Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
"I'll follow you into the dark"

[Rp - LP] Dans son plus simple apparat.

Shawie
- Alençon -



Dans un état lamentable autant physiquement que moralement, elle avait déguerpie de Bretagne sans rien dire à personne. Oh bien sur, le soir du départ en taverne fut des plus mouvementés. On ne peut pas prendre une mairie Normandie et espérait pouvoir se balader en toute tranquillité dans la ville. A trois contre une, automatiquement, le combat semblait gagné d'avance. Mais la fierté et l’orgueil de l’Espagnole n'était plus à prouver et il lui apporterai une mort certaine, un jour. Peut être aujourd'hui.

Moralement, elle avait touché le fond. C'était peu dire. L'envie d'en finir était omniprésente dans sa caboche. La façon importait peu. Tant qu'elle pouvait fermer les yeux. Les lieues furent avalés aussi vite que son cheval lui permis. A moitié endormie la plupart du temps, dans un état second possiblement, elle décida qu'il était temps de prendre repos. Près d'un étang pourtant si proche du château et mais si loin. Elle pouvait l'apercevoir d'ici. Affalée contre une souche, manteau retiré parce que. Elle décida de se mettre quasiment à poil. En retirant tout ce qu'elle pouvait, puisque chaque mouvement était douloureux. Elle garda son chapeau visé sur la tête pour le style, et abaissa doucement son foulard qu'elle avait sur le visage. Principalement pour la protéger du froid. N'oublions pas qu'on est dans le nord et qu'en février, c'est censé être glacial !

Depuis plusieurs heures qu'elle attendait là, tranquillement, les lèvres bleues, le teint pâle, le souffle court, elle songeait à comment elle pourrait passer de l'autre côté lorsqu'elle fut dérangée. Un comble. La nuit était proche de tomber et voila qu'un paysan s'approchait d'elle.



Longnycienne ?


La première question qu'on se pose lorsqu'on arrive quelque part, c'est bien sur "comment s'appelle les habitants ?" Et là, c'est la question à deux milles pièces d'or. Longny-Au-Perche, comment s'appelle les pécores dessus hein ?


Qué ?

Longnycienne !

Connard !

C'est horrible. Laissez moi putain. Vous n'avez pas d'vache à peloter là ? Cassez vous. Basta, tire toi mange merde, j'suis occupée là. DÉGAGE !

Impolie ! J'espère que vous allez mourir ! Et puis rhabillez vous nom de dieu !


Elle lui fit un doigt, sans doute le mauvais, et laissa tomber sa tête sur le côté. Les yeux mi-clos. Fatiguée.


Rend toi utile et casse toi.


Tout en partant, le petit père annonça :


Je vais chercher la garde ! Ça ferra mauvais genre de trouver le cadavre d'une femme à poil quand même.

Sac à merde !


Dans un mouvement de réveil brusque, plusieurs minutes ou heures après le départ de l'homme, elle prit sur elle pour se relever et prit la direction de l'étang. Dégageant ses bottes et ses braies. Un petit plouf en février dans l'étang quasiment gelé, parfait.
_________________
Samsa
    "S'il n'y a personne derrière toi
    Quand ton âme embarquera,
    Alors je te suivrais dans le noir."*



-Capitaine, nous avons besoin d'un détachement pour l'étang à côté du pré de la rivière. Nous avons repéré une femme, complètement tarée, et surtout complètement nue. On sait pas trop ce que c'est mais elle est peut-être dangereuse.
-Accordé.


Le capitaine de la garde du château se mit à hurler des ordres qui firent relever la tête de Samsa, occupée à une petite forge non loin des écuries à ajuster un fer. Elle vit certains de ses hommes passer près d'elle pour aller chercher leur monture et décida d'abandonner sa tâche pour héler un palefrenier afin que Guerroyant soit sellé également. Se rapprochant du capitaine, Samsa l'interrogea :

-Que se passe-t-il Capitaine pardi ?
-Baronne. Une femme a été trouvée nue à moins d'une lieue du château. Elle n'avait l'air ni bien, ni inoffensive.
-Hm... je prends la tête du contingent.
-Bien Baronne.


Le capitaine cria les nouveaux ordres et Samsa rentra dans les hautes-écuries pour aller chercher Guerroyant. Elle était très attentive à tout ce qui touchait à ses terres et restait ô combien méfiante et prudente. Peut-être était-ce un piège, pour eux ou pour le château. Les sentinelles furent priées d'être plus attentives mais aucune alerte ne fut donnée et Samsa, à la tête de trois hommes, prit la direction de l'étang que le garde lui indiquait. Il faisait très froid encore à cette période de l'année, le vent qui soufflait avait tôt fait de donner des angines et des pneumonies, et si Cerbère n'avait pas spécialement froid avec ses multiples couches -bien que peu épaisses-, elle était néanmoins parfois parcouru d'un frisson.
Après environ cinq minutes de chevauchée, le garde pointa du doigt l'endroit où il avait vu la femme et le contingent mit pied à terre derrière Samsa. En s'approchant, celle-ci finit par reconnaître les affaires de Shawie et la peur étreignit subitement son cœur. Cerbère se redressa brusquement et regarda vivement autour d'elle à la recherche de l'Espagnole.


-Où est-elle pardi ?
-Elle était là Baronne, je...


Samsa l'interrompit d'une main levée en apercevant une masse dans l'étang et elle sentit son sang quitter son visage.

-Rentrez au château et dites aux valets de préparer un bain chaud pardi. MAINTENANT !

Les gardes, s'il leur était venu l'idée de protester, se virent l'herbe coupée sous le pied par l'ordre claquant pire que le froid de février. Ils remontèrent et quittèrent Samsa qui, elle, s'avançait dans l'étang gelé après avoir retiré sa cape, son épée et ses gantelets de combat. Le froid eut tôt fait de lui couper la respiration et de déformer son visage en une grimace de douleur et d'inconfort profond. Malgré tout, elle persista jusqu'à aller rejoindre Shawie, luttant contre le poids de sa cotte de mailles qui manquait de la faire couler à chaque mouvement qui n'était pas assez puissant.

-Shawie souffla-t-elle en arrivant près de sa femme, reste avec moi té... Je suis là...

Cerbère passa tant bien que mal un bras autour d'elle et redoubla d'efforts pour la ramener au bord. Elle n'aurait su dire ce qui était le pire entre être dans l'eau gelée ou trempée dehors à présent. Tirant Shawie alors qu'elle-même respirait comme un bœuf pour affronter le froid et déployer ses efforts, elle l'amena jusqu'à sa cape pour l'envelopper dedans et se plaça face à elle, dégoulinante, pour la frictionner.

-Shawie ? Shawie, reste avec moi pardi. Qu'est-ce que t'as fait, hein té ? Je sais que t'as le sang-chaud mais là il fait vraiment froid bordel.

Samsa s'arrêta de la frictionner pour aller happer ses lèvres des siennes pou un baiser appuyé. Elle savait ce que Shawie avait fait en Normandie, mais elle savait aussi l'envers du décor ; elle n'était pas la seule. Pourtant, l'Espagnole avait été condamnée, injustement. Elle avait tout donné. Elle s'était donnée.

-Tu peux marcher pardi ? Je te prends avec moi sur Guerroyant et on rentre à Longny se réchauffer, avant d'attraper la crève.

* = paroles traduites de Death Cab For Cutie - I will follow you into the dark

_________________
Shawie
Le vent lui souffla sur sa trogne, le nez rougis et les membres inférieurs totalement anesthésiés par le froid de l'étang. Étang qui entre nous, sentait la bouse de vache macéré au vomi sans doute. Ou au pet de goret enrhumé. C'est donc la dedans qu'elle barboté depuis plusieurs longues minutes. Le calme alentour l'apaise totalement et elle finit par se mettre sur le dos pour flotter lorsqu'une grosse patoune l'attrape au vol.

Trop faible pour se débattre, elle se laisse sortir de l'eau comme un canard d'un bain chaud, elle se retrouve rapidement sur la rive boueuse, Samy en face. Pointant du doigt sa sacoche, elle lança un doux :



Mon chapeau.


Important.


Et ma pitou.


Vital.

Les lèvres furent tendues pour trouver les voisines sans rechigner, au contraire, mais l'état second de l'ibère avait prit le dessus et elle retira la cape qui avait été gentiment posé sur elle.



J'dois m'aérer. Nue dé préférence. J'fais pénitence ! J'ai pas envie dé marcher. Laisse moi ici. Jé suis bien. TOUT VA BIEN ICI ! Jé vais rester ici et les gardes pourront mé regarder nager s'ils veulent, ça leur fera du pestacle. Puis toi aussi si tu veux. J'sais nager plusieurs nages.

Fais revenir tes gardes ! On va s'amuser.



Elle soufflait comme une vache -si Samy était un bœuf, faut bien une vache- frigorifiée par sa riche idée. Le vent lui sifflait les mèches et la faisait frissonner et dans un élan de bonne volonté, se dirigea vers ses affaires et attrape son sac avant de partir à pied. Elle enfila ses braies et resta torse poil. Comme un homme !


Alors qué ? T'as pas envie dé ... faire ...


Poke, elle tombe. Inconsciente. Puis de ré-ouvrir un œil.


J'aimerai qué tu mé laisses maintenant.
_________________
Samsa
    "Je pense avec mon cœur et je marche avec ma tête,
    J'ouvre la bouche et c'est quelque chose que j'ai lu.
    Je me suis trouvé devant cette porte avant qu'on m'ait dit,
    Mais une part de moi sait que je vieillis trop."*


Ramenée sur la berge, Samsa va chercher le chapeau demandé. Pitou, elle se demande bien ce que c'est et ne bouge donc pas. De toute façon il est probable que Shawie ne s'aperçoive pas de tout cela, elle a le regard vide. Elle est même est dans un état second pas très sain, puisqu'elle repousse la cape qui lui tenait chaud et doit, à minima, lui éviter de mourir de froid ou de maladie dans l'heure. Incrédule, Cerbère la regarde. Elle est à présent convaincue que le froid a atteint le cerveau de Shawie et qu'il est plus que temps de la ramener au chaud. L'Espagnole se lève, marche, à moitié à poil, et avant que Samsa ait eu le temps de se redresser pour aller la rattraper, elle s'évanouit. Rapidement, cependant, elle revient à elle et Cerbère secoue la tête.

-Même pas en rêve té.

La chemise de Shawie est attrapée pour lui remettre et Cerbère la saisit pour la porter sur son épaule. Amenée jusqu'à Guerroyant, la Baronne des terres l'installe en sac à patates. Si Shawie veut se redresser, elle le fera elle-même ! Les affaires restantes sont ramassées et, s'aidant d'un rocher, Samsa se hisse sur la croupe du Cleveland Bay.

-On va changer d'eau pardi.

La langue claque, emmenant Guerroyant à adopter un petit galop confortable sous l’œil de Samsa qui s'assure que Shawie ne tombe pas. Le chemin est fait à l'inverse et, au pied du donjon, Samsa met pied à terre avant d'aider Shawie à descendre, à marcher puis à monter les marches jusqu'à sa chambre. Le feu qui brûle dans la cheminée est vivace et les tapisseries aux murs gardent si bien la chaleur qu'on peut se mettre en manches courtes sans frissonner. En lieu et place trône un baquet fumant doucement qu'une servante finit de remplir. D'un geste de la tête, la Baronne lui indique de s'en aller et de ne pas revenir. Le loquet tombe derrière de toute façon. Ramenée en sécurité, Samsa pouvait désormais se concentrer sur Shawie.

-C'est quoi cette histoire de pénitence dans l'étang, en plein mois de février pardi ? Que je te laisse... Pis le spectacle avec les gardes, hein ?

Une main gantelée se dénude pour venir se poser sur le front de Shawie, vérifier sa température. Samsa n'ignore pas que Shawie est retombée en traîtrise à la France mais ce n'est pas la première fois. Qu'est-ce qui a changé, cette fois-ci ? L'injustice, peut-être ? Car la Baronne sait tout. Elle n'est pas la seule. Mais les acteurs principaux s'en lavent les mains désormais. "Cerberus vigilat". Honneur, Courage, Loyauté.

-Parle-moi pardi...

* = paroles traduites de Kongos - Come with me now

_________________
Shawie
Elle tomba tout le long du trajet, et les escaliers furent fatal en terme de fierté. Elle se tâta à terminer sa tache à quatre pattes puis finalement, un brin de fierté et elle resta sur ses deux pattes. Une fois dans la chambre, l'Espagnole s’essuie le nez machinalement en lorgnant la servante. Peut être bien qu'un jour elle aurait des servantes officielles, et la seule chose intelligent qu'elle trouva de faire c'est de mettre une main une fesse sur cette dernière avant que le loquet ne se ferme.

Les sourcils se froncent, et la main Cerbertienne est repoussée. La colère, la rage. Les larmes sont contenues. Les bras grands ouverts, la chemise débraillée qu'elle retira finalement, elle réajusta ses cheveux et lança :



J'fais pénitence. Bah quoi, t'aime pas lé spectacle ? Tu veux qué j'te parle hein ?


Dit elle en sortant ses braies face à sa femme.


C'pourtant cé qué beaucoup veulent non ? Vulnérable.


Puis jeta son chapeau au pied de Sam.


Sans défense. Nue et sans défense !


Puis le tour du cache-oeil que beaucoup prenne au pied de la lettre. Un simple attribut de mode pour elle, une blessure de guerre pour d'autre. Elle laisse planer le doute à chaque fois qu'on lui demande. Il finit sans force vers la porte.


VOILA !


Le baquet d'eau chaude attire son attention. Elle s'en rapproche dangereusement, une idée bien en tête de s'y vautrer dedans. Mais quelque chose semble la déranger et la tracasser plus que de raison. Un objet offert de la main de Chimera entre les deux tempêtes.


Où est ma Pitou ? C'est un truc qui tourne si on s'y prend bien. Mé faut ma pitou. Tu peux regarder dans mon sac qué ... là près d'la porte.


Et puis, anticipant la réponse positive de sa femme, Sha enjamba et se plongea dans le baquet. Un moment de répit et de calme sans qu'elle ne bronche. Et puis, elle glissa la tête sous l'eau chaude avec la ferme intention d'y rester le plus longtemps possible.
_________________
Samsa
    "Tu fais la queue seulement pour retomber au plus bas,
    Tu fais semblant de sourire avec le café à emporter,
    Tu me dis que ta vie est partie de travers,
    Tu tombes en morceaux chaque fois,
    Et je n'ai plus besoin de continuer,
    Parce que tu as eu une mauvaise journée."*


Shawie ne va pas bien, c'est un fait. Tout en elle le montre, le hurle, et pas besoin de partager sa vie avec elle pour le voir. Rien ne va, ni sa façon de marcher, ni sa façon de parler, ni sa façon d'agir -surtout pas elle, sans doute. C'est peut-être sa provocation qui marque le plus Samsa, parce que ce n'est pas seulement de la provocation, c'est une forme d'autodestruction, de suicide. Cerbère connaît bien cela, surtout d'avant, mais encore aujourd'hui. On ne se jetait pas en pleine bataille avec un tel courage sans que, loin, très loin, immensément loin, il n'y ait une blessure entre la Mort et soi.
Et la Baronne la regarde se mettre à nue, sans un mot. Rien ne sert de chercher à apaiser dans ces moments-là, il faut devenir spectateur ou sac de frappe, laisser l'autre s'exprimer complètement, parce que c'est surtout une affaire interne à soi. Shawie lui parlera, mais pas tout de suite.
Quand l'Espagnole lui demande d'aller chercher son objet bizarre dont Samsa n'a aucune idée de ce que c'est censé être, elle acquiesce simplement et ramasse les affaires pour les poser sur le lit. C'est comme ça qu'on prend un nouveau départ, en saisissant ses affaires sur un lit, pas en les ramassant par terre. Laissant l'Espagnole se glisser dans l'eau chaude, Samsa se dirige vers le sac pour chercher un objet qu'elle trouvera en ne sachant pas ce qu'il est. Encore trempée, toute habillée, elle a très froid mais ne bronche pas ; il faut pallier aux priorités et elle n'en est clairement pas une. Les spectateurs regardent et les sacs de frappe encaissent ; aucun ne se change. En fouillant dans le sac, elle trouve des tas de choses plus ou moins utiles -plus souvent dans le moins quand même. Jusqu'à un petit assemblage de bois qui ressemble à une glace sur bâtonnet. Samsa le tourne et le retourne dans tous les sens -sous ses yeux- avant de rediriger son attention vers Shawie pour lui présenter l'objet avec un œil interrogatif.

Mais plus de Shawie, disparue sous l'eau. Depuis combien de temps ? Samsa l'ignore mais ne s'inquiète pas. Il est très difficile de se noyer volontairement. Alors, tranquillement, elle vient s'agenouiller près du rebord du baquet et attend que l'Espagnole refasse surface. Elle n'a aucun doute que l'instinct de survie et la volonté farouche de Shawie ne la laisseront pas mourir. "Suicidée dans un baquet", bonjour la réputation et la gloire avec ça en plus. A aucun moment Cerbère ne s'inquiète, tapotant doucement le rebord du baquet avec le petit objet dont elle cherche l'utilisation et l'utilité, le bout des doigts d'une main venant chercher la chaleur de l'eau en espérant que ça lui remonte le long du bras pour se diffuser dans son corps entier.

Quand Shawie finit par émerger, Samsa la laisse reprendre sa respiration et lui présente la pitou.


-C'est ça pardi ?

Shawie parlera, quand elle sera prête. Samsa, en attendant, est à ses côtés, à la façon qui est leur. "Le monde peut bien s'écrouler, je suis là et je préserve notre bulle. Le monde peut bien s'écrouler ; pas sur nous". Un petit sourire de la part de la Baronne des lieux suffit à transmettre la pensée à l'Espagnole. Petit bonus "je t'aime" en prime.

* = paroles traduites de Daniel Powter - Bad Day

_________________
Shawie
Effectivement, elle n'y reste pas longtemps. De nature orgueilleuse, elle avait quasiment planifiée sa propre mort et pour sur, ce n'était pas dans un baquet chaud au sein d'un château. Ça non. Quelque chose de glorieux, qui en jette comme elle aime dire.
Il est des jours de tristesse, et le jour des Morts est le plus triste de tous. Que de souvenirs viennent assaillir notre cœur en écoutant le son des cloches qu'ils entendent aussi, je n'en doute pas, ceux que nous avons pleurés et que nous aimons. La seule pensée qui puisse nous consoler de la perte de tant d'êtres aimés de nos plus chères affections, c'est qu'un jour nous irons les rejoindre, dès demain peut-être, peut-être même dès aujourd'hui.

Elle remonte à la surface.
Calme.

La vie s’appauvrit, elle perd de son intérêt, dès l’instant où dans les jeux de la vie il n’est plus possible de risquer la mise suprême, c’est-à-dire la vie elle-même. Elle est aussi insipide, aussi vide qu’un flirt dans lequel il est établi d’emblée qu’il ne se passera rien, à la différence d’une relation amoureuse dont les graves conséquences doivent toujours être présentes à l’esprit des deux partenaires.

La Pitou a été retrouvé.



C'est ça. C'est ma Pitou.


Elle sourit légèrement à sa vue et y reste fixée dessus. Un objet des plus inutiles à première vue mais peut être que le destinataire est plus important que l'objet en question finalement. Elle avale difficilement et pose sa main sur la chemise Cerbertienne. Les yeux clos quelques secondes, chassant chaque mauvais souvenir de son esprit tordu. Chassant chaque idée suicidaire qui lui passe par la tête. Pas ici. Et pas devant Sam.


C'est Chimera qui me l'a offerte entre deux.


Recroquevillant ses jambes dans le baquet fumant, elle invite donc Samy à la rejoindre.


Tu es gelée. Viens.


Lui laissant de la place et laissant le temps à son épouse de sortir cette foutue côte de maille, le silence lui prend la gorge, alors elle ne peut lancer que :


Tu dois mé parler de cette Campagne Royale.
_________________
Samsa
    "Oh, parle-moi,
    Parle-moi,
    Regarde-moi."
    (Isabelle Boulay - Parle-moi)


Samsa n'a pas à attendre longtemps que Shawie remonte à la surface. Il y a parfois des chemins que l'on doit parcourir seul, et si Samsa ne peut pas l'aider, elle peut en revanche la soutenir. Une présence vaut souvent mille mots et mille gestes. L'esprit de l'Espagnole se raccroche à ce qu'elle peut et, pour l'instant, c'est à ce drôle d'objet qu'elle appelle pitou qu'elle le fait. Doucement, comme à une enfant à qui l'on redonne son doudou perdu depuis des mois, Samsa sourit et laisse entre les doigts de sa femme le précieux objet. Shawie s'attache peu aux gens, mais elle a toujours farouchement défendu ses biens, comme certains préfèrent leurs animaux aux personnes. La symbolique est là où on la trouve, là où la met.
La main de la Vicomtesse se pose doucement sur celle de sa femme quand la chemise se fait le support de celle-ci. "Je suis là", dit-elle. "Je ne te lâche pas". Samsa comprend d'autant plus l'attachement de Shawie à l'objet quand elle apprend que c'est Chimera qui lui a offert. Leur relation est typique pour l'Espagnole : s'attacher à quelqu'un et tout donner, nourrir une sorte d'affectif dévoué qui a du poids. Et ce qu'il s'est passé, dernièrement, est un poids sans doute bien trop lourd à porter ; à peine effleurée de son côté, Cerbère avait grogné sous cette charge qui avait fait ployer ses épaules. Elle s'était retournée pour mordre la duchesse, très fort, longtemps, tel pitbull. Elle ne savait même pas si elle lui avait pardonné. Pas totalement.

Les vêtements détrempés et gelés sont quittés, ils se décollent telle une seconde peau et laissent l'air ambiant attaquer de façon plus froide encore. L'épiderme se hérisse et la Vicomtesse bientôt totalement nue, contractée par le froid, ne tarde pas à se glisser à son tour dans le baquet encore doucement fumant. L'expiration d'aise est longue et les yeux se ferment pour laisser le corps absorber la chaleur. Les pieds bordelais vont se caler contre ceux espagnols, pour le besoin de toucher, et Samsa rouvre les yeux à la demande de Shawie. Elle n'a pas raté le silence étranglé de Shawie mais elle sait comment celle-ci fonctionne. Recalant son dos au bord du baquet, Cerbère parle.


-Ça c'est bien passé pardi. Le début a été un peu difficile ; c'est le moment où tu es le plus déçue par les gens. Où tu te demandes dans quoi tu t'es lancée, si tu n'aurais pas dû rester là où tu étais té... Mais plus les jours ont passé, plus j'ai su que j'étais partie à la conquête d'une place qui pouvait être la mienne.
Je n'avais pas d'argent, pas de parcours, pas de régnants déjà prêts à me soutenir ; j'ai surpris la France. J'ai été suivie pour ce que j'étais et non pour qui j'étais té. 26%, avec toutes ces contraintes, te rends-tu compte ? C'est une belle victoire, et je la préfère -même si je fus éliminée- à une qualification malhonnête.


Samsa l'avait toujours dit à Shawie, dès leur première rencontre : un jour, elle serait reine. Reine, d'accord, mais pas n'importe comment. Samsa voulait prouver des choses, prouver qu'on pouvait y arriver sans les prérequis classiques, juste en étant quelqu'un. On l'avait prise pour une folle. On lui avait dit que ce serait impossible. Et Cerbère avait prouvé pourtant qu'elle n'en était pas loin. Elle laissa sa tête se renverser sur le rebord du baquet un petit moment, le temps de reprendre la mesure des derniers événements, et la redressa pour regarder Shawie.

-J'ai parlé. A toi pardi.

Elle lui sourit doucement en caressant d'un orteil la cheville espagnole, geste rassurant et encourageant.
_________________
Shawie
La pitou ou toupie est triturée dans tous les sens, s'assurant de sa bonne santé. Une fois qu'elle a constaté le bon état, elle acquiesce et dépose l'objet fétiche en bas du baquet. Au sec. Pour ne pas abimer le bois.

En temps normal, l'Espagnole est connue pour parler. Sans cesse. Dire les choses même si elles font mal. Il faut le dire. La parlote est un bon qualitatif pour la décrire. Que celui qui n'a rien à dire se lève et parle desuite. Parler de tout et de rien. Surtout de rien. Intarissable sur la vie animale -Les rats se multiplient si rapidement qu’en 18 mois, un couple de rat peut avoir plus d’un million de descendants- intéressant. En expression aussi - L’expérience est comme un peigne fin pour un chauve. Passionnant.

Ici, elle écoute. La chaleur dégagée par le baquet donne une ambiance intime, une ambiance de non maitrise ou plutôt de laisser aller sans regards extérieurs. Les pieds Cerbertiens effleurent les siens, le regard ibérique finit par se poser sur son épouse. Elle acquiesce, jouant doucement avec l'eau du bout des doigts.



J'ai participé à ton élection. Pas grand chose mais j'ai donné 10 voix pour toi. Jé ne pouvais pas faire plus mais j'espèrerais té voir passer l'premier tour. C'est dommage, ça né s'est pas joué à beaucoup. J'ai vu les résultats dé la Bretagne. 26% c'est plus qu'honorable pour un trône maudit. Jé suis ... vraiment fière dé toi. La prochaine sera sans doute la bonne. Tu né dois pas rougir. Jé sais que ce n'est jamais agréable dé "perdre" mais ce n'était pas ton moment, c'tout.


Elle laisse un nouveau moment de flottement et se rapproche doucement, venant effleurer les lèvres voisines des siennes.


A quoi bon parler ?
J'ai l'impression qué ça fait une éternité qu'on ne s'est pas vu. J'avais l'impression dé te perdre, chaque jour un peu plus.



Après quelques instants, elle se leva du baquet et l'enjamba pour en sortir pour se saisir d'une serviette, la sentir et se cacher avec. Yeux fermés et dos à Samy, elle ne pouvait que repenser à tout ce bordel qu'elle avait elle même déclenché dans une période plutôt calme. Une période où tout allait bien. La peur de l'ennui certains diront. De la connerie pour d'autre. Une passion, une conviction ... tellement de mot pour définir.

Tout en s'essuyant, elle tapota son bras tatoué et soupira. Chaque image a une signification. Chaque histoire a une version.



Veux tu parler ou faire autre chose ?


La serviette est jetée sur le sol et le corps est enfoui sous les épaisses couvertures du lit. Un regard pour son Truc.
_________________
Samsa
    "Emportée, prise tout le temps,
    J'ai regardé longuement ce qui compte à l'intérieur
    Et tu es tout ce que je trouve.
    Capturée entre toutes les choses que j'ai vues,
    Je souhaite que tu puisses voir que c'est vrai,
    Que je ne te perdrai pas."*



Le sourire qui se dessine sur le visage de Samsa est doux. Il est doux mais pas assimilable à cette bienveillance quelques minutes plus tôt quand elle rendait la pitou à Shawie. Il est doux parce qu'il est touché, ému. Ça lui fait quelque chose de savoir que Shawie est fière d'elle, même si Samsa ne vit pas dans cette optique. Ça compte, quand même, c'est un sentiment important, plus qu'elle ne l'aurait cru. Très souvent, elle dit à son Espagnole combien elle est fière d'elle ; Shawie le sait. Mais l'intègre-t-elle ? C'est une chose de l'entendre, de le savoir, mais l'ériger comme une pierre solide, c'est toujours plus difficile, et Shawie semble souvent déterminée à se dévaloriser, à se faire croire qu'elle ne compte pas.
Les lèvres effleurées sont happées pour offrir un baiser de reconnaissance, un baiser de retour dans ces mots flatteurs qui sont tout autant légitimes dans le sens inverse. Cerbère a toujours dit et maintenu que Shawie était la plus courageuse d'elles deux.


-C'est vrai que les royales m'ont pris beaucoup de temps et d'énergie pardi... Mais tu ne me perdras jamais. Je suis ta femme té.

Elle aurait aimé que Shawie soit là. Elle aurait aimé trouver refuge dans ses bras le soir, quand la journée l'avait éprouvée sur le stand, quand elle devait encore envoyer des centaines de courriers à la lueur d'une chandelle. Elle aurait voulu avoir leur petite bulle rien qu'à elles, mais les deux femmes fonctionnaient ainsi : quand l'une a quelque chose à faire, elle le fait. Et maintenant que Samsa sait que Shawie s'est sacrifiée pour la Couronne, qui le lui a mal rendu, elle peut encore moins espérer que les choses eut été différentes.
Shawie hors du baquet, lui tournant le dos, Cerbère la regarde. Elle la suit des yeux quand l'Espagnole laisse tomber la serviette pour aller se réfugier sous les couvertures. On voit rarement sa Moitié de dos, nue. Étrange réflexion que la Baronne se fait. Elle l'observe d'autant plus attentivement en se la faisant, comme une nouvelle -alléchante- découverte. A la question posée, Cerbère esquisse un sourire. N'était-il pas assez chaud, ce bain ? A peine entrée, il faut en ressortir ; ce que l'amour ne fait pas faire ! La Baronne des lieux s'extirpe de l'eau bienfaitrice, laissant l'eau couler au sol avant de se sécher énergiquement -il fait froid. Paisible, elle vient rejoindre sa femme sous les couvertures, recherchant contact de sa peau contre la sienne. Pas de cotte de mailles embêtante, cette fois. Les mains royales se font douces, légères, dans leurs caresses, avant que les lèvres ne soient prises avec les mêmes qualificatifs.


-Parle-moi pardi... Parle-moi de toi.

Les petits yeux sombres se plongent dans leurs homologues verts. Les corps, sans doute, ne tarderont pas à sortir de la torpeur dans laquelle l'eau chaude les a plongés, et il est encore temps de faire parler les cœurs. Celui de Shawie est lourd, Samsa sait le reconnaître. Il y a bien des remèdes mais le plus durable n'est pas forcément le plus plaisant de prime abord -d'où l'expression "le meilleur pour la fin". Pour aider et soutenir, les doigts de Samsa se posent sur la joue de l'épouse pour, doucement, caresser les traits du visage aimé.

* = paroles traduites de Koethe Koethe - Only One

_________________
Shawie
Jé ne sais pas quoi té dire. J'ai perdu un bout la bas. C'pas la première fois pourtant qué j'fais ça. Mais cette fois ci, j'ai l'impression d'avoir perdu quelque chose. Une part dé moi peut être. Ô, je ne vais pas ressasser. Mon choix était arrêté depuis longtemps mais j'ai mal.


Une putain de douleur aigüe.


Normalement. Hum normalement jé sais gérer. Physiquement. Jé sais gérer. J'ai toujours fait avec tu vois mais là, c'pas pareil. Elle mé bloque tout le reste. Et fait disparaître le reste. Jusqu’à ce que la seule chose à laquelle jé pense, c’est à quel point j'ai mal. Il n’y a pas dé solutions, pas dé remèdes miracles. J'dois attendre qu’elle s’estompe ?


La voix est tremblante.

Ne plus jamais en sortir. Rester cachée là pour toujours et ne jamais quitter cet endroit. Cette pièce même. Ce lit. Pas de cotte de maille, pour le plus grand bonheur de l'ibérique qui n'a quasiment plus l'occasion d'apprécier le corps Cerbertien. Ô les routes sont pavés de gros pavés ... ou de bonnes intentions pas toujours reconnues à leur juste valeur.

Parler.
Douloureux.

Parler d'elle. Elle sait faire mais pas comme Samsa aurait aimé l'entendre.
L'ironie pour faire passer la pilule.
Moins douloureux.

Les lèvres sont tendues pour répondre à chaque baiser demandé. Elle n'appuie pas de peur de basculer. Ou pire, de pleurer. Le regard est plongé dans son homologue sans un bruit, mais en fermant les yeux au simple contact des doigts sur sa joue. Elle déposa sa main sur le ventre de son épouse, jouant autour de son nombril puis sous sa poitrine, doucement, juste pour redécouvrir ce corps et sans se presser, vient déposer ses lèvres à la naissance de son cou.



As tu encore des sentiments pour Meroe ?
_________________
Samsa
    "T'es ma femme, t'es la plus belle.
    Je conjugue notre amour au pluriel
    À l'imparfait de nos peines
    En mille bouquets de poèmes."
    (Étienne Drapeau - T'es ma femme, t'es la plus belle)


T'es ma femme, t'es la plus belle,
Dans tout l'univers et le ciel,
J'ai jamais rien vu d'aussi beau ;
Pour te décrire y a pas de mots.


Étendue sur un flanc, les doigts tendres sur la joue de Shawie, Samsa l'écoute. Elle porte sur elle ce regard doux qui, paradoxalement au sens, prête l'oreille, ce regard qui ouvre son cœur pour accueillir les mots de sa femme. Il en faut beaucoup pour que Shawie souffre au point de ne serait-ce que le dire et Cerbère prend plus encore la mesure des derniers événements. Sur l'Espagnole, le ciel s'est abattu. Ce qu'elle pensait savoir s'est évaporé et la mort du soleil Leyah a plongé, plus encore qu'avant, des existences dans l'obscurité et la détresse. Samsa vient apposer doucement son front à celui de Shawie pour se faire soutien et compréhension. Subrepticement, elle glisse un bras à la taille de l'Espagnole pour la ramener, la maintenir, un peu, contre elle. Quand l'une est au fond, l'autre l'a toujours soutenue, comme en Béarn avec Dédain qui avait eu le mot de trop avec Samsa, comme quand le Poitou avait poutré une Shawie égarée dans la vie. Beaucoup de choses sont contre elles mais, devant les barrières qui les séparent, elles ont toujours creusé dessous pour s'y retrouver, comme un doigt d'honneur au reste du monde.

-Je connais pardi... Je te le jure, ça passe... Tu n'es pas toute seule té. Bientôt, ce sera cicatrisé -une de plus, tu sais.

Cartographier les cicatrices de Shawie serait un véritable travail, rien qu'au niveau physique. L'idée vient souvent à Samsa qui, lorsqu'elle décide de s'y mettre, oublie finalement d'être attentive au profit d'une autre activité. Peut-être devrait-elle l'inscrire sur sa liste des choses à faire avant de mourir, entre "avaler une épée comme les saltimbanques parce que c'est trop classe" et "faire un élevage de kalachnikovs" -ces fameuses vaches de Valachie.
Le ventre quelque peu chatouilleux de la Vicomtesse frémit et s'émoustille aux doigts joueurs qui le taquinent et le caressent et Samsa ferme les yeux, laissant le front de Shawie se décoller du sien pour gagner le cou qu'elle offre volontiers, subtilement. C'est si bon, de sentir de nouveau ses mains sur elle, de ressentir encore ses caresses qui n'appartiennent qu'à elle. Paisible, le cœur royal rate pourtant un battement d'émoi, en place ensuite deux dans le même temps quand les lèvres espagnoles embrassent la peau à son cou. Mais il faut rouvrir les yeux à la question de Shawie. Une question que Samsa ne s'était pas reposée depuis plusieurs mois, et bien mal lui en a pris car aujourd'hui, elle doit répondre immédiatement à une question aux mille nuances.


-Non té.

On pose les bases.

-J'ai vécu avec elle quelque chose de... de très fort pardi. Vraiment. Quand elle était là, je me sentais... comme... je ne sais pas... tu sais, comme ces amours qu'on n'est pas capable d'expliquer et qui nous enfièvrent. Ce n'était pas mieux ou moins bien, c'était différent té. Meroe et moi c'était... comme un croisement incongru de destin. Je crois qu'à un moment de notre vie où nous étions chacune sur une voie qui n'était pas la nôtre, on s'est trouvée pour exister de nouveau, de façon inédite pour nous.

Il n'était pas là question de substitut, non. Samsa a toujours dit et soutenu qu'il y avait entre elles deux une alchimie, mais cette alchimie aurait-elle pu être à un autre moment que celui où elles se sont rencontrées ? Aurait-elle pu être si chacune n'avait pas été ce qu'elles avaient été quand elles se sont rencontrées ?
Tendres et rassurantes, les mains de Samsa caressent les joues de Shawie, son regard brun sombre, vulnérable, dans le sien. Vulnérable parce qu'elle a peur, peur que Shawie s'en aille à entendre ce qui n'est finalement que l'honnêteté d'une explication ; l'aurait-elle cru, de toute façon, si Samsa avait juste dit "non" ? L'Espagnole sait que sa femme est une personne plus nuancée que cela, qui garde souvent un sentiment doux des choses passées. Il aurait même été suspect que Cerbère s'en tienne à ce "non" à la tonalité alors défensive ! Au-delà de cela, ça aurait été malhonnête. Elles étaient déjà passées par là, mais dans le miroir, Shawie avec Satyne, et bien sûr que tout n'avait pas toujours été clair, aujourd'hui encore peut-être la gamine avait une place particulière, mais c'est de le dire qui avait permis l'acceptation. Le tout est d'avoir toutes les cartes en main.


-Meroe n'est plus là, Shawie. On était pas faite pour tisser une histoire plus longue et je l'accepte ; je l'accepte parce que j'ai été au bout de ce où je devais aller té.
Tu sais, ce qu'il s'est passé... je... mhm... ça m'a fait prendre conscience que...


T'es ma femme, t'es la plus douce,
Et ça me fout parfois la frousse
Juste à l'idée que je pourrais te perdre ;
Je voudrais mourir, j'en perds le verbe.


Qu'il est amusant de voir que si Samsa arrive bien à parler et à s'exprimer, il semble y avoir des phrases qu'il lui semble difficile d'expliciter, comme des carapaces plus difficiles que d'autres à déposer.

-... ça m'a fait prendre conscience que peu importe ce qu'il pouvait se passer, hier, aujourd'hui, demain... -raclement de gorge- ... tu étais déjà, tu es et tu seras toujours la femme de ma vie pardi.

Le sens n'est pas petit : il est ultime. Il n'y a rien au-dessus de cela pour Samsa. Ce sont les mots les plus forts qu'elle puisse dire, les plus forts qu'elle puisse ressentir, la première fois qu'elle les dit dans sa vie. Ce sont les mots qu'elle voulait lui dire, qu'elle n'avait jamais réussi jusqu'ici pour d'obscures raisons qui n'ont pour origines que la nature humaine et ses rouages mystérieux. C'est la certitude absolue, celle de savoir que peu importe si elle s'est trompée sur son propre compte à un certain point, il y avait une part d'irréductible qui ne tombera jamais, dussent-elles encore vive cent fois ce qu'il s'est passé.

T'es ma femme, je suis à toi,
Je te donne tout ce que je suis,
Mes mains, mon regard et ma voix,
Mes jours et mes nuits.


L’œil sombre est humide, cœur à nu jusqu'au plus profond. Même à leur cérémonie de mariage, il n'avait pas été si ouvert -quand bien même Samsa n'avait pas vraiment eu le temps non plus d'essayer de se recentrer pour l'expliciter. Mais ça ne fait pas mal, au contraire, elle a soudainement envie de le dire encore à Shawie, de le lui répéter tout le jour et toute la nuit. Les bras solides étreignent cette fois l'Espagnole avec assurance ; la douceur, la tendresse, d'accord, mais Cerbère a de la force à transmettre dans ces mots-là.

-J't'aime, Shawie. T'es l'amour de ma vie pardi.

La prise se radoucit, les mains s'ouvrent plus largement pour caresser le dos long qui s'offre à elles, se dérober sur les hanches, se promener sur la taille jusqu'à s'égarer aux côtes, flirtant aux abords de la poitrine. Mais il n'est pas là question de lâcher ces mots et d'embarquer Shawie dans ce sentiment, non ; elles furent deux à vivre ce qui les concerne. Alors, si Cerbère a offert sa gorge, il convient d'attendre la réaction voisine, la manifestation de son envie ; baiser ou coup de dents ? Imperceptiblement, pourtant, les lèvres royales cherchent à s'approcher de leurs homologues, retenues par la seule correction de Samsa qui leur intime d'attendre, d'attendre les mots de Shawie ou un geste de sa part. Il y a des pas qu'on ne peut pas faire pour l'autre.


T'es ma femme, t'es la plus belle.
Je te jure sur mon âme et le ciel,
Que chacun de mes je t'aime sera éternel.

_________________
Shawie
Véritablement, elle ne pourra pas en placer une de plus ce soir. Meroe n'était qu'une goutte d'eau dans le vase à la limite du débordement. Avec le recul, pouvait elle en vouloir à Sam d'avoir tenté de refaire sa vie après leur "rupture" ? Non bien sur, mais la vérité c'est qu'elle aimait à penser qu'elle aurait été la première à le faire.

On passe notre vie entière à s’inquiéter de l’avenir, à faire des projets, à essayer de prédire quelque chose. Comme si savoir à l’avance pouvait amortir le choc. Mais l’avenir change constamment. C'est le lieu de nos plus grandes peurs, et de nos espoirs les plus fous. Mais une chose est sûre : quand finalement, il se dévoile,l’avenir, n’est jamais comme on l’avait imaginé.



Je préférerais avoir voulu devenir un éleveur de mouton pour tricoter des habits en laine vraiment très moches mais qué j'aurais pu revendre à prix d'or en disant qué c'était des moutons bénis. J'suis certaine de trouver un moyen dé teindre leur poil pour faire de l’excentricité.

Ou un pêcheur. Pour dépolluer la mer des poissons-volants.

Ou une cultivatrice de poireau parce qué j'aime pas les carottes.

Ou une cultivatrice experte de vache Kalachnikov. J'suis sure qué j'aurais pu vendre le lait écrémé à des gents voulant rajeunir. Comme une source dé jouvence. J'suis plutôt fiable dans l'fond.



C'était cette légèreté qu'elle aimait. Elle pouvait avoir un os sortant d'une gibole qu'elle trouverait quelque chose de bien loufoque à dire. Pourquoi pas après tout ? C'était un baume comme un autre. L'humour peut tout faire passer. Une plaisanterie qui fait mouche est une véritable création. Mieux : c’est un moment de gloire. Grâce à ces chefs-d’œuvre miniatures que sont le mot d’esprit ou la bonne blague, les égos se gonflent de fierté. D’autant plus qu’ils ont vaincu la censure, transgressé les lois de la logique. Ce sentiment est encore plus intense quand nous réussissons à plaisanter d’une situation angoissante ou déprimante. Non seulement un sentiment de bien-être l'envahit, mais nous nous sentons soudain plus intelligents. Avantage supplémentaire : celui qui détient le précieux pouvoir d’amuser met la foule des rieurs de son côté.

Elle l'autorisa d'une certaine façon à venir l'embrasser, venant happant ses lèvres. Puis, plantant ton regard dans le sien :



Si Je t’aime, je t’aime, jé t’aime depuis le début, je t’ai toujours aimé et je t’aimerai toujours.

Jé t’aime. Oh mon dieu, c’est juste sorti hors de ma tête, comme euh, c’était un genre de… je, je, je t’aime. J’ai juste… Seigneur je l’ai refait. Je t’aime. Oui, juste, jé t’aime et j’ai essayé de ne pas té le dire, j’ai essayé si dur de juste l’écraser, de l’ignorer et de ne rien dire. Je suis tellement amoureuse dé toi, et tu es en moi, c’est comme si tu étais une maladie, c’est comme si j’étais infectée par Samsa Treiscan. Et jé ne peux juste pas, jé ne peux penser à rien d’autre, ni personne et jé ne peux pas dormir, jé ne peux pas respirer, jé ne peux pas manger.

Et jé t’aime, jé t’aime depuis tout ce temps, c’est chaque minute de chaque jour. Jé t’aime. Mon dieu ça fait du bien de juste l’avoir dit, je me sens tellement mieux.



Frissonnant comme si de dire tous ces mots la rendait plus vulnérable et plus sensible. Bien sur que oui. Vulnérable jusqu'au plus profond d'elle, elle s'agrippe à Samsa, le regard est fuyant désormais, mais son envie est véritable. "J'veux des paillettes et de l'amour" aurait elle pu dire. Et si jamais le doute était encore dans l'esprit de Samy, les baisers de Sha se firent plus insistants, plus langoureux. La lèvre inférieure voisine est mordue volontairement, provocatrice a souhait. Les mains parcourent son dos, griffes sorties, doucement, souriant un peu.

Les signaux sont au vert.

_________________
Samsa
    "Je reste chez moi,
    Je suis dedans, rentre.
    Peux-tu sentir mes hanches
    Entre tes mains ?
    Et je me couche
    A tes côtés,
    Je goûte la douceur
    De ta peau."*


Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de Samsa quand elle écoute les projets d'avenir de Shawie qui ne seront probablement jamais. On a tous plusieurs rêves, parfois contraires, et la vie est trop courte pour tous les réaliser. Dans des vies parallèles, Samsa serait sans doute encore cultivatrice de Bêtises, ou de carottes. Elle serait duchesse, comtesse, marquise pourquoi pas, plutôt que de travailler à devenir reine - elle n'en aurait sans doute même pas le but. Elle serait exploratrice, riche, pourquoi pas pleine de vices, la luxure en premier. C'était quand même un péché tentant, mais formellement inapprochable dans cette vie-là. Incompatible avec tout le reste. Doucement, les doigts de la Vicomtesse caressent la joue de l'Espagnole, redessinent ses traits en l'écoutant. Les petits yeux sombres suivent les détails de son visage ; c'est leur privilège du soir, quand elles sont seules, qu'elles n'ont plus à craindre les hérétiques ou les autres royalistes. Le baiser est donné, savouré, avant que Shawie ne lui parle - car elle aurait pu tout aussi bien se contenter de gestes et d'action.
Très sérieuse, Cerbère l'observe, en apnée malgré elle. S'il est rare que Samsa ne s'engage dans des déclarations aussi profondes que celle qu'elle vient de faire, Shawie ne le fait qu'encore plus rarement. Est-ce qu'on peut mourir d'amour ? Est-ce qu'on peut ressentir un orgasme juste en écoutant une déclaration ? C'est tout ce que Samsa arrive à penser en l'instant. Merde, elle va peut-être pleurer, ses yeux brillent, et son cœur va bondir hors de sa poitrine, ça c'est sûr. Elles ont traversé tellement d'épreuves, celle qu'elles traversent est si difficile déjà, s'avèrera pleine de chaos encore. Le jour, chacune a sa bataille, le soutien est difficile, mais le soir, elles se retrouvent, soignent mutuellement leurs blessures et se remettent en selle ensemble. Bien sûr que Samsa sait ce que ça vient de coûter à Shawie de lui dire tout cela, aussi prend-t-elle sur elle pour attendre, la laisser revenir de la petite carapace où elle s'est réfugiée. Les lèvres sont offertes, répondent aux baisers donnés alors que la chaleur qu'ils instillent se diffuse dans le corps de Samsa, se partage à celui de Shawie. Sang chaud bordelais ne manque pas de rendre la respiration plus profonde, miroir aux baisers ayant cours, pendant que les bras assurent l'étreinte et que les jambes s'entremêlent. Les dents qui viennent mordre les lèvres de Samsa signent la fin des barrières, et le sillon léger des ongles dans son dos, le commencement d'une nouvelle aventure tactile et gustative.

Si Samsa n'a rien d'une exploratrice dans cette vie - conquérante, plutôt -, ses mains se font plaisir à l'être sur le corps de l'épouse. De la nuque à la chute de reins, le dos est parcouru en long, en large et en travers. Une fois, deux fois, trois fois, avant que le champ voisin ne les appelle irrépressiblement ; paluches répondent, descendent sur le galbe des fesses, s'y accrochent, maintiennent Éden contre Éden. Elle la veut. Plus haut, c'est à qui embrassera le plus fort qui prendra le dessus. La plupart du temps, Cerbère cède la place sans la contester, trouvant avantage à caresser un dos offert, mais aujourd'hui, cette place sera sienne, Protectrice bienveillante prenant par la main l'Espagnole peu habituée à faire des déclarations. Sous l'impulsion de la Vicomtesse, les deux femmes roulent légèrement au profit de Samsa, quand bien même cela entraine la perte de l'agréable fessier tout juste conquis par les mains qui se reportent alternativement sur les hanches et la poitrine de Shawie, sa taille constituant la route les liant. Loin d'être perdante, l'ancienne brigande a désormais tout loisir de caresser le corps combattant, offert sur un plateau d'argent. Les lèvres hispaniques sont embrassées, dévorées, mordues sans violence parfois, léchées délicatement de temps en temps, provoquant d'autres salves de baisers. Les langues se mêlent, dansent ensemble une chorégraphie qu'elles connaissent bien ; la leur. Cœur tambourinant inonde le cerveau, agit comme fluide dans des câbles, suffit à lui seul à décider à la bouche alençonnaise d'aller conquérir le cou hispanique après que le dos mobile et longiligne l'aie permis d'un tassement léger. La peau est goûtée, savourée, léchée. De temps en temps, les dents la font rouler doucement entre elles avant de la suçoter légèrement. Corps collé à celui de Shawie sans s’appesantir, tout entre elles se transmet : leur chaleur, le moindre tressaillement, un mouvement, tout petit soit-il, comme ces ondulations légères qui transposent d'intimes frottements. Le souffle plus lourd et profond laisse presque subitement échapper des paroles alors que les lèvres de Samsa embrassent toujours le cou et l'épaule de l'Espagnole :


-Tu ne m'as jamais racontée tes tatouages pardi...

Un constat, tout aussi étonnant soit-il. Toutes les fois où Samsa a demandé en leur quatre ans de relation - deux fois -, elle sentait que le sujet ne s'y prêtait pas vraiment. Le temps avait passé depuis, et ce soir, chacune à nue, serait peut-être un moment opportun. La porte est entrouverte alors que les baisers tombent doucement sur les motifs, interrompus parfois par un mordillement envieux ; libre à Shawie de s'en ouvrir un peu plus ou de les faire replonger chacune dans l'aventure bien entamée qu'elles connaissent bien, pourtant unique chaque fois.

Action ou vérité ?


* = paroles traduites d'Imany - Don't be so shy

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)