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Info:
Une mauvaise rencontre un peu au nord de La Trémouille.

[Rp] Quelques heures avant minuit.

Alcimane_
Une fille trop vieille pour être un enfant,
Trop jeune pour être une femme.
Je sais tout de toi,
La vérité que tu caches,
La vérité dont tu rêves.*




Où est mon cheval ? Plus important que sa propre santé : Chiron. Un jeune étalon prometteur. Le sien.

Que s'est il passé ? Parce que finalement, elle n'en savait rien et c'était sans doute cela le plus tragique. Le fessier au sol sans aucun ménagement. Et où est Samsa ? Déphasée lorsqu'elle ouvrit les yeux, sans doute suite à une perte de connaissance, elle porta son bras douloureux à sa tête. Samsa ? Cette dernière ne semblait pas être là.

Deux fois. La première fois, elle eut à faire à Jean Jack en personne, lui laissant une marque invisible. La seconde fois, ce fut par l'intermédiaire de Rouge_gorge, lui laissant cette fois ci, une marque physique. Horrible cicatrice sur la joue qu'elle ignorait. Parce que Samsa le disait si bien "si je fais en sorte que ça n'existe pas, ça n'existe pas !" La balafre que Rouge lui avait laissé reflété que très peu l'enfer qu'elle avait pu vivre pendant quelques jours. Tout est relatif bien sur, certain aurait trouvé cela "un jeu d'enfant" de s'en dépêtre.

Surement qu'elle aura quelques os de casser. Avec un petit traumatisme crânien. Surement aussi qu'elle se renfermera. Probablement qu'elle finira par s'en relever mais à quel prix ? Sans doute une thérapie toute nouvelle à base d'opiacé bien plus fort.

La chute de cheval fut terriblement douloureuse au point qu'elle pensa ne jamais reprendre son souffle. Le réflexe de mettre les mains en avant pour se réceptionner, est une terrible erreur de débutant. Pourtant, elle chérie les chevaux plus que tout, ayant grandit dans le luxe de pouvoir accéder à des écuries de qualité. Pourquoi était elle tombée ?




Quelques heures plus tôt




Elle chevauchait avec Samsa dans le but de rejoindre Alençon à des fins politiques. Un vote est un vote et le devoir de l'urne était important pour éviter de voir n'importe qui au pouvoir. Clairement, la politique Alençonnaise lui passait au dessus de la tête. Les amitiés et les inimités avec. Mais cela était important pour Samsa, alors c'était important pour Alcy aussi.

Les chevaux étaient lâchés à pleine vitesses sur cette plaine. La nuit quasiment totale, le vent dans les cheveux, la sudiste avait anticipé la fraicheur qui pointait le bout de son nez, un peu plus chaque soir, avec un manteau fourré. La canne à pêche fut rangée, remplacée par son épée, la fleur dans les cheveux remplacée par une capuche. Sur cette portion de chemin relativement en descente, elle se trouvait devant Samsa. Cette dernière, équipée comme une guerrière sur le qui-vive. Toujours prête à charger en cas d'attaques Angevines. Si Samsa portait toujours cette fichue cotte de maille, cette vérité était encore plus vraie lorsqu'elle passait non loin de l'ennemi. Ainsi donc la Cerbère était plus lourde et avait quelques mètres à peine de retard. Ce n'était pas une course ce soir simplement une traversée qui se voulait paisible.

La vision était restreinte par la nuit mais le chemin était tout tracé, il n'y avait plus qu'à suivre tranquillement. Le galop fut lancé lorsque les herbes étaient moins hautes et que les arbres se firent rares. Pour quelques centaines de mètres, elle entendait le souffle de Chiron. Les fesses sont relevées de la selle, les étriers un peu plus haut que la norme pour prendre plus de vitesse, par choix.

Un bruit fusa devant elle. Elle plissa le regard pensant desuite à un tir d'archer. Des brigands, ici ? Pfeu ! Elle tourna un peu la tête pour s'assurer que Samsa n'est rien mais incapable de percevoir quoi que se soit, elle se redressa sur les étriers et ... se fut surement la pire idée. Les cuisses sont serrées mais pas suffisamment parce qu'il n'y avait pas de danger. Un étrier est déchaussé volontairement pour pouvoir pivoter.

Un bruit assourdissant raisonna juste devant elle. Qu'est ce ? Chiron tenta de se stopper net et c'est une Alcy à pleine vitesse qui passa par dessus : un beau soleil.





*Librement inspirée de "Quelques minutes après minuit" de Patrick Ness.
_________________
Samsa
    "Les mesures ont été prises, un tumulte silencieux
    A lâché les chiens de guerre.
    Vous ne pouvez arrêtez ce qui a commencé :
    Ils distribuent l'amnésie, signée, scellée.
    Nous avons tous un côté sombre, pour ainsi dire,
    Et faire le commerce avec la mort est la nature de la bête."*



Une foulée, deux foulées, trois foulées.

Le galop était petit tant qu'elles étaient dans le milieu boisé et Samsa se plaisait à regarder une des épaules de Guerroyant se mouvoir sous la bricole fleurdelisée. Elle aimait ressentir sous elle la puissance contenue de sa monture qui suivait d'instinct Chiron devant lui, sur le petit sentier. Il n'allait pas aussi vite que lui sur de longues distances, plus lourd de constitution. Leur usage n'était pas du tout le même : Chiron, cheval de chasse, bonne vitesse et excellente endurance tant qu'il ne portait pas un poids trop lourd. Guerroyant, destrier capable de porter longtemps un cavalier en armure, à la charge puissante sur de courtes distances. Au sortir du bois, dans la plaine, Alcimane poussa Chiron et Samsa sourit sans en faire de même ; la route était encore longue et elle devait économiser sa monture. Elle l'autorisa cependant à quelques mètres à bride abattue pour le défouler et pour ne pas trop se laisser distancer ; la nuit était bien tombée et il serait idiot qu'elle perde Alcimane de vue. Surtout ici.
Elles n'étaient en effet qu'à deux lieues - si ce n'est moins - de la frontière angevine. On avait tôt fait de la passer sans s'en rendre compte et de croiser, au mieux, la douane volante, au pire, une armée hostile. Sous la pression de cette proximité, Samsa avait revêtu sa barbute en plus de son indissociable cotte de mailles et son bouclier était sanglé à son épaule gauche. Alcimane râlait bien souvent - toujours - contre cet attirail que Shawie avant elle avait qualifié de véritable tue-l'amour, mais Samsa n'en démordait pas : savait-on jamais ce qui pouvait survenir ? Il fallait être prête en permanence, même si rien n'arrivait jamais.

Car rien n'arrive jamais.

Loin derrière, Samsa n'entend pas le bruit qui alerte Alcimane. Elle n'a dans ses oreilles que le vent de la vitesse qui s'engouffre dans sa barbute. Elle l'aperçoit en revanche se redresser largement sur ses étriers pour apparemment se retourner et, avant, qu'elle n'ait pu lâcher une rêne pour lever un bras afin de la rassurer, un bruit terrible retentit. Celui-ci, Samsa ne peut le manquer. Sans doute effrayé, Chiron freine des quatre fers, emportant Alcimane dans une chute magistrale que Samsa ne peut évaluer à la moitié de sa réalité. Une simple chute. Un coup de malchance. C'est ce que la Vicomtesse pense alors qu'elle se prépare à ralentir Guerroyant pour s'enquérir d'Alcimane quand elle sera à sa hauteur mais ses plans changent rapidement quand elle distingue des silhouettes qui sortent de derrière les quelques arbres voisins pour courir vers le point de chute d'Alcimane. Une embuscade.

Car "rien" finit toujours par arriver.

Ils n'ont pas l'air d'avoir remarqué Cerbère qui se trouve immédiatement aveuglée de rage, de celle qu'elle ressent avant une bataille. Son sang de sudiste n'a fait qu'un tour et elle tire immédiatement son épée, prête à pourfendre chacun de ceux qui ont osé s'en prendre à Alcimane. Elle enfonce ses talons dépourvus d'éperons dans les flancs de Guerroyant qui n'a pas manqué de ressentir le changement chez sa cavalière : c'est la charge de guerre qui est demandée. Sous le ciel nocturne, les foulées s'allongent et se font plus lourdes, comme les souffles. De quelques claquements de langue, Cerbère presse sa monture, inquiète qu'un des bandits n'arrive à Alcimane avant elle. Elle doit les interrompre, rediriger leur attention vers elle. Épée au clair, l'air emplit ses poumons pour ressortir, puissant, sous la forme du cry qui est le sien :


-COOOONNNNQUÉRAAAAANNNTE !

Les silhouettes s'arrêtent et se tournent vers elle. L'une d'elle, tétanisée de voir la masse fondre sur elle, n'aura pas le temps de s'écarter bien qu'un mouvement soit esquissé : Guerroyant le heurte violemment d'une de ses épaules, celle-là même que Samsa, quelques minutes plus tôt, se plaisait à admirer dans son mouvement. Projeté, l'homme n'échappera pas au fil de l'épée qui le cueille en sus. C'en est fini pour lui. Des cris retentissent : ils cherchent à se réorganiser alors que Samsa fait une volte, prête à recommencer l'entreprise. Elle est très éloignée du point de chute d'Alcimane désormais et semble l'avoir oubliée pour se concentrer uniquement sur ses adversaires, à leur image. Ils sont deux à se diriger vers elle, déterminés à en découdre. Alors que Cerbère lance de nouveau Guerroyant dans leur direction, l'un des hommes, plus réfléchi que les autres, bande son arc et décoche une flèche qui vient trouver le poitrail du Cleveland Bay qui hennit de douleur. Il est vrai que si Samsa portait toujours un peu d'armure sur elle, ce n'était pas le cas pour sa monture qui se trouvait alors dépourvue de sa barde de poitrail habituelle en temps de guerre. L'animal s'effondre dans sa course, éjectant Samsa qui chute lourdement et manque de recevoir les six-cent-cinquante kilos de Guerroyant dessus. Lui se relève et s'enfuit au galop. Cerbère, gravement sonnée, ne peut encore bouger que par son expérience militaire : elle en a vu d'autres. Son instinct la pousse à bouger, à se relever, peu importe les blessures qu'elle pourrait avoir, si elle ne veut pas se faire achever comme un taureau à terre. Avec peine et moult déséquilibre, après avoir retrouvé par miracle son épée à tâtons, elle finit par se remettre sur pieds. Précaire. Blessée sans aucun doute, mais elle ignore encore où et à quel point.

Un pas, deux pas, trois pas.

Elle ne sait plus d'où elle vient. Autour d'elle, les chevaux ont disparu et elle ne distingue Alcimane nulle part. Se détachant devant elle, il n'y a que des silhouettes hostiles qui s'avancent rapidement, mais sont-ils tous là, focalisés sur elle ? Combien sont-ils, d'ailleurs, en tout ? D'autres ont-ils trouvé Alcimane ? Samsa a envie de la chercher mais elle sait que lorsque la bataille fait rage et fauche autour d'elle, il convient de ne pas s'arrêter, sous peine de condamner l'issue du combat en une défaite inévitable.


-Sales fils de pute... J'vous attends té marmonne-t-elle entre ses dents, le sang qui coule sur son visage de multiples plaies dues à la barbute venant les rougir. Dans ses yeux brun sombre brille désormais une flamme farouche qui la portera jusqu'au bout de ce combat.


* = paroles traduites de Pink Floyd - The Dogs of War

_________________
Alcimane_
Plus loin, c'est un autre combat qui s'engage.

A l'inverse de Samsa, Alcy n'a jamais de protection, ni d'armure ni quoi que se soit pour se protéger. Uniquement son épée. Le pied libre se décolla des étriers et la croupe de Chiron donna l'impulsion. Même dans la chute, c'est un travail d'équipe. L'étalon n'aura aucune difficulté à faire décoller Alcy et à l'éjecter pour trouver un point de chute largement devant, poignet en avant, réception sur l'épaule ; souffle coupé, tête en percussion sur le sol. Il lui faudra quelques minutes pour reprendre ses esprits et se retourner lentement sur le sol.

Le combat le plus dur est de reprendre conscience en se tenant la tête, puis l'épaule et enfin le poignet. Elle grimace en regardant autour d'elle. La vision est floue mais elle perçoit bien des ombres furtives, sensiblement deux. Peut être trois. Non deux. Sous le choc de la chute, une envie irrépressible de vomir lui arrache les entrailles, qui termineront rapidement dans les bois. Toussant, elle prit appuis contre un rocher pour se relever.

Chiron : No check
Samsa : No check
Fierté : Envolée

Plus loin, elle entend vaguement le cry "...érante" de Samsa mais celle ci semble si loin et finit même par disparaitre. Est elle blessée ? C'est la première pensée qui lui vient à l'esprit ; penser aux blessures des autres, lui permet avec facilité d'oublier les siennes et surtout de grimacer pour lancer :


Berdol mon gilet tout neuf. Dit elle en pestant et tapotant dessus de son bras gauche.

Gilet : Mort

La réalité revient rapidement au galop lorsqu'elle perçut du mouvement autour d'elle : deux hommes. Ou une femme. La carrure du premier ne laisse pas au débat : c'est un homme armé d'une épée, mais le second semble plus fin quoi que, sec et élancé. C'est celui à la carrure la plus épaisse qui s'approche, arme en main. Naturellement, elle recule et pose sa main valide sur le pommeau de son arme, qu'elle finit par dégainer. Il était évident qu'ils n'étaient pas là pour lui venir en aide. Elle ne maitrise pas encore tout à fait le maniement de l'arme mais sait se défendre en cas de danger imminent.

Celui à la carrure plus sèche, armé d'un arc, fait le tour et elle se retrouve encerclé. Jamais de la vie elle n'avait tué et elle n'envisageait pas du tout de le faire. Mais pour survivre, il ne faut pas réfléchir. Alors qu'elle entame un duel contre l'homme à l'épée, celui à l'arc, l'attrape par derrière et le seul réflexe qui lui vient est de le mordre jusqu'au sang, au bras, pour le faire lâcher prise. En face d'elle, l'homme à l'épée lui envoie un coup dans le ventre pour qu'Alcy lâche la prise de ses dents. Chose faite. Elle relâche.

Elle relâche et s’effondre à nouveau au sol, la main agrippée à son épée. Entre deux toux, elle plante la pointe de son épée dans le pied de l'assaillant ; celui monté comme Hercule avant de prendre la fuite.


Samsa ?

C'est sur qu'elle va t'entendre la. Mais elle ne peut crier plus fort sinon, ils la repèreront. Dans son esprit, elle fait demi tour en espérant que Samsa s'y trouve. Mais plus elle avale les mètres, plus il lui semble clair qu'elle est totalement perdue et prise en chasse par les deux autres.
_________________
Samsa
    "Hey Doc, va falloir en parler
    De ma boule au ventre :
    Je peux pas l'expulser.
    Un p'tit médoc ou de la vitamine C
    M'aiderait sûrement à débarrasser."
    (Demago - Hey Doc)



Ils étaient cinq.
Ils ne sont plus que quatre.
"Que".

Un des archers est sur Samsa et elle frémit légèrement. Elle n'aime pas les archers. Elle les déteste. Elle considère que les armes de jet sont déloyales : on reste derrière et on tue, au chaud. On tue et on n'en prend pas la mesure puisqu'on ne regarde pas sa victime dans les yeux, comme si l'acte était anodin. C'est un manque de respect envers des tas de concepts, incluant le courage que Cerbère loue. Malgré la pénombre, sa barbute et ses légers vertiges dus à la chute, elle devine le geste que l'homme fait de bander son arme. Par réflexe, elle pivote sur un pied afin de placer son épaule gauche en avant. Tchac - TCHING ! La flèche se heurte au bouclier qui s'y trouve sanglé en bandoulière. Peu de chance que l'archer la touche sans plus de lumière que maintenant.
L'autre homme décrit une courbe pour la prendre de côté et alors que Samsa essaye de pivoter un peu sans trop s'exposer, une douleur aigüe la prend au bas du dos. Note à elle-même : les lombaires sont en compote, plus du tout opérationnelles. Il lui faut d'ailleurs oublier que le simple fait de porter sa cotte de mailles lui coûte, sinon c'est sûr, elle s'effondrerait, terrassée par la douleur.


-Par qui j'commence pardi... ?

Elle se pose autant la question pour elle que pour eux. Elle se décide finalement pour commencer par l'adversaire armé seulement d'une épée : c'est un coup en moins qu'elle prendra dans le dos et, avec de la chance, l'archer tuera son propre camarade par inadvertance. Pour que la stratégie fonctionne, il faut juste qu'elle ne se prenne pas une flèche elle-même avant. Tchac - ...

-AH ! Putain de ta RACE PARDI !

Typiquement pas comme ça.
En soufflant et en râlant de douleur - et en jurant beaucoup -, elle arrache le trait qui s'est fiché dans sa cuisse, se rendant compte par la même occasion que son épaule gauche répond mal - déboîtée, sans aucun doute. Pour autant, pas question d'abandonner, au contraire : la situation réveille chez la Combattante une colère noire, une rage terrible, celle-là même qui a fait sa réputation. Samsa se prépare et dégaine discrètement le couteau à sa ceinture de sa main gauche ; l'effort la fait grimacer sous sa barbute. Sa respiration est très forte et projette d'infimes gouttelettes de sang, et dans son cœur qui passe à présent au galop, "Cerbère" ouvre un œil, sombre comme la nuit.


-Conquérante... Conquérante ! CONQUÉRANTE PARDI !

Elle l'a clamé de sa voix de capitaine des batailles, autant que son corps le lui permet encore ; ce cry est son carburant et, avec un hurlement de rage, elle se jette comme elle peut contre l'homme à l'épée, prenant garde de toujours le maintenir entre elle et l'archer. Peu lui importe, désormais, la douleur, enragée comme elle est, comme un animal blessé. C'est une autre douleur aussi qui la prend à la gorge et aux tripes : où est Alcimane ? Elle est peut-être quelque part, pas loin, à avoir besoin d'aide et au lieu d'être auprès d'elle, Cerbère est retenue par ces deux hommes. Le duel qui les voit s'affronter est inégal du fait de l'état diminué de Samsa, et donc d'autant plus terrible. Les épées s'entrechoquent quand les combattants ne se jugent pas, ils tournent beaucoup, Samsa cherchant à tout prix à ne pas se retrouver dans la ligne de mire de l'archer. Sa stratégie est bien rodée : utiliser en permanence son côté droit pour chercher à endormir son adversaire, à lui faire oublier le côté gauche qui ressurgira alors.

Ça y est.
Elle est là.
La faille.

Cerbère s'engouffre dedans et, avec des efforts ô combien douloureux, plante à plusieurs reprises son couteau tenu de la main gauche dans l'abdomen de l'homme qui ne parvient pas à finir son geste d'abattre son arme sur Samsa. Elle le regarde, les yeux emplis de haine ; il a la bouche entrouverte sans qu'aucun son n'en sorte. Aucun lui appartenant. Car plus loin, un cri de douleur retentit - celui de l'homme au pied planté par l'épée d'Alcimane. Samsa se redresse autant qu'elle le peut, Chien aux aguets. Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Il y en a d'autres ? Où est Alcimane ? Cette question finit par l'obséder.


-ALCIM... !

Tchac - GLING !

Samsa fait un pas en arrière, heurtée, plus surprise qu'autre chose. Sa jambe blessée faiblit mais elle tient bon, s'affaissant malgré tout, et si le dos ne lâche pas, c'est uniquement grâce à la musculature travaillée en permanence qui le tient nonobstant le douloureux blocage qu'elle ressent ; la chute ne se fera pas. Sa cotte de mailles, rivetée, vient de faire barrage à la flèche de piètre qualité, tirée de trop loin pour la transpercer. Cerbère s'en tirera avec un bleu qui ne lui rappelle que trop bien que sa bataille n'est pas terminée. Quelque part en son esprit, elle commence à comprendre que ces gens-là ne sont pas des brigands : ils ne leur ont jamais demandé leur argent.

_________________
Alcimane_
Dérive sur la droite.
Petit crochet sur la gauche.
Course.

Cachée derrière un arbre, elle ne peut qu'entendre l'appel de Samsa qui, ne doit pas être trop loin. Mais beaucoup trop à son goût. Les cours d'épée ont été un échec cuisant mais pourtant, elle s'est accrochée à l'idée de continuer de les suivre. Par fierté. Par refus de perdre la face à chaque combat, par fierté encore, aussi beaucoup et par conviction. Elle n'aimait pas la bagarre, ni tout ce qui pouvait s'y rapprocher. Quel plaisir pouvait-on trouver dans le défi physique ?

Gros arbre à gros tronc en vue.
Cachette parfaite.

Elle ne s'en rend pas compte mais son souffle ressemble à celui d'un troupeau de bœufs en fuite. Et elle tousse, beaucoup. Elle tousse parce qu'elle a envie de vomir ; résultat de la chute de cheval qui a fait percuté sa tête sur le sol. Des vertiges également qu'elle contrôle pour le moment. Elle se cale contre le tronc, tachant de compter 8 secondes en inspiration pour relâcher la pression. Elle a l'étrange sensation d’être oppressée comme la fois où elle a barboté dans son bain d'eau salé pendant deux jours. L'épouvante revient. Faut il se remettre à compter pour passer la panique ? A chercher des noms de bébé animaux ? A réciter les déclinaisons en latin ?

Gling c'est bien pour un bruit de flèche !
Gling donc !
Re gling !

Hercule et le maigrelet sont proches. Que peut elle faire avec une épée qu'elle ne maitrise qu'à moitié ? Partir d'un côté pour continuer la fuite ? Faire demi-tour pour retrouver Samsa ? Évidemment. Elle ferme les yeux pour reprendre contenance, mais ne pourra se retenir de vomir à nouveau. Grimaçant de douleur de son bras et maintenant de sa tête, elle se redresse et prend son courage à deux mains pour entamer une petite course en sens inverse.

Dérapage devant un buisson pour éviter la petite touffe d'ortie.

La Malemort aura l'impression d'avoir couru au moins deux kilomètres en moins de vingt secondes. A elle le record du monde. Sinon objectivement, elle aura parcouru tout au plus une centaine de mètres, totalement bancale, prenant appui sur chaque arbre à portée de main et gagner ainsi un micro mètre d'avance sur les assaillants qui sont juste derrière. Elle peut entendre le bruit de leur botte, leurs ricanements, leurs paroles et leur souffle dès qu'ils approchent. A croire que l'épée plantée dans le pied d'Hercule ne l'aura retenu que quelques minutes.

Quatre
Cinc
Sièis
Sèt

Et voila, dans les travers de la folie. Elle se secoue la tête machinalement pour cesser ce rituel absurde. Prise dans la spirale, elle ne se rend pas compte qu'Hercule lui a attrapé le bras violemment, pour la ramener vers lui. Le bras est blessé par la chute de cheval et semble rendre l'âme sous la pression de l'homme. Elle se crispe en retenant un cri et lui balance machinalement un coup dans le service trois pièces. Indiscutablement la meilleure défense. Beaucoup plus efficace que l'épée qu'elle tient toujours. Inutile. Le maigrelet aura juste le temps de lâcher un froid :


"- Jean Jack vient te baiser la joue."

Capitulation.
Blanc.
Torpeur.

Le temps que cela monte au cerveau, elle reçoit un coup de genou dans les côtelettes saignantes et se courbe, épée toujours en main. Rage intérieure en bouillonnement. Était il ici ? JJ pour les intimes, avait il envoyé seulement des sbires comme toujours ou prenait il plaisir à regarder un peu plus loin ?

Un cri du cœur est lâché dans la foret.

Pendant que le Hercule suffoque du coup de botte entre ses jambes, le maigrelet ricane devant elle et ça, ça la rend folle. Boiteuse, nauséeuse même et touchée, elle lui saute dessus sans ménagement. Les petits poings s'abattent sur le visage de l'homme, quasiment à califourchon sur lui. Toute une rage qui s'extériorise en une fraction de seconde. Bien sur qu'elle ne lui fait pas grand mal, mais par chance, elle arrive à le toucher de temps en temps, un réconfort mental. Son bras flanche de plus en plus, l'épée est lâchée pour mieux se défouler, la rage au ventre lui permet de crier et de pleurer par la même occasion. Le réconfort est de courte durée, puisque le Hercule est de nouveau relevé et attrape Alcy par le cou pour l’extirper de sa prise, et la jeter sur le côté, le tout clôturé par un coup de botte dans le ventre et dans le visage.

Ko technique.

_________________
Samsa
    "Je marche lentement dans la nuit, là, autour,
    Pour voir comment les rêves des gens meurent.
    Ils tombent doucement des fenêtres, tout autour,
    Et s'écrasent au sol comme du verre.
    Alors je regrette d'être si inutile dans ce monde menaçant ;
    Si seulement je pouvais le changer, un jour...
    La guerre n'est pas finie, tout le monde le sait."*



Les animaux apeurés ont deux façons de se défendre : ou bien ils fuient, ou bien ils font face. Proie ou prédateur, c'est toujours le même choix, ça ne dépend pas même de l'espèce, ni même d'un certain tempérament, car un loup dominant peut fuir tandis ce que son souffre-douleur restera pour montrer les crocs. Alors qu'est-ce qui déclenche l'une ou l'autre de ces deux réactions ? Qu'est-ce qui pousse un dominant à fuir et un sous-fifre à affronter, alors que ni l'un ni l'autre n'ont jamais vécu selon ces réactions respectives ? Vous avez quatre heures. Toujours est-il qu'à un bout de la prairie clairsemée, on se bat - plus pour longtemps - et qu'à l'autre, on court - plus pour longtemps non plus.

Sous les nouvelles flèches qui ont volé vers elle, Samsa a préféré s'abriter un peu derrière un arbre. Tenter le diable, même quand on se fait appeler Cerbère, n'est pas une glorieuse idée. Elle en profite pour reprendre son souffle et baisser la tête vers sa cuisse, dont le carmin tâche ses braies blanches. La plaie n'est pas profonde, le tissu n'est même pas poisseux. Si le muscle est touché, il n'en aura été que titillé. C'est une bonne nouvelle : ça veut dire que toute douleur venant de là ne sera que superficielle. Samsa retire sa barbute et la met sur la pointe de son épée qu'elle fait dépasser de l'arbre. Tchac - ... Manqué. Le bruit était assez proche et le temps entre la décoche et le passage de la flèche à proximité plus encore. L'homme ne doit être qu'à quelques mètres, "quinze mètres, peut-être vingt..." pense Samsa en remettant sa barbute sur sa tête après avoir essuyé une rigole de sang provenant d'une coupure légère au niveau d'un sourcil. Ressortir de sa cachette sera difficile : l'archer doit l'attendre, la flèche encochée, prêt à tirer. Cerbère respire fortement pour se donner du courage car c'est maintenant que tout se joue : soit elle est cueillie, et elle doit prier pour ne pas être touchée en un endroit critique, soit l'archer rate son tir et c'est lui qui est fichu.


-"Honneur, Courage, Loyauté" pardi. C'est parti.

Elle se décale du tronc protecteur et se met à courir immédiatement avant même de repérer son adversaire, essayant de zigzaguer autant que sa jambe lui permet de changer de direction. Tchac - ffsscchh ! Elle entend le projectile siffler à côté d'elle ; il n'aura pas réussi à anticiper sa trajectoire. Trois mètres. Il encoche de nouveau. Deux mètres. Le bras se lève. Un mètre. C'est elle qui tend le bras armé de son épée. Obligé de dévier la lame, l'homme n'aura pas eu le temps d'aller jusqu'au bout et la flèche tombe mollement à terre. Il tente de lui mettre un poing au niveau de la tête mais un pas en arrière de Samsa la fait esquiver. Il est encombré par son arc qu'il hésite à lâcher et qui ne fait de toute façon pas le poids face aux coups acérés de Samsa.

Il panique.
C'est le moment où il doit choisir de fuir ou d'affronter.

Il essaye de dégainer sa propre épée, courte, à sa taille, mais Cerbère n'est pas prête de lui laisser ce loisir. Il recule pour essayer de se donner de l'espace et y parvenir mais elle ne le laisse pas faire non plus, avançant en frappant de son épée qu'il bloque tant bien que mal de son arc proche de rendre l'âme. Derrière lui, un arbre qui l'acculera définitivement ; Samsa l'a remarquée. Tic, tac. L'archer ne trouvera aucune autre solution : heurtant l'arbre dans le dos, il aura tourné un peu la tête, surpris, et Cerbère lui aura mis un coup de taille au ventre. Les tissus, même en couche par ces temps très frais, ne l'auront pas protégé. Il tombe à genoux et s'écroule aux pieds de la Cerbère.

Son choix l'aura amené à mourir.

Libre de toute menace imminente, elle renverse la tête en arrière, grimaçante de douleur. Son dos la fait horriblement souffrir et son épaule la lance méchamment. Autour d'elle, il n'y a personne. Pas un bruit, autre que ceux de la nuit qui est définitivement tombée.


-D'accord, Cerbère... c'est le moment de lécher tes plaies... chuchote-t-elle pour elle-même.

Après avoir rengainé épée et couteau, de son bras droit, elle retire le bouclier porté en bandoulière à son épaule gauche démise et tâche de la tâter un peu pour l'évaluer. Samsa n'est pas médecin, elle en est très loin. Pour autant, brave Combattante, elle sait recoudre une plaie, cautériser au fer chauffé à blanc, faire une attelle, et remettre certaines articulations en place. Toutes les guerres n'ont pas de médecins, et toutes les batailles ne les rendent pas disponibles. Samsa se penche et défait la ceinture du cadavre tout juste tué, faisant de même avec la corde de son arc. En nouant les deux, elle obtient un lien assez long qu'elle attache ensuite autour du tronc d'arbre ayant bloqué son adversaire plus tôt. Elle l'attrape de sa main gauche et se place de façon à former un angle droit avec son bras, avant de venir mettre un morceau de son col dans sa bouche, pas dupe quant à la douleur qui va la prendre. Lentement, elle se décale, étant moteur de la traction qu'elle exerce sur son épaule pour remettre l'os en place, hurlant muettement dans son bâillon volontaire. Elle pourrait s'évanouir de douleur, c'est certain, mais elle s'accroche à sa conscience, obsédée par Alcimane qui a disparu et qu'elle doit retrouver. Puis, la douleur s'apaise brusquement et elle relâche, essoufflée par celle-ci, reprenant ses esprits. La mobilité de l'articulation n'est pas parfaite, ni indolore, mais ça ira. Elle remet son bouclier en bandoulière et perçoit alors un cri à glacer le sang. La rage ou l'horreur, elle-même ne parvient pas à le déterminer. Ce qu'elle détermine, en revanche, c'est qu'il s'agit d'Alcimane.


-ALCIMAAAAANE ! Pas de réponse. Samsa commence à marcher vers le bois d'où provenait le cri. AAAALCIMAAAANE PARDI !

Elle est loin de se douter que, des marauds, il y en a encore en vie, et qui ils sont. Terrifiée à l'idée qu'Alcimane soit violée ou torturée, voire en train d'être mise à exécution, Cerbère se met à courir, aussi vite que son corps le lui permet. Aussi vite que la distance jusqu'au bois lui intime de garder de force pour ne pas s'effondrer bêtement avant. Elle l'appelle encore dans sa course, la voix tremblante de peur, priant intérieurement pour une réponse qu'elle n'obtient pas. Son cœur bat si fort sous l'effort et l'angoisse qu'elle pourrait s'effondrer, elle en est sûre. Vaillant, pourtant, il combat les films où le cerveau excelle pour le recentrer sur une seule émotion : la colère. La hargne, la rage, la haine, qu'on puisse faire du mal à sa compagne. Cerbère ne le tolère pas. Quand on fuit, la peur donne des ailes, mais quand on affronte, elle paralyse et coupe les jambes. La colère, au contraire, galvanise ; c'est un carburant très puissant, mais également très corrosif pour l'intérieur. Samsa le sait et c'est en toute connaissance de cause qu'elle vit à travers elle. Et peu lui importe, aujourd'hui, que la colère soit un péché ou une émotion éprouvante pour l'être, car aujourd'hui, comme hier, c'est ce qui active ses jambes, et c'est bien tout ce qui compte dans cette course vers Alcimane.


* = paroles traduites de Valters & Kaža - The war is not over

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Alcimane_
Samsaaaaaaa ! Pense t'elle hurler. Je suis là pardi. Que faites vos berdol ? Ah, vos voila ! Elle lui adresse un sourire amoureux et bienveillant. Vos saviez que plus lo fromage sent mauvais, plus il est bon ? Alors que ce n'est pas lo cas du poisson. C'est très filou la différence.

Je vos assure que s'il sent fort, fuyez lo.


Elle hocha la tête dans son rêve.

Alors, reposez moi ces sardines je vos prie, elles sentent la bouse de vache. Prenez plustot du saucisson aux noisettes.

Le Ko technique dure quelques minutes. Bien trop longue inconsciente à son goût. Que se passe t'il pendant qu'elle sommeille ? Plein de chose. Hercule l'attrape par le dessous des bras pour la tirer un peu plus loin, pendant que le gringalet récupère l'épée d'Alcy. Épée facilement reconnaissable puisqu'elle est gravée dans le fer de ses initiales ; cadeau de sa mère. Légère et équilibrée. Sa mère lui avait faite celle ci quasiment sur mesure, pour être certaine qu'une os de la Malemort ne se casse pas en combat. Il juge nécessaire de la jeter en chemin dans un petit bruit.

Le corps inerte est relâché sur le sol, et la tête répercute à nouveau les cailloux. Sa chemise est ouverte par Hercule dans un rire satanique qui finit par la sortir de sa torpeur. Lentement, elle revient à elle pour remuer les doigts et les jambes. La main valide se porte à son crâne ; aïe.


Lo fromage ? Confusion des genres. Elle ne voulait pas dire ça. Màs.

C'est sa réaction lorsqu'elle se rend compte être quasiment torse nu devant un homme, puis deux. Brrr. Machinalement, elle referme sa chemise avant de se reprendre un coup de botte dans le ventre puis dans le visage. Et non, elle ne repart pas Ko, mais bien en toux. Presque à s'en faire vomir une nouvelle fois et d'agiter les pieds pour le faire reculer. Puis elle se tourne et finit par cracher au sol, laissant couler une petite marre de sang.

Samsa ?

La réponse ne tarde pas, et elle reçoit une réponse inattendue du gringalet qui vient l'embrasser au moment même où elle redressait la tête. Mon petit pote, pensa t'elle, tu n'aurais jamais du faire ça ! Elle ressert les dents et lui croque violemment la lèvre pour s'en défaire.

Non ! Vos avez déchiré mon gilet, andouille.

Son gilet tout neuf. Ça, c'est non ! Aïe, ouille. Hercule lui appuis sur l'épaule de derrière, se penchant au dessus d'elle. Son bras valide se lève jusqu'à la ceinture de l'homme pour lui prendre son couteau et dans un geste d'espoir infime, elle lui plante dans le ventre entièrement. Le gringalet remit de sa morsure commence à défaire ses propres braies pendant qu'Hercule tombe sur Alcy. Sandwich sanglant. Elle se débat comme une dératée, fermant ses jambes, imaginant déjà tourner de l’œil et se réveiller enceinte. Mais, par manque d'air, puisqu'un loubard se trouve sur elle, elle pâlit et tourne de l’œil à nouveau.

Pfeu, je ...

Suffoque était le mot.
Second round. Ko.

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Samsa
    "Promenons-nous dans les bois
    Pendant que le loup n'y est pas,
    Si le loup y était
    Il nous mangerait.
    Je le boufferais."
    (Comptine française - Promenons-nous dans les bois (revisitée))



Le bois est atteint, bon an mal an, et Samsa s'arrête à l'orée pour reprendre son souffle. Ses poumons commencent à la brûler et sa vision se floute légèrement alors que la sueur se mêle au sang. Le cœur, lui, pompe au maximum de ses capacités mais ce n'est bien sûr pas assez ; l'esprit est illimité. Le corps, beaucoup moins. Forcée malgré elle à une minute de repos, debout, c'est peu fraîche que Samsa repart. Elle n'arrive plus à ne serait-ce que trottiner et ce ralentissement l'oblige à prêter attention à son environnement. Du bruit ? Pas de bruit. Aucune silhouette alentour. C'est comme si Alcimane s'était envolée, disparue. Soudainement, Samsa se demande si elle est au bon endroit ; a-t-elle prise la bonne direction ? Au hasard, elle marche, appelle de temps Alcimane à voix basse, sait-on jamais. Elle récupère, pendant ce temps.

Frcht.

Elle a heurté du pied quelque chose qui a fait bouger les feuilles mortes tapissant le sol en ce début d'automne. Cerbère baisse les yeux : c'est une épée. Elle est probablement sur la bonne voie. Incapable de se baisser pour la ramasser, elle descend lentement un genou à terre, gardant le dos droit, pour la récupérer avant de se relever. C'est une épée très légère, une qui n'irait certainement pas à Samsa par conséquent, qui a besoin, elle, d'une épée au poids intermédiaire voire tirant un peu vers le lourd. Forgeronne de métier, combattante de passion, elle observe l'arme pour en apprendre plus sur son propriétaire et ainsi potentiellement sur son adversaire : c'est une lame de longueur intermédiaire. La personne doit faire sa taille ou un peu plus grande. Légère, ce doit être un gabarit assez sec, peu en muscles, au style de combat plus rapide que puissant en tout cas. Il n'y a pas de sang sur la lame, c'est une bonne nouvelle, et c'est à l'occasion de cet examen qu'elle remarque les initiales gravées. L'épée prend alors tout son identité : c'est celle d'Alcimane. Elle a beau ne pas être très douée à son maniement, jamais Alcimane ne l'aurait abandonnée. Cette fois, c'est sûr, elle est au bon endroit. Rapidement, elle balaye les lieux du regard, cherchant - elle le craint - un corps plus qu'une personne debout. Rien. Mais au sol, les feuilles mortes forment un tracé, comme si quelqu'un avait été trainé. Inutile de se demander qui.

Samsa commence à suivre les traces, les yeux rivés sur celles-ci. Elle se jure que quand tout ça sera fini, elle s'allongera au sol et y restera au moins trois heures pour récupérer. Un autre hurlement se fait entendre, masculin celui-ci. Samsa glisse l'épée d'Alcimane dans son fourreau, reprenant son épée à la place, et recommence à courir à bonne allure. Lorsqu'elle aperçoit enfin une silhouette debout, il y a devant celle-ci un corps, peut-être deux. Pas de mouvements. Sont-ils morts ? Les foulées s'accélèrent, portent et élancent autant qu'elles le peuvent. La colère et la peur la rendent folle. Quand elle arrive proche de l'homme, elle devine ce qu'il s'apprête à faire alors que, prêt, il a repoussé le corps du Hercule tombé sur Alcimane pour avoir toute latitude à son forfait. La fureur est trop grande, elle fait disjoncter l'esprit de Samsa, appelant "Cerbère" à la barre. "Cerbère" se moque de tout : la douleur, les limites, les émotions. "Il" est au-dessus de tout ça, "il" est la démonstration de ce que l'esprit peut être au-delà de l'imaginable.

Épaule gauche en avant alors que c'est la plus fragile, l'épée repliée sous le même bras, Samsa charge. "Cerbère" charge. Ses foulées sont rapides et puissantes malgré la douleur déjà présente, et "il" heurte sans ménagement le gringalet trop occupé à s'imaginer le plaisir prochain qu'il allait prendre. L'impact est violent, le choc tout autant, et si l'homme peu massif est projeté quelques mètres plus loin, "Cerbère" hurle de douleur et s'effondre, terrassée par la souffrance causée à son épaule et à son dos. La chute ramène Samsa à elle-même mais, étendue sur le ventre, elle souffre tellement qu'elle s'en retrouve paralysée. Il n'y a guère que le haut du dos qu'elle peut mouvoir et se sert donc de son bras droit pour se tirer peu à peu vers Alcimane, gémissante de douleur. Le bras tendu, elle la secoue un peu à l'épaule. Derrière elle, le gringalet sonné par la charge qu'il a pris et immobile au sol, ne tardera pas à reprendre ses esprits.


-Alcy... Elle respire. Samsa se rassure sur son état mais s'agite tout de même en jetant un coup d’œil derrière elle. Alcy, réveillez-vous pardi. Alcy ! insiste-t-elle en la secouant plus fort. Elle laisse son front tomber doucement contre le sol, épuisée, percluse de douleur. La position lui est confortable, c'est le seul point positif actuellement. Mollement, Samsa continue de secouer un peu Alcimane. Réveillez-vous...
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Alcimane_
"Alcy réveillez vous ...
Màs laissez moi enfin !"


Mais enfin ! Pourquoi vient on la réveiller alors qu'elle est en pleine nuit sur son matelas de plume bleue ? Qui ose déjà ? Les nuits sont déjà agitées la plupart du temps, alors, dès qu'on lui octroyait quelques heures méritées de sommeil, il fallait la laisser terminer son cycle. Souvent. Non toujours, elle était réveillée avant Samsa. Cette dernière était une vraie marmotte à l'inverse de la Malemort qui ne veillait pas très tard mais qui se levait très tôt. Un cercle vicieux qu'elle avait tenté de rompre en tentant de veiller plus tard le soir pour dormir d'avantage le matin. En vain.

"Alcy"
Mais berdol !


Sur le dos, elle est agréablement bien étrangement. Elle commence à respirer de mieux en mieux sans doute parce que Hercule est tombé sur le côté et que Samsa vient de dégager dans son camps, le maigrelet. La Malemort pourrait presque ronronner. Presque, parce que dès lors qu'elle envisage de bouger le bras droit, c'est retour à la réalité. Elle remue juste les doigts par acquis de conscience qu'elle n'a pas un moignon à la place de sa main. Elle se redresse un peu, refermant sa chemise comme elle peut et se tient irrépressiblement les côtes. Sa tête a du percuter le sol pendant sa chute de cheval mais elle n'en a pas de souvenir.


Samsa ? Dit elle une main sur sa tête.

Ça tourne pas rond. Va t'elle vomir sur le champs ? Surement un peu après. Elle ne se rappelle pas non plus avoir tué le premier homme. Dieu sait que si elle s'en rappelle, elle va vriller. En tout cas, sa main est tremblante lorsqu'elle aperçoit le corps de Samsa à côté ? Morte ?

Samsa !

Le maigrelet semble retrouver ses esprits mais Alcy semble plus préoccupée à secouer à son tour la Cerbère. Il lui faut quelques minutes pour sursauter aux bruits des pas et des gémissements du maigrelet. Son regard se pose longuement sur l'arme du Cerbère qui ne semble pas apte à se relever. Machinalement et paniquée, la Malemort se saisit de l'épée de Samsa qu'elle voit à portée de main. Et se retourne promptement.

Mon dieu, mais qu'est ce que tu fais ?

L'épée doit peser au moins 70 kilos .. ou un peu moins ! L'adrénaline de la survie pour quelqu'un d'autre qu'elle. C'est la première fois qu'elle peut ressentir ce sentiment. Concrètement, elle n'y voyait pas de mal de passer l'arme à gauche, mais pas pour Samsa. Elle avait encore beaucoup à faire sur cette maudite terre. Elle n'avait même pas commencé sa grandeur.


N'approchez pas. Le ton est sec mais fébrile.

Menace de haut vol. Mais, Alcy se retrouve debout, campée sur ses jambes fragiles, et se met entre Samsa et lui. L'épée est tendue difficilement, prête à en découdre. Son regard se pose sur Samsa encore et toujours et ses sourcils se froncent. Elle n'a pas de rage ni de colère, simplement de la peur. Pendant le furtif regard à sa compagne, Il se jette sur elle contre toute attente et elle rebascule sous le choc et le poids. L'épée est plantée dans le ventre de l'homme au dessus d'elle, sans qu'elle n'y fasse réellement attention. Elle peut sentir un liquide chaud et carmin lui couler dessus.

Plus bouger.
S'il est mort, ça fait d'elle une meurtrière ?
Elle ira en enfer pour ça !

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Samsa
    "Minuit passé déjà,
    Le feu s'est éteint
    Et je sens le sommeil qui gagne du terrain.
    On ne doit pas trop tarder,
    Tout à l'heure il faudra se lever aux aurores
    Et partir."
    ( Fauve - Révérence)



Des deux, oui, Alcimane s'endormait toujours la première. Elle se couchait quelques heures après le soleil et se levait avec ou peu après lui, selon les endroits de couchage. Samsa, elle, ne se couchait bien souvent qu'au milieu de la nuit, après avoir travaillé sous les étoiles, dans le calme le plus absolu ; c'est ce qu'elle avait trouvé de mieux pour mordre la vie à pleine dents, profiter des gens le jour et travailler souvent dans la plénitude de la nuit, dormant le matin quand ils se réveillaient pour faire leur propre travail, s'ils ne restaient pas en leur couche pour dormir un peu plus. Elle faisait toutefois, à ces habitudes pas très bonnes pour la santé, des exceptions assez nombreuses afin de profiter de moments privilégiés avec Alcimane.
Pour cette fois, elle s'endort la première. La douleur et l'épuisement la tirent dans les limbes. Cerbère est à terre.

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Il n'y a rien, ici. Il ne fait ni froid, ni chaud. Les ténèbres l'enveloppent mais elle y voit. Il n'y a pas de sol mais elle ne tombe pas. Ici, elle n'a pas mal ; elle ne sent rien du tout. Ce n'est pas un endroit qu'elle connait, ce ne sont donc pas les portes de la Mort. D'ailleurs personne n'est là.

-Çaaaaaaaa s'en va et ça revient ! Cerbère déchicte de l'angevin, la la la la.

Putain, c'est Felip ça ! C'est sa voix ! Samsa regarde autour d'elle alors qu'une autre voix résonne : "C'est que Samsa a la tête de fer. Point besoin de casque sur les champs de bataille tant son crâne est solide." Lucie. Les larmes viennent aux yeux de Samsa qui se met à pleurer, elle ne sait pas si c'est de joie ou de chagrin ; cette blessure-là est encore vive. Inconsolable.

-Paraît qu'elle a buté 1000 angevins avec pour seule arme une mâchoire de poney !

Elle rigole un peu, cette fois, séchant ses larmes. Delfezzo. On en faisait plus, des personnes comme lui. Hé, le provençard ! Laisse tomber le rosé, le rouge, c'est mieux. "Voilà... quelle rebelle, la Samsanou". Robin. Merde. Près de dix ans qu'elle n'avait pas entendu cette voix. Mais il est temps de sortir d'ici, peu importe où "ici" est. Il y a, dans la réalité, d'autres combats à mener et Alcimane doit l'attendre. Il faut que Samsa sache si elle va bien, aussi, et elles ont encore tant de choses à faire et à vivre. Cerbère n'a quand même pas pu tomber au combat ! Pas celui-là ! Pas aujourd'hui ! Jamais. C'est bien, jamais.

-Objectivement ... Sam a une durée de vie de 20 min supplémentaire sur un champ de bataille !

Ouais, voilà ! Merci, Bubulle. Et puis on ne meurt pas d'une épaule démise et d'un lumbago. Donc tout va bien.
Retour à la réalité.

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Cerbère qui était simplement tombée dans les pommes sous le coup de la douleur rouvre doucement les yeux. Son esprit en a connu des vertes et des pas mûres dans le passé, ce qui la rend sans doute plus sensible aux rêves. Des râles lui parviennent, pas très loin d'elle, et elle tourne lentement la tête. L'homme qu'elle a chargé est à terre et il se tient le ventre. Samsa devine une plaie béante dessous ; l'odeur du sang est partout. Alcimane est là aussi et Cerbère se traine un peu jusqu'à elle, ses mouvements lui arrachant souvent des sons de douleur. Elle pourrait probablement se relever mais la blessure de son dos la lance tellement qu'elle préfère faire autrement, tant qu'elle le peut.

-Alcimane... ? Vous allez bien pardi ?

Difficile de voir, dans la nuit. Cerbère a retrouvé son souffle pendant sa pause involontaire. De son bras valide, elle retire sa barbute qui entrave sa vision et lui est inconfortable, essuyant ensuite son visage comme elle peut contre ce premier.

-Il faut faire un feu. Se réchauffer et y voir plus clair. Se rassurer. Un silence. Samsa demande : voulez-vous qu'il parle té ?

Elle ignore tout de la motivation de ces personnes-là. Ce qu'elle sait en revanche, et qu'elle rabâche dans sa tête, c'est qu'ils n'ont jamais demandé d'argent. Attendaient-ils de les tuer pour s'emparer de leurs richesses ? Quelle idée d'avoir tiré dans Guerroyant, en ce cas, et quel choix idiot de ne pas s'être enfuis quand ils le pouvaient. Il y a forcément quelque chose derrière tout cela : sont-ils là pour Alcimane ou pour elle ? Des marchands d'esclaves ? Ils auraient essayé de ne pas les tuer.
Alors s'il faut qu'il parle, Samsa est prête. Ancienne tueuse à gages, la torture est une discipline qui ne lui est pas inconnue. Il suffit d'un peu d'imagination et d'une bonne dose de haine - si peu pour souiller son âme. Samsa n'a pas envie qu'Alcimane y mette les mains ; il n'y a rien de bon là-dedans. Mais le choix ne lui revient pas.

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Alcimane_
C'est le néant dans la tête de l'assassine ; elle se considère bien comme ça maintenant. Un coup d'épée et c'est une meurtrière. N'avait il pas commencé en premier ? Devenait elle une sanguinaire maintenant qu'elle avait gouté au sang ? On lui avait souvent rabâché qu'un chien qui avait gouté au sang, en réclamé encore. Pourvu que cette théorie ne soit applicable qu'aux chiens. Sa chemise est maculée de sang. Pas le sien, mais bien de l'homme qui a été poignardé et qui maintenant, agonise.

L'épée de Cerbère est lâchée maladroitement dès que l'homme se recule. Les mains, de la Malemort, tremblent de panique. Elle se penche en avant, retenant une remontée, les yeux fermés. Sa tête joue une symphonie aiguë en plein festival en période estivale. Machinalement, son bras droit se plie pour se mettre dans une position plus confortable.

Ne pas vomir.
Non, tu retiens.


Un feu oc. Il était clair que les autres zigotos étaient morts sous la patte experte du Cerbère. Elle se redressa, à la limite de retomber.

Froidement, elle termina par répondre.

Laissez lo agoniser dans son propre sang. Qu'il meurt lentement. Tout seul. Dans lo froid. Il avait salit son gilet après tout. Bousillé même. Il ne méritait pas de vivre. Et puis clairement, Alcy savait parfaitement le pourquoi de leur venue et, elle ne voulait pas mêler Samsa à cette histoire. Histoire qu'elle avait refoulé deux fois au plus profond d'elle. Ça serait sans doute possible une troisième fois.

Le maigrelet reculait lentement pendant que les deux femmes discutaient. Comme si elles étaient en pleine partie de thé devant un gâteau, à se demander qui mange le dernier. A coup sur, Samsa. Quoi qu'en sucré, Alcy était largement à la hauteur de sa compagne.


Laissez lo filer. Il va mourir plus loin. Les charognards vont lo terminer. Dit elle en s'essuyant le visage puis en tapotant son gilet totalement foutu. C'était plus une façon de se rassurer plus que de pleurer son vêtement. Elle rapprocha, du pied, trois brindilles et quatre feuilles pour faire une semblant de feu. Vraiment lamentable. Je vos laisse allumer, je vais la bas ... voir si je trouve du bois plus gros.

Et elle profita de l'excuse du feu pour s'éloigner de quelques mètres. Il était temps de rendre tripes et boyaux. Le ventre tendu, la tête au bord de l'implosion. Elle en cracha du sang pour terminer cette phase romantique. Et termina en concluant par des sanglots d'angoisses.

Le temps de se reprendre, quelques longues minutes, à l'écart avant de revenir comme si de rien n'était aux côté de Samsa.


Est ce que ça va ?
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Samsa
    "Le feu contre le feu, normalement, nous tuerait
    Mais c'est un énorme désir,
    Ensemble, nous sommes vainqueurs.
    Ils disent qu'on est incontrôlables,
    Certains disent même qu'on est des pécheurs,
    Mais ne les laisse pas détruire nos rythmes merveilleux."*


La réponse d'Alcimane est froide et même si Samsa ne s'attendait pas à un autre ton, elle en est pourtant surprise, sans doute parce que c'est la première fois qu'elle la voit confrontée à cette situation. Le laisser mourir, sans rien chercher à savoir : Alcimane en savait-elle plus que Samsa ou était-elle simplement prise au dépourvu ? Toujours étendue sur le ventre, Samsa regarde sa compagne réunir de quoi à peine allumer un feu avant de s'éloigner. Son attention se reporte alors sur l'homme fuyant misérablement en se trainant, laissant une coulée carmine au sol. Un instant, Cerbère hésite à ramper vers lui pour l'achever et être ainsi certaine qu'il ne s'en remettra jamais mais la quantité qu'il perd lui indique que cette fatalité a les plus grandes probabilités d'arriver. Elle n'ira donc pas s'échiner à quelques dernières batailles et pendant qu'Alcimane rend encore le contenu de son estomac, Cerbère se couche sur un flanc avec des râles de douleur. De son bras valide, elle tire la pierre à feu de la sacoche à sa ceinture et tente, tant bien que mal, de produire des étincelles. A une main, peine perdue. Elle essaye en tenant l'autre pierre de son bras douloureux mais, là encore, l'échec vient couronner la tentative.

-L'épaule gauche démise et le bas du dos en bouillie mais je peux toujours marcher alors ça va passer. Ça va pardi. La position allongée est une simple commodité ; tant qu'elle peut encore se battre après, tout va bien. Alcimane revenue à portée, Samsa pose doucement sa main droite sur la sienne. Est-ce que ça va, vous... ? Ils vous ont fait du mal pardi ?

Il n'y a toujours pas de feu. Plus loin, elles peuvent entendre encore un peu le dernier homme agoniser, en concert avec les bruits nocturnes, et l'odeur du sang et de la mort emplie les narines. C'est loin de ce qu'un champ de bataille peut sentir mais on commence, là, à en dessiner les contours les plus primaires. Le froid commence à refroidir les muscles et ce n'est pas très bon.

-Vous pourriez... m'aider à remettre ça en place, s'il vous plaît té ? Je ne crois pas que je pourrais le refaire seule... Il faudrait juste tirer mon bras. J'ai retrouvé votre épée en chemin, aussi, et... ils ne vous ont rien demandée... ?

Samsa ne soupçonne pas qui ils sont, d'où ils viennent. Toute l'histoire derrière, Alcimane ne lui en a jamais vraiment parlé et Cerbère n'a jamais cherché à enfoncer la porte, même si la colère et l'inquiétude ont pu l'étreindre et se rappeler parfois à son bon souvenir. C'est une question de respect et c'est dessus que Samsa veut poser les bases. Si sa compagne désire s'en ouvrir un jour, elle trouvera toujours en Cerbère une alliée de taille et de poids prête à la suivre dans tous ses combats. En l'absence, elle garde ses arrières, car on ne saurait enseigner à un Chien de Garde à fermer les yeux, au contraire de la possibilité qu'on a de lui apprendre à ne pas aboyer.

* = paroles traduites de Sam Smith - Fire on fire

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Alcimane_
Si Samsa ne fait pas de feu, ce n'est pas Alcy qui va le faire. Elle serait capable de se couper le poignet avec un caillou et de se vider de son sang. Triste mort. Après avoir survécu surtout. Ça serait couillon. Vivement que le briquet soit inventé. En attendant, elles tâtonneraient dans le noir. La lune permet de discerner un peu la silhouette du Cerbère mais sans plus. Alcy ne se rend pas compte de ce qu'il vient de se passer. Encore dans un état de torpeur et de "si je n'y pense pas, ça n'est pas arrivé".

Elle hausse donc une épaule, désabusée.


Ça va. Mon gilet est mort. Il lui faudra bien plusieurs jours pour s'en remettre, de cette terrible nouvelle.

Parfois, il y a ces "je vais bien" qui hurle à l'agonie que "non". Mais, elle n'en dira rien pour le moment. Elle acquiesce doucement.


Mon épée ... ah oc. Elle n'a pas été d'une grande aide ceci dit. Remettons cette épaule, vos devriez vos appuyer sur un arbre en dossier. Ensuite, si cela ne vos dérange pas, nos irons plus loin per un feu. Ça sent la mort ici.

Pour une fois, elle savait faire. Combien de fois, enfant, elle avait chuté de cheval et avait eu l'épaule démise ? Elle connaissait la marche à suivre. Douloureuse à froid mais gérable à chaud. Il ne fallait donc pas attendre trop longtemps. Combien de fois avait elle joué les apprentis médecins avec la flopée de frère et sœur qu'elle avait ? Doucement, elle aida Samsa à se redresser et à reculer de quelques mètres pour venir s'appuyer sur un chêne centenaire.

Parler. Ça aide.

Alcy prit le bras de la blessée doucement sans y tirer dessus pour le moment.


Laissez moi faire te. Je maitrise parfaitement cette manœuvre. Et personne n'est devenu manchot. Bon la plupart du temps ... hum non oubliez. C'est à ce moment là qu'elle se rappela qu'elle avait le bras droit en compote. Peut être même de la bouillie. Tant pis. Histoire de noyer le poisson, elle tâta l'épaule démise ; concentration extrême mais juste pour faire genre. Le bras de Samsa fut prit correctement et serré.

Guerroyant n'a rien ?

Trois ...

Et j'ai perdu Chiron.

Deux ... Main droite posée sur l'épaule démise. Bras gauche en train de tendre son homologue. Elle tire d'un coup sec et fort dessus. Le petit bruit du "clack" l'aurait presque satisfait.

Réparée ! Ne couinez pas et mettez vostre patte ... attendez. Elle retira sa propre écharpe qu'elle positionna pour Samsa pour lui faire un soutien avec. Un vrai médecin, elle avait loupé sa vocation. La, posez vostre patoune dedans, ça va la relever un peu, ça soulagera.

Et la Malemort se redressa lentement, ramassant son épée. Puis celle de Samsa.

Venez, il doit bien y avoir une auberge dans les parages. On ne peut pas rester dehors. Vos pouvez marcher ? Je ne pourrai pas vos porter. Évidement que non.
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Samsa
    "Enfant de l'Homme, regarde au ciel :
    En élevant ton esprit
    Tu atteindras l'arc-en-ciel.
    Enfant de l'Homme, tu deviendras un Homme."
    (Phil Collins - Enfant de l'Homme)



Ça va. Son gilet est mort. Samsa connait cet état, assimilable à celui de la sidération. Les jeunes soldats l'avaient souvent, et certains se mettaient ainsi à bloquer sur des obsessions futiles ou à vouloir faire le ménage à tout prix. Elle en avait même vu qui, s'étant retrouvés éclaboussés d'un sang qui n'était pas le leur, s'était mis à frotter leur peau de façon frénétique jusqu'à saigner eux-mêmes pour de bon. Alcimane faisait une fixation sur son gilet et il convenait de ne pas la brusquer ; l'esprit est un mécanisme fragile.
Samsa suit le conseil d'Alcimane, se redressant avec peine et râles de douleur par ces lombaires qui la déchirent, et s'appuie contre l'arbre le plus proche en soufflant pour chasser la douleur. Elle ne sait pas du tout si Alcimane est sérieuse quand elle dit qu'elle sait remettre une épaule en place mais cela la lance tellement qu'elle est prête à tenter. Et puis un peu de confiance, merde ! ... Elle a dit quoi après "la plupart du temps" ?


-Ils l'ont blessé pardi. Il est tombé avec moi mais s'est relevé et il s'est enfui.
Chiron va b-AAAAHH ! PUTAIN DE MERDE TÉ !


Ça faisait un mal de chien ! Une flopée de jurons tous plus inventifs les uns que les autres fut lâchée, ne se tarissant qu'une fois le bras dans l'écharpe. Ce sont des douleurs relativement courantes pour une combattante mais Samsa ne s'y habituait pas. Heureusement, dans un sens.

-Je peux marcher pardi.

Même avec une jambe en miettes et la dernière cheville pétée, Samsa le pourrait. L'adrénaline dans son sang est puissante et son mental est d'acier. La douleur, qu'est-ce, finalement ? Rien de plus qu'une alarme. Certains y sont plus sensibles que d'autres de nature et le reste est un travail de l'esprit.
Un peu claudiquante du fait de sa blessure à la cuisse, elle essaye de se repérer aux étoiles pour avoir le plus de probabilités de tomber sur un chemin. Perdues dans la forêt, à la frontière angevine, les deux femmes déambulent un moment. Un quart d'heure, sans doute plus, quand des bruits de déplacement se font entendre. Cerbère s'arrête, sur le qui-vive.


-Vous avez entendu... ?

Les feuilles se froissent sous les pas et les ombres semblent se mouvoir dans l'obscurité. Lentement, Samsa vient reprendre son épée que tenait Alcimane, guettant. Un autre son, plus reconnaissable, se fait entendre : celui d'un quadrupède au trot. Mais est-ce le vent ? De légers couinements confirment qu'il s'agit bien d'animaux non loin. L'un s'emballe et ils arrivent vers Alcimane et Samsa qui regarde immédiatement s'ils ont des cavaliers. Aucun. Et pour cause, il s'agit de Guerroyant et de Chiron.

-Oh-oooh !

Une rêne est attrapée au vol après avoir lâché l'épée par réflexe sans qu'elle sache de quelle monture il s'agit vraiment. Emportée un peu par l'élan équestre, elle recule de quelques pas mais tient bon. Un cheval de récupéré. Elle met quelques secondes à le calmer suffisamment pour mettre son attention ailleurs.

-Vous avez eu l'autre pardi ? demande-t-elle à Alcimane en essayant d'éviter que l'animal paniqué qu'elle tient ne lui tourne autour.
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Alcimane_
Non, elle n'entend rien parce qu'elle n'est plus vraiment là.
Ne pas vomir.
Marche droit devant toi, comme Dory.
Ne pas vomir.

Elle déambule derrière Samsa, guidée par ses pas, qu'elle repère moins surs que d'habitude. Avait elle mal quelque part d'autre qu'au dos ? Sans doute que si elle prenait la peine de baisser le regard, elle pourrait voir la cuisse du Cerbère. Mais non, elle fixe le dos de sa compagne pour avoir un point de repaire.

Un lourd sursaut la fait tressaillir et grimacer, à l'approche des deux chevaux. Même pas un sourire de retrouver les deux pépères tranquillement ensemble. Chiron ralentit la cadence sans qu'elle n'est à l'attraper au vol. De toute façon, elle en aurait été bien incapable physiquement ou moralement. Elle marche par simple réflexe de survie. De nature calme, le cheval de la Malemort semble apaisé lorsque leurs regards se croisent. La jeune femme perd pied mais l'équidé semble l'apaiser quelques secondes.


C'est moi qu'ils veulent. La joue balafrée est touchée. Séquelle au combien présente et re-ouverte à l'instant. La première fois par un Jean-Jack en personne pour cette magnifique balafre. Une seconde fois, via la main de Rouge Gorge. Finalement, la seconde attaque avait été plus brutale moralement.

Bien sur que c'est toi qu'ils veulent. Qui aurait l'audace de s'en prendre à une guerrière comme Samsa ? Sous peine de se faire déchiqueter d'un coup de croc, éviscérer d'un coup de griffe, trainer dans la boue par la patoune pour finalement être abandonné dans un trou ? Personne ne veut ça. Personne ne veut finir en os rongé par un animal à trois tête.

Oublié la douleur. Elle panique. Son gilet est terminé d'être déchiré maladroitement, d'une main gauche valide. Puis de la droite, qui lui arrache un cri de douleur. Puis des larmes. Il faut sortir ce gilet.


Sortez moi cette chose. Il faut imaginer qu'elle hurle d'un coup. Avec des mouvements incontrôlables. La sérénité naturelle a filé au grand galop pour un état de panique. Et plus elle s'agite, plus à elle mal au crâne et puis elle dérape. Chiron lui permet de tenir debout, le bougre ne daigne pas s'éloigner. Brave bête.

Je crois que j'ai lo poignet cassé.
J'ai autre chose de casser ? Vos voyez quelque chose ?
J'ai la tête fendue ?
Au moins oui ! Nerveusement, elle passe sa main dans ses cheveux, s'assurant qu'aucun liquide carmin n'en coule. Rien bien sur. Juste le choc de la chute. Où est Chiron ? Juste à côté.

Et vos, vos boitez ! Perqué vos boitez ? Bientôt, ça va être la faute de Samsa ! Est ce que je dois compter ? JE DOIS ? Samsa l'ignore, mais durant sa séquestration, son esprit avait trouvé refuge dans des cases pour garder le cap. Compter, réciter du latin, trouver des bébés animaux. Tout était bon pour faire marcher son cerveau.

Et quand l'esprit souffre, c'est le black out.
Elle s'effondre sur le sol. Voila, fais dodo et tais toi.

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