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[RP] Tirer sans augure

Jhoannes
Un feu de fortune. Un barbu qui le fixe. Et dans ses mains des cartes, des cartes à jouer, les têtes illustrées par les personnages d'un conte brouillon dont la fin lui échappe. Les cartes au feu, une par une. Il voudrait que leurs souvenirs brûlent avec, et s'envolent dans le non-lieu du passé. Et chevillées à ces bouts de mémoire les questions, aussi, et surtout les réponses qui ne viendront jamais, ça au moins il sait.


Roi de trèfle, un ogre perché en haut d'un château. Les barrières tombées, puis remontées, plus haut que jamais. De l'incompréhension, il comprend pas, qu'il se dit en boucle, et les boucles c'est mauvais. Il comprend pas, les yeux verts, perdu dedans, et puis les yeux verts qu'il reconnaît plus. Ou qui ne le reconnaissent plus. Des arbres abattus pour assombrir les routes claires, des virages tortueux qui mènent à de sales silences. Du froid, du vide. Les rires sous les draps chauds puis les convenances étrangères, presque surnaturelles sur l'instant, qui foutent la gerbe au tympan.

Valet de carreau. Un gnome sur un rocher en bord de mer. Il aime pas les gnomes. Il aime pas les gnomes, mais il a aimé les histoires. Les conneries, les bêtises, les vannes, les sourires dans les yeux qui brillent plus que l'éclat d'une rangée de quenottes. Les histoires-fleuves, au bord du ruisseau, à être comme des gosses à deux, les histoires d'adultes ridicules, tristes, drôles, alcoolisées. Les jeux. Les gages. Ses seins. Son cul. Son cul, son boule qui roule, à en faire chansonnette. Tout roule, pépère, même sur ses joues là maintenant ça roule encore, c'est salé comme la grande marée.

As de cœur, un faune entre deux chênes. Au feu, le faune, contre une averse dans les bois, un premier baiser, des premiers baisers, des jurons, un lac, des lampions. Des histoires encore. Une banquette devant une cheminée et une bouteille brisée en éclats, au sol, plus bas. Encore un éclat. Se méfier des bouteilles, quand la couleur est cœur. On perd ses atouts, et plein de petits bouts. Un bécot dans la main. Des mots coupables, les angoisses, le réconfort des bras. Retour dans les bois. Perchée sur une branche, tombée comme un chat. Lui pendu comme un ouistiti, là il avait ri.

Dame de pique. Une sorcière en train de jongler avec des fioles. Il a jamais su parler de cette sorcière là, ni même aux amis qu'il est en train de perdre. Rarement trouvé les mots. C'est vert, c'est doux, c'est chaud. C'était, puisque c'est plus, mais il comprend toujours pas. La dame, au feu, comme les prières, les petits fagots de sauge improvisés, et toutes les autres cartes. Sauf que là, c'est pas pour implorer, ni pour révoquer. C'est pour le geste, pour voir brûler, les langues qui grignotent le papier, et un morceau de cœur, et le carreau planté à l'intérieur, et il a pas de jeu de mots pour le trèfle.


Les marées s'échouent sur les plages. Les plages sont pleines de coquillages. Coquillage. Tout roule, tout roule, il écrase un petit hoquet sourd au fond de sa gorge. Il est triste ce mot, coquillage. Il renferme tout dedans. C'est triste de pleurer pour un mot. Surtout pour coquillage. Ne jamais mettre un coquillage dans un conte, il avait prévenu, ça maudit les amants, et à la fin ils se fixent comme des étrangers.

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