Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] C'était à la Chaumusse

Jhoannes
La Chaumusse, au-dessus de Genève. Vingt-deux heures tapantes. Blondin attend près d'un muret en tentant de compter toutes les fois où il a attendu une fille contre un muret dans sa vie. Plus de quatre, ça il en est certain, ensuite il perd le fil. La nuit est en train de dégringoler, mais pas de malaise, il gère. Il a sa copine la lanterne. Si qu'il gère. Il s'est fait beau. Les aisselles propres, pourpoint piqué de bâtard, petit col relevé, la dégaine parfaite du quarantenaire qui est sur le point de s'acheter une McLaren F1 pour rassurer ses questions existentielles. Sa seule interrogation, pourtant, là, c'est : va-t-elle venir ?

Elle va venir. Évidemment qu'elle va venir. Vu qu'il a géré. Il sent qu'il a géré. Dans l'après-midi, une conversation de comptoir chez la marchande de grains (quels grains ? tous les grains,
CHEZ BARBARA, VENTE DE GRAINS EN GROS, ON A DE TOUT, disait la pancarte) lui avait mis la puce à l'oreille. Ensuite la puce était entrée dans sa cervelle, et elle avait pondu quelque chose qui avait fini par germer : une idée. Et c'était pas tous les jours que ça prenait racine chez lui, les idées, alors autant en profiter. Big up à Barbara. Depuis il s'était renseigné. Assuré. Il avait envoyé une lettre et un magnifique poney. Elle va venir.

Citation:
Je t'attends à La Chaumusse jusqu'à minuit.
Mets des chaussures légères.

J

_________________
Andrea_
La Chaumusse, bien sûr qu'elle allait venir, avec un nom pareil!
Avouez que c'est le genre de nom de bled qui vous vend du rêve, imaginez un instant que quelqu'un vous file rencard à "Brie Champniers", vous auriez envie d'y aller? Nan, on est d'accord.
M'enfin si vous voulez un secret, même si ça avait été à Brie, la Colombe aurait quand même fait le déplacement, parce que c'était Jhoannes.

Faut bien comprendre que pour Lui elle serait capable de beaucoup de choses. Quignon -c'est son petit nom-, c'est le SEUL homme que je connaisse à qui tu peux demander de surveiller les alentours quand tu fais des poches, et qu'essayera pas de te déranger dans la manoeuvre. J'ai aucun mal à nous imaginer pisser côte à côte, moi proposant de lui tenir la nouille pour pas qu'il lâche sa pipe.
Mais c'est vrai que les derniers jours ont été compliqués, et que ces dernières heures, quand son esprit s'aventurait vers Blondin, elle avait juste envie de se poser en PLS, d'écouter du Mariah Carré en suçant des glaçons au miel.
Mais... Enfin j'veux dire... Pas toujours. R'gardez la lorgner le beau gosse qui vient d'entrer dans la taverne où elle s'envoie sa cinquième pinte.

Fioufioufiiiiiiiiiouuuuuuuuuu Ceci est un simulacre de sifflement, une manière purement Parisienne d'attirer l'attention de quelqu'un pour... disons... lier une conversation cordiale.


- Bah alors Beau Gosse, qu'est ce qu'amène un si joli petit cul par ici ?

Cordiale. Ricanements. Et seum. C'est que l'expression "p'tit cul", ça lui rappelle Amicie. Et Jhoannes. Bière. Encore une. Avant que le tavernier me pointe du doigt. Moi, j'étais déjà en train de préparer ma défense -quelque chose que je maîtrise très mal puisqu'elle repose essentiellement sur..

- C'est pas moi j'ai rien fait !

Toute ma défense repose donc toujours sur un mensonge.
C'est là que "beau gosse- p'tit cul en goguette- vraimentsympaDéosexiste" s'est approché pour me remettre une carte et une boite. J'avais commencé par la boite, parce que j'adore les cadeaux, tant, d'ailleurs, que j'oubliais de faire un clin d'oeil à BG et qu'il partait en me balançant juste la clé du Poney garé en double file -ouais, j'avais aussi gagné un Poney!-.
J'avais d'abord déplié les froufrous, en me disant que peut être Archibalde m'offrait une tenue printanière, mais en fait non. Les gestes s'étaient apaisés soudainement à la vue de la pipe, car il n'y avait personne d'autre que Jhoannes, pour faire un tel cadeau. Un bon reniflage et je comprenais qu'on allait se la mettre grave.
Et se la mettre grave à la Chaumusse.

Spoiler : heureusement qu'y avait la carte pour trouver le Bled.
Spoiler 2 : Un poney, comme un humain, peut être beau mais super têtu.
Spoiler 3 : Je suis stressée comme une pucelle à son premier rencard.
Spoiler 4 : il fait nuit, à vingt trois heures deux.



- Pouet pouet. Je vous dépose quelque part?

Vous avez vu la dégaine de ce type? Avec un peu de chance il m'a pris pour une petite jeune et j'ai mes chances!

- Par contre j'vous préviens, j'ai un rendez-vous super important, alors faudra sûrement sauter en route.

KrKrKr...
_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
- « Krkrkr… »

Grand sourire. Elle est venue.

- « C'moi qui vous dépose, laissez-vous porter ma p'tite dame. »

Et vazy que je t'attrape la bride de ta monture pour la guider. Tu t'occupes de rien. Étape une : petite balade en poney le long de la Grand-Rue de La Chaumusse. Le redoux du printemps est là, l'obscurité est douce. On sent à peine les relents de fumier de la porcherie à tonton Gaston. Et surtout ne pas causer des derniers jours. C'est pas le propos. Le propos c'est… tu verras bien.

Petit virage maîtrisé à gauche. Fais pas chier poney. Là, voilà. On s'arrête dans la grange de location de poneys. La suite se fera à pied. C'est pas loin. Mais il file aucun indice, non, il la boucle et se contente de lui offrir l'appui d'une mitaine pour qu'elle descende — plus trois points sur la jauge de galanterie. Il l'entraîne vers le foin, un peu à l'arrière, et là il juge bon de la rassurer :


- « C'pas ici qu'on saute. »

Derrière les meules, il y a un paquet ficelé avec un ruban. Le noeud est dégueulasse, d'accord, mais après avoir essayé neuf fois de faire un truc joli, vingt-et-heure sonnaient déjà, et il avait plus le temps d'apprendre l'art des boucles en tissu. Dans le paquet, il y a une robe. Une robe faite pour aller avec les chaussures légères qu'elle est censée avoir aux petons.

Une robe bouffante. Une robe claire. Une robe qui pue les airs joyeux de viole et la reverdie.


- « J't'attends devant quand t'es changée. »

Petit sourire. T'inquiète. J'ai géré j'te dis.
_________________
Andrea_
Mes petites chaussures légères et moi, on est aux anges : se balader le long de la Grand-rue de La Chaumusse, on en rêvait. Ouais non, m'enfin vous comprenez, y a rien à faire. Jho tient les rênes : celles du poney et celles de la soirée. Moi je vérifie de temps en temps que dans ma besace y a toujours la boite avec la pipe bien corsée, je sais qu'à un moment j'en aurais besoin.
Pis y a pas à dire, La Chaumusse, de nuit, ça vaut son pesant d'or. C'est bien de ne rien voir, ça met les autres sens en alerte. Par exemple là je sens qu'il y a une porcherie pas loin, même qu'à un moment j'me dis que le Jho Jho Roi de la mogette à Saumur va m'amener là bas, me péter les deux pattes et me balancer aux gorets. Et j'vais me faire dévorer, et comme on r'trouvera qu'une paire de petites chaussures légères, PERSONNE ne saura que c'est moi, parce que tout le monde sait que moi, j'suis une femme à bottes, à ne pas confondre avec une femme Abbott -cf les feux de l'amour-.
L'est pas causant mon Jho, mais c'est pas grave, la nuit est aussi douce que l'odeur est brute, et puis il tend sa main alors je pose la main dans la sienne et lui offre un large sourire avec une inclinaison de tête. Ouais, même les brutasses aiment la galanterie même si elles disent le contraire.


- "C'pas ici qu'on saute.'
- "Hinhin"

Ah les meules de foin, pardon j'avais pas vu, ah bah non. Nan, JAMAIS au premier rendez-vous, et JAMAIS en début de soirée comme ça, à chaud, même si clairement tu mérites : t'es déjà à douze points sur ta jauge de galanterie. (Quatre points pour la prise d'initiative de rencard, trois points pour la pipe, deux pour le livreur Beau Gosse, et trois pour la mitaine pour que je descende de poney).
Aucune remarque sur le noeud, parce que la seule chose qu'elle remarque, c'est le paquet. Un paquet avec un noeud, et que ce noeud pourrait avoir été fait avec le cul qu'elle l'aurait trouvé parfait, parce que c'est Lui qui l'a fait. Enfin faut espérer parce que si c'est une vendeuse ça craint grave.
Un sourire un peu gêné et voilà la robe mise à la lumière -disons que c'est la pleine lune, et puis qu'à la Chaumusse y a toujours un décalage pour le coucher du soleil-.


- "Pouloulouuuuu, tu es fou ! Elle est magnifique !"
Ouais, elle aussi elle s'est mise en mode "grande dame", je vous pose ici la traduction Andréasque : "Putain de merde Jho, t'as craqué tes braies ou quoi, ça a du te coûter une blinde! Et en plus elle est belle!".
Et puis elle avait soufflé un merci avant de déshabiller, pour mieux se rhabiller.
Longtemps elle était restée à tirer sur les replis du tissu, émue, touchée avant de se pointer devant Jho, coiffure refaite, chignon troqué contre une tresse qui tombait sur son épaule.


- "J'ai... pas l'air trop con?"

T'as gagné deux points en galanterie pour la robe, mais mon côté rebelle des routes vient d'en perdre trois.

- "La pipe, c'est pour maintenant?"

Dis oui, et je redonne quatre points en amitié.
_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Et Blondin éclairait ces scènes avec sa lanterne, sauf la scène où ladicte Colombe se déshabille puis se refringue, non, là il a réellement poireauté à l'entrée. Et la Chaumusse by night, c'est vrai, on y voit comme dans le cul d'une vache, sauf peut-être les petites lumières qui scintillent en contrebas de la Grand-Rue. Et ça tombe bien, parce que c'est par là qu'ils vont aller. Derrière lui, un bruit de tissu. Il se retourne. Andréa Ingalls est apparue. Il l'imagine se croûtant niaisement dans la descente d'une colline, et ça le fait sourire.

- « T'es belle. »

Attention. Pas le t'es-belle, ouh je me mordille très fort la lèvre inférieure en te fixant intensément, avec mon regard de baise braise, et j'te balance ça avec ma voix de ténor. T'es belle poupée. Ni le t'es-belle avec le p'tit sourire claqué, comme t'es belle… enfin tu comprends, t'es BIEN BELLE quoi, toi s't'as jamais visité la grange à ma tante moi j'te propose un tour du propriétaire à quattre pattes après le dessert, on fait l'impasse sur le café t'inquiète je gère l'addition, non. Un autre t'es-belle. Celui des amis, qui se dit sans gêne.

Bien sûr que la pipe c'est pour maintenant. Même qu'on allume ensemble, à la lueur de la lanterne, et qu'il est l'heure de rallier le point de rendez-vous. Descente à pas insouciants dans la pente terreuse, vers le sud du hameau. Il y a des petits éclats de rire qui pétillent dans l'air et des bribes de chansons saoules qui viennent enrober le tout. Contexte :


- « Alors l'année dernière la fille du métayer a eu l'cœur qu'a pincé pour un forgeron du coin, sauf qu'il a été enrôlé de force pour les guerres d'Italie. Il est revenu en entier le mois dernier. Ce soir ils fêtent leurs noces. »

T'entends la fiesta droit devant nous ?

- « Du coup j't'invite. »

Sourire. À un mariage.
_________________
Andrea_
Et Jho avait dit le "T'es belle", pile comme il fallait.
Pas le "t'es belle", pololo ce que j'vais te mettre, ni le "t'es belle" bordel de Dieu je vais déchirer ta robe avec mes dents et comme tu peux l'voir déjà dans mes yeux, j'sais comment t'es roulé bébé. Rha nan, pas ce "t'es belle" là. J'saurais pas trop expliquer ce "t'es belle" qu'il a dégainé d'ailleurs, mais le principal c'est que moi, je l'ai super bien interprété.
Et comment aurais-je pu mal le comprendre alors qu'on s'allume la pipe, aka le calumet de la paix à la lueur d'une lanterne à La Chaumusse?
Il y avait le ciel, les étoiles et mon pair, tout était parfait. Même que je souriais bêtement en faisant des ronds -c'est bon on va pas chipoter sur la forme- de fumée.
Keuf-Keuf. Putain elle était corsée, si j'avais eu un doute la soirée serait belle.
Bon sur le coup j'avais pas trop compris le rapport entre notre présence et le problème avec la fille du métayer, nan parce que j'sais bien qu'en ce moment le coeur de Blondin aussi est pincé, m'enfin si on commence à se raconter des histoires tristes on va être en bad mood. Et vous savez ce qu'on -enfin surtout Jhoannes- dit ? Si tu fumes alors que t'es en bas, bin tu vas creuser. Alors que si tu fumes quand t'es en haut, bah tu t'envoles. C'est vrai que c'est plus joliment dit quand ça sort de la bouche du meilleur Ami, mais vous avez compris l'idée.
Et c'soir ils fêtent leurs noces.
La main est posée sur le bras de Jhoannes pour cesser la descente -de la pente hein, c'est pas de l'herbe à descente instantanée, nan la pipe me fait monter tout doucement-. "Ce soir, ils fêtent leurs noces", et j'entendais la musique. "Ce soir, ils fêtent leurs noces", et je comprenais soudain que les lumières du village n'étaient pas issues de la saison de reproduction des lucioles -oui c'est ce que je pensais- ,mais bien des VRAIES lanternes.
"Du coup j't'invite".
ET BAM.
Aciers sur Blondin. Sourire et main sur le coeur. Colombe en perd les mots et lui file la pipe. Dans une autre vie, Jho et moi, on aurait vécu une super histoire, même que pile à ce moment je me serais dit "bon sang que j'aime cet homme!", mais dans cette vie là je me dis juste "putain que j'aime cet homme!". Et comme je suis super digne comme femme, je me contente d'incliner doucement la tête et de presser la main sur son bras, en route mauvaise trou...
Nan je déconne.


- " Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii"

Avant de le choper par le col pour embrasser chacune de ses joues. Des baisers qui pètent, bien sûr, pour parfaire la dignité.
Mais soudain, horreur, malheur : prise de conscience. Les mains se posent sur la robe pour la lisser, et arrivée en force de la masturbation mentale. Et vocale, parce qu'on l'a déjà dit : on ne cache rien à Jhoannes.


- "Est-ce que j'ai l'air déguisée? Est-ce que je suis déguisée? J'ai l'ai déguisé. Non? Est-ce que ma coiffure ça va? Est-ce qu'on va danser, est-ce qu'on va b.."

Pardon, deux secondes, je reprends la pipe, je me refais une l.o.n.g.u.e. taffe et je suis à toi tout de suite.

-"boire à l'oeil?"

Attendre une réponse, c'est perdre du temps, et puis nous sommes deux adultes capable de faire deux choses en même temps, le jupon est remonté pour pouvoir accélérer la marche, allez Jho, bouge toi, on va rater les consentements des époux !
Comment ça c'est probablement déjà fait?

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Bien sûr que les époux ont déjà consenti, et que les deux compères débarquent en pleines ripailles. Le meilleur morceau. Et puis Blondin, il n'avait aucune envie d'assister à la scène, parce qu'il avait cru comprendre que c'était un mariage d'amour, et l'amour, ces derniers temps, ça lui réussissait pas des masses. Bien sûr qu'il y a un horizon triste derrière le regard rieur ce soir-là. Bien sûr que l'éloignement — insidieux puis brutal, avec Sadella lui laisse un creux dedans, comme si quelqu'un s'était amusé avec une cuillère à glace entre ses côtes, et qu'il voudrait passer ses journées sous sa couette à écouter du Bob Dylan, la mélancolie nasillarde, en se gavant de beurre de cacahuètes. Et bien sûr, qu'il ne veut pas, ou quasiment, ou plus, en causer, à personne. À la place il va enfoncer toutes ces émotions dans un endroit que Minah a baptisé : ses tiroirs à merde. Et Minah elle lui a répété plein de fois que mon gars, tes tiroirs plein de caca là, ils finissent toujours par céder et te sauter à la tronche, t'as remarqué ? Un jour il apprendra, peut-être. Ce soir il veut des instants d'insouciance, remplis à ras-bord de la joie bruyante des autres. C'est aussi, mais pas que, une des raisons (égoïste celle-ci) pour lesquelles il a invoqué Andréa : il ne veut pas le veut faire seul.

Sur la fin de la pente il la rassure, plus pour la forme qu'autre chose parce que dans le fond, c'est pas bien grave si t'as l'air déguisée, tout le monde doit déjà avoir un coup dans le nez en bas. Mais non t'as pas l'air déguisée. T'es belle, t'es fraîche, tu feras de l'ombre à la mariée, par contre évite de rouler un palot à son promis parce que j'ai pas de plan B si on se fait virer de la soirée. Andréa et Jhoannes se pointent comme des fleurs, usant de la tactique nonchalante du pique-assiette rompu à l'exercice. Moi ? Moi j'étais là depuis le début, j'arrive et ne découvre rien, non, je connais déjà les lieux, je reviens juste d'une pause pipi. Il y a un jardin, des gens qui se trémoussent au son de la viole et des gens qui tapent sur les tables au son de la viole parce qu'ils ont la flemme de rejoindre le dancefloor. Les haleines de vinasse se mêlent à l'odeur du chèvrefeuille qui encloisonne la bâtisse. Le barbu abandonne la pipe à son destin de pipe, sur le bord d'une table, et peut-être qu'on se recroisera tout à l'heure, pour prendre la main de son amie dans la sienne. Autant entrer dans le vif du sujet, alors que les premiers effets du chanvre montent. Autant danser, comme des beaux diables.

_________________
Andrea_
Ah, il voulait des moments d'insouciance, remplis à ras-bord de la joie bruyante des autres? Il va être servi notre petit Blondin. Car il a tiré le gros lot : Andréa, et un second gros lot : les mariages.

Ce n'est un secret pour personne que si Jhoannes fuit les mariages -non vraiment croyez le quand il dit que l'amour ne lui réussit pas des masses-, la Colombe, elle... Ne vit que pour ça.
Les siens bien sûr, mais aussi ceux des autres. C'est simple, peu importe qui se marie, si elle vient à le savoir, vous pouvez être assurée qu'elle va se pointer. Pas toujours habillée pour les circonstances, pas toujours avec de bonnes intentions, mais toujours, toujours avec une envie débordante d'être là. Ce qui est rarement le cas des mariés.
Alors forcément, la Chiasse est jouasse, tant et si bien qu'elle ne remarque pas que Jhoannes, dans la même phrase lui sort un "c'est pas bien grave si t'as l'air déguisée" suivi d'un "mais non t'as pas l'air déguisée". C'est à dire qu'il pourrait la secouer par les épaules en lui disant combien elle est conne que la Colombe aurait encore un sourire niais aux lèvres et ne les écarteraient que pour hurler un "HIIIIIiiiii" qui ferait fuir tout le monde.
Parce que nous avons le combo plus plus : Jhoannes + mariage + pipe + bled au nom douteux, et cerise sur le gâteau : musique.

Alors au début ça part plutôt gentiment, ça se fond dans la masse, ça répond au pif quand on leur demande de quel côté ils viennent, un coup le marié, un coup la mariée, t'façon on s'en tape, les gens sont tellement avinés que la mère de la mariée vient de me dire qu'elle ne savait pas ce qu'elle fichait ici. Adieu la pipe posée sur le bord de la table et bonjour main de Jhoannes dans la mienne, en avant La Chaumusse!

Je crois que le monde n'était pas prêt. Franchement, en filmant la scène, disons pour une reconstitution historique, on aurait filmé au ralenti, mis une petite musique de fond et après avoir capturé des images des mariés, y aurait eu un plan large sur la fête, et un gros zoom sur Jhoannes et moi. Même que le commentateur dirait " A l'époque, on savait faire la fête, regardez la joie sur leur visage et la souplesse de leurs corps, c'est une telle symbiose, une telle complicité et quelle incroyable preuve d'amour envers les mariés que de se donner à fond pour célébrer l'union de deux êtres qui..." Bref, vous avez compris le concept, t'façon tout le monde se fiche des commentaires, on regarde juste les images. Non?

Y aurait aussi la version documentaire animalier, mais qui serait moins intéress... ah, on me dit dans l'oreillette qu'on veut en savoir plus. Et bien comme il fait nuit on aurait opté pour une ambiance très nocturne, à savoir des chouettes et du vent dans les feuilles, pis on aurait ajouté un peu de fumée pour faire le brouillard. Le caméraman aurait filmé avec attention les gens les plus guindés qu'il aurait trouvé et aurait fini avec notre duo. Et une voix super monotone aurait chuchoté -je sais pas pourquoi ils font ça, sûrement pour faire comme s'ils étaient proche des animaux et qu'ils ne voulaient pas se faire repérer, HEY les gars, en fait tout le monde sait que les dialogues sont rajoutés après hein! En même temps imaginez Nelson Montfort faire les commentaires sur une réserve au Kenya... Bref-, donc la voix douce dirait "Le printemps débute sous les meilleurs hospices pour la Colombe, elle a tiré par l'aile le mâle à la patte brisée et se lance maintenant dans une parade nuptiale" [Zoom sur les bras qui s'agitent, Baisse du bruitage de fond pour ajouter un Ricanement Colombesque], " La Colombe est le seul animal à prendre en main l'acte coïtal, et puisque les mâles de son espèce semblent peu réceptif, la nature a fait parfaitement son travail" [Zoom sur l'énorme paire de seins, Ralenti quand le tout semble vouloir s'enfuir du balcon, puis reprise normale pour laisser au téléspectateur avoir une vue d'ensemble sur le duo, le commentateur reprend] "Et la parade semble porter ses fruits, le mâle est réceptif, la nuit sera longue, mais la lignée assurée" [Zoom sur Jhoannes qui rit aux éclats, accent sur la légèreté du moment, Assombrissement de l'image eeeett.... générique de fin].

Je vous épargne la version Enquêtes exclusi... Non? Ahlala, puisque vous le demandez...
"Ce soir, c'est soir de fête pour Jhoannes, la vie est difficile pour ce quarantenaire père célibataire. il retrouve exceptionnellement Andréa, jeune trentenaire" -oh ça va- "pétillante. Ensemble, ils vont s'adonner à ce qui s'apparente à un viol fiestatesque : le mariage racket. Le but? S'en donner à coeur joie sans dépenser un écu. Ensemble, ce soir, ils pourront boire et fumer à l'oeil. En effet, tout au long de la soirée nous les avons filmé et rien, pas un écu n'aura été déposé. Autour d'eux, c'est l'effusion, et personne ne semble les remarquer. Jusqu'au bout de la nuit, ils useront et abuseront de tout ce que les propriétaires auront mis à leur disposition... Sans le savoir.
Sans le savoir, car nos deux jeunes gens auront profité de l'effervescence de la soirée pour faire passer : des substances illégales. Sous couvert d'une pipe quelconque ils auront fumé. Avant de venir, et même après. L'effet ne venant probablement pas assez vite, elle soufflera même à son oreille, l'impensable : "as tu des trucs".
Des "trucs" comme ils les appellent. Des champignons, hallucinogènes, qui leur feront fuir un peu plus leur quotidien morose. Rapidement pourtant, malgré les rires de façade qui cachent un mal être profond, ils sont trahis par leurs corps.
Leurs corps, ce qui leur sert d'enveloppe, et plus précisément des pieds, au nombre de deux, que chacun tentera de dompter. De dompter, en vain, comme en témoigne ce ralenti que nous avons pu capturer, om l'on voit très clairement la demoiselle passablement avinée écraser, volontairement le pied de son ami. Il pose une main sur son bras et lui chuchote quelque chose.
Quelque chose, probablement pour la prévenir qu'elle va trop loin. Elle rit, dans un état second, d'ailleurs il l'accompagne, un rire de mal aise qu'il peine à cacher.
Ce soir, nos deux individus se la "donneront", aux frais de la princesse. C'est ce phénomène qui régit tout une génération de parvenus et qui inquiète, de plus en plus, les dirigeants du Royaume".

La vérité, elle est au milieu de tout ça. Des pieds qu'on écrase sans faire exprès, des éclats de rire qu'on partage, des rires qui fusent et appellent ceux de l'autre. Des marrades, des pas chassés, des pas de danse qui n'en sont pas car. Car oui, la Colombe semblent danser en lice, mais semble se battre sur un parquet de danse.
Mais tu sais ce qu'il se passe quand t'as picolé trois bières... ouais... T'as envie de pisser.Et c'est toujours quand la musique s'arrête avant d'enchainer la suite que tu te retrouves à gueuler


- "Faut que j'pisse! Tu vtu viens ? S't'euplait...

Allez dis oui, en plus y a une table un peu à l'écart où gisent les cadeaux des mariés...
_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Avant le tournage des scènes, Blondin a enquillé quelques verres sur la route. Il a bu vite et c'était une mauvaise idée qui, comme souvent, semblait être un sacré bon concept au départ. Pour l'instant c'est la montée. C'est agréable, c'est nuageux, un peu rayonnant. L'heure d'aller se dérouiller les jambes en en faisant des ronds. Il n'est pas mauvais danseur. Il n'est pas maître de l'art non plus, loin de là, et ignore bien des pas, mais le barbu n'a pas la trouille d'habiter son corps et une facilité à appuyer sur le bouton OFF dans ces moments-ci, lorsqu'il faut ne plus réflechir, et se réduire aux mouvements d'instinct, et de rythme. L'autre détail d'importance, c'est qu'il s'en bat la nouille d'avoir l'air ridicule — au moins un truc qu'il aura réussi à l'apprendre avec le temps. Comme là c'est de la bastringue de village, et pas l'époque de la valse à contretemps, on peut aussi se permettre de faire n'importe quoi. Pas de chassé, viens mon lapin, on peut même tenter le jeté si t'as encore du jus. Combien de fois Andréa a failli lui écraser le pied ? Il a oublié. Ses pieds sans doute pas, mais ils pensent à sa place. Ne reste que la musique, et surtout le battement, régulier, des semelles dans la terre et des paumes sur les tables, qui remplit tout, enfin. Enfin jusqu'à ce que la vessie d'Andréa balance son cri d'alarme. Oui, il l'escorte. C'est une bonne occasion pour reprendre son souffle.

Plan large sur un cabanon dans le jardin, Andréa est accroupie derrière et Jhoannes y est adossé. Elle pisse. Il pense. Tout s'enchaîne vite dans sa tête, les ponts entre les idées semblent se faire comme par magie et, top du top, les émotions ont été entassées dans un gros sac cotonneux. Il les sent plus. Il se fait un débriefing distant de ses dernières semaines, passant du coq à l'âne. Un petit souvenir finit par accrocher plus que les autres. Il se revoit en train de causer, puis sentir un truc qui lui chatouille l'oreille. Dans, l'oreille. Il tourne la tête. C'est le doigt d'Amicie dans son oreille. Mais que fait-elle ?, s'était-il demandé. Est-ce qu'elle récolte ma cire ? C'est personnel, quand même, les fluides, non ? Alors il lui avait mis un auriculaire dans une narine, pour partager l'instant, la décontenancer, et aussi parce qu'il trouvait toujours ça drôle, comme geste. Si Andréa avait été à sa hauteur, il aurait tenté une intrusion nasale sur le champ, mais elle est occupée à ne pas inonder ses chaussures légères. C'est pas grave. Pourquoi il pense à cette fille d'ailleurs ? Il sait pas. Mais à sa pote, Il tient à lui raconter l'épisode, qui, sur la minute, lui semble psychologiquement lourd de sens. Il a besoin de narrer l'anecdote par le menu et de débattre des intimités respectives de la morve et du cérumen. Mauvaise qualité sonore pour la captation du monologue bourré.


- « Héééééé, Croûton… »
- « Croûton ? »
- « Croûton, Am… Amamicie *burp* elle dit qu'je… »
- « Chut écoute, Amicie, elle m'a mis un doigt dans l'oreille. »
- « Krkr. »
- « Parce qu'elle m'a fait, oh, gnagnagna, Jhoannes… »
- « … je suis malade parce vous m'avez mis un doigt dans la narine… »
- « Sauf que c'est elle qu'a commencé. »
- « Vu qu'elle a mis un doigt dans mon oreille d'abord et après… »
- « *burp* »
- « Elle est bizarre cette fille. Oh salut Barba… Brabara ! »
- « Croûton c'est Barbara ! »


Petite tape sur l'épaule. Allez Croûton dépêche-toi, faut que tu rencontres Barbara*.

*La production manque de budget pour interpréter Barbara, la vendeuse de graines en gros, mais si quelqu'un veut faire du bénévolat pour lui donner vie, go, parce que ça a l'air d'être une fille sympa.

_________________
Andrea_
Jhoannes, c'est tout à fait le genre d'ami à qui vous pouvez confier votre vie le temps d'aller pisser. Dans ce cas précis, notre Blondin national n'a aucune porte à garder, mais il fait office de garde du corps, ou, vue ma position actuelle : garde du cul.
C'est vrai qu'elles étaient légères mes chausses, et même que j'ai légèrement oublié ce détail, au début. Faut comprendre qu'à cette heure de la nuit et vu le déroulé de la soirée c'est déjà un exploit que j'ai pensé à aller pisser.
Je pense qu'on a tous vécu -pitié dites oui- ce moment un peu horrible dans une soirée où tu as VRAIMENT envie de faire pipi, mais où tu sais pertinemment qu'une fois que t'auras posé tes fesses sur les gogues, tu ne pourras plus te lever. L'erreur à ce moment là, c'est d'ailleurs de te dire que si tu fermes les yeux juste dix secondes, personne ne le remarquera : FAUX. Tu vas fermer les yeux, tout va se mettre à tourner, et quand tu rouvriras les yeux il fera jour depuis belle lurette et t'auras les restes du repas de la veille sur les godasses.
Alors voyez, j'ai l'expérience, j'suis pas allez aux chiottes communaux, mais DERRIèRE : pas de chiottes, pas d'assises, pas de risque de s'endormir - ni de choper la pisse chaude-. Mon premier réflexe? Sauver la robe. Et ne pas tomber. Une paume sur le cabanon, la deuxième en train de remonter tout le jupon, flexion, limite squat et ... action.
N'allez pas croire que Jhoannes a parlé tout seul, j'ai tout entendu. Je n'ai pas compris grand chose, mais j'ai entendu, même que j'ai répondu parfois.
Hmm. Hmmmm. Hm? Pardonnez mon langage, mais je suis full concentrée là, j'peux pas faire mieux. J'allais justement demandé comment ils en étaient arrivé à se mettre des doigts dans les orifices quand mon cerveau a enfin compris que mes chaussures étaient légères. Très légères. Trop légères, et que ce qui m'éclaboussait les mollets était tout simplement de la pisse.
Et ça m'a fait ricaner. Frottage d'un mollet contre l'autre, secouage de l'arrière train, ricanement et


- « Croûton c'est Barbara ! »

Et c'est là que je débarque donc, les pas un peu allongés le temps de me secouer le bout des grolles histoire de les faire sécher un peu plus vite -ou de faire partir la goutte d'eau, ces tissus déperlants sont dingues!- et grand sourire au bec.
La main est tendue vers Barbara, la tête légèrement inclinée, bonjour Madame, regardez comme je suis polie, et en plus notez que ma main est sèche et ma peau extrèmement douce, même que ton père c'est un voleur, il a volé ta mère et lui a fait un enfant, bonsoir, vos dents sont parfaites mais rien ne sort car la Colombe est en concentration extrême pour sortir, accrochez vous à vos pantalons :


- Bonsoir... Barbra.

En papillonnant des cils s'il vous plait.
Et ça aurait pu en rester là, vraiment, je vous jure que moi j'avais prévu d'en rester là, de... de lui souhaiter une bonne soirée, de piquer un cadeau ou deux, de piquer un tonneau et d'aller se finir un peu plus loin mais...
Mais le monologue de Jhoannes sur la mécanique des fluides était enfin parvenu à mon cerveau, et mon cerveau, lui, ne comptait pas en rester là. Tout ce qui lui restait de capacité de stockage et de fonctionnement s'est mis en branle UNIQUEMENT pour ceette histoire. Et je peux vous dire que même en redémarrage en mode sans échec, ce con de cerveau était très fort. D'ailleurs est-ce que les champignons aident, ou l'alcool, ou les deux, ou est ce qu'on réfléchit simplement mieux quand on a la vessie vide, à moins que la simple présence d'une Barbara change la donne, toujours est-il que je me sentais comme le Grand Schtroumpf au pays des Troll, pas à ma place, mais totalement plus intelligent.
Si intelligente que je pensais soudainement à rabaisser mon jupon pour couvrir cette magnifique paire de miches qui est mienne.


- " Dites moi Barbra, je vois bien que... Vous avez vécu un truc fort vous deux. Oui bah moi je la connais pas, mais toi visiblement oui alors je... oh ça va je suis bourrée, je dis ce que je veux
- Est-ce que là, tout de suite, si vous deviez mettre un doigt dans l'orifice de l'un de nous deux, vous choisiriez qui, lequel, et pourquoi?
Et surtout, en retour, quel orifice vous attendriez vous à voir empli ?


Un clin d'oeil à Jhoannes et un baiser à peine soufflé : t'as vu mon Jho Jho comment je prends tes questionnements à bras le corps? Ah j'espère que tu vois comme tu peux m'faire confiance!
Alors Barbara, qu'est ce que vous en disez ?

_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
L'instant est plein de gêne, mais quand on cultive une amitié avec Andréa, il faut savoir se laisser éclabousser par le malaise tout en gardant son égo au sec. L'égo de Blondin a été bouclé sous clef dans une planque secrète et hermétique depuis sa neuvième année.

Barbara regarde Jhoannes.
Jhoannes regarde Brabara.
Elle continue.
Lui aussi.
Elle pince un sourire.
Lui aussi.
Elle regarde ailleurs.
Il comprend.

Elle se souvient pas de lui. Il peine à ravaler la boule de rire qui fait l'ascenseur dans son œsophage. Obligé de fixer ses pieds, le temps que ça passe. Dans le monde il y a des gens notables, et les autres, les gens pas notables. Les gens qui ont un truc inné, des qualités physiques remarquables qui séduisent le regard en un claquement de doigts, des attitudes qui empestent le charme ou des esprits brillants, et pour lesquels tout semble acquis : ceux-là sont aimés et chantés par le peuple, à de rares exceptions près. Au reste de la masse humaine, la vie a dit : alors pour toi, rien n'est acquis. Te plains pas, c'est la loi de la loterie. T'auras peut-être plus de chance à ta prochaine résurrection, qui sait. Et il y a une troisième catégorie, celle où Jhoannes a pris ses racines. À lui la vie lui a tenu ce discours :


LA VIE — Alors dans ton cas… rien n'est acquis. De base, hein.
JHOANNES — D'accord. J'm'en doutais un peu. J'vais m'débrouiller.
LA VIE — Non mais j'ai pas fini.
JHOANNES — Ah.
LA VIE — Donc je disais, rien n'est acquis…
JHOANNES — D'accord…
LA VIE — T'as quand même un peu une dégaine d'erreur de la nature hein…
JHOANNES — Hum hum…
LA VIE — Donc rien n'est acquis et EN PLUS, tu vas en chier.
JHOANNES — Ah. En chier genre… ?
LA VIE — J'vais pas te mentir, genre souvent. Beaucoup.
JHOANNES — Super.

L'accès d'hilarité passé, il passe un moment à fixer Brabara. C'est vrai qu'elle a l'air chouette, comme fille. Pas méchante. Polie, même. Elle invente une réponse pour clore le dialogue en douceur, quelque chose qui sonne comme oh vous savez moi, ma passion c'est plutôt les graines dans la vie, mais ah ! je crois qu'on m'appelle, ravie de vous avoir croisés ! Il n'en est pas certain, il n'a pas entendu tous les mots, mais il les a vus sortir de sa bouche — pour de vrai, dans un étrange chapelet, un camaïeu de couleurs vives, un défilé de formes rigolotes qui passait le seuil de ses mignonnes quenottes. C'est important d'avoir les dents saines. Ou de danser sur la scène. En parlant de ça…

- « Cr… crton… ? »

Pouic. Une mitaine sur la joue droite de l'amie. Pouic. Une mitaine contre la gauche. Regarde-moi c'est important. J'ai une demande à te faire. En plein mariage pas arrangé.

- « Tu veux bien faire la danse de la Grande Ourse avec moi ? »
_________________
Andrea_
Andréa regarde Jhoannes et Barbara.
Personne ne regarde Andréa.
Elle en profite pour s'essuyer de nouveau un mollet sur l'autre. En continuant de les regarder.
Barbara pince un sourire.
Jhoannes aussi.
Alors Andréa fait pareil. Elle voit bien, dans son brouillard alcoolisé qu'il se passe quelque chose. Preuve : Barbara regarde ailleurs et Blondin fixe ses pieds. Alors Andréa a très envie de se mettre entre eux, de leur coller à chacun une main sur l'épaule pour leur dire " allez, je vous laisse", ou n'importe quoi qui sous entendrait qu'elle se sent de trop, qu'elle voit bien le trouble qui les habite et qu'elle le respecte, qu'elle va s'occuper, ailleurs, plus loin, mais Andréa est complètement torchée alors ça ressemblerait plus à une douceur du style : "alors bande de petits coquins, on a envie de se grimper d'sus hein ! Allez, y fait soif, pis après faut que j'trouve quelqu'un pour m'réchauffer! ", et même Elle, même Elle, complètement torchée, elle sait que c'est une mauvaise idée de parler alors elle dit rien.
Mais quand même, quand Barbara s'éloigne après avoir inventé un prétexte "Je suis désolée, je dois vous laisser, mon frère m'attend" - alors que je suis sûre de n'avoir vu AUCUN frère attendre!-, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'on a raté une belle occasion.

Et pouic. Mitaine sur la joue. Double pouic, autre mitaine sur autre joue, et BLAM, yeux dans les yeux, coup de foudre instantané.
Non je déconne, déjà j'ai l'impression que redresser mes deux yeux dans ceux de Jhoannes me demande la totalité de mon énergie, surtout que mes deux yeux semblent très amoureux, et très enclin à se regarder. Attends quelques secondes Jho', là, c'est bon, j'ai fini de loucher. C'est que mon corps tout entier sent que Jhoannes va dire un truc important. Encore. Jhoannes dit beaucoup de choses importantes quand j'ai bu, c'est comme ça. Et là je me sens vraiment particulière, sûrement à cause du double pouic. Oh oui Jho, dis moi des choses. Des trucs un peu saaal..Ah?
La danse de la Grande Ourse, comme c'est intéressant. C'est... surprenant.

POUCE !
Prenons un instant : figeons le temps.
"la danse de la Grande Ourse". "avec moi". Alors personnellement, quiconque peut me demander de danser la Grande Ourse avec lui aura comme seule réponse un immense éclat de rire. Mais c'est Jhoannes, c'est Quignon, et c'est pas qu'on n'peut pas rire avec Jhoannes, c'est que connaissant un peu le bonhomme ça a FORCEMENT une dimension plus importante que ce que ça peut vouloir dire.
Exemple : si Michel -on connait tous un Michel- vous dit : "Je vais semer quelques graines, tu m'aides", tu peux aisément penser "oh merd', je vais encore devoir planter des pivoines" -j'ai écrit pivoine mais ça peut être n'importe quelle fleur hein-.
Alors que si c'est Jhoannes qui te propose ça, tu pourrais te dire que Monsieur a un rendez vous galant -encore que je suis pas dans ses petits papiers mais je pense qu'il est plutôt du genre à semer ça au vent et pas dans un truc fertile si tu vois ce que je veux dire-, donc il ne te reste plus qu'une possibilité : "tu vas planter un truc qui se fume et qui te fait passer de bons moments -ou de bonnes nuits"-.
Alors si Jhoannes te dit qu'il veut danser la Grande Ourse avec toi, ça ne veut PAS dire qu'il veut danser avec toi ça veut dire qu'il veut Célébrer la Grande Ourse.

Et là je suis un peu perplexe, parce que la première image qui me vient c'est lui, moi, nus en train de danser dans une clairière, les mains en l'air et des couronnes de chanvre sur la caboche.
Mais plus encore que perplexe, je suis... saoule.


- Oui, je le veux.
_________________

*Phrase de "Larme fatale" J. Doré, E. De Pretto, Merci pour la bannière, vraiment.
Jhoannes
Il y a des jours où Jhoannes aimerait être Michel. Il y a même des jours où il est réellement, Michel, mais les gens ne le croient pas toujours ; quand il affirme « j'aime cueillir les bourgeons » ou « moi j'te rends service si t'as besoin de retourner ta parcelle », ils le fixent sans rien dire ou le traitent de gros dégueulasse. Et c'est désagréable, mais soit, quand on a l'esprit tordu comme un saule, faut bien payer les pots cassés de temps à autre. C'est toujours mieux que de récolter ce qu'il a pu semer — ou pas, tout au long de son existence. Sur cette seconde question, le mystère reste entier. Ce qui est certain, par contre, c'est que le jour où une fille lui a tendu une capote en boyau de porc en lui disant d'enfiler ça, lui il a répondu qu'à choisir, pardon, mais il préférait encore rien enfiler du tout, c'est pas que j'aime pas me sentir à l'étroit mais y a des limites, t'inquiète, c'est pas dramatique, on peut quand même faire une bataille sous ta couette, mais avec un jeu de cartes c'est bien aussi.

Le reste du temps, Jhoannes n'est pas Michel. Jhoannes est Jhoannes. Soit il sait ce qu'il fait (si si, ça arrive), soit il improvise, en se disant qu'il finira bien par comprendre ce qu'il est en train de foutre à un moment donné. Ici, il va devoir découvrir en même temps qu'Andréa ce qu'est la danse de la Grande Ourse. Sous substances, même si on en fera pas l'apologie, ça aide.

Ce qui s'est passé, c'est que quand il a pris le visage d'Andréa entre ses mains, ça lui a fait remonter plein de choses, et c'était pas du vomi. C'était toutes les dernières semaines, et les dernières lettres entre eux, et la certitude étrange qu'ils se reverraient pas de si tôt, tous les deux. Mais comme le moment était joli, qu'elle ressemblait à une princesse des blanches clairières, et que ses chaussures étaient encore légères même si trempées, il a rien su dire, sinon une nouvelle connerie. Une autre, encore. Pour rien gâcher. Au-dessus de la tresse paysanne de son amie, y a un regroupement d'étoiles. La Grande Ourse, la fameuse. La constellation que même les tanches en astrologie savent encore reconnaître, celle qui semble être toujours dans le ciel, qu'il faut jamais chercher bien longtemps avant de trouver. Un coin d'univers rassurant, en somme, et la promesse de retrouvailles. Le Chariot, aussi. La lame du mouvement. C'est la vie, joie et tristesse dans une même bouchée. Faut tout avaler.

Il lui cale des bécots sur le front, pour retracer le dessin stellaire à l'arrache. C'est comme ça que ça commence. Pour la suite, comment qu'on fait la danse de la Grande Ourse, il en sait toujours rien, mais il leur fait confiance pour l'inventer tous les deux. Menton dressé, pour prendre l'attitude du type qui sait de quoi il cause, t'inquiète Croûton, je gère. J'ai un indice universel.


- « D'jà nous faut un grand grand drap, la plus jolie bouteille de la soi… soirée et un cheveu de Brabara. Mais attention… Tion. Faut pas qu'on nous voit faire. »
_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)