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Info:
Aertan et Andréa s'étaient battu contre le gang des Homards -oui parfois l'inspi ne vient pas-, puis Aertan avait disparu. Des mois plus tard il est temps de venger ceux qui ont fait disparaitre Aertan. Andréa accompagnée de Vran vont tenter de clore cette affaire.

[RP] Homard m'a tuer

Andrea_
T’as déjà eu la sensation qu’il était temps d’agir ? Que t’avais assez larvé, que ça fait des mois que tu repousses un truc ingrat et que tu décides, un beau matin, que c’est assez et que c’est l’heure de te sortir les doigts du cul? Bin j’en suis là.
Pour commencer, je vais replacer tout ça dans le contexte, parce que sinon on va se perdre.

Avant que ma vie soit liée à celle de Vran, mon quotidien s’appelait Aertan. Ce n’était pas un chevalier servant, mais c’est assez marrant, parce qu’en enlevant N –haine- à servant, on obtient son nom de famille.
Aertan, je l’ai rencontré un soir d’été et ça avait été un coup de foudre. Ses grands yeux et son crâne rasé avait ravagé l’histoire que je partageais avec le père de mon fils. J’avais balayé une histoire ancrée dans le temps, où je n’avais plus rien à prouver, où j’avais la sécurité et la douceur, l’amour et la tendresse. Mais Aertan était arrivé et avait bouffé mes certitudes. Ensemble on a eu du bonheur en barre, des fous rires mémorables, quelque chose qui s’approchait de l’Amour même si aucun de nous ne l’avait avoué à l’autre. C’était beau, c’était bien, mais ça n’avait duré qu’une saison. Ensuite son passé avait refait surface, et il avait fallu faire face à un groupuscule qui voulait sa mort, parce que mon chevalier Servat avait jadis libéré la catin préférée du chef de la bande adverse.

Après plusieurs semaines de lutte, nous avions réglé le problème au gang des « homards » -rapport à un tatouage qu’ils avaient en commun-. Chèrement payée, de par les morts, de par les mots. Des incompréhensions et des angoisses qui valaient à peine le soulagement d’en avoir terminé. Il y a des blessures qu’on ne voit pas et j’ai compris plus tard que si Aertan était vivant, une part de lui n’avait pas survécu.

Cette histoire avait réveillé les démons d’un Aertan qui se renfermait sur lui-même. Je ne saurais jamais si cet éloignement était voulu ou non, mais quelques semaines plus tard il tombait dans une embuscade qui le laissait pour mort. Peut-être savait-il que nous n’étions pas venus à bout des Crevettes XXL et qu’il voulait m’en protéger, peut être. Je ne le saurais jamais.
J’ai toujours dit que je le vengerais. Parce qu’on m’avait retiré une part de moi le jour où nos chemins s’étaient séparés. J’avais attendu des nouvelles et son retour, j’ai été forte, comme il me l’avait demandé. Je n’ai pas baissé les bras et, puisqu’il me l’avait fait promettre, j’ai continué de lui écrire chaque semaine. Pour qu’il puisse me retrouver facilement, pour qu’il ne soit pas mis de côté, pour qu’il ne soit pas oublié.

Puis il y avait eu le Berry. L’Anjou. Fribourg. Le Béarn. Le Limousin. L’Angoumois. Le Poitou. Le Limousin encore. Il y avait eu un automne, un hiver, un printemps et un été avant l’automne, à nouveau. Un an. Il m’avait fallu un an, presque jour pour jour, pour partager mes matins avec un autre homme.
Un an, pour aimer à nouveau. Sans se leurrer, sans oublier ce que j’avais vécu. Un an, pour pardonner à la vie de m’avoir retiré un brin de bonheur en m’offrant un brun, un brun de bonheur.
Un an plus tard, je ne lui écris plus. A dire vrai j’ma dernière missive avait été envoyée la veille d’épouser Vran. Peu importe ce qu’il était écrit sinon que je nous pardonnais, c’était bien là l’essentiel. De lettre donc il n’y a plus depuis un mois bientôt, depuis un mois demain.

Alors pourquoi vouloir se venger maintenant ? Si vous m’demandez, j’vous répondrais « parce que », parce que ça vous regarde pas, parce que j’vous emm’erde, parce que j’ai pas à me justifier, parce que j’en ai envie, parce que, parce que, parce que.
La vérité c’est que tant que ce ne sera pas fait, j’y penserai. Chaque personne un peu insistante, chaque tatouage dégueulasse, chaque pas dans une rue déserte, je me demanderais si ce ne sont pas eux, qui viennent finir le travail. Et puis.. Et puis il faut clore ce chapitre là, pour vivre sereinement ma nouvelle vie.

Et franchement, quand j’vois le nombre de gens que Vran se met à dos, je pense qu’on aura bien assez à se méfier pour ne pas en plus se trainer des casseroles vieilles comme le monde. J’avais vaguement parlé de mes projets à mon Vranounet –à l’écrit ça passe crème-, et il ne m’a pas vraiment donné le choix : il serait là.

Alors dans l’ombre, j’avais cherché à en savoir plus. Ils n’étaient plus que cinq –à priori- et continuaient de se retrouver dans l’auberge près de la plage. Une masure abandonnée dont ils reprennent possession quelques heures à chaque pleine lune. Et puis… Et puis bientôt la pleine lune.
J’avais longuement hésité avant de partir, ce matin là. Vran déjà avait quitté la piaule et je n’avais aucun fichue idée de l’endroit où il pouvait se trouver –au réveil on pourrait penser qu’il est chez le boulanger, mais on parle de Vran là-. Si je partais maintenant, je pouvais espérer en saigner un dans la forêt. Une heure de cheval, à peine, et ils ne seraient plus que quatre.

J’ai peut être pas pris la solution la plus raisonnée, mais quelques minutes plus tard, je sellais mon cheval pour prendre la route.
Ce n’est qu’un homme seul.
Je serai partie deux heures, trois, grand maximum.
J’avais ma dague.
J’en ai buté des plus coriaces.


J’vous ai déjà dit que j’étais bordélique ?
Parce qu’il n’y aura pas beaucoup de recherches à faire pour trouver, échoués sur le plumard, une carte représentant une auberge surmontée d’un crapaud et cinq croix, dont l’une se trouve pas trop loin de notre piaule. Une sorte de planche en bois où il est inscrit « Trois lunes avant le solstice, quand le crapaud de rose se pare, Crusta* sera célébré »**. L’écrin d’une lame, et le ruban qui avait tenu mes cheveux la veille, avant que mon époux ne se décide à les libérer pour –jouer aux cartes-, autour d’un vélin.


Citation:
Je ne serai pas longue.
D.



Est-ce que j’avais prévu que le type ait un peu de retard ? Naonnnn. D’ailleurs le fait que ses cuisses soient plus grosses que celles de mon cheval non plus, je l’avais pas prévu…

Hey… Coucou…


* Du latin : crustacé.
** Directement issue du rp premier « La traque », Août/Septembre 2019.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Vran
Aertan Servat. C'est le mec qui faisait plus ou moins office de chef de bande en tandem avec Andréa, quand Vran s'était finalement sorti du fin fond de trou de cul que constituait la Lorraine -aka le Royaume des Morts- pour pousser vers l'Ouest, pour rejoindre ladite bande, à qui il avait proposé un coup pas comme les autres -foiré le coup, mais pas comme on aurait pu s'y attendre-, et qui en retour lui avait proposé de les rejoindre. D'ailleurs on en a pas trop parlé, et je suis même pas sûr que Vran l'ait mentionné, mais il s'était fait péter la gueule dès le premier pas. Pas trop violent, non, on l'avait simplement assommé et laissé dans un coin, après l'avoir délesté du peu qu'il avait sur lui. Bref.
Aertan, le grand chauve costaud. Voilà. C'est tout ce dont le brun se souvient de cet homme. Il avait dû en apprendre plus à l'époque, mais c'était désormais loin. Car rapidement, le chauve avait disparu. Des ennemis lui étaient tombé dessus, selon la Chiasse. Cette dernière avait parlé de vengeance. Vran en avait rajouté, avait dit qu'il serait présent, que lui aussi, il vengerait Aertan. Mais quelle valeur cela pouvait bien avoir?

A cette époque, Vran avait passé une moitié de vie dans une famille qu'il n'aimait pas, dans un village qu'il n'aimait pas. La seconde, il avait été seul la majorité du temps. Et quand il fut accompagné, ce fut de manière temporaire, pour des coups un brin plus ambitieux, par des gens en qui il n'avait aucune confiance. Des gens dont il avait pu précipité la mort, pour certains. Ou qu'il avait tué. Pour un soupçon de trahison, parfois. Pour garder le butin, souvent.
Seul. C'est ainsi qu'il se débrouillait le mieux. Il avait fait des erreurs, dans ses premières années sur les routes. Ce qui constituait pour lui de précieuses leçons. Il y avait bien eu quelques vieux par ci par là, dans des bouges paumés, pour lui offrir de petites perles de sagesse -ou pas-, mais au final personne n'avait été là pour lui montrer. Alors la vie lui avait apprit, à sa manière, avec la brutalité qu'on lui connait. Le résultat, du moins une partie, on s'en rend vite compte quand on côtoie Vran. Aucune politesse, aucun savoir vivre, aucune notion du vivre ensemble, une méfiance à toute épreuve, et jusqu'à récemment, une incapacité à s'attacher à qui que ce soit.
Pour lui, le groupe avec qui il voyageait, ce n'était pas différent de ces quelques types qu'il avait entraîné dans des histoires pas nettes par le passé. Ils étaient simplement plus nombreux. Aertan avait disparu. Présumé mort. Andréa voulait le venger. Vran avait dit qu'il serait là. La valeur que cela pouvait avoir était faible. Il avait peu connu Aertan, l'annonce de l'embuscade ne l'avait pas touché plus que ça, et sa proposition n'existait que parce qu'il avait voulu démontré une appartenance de groupe, ou du moins en donner l'illusion. Des paroles en l'air. Parce qu'il pensait que jamais cela ne se réaliserait.

Pourtant, la vie, encore elle, allait lui montrer qu'oublier une chose ne la fait pas disparaître. Car un an plus tard, un soir, dans une taverne, accompagné d'Andréa qui était désormais son épouse, le sujet avait refait surface. Vran en avait profité pour en apprendre plus, curieux qu'il était de la vie de son aimée. Mais surtout, son désir de vengeance était resté intact, promesse non tenue mais pas oubliée. Et le truand lui avait dit qu'il en serait. Sauf que cette fois, ce n'était pas des paroles vides de sens. Cette fois, il se sentait vraiment membre de ce groupe, même si celui-ci avait changé depuis, plusieurs fois. Il avait quasiment oublié Aertan, et sa vengeance ne l'intéressait pas. Mais Andréa la souhaitait, elle. Andréa en avait besoin. Et il l'aimait. Elle avait besoin de ce se débarrasser de ce morceau de passé, de cette promesse, de ce danger qui pesait peut-être. Alors il l'aiderait, sans hésiter.
Vran avait accordé sa confiance à la Colombe, sans réserve. Une chose rarissime. Quelques personnes avaient bien pu la recevoir également, mais subsistait en lui toujours une once de méfiance. Avec son épouse, il n'en était rien. Parfois, ses réflexes de défense refaisaient surface avec elle, mais elle avait cette capacité à les faire chuter, un à un, sans effort, malgré l'expérience du passé. Pour cette confiance accordé, qu'il savait mutuelle, rien que pour ça, il devait l'accompagner.

L'un des résultats de cette vie qu'il a vécu, c'est un sommeil léger, et court. Il dormait peu, et se réveillait facilement. Ça avait été le cas, ce matin là. Du soleil, on ne voyait encore que les premiers rayons parvenir de derrière l'horizon, lorsque Vran sorti du sommeil. Il avait pris quelques minutes pour observer son épouse endormie, d'un regard énamouré qu'il ne montrait que rarement devant les autres. Il avait fait glisser une caresse sur son épaule, du bout des doigts. Enfin, un doux baiser avait fait un doux atterrissage sur la joue Colombesque, avant que le truand ne s'extirpe discrètement du lit pour s'habiller et partir en ville.
Non, effectivement, c'était pas pour le pain. C'était pour... rien, en fait. C'est juste que c'est le genre à pas aimer rester au lit une fois réveillé. Sauf quand c'est pour rester avec son épouse, mais là il est tôt, et elle dort. Alors il était parti faire un tour, histoire de la laisser dormir en paix, espérant revenir plus tard et la trouver réveillée. Il flânait par ci, par là, profitant de la fraîcheur de l'aube. Il appréciait le calme de la ville qui commençait seulement à sortir de sa torpeur, il jetait parfois un œil distrait aux marchandises que l'on installait sur les étals du marché. Bon par contre là, on est dans un trou bien perdu, hein, faut s'imaginer trois étales moisis au milieu d'un rassemblement de cahutes qui restait calme même au zénith. Oui je sais, je vous ai induits en erreurs, mais voilà, c'est réparé.
Enfin, quand le soleil fut visible -du coin de l'œil hein, on sait tous ce qu'il se passe si on le fixe-, le brun décida qu'il était temps de retourner auprès de son épousée. Mais ce ne fut que pour trouver la chambre vide. Enfin vide, Andréa l'occupait, donc "vide", ici ça veut juste dire qu'elle est pas là, parce que si on prend le sens premier je vous assure que la pièce est tout sauf vide.

Après avoir examinait ce qui se trouvait en évidence sur le lit, il ne fallut pas bien longtemps à Vran pour comprendre. Rapidement, il s'était rajouté une couche de cuir sur le dos, avait bouclé son épée à sa ceinture, vérifié qu'il portait bien sa dague et avait récupéré son arbalète -owi l'arbalète!-. Il avait aussi pris la carte et, sans trop savoir pourquoi, le ruban. Cheval sellé -et non pas scellé comme j'ai failli l'écrire-, il s'était mis en route. Ai-je déjà mentionné le fait que se balader avec une monture, pour Vran, c'est pas habituel? Eh bien sachez que pour éviter de se vautrer la gueule, il a eu le galop prudent.
Désormais, des nuages couvraient le ciel, et le temps était à l'humidité. De quoi rappeler des souvenirs. Après tout, cette ambiance ressemblait fortement à celle qui régnait lors de leur première virée meurtrière en duo.

Un dernier coup d'œil à la carte, pour être sûr de sa route, et bientôt il se trouvait à l'endroit indiqué par la première croix. Vran pu rapidement apercevoir Andréa à côté d'un cadavre. Un massif. Plus proche, les taches de sang sur la chemise de la Chiasse étaient visibles. Le brun mit pied à terre pour s'approcher, observant un instant l'homme qui venait de perdre la vie.


T'aurais pu m'attendre!

Ben oui quoi, c'est vrai! Ils avaient dit qu'ils accompliraient cette besogne ensemble. Sûr qu'en plus, s'il ne l'avait pas rejointe ici, elle le lui aurait reproché. Enfin, je dis ça, mais elle pouvait tout aussi bien lui reprocher son retard que ça ne l'étonnerait guère. Son air de reproche, déjà pas bien convaincant à la base, ne dura pas longtemps. Il déposa un baiser sur les lèvres colombesque.

Bon, on continue?

C'est que selon la carte, il en restait encore cinq.
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Andrea_
D’accord, je suis bordélique. Sauf que c’est un bordel organisé. Imagines un peu que t’as sept robes, trois chemises et trois paires de braies dans un sac. Tu veux la chemise bleue, bah c’pas facile hein de la sortir du sac proprement alors que si tout est disposé dans la pièce, tu n’as qu’à te promener et l’attraper, ça n’abime pas le reste, c’est facile, c’est organisé, c’est ma méthode.
Bon après y a le problème des autres trucs qui trainent. M’enfin si on commence à ranger la vaisselle sale, ramener les bouteilles vides à l’aubergiste, et à ramasser les parchemins déjà lus, on n’en finit pas ! Pourquoi se faire chier à faire un truc qui sera fait par quelqu’un d’autre en échange d’un peu d’écus ? Hey, chacun son job’ ! Je ferme les parenthèses…

Pour vous parler... du péquin.

Quand j’l’ai vu approcher, j’ai instantanément regretté de n’pas avoir prévenu mon mec, pour plusieurs raisons :
1- il est plus gros que prévu. J’sais pas à quel moment j’ai pensé qu’il pouvait être gaulé comme une allumette, mais je l’ai pensé, et je me retrouve avec une arme qui, même si je la plantais jusqu’à la garde, ne dépasserait pas la couche de gras. Clairement : ma dague ne me servira à rien.
2- Parce que j’aurais l’air bien conne si j’me retrouve blessée ici avec personne pour me trouver.
3- Parce qu’il va me pourrir quand on s’reverra. J’le sais, j’le sens, et mon instinct me trompe jamais –sauf cette fois, mais j’le savais pas encore-.

Si j’peux me permettre de faire des raccourcis faciles, le gars sur le cheval –pauvre cheval-, il est plus du genre à s’appeler Léon que Léo-paul.
Mais j’suis Andréa, et j’vais lui mettre la pâté –l’inverse serait plutôt con, imagine si je t’annonce direct qu’elle va crever-.


J’aimerais vraiment vous expliquer en long, en large et en travers comment j’lui ai démonté la tête. J’crois que j’en rajouterais un peu, avec des cris sauvages, et un peu de bruitages. Peut être même que j’aurais fait une phrase folle pour expliquer de façon imagée comment son sang a giclé partout du genre… « phrase folle pour expliquer de façon imagée comment son sang a giclé partout » .
J’aurais ajouté une pointe d’humour, parce que merde, ma chemise est tâchée, c’est dégueulasse, c’est chiant à laver et en plus c’était ma préférée –ouin ouin ouin ma vie est fichue-, et ça aurait apporté de la légèreté qu’une nana s’inquiète de sa tenue alors qu’elle est passée à deux doigts de la mort.
Parce que ouai, j’aurais pas joué à la super héroïne hein, j’aurais pris une patate de forain dans la gueule, la tête qui tourne, le nez qui pisse le sang avec « toujours cette phrase sympathoche et poétique sur le sang qui gicle mais dit en mieux », j’aurais eu une petite perte de confiance en moi et vous auriez flippé vot’mère ! Et quand vous auriez pensé que TOUT était terminé BIM, je l’aurais achevé.

Pour le final : je me serais attardée sur le plaisir que je prenais à broyer ses os , et ça aurait été tellement prenant que personne aurait remarqué que c’était pas cohérent, parce qu’il faisait trois fois mon poids. Mais on s’en balance complet, le récit aurait été fou : vous auriez eu des étoiles dans les yeux, et moi un prix Nobel de la littérature. Et surtout, surtout : J’aurais buté ce mec avec classe.


C’est la version officielle, officieusement j’ai fait ce que j’ai pu mais je l’ai eu. Et c’est pile ce moment que mon mari, Vrany de son petit nom que je n’utilise jamais, a choisi pour arriver.
Pour sa défense, il est venu à cheval, avec la grâce d’un éléphant tentant d’avancer sur une ballon de foot, j’peux vous dire que si j’avais été au bout du champ et qu’il serait venu à pattes –et qu’il était motivé..-, il aurait été là super rapidement, genre j’aurais même pas eu le temps de descendre de mon cheval. Mais il a du venir à cheval alors…


Que je t’attende ? Je t’ai tellement attendu que je me suis décidé à attaquer avant d’avoir les articulations rongées par la vieillesse, c’est dingue !
Ouai, c’est dingue de voir comme ce MEC retourne la situation à son avantage !-Quoi ? vous prenez sa défense ?-
Heureusement, le bisou venait tout balayer. C’était le moment de saisir sa chemise pour se faire relever –oui j’avais le cul au sol, ça pose problème ?-
Bonne nouvelle, il râlait pas –trop-, et il était décidé à continuer-. Je me permets seulement de rajouter que Vran est habituellement doué pour lire les cartes, mais là il s’est raté : y avait cinq croix, moins une qui gît sur le sol, donc selon la carte, il en reste quatre. OU ALORS, ou alors Vran a cru que le crapaud c’était le chef alors que c’est juste le nom de l’auberge abandonnée ,ce qui prouverait qu’il n’a rien écouté de tout ce que je lui raconte depuis un moment : le gang, c’sont des HOMARDS, pas des crapauds. Bref, on continue.


Rassures moi Narv’, t’as pris la carte ?
Allez, en selle ! et pas en scelle.
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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Vran
Les mains du truand viennent se poser en renfort sur les coudes d'Andréa pour l'aider à se relever, alors que la tête remue de dépit. Genre en plus ça va être de sa faute! Genre! C'est pas lui qui a décidé de partir en avance, sans l'autre, pour aller se faire un mec avant tout le monde, comme on irait fumer un romain tout seul dans la forêt! Enfin. Non, Vran ne râle pas trop. Parce que là, déjà, ils ont autre chose à foutre que de s'envoyer des fions. Mais surtout, parce que le foutage de gueule, il viendra, mais plus tard. Quand ils seront au chaud. Quand il sera au dessus d'elle, affichant un sourire un brin narquois, surtout charmeur, et qu'une de ses mains se baladera sur le corps nu de la belle.
Mais ça sera pas pour maintenant. Là, ils ont une chasse à mener. D'ailleurs, oui, Vran sait lire une carte. Il a compté cinq au total, sans prendre en compte le mort, voilà tout. Et puis de toutes façon, si ça se trouve, elle a même pas vérifié si le type qui se vide de son sang a bien un tatouage de homard -il a suivi-, si ça se trouve elle a juste déquillé un type random qui passait par là, et ils sont toujours cinq. Penser au pire, ça évite quelques mauvaises surprises.

Vran fait quelques pas, prêt à grimper sur son cheval, mais s'arrête et se retourne brusquement.


Nan. Nan, tu m'appelles pas comme ça! Vranou, Vranounet, si tu veux, mais pas ça!

Merde quoi, "Narv", c'est dégueulasse! On a pas idée de dire des trucs pareils!
Cul sur la selle, la carte est agitée genre "ouais je l'ai, je l'ai", puis la route est prise. Et pendant que le chemin est parcouru, le brun se demande quand même comment son épouse s'est démerdée pour se charger du colosse qu'elle avait eu en face d'elle. Parce que visiblement, elle n'avait pris que sa dague, ou le reste de son équipement était accroché au cheval. Bon, après, un gros costaud c'est impressionnant, mais pas forcément si difficile à abattre. Vran était bien placé pour le savoir. Il avait déjà eu à gérer quelques montagnes de muscles dans sa vie, et ils avaient quasiment tous partagé les mêmes caractéristiques: lents, prévisibles, dépourvus de souffle, trop confiants, et trop sûrs de leur force pour s'être jamais embarrassés avec la moindre technique. Et croyez moi, je parle d'expérience, peu de choses sont aussi satisfaisantes que le regard d'un grand mec musclé épuisé qui vient de comprendre qu'il est désormais à votre merci.

A part ça, le chemin s'était poursuivi tranquillement. Le couple en avait profité pour discuter, comme souvent lorsqu'ils étaient seuls. De leurs vies, leurs ressentis, leurs façons de voir les choses. La manière dont ils allaient baiser le monde ensemble, sans même avoir l'élémentaire politesse de lui filer de quoi lubrifier son orifice. Au milieu de tout ça, le temps merdique avait probablement été mentionné, avec l'hiver qui approche, peut-être aussi la similarité avec l'attaque de l'auberge, cette fameuse scène bucolique en forêt.
De temps à autres, Vran vérifiait qu'il avait bien embarqué les carreaux pour aller avec l'arbalète. Les comptait, et s'appliquait à retenir le nombre. Sa main s'était portée quelques fois dans son dos, pour être sûr qu'il avait bien sa dague à la ceinture. Durant son existence, il avait déjà éliminé des gens, plusieurs fois. Mais ça avait été rare qu'il s'attaque à un groupe. Généralement, il y avait une personne qu'il voulait refroidir, il trouvait le meilleur moment pour s'en charger, puis il disparaissait. Deux fois, il s'en était pris à un duo, et une seule uniquement ses cibles avaient était trois. C'est tout. Alors là, avec cinq -le total, le total- bandits notoires dont encore quatre debout, le truand se montre prudent. Précautionneux, même. La main droite palpe l'avant-bras gauche: les trois couteaux de lancé y sont bien logés. Il n'est pas spécialement doué avec ça, mais il sait faire, c'est déjà pas mal, ça pourrait quand même bien leur sauver le cul à un moment. Vous le sentez, le couteau de lancé de Tchekhov?

Plus les croix restantes s'approchaient, moins ils parlaient, et surtout, moins leurs mots étaient audibles, comme si à tout moment on pourrait les entendre, voire même les surprendre.
Jusqu'à ce que finalement, après un énième examen de la carte, ils constatent qu'ils sont proches. Les chevaux sont arrêtés.


Laissons les ch'vaux sur l'côté. Et allons observer. T'as tout c'qui t'faut?

Dernière vérification. Epée, dague, carreau, arbalète, couteaux. Tout est là. L'arbalète est chargée en prévision, il n'y a plus qu'à aller vers la cahute sur la plage. Bon, sur la plage il me semble, mais en vrai je suis plus si sûr. Mais c'est pas grave, si je me plante, la co-narratrice n'hésitera certainement pas à corriger avec la délicatesse qu'on lui connait.
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Andrea_
Okay, donc pour Narv’, c’est mort.

Fais chier !

J’étais pourtant fière de ce surnom moi ! C’est que ça fait des semaines que je lui cherche un petit nom sympathique, un petit truc à mettre en bout de phrase du genre « Tu le sais, Chaton, que j’ai raison ». Sauf que Chaton c’est déjà pris, Mon canard aussi, Chou, Lou’, Cœur, Chéri, Boudin, Couillon, Conn’ard, bref, y a plus rien de disponible pour mon époux. Si encore il avait eu un nom à raccourcir j’aurais pu tenter un truc m’enfin là, y a rien qui vient. Me voilà donc condamnée à l’appeler « Vran » -coup de bol, c’est son prénom- et à tenter, de temps en temps, de caler l’air de rien une dénomination à la con pour « voir si ça passe ».
Et donc Narv’, ça passe pas. Alors que j’ai juste changé l’ordre des lettres. Qu’est ce qu’il aurait dit si j’avais EN PLUS changé les lettres ! Juste comme ça, en quatre lettres j’en ai bien sympa qui commence par pu et finit en te, mais ce mec est un rabat joie, qui est dénue de sens de l’humour quand ça le concerne, alors je vais me contenter de ricaner salement en y pensant.

Et puis il avait fallu reprendre la route. Un de nous était monté sur son cheval avec grâce et pas l’autre, un de deux avec pu lâcher les rênes pour se débarbouiller rapidement et même aiguisé une lame qui s’est enfoncé y a pas longtemps dans un poumon –maintenant tu sais comment il est mort mon mister Michelin-, et puis l’autre... L’autre il tentait d’avancer avec un balai dans l’oignon –c’est pour l’image hein, il n’avait pas VRAIMENT un balai dans l’oignon-. J’veux pas trop vous dire qui est qui parce que j’voudrais pas m’attirer les foudres de mon comparse, m’enfin si je peux me permettre, moi, je monte à cheval depuis des années.

Alors oui, on avait discuté avec légèreté, au début. De tout de rien, de tout ce qui fait notre quotidien depuis plus d’un mois maintenant. Je me souviens particulièrement de ce moment où je l’écoutais –il devait probablement évoquer le fait que j’étais une femme vraiment exceptionnelle et lui un homme putai’nement chanceux- et où j’ai tourné la tête vers Lui. Croiser son regard, couplé à la légèreté de ses paroles, fût violent. Cet homme là, c’était le mien. Je ne sais pas s’il a noté le trouble qui m’avait habité, m’obligeant à lui demander de répéter sa phrase, que je n’avais pas entendu –et il n’évoquait pas le fait que j’étais une femme vraiment exceptionnelle et un lui un homme très chanceux-. Mais ouai, c’était violent, ça semblait surréaliste. Je ne sais pas si un jour ce sentiment me quittera, mais j’espère m’émerveiller encore longtemps de ce regard dont il me couvre dès qu’il me voit.

Le temps s’emm’erdissait. C'est-à-dire qu’on est passé de « soleil/été indien » à « je t’ai bien niqué on est en Automne », pluie dégueulasse, ciel gris et feuilles qui tombent. Merveilleux. J’avais eu moi aussi un flash de cette prise d’auberge, avec un sublime jeu de mot : c’était une tuerie. J’me souviens aussi parfaitement de l’état crotteux de mes bottes et le frisottis de mes cheveux. J’espérais que Vran n’espérait pas avoir la même résistance, car ce n’était pas le cas. Les Homards, je les avais côtoyé, j’avais entendu Aertan m’en parler en perdant toute assurance. Je n’avais pas oublié l’état dans lequel était Aertan après qu’ils l’aient enlevé. On peut faire les malins, on peut être fier et se croire invincibles, c’est ce que nous avions fait, Aertan et Moi, quand nous avions commencé une bataille sans savoir que c’était la guerre qui débutait. J’avais perdu Aertan, et j’escomptais bien garder Vran. Forcément, quand ce genre de pensées t’assaille, t’es un peu moins bavard.
Surtout quand tu imagines la possibilité que les quatre soient en fait douze.
Y a UN truc qui m’a fait tiquer sur le chemin. C’est l’attitude de mon Narv’ –en narration on dit que je peux- : soit il a des puces, soit il est nouvellement atteint d’un syndrome Gilles de la Tour –c’est plus grand qu’une tourette-. Et vas-y que je me trifouille l’arbalète, que je me tapote le carquois en jouant du piano sur les flèches, l’avant bras gauche. Et rebelote cinq minutes plus tard. Autant vous dire que j’étais un peu perplexe. Moi j’ai rien à tripoter mais j’le fais quand même, peut être que c’est une prière silencieuse, qu’il ne sait pas faire le signe de croix. Tripotage de cheveux, de genoux et d’épaule gauche avec la main droite. Vous voyez, c’est ça aussi être un couple : c’est accompagner l’autre dans ses vices pour pas qu’il ne se sente abandonné. Heureusement, on arrive.

J’avais occupé les dernières minutes à observer l’étrange manège de mon époux, aussi relever la tête pour apercevoir la cahute sur la plage -elle est bien sur la plage, tu veux une médaille ?- m’avait peut être rendu livide.
C’est dingue de voir comment fonctionne un esprit. Tu passes des semaines à tenter d’oublier, les semaines suivantes à ne plus y penser, pire, à ne pas réussir à te souvenir, même en cherchant, et il suffit d’un lieu, d’une odeur pour que tout te revienne dans la face avec violence.

Elle avait balbutié, un peu, lorsqu’il lui avait demandé si elle avait tout ce qu’il fallait. L’œil hagard, le souffle légèrement saccadé et les lèvres incertaines, incapable de comprendre tout de suite ce qu’il lui racontait.
Tout revenait, par flash. Aertan. Mouette. L’auberge. Le poison. Le sang sur le sable. La peur. La mort. Tout revenait, même la haine qu’elle pensait esquintée par le temps.
Ça n’avait pas duré longtemps, juste assez pour passer d’un oisillon tombé du nid à cet aigle majestueux capable de tuer un truc plus gros que lui. L’acier semblait résolu à en découdre.
La lame fût levée et alors que le sourire s’agrandissait, la main tendait vers la besace crochetée à la selle. Elle aurait pu sortir un jambon beurre. Elle aurait pu dégainer un stock de poudre noir. Mais nan. Déjà elle s’y reprend à trois fois, parce que la besace est trop petite pour ce qu’elle contient, mais à grands renforts de langue coincée entre les ratiches, de noms d’oiseaux et d’une veine palpitante sur sa tempe, elle était victorieuse et dégainait son trésor à son époux.


Arbalète. Et Glokul dans la poche.

C’est peut être un détail pour vous, m’enfin Andréa est se sent supérieure depuis qu’elle l’a. Encore plus supérieure j’veux dire. Disons qu’elle sait qu’elle est une version améliorée d’elle-même, Déa, version alpha, Déa + arbalète + glokul = version 2.0, tu vois le délire ?
Alors oui, les initiés noteront qu’il me manque quelque chose, j’vais rien dire, on voit s’il l’mari a capté. Pour l’heure elle écrase un doigt sur ses lèvres pour le regarder et souffler –tout doucement parce qu’on n’est pas chez mamie-


Chh.. Ne dis rien. Moi aussi je me trouve exceptionnelle.

Les doigts furent remplacé par les lèvres Colombesques, baiser volé avant que d’un mouvement de tête elle ne lui montre une charrette un peu plus loin. Ils pourraient se cacher et observer. Observer.
La masure. Deux fenêtres en haut, trois en bas. Une porte à gauche. Une croix sur la plage. Un chien roulé en boule sur le perron. Une lumière venant de l’intérieur. Un rideau qui vacille. Cinq chevaux sur la droite. Des rires gras. Un cri féminin.

Et une branche qui craque juste derrière nous.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Vran
Face à la réaction que son épouse avait eut suite à la question -un un peu avant aussi-, Vran se contenta simplement de la regarder. De ce regard qui ouvre le champ des possibles. Parle moi, ne me dis rien, réclame un baiser, un câlin, ce que tu veux. Ces yeux là, qui donnent le choix. Mais la lueur dans le regard d'Andréa vacilla pour se transformer en autre chose, et Vran sut qu'ils étaient prêts. Petit sourire en coin face a l'exposition d'arme, l'amélioration de la Colombe.
Ta ta taaa tatatatatatataaaa! Félicitations, votre Andréa a évoluée en Déarbalète!
En plus elle a son Glokul plaqué argent! J'ai d'ailleurs l'impression que c'est le moment de vous en dire plus sur ce Glokul que le brun avait offert à sa merveilleuse épousée. Tout d'abord, j'en entends déjà s'exclamer, voire s'insurger du fait que, quand même, cette radasse de Vranou aurait pu faire un effort sur la matière et ne pas se contenter d'un "plaqué" argent. Eh bien à ceux-là, je leur répondrai que si ça ne tenait qu'à lui, le machin serait entièrement en argent, sans un pète d'un autre métal pour perturber l'harmonie de l'objet. Mais le forgeron le lui avait déconseillé: un Glokul en argent ne tiendrait pas bien longtemps avant de se briser quelque part. Alors voilà, il a choisi plaqué argent. Il a choisi la longévité du Glokul.
Ensuite -non j'ai pas fini sur ce sujet-, son origine. L'idée d'offrir un Glokul à Andréa avait déjà germé quand il lui avait temporairement confié le sien. Il lui suffisait après tout de filer le modèle à un forgeron, et il considérait que ça ferait un bon cadeau de mariage. Il se trouve qu'à ce moment là il cherchait aussi une alliance, pour ledit mariage. Alors, paumé dans un trou sans joailler, Vran a fait ce que n'importe qui d'autre -non- aurait fait: il a écumer les rues, à la recherche de gens avec des bagues, pour les leur subtiliser. Eh bien vous saurez que visiblement, à La Trémouille, on aime bien les anneaux en argent. Et comme au final, il avait eu l'anneau qu'il souhaitait, il n'avait pas bien su quoi foutre de ces six bagouzes en argent. Et voilà, est né le Glokul argenté, le second familier des tréfonds infernaux, la bête du clair de lune.

Mais pas le temps de s'émerveiller plus sur son épouse sublime, car déjà le doigt de la Chiasse l'empêche d'en dire plus. Le doigt sur sa bouche, hein. Elle le fait pas taire à grands renforts de doigts dans le cul. Pas encore. Et jamais, Vran l'espère. Surtout que vu la propension du brun à ouvrir sa gueule, surtout quand on veut qu'il la ferme... Eh ben disons qu'au bout d'une semaine le doigt suffira plus, et qu'au bout de quelques mois il aurait l'oignon éclaté et capable d'accueillir une caraque de guerre. Bref, laissez son boule tranquille.
Baiser volé, mais baiser rendu, le truand sourit à sa Colombe.


Si j'peux même pu m'en étonner, aussi...

Les paroles restent à volume réduit, il ne faudrait pas que le vent ne transportent leurs mots au loin pour annoncer leur présence. Encore plus maintenant qu'ils sont planqués dans la charrette, observant la cahute, qui est plus grande que ce que le mot "cahute" ne lui avait fait supposer. Visiblement on s'amuse à l'intérieur. Tant mieux. Ça n'en sera que plus aisé de les surprendre. S'ils picolent, c'est très bien. S'ils ont une femme... c'est encore mieux. Heureusement, ils ne semblent pas plus nombreux que prévu. Quoique... Cinq chevaux. Soit le type que Déa s'était réservé plus tôt se traînait à pieds, soit ils étaient un de plus. Et donc potentiellement encore plus, autre part. Vran fronça les sourcils, s'apprêta à poser simplement la question à la Chiasse, mais il percute autre chose, ce qui fait qu'il repousse sa question à plus tard, pour en poser une autre. C'est quand il a vu le chien sur le perron et qu'il s'est demandé s'il était en mesure de l'abattre de là où il était, pour l'empêcher de donner l'alerte, que ça lui est venu.

Au fait t'as pensé à embarquer des ca...

Crac. Vran marqua un court temps d'arrêt, une demi seconde, avant de se retourner vivement et de tirer, sans réfléchir. Les yeux écarquillés, l'homme qui se trouvait derrière eux se tenait la gorge, de laquelle dépassait le carreau que le brun venait de lui décocher. Son bâton de marche tomba au sol, puis l'homme suivi, périssant finalement dans un gargouillis discret, recouvert de son mantel bleu, son écharpe jaune frissonnant mollement sous le vent. Bordel, il fallait qu'un connard de randonneur vienne se paumer ici, et il fallait qu'il le fasse ce jour-ci! Le temps de récupérer la munition et de s'assurer que personne d'autre ne suivait, et le truand fut de retour dans la charrette.

Des carreaux. T'en as?

Oui parce que c'est très beau comme arme, c'est clairement pas Vran -ni moi non plus d'ailleurs- qui va dire le contraire, mais c'est que sans les munitions qui vont avec, elle va pas être bien puissante, Déarbalète -oui j'en suis fier de ça-, classe ou pas classe.

Et le type que t'as dézingué là-bas, l'était à pieds ou à ch'val? Parc'que j'en vois cinq, de ch'vaux, là...

Ses yeux se déportent vers la masure, alors qu'il poursuit. C'est le moment de la jouer un peu stratégique, parce qu'avouons le, il y a de grandes chances pour qu'ils terminent le taf à la zob.

Et l'chien, là, y va faire chier... J'sais pas si j'suis capable de l'dégommer d'ici...

Non parce que si il rate son coup et que le chien aboie, ils sont pas dans la merde. Quoique, peut-être y avait-il moyen de tirer la chose à leur avantage... Mais pour le moment, il semblait à Vran qu'il valait mieux patienter encore.
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Andrea_
Des caquoi ?
Cette question restera sans réponse pour les prochaines minutes. Peut être parce qu’elle n’a pas passé mes lèvres –oui bon- et que Vran, aussi intelligent soit-il, n’est qu’un homme. Un homme ça a déjà du mal à comprendre ce que l’on formule alors si en plus la question reste dans la tête, sans surprise aucune, on n’aura pas de réponses.
Nan mais c’est vrai, un homme c’est assez terre à terre : si tu veux une bague pour ton anniversaire, ça ne sert à rien de la jouer subtil en laissant trainer des dessins de bagues. Ça ne sert à rien non plus de dire que « oh, Marie elle a eu une bague pour son anniversaire, quelle idée merveilleuse ! » ou encore « oh tiens, ce doigt me parait vide, qu’est ce qu’on pourrait bien y mettre ». Et si tu pensais que t’arrêter devant un joaillier en lui montrant LE bijou dont tu rêves en ajoutant un « elle est belle hein ? Un jour, elle sera mienne » suffirait à lui faire comprendre le message, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au coude. NAN, si tu veux une bague pour ton anniversaire, tu attends la veille –de toutes façons il aura soit oublié que c’était ton anniversaire soit oublié qu’il était bien vu de faire un cadeau, soit, pire scénario, il aura décidé que t’avais pas envie d’un cadeau. Donc tu attends la veille, tu prends ton mari sur l’épaule, tu le poses devant le bijoutier en disant : j’ai pris ta bourse, j’ai choisi la bague, t’as plus qu’à payer, merci d’y avoir pensé.
Selon les mecs, même comme ça, ça n’passe pas, et tu n’auras plus qu’à te l’acheter toi-même.
Je ferme la parenthèse avant qu’on me taxe de féministe. En plus mon merveilleux époux vient de dégommer un mec avant même que j’ai le temps de m’inquiéter. Mantel bleu, écharpe jaune, coup de bol, s’il avait eu un gilet jaune ça aurait aussi fait polémique.
Soupir de la Chiasse, le pauvre homme était un innocent. Un père qui laisse des orphelins, un mari qui laissera sa femme sans repas pour ce soir, un fils, qu’une mère pleurera jusqu’à sa mort –la mort de la mère hein, le fils c’est déjà fait, merci Narv’ à l’eau -. Inutile de vous dire que j’en suis toute retournée et que je m’apprête à passer le savon de sa vie à Mon Glokulator –ça ça passe ?-.


P’tain m’amour t’abuses…
User une flèche pour ça…


Hein, quoi ? On me dit dans l’oreillette que j’en aurais rien à fout’re du bonhomme ? Ah mais oui, pardon, j’avais oublié. Retour de l’époux dans la charrette donc –parce que j’aurais pas gueulé tant qu’il était loin hein, on est en planque j’vous l’rappelle-. Et le voilà qui termine sa phrase. Pas besoin de poser la question : des caquoi ? des carreaux. –ça aurait pu être des carottes hein-. [spoil : j’aurais été aussi douée avec des carottes qu’avec des carreaux.]
J’allais ouvrir le bec pour répondre, mais voilà qu’il enchaine sur aut’ chose, à savoir la première victime du jour –celle qui est morte mais qu’on ne sait pas comment- : avait-il un cheval ? Mais c’est une bonne question Chéri, tu veux pas non plus que je te donne sa pointure ou la couleur de son slibar ? Comment ça ça n’a rien à voir ?
Mais là encore, pas moyen d’en placer une ! Il enchaine –encore, c’t’un enchaineur d’enchainement- et cette fois ci, c’est le clébard qui pose problème. J’avoue que j’y ai pensé direct, j’ai vu les fenêtres, j’ai vu le sable, j’ai vu la lumière et j’me suis dit qu’y allait forcément avoir un truc qu’allait foutre la merde : et paf, le chien.
Je regarde le chien, l’époux, le chien, l’époux, et je reste sur l’époux un moment, histoire de voir s’il va encore –encore encore- enchainer. Et… ET non !
Parfois, le bonheur revêt bien des manières.


Attends, des carreaux, j’ai pas besoin d’en prendre, j’me suis dit que t’allais les emmener ! Je t’avoue que j’me suis pas encore entrainée à tirer, alors j’ai pensé que j’avais plus de chance de tuer quelqu’un en l’assommant avec.. Pis toi t’en as des carreaux, surtout que t’en as besoin que d’un seul !

Bah attends, je t’ai vu faire un, t’as tué le mec et hop, tu récupères ta flèche. Avec deux y a moyen que tu dézingues tout le monde, non ? C’pas comme ça que ça marche ? J’aurais du potasser le bouzin, m’enfin la dernière fois que j’ai cherché « comment bander correctement » à la bibliothèque j’ai eu un livre avec plein de peintures pas très ARChaïques, ni Arbalètaïques d’ailleurs.
Faudra que j’pense à la ramener c’bouquin d’ailleurs. Un jour. Donc on en était où ? Ah oui, le tué numéro un, et le chien.


Il avait son cheval mais ce con s’est barré. Et c’pas un d’ceux là. Traduction pour le co-narrateur : y a cinq chevaux, et y a pas celui du gars de tout à l’heure.
Pour le reste, je pense qu’on ne refera pas le monde et encore moins le système solaire : les femmes viennent de Mars, les hommes de Vénus. Vran observe, Vran patiente. Colombe en a vu assez et se lourde en dehors de la charrette. J’ai dit « se lourde », mais ça n’a rien à voir avec son poids, c’est juste que si j’avais dit « elle descend de la charrette » on aurait tous eu une chanson ridicule dans la tête –désolé-.
Mais rassurez vous, avant de partir, elle a pris soin de prendre un carreau dans le carquois de Vran –et là, il t’en reste combien des flèches ? C’pour une copine-. Vrai que c’est classe d’avoir une arbalète. Bon j’imagine que la démarche « je ne suis pas là vous ne me voyez pas » ne rend pas grâce à l’arme hein, m’enfin moi, j’me sens puissante.

Tu sais combien de temps il faut à un clébard pour parcourir cinquante trois mètres ? Tu sais combien de fois il a aboyé pendant ce temps ? Est-ce qu’un chien qui aboie dehors, on l’entend dedans ? En prenant en compte le sens du vent, le temps moisi et les hurlements de la grognasse ?
Bin j’en sais foutrement rien. Mais j’le saurais, si j’avais un chien. Y a une légende qui raconte qu’un jour, quelqu’un m’en offrira un, mais comme personne ne veut le faire –ou ne me pense pas capable de le garder en vie-, bin j’en sais rien. A vrai dire j’étais loin de toutes ces considérations quand j’ai commencé à grenouiller –rapport à la démarche- vers la cahute –de riches-.

Mais au fond, un chien, c’est qu’un humain de petite taille, que tu peux planter comme un humain de grande taille, faire rouler pour planter, encore et encore –j’suis un enchaineur de coups moi, c’est mieux que les questions-. J’ai pas eu le temps d’armer l’arbalète –j’aurais peut être pas su faire, mon mec n’a même pas pris cinq minutes pour m’apprendre les bases- mais j’ai bien compris qu’une flèche, ça perce. Alleluiaaaaaaaaa
Le bras est levé en direction de Vran, sourire fièrement collé à ses lèvres, la tronche tâchée de sang –la chemise aussi mais elle était déjà morte depuis quelques heures- En mode « hey t’as vu, je l’ai eu ! Héh… »

Hééé… on avait de la visite, une grimace à Vran avant que je ne traine le canidé contre le mur de la maison, avec un peu de bol, ils iront chercher dans les bois. Sinon bah… Ça sera le moyen de vérifier si Vran est capable de l’dégommer d’là bas.

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Aertan


Dead men tell no tales


Laissez moi vous raconter une histoire.

Le lendemain de cette nuit là, nous avons pris la poudre d'escampette avec notre colis. J'admet sans pudeur que la peur me rongeait le ventre. Cette histoire n'avait que trop duré à mon goût. Malheureusement ce n'était pas moi qui écrivait les pages de ce livre, je me contente de vous les lire.
L'auteur, c'était "lui". Lui qui n'a pas de nom, lui dont on ne sait rien, lui dont les mots sont si rares que sa voix nous est étrangère lorsqu'elle s'élève, aussi râpeuse que du silex. Nous avons essuyé beaucoup de pertes, mais c'était "le plan". Tout était toujours calculé et suivait son cours d'après lui. Il arborait un visage marmoréen, impassible tandis que le notre se contorsionnait en quelques chose d'affreux, noyé d'anxiété quand on brûlait les corps de nos morts. Nous tombions comme des pions, balayés par la tornade déclenchée par ces deux êtres, eux qui me flanquèrent la haine autant que la frousse. Je voulais que ça s'arrête, à quoi bon ? pourquoi le suivre dans ce chaos infernal ?
Il nous tient par la terreur et ça fonctionne. Sa seule présence est oppressante, l'air devient lourd et la pesanteur s'intensifie quand il est dans la pièce. Il a insinué en nous une graine d'effroi qui germe et prolifère comme de la mauvaise herbe dont les spores nous empêchent de réfléchir. Il n'est pas colérique, il ne laisse jamais transparaître quoique ce soit et ne nous frappe pas, mais il tue avec froideur, son coeur n'est qu'un amas de glace. Le plus simple c'est de l'éviter, il ne donne aucun signe d'agacement, aucun indice, mais pour un pépin dans un raisin qui le dérange, il pouvait planter son surin dans votre coeur.

Il porte la mort sur son visage. Ce même visage dévoré de stoïcisme malsain semble figé dans le granite, ses yeux si tranchants et d'une noirceur abyssale semblent dénués de flamme. Et puis il y eut cette fois. Cette unique fois où les traits de sa figure s'animèrent. C'était quand il lui mis la main dessus, son rugissement avait vibré entre les parois des pics enneigés et gicla dans mes os au point de me pétrifier. On s'était regardé, on avait compris. Une lueur d'espoir vacilla en moi, était ce enfin la fin de tout ça ? pourrais je enfin rentrer chez moi ? je me maudissais d'avoir quitté mon foyer et quête d'une satané liberté, me voilà plus entravé que jamais, dans les pinces du Homard. Je ne connaissais rien de l'histoire de ces deux hommes, rien de l'animosité qui les habitait, mais je savais qu'il était celui que l'on traquait depuis trop longtemps. J'éprouvais une rage envers cet inconnu, une rage calquée sur celle du Homard. On avait appris à haïr à force de baigner dans la haine. On ne savait pas pourquoi on détestait ce chauve mais la colère pourrissait en nous, malgré nous...pauvres moutons.
Il s'approchait de nous, un brasier satanique luisait dans ses iris d'ébène. Il tirait par les pieds un corps, un homme robuste, chauve avec un trace sanguinolente sur le front. Comment l'avait il eut ? on ne l'a jamais su, mais voici gisant à nos pieds notre liberté, Aertan.
On remonta dans le bateau, et le prisonnier fut enfermé dans les cales. C'était un endroit aux émanations méphitiques où même les plus braves avaient vu leur volonté se briser en mille morceaux, en destination de rêve je vous conseillerai l'enfer comparé à ça.
Les jours se suivaient, nous voguions, vers je ne sais où et le même rituel s'accomplissait chaque matin. Le bourreau descendait les marches et des cris à vous tordre les entrailles s'étouffaient sur les vagues de cette étendue bleuté infini. C'était insupportable.
Nous pensions notre mission achevée, j'espérais enfin pouvoir quitter ce rafiot de malheur mais nous étions tous encore là, à nous regarder dans les blanc des yeux, personne n'osait demander au capitaine la suite. L'un de nous l'avait fait, il nourrissait désormais les poissons. Pour ma part, je pense qu'il voulait aussi la fille et qu'il voulait réduire à néant la volonté de cet homme, le rabaisser plus bas que tout, le soumettre...et des mois passèrent.




Abnégation


Je me réveillais avec un tambour de guerre qui cognait contre mes tempes. Mes yeux clignaient et tentaient de transpercer l'obscurité. Les entraves métalliques saignaient mes poignets endormis suspendus au dessus de ma tête. Merde, qu'est ce qu'il s'est passé ? Mes pieds étaient déliés par chance, ce qui me permettait de gigoter. Le mur glacial et humide était désagréable dans mon dos. Des relans de moisisure de sueur et de poudre voguaient dans les parages. Le bois craquait et les vagues s'écrasaient contre la coque dans une ritournelle apaisante.
Des heures passèrent et mes yeux s'étaient habitués à l'obscurité. Je devinai sans grande surprise les contours de ma prison. Trois cages éaient entreposées au milieu des tonneaux, seule la mienne était occupée. Une première idée jaillit dans mon esprit, tout faire péter ! j'espérais qu'il y avait de la poudre dans ces barriques...je constaterai plus tard que ce n'étaient que des vivres et du rhum. Les voix étaient rares et pourtant, j'entendais beaucoup de pas au dessus de ma tête, je n'avais jamais rencontré un équipage aussi silencieux.
J'essayais de me souvenir, qu'est ce qui avait pu me ramener là ? Etait ce un contrebandier concurrent ? un client mécontent ?
Un homme descendit. Un jour et une nuit s'étaient écoulés depuis mon enlèvement. C'est étrange, mais j'étais d'un calme olympien, mon esprit repoussait la panique avec abnégation. J'étais coutûmier des kidnapping, soit en tant que prédateur, soit en tant que proie. Je vous laisse deviner la position que je préfère. Je savais ce qui allait suivre, je m'y étais préparé toute la nuit.
La lumière de la torche jouait d'ombre et de lumière sur son visage buriné. Sa peau était pigmentée de trou, stigmate d'une adolescence ingrate, et ses yeux semblaient vouloir s'échapper de leur cavité. Il avait un faciès presque comique et mon sourire railleur pimenta notre future relation. D'habitude on posait des questions et, face au silence de la proie, on passait aux choses sérieuses. Il déroula un trousseau de cuir avec différents joujous. J'en reconnu quelques uns et plaisantais en les énumérant. Il n'avait pas le sens de l'humour, pourtant je suis drôle d'habitude. Ce n'était pas un amateur, il choisit à mon goût le pire. Je déglutis. J'avais beau savoir ce qui m'attendait, je n'en éprouvais pas de la joie pour autant.
La pince força le passage et se glissa sous mon ongle qui se détacha lentement. Les gouttes de sueur perlaient sur mon front et bien que j'eus rassemblé toute mon abnégation, je vociférai comme un veau qu'on égorge. La douleur était insurmontable, je fus pris de convulsions et perdis connaissance. S'en suivit un sommeil sans rêve ni cauchemar. Je me réveillai la nuit tombée. Les pulsations se faisaient sentir sur mon doigt vermeil et une douleur sourde, violente et continue torda mon esprit. Je devenais dingue, je n'entendais plus que les battements de mon coeur pulser à mes oreilles. Je ne dormis pas de la nuit.
Au petit matin je remarquais avec émerveillement que je m'étais fait dessus. Le dégoût remplissait ma bouche et j'eus tout juste le temps de tourner la tête pour vomir mes tripes. La remontée acide brûla ma trachée et je toussai difficilement. Je n'avais toujours rien bu ni mangé.
Des pas dans l'escalier. Mon bourreau se présenta dans ma cellule et une vague de pitié scintillait dans mes yeux. Il posa une gamelle de flotte hors de ma portée. Le supplice était total. Il s'asseya en face de moi mais resta muet. La rage coulait dans mon sang et je revais de lui enfoncer ses deux globules mais je restais sans rien dire, je me contenais car j'avais vraiment besoin de boire. Il se leva et donna un coup de pied dans la gamelle et l'eau s'écoula entre les lames du plancher. J'ai failli céder, les larmes me montaient aux yeux mais je ne lui donnerai pas cette satisfaction à la place je lui crachais à la gueule. Il disparut.
Mon corps entier était grogi, ma bouche était plus sèche qu'un désert et les borborygmes de mon ventre étaient les seules notes de musique qui animaient cet endroit macabre. La nuit passa. La chaleur du soleil chauffait la cale et une atmposphère cuisante régnait. Les odeurs nauséabondes de mes déjéctions putrifiaient l'air chaud. Je vomis de la bile et les forces commençaient à me quitter. Je ne sentais plus mes poignets désormais. Le type arriva avec un bol d'eau. J'évitais de lorgner dessus pour cacher mon immense intérêt pour ce graal et fixait dans les yeux le crapaud en face de moi. Il versa de l'eau à mes lèvres comme le ferait une mère avec son nourrison, ça me déstabilisa et je le gardais à l'oeil, je m'en méfiais comme la peste. Le liquide vitale déchira un cri de mes lèvres tant son passage froid irrita mes muqueuses asséchées mais je m'en foutais, ça me fit un bien fou. La minute suivante un autre ongle sauta. La douleur me tira une larme cette fois, une larme brulante de rage et je ne tombais pas dans les pommes.
Les jours se suivaient et se ressemblaient. Je luttais avec hargne contre la souffrance quotidienne qu'ont m'infligeait. J'avais le droit parfois aux restes des matelots qui ne s'étaient pas gênés par cracher dedans et à une lampée d'eau de temps en temps. Lorsque je n'avais plus d'ongle on me prit mon oeil droit. Je faillis y rester et ils durent s'amarrer à un port pour chercher une guérisseuse. La plaie s'était infectée et j'étais aux bras de la mort. Je voguais sur le Styx vers les abîmes de l'enfer. C'était mon échapatoire, une délivrance mais on m'en priva. On voulait étrangement me garder en vie mais on ne me demandait rien. J'eus l'amer impression qu'on souhaitait tout simplement me faire souffrir. Et je ne connaissais qu'une seule personne sur terre capable de m'en vouloir à ce point. J'avais rejeté l'idée jusqu'à ce jour par fierté, entêté à ne pas vouloir concéder une défaite face à lui, face à notre proie qui s'était mue en prédateur mais je commençais à douter. Avait il seulement été un jour notre proie ? l'échiquier de ma situation laissait à penser que j'ai toujours été là où il voulait que je sois. Je chassais cette idée de ma tête et la laissait pourir dans un coin. Je n'allais pas terminer comme ça. Andréa me retrouvera et on gagnera. On ne perds jamais ! A nos monstruosités !




Espoir

La guérisseuse était le seul visage amical que je vis pendant cette semaine. On ne m'avait pas débarqué, elle était venue dans la cellule. Ma situation me gêna, mes odeurs corporelles s'étaient imprégnées dans mes sinus et mon cerveau ne les relevait plus mais j'imaginais que pour une personne venue de l'extérieur elles devaient être atroces. Elle eut la politesse de faire semblant de l'ignorer, je remarquais tout de même un froncement de son nez mais je ne pouvais pas l'en blâmer. On m'avait détaché les poignets, ils étaient rougis et meurtris par ces longues semaines sous le fer. Il ne craignait plus une tentative d'évasion. Je n'arrivai même pas à tenir sur mes jambes, ma force vitale était ridicule. Il ne prit même pas la peine d'ajouter un garde du corps à la guérisseuse. Nous laissant tous les deux seuls. Je devais faire peine à voir. Mes muscles avaient fondus et ma peau rentrait sous mes cotes, j'étais squelettique. Ma barbe avait poussé en broussaille et mes cheveux aussi. Un pâle sourire fit fondre l'état glaciaire de mon visage. Un souvenir. Les soirées chaleureuses en taverne, les éclats de rire, l'alcool et les railleries quant à mon crâne. Je trouvais ça cocasse et tragique. Je ne pourrai certainement plus leur prouver que des cheveux pouvaient pousser sur mon cailloux.
La femme nettoya ma plaie et y appliqua un cataplasme régulièrement. J'ingurgitais avec difficulté un breuvage immonde mais j'en étais heureux, ça faisait des lustres que je n'étais pas autant hydraté. Je pense qu'elle avait insisté pour qu'on me nourrisse plus souvent sinon je n'aurais jamais survécu. Je repris quelques forces et l'espoir revint. Je tentais de parler à ma soigneuse mais elle m'ignorait totalement, elle se contentait de sourire péniblement de temps en temps. Elle se touchait souvent la gorge en me regardant. Je crus fut un temps qu'elle se foutait de ma barbe et je souriais bêtement. Elle voulait juste me faire comprendre qu'elle était sourde et muette. Je riais au éclats. Le homard m'avait baisé mais jusqu'au fond. La seconde d'après je pleurais. Mon esprit était en train de flancher.
Une étrange relation se noua avec ma sauveuse. Son visage lumineux était une source d'espoir, elle me rappelait qu'il existait de belles choses en ce monde. Elle était le rayon de lumière dans mes ténèbres. Ses longues boucles blondes caressaient ses joues rosées et son oeil vif et curieux luisait d'un vert émeraude. Elle devait avoir une quinzaine d'année tout au plus, ça aurait pu être ma fille. Je nouais une affection particulière pour cette fillette et sa présence réchauffait mon coeur congelé, je décidais de l'appeler Hope, sans grande originalité.
J'avais beau me battre, ne pas lâcher, je me raccrochais aux images du passé qui m'insufflaient une chaleur malheureusement vite balayée par un hiver sans fin. Mon oeil était dans son orbite mais il était dénué de vie, ma condition s'était un peu améliorée et je pouvais déambuler dans ma cage, au moins je pouvais choisir un coin pour faire mes besoins et ne plus baigner dedans. Ma joie fut de courte durée. Un beau matin, je sentis le bateau tanguer un peu plus, soumis à des vagues plus puissantes et le cliquetis de la chaîne qu'on remontait confirmait un fait, nous levons l'ancre. Le bourreau arriva sans son étui de cuir, j'en fus soulagé. Je n'aurais pas du. Je tentais d'opposer une résistance, si futile que je fus balayé comme un moucheron et mon dos s'explosa contre le mur. Je fulminais d'être devenu aussi faible, aussi rachitique et mes poignets retrouvèrent leur amant. Les fer. Le bourreau sortit et un homme encapuchonné descendit au bras de Hope. Mon oeil se posa sur elle et la couva de tendresse. La capuche tomba et un amas de colère latente explosa en moi. Je n'avais plus de barrière autour de mon esprit, je ne le contrôlais plus, je n'étais plus qu'émotion à l'état brut. Je lui vociférai toutes les insultes du monde et il en riait. Il avait le dessus, indéniablement. La bave coula dans ma barbe, mon oeil enragé tentait de le foudroyer, j'haletais, fatigué de cette haine qui tourbillonnait, intrépide en moi.




Résignation

Son oeil vorace et supérieur tombait sur moi comme une chape de plomb. Mes genoux trouvèrent le sol et je baissais le regard. D'un coup, toutes mes craintes que j'avais soigneusement enfouies, toutes les douleurs que j'ai enduré me jaillirent à la gueule à la simple vue de ce connard de Homard. Durant ces longues semaines j'eus le temps de me bercer d'illusions, d'espérer que je sortirai de là, que Déa me trouverait, que je n'étais pas entre les pinces du Homard.
Il l'avait fait exprès et je compris que tout était calculé. Je suis sûr qu'il était en train de se palucher et de jouir en m'entendant gueuler. Il avait certainement fait exprès de ne pas se montrer, de commencer à étioler ma carapace, de faire souffrir ma résistance physique pour mieux détruire ma résistance psychique. La fureur se mêla à ma détresse, j'étais impuissant. Je venais de le réaliser. La vérité venait de m'exploser à la tronche comme un boulet de canon. Mon assurance, ma gouaillerie ma fierté étaient réduits en lambeaux. Je n'avais même pas la force de le regarder dans les yeux. On m'y obligea. Le bourreau fit son entrée et maintenait ma tête droite entre ses mains râpeuses. L'horreur qui suivit m'acheva. Sa main de fer atterrit dans la gueule de velours de Hope qui s'effondra sur les genoux, me faisant face. Je voulus crier, lui sauter à la gorge, le taillader en pièces, lui faire souffrir les pires atrocités, le voir crever sous mes doigts mais j'étais soumis.
Elle se tenait la joue et je lisais dans ses yeux la terreur. Le Homard remonta ses jupons et la pénétra avec violence. Je me mordis la lèvre si fort que le sang pissait et m'emplissait la bouche de son goût métallique. Je tentais désespérement d'accrocher mon regard compatissant dans celui de Hope mais je n'étais pas assez fort, plus assez fort. J'aurais voulu être son ancre, quelque chose en quoi elle aurait pu s'accrocher mais je n'en étais pas capable. Ses yeux verdoyants criaient à l'aide et bien que sa bouche soit grande ouverte, aucun son ne sortit de ses cordes vocales atrophiées. La tragédie dura trop longtemps, je sanglotais à chaude larme et mon corps tout entier tremblait comme une feuille, cette douleur était bien pire que celles que j'avais encaissé avec mon bourreau et j'aurais donné tout l'or du monde pour souffrir à sa place. Il violait avec répugnance ma source d'espoir, celle que je m'étais imaginé comme ma fille. Je n'avais jamais ressenti une telle force en moi, je voulais férocement mourir, je n'en peux plus...je suis fatigué de souffrir.

Hope gisait sur le sol devant ma cellule, repliée sur elle même. Je la vis trembler et je devinais ses sanglots silencieux. Je ne ressentais plus rien. J'étais une page vierge d'un livre. Mon cerveau avait rejeté mon âme pour ne plus souffrir. J'avais totalement abandonné l'idée de revoir un jour la femme que j'aime. J'avais totalement abandonné la vie tout simplement, car elle se résumait à elle. C'est elle qui m'avait fait tenir jusqu'à présent, les souvenirs qu'elle imprégnait dans ma chair. Je me souvenais de tout, de son rire, de son caractère, de son côté fonceur sans réfléchir, de ses cicatrices mentales et physiques, des emmerdes qu'on a eu, des remparts quand nous étions ivres, des rires qui s'en étaient suivis, de l'église et des gages, de nos péripéties qui avaient commencé sur un rocher autour d'un feu, de la cascade, de mon enlèvment, de la traque, de notre plan et puis nos corps lascivement entremèlés, de la chaleur de sa peau, de l'odeur qui émanait de son cou, de nos regards complices, de nos rêves fous....tout. Je rejouais les scènes de notre vie à deux quotidiennement, ça maintenait mon état psychologique à flot.
Aujourd'hui je n'étais plus rien, j'étais en vie seulement car on m'y forçait. Le soleil se levait et laissait place à la lune méthodiquement. Le vide me noyait dans son sillage et les mois passèrent. Le Homard avait gagné.




Dead men tell no tales.

Visiblement l'objectif du capitaine était de réduire à néant sa plus grande menace. Aertan. Son oeuvre semblait interminable mais il y attachait une importance primordiale. Tout était calculé minutieusement mais un grain de sable semblait enrailler son briquet. Au bout de quelques semaines il semblait plus nerveux qu'à l'accoutumée, comme s'il perdait patience, pourtant il prenait toujours soin de cacher son jeu. Les hommes commençaient à discuter le soir, autour d'une table en jouant aux cartes. Quelques uns ne se cachaient plus et remettaient en question les plans du Homard, certains le pensait fou et d'autres préféraient garder le silence, de peur pour leur vie. Les semaines passaient et nous commencions à manquer cruellement de provisions. Nous fîmes escale tout en faisant le plein de vivres et d'eau potable sans oublier le rhum évidemment. Une femme monta à bord et beaucoup grincèrent des dents, parait que ça porte la poisse. La capitaine veillait scrupuleusement que personne ne la touche et elle disparaissait souvent dans les cales, chez notre prisonnier qu'on entendait plus pousser la chansonnette matinale. Le bourreau semblait s'ennuyer.
Un jour, le capitaine descendit dans la cale accompagné de la blonde. Tout le monde s'était regardé. Notre routine ennuyeuse se brisait. Quelque chose allait se passer mais nous ignorions tous quoi. Quelques minutes plus tard le bourreau remonta le corps de la jeune fille. J'étais bouleversé de la voir comme ça. Son pétillant s'était envolé et la honte habitait son visage. Je voulus moi même aller égorger cet enfoiré d'Aertan pour lui avoir fait cela. Je serrais si fort mon poing que les jointures de mes doigts blanchirent. Un compagnon posa la main sur mon épaule et je repris consistance. J'espère que le capitaine le faisait bien souffrir. Je repris mon astiquage de ponton.
Le lendemain, à ma grande stupéfaction, j'aperçu la scène surréaliste de la jeune fille qui gifla le capitaine. L'action se déroula à une vitesse stupéfiante et la seconde suivante une tâche rougeoyante auréola la robe dans son dos. Le Homard jeta avec négligence et dédain son corps inerte à la mer. Tout le monde s'était arrêté, la bouche en rond. Le Homard venait de commettre une erreur. Les jour suivants les fomentations des hommes, enterrés après notre escale, refirent surface. La boule de neige grossit, grossit et une mutinerie éclata. Beaucoup de nos camarades étaient tombés et nous manquions désormais cruellement de matelots.
Les jour suivants le regard placide du capitaine changeait. Des braises de folie semblaient l'habiter. La nervosité que j'avais cru apercevoir n'était pas un mirage, quelque chose le rongeait et je pense savoir ce que c'est. Il avait certainement réussit à briser Aertan mais la femme lui échappait. N'étant plus maître de ses émotions, ayant perdu son esprit pragmatique et froid, il prit une décision. Nous n'étions plus que très peu lorsque nous revenions à cette plage, une dizaine tout au plus. La nuit était tombée et l'ancre était lâchée. Tout l'équipage avait quitté le bâtiment de guerre. J'étais dans le canot avec le capitaine, deux matelots et notre prisonnier.
Il faisait peine à voir et j'ai du attarder longuement mon regard sur lui pour le reconnaître. Il n'y avait plus rien en lui ou sur lui de l'homme qu'il était. Il arborait de longs cheveux poivre et sel qui battaient son dos nu et lacéré. Il portait sur lui une odeur irréspirable et je saluais le Très Haut qu'on soit en plein air. Son oeil livide était absorbant, il furetait sans qu'il ne le contrôle. Sa barbe grise tombait jusque sur son torse sur lequel des vestiges de coups de fouet perduraient. Ses longs doigts osseux étaient rongés des sévices du tortionnaire et on pouvait compter ses cotes avec une facilité déconcertante. Je remarquais que quelques une durent être brisées.
Il était si maigre que je me demandais comment il pouvait encore tenir debout. Il portait uniquement un pantalon en jute marron, arraché aux genoux, usé. Je ressentis une boule se nouer dans mon estomac. La folie du capitaine contrastait avec la lividité marmoréenne qu'arborait Aertan. Un long frisson parcourut mon échine lorsque son oeil valide se posa sur moi. J'eus l'impression que le vide de son âme m'aspirait en lui. Comment était ce possible de réduire un humain à cet état ? les histoires de fantômes qu'on se racontait le soir semblaient prendre vie dans cet homme. Une aura glaciale régnait et la mort transpirait de tous les pores de sa peau.

Les deux canots foulèrent le sable entre les rochers. Le Homard avait tout planifié et nous avez dévoilé le minimum. Une embuscade est tendue à la masure où il a posté quelques hommes, ou chair à canon. Elle viendrait, je ne sais pas comment il le savait mais il le savait, il avait toujours un coup d'avance. Je ne sais pas s'il avait envisagé son plan avec tout l'équipage mais nous n'étions plus que 11 alors j'espère au plus profond de moi qu'on aura pas une armée en face. Il y a quelques mois je n'aurais pas eu de doute quant à la lucidité de notre chef mais aujourd'hui...




Libération

Il pleuvait aujourd'hui. On me sortit de la geôle et l'air salin brûla mes narines. La lumière aveuglait passablement ma vision et je mis ma main en opposition. On me fit marcher. On me mit dans une barque. L'air était frais et les embruns fouettaient mon visage. Mes cheveux volaient au vent. Cette libération aurait du me faire du bien, elle aurait du me requinquer mais il en était rien. Je ne ressentais plus rien. Je perdais mon regard sur le type assis en face de moi. C'est tout.

On foula le sable et j'avais du mal à avancer. Je m'essoufflais vite et ça agaçait mon ravisseur, monsieur Homard. Je lui souris. Je n'avais aucune idée d'où j'étais et ce que nous faisions là. L'idée de m'échapper ne m'effleura même pas. Je n'avais plus rien. Je n'étais plus rien. Alors je suivais, sans espérer quoique ce soit. La mort elle même semblait m'avoir abandonné.

Nous étions une petite troupe, une dizaine. Nous arrivâmes devant une auberge et je crus apercevoir une silhouette traîner quelque chose. Mes cheveux collaient sur ma peau et la pluie obstruait ma vue. Je sentis le froid de l'acier sous ma gorge tout comme le corps chaud du Homard dans mon dos. Il fit signe à ses hommes de rester derrière et nous avancions vers la cabane lorsqu'il cria .

- Sors de la ! t'es prise au piège !

Alors peut être que j'aurais du deviner. Mais je ne pris pas la peine de réfléchir. Mon regard se portait sur les épais nuages noirs au dessus de nos têtes. J'ouvris la bouche et tentais de laper quelques gouttes tombées du ciel.
Vran
Neuf. C'est le nombre de carreaux qu'il avait. Sept dans le carquois -je sais pas si c'est le mot pour ça en vrai-, un chargé sur l'arbalète et un planqué dans la botte au cas où. Mais bon maintenant ça fait huit, hein.

Il serait bien difficile pour un éventuel témoin, actuellement, de déchiffrer le regard de Vran. Parce qu'il traduisait le bordel de ressentis dans son esprit. Quand ils avaient décidé qu'ils mèneraient à bien cette vengeance ensemble, Andréa avait dit un truc du genre qu'il fallait pas qu'il se mette en danger, ou qu'il fallait qu'il reste prudent. Pourtant, là, c'est elle qui fait de la merde. Non mais pas de souci, hein! Pourquoi faire un truc bien et propre quand on peut en profiter pour se coller dans la merde! Vrai qu'on était sur le point de se faire chier sec, là au moins avec un petit deux contre cinq, on risque pas de s'ennuyer! Là maintenant, en la voyant planter le clébard -après que celui-ci ait eu le temps de prévenir le monde entier qu'il se passe un truc bien sûr-, le truand a tellement envie de la traiter de tous les noms.
Mais bon. En même temps, c'est une caractéristique inhérente à sa personne, et en plus elle se paye le luxe d'avoir l'air presque mignonne quand elle fait ce genre de connerie. Donc voilà, le regard du Vran est pas évident à comprendre, parce qu'il crie un mélange de "mais quelle putain de connasse abrutie!" et de "bordel je l'aime".

Forcément, oui, ils ont de la compagnie. Mais pas celle qu'ils croyaient. Parce que pour le moment, personne ne sort de l'auberge. Par contre, dehors, il y avait des gens. Beaucoup de gens. Bon bah deux contre dix, ça veut dire que ça va être une franche rigolade? Non, c'est la merde. C'est grave la merde. Le point positif là-dedans, c'est que Vran était resté où il était, lui. Pourtant il avait eu l'envie de descendre de la charrette pour rattraper Déa par le col avant qu'elle n'atteigne la baraque. Il ne l'avait pas fait, et ainsi il se trouvait là, à distance, observateur qu'aucun de leurs ennemis n'avaient vu. Deux contre dix, c'est la merde, mais si les dix pensent être contre un, il y a quelque chose à faire. Le brun se demandait, plus tôt, s'il saurait viser le chien à cette distance, eh bien là c'est une tête humaine qu'il faudrait viser. Il n'a pas vraiment le choix. Soit il allume le chef de la bande en espérant que les autres se dégonflent, soit il meurt aujourd'hui avec son épouse, après seulement un mois de mariage. Ce qui n'était pas une option. Il prend à peine le temps de se demander qui est le vieux moisi que les homards ont embarqués. Il ne le reconnut pas.

Il ne ressentit que peu la pluie qui commençait à tomber, lorsque, alignant son œil avec sa cible, il prit une grande inspiration pour se détendre le plus possible. Si il échouait, c'était fini. Oh, bien sûr, il avait d'autres carreaux. Mais vous imaginez bien que si là, il n'arrive pas à toucher sa cible alors qu'elle ne bouge pas et qu'elle est ignorante de sa présence, une fois que son tir loupé aura bien désigné sa position, ça risque pas d'être plus simple. Pas le droit à l'erreur.

Longuement, ses poumons se s'emplissent, puis relâche l'air. Dix adversaires, et potentiellement cinq de plus dans l'auberge. Dans son esprit, Vran prie très fort pour que ces gens possèdent une loyauté très limitée envers le mec à leur tête. Assez fort, d'ailleurs, son petit piège, c'était un malin, visiblement. Andréa n'avait pas pensé à préciser ce petit détail. Oh, elle avait bien dit qu'ils n'avaient pas à faire à des Joe le clodo, mais elle n'avait pas été beaucoup plus loin. Elle ne lui avait pas dis que les homards étaient dirigés par un homme retors, et fourbe. Peut-être que s'il avait su, le brun aurait douté de la simplicité de leur propre plan. Parce que chopé un type de ce genre bourré dans une cahute sur la plage, c'est quand même peu probable. Mais il n'a pas vraiment l'occasion de penser à ça, pour le moment.

Inspire. Expire. Si ce carreau ne finissait pas sa route dans le crâne du Homard -c'est un peu éclaté comme blaze non?-, tout espoir de s'en sortir disparaît. Oh, si ça n'avait pas été Andréa, il aurait sérieusement songé à se tirer discrètement, pour sauver sa peau. Mais c'est Andréa. Son épouse. Et il l'aime. Seulement un mois. Seulement un mois qu'ils se découvrent, se tâtonnent, s'apprennent. Une étincelle, et le feu de leurs sentiments s'était propagé à une vitesse folle, incontrôlable. C'était rapide, mais Vran voulait que ça dure longtemps. Très longtemps. Toujours?
C'est donc impossible que ça se termine ici, maintenant. Sous ce ciel gris, sous cette pluie dégueulasse. Sur cette plage maussade. Face à ces gens là. Il ne peut le permettre. Son œil sombre s'était figé sur la tête du Homard, si bien qu'il pourrait presque en détailler les traits malgré la distance. Il n'avait probablement jamais été si concentré de sa vie.

Inspire...

La gâchette est pressée, le mécanisme relâche la corde qui envoie le projectile fendre l'air à une vitesse formidable. Le carreau parti se ficher sèchement dans le crâne du chef des homards. Plus tard, si ils s'en sortaient, il s'en vanterait de ce tir. Mais pour le moment, il y en avait d'autres. Vran ne prit pas le temps de voir la réaction des sous-fifres homards, il se redressa sur la charrette pour réactionner l'arbalète et y coller un autre carreau, avant de tirer. De cette manière, il enchaîna les tirs aussi vite qu'il le put. Avec moins de précision, aussi, mais il n'avait plus besoin de viser la tête. Les sept carreaux qui se trouvaient dans son carquois furent envoyés vers ses ennemis, sans qu'il ne vérifie vraiment où elles atterrissaient exactement. Il avait dû en toucher certains, et en rater d'autres.

Plus de carreaux. Sauf celui dans sa botte, qu'il estimait ne plus avoir le temps de sortir désormais. Son épée quitta son fourreau, et sa main gauche se saisit de la dague rangée contre ses reins. Ainsi il fit face aux restes du gang du Homard, un désir de tuer brûlant dans ses yeux, dont l'intensité fut accentuée par ses crocs serrés. Et eux, ils semblaient hésiter.

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Andrea_
C’est un réel problème que de se penser plus maline que tout le monde, et en ce qui concerne le Homard, Elle ne peut que s’incliner. Elle n’a visiblement rien retenu de leurs dernières entrevues et pire, elle le sous-estime. N’est-ce pas beau une femme qui pense qu’il lui suffira de claquer des doigts pour en finir avec un fou qui la traque depuis des mois ? Regardez là rejouer ses vingt ans en glissant des regards à celui qu’elle vient d’épouser, sans se douter un seul instant du drame qui se met en place.

La pluie et le vent n’avaient pas suffit à absorber le bruit des hommes qui s’approchaient. Je discernais des bottes s’enfonçant dans le sable et pouvais même évaluer la distance qui nous séparait. Je n’avais pas besoin de les voir pour deviner qu’ils étaient plusieurs et trainaient quelque chose eux aussi, probablement une nouvelle proie, de nouveaux esclaves à vendre au marché noir, ou peut être des catins orientales que les bordels environnants s’arracheraient. J’étais à des lieues de me douter qu’il s’agissait d’Aertan.
Je ne pouvais pas renier que revenir me remuait bien plus que je l’aurais avoué, les souvenirs refaisaient surface avec violence. S’il m’avait été facile, au début, de les repousser, le temps passait et je n’y parvenais plus.





        [Once upon a time]


- Dis le !
- JA-MAIS ! J’vois pas pourquoi j’dirais ça !
- Parce que je vais te mettre le feu aux fesses…
– T’oserais pas.
- Chiche ?
– PUTAIN Aert’ Arrête çaaaaïeuh !


C’était la première fois qu’on se retrouvait tous les deux. Il voulait absolument que je lui dise qu’il avait toujours raison, alors qu’on savait, Lui et Moi, que c’était loin d’être le cas. Je me souviens avoir été frappé par la facilité qu’on avait eu à se confier l’un à l’autre, tout m’avait semblé simple et évident, dès la première fois qu’il avait pointé son chapeau dans mon champ de vision. Ce soir là aucun de nous n’avait cédé, il n’avait pas eu son compliment, et j’avais gagné une brûlure sur la fesse, quand d’un coup il m’avait soulevé au dessus du feu. Adieu braies neuves, bonjour la marque au cul. Ce soir là, il ne s’était rien passé de plus. C’est le premier souvenir de notre complicité.
Il n’avait pas fallu longtemps, pourtant, pour que la situation dégénère, qu’il faille l’un et l’autre repousser les élans du cœur ; par principe, parce que ce n’est pas bien de mêler le cœur et les affaires, parce que j’étais avec Beren. Parce que ça mettrait un merdier sans nom, parce que ni l’un, ni l’autre, ne voulions aller dans ces eaux là. Pourtant, et dans tous les sens du terme, on avait fini par y aller dans la flotte, et le reste…
Le reste était à la hauteur de cette première fois. Deux fois sur les remparts, dont une fois bien trop imbibés pour se souvenir de tout. Cette grotte pas loin. La visite dans la tour du port, le phare, le phare à On. Les innombrables blagues sur la douceur de son crâne, sa capacité à réfléchir la lumière, à briller au soleil. Cette Mouette, porteuse d’espoir, de tendresse et choses bien moins belles parfois. La Rochelle l’Artois l’Auvergne, le Sud. Le Sud, où j’ai perdu sa trace, et où dort aujourd’hui notre rêve : des bateaux.
Je n’ai pas le souvenir d’une seule engueulade. Il y en a eu pourtant, tout le monde s’engueule un jour, mais l’esprit n’a pas souhaité les retenir. J’aurais préféré l’inverse, c’est plus simple de passer à autre chose quand les souvenirs sont douloureux et emplis de rancœur.

Et c’est ça, au fond, qui avait rendu la fin difficile ; les Homards nous avaient fauchés au summum de notre histoire, quand les sentiments ravageaient nos ventres et s’attaquaient la nuit à nos corps, les faisant s’aimer, encore et encore. Aertan avait rapidement pris de la place, beaucoup de place, et l’avait quitté un beau matin, sans que je n’ai rien vu venir. Quelqu’un peut-il imaginer le vide laissé ? Personne, sans l’avoir vécu, personne ne peut comprendre.
Je m’étais réveillée un jour sans lui à mes côtés, et avais découvert qu’il avait fait une mauvaise rencontre. Ce n’était pas lui, qui m’écrivait, mais un inconnu qui en prenait soin. J’ai mis des mois à comprendre que tout ça n’était qu’esbroufe, et avais fini par accepter l’impensable : Aertan était mort.
Parce qu’il ne pouvait pas en être autrement. On ne pouvait pas avoir la relation que nous avions et disparaitre sans laisser un mot. On ne pouvait pas envoyer valser d’un revers de mains des mois d’une relation sans nuage, de ces relations qu’on ne vit qu’une fois tant la perte vous ravage. Je refusais la possibilité qu’il vive loin de moi, alors, et puisque personne n’avait cherché à m’extorquer de l’argent, il devait être mort.
Et tu sais, il faut longtemps pour accepter la mort de son Autre. Il y a la colère, il y a la tristesse. Il y a la vengeance et… d’autres étapes que je n’avais jamais franchies. Têtue, blottie bien malgré moi dans cette colère et ce besoin de le venger. Pour combien de temps ? Je n’en avais aucune idée.
Je savais juste qu’après des mois en solo, j’avais eu de nouveau envie de partager ma vie. Je me suis demandée, parfois, ce que Moet’ penserait de tout cela, Lui qui avait connu Vran. Il n’était pas celui que j’avais imaginé, c’est le moins qu’on puisse dire, mais se révélait être celui qui comblait le vide à merveille et mieux encore, faisait dégueuler le surplus autour de mon cœur. Je ne voulais plus repousser mon manque de tendresse sous prétexte que « s’il revenait ». S’il revenait. S’il revenait rien ne serait plus jamais comme avant, je le savais. Mais ça n’enlevait pas grand-chose à ce sentiment de culpabilité.
Je n’oubliais pas Aertan, je laissais simplement la place à quelqu’un d’autre. Les morts et les vivants ne se mélangent pas dans un cœur. L’Amour que Vran et moi nous portions apaisait ma perte et avait redonné un sens à ma vie. Je n’étais plus seule désormais.
Alors non, non, je n’avais pas imaginé un seul instant qu’Aertan puisse être retenu prisonnier, sans doute sinon aurais-je passé cette année et le reste de ma vie à le chercher jusqu’à mourir à ses côtés.
Mais surtout, j’aurais pu me préparer à ce qui suivrait.






[But Dead men tell no tales.]



-Sors de la ! t’es prise piège !

Grabuge, quelqu’un vient de beugler qu’il faut qu’elle sorte. Sûrement que ça cause à la gonzesse dans la cahute. J’ai bien peur mes amis, qu’on assiste à l’attaque d’une attaque contre des gens qui voudraient attaquer ceux qui attaquent. Si j’ai pensé un seul instant qu’on m’causait à moi ? Naaaan ! Bah non, j’ai été super discrète –et surtout, je suis entrée nulle part !-

Grabuge donc, puisque c’est ainsi, j’abandonne le clébard, c’est con je commençais à m’attacher à lui, j’espérais d’ailleurs que Vran avait noté combien j’étais resplendissante avec un chien, et qu’il m’en offrirait un bientôt. Y a de grandes chances qu’il ait compris quand même, j’ai pris des pauses avec l’animal –mort, okay mais c’est un détail- et même fait des cœurs avec mes doigts. Je sais que j’insiste, mais vraiment, ça me tient à cœur d’en avoir un ! De toutes façons, l’heure n’était plus à la rigolade…

Le temps d’avancer un peu au coin de la baraque et voilà le regard qui se pose sur les marins.
« outch ». Ça c’est ma première pensée, on est venu pensant qu’y avait cinq pélos à tout casser, et y en a dix qui débarquent de nulle part, ça complique un peu la chose, mais soit, Vran et moi, on est des warriors, on n’a même pas peur.
« Et en plus ils ont un prisonnier ». C’était bien not’ veine. On vient pour buter un mec, et il débarque avec un prisonnier. Disons que si on comptait y aller comme des bourrins et empaler tout ce qui était à portée ça compliquait un peu la chose. Enfin… façon de parler, on vient déjà de buter un mec qui cueillait des champignons alors j’suppose qu’on n’est pas à ça près.

Est ce que l’esprit sentait quelque chose concernant cet homme ? J’en sais rien, j’avais autre chose à gérer que les étincelles dans ma tête : sauver ma vie et celle de Vran. Tuer tout le reste. Passer l’éponge et avancer vers une vie sans fantôme.
C’était un homme entre deux âges comme témoignaient barbe et tignasse poivre et sel. Un prisonnier de longue date, c’était ma seule certitude. Rachitique, probablement battu et affamé au point de boire de la pluie. J’avais de la pitié pour cet homme, mais pour l’heure, rien ne m’intéressait plus que le Homard. Bien sûr une part de moi, si j’avais eu le temps d’analyser, se serait demandé pourquoi le Homard en personne menaçait cet homme, lui qui avait toujours fait faire le sale boulot par ses hommes, m’enfin j’avais pas non plus reconnu le Homard alors bon. Pour ma défense il faisait vraiment un temps du Nord hein, du coup j’avais les yeux en gelé.

Et puis mon cœur avait raté un battement, ou peut-être qu’il s’était carrément arrêté quand j’avais reconnu le Chef de la bande. Ça avait tambouriné fort contre mes tempes m’obligeant à y porter une main, ça avait sifflé, ça m’avait vidé de toutes mes forces, une seconde, peut être deux, avant que mon regard ne devienne noir et m’insuffle une force que je ne soupçonnais pas.


Tu sais, quand tu es colère, il n’y a plus rien de rationnel. Tu oublies que tu es mortelle, tu n’as plus rien à fiche d’évaluer les risques, d’ailleurs tu n’en vois aucun. Il y a toi, la rage qui te vrille le corps, une sorte de fusion entre « Yolo » et « balek ».
Alors j’allais donner l’assaut et j’espérais avoir la chance de pouvoir dire à Vran combien j’étais désolée de me jeter ainsi dans la gueule du loup. J’espèrais que j’aurais l’opportunité de lui expliquer qu’à ce moment là, PLUS RIEN ne comptait plus que TUER ce put’ain de Homard –ouai c’est pas la fête niveau blaze mais c’est pas de moi-. Pour Aertan. Pour moi. Parce qu’il avait détruit deux vies, en prenant la sienne.

Peut-être qu’il fallait frôler la mort pour avoir droit à une renaissance et que c’est aussi pour Vran, qu’il me fallait agir. Parce qu’il ne méritait pas de vivre dans l’ombre d’un fantôme, qu’il ne méritait pas de vivre sous la menace constante d’un taré tatoué.

Ouai, j’allais donner l’assaut, quand j’ai vu ma moitié se relever et tirer une flèche du carquois –sisi, c’est bien comme ça que ça s’appelle-. J’ai jamais vu Vran mettre autant de temps avant de tirer son coup –ne voyez aucun sous entendu même si c’est super tentant-. J’étais là, prostrée contre mon coin de mur, avec mon arbalète qui me servirait à rien et ma dague dans l’autre main, à le regarder en mode « Mais put’ain tu vas la tirer ta flèche ? », bon, y avait aussi cette petite lueur d’admiration censée l’aider à réussir son coup, à base de « tu PEUX le faire, j’ai confiance en toi ». Et Shlaaaaaack, enfin.

En temps normal, j’veux dire si on avait été à la fête du saucisson à la Trémouille, j’aurais applaudi de toutes mes forces et j’s’rais allée lui rouler la pelle de sa vie, parce que merde, on n’a jamais vu un mec sous pression tirer PILE dans la gueule d’un autre. En temps normal, j’aurais aussi eu envie de lui coller une patate dans la gueule pour avoir osé buter le mec que j’attends de me faire depuis des mois.
M’enfin on n’est pas en temps normal. On est en temps d’automne –ahah, pardon-, et c’est clairement la guerre. Vran fait pleuvoir des flèches et moi, je m’organise, vite, mais je m’organise quand même. Chargement de l’arbalète, la flèche dans le truc, le machin tourné, le bidule comme ça, voilà, et hop, le tout dans mon dos, ça me servira à un moment, quand, j’en sais rien, mais ça me servira. Pour l’heure je dégaine ma dague et me poste tête baissée face à ceux qui restent du débarquement.

On devait être beau, moi au premier plan, dague à la main et cheveux frisottés par la pluie, la mâchoire serrée et l’œil mauvais, et en second plan l’Epoux, pourfendeur de Homards.

Pour sûr, le reste devrait être à la hauteur du carnage commencé.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
RP écrit à 4 mains avec LJD Andrea_
Aertan
Andrea


Juste une dernière fois...

La pluie battait mon front. Je n'avais aucune idée de l'endroit où nous nous trouvions et je ne pris même plus le soin de me demander pourquoi j'avais le droit à une escorte. Mon ravisseur vociféra ce qui ressemblait à une provocation. Les gouttes glissaient sur le sillon de ma langue et s'enfuirent limpidement vers ma gorge. Je sentais le coulis rafraîchissant me sustenter et me rapporter un semblant de bonheur. Le froid saisit ma peau et je redécouvrais cette sensation. L'eau coulait sur ma peau abîmée et ruisselait dans les crevasses de mes cicatrices en les transformant en petits ruisseaux. J'avais la sensation d'être un nouveau né qui découvrait le monde, le monde en dehors de ma prison. Je prenais le temps de jouer avec le sable compact sous ma voûte plantaire et m'amusais de ce petit brin de gaieté. Ces choses si futiles, si risibles semblent dénuées de sens pour ceux qui n'ont pas souffert de l'isolement et de la privation absolue de bonheur, mais pour moi c'était un moment fabuleux.

Soudain, un sifflement fendit l'air et transperça mes cheveux qui battaient au vent. La pression de la lame s'effaça de ma gorge et le corps chaud derrière moi s'effondra. Je tournai la tête par réflexe et visualisai le carreau précisément fiché dans l'oeil droit du Homard.
J'avais rêvé de ce moment durant bien des nuits, j'avais espéré lui retirer moi même la vie; j'aurais voulu le faire souffrir comme il m'avait fait souffrir et bien pire encore, fut un temps où j'étais animé par des pulsions malsaines et dérangeantes de sadisme sur mes projets meurtriers à son égard . Alors j'aurais du être en rage que quelqu'un d'autre m'aie pris ce privilège, ce droit mais le temps avait étiolé ma haine et mes envies de rébellion, il avait absolument tout érodé en moi jusqu'à la fonte du glacier de mon âme.. Encore une fois, un sentiment inerte subsista, entêté à laisser la prison de mes émotions vide. Je sentais cependant un profond imbroglio naître dans ma tête. Mon cerveau ne savait plus comment réagir et me bloqua inerte sur cette plage de mes souvenirs, planté comme une statue de marbre dans le sable.

Un cliquetis machinal répété parvenait à mes tympans et je percevais au loin, dans le mirage de mon attention, les sifflements croiser les cris des marins dans un brouhaha désordonné. J'assistais à la débâcle, debout au milieu des hommes sous le joug de la panique, ils venaient de perdre le chef et semblaient totalement désorientés. Je procédais à un vague calcul dénué d'empathie et de colère. Un s'était pris le carreau dans le front, un autre rampait par terre en hurlant de douleur en se tenant le genou, la rotule ça fait mal, et un dernier observait avec hébétement le projectile planté entre ses cotes.
Impressionnant. Je me demande à qui ce défunt crustacé s'était frotté. Quatre s'étaient fait la malle et avaient trouvé refuge dans la cabane tandis que trois autres s'étaient planqués derrière ma carcasse osseuse.

Je leur faisais office de bouclier, ils prirent le parti, identique au mien, de penser qu'ils étaient les ciblés et moi le sauvé. Le sauvé...un bien grand mot.
Le chaos s'estompa et on entendait à nouveau les clapotis des gouttes de pluie sur la mer. Un silence oppressant régnait et on attendait tous la suite, acteurs passifs de notre destin.

Je me tenais toujours debout, habité par le vide sidéral mais je sentais au fond de moi qu'un volcan endormi grondait. Je ne saisissais pas le sens de cette information, je l'ignorais à l'assimilais à mes borborygmes quotidiens. En effet, ces derniers avaient pris l'habitude de combler le silence de ma cellule en reflétant le manque notoire et vital dont souffrait mon estomac.
Une silhouette fantomatique se dessina progressivement au milieu de cette pluie battante. Un ange de la mort. Voici ma première pensée et un sourire abscons teint ma mine délabrée. Les trois couards derrière moi chuchotaient et semblaient ne pas être d'accord sur la suite mais l'un pris les devants en espérant que les deux autres le suive. Il se décalqua de mon ombre et fonçait sur l'ange de la mort, sabre en l'air en lançant un cri de guerre digne d'un dindon aphone.


Homard était mort et j’avoue, oui, que le poids sur mes épaules semblait soudain moins lourd à porter. J’avais passé un an à imaginer cet instant. Douze mois, à espérer le croiser au détour d’un chemin, trois cent soixante cinq scénarios sur sa mise à mort, trois cent soixante cinq jours à glaner des informations. Des heures, plus que je ne pourrais jamais en compter, à distribuer des mandales, du pognon, des menaces, et parfois quelques supplications. Pour sûr, ils devaient avoir pitié de moi, je voyais bien qu’ils étaient désolés de ne pouvoir m’aider. Je voyais bien, que l’appât du gain parfois les tentait de me mentir, de m’envoyer dans une autre direction. Mais dans le bleu de mes yeux il y avait toujours cette lueur de désespoir. Oui, ils n’avaient pour moi que la pitié, de celles qu’on lance aux fous dont la raison a été mangée par la tristesse.
’avais parfois un regain de lucidité, quand il arrivait que l’on me tende la main, quand elle se posait sur mon bras pour me dire « que j’avais droit à la paix », « qu’il le fallait maintenant ». Que « je gâchais ma vie à attendre quelque chose qui ne viendrait pas ». Il y a un an, je n’étais pas prête à l’entendre et j’aurais tué pour cela. J’ai compris qu’ils avaient raison le jour où j’ai uni ma vie à celle de Vran.

Le poids sur mes épaules semblait s’évaporer oui, quand le corps du Homard s’étala sur le sol, c’est un an de combats, de cauchemars et de luttes qui s’envolaient. C’était la fin. Plus rien ne comptait vraiment et s’il fallait que je meurs un jour, alors, oui, ça me semblait être le bon moment. Le bras se lève alors qu’elle s’avance, dague en avant, mourir oui, mais pas sans combattre. Parce que tu sais, toi, que je ne baisse pas les bras, tu sais toi, que quand tes grands yeux verts se posaient sur moi j’étais invincible, tu sais, toi, que j’aurais tout fait pour…



AERTAAAAAAAAAAAAAAN !

Tu sais tout ça, Aertan, car tu m’as toujours sauvé. De cette entrée en taverne un soir d’été, à aujourd’hui, quand ton regard croise le mien. C’est Toi. Tu m’as vu tuer des hommes, mais jamais avec autant d’acharnement. C’est Toi ? Les coups pleuvent sans aucune cohérence de mouvements. C’est Toi. Un homme, un second, un troisième contre une femme qui a vu l’impensable. C’est Toi, il faut que ça soit Toi. Ma lame, leur corps et toi. Toi. Et si l’un tente de m’entraver, il ne sait pas à quoi il se mesure. Dis-moi que c’est Toi !


La silhouette se mouvait avec une frénésie sans pareille. Une rage devait l'habiter et ses coups transpiraient une férocité inexplicable. Les vivants passèrent de vie à trépas sous le joug de cet ange de la mort. Elle bougeait vite et j'eus du mal à percevoir avec précision ses mouvement et pourtant...je fronçais les sourcils et poussait ma concentration endommagée à analyser la scène, sa façon de bouger m'était familière mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus ou plutôt, une partie de moi mise aux oubliettes ne voulait pas admettre ce qu'elle savait car cette façon de bouger, tout au fond de moi, j'étais sûre de la reconnaître parmi toutes les autres. Mais ce n'était évidemment pas possible, pas après tout ce temps, je rechignais à admettre la vérité qui se dessinait devant moi car je refusais de me bercer d'illusions qui me feraient encore souffrir et pourtant...

Son appel pourfendit mon crâne et créa la stupeur. Je sentis une longue traînée de sueur froide se mêler à mon dos déjà trempé. Le volcan grondait et le magma se mit à bouillonner, mon coeur s'emballa. Je fermai les yeux et ravalais douloureuse la bile qui m'emplit la bouche. Je ne voulais pas...je ne peux pas... Des images mises au placard surgirent dans ma mémoire et défilaient à une vitesse folle jusqu'à m'en donner la nausée. Mes genoux s'écrasèrent sur le sable et une chape de plomb s'abattit sur mes épaules, je me tenais les tempes et formais un étau autour de mon crâne pour cesser de penser.


AERTAAAAAAAAAAAAAAN !

Regardes-moi !

AERTAN !


Ses invectives, ses appels en détresse finirent par détruire mon contrôle. Ces derniers mois, j'avais tissé une toile pour maintenir les fragments de mon âme ensemble. Cette toile existait uniquement car j'avais refoulé mes émotions. Cette toile venait de se déchirer et je volais en morceau. Je cachai mon visage dans mes mains et le volcan entra en éruption.
Une volée de sentiments m'assaillirent et me lacéraient le coeur. La honte, la frustration,la détresse, l'impuissance et la culpabilité formèrent l'avant garde de cette attaque psychique.
La honte de m'être fait attrapé, d'être devenu ce que j'étais devenu, un coquille vide, décharnée, faible.
La frustration de ne pas avoir pu retirer le dernier souffle des lèvres de mon tortionnaire.
La détresse car les stigmates de mes blessures physiques et psychiques se réveillaient et me faisaient souffrir atrocement.
L'impuissance car j'étais un prisonnier qu'on avait réussi à achever alors que je me pensais plus fort que ça.
La culpabilité de l'avoir laissé penser que je l'avais abandonnée, c'était certainement le pire dans tout ça.
Les salines coulèrent sur mes joues. Je ne voulais pas qu'elle me voie comme ça, pas après tout ce temps, j'avais en horreur ce que je lui présentais, je me détestais d'être devenu aussi faible, je me haïssais de ne pas avoir été là pour elle, j'aurais préféré qu'elle n'aie pas cette dernière image de moi. La déferlante m'emporta et j'étais ballotté comme un radeau en dérive dans cet océan tempétueux.


Je ne sais pas combien de fois j’ai répété son prénom, jusqu’à en avoir la gorge douloureuse probablement. Un cri, plus qu’un mot. Un cri au milieu des combats. Des coups, donnés, reçus, dans tous les sens. Des regards inquiets à l’adresse de Vran, que j’avais amené joyeusement dans ma merd’ mais qui semblait s’en dépatouiller comme un Chef. Des postures de défense tout autour du prisonnier. Parce qu’il ne suffit pas d’avoir une tignasse et une barbe dégueulasse pour effacer la couleur de ses yeux. Et lorsqu’enfin le destin décide que la séparation a assez duré, il suspend le temps, il fait tomber les armes de la Colombe qui s’écroule à genoux devant Aertan. La main se glisse sous son menton pour croiser son regard.




Dis-moi que c’est Toi
Que c’est Nous. Une dernière fois.


Le contact de sa main me fit frémir. J'avalais encore une fois avec difficulté ma salive et relevais lentement les yeux. C'est à cet instant, lorsque nos regards se sont croisés, que la deuxième vague de l'assaut s'abattit sur moi. Cette fois ci la cavalerie de nos souvenirs fondit sur moi. Alors je me souvins.
L'image qui me frappa à cet instant était limpide et me remémorait la toute première fois où elle fut prisonnière. Je m'étais évertué à trouver chaque jour un stratagème plus rocambolesque que la veille. Je lui faisais parvenir des lettres en soudoyant des gardes, j'avais fait mon entrée avec une escorte de prostitués, m'étais grimé en garde et j'en passe. Je les faisais tourner en bourrique et je parvenais chaque jour à garder le contact avec elle. C'était notre petit jeu mais j'étais loin d'imaginer à l'époque tout ce que nous allions y gagner. Le temps passa et il faisait son oeuvre, chaque jour le destin nous rapprochait jusqu'à nous ne formions plus qu'une entité, une monstruosité.

Je t'ai aimé jusqu'à en devenir fou Andréa, j'aurais du te le dire plus souvent, aujourd'hui je regrette. Nous avons toujours été là, l'un pour l'autre, nous étions tour à tour le roc de l'autre. Nous avons affronté ensemble nos démons respectifs et nous nous en sommes toujours fièrement sortis. Cette union que nous formions, inégalable et insolite, est la plus belle chose dont je me souvins de toute ma vie.
Mais il y a eu cette année. Cette année qui m'a effacé, je ne suis plus le même et je ne pourrai plus jamais redevenir l'homme que tu as aimé. Je n'ai plus la force d'affronter cette chienne de vie. Le tumulte du volcan qui explose en moi me fait souffrir atrocement et je suis confronté à un oxymore de sensations.

Alors je vais te le demander, à toi, car c'est la meilleure fin possible, dans tes bras, c'est notre fin, et je te demande d'y mettre un point final. Pour toi, pour moi, nous savons tous les deux que c'est la meilleure chose à faire. Je ne pourrai partir en paix qu'à tes côtés.


Et je dois t’avouer Aertan, que c’est en cet instant, quand mon regard a trouvé le tien, que j’ai compris tes mots. Que j’ai su, que je ne venais pas de te retrouver. Que l’homme que j’aimais n’était pas celui que j’avais en face de moi. Que Moet’ est mort depuis longtemps, et qu’il ne reste ici bas qu’un corps sans vie. Un corps sans âme. Un peu de Toi, sans Toi...

Ce n’est pas plus simple tu sais, mais c’est à cette idée que je me raccroche alors que tu me demandes l’impensable. Je repousse difficilement les souvenirs d’un Toi qui n’est plus, et je pleure. Bien sûr, que je pleure. De ces larmes dont on ne sait pas si elles sont rage ou tristesse. De ces larmes dont on ne sait pas si elles s’arrêteront un jour. De ses larmes qui accompagnent mon regard à Vran, un « ne pars pas, pas maintenant » silencieux, quand je ne suis pas encore capable de parler. Même si je sais que c’est compliqué pour Lui de me voir ainsi. Parce que s’il s’éloigne, je m’effondre. Parce que s’il n’était pas là, tout de suite, je crèverais.


- S'il te plaît, Andréa...

Non… Tu n’peux PAS me demander ça. Aertan. AERTAN !

Aertan. C’était pas ça, le plan. C’était pas ça.


Je ferme les yeux. Mes larmes s'écoulent toutes seules pourtant j'ai besoin que tu me libère de toute cette souffrance. Une part de moi restera avec toi, je te le promet. Alors que je te regarde, je sens une sérénité en moi, comme si c'était ma place. Je m'essaie à un sourire que j'avais perdu. Ma main se pose avec tendresse sur sa joue et je l'encourage d'un signe de tête.

Non, ce n’était pas ça le plan. Laisse-moi juste le temps d’accepter qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut. Laisse-moi le temps d’admettre qu’il n’y aura plus jamais de monstruosités. Laisse-moi le temps de te regarder une dernière fois. Je sais que tu as raison, et qu’il n’y a pas d’autres issues, mais laisse-moi le temps. D’embrasser ta tempe. De m’excuser. De souffler à ton oreille que je t’aime, alors même qu’on ne se l’ait jamais dit de vive voix, avant.

Laisse-moi le temps d’une dernière étreinte. D’un dernier baiser.
Avant que ma lame ne glisse entre tes côtes, et que je ne cueille ton dernier souffle entre mes lèvres.


Mon corps livide se fait ravager par un tsunami brûlant et mes lèvres meurent sur les siennes. Je m'écroule dans ses bras alors que je sens la libération poindre. Des sursauts secouent mon corps et le sang remplit ma bouche. Je lui souris pour la toute dernière fois et jette mes dernières forces dans la bataille pour articuler :

- T'as vu...j'ai des cheveux...

Un dernier rire me tordit les entrailles, mais le rire était ce qui nous liait, je veux que tu te souviennes de nous alors que nous étions beaux, heureux, dingues et amoureux.



AD ASTRA !

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Nous furent surpris par une volée de carreaux et trois de mes camarades furent touchés. Sans se poser de question j'avais pris la poudre d'escampette vers le cabanon. Le ventail fut poussé avec violence et nous entrâmes avec quelques autres survivants. Les hommes présents à l'intérieur étaient des mercenaires que le Homard avait payé pour faire l'appât, sauf qu'ils ne le savaient pas. Pour eux ils devaient rester ici ce soir pour récupérer un chargement factice. Ils eurent le réflexe de dégainer leur arme en nous voyant arriver. Je lâchais la mienne et fit un signe de tête en direction de mes suivants pour qu'ils en fassent de même. La tension redescendit et je pris la parole pour leur exposer les faits :

- Votre payeur gît sur la plage, vous trouverez la somme qu'il vous convient sur notre bateau, je peux vous y conduire.

Ils se regardèrent tous et ne me faisaient pas confiance. La réalité s'imposa à moi. Je comprenais soudainement que notre chef avait périt. Je ne comprenais pas encore l'ampleur de ce qui venait de se passer mais on devait tous prendre une décision à chaud. Par delà les carreaux, je percevais une bataille, une femme sans doute, serait ce elle ? après tout se temps ? serait elle encore là pour lui ?
Les dernières semaines suivant la mutinerie avaient considérablement remis en question la confiance que l'on avait en notre capitaine. Nous étions qu'une poignée d'irréductibles mais je savais au fond de moi que personne ne voudra reprendre le flambeau du Homard. C'était sa lutte, il nous avait entraîné la dedans et nous y gardait par la peur. Aujourd'hui il n'était plus, aujourd'hui nous étions libres.
Les mercenaires s'agitaient et je décidai pour une fois d'être maître de mon destin. Je me penchais discrètement, saisis mon sabre et sonnai la charge. Nous leur foncèrent dessus en j'en tuais avec l'effet de surprise de mon côté. Les autres ne tardèrent pas à répondre et des passes d'armes virevoltaient dans ce lieu exiguë. Nous étions plus que deux, tous les autres mercenaires avaient péri. Je constatai une entaille au bras mais elle n'était pas profonde. Nous n'eurent pas besoin de débattre longuement, Arthur et moi sommes rapidement tombés d'accord. Le Homard n'était plus, sa traque allait pourrir dans sa tombe avec lui. Nous allons retourner dans nos foyers et mener une vie paisible si Dieu le veut.
Je sortis par la porte arrière et remarquai un cadavre de chien. Les salauds. J'intimai à Arthur de m'imiter et je mis les mains derrière la tête. Je décidai de remonter la bute, en direction de la forêt d'où venait les tirs. Au fond de moi j'espérais que personne ne nous vois dans le chaos du combat mais si quelqu'un nous voyait j'espérais aussi qu'il verrait que nous avons aucune intention belliqueuse. Alors nous avancions vers notre avenir avec l'angoisse de se prendre un carreau dans le dos et si ça devait arriver ça serait mérité. On paie toujours les conséquences de nos actes. Le vent a tourné. Une page s'est tourné. Le homard est tué
Vran
C'est à cet instant que la situation bascula une seconde fois. La première fois, ce fut lorsque Le Homard avait débarqué avec ses hommes. Les chasseurs étaient devenus les proies. Cette fois, c'étaient les hommes qui, voyant trois des leurs se prendre chacun un carreau à tour de rôle, décidèrent de prendre la fuite. Les proies étaient chasseurs, de nouveau.

Quatre vers l'auberge, trois vers Andréa. Cela ne plu guère à Vran qui se mit donc en marche vers ses cibles. Cette vision ne devait pas être rassurante. Les billes sombres qui fixaient implacablement au travers des cheveux sombres, en bataille et humides, dont les mèches remuaient au gré du vent. Mais Andréa s'occupait déjà des trois près d'elle, et avec efficacité. Le brun se dit qu'ils auraient le temps d'aller chercher les quatre planqués plus tard, alors sur le chemin, il entreprit d'achever ceux qui n'étaient pas mort. Celui qui hurlait en se tenant le genou ne remarqua même pas la présence de Vran lorsque celui-ci abattit son épée sur son crâne. Un carreau récupéré. Un arrêt sur celui qui fut touché au front. Deux carreaux récupérés. L'autre, à genoux et les yeux rivés sur ses côtes, se contenta de lever la tête, les yeux écarquillés dans un étonnement qui se mua alors en terreur quand une dague glissa sur sa gorge. Trois carreaux récupérés. Comme quoi. Deux contre dix, et il avait suffit d'un tir bien placé, et de quelques autres pas mauvais non plus. Et dire que la Chiasse avait osé, par le passé, critiquer l'arbalète! En attendant, là, c'était cette arme là qui les avait sortis d'une situation qui semblait vouée à se terminer par leur décès.

Un mouvement dans sa vision périphérique attira son attention. Deux personnes s'échappaient de la cahute vers les bois. Vran n'avait plus son arbalète sur lui, abandonnée dans la charrette, Et ce n'est pas comme si il pouvait faire quoi que ce soit avec ses couteaux de lancé à cette distance. Il se contenta donc de retenir en mémoire la direction qu'ils prenaient. Puis quelques pas le mènent à Andréa, avec l'otage. Le truand baisse le regard sur le Homard. Un joli tir qu'il avait accompli là, pile dans l'œil. Pas sûr qu'il soit capable de le refaire, d'ailleurs. Il se penche sur le cadavre qu'il bloque du pied. Quatre carreaux récupérés. Puis il s'intéresse au Robinson en puissance qui se trouve là. Il l'examine, même. Mais comme ça, il est incapable de le reconnaître. Il sait que c'est Aertan uniquement parce que la Colombe a crié son nom.

Il était donc en vie, finalement. Peut-être que s'ils étaient directement retournés sur leurs pas, à l'époque, ils auraient pu le sauver. Qui sait? Ça n'a plus d'importance. Et puis, Vran n'ira pas jusqu'à en tirer de la joie, mais on ne peut pas dire qu'il ne préfère pas la situation actuelle plutôt que celle qui aurait pu être si ils étaient parvenus à tirer Aertan des pinces du Homard plus tôt. Mais qu'allait-il advenir de lui, désormais? Il suffisait d'un regard pour savoir à quel point il avait pris cher. Peut-on se relever de ça? Peut-être. Difficile à dire. Pour le chauve, ça ne sera pas le cas. Il ne savait pas vraiment quoi penser ni ressentir. Il se disait qu'il était certainement supposé se sentir triste, ou quelque chose de ce genre là, en voyant un ancien camarade dans cet état de non vie. Mais il n'en était rien. Quelque part, il partageait un peu la peine d'Andréa, car elle était son épouse. Une part de lui, plus sombre, se satisfaisait de constater que cet homme là n'était plus que l'ombre de lui-même, car dans ce cas il n'était plus en mesure d'être une menace potentielle pour son mariage. Ce n'était pas très reluisant, certes. D'ailleurs, il se gardera bien de le dire. Mais c'était là. Et quelque part, ça avait quelque chose de compréhensible.

Ces pensées furent effacées pas ses paupières comme les vagues effacent les traces sur la plage -c'est le thème hein-, et ses yeux se relevèrent sur Déa. Elle pleurait. Compréhensible. Il comprit son regard, et se contenta donc de rengainer ses armes, puis observa la scène, là physiquement, mais peut-être un peu éloigné, mentalement. Il observe, un peu détaché, alors qu'elle fait ses adieux. Cependant, ses sourcils se froncent un brin, et son regard se détourne lorsqu'elle l'embrasse. Oh, il comprend. Du moins il se fait une idée et pense comprendre. Mais ce genre de chose ne tient pas de la compréhension, vraiment. Ce n'est pas le cerveau. Ce sont les tripes qui se serrent. Le cœur qui pompe plus fort. Le sang qui monte. Cela passera, et il s'en tiendra à la compréhension. Et surtout, il ne dira rien, pour le moment. Peut-être qu'il lui en parlera, sur la route du retour. Ou quand ils pourront enfin se reposer. Ou bien il ne lui en parlera pas du tout.

Finalement, Aertan perdit ce qu'il lui restait de la vie, et put être accueilli tout entier par les bras de la mort. Un repos fort mérité, probablement. De nouveau les pupilles de Vran s'égaraient sur lui. Sur son cadavre. Curieux, maintenant qu'il l'observait mieux, les traits détendus par le trépas, il lui semblait qu'il pouvait le reconnaître. Les deux pas qui le séparaient de son épouse furent parcourus et, dans un geste doux, peut-être aussi quelque peu mal assuré , sa main atterrit délicatement sur l'épaule féminine et le pouce y laisse quelques caresses.

Pour le moment, Vran restait muet. Il laissait le temps à son aimée d'encaisser sa perte. Mais à un moment, il faudra décider de ce qu'ils feront. Car bientôt, il ne sera plus possible de retrouver les deux fuyards. Et puis, il pourrait être intéressant de fouiller le navire. Ainsi que la masure, peut-être y restait-il des survivants. Il finit par poser un genoux dans le sable, observant sa Colombe, pour enfin enlever à la pluie le monopole du bruit.


Ça va aller? On fait quoi?

Les questions sont agrémentées d'un baiser sur sa tempe. La main qui s'ancre sur son épaule se veut rassurante. Celle qui rejoint son avant-bras pour y faire de doux vas et viens se veut être douceur.
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Andrea_
Ad Astra, plus que jamais.
Il y a ce moment où le chagrin emporte tout sur son passage, il ravage les sens. Il n’y a plus ni pluie, ni peur, ni froid. Il n’y a d’ailleurs même plus de douleur. Il n’y a plus rien. Le chaos sous forme d’une grande étendue vide et silencieuse. Le vide, quelques secondes, peut être quelques minutes. Le temps d’imprimer que c’est terminé.
Qu’Aertan ne reviendra plus jamais, que le Homard ne fera plus jamais de mal à personne. Plus d’épée de Damoclès au dessus la tête, plus d’espoir, plus de craintes, plus rien. Il est trop tôt, encore, pour voir dans cette grande étendue la possibilité de reconstruire quelque chose, quelque chose de solide. Il est trop tôt, encore pour comprendre, tout simplement que la fin d’une chose est le début d’une autre.
Je suis là, hagard, à serrer contre moi un corps qui m’a tant apporté, avant de tout me reprendre. Je ne suis qu’une coquille vide, incapable même de rire à sa dernière blague, et pourtant dans quelques mois, j’y penserais en souriant. Il y a Lui, et Moi, et le reste du monde. Ils fourmillent sans souffler la bulle dans laquelle nous flottons. Je crois que le monde pourrait s’écrouler sans que je ne vois rien. Quelques secondes oui, ou quelques minutes suspendus, car je sais que bientôt je devrais te laisser.

Et puis il y a sa main sur mon épaule, et son pouce, qui y laisse quelques caresses. C’est le retour au présent, la chaleur qui revient, le cœur qui se souvient. Cette main, c’est pile ce qu’il me fallait pour ne pas sombrer définitivement. Et c’est pour que cette main ne quitte jamais la mienne que j’allais me battre désormais. Ma joue contre sa peau, mon point d’ancrage, le temps de reposer le corps inerte d’Aertan. Le silence, le temps de virer ses nouveaux cheveux de son visage.
Et puis la voix de Vran qui brise le silence. Son baiser. Ses caresses. Je couve la rage et lui me couvre d’Amour. Je ne sais pas si nous reparlerons de ça, plus tard, et si j’arriverais, d’ici là, à me dire que c’était la seule chose à faire. J’espère seulement que je n’aurais jamais la culpabilité de cet acte et que la tristesse me laissera en paix.
Se relever, et poser un tendre et long baiser contre sa joue, et lui dire dans un regard que oui, ça va aller. Parce que c’est le cas, la vie continue malgré tout. Il n’y a que le temps qui guérit tout.
La vie continue, mais nous n’avons pas encore terminé de jouer avec Elle.


On les termine.

Va savoir où je trouve la force de continuer, peut être dans la douceur de tes mots et la chaleur de tes gestes. Peut être simplement dans l’Amour que l’on partage. Tu sais Vran, au milieu de tout ce marasme, j’arrive quand même à me dire que ça doit te demander une grande énergie, et une énorme maitrise de toi-même que d’agir ainsi. Je crois ne jamais t’avoir vu prendre autant de pincettes pour me demander quelque chose. En temps normal –et tu peux pas dire le contraire- tu m’aurais mis un coup de pied au cul au bout de trente secondes en me disant qu’ « on va pas coucher là quand même, tu vois bien qu’il est mort, on dégage ». D’ailleurs je pense que t’aurais même pas attendu tout court et que t’aurais fini Aert’ à coups d’bottes. Tu vois, c’est dans des moments comme ça que je me félicite d’être ta femme, ça m’évite bien des malheurs.
Allez, ramassage des armes et esquisse de sourire vers le Brun.


On les termine Tous.
Et l’arbalète de la Colombe d’être écrasée contre le torse du brun - J’connais un mec, qu’est bien content que sa nana ait pris son arbalète hein… On n’a pas idée d’prendre des flèches et pas d’arme…- . Le gris de ses yeux lorgne l’horizon. Le bateau c’est bien tentant. La cahute aussi, on est un peu venu pour ça. M’enfin si je regarde la forêt c’est parce que j’ai vu deux couillons partir en courant à un moment.
Ça s’rait con qu’ils en préviennent d’autres et qu’ils reviennent en force.

La lame se pointe vers la forêt. Et à voir le regard noir de la Colombe, y a fort à parier qu’il y ait du sang.
Et bien plus que sur le bas de sa chemise.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Vran
C'est bien là ce à quoi il s'attendait. Les terminer tous. Achever cette comédie macabre sur une note sanglante. Tout donner, pour tout achever. A sang pour sang. Haha. On rigole on rigole, mais en attendant, on en a deux qui se sont tirés, et il va falloir les retrouver. Et à pieds. Pourquoi pas à cheval, vous me demanderez. Je vous répondrai que déjà sur route, Vran il est pas bien assuré sur un cheval, alors en forêt, il fait pas dix mètres sans que sa monture se pète la guibolle et celle du brun avec. Alors à pieds, c'est très bien.
Pour le moment, Vran repousse l'arbalète colombesque vers elle, avant de lui prendre un baiser. Ce n'est peut-être pas le moment, allez savoir. Toujours est-il qu'il en a envie, à cet instant. C'est un baiser langoureux, un baiser qui aime. Puis il s'éloigne d'elle, à reculons, petit sourire en coin sur la trogne.


Que la chasse commence!

Puis il se retourne, la marche vers l'arrière c'est un concept intéressant, mais sur la durée ça devient dangereux, surtout dans le sable humide. Et inutile de préciser que se vautrer la gueule dans le margouillis, ça casserait un peu son effet. Un dernier regard vers Andréa alors qu'il avance vers la charrette, pour s'assurer qu'elle le suit bien déjà, mais aussi pour en ajouter une petite couche.

T'auras qu'à t'entraîner sur les deux cons, tiens!

Joindre l'utile à l'agréable, comme on dit. Bien que pour le coup, la situation soit pas si claire. Je veux dire, là, on pourrait tout aussi bien dire "joindre l'agréable à l'agréable", ou même "joindre l'utile à l'utile". Vous voyez ce que je veux dire? Non? C'est que vous ne faites pas d'efforts.
On se demandera pourquoi Vran a soudainement l'air aussi... guilleret. C'est pourtant simple, et ça se résume en trois mots: deux contre dix. Parce qu'il y a encore pas si longtemps, un temps qui se compte en poignées de minutes, le truand était couché sur une charrette, à préparer un tir d'arbalète des plus incertains, à se dire que s'il ratait ils mourraient tous les deux et que, même s'il touchait, ils risquaient de mourir tous les deux. Pourtant ils sont là. Tout n'est pas parfait, les esprits ont pris des claques, mais ils sont là. Vivants. Tous les deux.
Et ce tir, bordel! Un coup net, dans l'œil, à pas moins de cent mètres! Bien sûr, ça n'a rien de particulièrement intelligent de tirer dans l'œil de quelqu'un*. Mais là, c'est pas n'importe quel quelqu'un. Vran aurait aimé pouvoir se téléporter, ou même se dédoubler, juste pour être aussi à côté du Homard quand il s'était pris sont carreau dans l'orbite, pour voir ce que ça avait donné de près. Ça avait dû être beau. D'ailleurs, vu la gueule tout à faire inexpressive que semblait tirer le cadavre, il y avait de fortes chances pour que le mec ne ce soit même pas rendu compte de sa propre mort. Le truc instantané, quoi. Peut-être même que le Homard était encore debout, sa lame sous la gorge d'Aertan. Peut-être qu'il ordonnait encore à Andréa de sortir de sa planque. Peut-être rejouait-il encore ses derniers instants en boucle, inconscient de sa propre fin.

Charrette est dépassée, et au passage Vran récupère son arbalète qui trainait au sol. L'arme est secouée pour en débarrasser les parties les plus sensibles d'éventuels grains de sable, puis le mécanisme est armé et accueil un carreau. Maintenant, direction les bois.
Il faut croire que nos deux proies s'étaient rapidement cru en sécurité. Ils avaient dû se dire que s'ils n'avaient pas été poursuivis ou abattus plus tôt, c'est que le couple infernal ne les avait pas vus, ou n'avait pas cru bon de les tuer. Erreur. Car déjà, après quelques petites minutes à évoluer entre les arbres, ont pouvait apercevoir le dos des deux derniers du Homard se mouvoir entre les troncs, à un rythme assez tranquille.
La vérité, c'est que si on avait demandé à Vran, il aurait dit qu'il ne s'attendait pas à ce que ces deux hommes là partent chercher du renfort, ou même qu'il les reverrait un jour. Il pensait -à raison- qu'ils voulaient simplement s'échapper d'ici, et ne plus jamais avoir à faire à eux. Du côté du brun, s'il voulait absolument les éliminer, ce n'était pas par crainte de représailles, donc. Seulement, ils avaient travaillé pour le Homard. Ils étaient, au moins en partie, responsables du malheur de son épouse. Ils faisaient partie de la vengeance lancée par Andréa, vengeance que Vran avait accepté de soutenir. Alors ils devaient mourir. Et puis, les laisser partir lui aurait laissé un amer goût de travail inachevé en bouche.

Léger coup de coude sur le bras de sa Colombe, pour s'assurer qu'elle les a bien vus également. Il lui lance un regard appuyé, et lui fait comprendre qu'il prend celui de droite grâce à quelques signes de la main -même si on sait comment ça s'est terminé la dernière fois- avant de lever son arbalète pour viser, donc, celui de droite. On prend quelques secondes...

Tchak/Chtonk/Schlak (choisissez celui qui vous va le mieux)

Le carreau part et termine sa course dans le dos de... de qui? De qui? Du mec de droite ouiiii! C'est bien, vous suivez un minimum. Bon, pas sûr que ça l'ait tuer, selon où ça a atterrit, mais dans tous les cas il n'ira plus bien loin maintenant. Ne restait plus qu'à espérer qu'Andréa, elle ait réussi son tir. C'était possible, après tout, Vran lui avait un peu montré, quand même, il ne lui avait pas offert une arme pour la laisser comme ça sans savoir l'utiliser. Et puis au pire, eh bien ils le rattraperont, et ils lui démoliront les jointures à l'ancienne.



*Medievil
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Andrea_
En d’autres lieux, dans d’autres circonstances, la Colombe aurait payé cher pour voir Vran monter à cheval en forêt. Et je sais que vous aussi, alors sachez que vous pouvez compter sur moi pour que ça arrive. Peut être pas maintenant –parce qu’ils sont à pieds-, peut être pas demain non plus, mais un jour, quand il ne s’y attendra pas, je dégainerai deux bourrins dans une forêt et un prétexte assez dingue pour qu’il n’ait pas le choix. Je sais qu’il pense que c’est pas possible, qu’il n’est pas si influençable –blablabla- m’enfin moi, j’vous l’assure, j’commence à connaitre l’animal et j’peux vous dire que j’aurais même pas b’soin d’arguments ou de menaces pour qu’il le fasse.
Et ce jour là, en plus d’avoir eu raison, on pourra observer toute la dignité d’un homme se casser la gueule. Ça sera un pogo de roubignoles et un festival de fions, rha voilà, j’ai hâte maintenant.
On en était où ?
Ah ouais, le baiser. Non, c’était clairement pas le moment, mais berdol que ça fait du bien. Ça montre qu’il ne m’en veut pas et qu’il est toujours là. Et c’est plutôt sympa parce que sinon ça serait plus que dramatique. Nan mais avoue la journée de merd’ : tu butes ton grand amour, et tu te fais lamentablement larguer par celui qui serait le plus susceptible de prendre sa place, c’t’un coup à faire apparaitre une corde dans la besace sur le bourrin et …


Que la chasse commence !

Et l’Narv’ –en pensées tout est permis- qui se barre à reculons. Encore une fois, on remercie les scénariste qui ont fait un combat de dingues sans rien qui traine. J’peux vous dire que si j’avais été seule le « champs de bataille » aurait bien porté son nom. Bon, me connaissant y aurait eu moyens d’avoir quinze bras sur le sol pour quatre bonhommes tués, m’enfin parfois, faut savoir tuer la cohérence pour donner dans l’exceptionnel. Alors Vran se barre en marche arrière et il se passe rien, peut être aussi parce que ça dure pas longtemps. Puis il se retourne. Pas longtemps non plus.
Juste assez pour que mon cœur loupe un battement quand j’regarde Aertan. « J’reviendrais, je te jure que je reviendrais », c’est ça que je te souffle à l’oreille en embrassant ta joue une nouvelle fois. La cape de Super Homard est tirée et posée le cœur du Chauve qui ne l’est plus. Oui, je reviendrais, bien sûr que je reviendrais, j’vais quand même l’laisser s’faire bouffer par les mouettes !
Ça semble durer longtemps, mais c’était pas le cas, et déjà Vran me regardait, j’avais bougé –ouf-


T’auras qu’à t’entraîner sur les deux cons, tiens !

Mais oui Vrany’, en voilà une idée qu’elle est bonne !
Cette phrase parait moqueuse mais ce n’est en réalité pas le cas. C’est réellement une putain d’idées. J’avais dans l’idée de m’entrainer sur une cible immobile, mais quoi de plus motivant que de viser du lapin à taille humaine ? Qu’est ce qui peut te faire mieux viser, que l’envie de bien viser hein ?-elle est technique celle-ci-. C’est peut être comme ça que Vran avait réussi à choper l’œil du Homard, faudra que je lui demande un jour s’il s’est étonné lui-même ou s’il n’avait jamais douté de Lui.
M’enfin bref, inutile de répondre, mon arbalète et moi, on avance, et on suit l’homme de la situation : à la recherche des fuyards. En vérité, moi non plus j’pensais pas qu’ils puissent aller chercher de l’aide. J’imagine mal deux types se pointer dans une taverne en disant : « oh, on a été témoin d’un meurtre et du coup » Oh Wait… Ça me rappelle vaguement un truc.
Ouai, nan, j’imagine mal quelqu’un d’autre que Vran et Moi le faire. Surtout ces deux là, quelque chose me dit qu’ils ont encore des bonnes tronches de vainqueurs. Non en fait j’avais juste besoin de buter ceux qui de près ou de loin étaient mêlés, sont, ou seront mêlés à la quête du Homard, à la mort d’Aertan. Les complices, ceux qui savaient mais n’ont rien fait pour l’empêcher. Ceux qui étaient trop faibles pour fuir avant, avant, quand le couple infernal n’avait pas encore décidé de faire un melting dead potes –c’est quand tes potes ils se melting mais qu’ils sont morts-, si tu préfères carnage on parle de carnage hein.
Ils allaient crever, tous, comme des chiens. Et c’est pas ce qu’aurait fait Aertan, lui qui pense qu’on peut toujours changer, qu’on doit tous avoir droit à une seconde chance. M’enfin clairement, sa seconde chance on voit où ça l’a mené alors on va tenter la méthode bien plus radicale. Et je sais que Vran fonctionne comme moi sur ce point là.

Les blaireaux donc. Oui, je les ai vu. J’ai aussi vu les signes de mains –de doigts- de Vran. Il m’avait bien expliqué la dernière fois, que c’était une technique de langage muet pour attaquer sans se faire repérer. Soit. J’avais rien dit mais c’était pas l’envie qui me manquait : Vran, quand on veut se servir d’une truc, faut s’assurer que les deux personnes maitrisent la chose. Tu vois si j’parle Italien à un ESpagouin, j’aurais beau m’appliquer et prendre mon temps, si l’mec n’a jamais parlé Italien d’sa vie, il ne comprendra pas.
Alors oui je sais, y a le fait que c’est un peu instinctif, tu montres un mec à droite, puis tu te montres toi-même, et j’ai bien compris que tu voulais pas dire que ce mec, c’était toi –alleluia-. Et puis bon, tu tires.
Si tu prends celui de droite, j’ai plus que celui de gauche –oui je sais, je me sens vraiment clairvoyante aujourd’hui-. Alors maintenant Vran, observes un peu ta femme, le fruit de ta non éducation arbalètrière : pose de la flèche. On tire le machin, on prend le truc. On vise.
On bloque la respiration. Déjà là, j’imagine que la posture laisse à désirer, m’enfin je m’applique –sisi, regarde, je sors même ma langue entre mes dents !-
Eeeeeeeeeeeeet

Chtong.

La flèche est partie, le temps se suspend, encore, la flèche file comme…une flèche. On dirait même qu’elle contourne les arbres. Elle aurait pu s’écraser au bout de trois mètres mais NAON, elle continue sa course, elle continue encore et pire que ça : elle se colle PILE dans la nuque du mec.


OOOOuiiiiiiiiii !

Allez Vran, avoue que je t’ai scotché là ! Toi tu vas mettre ça sur la chance du débutant, et moi sur le talent, tout simplement, mais qu’importe, d’ailleurs permets moi juste d’ajouter un truc

R’gardes ça, j’suis même obligée d’finir les gars que t’arrives pas à achever d’un coup..

Ah bah ouai, j’t’ai pas dit ? C’est le mec de droite que j’ai achevé. Et je visais à gauche, oui oui, m’enfin c’t’un détail. Bon, maintenant faut aller chercher le suivant qui a du se rendre compte d’un truc parce qu’il tente de se camoufler –ou de courir-,
La main se tend vers l’époux :


S’tu veux j’le fais, comme ça on gagne du temps.
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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
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