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[RP] Tu quoque soror mea*

Iaggo
    Veiller.

Le calme après la tempête, celle qui avait surgi brusquement ce dimanche soir et qui avait ravagé une partie de Limoges. Oh non, pas toute la ville, pas même un quartier entier. Juste une maison, celle d’une femme fraichement installée dans la ville.

    Prendre soin d’elle.

Elle lui avait dit qu’elle avait froid. Le colosse jeta un regard vers la porte fermée autant qu’elle le pouvait encore. Bloquée par une chaise, de guingois par rapport au cadre, elle présentait aux occupants sa plus belle face. D’ici on n’aurait pu croire que le charpentier qui l’avait fabriqué était saoul quand il l’avait travaillé ou plutôt que les charnières du forgeron étaient de piètre qualité. Deux faces, deux réalités: l’extérieur témoignait de la violence de la tempête. Au centre de la pièce, au sol, gisait celle qui était responsable de tout cela: une hache. Sa hache, celle qui avait fait voler toutes ces éclisses de bois, celle qui avait testé la qualité des charnières du forgeron et gâcher le travail du charpentier.

    Se remémorer.

Dans le calme revenu de la petite bicoque délabrée de la capitale, les souvenirs revinrent hanter le jumeau. Comment cela était-il arrivé? Alors qu’Indra dormait près de lui, la scène se rejoua dans sa tête. Une fois de plus. Ce jour-là, il avait trouvé un artisan pour aiguiser sa hache. C’était le fou la veille qui le lui avait fait pensé avec les chuchotis adressés directement dans le creux de l’oreille de sa soeur. Quand au maire, il lui avait l’autorisation de se faire justice par lui même pour tout ce qui concernait les affaires familiales. Comprenez par là la protection d’Indra. Son poing aurait suffit à casser le nez de n’importe quel homme trop avenant avec elle. La hache amenait un effet dissuasif supplémentaire.

Tout était parti de ce concours de minage qu’Indra avait gagné et du fait que ce soit une femme qui le gagne. Pour le colosse qu’il était, le minage était un travail fatigant, requérant une force importante. C’était un travail d’homme avant tout. Si la mine était accessible aux femmes, c’était surtout pour y accomplir des tâches de soutien, pas y extraire la pierre ou le métal des entrailles de la terre. L’autre là-haut avait sans doute eu envie de tester ses enfants. La conversation avait dégénéré entre les jumeaux au point qu’Indra s’était détournée de celle-ci pour s’adresser au maire de la ville, portant la discussion ailleurs. Iago n’avait pas apprécié: la boule de neige qui avait dévalé les pentes de cette échange venait de provoquer l’avalanche tant crainte. Indra quitta la taverne, excédée. Iago lui emboita le pas, bien déterminé à régler comme il se devait ce qu’il appelait « ce manque de respect fraternel ». Le maire tenta bien de l’en dissuader mais se mêler des affaires de famille d’Indra et Iago n’était pas une bonne idée. C’est que le colosse fit comprendre au premier fonctionnaire de la ville.

Dans les rues de Limoges, un Iago furieux, la hache à l’épaule poursuivait la jolie blonde, scandant son nom sur un ton qui ne souffrait d’aucun doute quand à la nature houleuse des sentiments qui l’animait. Il avait sans doute réveillé un bon nombre de limougeauds sur son passage et il n’en n’avait même pas conscience. Comme la tempête qui gronde au loin et dont on sait qu’inexorablement elle nous frappera, il arriva devant la demeure de sa soeur. Les vociférations qu’il déballa augmentèrent sa fureur. Elle était là et il le savait. Elle lui avait répondu. La porte close était une insulte supplémentaire qu’il ne pouvait tolérer. Obtempérer ou laisser la haine de son frère faire le travail, tel était son choix. Un choix? Vraiment? Ce soir, il la battrait. Quoi qu’il puisse désormais se passer, il la battrait pour lui avoir manqué de respect. Ce fut à coups de hache pour faire céder la porte qu’il se fraya un chemin jusqu’à elle, éclisses de bois volant au gré des gestes ravageurs. Il entra et…


    Prendre soin d’elle et réfléchir à tout ceci.

Oui, la tempête s’était apaisée. Les bras bandés d’indra témoignaient de la violence de la soirée, la porte aussi d’ailleurs. Dans le silence revenu de la nuit, le colosse réfléchissait. Sa soeur chérie, la chose qui comptait le plus au monde à ses yeux, récupérait. La journée avait été joyeuse, la nuit affreuse, dure, extrême. A ses côtés, il la veillerait. Il s’assurerait qu’elle ne manque de rien, qu’elle n’a besoin de rien de plus. Elle était sa soeur chérie, il était son frère protecteur. C’était son rôle de veiller sur elle et il ne le faisait pas seulement par obligation. La nuit, quand on n’a pas grand chose à faire, la noirceur et le silence incitait à la réflexion. Iago ne dérogeait pas à la règle. Oui, il était grandement responsable de ce qui venait de se passer mais était-il le seul? Vraiment? Le seul?


*: Toi aussi ma soeur : toute référence à Brutus et à son papa serait bien entendu purement fortuite, Indra n'ayant pas de ressemblance avouée avec le fils du vieux Jules.

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Inddra
    Récupérer.

Le calme après la tempête, celle qui s'était abattue sur ma masure et sur ma vie en ce dimanche soir, certains connaîtront Xinthya ou Katrina d'ici quelques siècles et bien... c'était le typhon Iago qui avait frappé ce jour là sur Limoges.

    Se faire soigner.

Je lui avait dit que j'avais froid. Et la peau de bête au pied de la cheminée avait fini par remplacer l'étoffe d'une couverture qui n'existait plus en tant que telle, la chaleur du corps de mon frère m'enveloppant de ses bras et de sa stature, pour s'amender, parce qu'il regrettait, parce qu'il m'aimait, parce qu'il m'avait trouvé petite chose frêle en revenant une fois apaisé, plus abîmée qu'à son départ.

    Se remémorer.

Il m'avait poussé à bout à se foutre de moi de la sorte, à me dénigrer, à me rabaisser et à rendre ridicule ma victoire à ce concours de minage, c'était pas grand chose, même pour le dire franchement juste un gros coup de bol mais j'étais heureuse d'avoir pour une fois quelques écus en poche, je m'imaginais déjà lui faire une surprise avec ça, un col ou un morceau de bidoche ou j'en sais rien, mais... lui faire plaisir vu qu'il le faisait pour moi depuis toujours. Mais non, il avait fallu qu'il gâche tout, qu'il cherche la petite bête.
Il avait même réussi à critiquer le vin que le maire lui offrait, à trouver suspect que je préfère clore une discussion qui n'aurait jamais eu de fin pour ne pas offrir un spectacle pitoyable au bourgmestre. Il avait été rustre, odieux, et il avait réussi à me pousser à bout... Lui tenant tête et m'excusant rapidement auprès du sieur Grégory j'avais pris la tangente en le plantant là.

J'avais lu sa colère et je savais... Mes jambes à mon cou, voilà ce que j'avais pris à peine la porte de la taverne franchie, j'avais rejoint ma bicoque en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf. Et j'avais tiré le loquet pour clore la maison.
Mon regard clair posé sur la fermeture un frisson grimpa chaque vertèbre une à une pour me hérisser la tignasse, comme il me semblait dérisoire ce morceau de ferraille sur cette porte. Et comme j'avais raison, déjà le nom d'oiseau dont il m'affublait quand il était en rage retentissait devant la masure alors qu'il tambourinait à la porte .
Recroquevillée dans un coin de la maison, j'attendais que l'orage passe mais mes craintes étaient fondées, je savais que l'ouragan voudrait le fin mot de ses soupçons et qu'il ferait tout pour les avoir, la hache qui fendit ma porte n'en fut que la confirmation.

Iago... Mon frère, mon protecteur et pourtant... parfois, en certaines occasions, aussi mon bourreau avait déjà la main serrée sur ma gorge que je n'avais pas encore compris qu'il était entré. Résistance ou juste tenter d'éviter le pire mes mains agrippées à son poignet enfonçaient leurs griffes dans sa chair.
Mes émeraudes cherchèrent alors leurs jumelles masculines afin de tenter de le calmer, de jouer en quelque sorte le regard "chat potté", mais les jades injectées de sang que je venais de trouver en lieu et place me glaça d'emblée, me figeant sur place.
Iago était dans une rage folle et...


    Récupérer au creux de ses bras et réfléchir à tout ceci.

Oui, l'ouragan avait frappé, violemment, mais l'oeil du typhon avait pris le large ne laissant que le calme après la tempête. Un géant barbu avec des regrets surement et une blonde chétive au teint cireux, affaibli par les actes qu'avaient vu naître cette soirée. Mais à qui la faute ? A lui qui l'avait dénigré ? A elle qui l'avait provoqué en retour ? A lui qui avait plongé comme un débutant ? A elle qui cachait certaines choses à son frère ? A lui qui l'avait compris ? A elle qui voulait vivre ? A lui qui avait promis de la protéger ? A elle ? A lui ? A cette relation si spéciale qui les liaient ?
Le responsable avait-il une importance au final et si en définitive aucun d'eux ne l'étaient, mais... un autre.

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Iaggo
    Veiller.

Ce soir-là, je n’avais pas dormi. Ses révélations m’avaient secoué. J’étais parfois intense, prompt à la réaction. J’entendais souvent me dire que j’étais excessif, que je l’étouffais. Un regard équivoque dans sa direction et me voilà à hausser le ton. Une poitrine un peu trop mise en valeur et il me fallait la couvrir, la protéger malgré elle. Elle avait mon âge et pourtant pour moi, dans ma tête, elle était et serait toujours ma petite soeur chérie. « Jamais sans ma soeur », c’était mon cry de guerre. et il valait celui de n’importe quel cul-pincé de la noblesse. Ce soir-là, le grand frère protecteur n’avait pas disparu. Il lui avait agi comme il le devait pour la protéger malgré elle de la vermine masculine, des salauds qui pillent le coeur de femme., pour la relever quand elle trébuche, pour soigner ses plaies et s’assurer qu’elles ne s’infectent pas.


    Se remémorer.

Après que sa porte eut cédé, j’ai cherché dans l’ombre à peine troublée par une chandelle vacillante. Elle savait qu’elle avait fauté. Et elle savait que je savais. Elle n’avait rien fait pour apaiser ce courroux qui s’était emparé de moi. Au centre de la pièce, je l’ai trainé en l’agrippant par le corsage. Elle semblait avoir oublié qui dirigeait? Je l’ai secoué d’avant en arrière. Le ton de la voix n’avait pas baissé. Mes directives étaient entrecoupées d’injures crues. Elle savait qu’elle allait payer. Pour quoi? Moi, je ne le savais pas encore. Déjà pour m’avoir manqué de respect, à moi, son frère, celui qui fait tout pour elle.

Son regard quémanda ma clémence. Il obtint ma colère à l’état brut. Je l’ai agrippé par le cou. Ma main serra son cou. Elle suffoqua. Ses émeraudes n’imploraient plus, elles reflétaient la peur qui s’était emparée d’elle. Ce n’était plus la peur d’essuyer ma colère, c’était celle d’y passer. Ses ongles s’enfoncèrent dans la chair de mon poignet. Elle voulait me faire céder mais l’air lui manquant. Elle n’atteignit pas son objectif. Le visage que je lui présentais était celui de la détermination, de l’intransigeance, de la violence, un visage sous le signe de la tornade dans lequel elle m’avait plongé.

Sur sa paillasse je l’ai ramené sans la lâcher. Contre le mur je l’ai cogné. Sa tête heurta le torchis et ma main reprit position autour de son cou. Devant son refus à me dire ce qu’elle me cachait, devant mon insistance à obtenir réponse, à obtenir ce que j’étais en droit de demander, je l’ai frappé. Plusieurs fois. Pas une gifle non: frappé. Mes phalanges ont heurté violemment sa joue, la faisant rougir instantanément. Ma force et mon courroux eurent raison de sa volonté, comme à chaque fois. Enfin, elle céda, elle m’avoua: un homme, elle avait embrassé un homme. J’ai relâché prise. Les coups cessèrent de pleuvoir et le sol se déroba sous moi.



    Prendre soin d’elle.

Elle était étendue paisiblement à mes côtés. Elle devait encore souffrir des coups que je lui avais infligés. Je n’avais rien pour soulager sa douleur: aucune plante, pas d’alcool et elle ne voulait pas que je la quitte. Demain peut-être je l’emmènerai voir un médecin. Oui, demain. Ce soir il était trop tard. Limoges était endormie (ou rendormie après mes cris). Le feu était vif dans l’âtre, il réchauffait la petit pièce. Ce soir-là, je ne t’ai pas abandonné petite soeur. J’étais revenu parce qu’il m’était difficile de te sentir en détresse, parce que je suis là pour prendre soin de toi. Je ne t’abandonnerai jamais. Jamais. Quoi qu’il puisse arriver. Nos vies sont liées depuis le jour de notre naissance jusqu’à celui de notre mort.


    Prendre soin d’elle et réfléchir à tout ceci.

Un coup de poignard. Elle m’avait donné un véritable coup de poignard en avouant qu’elle avait embrassé un homme. Ce n’était pas la première qu’elle allumait un homme. Indra était séduisante et elle le savait. Ce soir-là, elle savait qu’elle allait morfler parce que ce n’était pas la première fois que tout ceci nous arrivait : un déhanché aguicheur, un clin d’oeil provocateur, un lacet détaché sur le haut de son bustier mettant en valeur un décolleté pigeonnant. Non, ce n’était pas la première fois mais là elle avait franchi un pas de plus. Elle avait embrassé un homme et elle savait ce que j’en pensais, comment je le prendrais.

Et tu n’as pas voulu me dire qui était ce salopard. Tu as préféré souffrir plutôt que de me donner son nom. Si seulement il savait. L’as-tu fait pour lui? Je n’en sais rien. J’ose croire que non, qu’il n’est qu’une tâche qui disparaitra de ta vie aussi vite qu’il est venu. Depuis combien de temps le connais-tu? Depuis que tu es arrivée à Limoges? Avant? C’est un de ces salauds avec lequel tu es partie quand tu as quitté Montmirail? Qu’il disparaisse. Un fétu de paille qui vole au vent, rien de plus. En attendant, je ne regarderais plus aucun limougeaud comme avant. A mes yeux, ils sont tous suspects. Tous. Les folies d’un homme entrainent parfois tout un peuple dans le chaos. L’homme est égoïste et il le restera toujours jusqu’à ce que l’autre là-haut décide que le petit jeu a assez duré. Si je m’écoutais je placarderais une affiche demandant au couard de se dénoncer et une fois qu’il aura eu le courage de le faire, j’apaiserai les tourments qu’il doit ressentir.

Toi aussi ma soeur? Toi aussi tu plantes ton poignard en plein coeur et couverte de coups, tu me regardes agoniser? Tes paroles m’ont fait mal. Les mots et les intentions peuvent faire plus mal qu’une main qui s’abat sur une joue, plus mal qu’une poigne serrée autour d’un cou, que le manque d’air que tu as ressenti. Toi aussi ma soeur tu as abusé de moi comme…

Impur. En osant toucher tes lèvres, cet homme t’a rendu impur Indra. Il a pris ce qu’il n’avait pas le droit de te prendre.
Impur. C’est ce que je t’ai dit oui.
Impur. Une trace sombre qu’il faudra effacer pour que tout revienne comme avant.

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Inddra
    Récupérer.

Ce soir là je m'étais effondrée, affaiblie, meurtrie par sa main et blessée par la mienne, contre celui qui était à la fois mon bourreau, mon soigneur et mon protecteur. Ma vie n'était que paradoxe si l'on y songeait, avoir un amour filial déraisonnable, non raisonné, exacerbé par une mère un peu trop aimante et s'en voir étouffée à chercher quelque chose d'illusoire, une bouffée d'air, peut-être sans vouloir jamais être loin de lui. Paradoxe...

    Se remémorer.

L'ouragan avait abattu ses rafales, envoyé voler la frèle chose que je suis, il savait que quelque chose était hors de son contrôle me concernant, il avait senti que je détournais son attention par des manoeuvres plus ou moins habiles vu la colère à laquelle je faisais face.
Voile flouté sur mon regard clair à la suffocation et mal de crâne à l'impact contre le mur de ma propre masure, comment avais-je réussi à le mener jusque là ? De provocations en provocations, de l'un et de l'autre je me retrouvais frêle poupée de chair entre les mains gigantesques et sous la carrure imposant d'un frère en furie.

Comment j'avais fini ? Mal... J'avais fini par lâcher prise et avouer ce qu'il ignorait, tant il fut abasourdi le nom du pauvre ère qui aurait vu son nez réduit en miette passa à la trappe d'un simple,"j'ai oublié".
Et la sentence était tombée, plus brutale encore que les coups que j'avais essuyé, me foudroyant sur place, ce mot dans sa bouche me concernant était pire qu'un tison brûlant qu'il aurait enfoncé droit dans mon coeur pour ce qu'il représentait entre lui et moi, au sein de notre duo, de notre famille.
Impur... j'étais impur à ses yeux.

Plus un geste, pas une phrase ou presque venant de ma part, je le regardais évoluer comme une bête en cage dans la pièce une fois la torpeur passée, et mon corps ne répondait plus, comme si j'étais autre part, hors de moi-même, dans une réalité alternative où tout ceci n'était qu'un mauvais cauchemar.
Mais la hache ramassée et jetée sur l'épaule ne me fit qu'à peine frémir, il pouvait bien abattre son tranchant sur moi, la mort serait sans doute plus douce que le regard de dégoût et de déception qu'il portait à présent sur moi. Mais ce ne fut pas ce qu'il fit, non, il se dirigea vers la sortie sans un regard parlant juste de trouver un moyen de me purifier.
Mes jades filèrent alors vers ce couteau qui trônait là, au sol, ayant surement voltigé dans la bagarre, machinalement je l'avais ramassé en lui souhaitant la bonne nuit laissant passer à la barrière de mes lippes un "adieu" tandis que la masse s'effaçait dans l'ouverture de la porte et que le froid d'une lame rencontrait la chaleur de ma chair... Purifier...


    Récupérer au creux de ses bras et réfléchir à tout ceci.

Oui, l'ouragan avait frappé, violemment, il avait laissé des traces, des bleus, des empreintes, des blessures, visibles et invisibles. Un froid qui serait difficile sans doute à voir disparaître et une réalité, l'amour porté à ceux qui me sont chers pouvait être douloureux à tout sens du terme, mais il restait le plus fort quoi qu'il advienne. Iago m'avait frappé, et pourtant c'est auprès de lui que je reprenais des forces après le passage de la tempête.

    Récupérer au creux de ses bras et après ?

De quoi serait fait demain je me le demandais, ce que ferait mon frère, comment je cacherais à ceux que je croiserais les conséquences visibles de cette soirée, un col.. des manches longues sur mes bandages, mais cette joue ? Une porte mal rencontrée ferait peut-être l'affaire.
Iago n'était déjà pas forcément compris pour son coté surprotecteur alors si en plus des nez potentiellement cassés aux prétendants on ajoutait qu'il me frappait, le pilori pourrait l'attendre rapidement et ça... jamais de la vie, il me fallait l'admettre un vie sans lui à mes cotés me semblait pure hérésie, quelque soit sa façon d'être.
Jamais sans mon frère...

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Iaggo
    Veiller.

Le matin était arrivé. Elle était là, endormie dans mes bras ou se reposant tout simplement, ses cheveux blonds s’étalant sur le torse et l’épaule masculines. EMa petite sœur à moi, celle que je voulais connaître comme si je l’avais fait, se reposait. Le soleil était levé sur Limoges et une belle journée de printemps s’annonçait. Ses bras avaient cessé de saigner. Sa joue avait enflé et des plaques rouges parsemaient la surface de son cou. Tout cela était éphémère. Le temps ferait disparaître chacune de ces marques. Quant à celles, non visibles, c’est un baume qui n’était pas fait de plantes dont nous avions besoin : l’onguent qui nous avait été donné à la naissance, celui qui chaque jour forgeait cette complicité que personne ne pouvait comprendre, celle qui faisait dire à Indra « Jamais sans mon frère », celle qui me poussait à fracasser crâne et nez de ceux qui voulait s’approcher un peu trop près d’elle, oui cet onguent-là ferait sa part de magie pour les bleus de l’âme.

    Se remémorer.

Ainsi, c’était ça. Elle venait de cracher le morceau mais celui-ci avait atteint ma figure bien plus violemment que ce que je m’attendais : elle avait embrassé un homme. « Ne pose pas la question si tu ne veux pas savoir » …Sauf que chez moi, c’est maladif. Jamais je n’aurais voulu entendre de telles paroles. Jamais! J’aurais pu me poser milles questions : Qui? Quand? Où? Y a-t-elle pris du plaisir ou fut-elle contrainte? L’a-t-elle aguiché ou est-ce lui qui a abusé d’elle? Au lieu de cela, au lieu des questions, ce furent les images qui s’imposèrent à moi : celles de ses yeux fermés, de ses lèvres entr’ouvertes comme une invitation à venir s’en emparer. Celles des lèvres de l’autre pinçant sa lèvre inférieure dans un étau de chair. J’ai vu ses mains enroulées autour de son cou. J’ai vu son corps qui épousait insidieusement celui du délétère, du pilleur de femmes. J’ai vu leurs bouches se chercher, se trouvaient, se…. Noooooon! Une douche froide, un frisson qui part de la tête et qui traverse mon corps de haut en bas, comme si mon sang venait de faire une chute brusque et se volatiliser en une fraction de secondes. Le vide oui. Sous moi, en moi, la perte de toute référence comme si je me retrouvais soudain dans une grande étendue sans rien, sans aucun point de repère. Par quelques mots elle venait d’effacer notre relation. Temporairement.

Je ne sais si j’ai cherché à comprendre, si c’est à ce moment-là que je l’ai lâché. Je ne sais pas comment j’en suis venu à prendre la porte. J’étais ailleurs, totalement dépassé par son aveu. Je m’attendais à ce qu’elle me dise qu’elle avait ouvert son décolleté pour aguicher un de ces niais qui ne se contrôle pas devant une paire de seins ou encore qu’elle avait lancé son regard de velours à la cantonade dans une taverne, qu’elle avait pris une position sensuelle pour éveiller le désir d’un fat ou qu’elle l’avait fait par des paroles sibyllines. Mais en réalité, elle était allée plus loin que ce que j’avais imaginé.

Indra et moi étions inséparables. En arrivant à Limoges, je m’étais arrangé pour me faire octroyer une bicoque à côté de la sienne. Il y faisait un noir d’encre lorsque j’ai rejoint ma demeure. Recroquevillé dans un coin, en position catatonique, je luttais pour m’accrocher aux parois de la réalité, tout mon corps suspendu dans ce gouffre qu’elle venait de créer sous mes pieds. Les géants sont aussi des hommes. Même moi. Oui, même moi. Je ne savais d’où venait ce froid qui me secouait, cette chaleur qui le remplaçait. J’avais besoin de frapper, de me dire que je rêvais, que ça n’était pas vrai. Vous, vous ne pouvez pas comprendre, vous n’avez pas de sœur, de sœur jumelle. Vous n’êtes pas le frère d’Indra.


    Prendre soin d’elle.

Je lui avais préparé de quoi casser la graine: un peu de lait, une miche chaude qui sortait du four du boulanger, un peu de beurre salé. Elle pourrait récupérer un peu de force. C’était là, près d’elle, sur sa table de chevet. Je n’avais volontairement rien fait d’extravagant, à part lui préparer ce repas. Oublier. Il fallait oublier les choses qui faisaient mal, ne pas se torturer encore et encore. Passer l’éponge, lui pardonner à elle mais pas à lui. Non, pas à lui. Lui n’était pas ma sœur, lui ne comptait pas. Elle, elle avait payé son dû. Lui serait le responsable de tout parce que je l’avais décidé ainsi. Le maire m’avait donné autorité de faire justice? J’avais reçu un droit du municipal et le comtal ne l’avait pas dédit. Les deux se rangeaient derrière moi pour me déléguer leur pouvoir de justice? J’allais l’utiliser à bon escient, pour le bien d’Indra et le mien.

    Prendre soin d’elle et découvrir la vérité

J’étais passé au marché. Une vieille fille y vendait ses produits miracles, ceux qui soignent tout, les coups à l’âme autant que les bleus au corps paraissait-il. Elle n’avait même aucun talent pour la harangue. Qu’importe1 L’important, c’est que son onguent soit efficace. Je l’avais prévenu que si elle défigurait ma sœur avec ses préparations, elle s’étonnera du nombre d’os que son corps pouvait contenir. Contre les quelques écus de la vente, elle me tendit sa magie forestière. Selon ses propres paroles, elle ne prenait pas le risque de me revoir. Ce pot avait rejoint sa table de chevet près de son déjeuner. Autour de lui, quatre petits mots. Elle, elle saurait comprendre la valeur de ceux-ci « Prends soin de toi ».

J’ai passé le reste de la matinée en ville, passant de taverne en taverne. Indra ne m’avait pas donné le nom du salopard et je n’avais plus envie de la « questionner » pour obtenir le reste de la vérité. Souvent, les hommes à femme ne sont guère discrets. Ils ont besoin de montrer qu’ils savent séduire, qu’ils plaisent. Ils sont orgueilleux, démonstratifs. Soigner leur réputation fait partie de leurs besoins. Il faut que tout le monde sache qui ils sont, qui il est lui et combien il est nocif à la ville. Les tavernes étaient d’habitude le meilleur endroit pour se nourrir des ragots, des potins de ce genre. Limoges dérogerait-il à la règle ou pas? Trouver les pilleurs de cœurs, les insatiables du corps féminins. Ensuite faire le tri dans tous ceux-là et cibler celui qui ne mérite plus de vivre. Appliquer la sentence au nom du maire et du comté. Amen.

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Inddra
    Récupérer.

Mon regard avait croisé le sien cette nuit là, plusieurs fois entre deux phases d'inconscience, de sommeil animé d'images douloureuses, passé, présent, futur peut-être, s'y mêlant. Mes douleurs s'endormaient en restant lancinantes, mais les blessures qui m'inquiétaient n'étaient pas visibles, nous nous étions fait du mal hier soir, parce qu'il était protecteur et parce que j'avais envie de vivre, parce que je le haïssais autant que je l'aimais parfois, parce qu'il était lui et j'étais moi. Nos mots autant que nos actes avaient été des coups portés l'un à l'autre, puissants, violents et sans appel.

    Se remémorer.

Sorti... Il était sorti en me laissant là, sans même me jeter un regard, tout juste un bonne nuit et moi je n'avais rien trouvé de mieux que de m'entailler l'intérieur des bras pour laisser ce fluide "impur" filtrer hors de moi.
C'était ainsi que faisait les médecins, des saignées pour purifier le corps et l'âme et faire sortir le mal, peut-être que cela fonctionnerait pour moi aussi après tout et puis à dire le vrai, si je restais impur à ses yeux je pouvais bien mourir en me vidant me mon sang ce n'était pas bien grave.

Et lasse de tout je m'étais allongée sur la paillasse, ce semblant de lit qui me servait de couche et dans laquelle la masse de mon frère ne se trouverait pas ce soir pour me câliner et me rassurer que tout irait bien. Tâchant la couverture de laine légèrement ma frêle silhouette avait pris place, comme si tout était normal et que mes poignets et avant-bras n'étaient aucunement tailladés en différents sens et endroits.

La porte abîmée laissait filtrer le froid dans ma masure, mais celui qui m'engourdissait les membres était tout autre, et je me laissais aller sans vraiment m'en rendre compte, je me nourrissais peu, je n'avais jamais eu grand appétit et le fait que Iago ait toujours été sur mon dos pour que je me nourrisse correctement, alors forcément dès que je pouvais je faisais l'inverse, stupide n'est-ce pas ?
Je m'endormais lentement, si je fermais les yeux est-ce que ce serait la dernière fois ? En fait je n'en avais aucune idée, ni vraiment conscience et avant que je ne sombres un coup fut porté à ma porte, calme et assorti d'une voix, sa voix. "Indra... Je peux entrer"
C'est d'une voix faible que ma réponse lui fut donner, semblable à celle d'une petite blonde en phase d'endormissement et que l'on réveillait. Iago, oui viens


    Récupérer au creux de ses bras et ne plus penser.

La chaleur du corps fraternel avait disparu, Iago avait disparu, et mes jades avaient pivotés un instant, regardant les bandages à mes bras, les tâches rougeâtres ne s'étendaient plus mais il faudrait y prêter attention et changer les linges. L'ouragan était passé et sa petite soeur avec lui, différemment, comme les débris dans le sillage qui entaillent parfois une maison ou éventre une grange.

    Récupérer au creux de ses bras et après ?

Lentement mon corps avait pris place en bord de lit, le teint blafard, mes yeux creusés, mais ce que je découvrais à coté de ma couche me rendait légèrement le sourire, une fois de plus, il voulait que je mange et avait fait en sorte d'en mettre suffisamment mais pas trop parce qu'il savait que je repousserais le trop.
Ma main portée vers les mots les découvrit un à un, "prend soin de toi", il était fâché et je le savais, peut-être même pour le geste que j'avais eu envers moi même et qu'il ne comprendrait peut-être pas ou mal. Mais il continuait à s'inquiéter de moi, de mon bien-être, il restait lui, alors...

Pour une fois, je mangerais même si l'appétit n'y était pas,
Pour une fois, je ferais ce qu'il espérait,
Pour une fois, je serais une soeur qui écoute son frère



Propos de Iago en accord avec JD concerné

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