sur SA couche. Rétablissement des membres supérieurs suivi d'un retournement du corps pour s'assoir sur le bord du lit, les pieds au sol, prête à bondir. Oui, on ne se refaisait pas, la brune pas plus qu'une autre. Même les salons du Louvre n'avait émoussé ses réflexes, et pourtant dieu sait que certains combats qui s'y déroulaient étaient largement plus violents qu'une bonne guerre contre la Bretagne par exemple. Alors quelques mois, enfin quelques... Façon de parler hein. Donc quelques mois dans un monastère, que nenni. D'ailleurs, discrètement, l'air de rien, la main droite plongea dans la botte, faisant mine de gratter la jambe tout en se refermant sur le manche de la dague qu'elle avait retrouvée avec le reste de ses affaires quelques heures auparavant. Même pas émoussée ou juste assez pour ne pas découper de façon nette et franche.

Haussement de sourcil au beuh suivi d'un bonsoir à nouveau. Et bien la conversation allait être amusante et très rafraichissante après tout ce silence. Profond soupir, même pas retenu. Nouveau haussement de sourcil en entendant la description, assorti d'un sourire en coin.


Je vois surtout que vous êtes dans la mienne. Je vois vos bottes certes mais vous venez de les ôter. Je puis en faire autant, cela ne constitue pas une preuve de propriété.

Regard faisant le tour de la pièce, levage de fessier pour regarder sous le lit tout en récupérant la dague pour la faire coulisser dans la manche. Après tout aucune idée de qui il était et ce n'était pas ses vêtements de bonne facture ni son minois qui pouvaient l'empêcher d'être le dernier des coquins du coin. Relevage de fessier et du reste pour se retrouver debout, face à lui mais pas trop près tout de même, époussetage de genoux.

Votre? Domestique? Et où se trouve-t-il je vous prie? Parce que même sous la couche je ne l'ai point vu. Mais ceci dit si vous voulez vérifier par vous-même.

Quelques pas sur le côté pour laisser la place si le coeur lui en disait.

Puis-je savoir à qui j'ai l'honneur?

Ou pas. L'honneur. Noisettes s'étirant, pied droit tapotant doucement comme pour mieux mesurer le rythme mais de quoi? Peut-être de sa patience? Non point encore. Elle en avait fait une sacrée cargaison dernièrement et puis, amusée, elle voulait voir ce qu'il allait faire. Amusée oui mais pas pour autant inconsciente et tant qu'à faire quelques pas, autant aller doucettement du côté de la porte. Elle ne pourrait crier à la garde mais au moins ouvrir la porte et la lui coller sur le nez s'il faisait mine de. La dague ne servirait qu'en dernier recours, Marie n'aimant toujours pas répondre le sang même si celui lui était, hélas, déjà arrivé plus d'une fois.

[*Les fourberies de Scapin]
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Tobias_maxence.

Yeux de biche, c*l de cheval.


Elle bouge, elle bouge ! Étonnamment, je suis étonné. La voir bouger me surprend et j’observe le déplacement curieux et prudent, c’est que je ne la connais pas moi et je tiens un minimum à ma vie. Puis si je peux mourir vieux après une bonne centaine de séance de sport (en chambre), cela m’arrangerait grandement, je l’avoue, je suis un coquin. Mais j’ai dix-sept ans merde ! Du coup, en cet instant précis, mon meilleur bouclier me semble être simple : ma nonchalance. J’appuie mon croupion contre l’un des meubles de l’entrée et croise les bras sur mon ventre trop maigre. Les doigts de ma main droite caressent le collier de cuir noué sur mon poignet gauche et caresse le médaillon nordique. Elle est assise et moi installé, nous avons l’air de deux vieux amis bavardant d’autrefois, mais non !

La tension est présente et le frison qui parcourt mon corps en cet instant, me souvient que ce n’est pas mon amie, une simple inconnue, dont la présence ne me rassure pas du tout ! Mais alors, pas du tout. Va savoir pourquoi à un moment donné, elle décide de m’offrir la vue de son postérieur, j’ignore à quel moment précis cette femme à semblé trouvée adaptée de me montrer son luc, mais je présume que nous n’avons pas la même vision de la décence. Songe le mec qui était à demi-nu, il n’y a pas deux minutes.

Je bats des paupières, me demandant si j’étais en pleins rêve ! Non, mais non ! Personne ne fait ça ! Sauf moi, mais déjà je ne suis pas tout le monde. Je retiens un rire, mon poing gauche allant dans ma bouche pour étouffer un rire nerveux. Je mords mes doigts l’annulaire et le majeur en toussant pour dissimuler le tout. Elle retire la poussière sur ses genoux et je reprends ma posture nonchalante en laissant mes doigts retourner au jeu du pendentif.


L’absence d’un incapable, ne signifie en rien que ce lieu est votre détention. Moi, au moins j’ai mes cuissardes en preuve irréfutable, incontestable ! Osez-vous contester ?

Ma voix est calme, limite amusé et je reconnais volontiers prendre un certain plaisir dans cet échange. Mon inconnue est cultivée, j’ignore si elle joue comme moi, mais si tel est le cas, veillons à ne pas nous brûler. Son approche m’avait fait sourire, je n’étais plus soucieux désormais et la tension jadis palpable retombait doucement de mes épaules. Je n’avais jamais vraiment eu à m’inquiéter pour ma vie, d’autres s’en chargeaient avec talent, je dois dire.

Arrive une question que je n’attendais plus ‘Puis-je savoir à qui j'ai l'honneur?’ et je la regarde, penchant légèrement la tête sur mon épaule droite. J’en apprends soudainement beaucoup sur mon interlocuteur. Elle doit avoir été, ou être encore noble, de bonne famille sans doute et visiblement capable de juger les inconnus sur leurs prénoms, à moins qu’elle nourrice l’espoir de connaître mes noms.

Dans ce genre de cas, je suis toujours hésitant, mentir n’apportera rien, la vérité par contre créer un conflit inutile. Ils ne sont pas rares ceux qui me jugent de par mes noms et déclare que je suis le descendant de monstres et de démons. Alors je l’observe de mes azures et cherche à savoir si j’ose la vérité, ou choisi le mensonge.


Tobias Maxence de Talleyrand Cheroy d’Ambroise. Ce n’est probablement pas un honneur, ceci étant.

Pas de titres, pas d’information supplémentaire, je n’ajoute pas qui est mon père, qui fut mon cousin, je cesse là. Si Madame à un brin de jugeote et trois doses de déduction, le reste arrivera seul. Après tout je ne suis pas vêtu comme un paysan ou un gueux de la cours de miracles.

Et vous ?

Je me gratte les quelques poils de barbe qui parsème ma joue droite et étire un sourire. Si on m’avait dit que je n’allais pas dormir, mais bavarder avec mon inconnue, j’aurais rit grassement. Maintenant, la fatigue m’as quittée et la curiosité piquée.
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Mariealice
.....Dis-moi qui tu es, je te dirai peut-être qui je suis.

Décidément il ne lâchait rien et semblait tout aussi têtu qu'elle. Ce qui n'était pas peut dire. Encore ces cuissardes qu'il remettait sur le tapis, tapis d'ailleurs inexistant dans la pièce. Comme si une paire de bottes pouvait suffire à indiquer qu'il était en ces lieux maître temporaire. Ben oui temporaire, c'était tout de même une chambre dans une taverne, pas du castel du coin.

Si j'ose contester? Mais tout à fait. Et je peux même vous répliquer par la présence de mon épée et bouclier.

D'un geste de la main, Marie indique les armes mentionnées qu'elle avait déposé au chevet du lit quand elle était entrée. Jamais bien loin de ses mains. Là encore, vieille habitude prise lors des campagnes - un peu trop nombreuses à son goût - auxquelles elle avait participé. L'épée n'était visiblement pas une de celles qu'on arborait lors d'une parade même si elle était entretenue avec soin, simple, sans fioriture mais certainement très efficace. On apprenait très tôt quand on s'engageait dans la voie militaire que votre vie dépendait de ce que vous aviez en mains ainsi que de vos compagnons d'armes. Son bouclier, lui, montrait visiblement des traces de coups reçus même si les armes sur celui-ci étaient toujours lisibles et certainement pas celui d'une écuyère, si tenté qu'il connaisse les différentes formes de bouclier puisque le sien indiquait son rang au sein de la Licorne. Le regard de la brune s'y attarda quelques instants, devenant flou tandis que certaines images cherchaient à se frayer un chemin dans sa mémoire. Mais il était hors de question qu'elle les laissa affleurer pour l'heure et reporta donc les noisettes sur l'inconnu.

Je vois que votre valet ne doit rien au mien niveau absence et, peut-être, bêtises à rattraper.

Gerfault. Certainement était-il toujours à Sémur, peut-être en compagnie de Gontrand, valet tout aussi improbable que le sien mais celui-ci appartenait à son frère, Enguerrand. D'ailleurs Enguerrand, Ewaële.... C'était maintenant à une liste de noms sans fin que son esprit s'accrochait. Ah non là encore point le moment. Tiens d'ailleurs, des noms s'égrainaient dans la bouche de l'inconnu en réponse à sa question. Dedieu mais on aurait dit une litanie digne d'un jour sans pain là. En plus elle les connaissait tous, ramenant des visages connus, amis ou pas, dont celui d'Anne. Anne, encore une personne qu'elle avait lâchement abandonnée et qu'il allait falloir aviser de son retour, plus tard. Mais ces noms étaient-ils tous siens?

Aella Jagellon de Meyrieux dicte Marie Alice de Meyrieux.

Pas de titre non plus, suivez un peu j'ai déjà dit que ça risquait de prendre une plombe cette affaire. Sans compter qu'à part lorsqu'elle s'y retrouvait obligée, elle en faisant rarement étalage. Même le tavernier ne savait pas à qui il avait affaire, ce qui l'arrangeait. La brune hein, sans doute moins le tavernier qui aurait flairé la bonne affaire. Ceci dit peut-être qu'elle ne se serait pas retrouvée dans cette position. Elle n'en était pas à regretter sa sortie du monastère mais avouez que c'était tout de même étrange. Remarquez, elle aurait dû se douter qu'une fois de plus elle allait croiser quelqu'un sur sa route. Enfants, hommes ou femmes, elle avait le don de se retrouver avec sur les basques des gens qui passaient plus ou moins longtemps dans sa vie. Ce qu'il en serait de celui-ci? Aucune idée et pas du tout sa priorité pour l'heure. Non parce qu'à la base, ce qui la préoccupait c'étaient les nouvelles qu'elle attendait désormais, la peur au ventre.

Je ne vois qu'une solution pour nous tirer de là. Le tavernier lui-même qui m'a conduite dans cette chambre.

Et autant dire qu'il avait intérêt le bougre de sagouin à ne pas avoir louer deux fois la même histoire de gagner un peu plus d'argent sinon il allait voir de quel bois elle se chauffait. Ce ne serait ni à coups de bouchons ni à coups de chausses qu'elle lui expliquerait le fond de sa pensée mais bien à coups de genoux bien placés comme plus d'un portier de taverne dans le royaume pouvaient en attester!
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Mariealice
Aelys_meyrieux a écrit:

[En Lyonnais-Dauphiné, un peu à l'est de Vienne]

Si seulement il pouvait se passer quelque chose...

Aelys soupira. Evidemment, quand on est une toute petite fille de presque 7 ans, on ne se le formule pas exactement comme ça. Dans la tête d'Aelys, ça ressemblait plutôt à

J'm'ennuie. Chais pas quoi faire. Qu'est-ce que je peux faire? Je veux jouer. Ya jamais rien, ici.

La fillette était assise dans une pièce ordinaire du castel de Meyrieu, qui comme on le sait déjà n'était pas très grand. Elle était inconsciemment injuste quand elle se disait qu'il ne se passait jamais rien, au castel de Meyrieu. Elle se trouvait, sans le savoir, presque au centre d'une toile d'araignée gigantesque, puisqu'elle était tout près de Jehan, lequel était carrément au centre. Si je puis m'exprimer ainsi.
Mais qu'a-t-on à faire de chevaucheurs, de pigeons, de livrées, de vas-y-dire et de hérauts, quand on est une toute petite fille de presque 7 ans? Surtout quand on en voit tous les jours, et que ça ne change rien au fait qu'on ne sait pas quoi faire.

Oh ! elle avait du travail, la petite. Son père veillait soigneusement à son éducation. Elle savait lire, très bien. Ecrire, aussi, avec une jolie écriture bien moulée, du moins quand elle utilisait le calame. Avec une plume, c'était moins joli. Quoique... Aelys ne trouvait pas ça laid du tout, les pâtés qui étoilaient ses premiers parchemins. C'étaient des constellations qu'on pouvait rechercher dans le ciel, la nuit. Et puis elle savait compter, aussi. Elle aidait Sancie à tenir les comptes du castel quand Jehan n'avait pas le temps, c'est-à-dire souvent. Ses additions tombaient toujours juste. Et presque toutes ses soustractions. Elle parlait fort bien le français de France, et l'arpitan des serviteurs. Elle avait des leçons d'équitation et d'escrime, qu'elle aimait bien. Des leçons de danse, de musique et de maintien, qu'elle n'aimait pas. Mais il faut bien savoir faire la révérence quand on est princesse, on le lui avait bien expliqué.
Elle avait des jouets, aussi. Et des livres.

Au moment où un énième chevaucheur s'arrêtait dans la cour, Aelys était assise par terre, à demi cachée par la tapisserie qui recouvrait la table de Jehan. Elle était bien, il faisait bon. Une très jolie poupée - tête de cire peinte et corps de chiffon - était assise devant elle, appuyée au pied du siège réservé aux éventuels visiteurs. Aelys lui répétait une comptine que la poupée écoutait docilement.
Bien trop docilement.


Si seulement elle pouvait se fâcher ! Si seulement il pouvait se passer quelque chose...

Aelys ouvrit la bouche pour bâiller - et oublia de la refermer.
Le bon Jehan, le sage Jehan, le pondéré Jehan, image rustique de son maître, criait par la fenêtre.


Toi, là ! Attends ! J'ai une réponse à renvoyer au plus vite à celle qui vous a confié ce message.


Ce n'est pas tant la teneur du propos, somme toute assez banale, que le ton qui alerta Aelys. Jehan était tout bizarre. Sans savoir pourquoi, Aelys se sentit gagnée par l'inquiétude. Doucement, elle se hissa sur ses jambes. Sa tête apparut au ras de la table, tandis que Jehan écrivait à toute vitesse. Ce qu'il pouvait écrire vite! Aelys coula un œil vers la missive qui avait déclenché cette subite activité jehanesque. Elle ne savait pas bien lire à l'envers. Mais le scel...
Combien de fois l'avait-elle admiré, ce scel? Combien de fois avait-elle caressé les cinq délicats pétales, combien de fois s'était-elle amusée, en cachette de son père, en cachette de tout le monde - sauf de Gertrude, bien sûr, à qui elle disait tout dans sa tête - à lire les mots du bout des doigts.
S MARIE ALICE JAGELLON VIOLETTE ET C EST BIEN SUFFISANT.
Marie-Alice Jagellon. Sa mère.

Cinq minutes avant, la petite avait détaillé chaque meuble, chaque tapisserie, chaque objet de cette pièce qu'elle connaissait par cœur. Aucun ne pouvait apporter de soulagement à son ennui. Alors elle avait posé sa poupée devant elle, et mis Gertrude dans sa poche. Gertrude n'avait plus de poupée que le nom. Sancie l'avait mainte et mainte fois raccommodée, sa robe n'était plus faite que de pièces de toutes formes et tailles, pour trouver son visage, désormais blafard, il fallait écarter une masse de crin de cheval qui avait autrefois été somptueuse chevelure. Gertrude n'avait jamais quitté Aelys. Elle avait 7 ans, comme elle. Partout où allait Aelys, Gertrude suivait. Bien sûr, maintenant qu'elle était grande, Aelys parlait à Gertrude seulement dans sa tête. Les grands ne comprennent jamais rien.
Quatre minutes avant, Aelys avait murmuré dans l'absence d'oreille de Gertrude :


Si Maman était là...

Mais Maman ne serait plus jamais là, beaucoup de serviteurs le disaient quand ils croyaient qu'Aelys n'était pas là.
Trois minutes avant, Aelys s'était mise à enseigner sa comptine à sa poupée.

Et maintenant...
La tête d'Aelys disparut sous la table.


Sancie ! Sancie ! Nous partons pour Langres, prévenez la princesse et préparez là. Sa mère l'attend !

Mais la princesse savait déjà. La princesse ne voulait pas partir pour Langres. La princesse ne voulait plus d'inattendu.
La toute petite fille, cachée sous la table, berçait contre son coeur la pauvre Gertrude et lui murmurait à l'oreille.


J'ai peur j'ai peur j'ai peur j'ai peur j'ai peur....

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Mariealice
--.Jehan a écrit:
[En Lyonnais-Dauphiné, un peu à l'est de Vienne]


Tout à son excitation, Jehan n'avait pas remarqué la présence de la fillette, qui savait se faire discrète, sans quoi aurait-il probablement remarqué son état et pris le temps de la rassurer. Il s'appliquait à veiller sur elle avec le plus grand soin. Parce qu'elle était la fille de son seigneur, certes, mais aussi parce qu'elle était comme sa petite-fille, lui dont les enfants étaient adultes depuis bien longtemps. Il l'aimait, comme la plupart de la maisonnée de Meyrieu, d'ailleurs, reportant sur elle l'attachement qu'il avait pour son maître et ayant appris à apprécier ses qualités propres.

L'intendant la trouvait pourtant l'air un peu triste, ces derniers temps. Il estimait que la raison était qu'elle manquait de compagnie de son âge avec qui jouer ou simplement discuter. Mais il avait beau s'en être ouvert à Sancie, formellement chargée de son éducation, et à son père, rien n'y faisait. La première considérait qu'une jeune princesse ne pouvait pas traîner avec n'importe qui, et le second -qui n'aurait sans doute pas été tout à fait d'accord- ne souhaitait pas plonger sa fille dans le grand bain de la cour royale pour la préserver le plus possible de "l'influence parisienne" qu'il n'appréciait guère lui-même -quand bien même y était-il de plus en plus plongé-.

Toujours est-il que, sortant de la pièce à la recherche de Sancie et propageant la bonne nouvelle, il ne remarqua pas qu'il abandonnait dans la pièce la jeune héritière.




Mais ladite Sancie, gouvernante de Meyrieu et présidant à la destinée de sa domesticité avec une austère et sévère efficacité, tenait rarement Aelys éloignée de ses pensées, et la connaissait bien. Aussi, quelques minutes plus tard, c'est elle qui entrait dans l'office, appelant d'une voix douce réservée à sa pupille.

Aelys ? Princesse ?

Il ne fallu pas longtemps pour qu'elle relève la tapisserie ornant la table pour y trouver l'enfant apeurée. Si elle avait à peu près prévu qu'elle serait là, elle n'avait pas anticipé de la trouver dans cet état. Et commença en se méprenant sur la raison.

Aelys, tout va bien. Il y a beaucoup de bruit mais c'est une bonne nouvelle, il n'y a aucun danger. Au contraire.
Aelys ...
la brune domestique, s'agenouilla face à la jeune fille en prenant soin de plier convenablement sa robe en même temps, puis la regarda dans les yeux en gardant un ton apaisant. Ta mère est sortie du couvent, elle souhaite te voir. Nous allons la rejoindre, et ton père nous retrouvera là bas, j'en suis sûre.
Elle sera ravie de te voir, et je suis sûr qu'elle sera fière de la jeune fille que tu es.

Mais tu dois venir avec moi pour que l'on se prépare pour le voyage. Allons.


Se relevant, Sancie tendit la main vers la princesse pour qu'elle l'accompagne.

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Mariealice


Aelys_meyrieux a écrit:
[En Lyonnais-Dauphiné, un peu à l'est de Vienne]

Jehan était sorti très vite, Aelys se retrouvait seule avec Gertrude, et l'autre poupée, bien sûr, mais elle ne comptait pas vraiment. C'était juste une poupée. Alors que Gertrude, c'était bien autre chose. Le nez dans la boule de chiffons, la petite arrêta bien vite sa litanie de "j'ai peur". Elle savait très bien quoi faire quand on avait peur. Il suffisait de jouer.

Dis Gertrude, on joue qu'on serait perdues dans la montagne. Et qu'il y aurait du vent et de la pluie. Et qu'on serait réfugiées dans une bergerie.

De moutons, il n'y avait guère de chances d'en trouver sous la table, la domesticité de Meyrieu étant plutôt du genre diligent, Sancie y veillait. Mais l'imagination fertile de la gamine lui en montrait quelques dizaines, serrés les uns contre les autres pour se tenir au chaud. En fermant les yeux, elle pouvait même sentir leur puissante odeur de suint et de foin sec.


Tu n'as pas faim, Gertrude? Tu veux un peu de lait? Viens, on va traire cette brebis.

Et d'ajouter, au cas où Gertrude en aurait douté :

Vi je sais bien qu'en vrai les princesses, ça trait pas les brebis. Mais c'est pour de faux. On joue.

Ce rappel à la dure réalité la replongea dans le danger à venir. Elle pressentait, sans pouvoir l'exprimer, ni même l'expliquer, que la missive reçue ce jour allait bouleverser à tout jamais sa petite vie bien rangée.

Aelys ? Princesse ?


Aelys serra plus fort Gertrude contre elle, après lui avoir intimé d'un doigt impérieux l'ordre de se taire. Trop tard ! Aelys avait oublié la poupée de cire. Sancie l'avait probablement aperçue, et en avait déduit la cachette de sa jeune maîtresse. Aelys avait toujours été impressionnée par la facilité de Sancie à la repérer, où qu'elle se trouve, même dans ses cachettes les plus secrètes, comme dans la vieille malle du grenier ou le banc-coffre de sa chambre. Même quand elle se terrait entre la maie et la cheminée, dans la cuisine, Sancie la retrouvait.

Aelys, tout va bien. Il y a beaucoup de bruit mais c'est une bonne nouvelle, il n'y a aucun danger. Au contraire.

Aelys secoua la tête. Evidemment, que le danger ne venait pas du bruit. Enfin si, un peu quand même. Mais pas directement. Cela, elle le savait bien.
Sancie se mit à sa hauteur, et lui parla de cette voix qu'elle prenait toujours quand elle voulait lui faire croire que tout allait bien. Sauf que des fois, c'était pas vrai que tout allait bien. Par exemple, quand Gertrude s'était déchiré le bras dans le gond du banc-coffre, Sancie avait pris cette voix-là, juste la même qu'aujourd'hui, pour lui dire que ce n'était pas grave, qu'on lui mettrait un bras neuf, tout ça. N'empêche que le bras de Gertrude n'était plus comme avant. Il était beaucoup moins doux quand Aelys se caressait le nez dessus, et il ne sentait plus pareil.


Ta mère est sortie du couvent, elle souhaite te voir. Nous allons la rejoindre, et ton père nous retrouvera là bas, j'en suis sûre.
Elle sera ravie de te voir, et je suis sûr qu'elle sera fière de la jeune fille que tu es.

Mais tu dois venir avec moi pour que l'on se prépare pour le voyage. Allons.


Aelys secoua encore la tête. Ça faisait beaucoup d'informations à assimiler d'un coup.

Elle est morte, ma mère.

Cela, elle en était sûre de chez sûr. Parce qu'en vrai, quand les mamans ne sont pas mortes, elles s'occupent de leur petite fille. Pourtant, Papa disait toujours que Maman était au couvent. Et Sancie disait qu'elle était sortie du couvent. Les papas, ça ne ment jamais. Du moins, pas le papa d'Aelys. Cela aussi, c'était sûr. Et du coup, Aelys n'était plus sûre de rien...

Sancie lui tendait la main. Pour la forme, Aelys secoua encore la tête, marmonna quelque chose qui pouvait ressembler à


Même pas vrai, d'abord!

et prit la main tendue.
De toutes façons, Sancie avait toujours raison, au final. Ça ne servait à rien de lui résister, pour l'instant. Quand Aelys serait très très grande, grande, presque vieille, 12 ou 13 ans, peut-être, elle pourrait résister à Sancie. Mais pas maintenant. Alors elle fourra Gertrude dans sa poche et suivit.


Tu resteras avec moi, hein, Sancie? Et aussi Jehan?

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Tobias_maxence.

On n'utilise pas assez le mot ''Toucan'' et c'est injuste.



Elle conteste ! Je fronce les sourcils, posant mon regard sur le bouclier et l’épée non loin du lit. Voilà qui me surprendra toujours, à croire qu’avoir cela à coté de la couche à quelque chose de romantique. Je sais que je suis fleur bleue, mais tout de même c’est très étonnant. Oh, je n’ai rien d’un petit soldat, bon ou mauvais. Je fus Prévôt par hasard et il se trouva que j’étais bon, c’est tout, fin de l’histoire et début du prochain livre. Je crois que globalement en combat je ne suis pas mauvais, je me défends et parfois je gagne.

Mais quelque chose d’autre m’intrigue sur ce bouclier, autre que sa présence au chevet du lit, j’entends. Je l’observe sans m’approcher et devine assez rapidement que Madame n’est pas n’importe qui. Mais qui est-elle réellement, je ne sais pas.


Vous contestez …

J’avais l’air surpris, c’est qu’on me conteste rarement, j’ai garde aucun souvenir en tout cas. Puis arrive l’instant ou elle me parle de son valet, qui équivaut visiblement Frambourg. Je souris à peine, j’adore Frambourg et sans le roux je doute être capable de tenir debout par instant. Lui qui me force à me nourrir, lui qui veille sur mon sommeil, sur ma santé et moi en général. J’avoue avoir eu de l’audace en le réclamant à mon connard et de la chance qu’il accepte sans trop de résistance. ‘’ Si tu le remplace, prends-le’’ qu’il m’avait dit, à croire que je n’étais pas capable de trouver un domestique au premier prince de France, pas eu besoin d’annonce qu’ils étaient déjà dix à vouloir la place.

Je hausse les épaules, répliquant sereinement :


Sans maladresse, il ne serais pas pleinement lui.

Preuve sans doute que je l’affectionne énormément et qu’il m’est important peu importe le reste de son caractère tout particulier. J’avoue à ma grande honte que son prénom et son nom ne me dit rien, ne me rappel personne et je pense avoir rougit légèrement à ce constat. Ce n’est jamais agréable d’être inconnu, quoi que parfois j’aimerais beaucoup l’être.

Enchanté Madame de Meyrieux. Allons donc voir l’aubergiste.

Je passe devant, non pas que je sois ravi de quitter l’endroit, mais j’enfile mes bottes et rejoint la salle que nous nommerons commune. M’approchant de l’homme et annonçant directement et sans attendre notre problème :

Mon ami, nous ne comprenons pas comment est-ce possible de louer une chambre à deux individus. Nous avons la même, elle et moi, moi et elle hors cela est un problème. Expliquez-nous mon brave.

L'Tout Puissant m'soit témoin, j'l'aurai pas faite celle là alors j'comprends pas, la petite dame c'est l'chambrée d'gauche et vous m'sieur c'est l'chambrée d'droite. Z'êtes sur l'même palier mais point l'même chambrée, dite tout d'suite que j'suis mauvais.

Que…Ah…Euh…Beuh, non non vous êtes parfait, navré de ce… cette farce.


Droite ? Je rougit carrément là, et fixe la dénommée Marie Alice en fermant les yeux, pour assimiler ma grossière erreur. A l’ouverture de mes paumières, je mords ma lève et m’incline à demi.

Mes excuses, je crains avoir encore confondus ma gauche et ma droite. Je me gratte les quelques poils de barbe présente sur ma joue et plonge ma main dans une poche de mon mantel.

Puis-je vous inviter aux joutes sur mes terres, en guise d’excuses sincères ? Je payerais votre séjour également. Navré, Madame de Meyrieux.

Idiot ! Je suis un idiot et après lui avoir tendu l’invitation aux joutes, je disparaît rapidement tant la honte est grande. Crétin, petit crétin sur pattes.
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Mariealice
.....Où certaines choses s'arrangent.

Le regard de l'homme face à elle ne laissait aucun doute quant au fait qu'il n'avait pas l'habitude qu'on aille contre ses volontés ni qu'on puisse contester ses dires. Dommage pour lui, Marie, bien que l'ayant, n'en tenait pas forcément compte elle, ce qui avait donné lieu à des scènes fort drôles. Et d'autres nettement moins. Hochement de tête à sa réponse, histoire d'enfoncer le clou. Oui elle contestait. Petit sourire qui étira les lèvres de la brune à la réplique suivante. Il était vrai que Gerfaut ne serait pas lui non plus sans ses maladresses, ses beuveries, ses incroyables conneries et dieu sait qu'il en avait faites plus d'une et d'assez énormes. Assommer son maitre de l'époque en pensant que c'était un saltimbanque. Ou bien encore faire sauter le pigeonnier en compagnie de Gontrand après avoir découvert la réserve de poudre d'Enguerrand sous celui-ci. Le pigeonnier hein, pas le frangin tssss! Dieu sait que pour le coup, Enguerrand avait pris cher également parce que la dite-réserve n'était pas connue de la dame.

Ses armes semblaient intriguer Tobias. Etait-ce parce qu'il en reconnaissait la forme ou les armes héraldiques? Ou bien tout simplement parce qu'à la voir elle, surtout dans son état présent, on l'imaginait mal en train de les tenir et donc de s'en servir? Aucune idée. En tous les cas il sembla se ranger à son avis et, après avoir enfiler ses bottes, la précéda à la rencontre de l'aubergiste.

J'avoue me poser la même question que monsieur.

Court, clair mais sur un ton pour l'instant doux mais qui risquait fortement de changer suivant la réponse de l'homme concerné. Un soupir de soulagement en l'entendant et un rire sous cape qu'elle étouffa derrière sa main en entendant la méprise. Plus dur à contenir en voyant Tobias tout déconfit et rougissant. Inclinaison en réponse à la sienne.


Nul souci, voici notre petit problème réglé. Cela peut arriver.

Ben oui, la preuve puisque c'était le cas justement. Elle prit le parchemin tendu et le garda en main.

Je ne puis vous assurer que je serai en état de jouter mais si je puis, je viendrai y assister avec plaisir. Peut-être que mon époux
, pincement au coeur en songeant à Walan et ne sachant aucunement comment il allait réagir à son retour au monde ni même ce qu'il était devenu, joutera à ma place. Excuses acceptées Monsieur de Talleyrand Cheroy d’Ambroise.

Disparition de Tobias, salut de la tête à l'aubergiste et retour dans la chambre où elle finit par s'écrouler et dormir d'un sommeil peuplé de rêves agités.

.... Les jours se suivent et se ressemblent.... Ou pas.

Et ils semblaient s'étirer à l'infini. La brune se levait, mangeait, attendait des nouvelles, faisait et refaisait le tour de Langres, saluant les habitants qu'elle croisait, ombre silencieuse cachée par sa cape de voyage. Ils commençaient à reconnaitre sa silhouette et se demandaient sans doute qui elle était mais Marie n'en avait cure. Tout ce qu'elle souhaitait c'était connaitre son sort, avoir une réponse et retrouver les siens même si c'était pour s'entendre dire qu'ils avaient continué sans elle et s'en trouvaient bien plus heureux.

Jusqu'au jour où, de retour de sa promenade quotidienne, l'aubergiste la héla au moment où elle rentrait.

Madame, y a qu'échose pour vous.

Et de lui tendre une missive tout content, parce qu'il avait bien vu qu'elle l'attendait et parce que comme cliente, on ne pouvait rêver mieux. Discrète, payant sa chambre rubis sur l'ongle et ne râlant jamais sur la qualité de la nourriture ni du lit.

Oh. Merci à vous.

Voix tremblante et main tout autant en se refermant sur le précieux vélin.

Pourrais-je avoir un peu de vin chaud s'il vous plait.

Pour sûr ma petite dame.

Aussitôt demandé, aussitôt servir et pourtant qu'elle trouva le temps long, le suivant des yeux tandis qu'elle n'osait pas les poser sur ce qu'elle tenait dans la main, impatiente et pourtant si apeurée de le lire. Un merci contre le vin puis elle montait à l'étage, s'enfermait dans sa chambre et se posait sur son lit. Une gorgée de vin pour se donner du courage et tenter de calmer les battements de son coeur qui n'avait rien à voir avec la montée des marches. Allons, il fallait savoir. Le vin fut posé sur la table de nuit et la lettre ouverte.

Citation:
Madame,

Quelle joie de lire votre missive. Messire votre époux n'est pas à Meyrieu mais au Louvre, ou sur les routes d'Orléans. Je lui fais parvenir votre lettre au plus vite.

Nous venons vous rejoindre altesse ! Restez sauve !

Jehan.


La lettre fut lue, relue, encore et encore, comme si elle n'y croyait pas. Quelques mots, juste quelques mots sur un parchemin et son coeur battait à nouveau la chamade, mais de joie cette fois. Certes ce n'était pas Walan mais Jehan, ce bon vieux Jehan toujours de ce monde. Et il arrivait avec Aëlys. Et son époux vivait toujours. Et il allait lui transmettre sa propre lettre. Et.... Et..... Des larmes se mirent à couler sur les joues, silencieuses, précieuses tandis que le carcan autour de sa poitrine se desserrait un peu. Sa fille serait bientôt là, son époux sans doute aussi. Comment serait l'entrevue, cela elle l'ignorait mais le simple fait de le savoir la soulageait.

Elle plia la lettre et la rangea avant de s'installer devant l'âtre pour finir son vin. Une nouvelle attente commençait. Il lui fallait également écrire d'autres missives mais pas ce jour.

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Mariealice
--.Jehan a écrit:
[Langres, mais le temps d'un trajet depuis le Dauphiné plus tard]


Le trajet avait eu quelque chose d'épique ... et de déprimant.
Le vent et la pluie s'étaient abattus sur le pays et avaient rendu les routes particulièrement boueuses, quand il n'y avait pas simplement un arbre couché dessus. Plus d'une fois, l'escorte d'hommes d'armes de Meyrieu avait dû jouer de la hache pour éclaircir la route des branchages, au point que plusieurs d'entre eux en gardaient maintenant une glissée sous la lanière de leur selle. Une fois, il avait aussi fallu tirer l'un des coches hors de la gangue de boue qui s'était refermée sur lui, ce qui avait pris quasiment un après-midi complet.

Jehan, habituellement d'une humeur égale, voire plutôt joviale, s'était à plusieurs reprises énervé de voir que le convoi prenait tant de retard. Ils avaient dû passer plus de nuit que prévu dans des auberges, acheter davantage de fourrage pour les chevaux, remplacer des bottes et divers vêtements. Autant d'imprévus prenant du temps quand il avait une conscience aigüe que Marie Alice attendait, seule, après être restée si longtemps à l'écart. Et le fait de savoir que le messager qui devait rejoindre son maître devait faire face aux mêmes problèmes n'aidait pas à calmer l'intendant.

Mais ils étaient arrivés à Langres, sains et saufs mais pas très secs. Par chance, la pluie avait cessé quelques instants avant qu'ils ne pénètres en ville. A partir de là, il ne fut pas compliqué de retrouver l'auberge où logeait la brune. Et dès qu'elle fut identifiée, Jehan voulu s'y rendre au plus vite. Sancie, plus posée, imposa qu'elle et sa pupille s'apprêtent convenablement au préalable, si bien que le brave homme se présenta d'abord seul -et les vêtements un peu crottés- devant l'aubergiste puis la porte de la chambre.

Le sourire qui éclaira le visage du vieil homme lorsque la porte s'ouvrit fut franc et sincère, empli d'une joie communicative.


Votre Altesse ! Madame ! Oh, qu'il est bon de vous revoir ! C'est Jehan, vous vous souvenez de moi ? Allez-vous bien ? Les sœurs vous ont bien traitées j'espère ? Et l'aubergiste ? Vous n'avez pas été importunée ?

Et il se mit, un peu bruyamment et contrairement à ses habitudes si discrètes en présence de ses seigneurs, à papillonner autour de Marie Alice, tout à sa joie ...



Pendant ce temps, Sancie avait veillé à ce qu'Aëlys se nettoie correctement et enfile les vêtements qu'elle avait préparé pour l'occasion. Comme nombre de tenues de la maisonnée de Meyrieu et à l'image de celle du maître des lieux, celle-ci était de très bonne qualité, mais tout en sobriété. Point de fanfreluches pour l'héritière pour l'instant.
Tout en supervisant cet habillage, la gouvernante tentait également de contenir l'anxiété qui n'avait cessé de monter en elle tandis que le convoi se rapprochait de Langres. Car après tant d'années à éduquer la jeune princesse et à superviser son apprentissage, voilà qu'elle allait devoir rendre des comptes. Oh, elle devait déjà en rendre auprès du seigneur Walan, mais ... c'était le père, pas la mère de la petite, ça n'avait rien à voir.
Quand la jeune fille fut habillée, Sancie passa à son tour, presque fébrilement, une tenue propre, et consenti enfin descendre du coche pour entrer dans l'auberge, tenant Aëlys par la main.

Quelques instants plus tard, alors que Jehan continuait de papillonner, elles se tenaient devant la porte de la chambre en train de s'ouvrir ... révélant la mère à la fille et la fille à la mère.

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Aelys_meyrieux a écrit:
[Langres]

Bien sûr, Sancie était venue, et Jehan aussi. Et même, ils avaient été encore plus présents auprès d'Aëlys pendant tout cet interminable voyage qu'à l'accoutumée.

Au début, c'était amusant. Aëlys tentait de reconnaître des détails de la route, parcourue l'année précédente avec son père, pour aller visiter Lyon. Mais la pluie barbouillait tous les paysages. On ne pouvait pas relever les rideaux de cuir du coche sans prendre en pleine face des paquets d'eau, parfois mêlée de neige. Sancie couvrait Aëlys d'étoffes variées, de fourrures. La petite n'avait pas froid, mais elle n'était pas non plus libre de ses mouvements.
Parfois, les gens d'armes, avec des "han!" de bûcherons, débitaient un arbre qui s'était abattu en travers du chemin. Aëlys en profitait pour se glisser hors du coche et se dégourdir les jambes. Elle se crottait jusqu'aux genoux, revenait les cheveux humides, les joues rouges et les yeux brillants. Avant de quitter Vienne, elle avait demandé combien de temps durerait le voyage. On lui avait répondu que, par Lyon, Mâcon, Chalon et Dijon, il fallait compter cinq jours. Elle s'amusait à rouler dans sa bouche ces noms qui se terminaient tous pareil : Lyon, Mâcon, Chalon, Dijon... Lyon, Mâcon, ... C'était comme une comptine.

Mais, en raison du temps, les cinq jours se multiplièrent. Sancie avait beau proposer tous les jeux qui lui passaient par la tête, main chaude, feuille-ciseaux, biscarabiscarabos, ombres chinoises, jeu des doigts, Aëlys n'en voulait plus. Elle avait peigné 20 fois par jour les crins de cheval qui composaient la chevelure de Gertrude, lui avait chanté toutes les comptines qu'elle connaissait. Elle connaissait par cœur ses tables, les deux premières déclinaisons latines, et toutes ses prières, à force de les répéter.
Et puis vint Dijon. Et Aëlys ne parvint plus à se cacher que, dans quelques heures, elle serait face à sa mère. Jehan était très nerveux, il faisait la grosse voix ; Sancie avait sa voix-de-quand-tout-va-mal-mais-qu'elle-dit-que-tout-va-bien. Les hommes de l'escorte riaient, plaisantaient entre eux. Aëlys ne comprenait pas tout. Par exemple, elle ne voyait pas du tout ce qu'il y avait de drôle quand ils racontaient l'histoire d'un rossignol réfugié dans les mains de la voisine, qui hérissait ses plumes puis restait soudain tout penaud. Ça les faisait rire aux éclats, Sancie leur commandait de s'éloigner, et Aëlys se disait que les grands, c'est vraiment très très bête. Du coup, elle ne les écoutait plus.

On lui dit qu'on entrait en Champagne. Elle se renferma alors dans un mutisme qui n'était troublé que par des exhortations à Gertrude.


C'est Maman en vrai, tu sais. Il faut pas avoir peur. Sancie l'a dit.

Coup d’œil en biais à la gouvernante, qui semblait n'avoir rien entendu, dans le fracas des roues et les chants des soldats, et elle reprenait à voix plus basse.

C'est pas sa faute. Elle pouvait pas venir avant. Sancie l'a dit.

Sancie l'avait dit... Mais Aëlys l'avait-elle assimilé? Rien n'était moins sûr. De sa mère, il ne lui restait pas d'image : seulement des impressions, des sensations. Douceur, parfum de violette, éclats de rire... Et le manque, surtout. Le manque terrible, qui vous creuse l'estomac comme un coup de poing, et vous fait croire que vous ne pourrez plus jamais reprendre votre respiration. La colère, aussi. Maman l'avait abandonnée, c'est donc qu'elle était méchante? Mais Sancie ne voulait pas entendre cela dans la bouche d'Aëlys, alors la petite avait bien vite cessé de poser la question. Encore moins à son père, surtout pas à son père, qui semblait toujours s'entourer d'une barrière invisible quand on évoquait en sa présence le nom de son épouse. Il pouvait parler d'elle, pourtant, à ses heures. Il parlait à Aëlys de sa mère. Seulement, au fil des mois et des années, c'était devenu comme une histoire, pour la petite. Sa mère, elle la voyait comme une fée violette, avec de grands yeux, de longues mains, une entité flottant au-dessus du sol, aux traits de plus en plus flous à mesure que le temps passait. Elle ne parvenait plus depuis longtemps à raccrocher cette image à une réalité bien trop lointaine pour elle. Et comme son père, manifestement, y parvenait à la perfection, lui, et semblait croire que ce qu'il lui racontait s'était passé très peu de temps auparavant, Aëlys s'était peu à peu persuadée qu'elle était dans l'erreur, et qu'il valait mieux que son père ne le sût pas, sinon il se croirait doté d'une fille particulièrement stupide.

On arriva enfin. Aëlys voulut descendre du coche, Sancie l'en empêcha. Elle dut se déshabiller, se débarbouiller, changer de chemise, l'ourlet de la sienne s'étant crotté aux boues du chemin, passer une jolie robe. Sancie la tint à bout de bras, l'air grave. On aurait dit qu'elle voulait parler, mais n'osait pas. Aëlys en était si intimidée qu'elle se laissa recoiffer sans rien dire, alors que l'intendante lui tirait les cheveux plus fort que nécessaire.
Puis ce fut au tour de Sancie de se changer et de tirer ses cheveux en arrière.
Enfin on put descendre.

Sa main dans celle de Sancie, Aëlys fut presque traînée dans un escalier en haut duquel on entendait la voix de Jehan. Une porte s'ouvrit.

Les yeux baissés, Aëlys vit, près des bottes de Jehan, d'autres bottes, plus fines. Une des menottes se crispa sur la main de Sancie, l'autre serra très fort Gertrude contre son visage. L'odeur familière de la poupée la rassura un peu, mais pas assez pour qu'elle ose monter le regard plus haut que les genoux de la porteuse de bottes.

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