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Info:
Quand une Comtesse disparaît de son propre chef, sans même en référer à ceux qu'elle Aime et qui lui sont proches et quand cette fuite se clôt par un funeste évènement, la Folie n'est pas loin...

[RP] Paula pas là, ou l'Etrange Disparition...

Polstephie
[Montpellier, Appartements privés des Alanha, à l'heure où blanchit la campagne*, le 11 Février]


Des jours qu'elle y pensait. Des jours qu'elle était rongée par ce sentiment d'urgence. Des jours ? Des années plutôt qu'elle savait ce moment inévitable.

Jehanne_Elissa était elle aussi à Montpellier mais elle allait entrer au Couvent pendant quelques temps, afin de prier le Très-Haut et de prendre du repos.

Les jumelles, Margalida Dulcia et Magalona Eufrasia suivaient leurs leçons avec la jeune Eirwen de Vergèze. Il était prévu de longue date qu'elles se rendraient à Chaudes-Aigues suite aux recommandations des médicastres concernant la santé fragile de la brune Magalona Eufrasia. Elles partiraient dans la journée, confiées aux bon soins de la Secrétaire Personnelle de la Comtesse et de quelques personnes de confiance. Et puis Eirwen était raisonnable et avait toujours montré des qualités indéniables qui lui valaient aujourd'hui d'être la préceptrice des jumelles. Elle était l'une des rares à savoir s'en faire écouter facilement, malgré leurs âges proches.

Quant à Lòp-Guilhem, il était toujours en Périgord Angoumois. Loin de sa mère.


Ainsi, pendant la nuit, pendant l'insomnie qui n'avait pas manqué d'embrasser la Blanche Comtesse, l'idée folle s'était implantée en elle. Elle avait ainsi préparé quelques bagages légers. Pour elle, et pour Lineta, sa petite Aimelina qu'elle aimait tant.


Ce fut donc à l'aube, à l'heure où blanchit la campagne qu'elles partirent. Elle savait qu'Il l'attendait. Elles allèrent par la forêt, elles allèrent par la montagne. Paula et la petite ne pouvaient demeurer loin de Lui plus longtemps.*


Aucun homme d'armes pour les accompagner. La Comtesse les avait rabroués au premier relais croisé, à l'endroit même où elle avait troqué le coche frappé de ses armes pour un coche anonyme. Par précaution, sans rien en dire à personne, elles avaient changé de nouveau de coche dans un autre relais. Et puis elles avaient pris soin de prendre un itinéraire indirect. Et c'est ainsi, par une froide matinée, que le Héraut disparut sans laisser de traces, sans avertir personne, sans même dire où elle allait, accompagnée d'une Petite Fleur de Lin.




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HRP :
* Merci Victor Hugo.

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--Margalida_dulcia



La jeune fille s'était éveillée tôt. Elle avait, comme à son habitude, passé un temps fou à démêler ses longs cheveux cuivrés. La nuit et un sommeil agité avaient achevé, comme toujours, de les emmêler malgré le filet dans lequel elle les emprisonnait. Regardant son reflet dans le miroir poli, elle sourit en pensant qu'elle avait hérité de l'un des seuls joyaux que sa mère portait au naturel : des cheveux roux. Comme ceux de Celle dont elle porte le prénom. La mère de Jehanne Elissa, sa presque sœur.

Malheureusement, si elle avait hérité de leur merveilleuse teinte, elle n'avait pas hérité de la facilité qu'avait sa mère à les dompter. Ainsi, après s'être battue seule contre eux, pendant près d'une heure, elle s'était enfin habillée. Elle avait été prête juste à temps finalement. Eirwen avait alors frappé à sa porte pour qu'elles descendent déjeuner.

C'est qu'aujourd'hui était un grand jour ! Pour la première fois, les jumelles partaient seules en voyage. Sous la surveillance d'Eirwen qui était leur préceptrice, elles partaient pour quelques semaines de "cure" pour aider son Ombre à se sentir mieux, suite aux recommandations du médicastre. Tout était prêt depuis la veille.

Margalida Dulcia et Eirwen allèrent alors chercher celle grâce à qui elles allaient vivre cette grande aventure.



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Margalida Dulcia d'Alanha.
Née des Flammes, je suis Feu.
Si elle est Ombre, je suis Lumière.
--Magalona_eufrasia



Ma nuit avait été douce. Pour la première fois depuis longtemps j'avais dormi paisiblement. Peut-être était-ce ce voyage prévu qui m'avait permis de me reposer ? Je n'étais pas encore réveillée lorsque l'on frappa à la porte de ma chambre et qu'on y entra puisque je ne donnais pas de réponse. Je dormais encore, bienheureuse dans mon sommeil.

Eirwen et Margalida Dulcia étaient venues m'entourer et m'avaient toutes deux éveillée d'un baiser sur la joue. Puis, Margalida m'avait emprisonnée dans l'écrin de ses bras pendant qu'Eirwen tirait les rideaux. Elle m'avait alors murmuré quelques mots, dans notre langage de jumelles. Elle savait que mes sens avaient été en alerte dès qu'elles m'avaient embrassée. Elle savait qu'alors j'avais fait semblant de continuer à me reposer. C'est ma jumelle, elle sait tout de moi. Elle sait aussi quand je vais mal et que je le cache pour ne pas effrayer notre mère ou les autres.

Et aujourd'hui, nous allions toutes trois partir en voyage pour moi. Un voyage que Mère avait estimé nécessaire et nous avait autorisé à faire seules, pour la première fois. Je pensais à tout cela alors que Margalida Dulcia et Eirwen m'aidaient à me préparer.
Flamba* me coiffait. C'était quelque chose qu'elle aimait beaucoup faire. Je crois qu'elle m'enviait la facilité que j'avais à mettre en place l'ébène de mes cheveux. Si elle était de flammes, j'étais ses Ténèbres. Et cela me convenait parfaitement ainsi. Auriòla** quant à elle me préparait des vêtements confortables pour le voyage. Une fois qu'elles m'eurent aidée à m'apprêter, nous sommes allé déjeuner dans le Petit Salon où crépitait un feu chaleureux. Je pensais y trouver Mère, mais elle n'y était pas...



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HRP : *Flamme - ** Dorée
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Magalona Eufrasia d'Alanha.
Née des Ténèbres, j'en suis Ébène.
Si elle est Lumière, je suis Ombre.
--Eirwen.de.vergeze



La jeune femme avait beaucoup changé ces dernières années. Elle s'était épanouie comme une fleur au soleil. Devenue préceptrice pour les jumelles, elle avait découvert en ses élèves deux amies. Et elle était finalement heureuse de sa vie auprès de la Comtesse et de sa tribu.

Cela faisait des semaines qu'elle préparait le voyage d'aujourd'hui. Elle s'était levée tôt et avait vérifié que tout était en ordre avant d'aller chercher les jumelles pour prendre le petit déjeuner dans le Petit Salon. Elles descendirent donc toutes trois, souriantes, heureuses de la journée qui s'annonçait, inconscientes de ce qui se jouait.

Le petit déjeuner se passa tranquillement, dans les rires et les paris sur le temps qu'elles mettraient pour faire le voyage et sur le temps qu'il ferait. Aucune trace de la Comtesse néanmoins. Ni même de Jehanne_Elissa, mais sans doute était-elle déjà entrée au Couvent comme cela était prévu. A bien y penser, il manquait aussi la petite Aimelina. Eirwen trouvait la chose étrange, mais elle n'en dit rien. Elle avait vu la lueur de déception sur le visage des filles quand elles étaient entrées dans le Petit Salon et n'y avaient point vu leur mère.

Et finalement, elles ne la virent point avant de partir. Eirwen retarda autant que possible l'heure du départ, mais il fut bientôt évident à toutes trois que la Comtesse ne les saluerait pas. Ce fut un crève-cœur pour la blondinette que de presser les jumelles d'entrer dans le coche et de se mettre en route. Elles passèrent tout le temps du voyage sans dire un mot. Les éclats de rire s'étaient tus. Les paris furent oubliés. Ne restait que la peine ressentie par les filles et la pupille de Paula. Eirwen réussit toutefois à prendre sur elle pour ne pas trop montrer sa déception afin de ne pas rendre ses amies plus malheureuses...



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Eirwen de Vergèze, Petite Dame de Vergèze.
Aimelina, incarné par Polstephie


De sa petite enfance, avant l'âge où les mots s'agencent avant de franchir les lèvres, Aimelina ne se rappelait rien, hormis, une fois, l'image d'une fenêtre tremblotante, un rideau frémissant, et un paysage mouvant derrière la vitre. Elle avait appris à mettre des mots sur ces images : elle était petite et voyageait pour la première fois. Elle apprit plus tard de Paula que c'était la voyage de Touraine, où elle était née, en Languedoc, où on l'avait élevée, sous la tutelle de Paula-Estèva. Paula, elle l'avait toujours appelée Maman, quoique ce ne fût que parce que de sa véritable mère, elle n'avait pas de souvenirs, et que Paula-Estèva prenait soin d'elle tout à fait comme l'aurait fait une mère. Elle lui avait, en plus, donné bien des compagnes de jeux, toutes plus âgées qu'elle, mais enfin, il y avait les deux jumelles et Jehanne-Elissa, qui avaient toutes les trois à peu près le même âge. Il y avait Eirwen, la plus grande, la blonde. Parfois il y avait aussi Catalina, qui avait l'âge d'Eirwen. Et puis il y avait elle, Aimelina. Toutes filles du Languedoc, en vérité. Car Margalida et Magalona avaient pour parents les Comtes du Gévaudan, Catalina la défunte Baronne de Bram, Jehanne-Elissa la défunte Vicomtesse de Cauvisson, qui était fille de la Baronne de Bram. Eirwen, fille de la blonde Dame de Vergèze.

Et Aimelina, quoique ce ne fût pas très clair dans son esprit – peut-être parce qu'entourée de femmes, elle s'était rarement préoccupée de savoir qui étaient les hommes de sa vie, si ce n'était, parfois, LeGueux, le Comte du Gévaudan, qu'on pouvait bien appeler Papa, puisque la Comtesse était Maman – , Aimelina, ainsi, que l'on appelait aussi plus familièrement Lineta, la petite Fleur de Lin, était la fille du Vicomte des Fenouillèdes.

Comment toutes ces fleurs en devenir s'étaient trouvées au château de Grèze, siège du Gévaudan, sous la bienveillance de Paulà-Estèva d'Alanha ? Les jumelles Alaigne, c'était bien normal. Les autres...
Aimelina ne s'en occupait pas. Lorsque le temps viendrait, elle saurait... Mais elle était trop jeune pour s'en préoccuper d'elle-même.

Paula-Estèva vint la réveiller à Montpellier alors que le jour embrassait tout juste l'horizon, et Aimelina, la petite infirme, geignit dans son sommeil dérangé, car elle aimait dormir autant qu'elle aimait courir : plus que tout, quoique sommeil comme course souffrissent chez elle de déséquilibre. La course, à cause de son bras atrophié, qui perturbait l'habituel balancier des bras. Le sommeil, parce qu'ils étaient trop rares, les sommeils sereins, qu'elle les appréciait plus que tout. Elle faisait bien des cauchemars. Dira-t-on que c'est de son âge ? Rêve-t-on, à sept ans, huit peut-être, de murs couverts de sang, de squelettes demandant : Avez-vous pour moi un bouquet de roses rouges, ma jolie demoiselle ?
Paula vint la réveiller et elle s'arracha aux draps avec une moue boudeuse, qui, le temps passant, se mua en moue interrogative. Pourquoi monter en voiture, et pourquoi sans ses amies ? Pourquoi ? Question d'enfant, éternel mot d'enfant. Pourquoi les chevaux aiment les carottes ? Pourquoi ma main n'est pas comme les autres ? Pourquoi la neige ne tombe pas en été ? Pourquoi les marguerites sont blanches, Maman ? Pourquoi je ne connais pas mon Papa ?


-« Pourquoi Margalida et Magalona et Eirwen et Jehanne sont pas là, Maire ? »

Et, assisse entre deux coussins, une couverture sur ses genoux, dans le coche, elle vit l'encadrement de la fenêtre osciller alors qu'ils passaient dans un nid de poule, et le rideau trembler, et le paysage défiler. Elle se souvint, furtivement, avoir déjà vu cela, longtemps, très longtemps auparavant.
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Polstephie
[11 février toujours - Dans un coche qui va, battant la campagne, cahincaha...]

Elle avait eu le cœur serré d'écourter ainsi le sommeil de Lineta et de ne point répondre à ses questions. Ce ne fut que dans le coche que Paula, enfin, parvint à laisser sa voix sortir de sa gorge. Suite à une question. Une simple question.

-« Pourquoi Margalida et Magalona et Eirwen et Jehanne sont pas là, Maire ? »

Son cœur avait fondu. Comme toujours alors que les grands yeux de cette enfant qui lui était si chère la dévisageaient.

Parce que, Lineta, ma si Douce Lineta, c'est aujourd'hui qu'Eirwen, Margalida et Magalona vont à Chaudes-Aigues. Pour que Magalona puisse y faire sa cure et prendre du repos. Te souviens-tu ? Je t'en avais parlé il y a quelques temps.

Jehanne quant à elle entre au couvent ce jour. Afin de prier le Très-Haut et de réfléchir. Mais aussi pour se reposer un peu. Elle travaille très dur et fait honneur à la mémoire de sa Maman.


Un soupir à l'évocation de Margot, à l'évocation de la maternité. Souvenirs qui reviennent à l'esprit de Paula qui laissa alors son regard vagabonder par la fenêtre du coche. Aspirée par ses tourments, Paula ne parla plus pendant de longs moments.

***

Elle était à quelques lieues de là, bien avant cet instant. Elle parcourait le Languedoc en pensée, elle parcourait le temps :

Le Puy et son saule.
Béziers et ses jours heureux malgré le passage des In Tenebris.
Melgueil et la Chancellerie.
Montpellier et ses conseils.
Maguelone et leurs épousailles.
La Champagne et les Siennes.
Béziers, Montpellier... Le Languedoc.

Et puis... Mende, sa Cathédrale, sa Sacristie pour un Baptême et un miracle.
La Touraine pour des retrouvailles inespérées et une promesse.
La Vaunage et cette parenthèse en dehors du temps.
Montpellier pour un serment et un présent.
Mende, sa Cathédrale et sa Sacristie pour une Cérémonie et un miracle.
Un tour de France.
Pour revenir en Vaunage où la Vie avait succédé à la Mort, dans le Sang, dans le Rouge.
Montpellier, Béziers, Mende.
Le Gevaudan, les Fenouillèdes.
Et puis...
La Touraine, son Renouveau, sa Renaissance.
Et le Languedoc, encore toujours. Gevaudan, Gevaudan, Gevaudan...

Et Montpellier... Montpellier qu'elle quittait ce jour. Montpellier qu'elle abandonnait pour quelques temps. Appelée par une tâche bien plus grande, bien plus importante...

***

Quand elle revint à elle, ils venaient d'arriver dans le premier relais. Elle congédia ses hommes, ne souffrant aucune remarque. Et ils se gardèrent bien d'opposer refus quand ils croisèrent son regard. Ils chargèrent des bagages de la Comtesse et de la Petite Lineta, un coche qu'elle venait de réserver... Et finalement, une fois dans l'écrin de cet anonymat, elle prit la main de Lineta. Et, d'une voix tremblante, elle lui apprit leur destination.


Lineta, Ma Petite Fleur, Mon Enfant... Nous allons voir ton Papa.
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Jehanne_elissa
Elles étaient parties de bon matin du couvent. Martha accompagnée de deux dames de la Comtesse d’Alanha étaient venue chercher notre petite Goupil. Après les prières matinales et quelques rayons de soleil avant le repas la petite équipée prenait la route pour la capitale Languedocienne. Voila quelques temps maintenant que la tribu d’Alanha avait quitté Mende pour se rapprocher du pouvoir. Du moins surtout pour que la Comtesse et Jehanne, toutes deux officiers royaux, puissent être au plus près du travail. Cela ne dérangeait pas Jehanne Elissa, elle aimait bien l’appartement Montpelliérain : moins grand certes que la demeure de Mende, que le château du Gévaudan ou encore que sa demeure de Cauvisson mais bien agencé et en centre de la capitale soit en éternelle éffervescence ce qui plaisit bien entendu à notre jeune Volpilhat qui par dessus tout aimait au réveil, sous les rayons timides du soleil matinal, regarder la ville du pouvoir s'éveiller. SA capitale. LA capitale.

C’est avec ces considérations architecturales quelle réalisa une grande partie du trajet. Si elle n'attendait pas de rires et jeux de la part de Martha-la-brute, elle en attendait par contre des dames; pas une seule fois lui proposèrent un jeu préférant rester murées dans un silence ô combien hostile pour notre jeune naïve. Méprisante dans le silence ambiant elle les avait accusées d'être ennuyantes et inutiles, vexée de ne pas voir plus de joie à son retour et avait donc, pour passer le temps, fait un caprice pour manger quelque chose. Après un arrêt dans une auberge les grosses mains de Martha lui avaient tendu des tranches de pain et du jambon ainsi qu des nougats. Maussade elle croque dans ce repas frugal en lançant, entre deux bouchées, des regards noirs à sa compagnie. Elle luttait contre un reste de nougat qui avait décidé de trouver refuge entre ses dents du bonheur quand les roues entrèrent dans la capitale encombrée. Finalement, le vivant comme une libération, elle saute de l’habitacle en s’emparant de la main poliment tendue du cocher et gravit les escaliers menant à l’appartement.

Là ce furent des sourires échangés, des saluts, des politesses, l’annonce d’un présent dans sa chambre. Ni une ni deux l’esprit enfantin occulte le principal manque du logis pour s’intéresser à ce cadeau. Et quel cadeau ! Là, sous ses yeux un maillet avec la réponse à son allégeances du maintenant félon Boniface Ryllas : son présent. Enchantée elle parcourt la lettre, s’empare du jeu et en fait une démonstration aux domestiques, fière comme personne. Enfin sa petite bouille réjouie se leve alors quelle est au cœur du Petit Salon.


- « Ou est Tante Pol ? Je dois lui montrer !

Silence. Elle fronce les sourcils. Mirettes émeraudes qui vont de domestiques en domestiques qui baissent la tête les uns après les autres. Incompréhension.

- « Ou est Tante Pol ?

La voix de l’enfant normalement joyeuse s’est durcie. Le petit ton autoritaire d’une jeune Vicomtesse qui n’aime pas ne pas avoir de réponse, qui n’aime pas ne pas avoir ce quelle veut immédiatement, en l’occurrence, une réponse. Avec le nuage noir chargé de questions planant au dessus de sa tête rousse elle jette le maillet et s’en va à travers toutes les pièces de l’appartement.

- « Que se passe t-il ? Ou est-elle ? Tante Pol !

Petite tempête rousse qui monte en tension, porte qui s’ouvrent, se claquent, escaliers gravis, descendus en courant, visage qui se ferme. Dans l’entrée de l’appartement une nouvelle silhouette bien connue de la jeune Vicomtesse : son maître.

- « Maître ! Ou est la Comtesse ? Répondez ! Répondez, répondez, répondez …

Le maître pose alors un regard sur l’enfant. Tristesse ? Inquiétude ? Regard sans vie du maître qui se pose derrière elle et quelle suit : l’assemblée des domestiques de la Comtesse est derrière elle. Oh comme elle se sent seule… Petite silhouette sans l’entrée avec autour d’elle, a sage distance, des domestiques aux visages gris. Sournoisement sa vision se brouille. Habilement la colère s’empare d’elle. Mécaniquement la peur créé une boule dans sa gorge.

- « REPONDEZ !

Le maître sursaute. Il est si rare de voir la jeune Goupil crier. Il est si rare de voir les traits ravagés de l’inquiétude sur son visage. Il est si rare d’entendre sa voix nouée par la peur et la colère. Lentement alors, il s’avance. Un pied après l’autre, une lenteur insupportable, des pas quelle regarde comme l’arrivée d’un Loup, comme l’attente d’une tempête. De ses yeux troubles elle ne voit pas la bouche du maître s’ouvrir et se fermer comme s’il cherchait ses mots. Toute possédée qu’elle est par la peur elle ne sent pas la dame principale de la Comtesse s’approcher d’elle.

Vicomtesse… La Comtesse a disparu. Avec la jeune Aimelina. Voici maintenant plusieurs jours nous n’avons aucune trace elle est partie seule et…

- « Dispa… rue ?

Les mains douces de la dame de sa tutrice se posent alors sur ses épaules. Le maître se perd dans des explications : ils ne savent pas quoi faire, faut-il prévenir le comte, faut-il prévenir la prévôté, le Vicomte de Tournel sait-il quelque chose, ou commencer à chercher… Mais elle n’entend rien. Elle ne sent plus les mains de la dame qui maintenant enserrent tout son buste. La petite Vicomtesse, tête baissée et visage masqué par sa masse de cheveux roux n’émet plus aucun son. Face à cette inertie le silence se fait. Assourdissant.

Ploc.

Le bruit d’une larme enfantine qui vient de se poser, lourde d’incompréhension, lourde d’égarement pour une si jeune personne, lourde d’inquiétude, lourde de peur, sur un sol détestablement propre.
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Jehanne_elissa
Il y avait d’abord eu l’abattement.
Après l’annonce de la disparition la jeune Goupil avait, comme toute personne de son âge doit le faire pleuré, pleuré, pleuré encore à en injecter ses yeux verts de sang, à en creuser des rigoles dans les joues. Diable, comme elle se sentait seule. Pas d’Eirwen, pas de jumelles, pas de Comte, pas de Kamharley, pas d’Actarius. Juste elle, le bataillon de domestiques et l’absence. Alors oui, elle avait pleuré l'enfant désamparée n'ayant jamais connu les problèmes et se retrouvant grâce aux aléas de la vie face une grosse tuile. C'était donc ça, la vie qui ne devrait pas changer son caractère dont l'avait prévenur le Vicomte de Tournel?

Et puis ensuite, au réveil d’une nuit ou même perdue dans les méandres du sommeil ses joues s’étaient trempées, elle avait décidé. Chaque minute comptant c’est en tenue de nuit qu’elle descendit dans le petit salon demandant à la première domestique croisée de réunir tout le monde dans la pièce. Assise sur une chaise, ses pieds ne touchant le sol elle attendit tout à fait impatiemment, torturant une mèche de ses cheveux roux encore emmêlés de la nuit agitée. Elle répondait au salut des domestiques par un mouvement de tête et les regardait, affreusement lentement se masser au tour d’elle. C’est qu’il était encore tôt le soleil se levait à peine sur le Languedoc, certains n’étaient pas encore tout à faits éveillés et avaient pris le temps futile de bien se mettre pour faire face à la Vicomtesse. Son maître à son droite et Martha à ses arrières, armée d’une brosse avec l’irréalisable souhait de démêler les cheveux de la petite Vicomtesse elle fini enfin par prendre la parole, sautant de ses petits pieds nus du haut de son promontoire –oui, une chaise est élevée quand on n’ est pas plus haute que trois pommes.


- « Nous ne pouvons rester sans rien faire. Toutefois nous n’alerterons pas encore la prévôté. Vous savez tous autant que moi que la Comtesse est parfois victime de certains égarements et j’espère que ça n’en est qu’un de plus ; inutile de mettre à mal sa position en affichant ses maux aux Languedociens.

C’était quelque chose qu’on lui avait appris : éviter de faire du bruit sur les comportements parfois étranges lorsqu’on est noble et que l’on a un statut. Avant d’ameuter la foule de racontars et colporteurs à la parole bileuse mieux valait tenter de régler les soucis de manière personnelle, sous cape. On n’entache pas un rang avec des esclandres, nous ne sommes pas des chiffoniers, nous ne donneront pas le bâton pour nous faire battre avec de petites bévues. Car ce n'est qu'une petite bévue, hein? Oh, pour la première fois, elle espérait tant que ce ne soit qu'une petite crise de plus... Les yeux rougis se promènent sur les visages serviles des gens de la Comtesse puis elle reprend.

- « Alors, nous allons avoir un service réduit dans cet appartement je veux que seulement Martha, une cuisinière et trois hommes restent à mes côtés. Tous les autres vous allez partir dans l’heure aux quatre coins du Languedoc. Les dames iront dans les terres aucun fief ne doit être oublié. Là-bas vous retournerez les demeures s’il le faut ainsi que chaque recoin de terre. Celles qui ne peuvent pas être de retour ce soir m’écriront. Et n’oubliez pas d’aller en Vaunage. Les hommes iront sur les grandes routes du Languedoc et dans chaque auberge aussi mal fréquentée soit-elle. A chaque fin de journée vous m’écrirez. Vous demanderez avec discrétion s’ils n’ont pas vu passer la Comtesse, ne faîtes pas voir notre peur ni notre inquiétude, faites semblant de rentrer de congé et inquiétez vous de vos maîtres. Enfin… Mentez.

A ce verbe, elle se signe. Qu’Aristote la pardonne d’ordonner de telles choses mais aux grands maux les grands remèdes. Son petit plan d’attaque organisé et les domestiques sur le départ elle les quitte accompagnée de Martha pour retourner dans sa chambre. Elle restera ici. Il ne faut pas éveiller les soupçons et donc accomplir le plus normalement possible son quotidien : travail de Secrétaire d’Etat, visite au château, envoie de missives et de rapports…. Rien ne doit transparaître. Par la fenêtre de sa chambre elle regarde, au petit jour, les domestiques partir dans des directions différentes tandis que Martha la prépare. Brosse, toilette, robe passée, tresse tressée, peau parfumée, fourure jettée sur les épaules. Soupir en croisant son reflet dans le miroir. La peur, l’inquiétude, les pleurs lui ont ravagé le visage et pour la première fois elle se rend compte que son visage souriant peut-être triste et accablé, terne et gris. Pour la première fois des soucis l'accablent, pour la première fois, elle fait une vraie expérience de la vie.

- « Je vais manger puis nous irons au château. Là-bas j’écrirais au Comte… Vous me suivez Martha. Et… Nous dirons que je suis malade. »

La voix se casse. Tante Pol, qu’as-tu fait ?
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Polstephie
[17 Février, au petit matin, quelque part en Languedoc]


Elle avait finalement écrit une lettre à la petite Volpilhat, à sa petite Jehanne Elissa. Ce fut le cœur lourd qu'elle tut certaines choses. Elle avait reçu une invitation des mains d'un valet bleu, qui, sans relâche avait arpenté, non seulement les terres qu'elle avait sous sa garde, mais aussi celles de ses amis les plus proches. C'est ainsi qu'il l'avait trouvée, presque par hasard en vérité. Il lui avait alors remis le pli.



Ainsi, chamboulée de tout, encore sous le coup, elle avait pris plume et avait écrit la première lettre depuis des jours. A sa petite Renarde. Elle avait pris soin de ne pas souiller la lettre de larmes, mais cela avait nécessité de la recommencer souvent. Sa main avait tremblé. C'est donc une lettre d'une écriture fine et serrée, mais surtout irrégulière, qui parvint à Celle qui recherchait sa Tante Pol partout... dans la nuit du 17 au 18 février...

    Citation:
    De Nous, Paula Estèva d'Alanha, Votre Tante & Tutrice, en Terres Languedociennes.


    Adissiatz.


    Ma chère Petite,


    De l'isolement le plus profond dans lequel je me trouve, m'est parvenue une invitation à laquelle je ne saurai répondre pour ma part. Mais, si vous le souhaitez, je vous autorise à vous y rendre, sous bonne escorte et sous la bienveillance de Martha. Vous pourrez proposer à votre tante, Catalina de Volpilhat, de vous y accompagner ainsi que cela est suggéré dans la lettre que je vous joins à la présente. Il s'agit d'une Cérémonie particulière et vous me feriez honneur à m'y représenter ainsi qu'à vous y présenter.

    J'ai conscience des questions qui doivent vous hanter sur ma disparition. Je ne peux encore y répondre. Je ne suis pas prête. Mais je vous promets que je me porte au mieux et que je vous expliquerai tout dès que je serai capable de vous rejoindre en Montpellier. Je vous présente mes excuses les plus sincères quant à mon départ si précipité, sans même une lettre pour vous rassurer. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, mais je comprendrais que cela soit le cas.

    Jehanne Elissa, gardez toujours présent à l'esprit que je vous aime profondément et que je ferais tout pour vous et pour votre bonheur.


    Que le Très-Haut vous ait en Sa Très Sainte Garde.


    Votre Tante Pol.
    Le 17 Février, à l'heure où Blanchit la Campagne.

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Jehanne_elissa
Le 18 Février de l’an 1458 serait un réveil que la jeune Volpilhat aurait en mémoire toute sa vie. Du moins, c’est ce quelle pensait à cette date et à cet âge. La journée de la veille avait été affreuse. Tout le jour elle avait dû se forcer à sourire, prétexter un vilain rhume, refuser des visiteurs à l’appartement d’Alanha de peur que l’on se rende compte de l’effectif réduit des gens de la maisonnée et que des soupçons s’éveillent. Toute la journée, elle avait du dire que non, tout allait bien, des tisanes et elle sourirait à nouveau, toute la journée se forcer à rire comme à l’accoutumée alors qu’elle avait juste envie de se terrer. Pour la première fois de sa jeune vie, l’héritière Goupil avait du mentir.

Oh comme ça peut paraître simple de mentir ! Comme certains en font un mode de vie et usent de cette méthode sans vergogne ! Mais comme c’est douloureux pour elle… Plus que tout sa personnalité était entière, pleine : lorsqu’elle riait c’était franchement, lorsqu’elle parlait c’étaient des mots vrais, lorsqu’elle souriait cela venait du cœur, lorsqu’elle râlait c’était des cris du coeur. La veille elle avait rit pour cacher, parlé pour articuler des mensonges, sourit pour masquer les pleurs et évité de râler pour taire son coeur. Oui, elle avait menti. Et pleuré, tellement pleuré en rentrant de Montpellier ! Pleuré les lettres sans nouvelles encourageantes, pleuré les mensonges, pleuré sa Tante, pleuré sa solitude. C’est saoulée de chagrin, fatiguée de ces dernières nuits sans sommeil qu’elle avait finalement sombré et une fois de plus trempé son oreiller.

Alors ce 18 Février 1458, lorsque Marta ouvre les rideaux de sa chambre et lui secoue l’épaule ce n’est qu’une pâle copie de l’habituelle joyeuse Jehanne Elissa qui se traine hors du lit et passe une fourrure sur ses épaules. Assise face à la coiffeuse, Martha la prépare tandis qu’elle, mécanique, lève le bras, penche la tête, lève un pied, puis l’autre bras. Poupée désarticulée dans les brumes d’un réveil douloureux. Plus tard, elle descend pour déjeuner. Derrière la table du Petit salon le pain ne gagne qu’un regard dédaigneux alors que d’habitude il souffre les dents gourmandes de l’enfant. Elle picore finalement puis se lève, prête à retourner mentir…

Et comme on le dit c’est quand on s’y attend le moins que les nouvelles arrivent. N’avez-vous jamais remarqué que lorsque vous espériez quelque chose plus que tout, que vous épiez l’heure, les bruits, les visages rien ne vient ? Tandis que le plus souvent, lorsque vous n’y croyez plus, l’objet attendu arrive. Hé bien, cet objet arrive sous les traits d’un coursier brandissant un pli. Regain d’espoir chez la jeune Vicomtesse lorsqu’elle s’aperçoit qu’il n’est pas de ceux envoyé sur les routes, regain d’espoir en voyant le seau, larmes d’impatience et piétinement capricieux alors que l’on décachette.


- « Elle est vivante.

Lecture avide avant que les yeux de la petite Vicomtesse rougis de larmes se lèvent sur Martha. Vivante… Comme un poids qui s’enlève avant un autre qui s’ajoute. Elle est vivante mais ne veux pas lui dire. Elle est vivante mais ne veux pas la voir. Elle est vivante et ne veux que son bien. Mais son bien n’est-il pas de savoir ou elle se trouve ? S’est-elle faite enlever ? Est-elle au chaud ? Est-elle en danger ? Ni une ni deux, c’est la colère qui s’inscrit sur son visage en regardant le messager. Ni une ni deux, elle se retrouve face à lui, ce messager. Oh il va lui dire ou elle est. Et même qu’il va la conduire tiens ! S’il a cette lettre c’est qu’il l’a vue non ? C’est une découverte pour elle, la découverte de pensées malsaines, ce genre de pensée qui vous pousse à faire n’importe pour obtenir ce que vous voulez. Ces pensées propres à l’homme qui n’est qu’un animal plus ou moins civilisé. Ces pensées qu’on ne cesse de lui inculquer d’occulter. La bouche s’ouvre pour laisser sortir ces ordres impitoyables d’un enfant gâtée doublée d’une simple humaine avant de se refermer immédiatement. Et de se sentir abandonnée.

Si Tante Pol voulait la voir elle le lui aurait écrit. Si tante Pol aurait voulu qu’elle la retrouve elle lui aurait écrit. Mais il n’y avait rien de tout ça couché sur le papier. Rien ? Jehanne Elissa, elle, sa pupille, était volontairement laissée à l’écart. Alors elle pourrait, enfant capricieuse, lui demander quand même à ce messager et n’en faire qu’à sa tête. Aller la voir, même si selon les mots elle ne voulait pas d’elle. Mais par-dessus ces élans du cœur auxquels elle a juré à son parrain ne jamais répondre, elle avait son éducation. Des notions de respect, de discrétion, et d’amour. Respect du choix de sa tante de rester cachée. Discrétion en mentant encore. Amour qui guide le tout. Dépitée, prenante réellement conscience de la force de son éducation et de ce sentiment qui est le « devoir » sur lequel elle a tant de mal à mettre un nom en cet instant, elle fait marche arrière, s’assoit, er demande de quoi écrire.


Citation:
Tante Pol,

J’ai bien reçu votre lettre et elle me rassure. Que vous soyez en vie est l’essentiel.

Toutefois, sachez que je souffre de ne pouvoir vous retrouver. Sachez que je souffre que vous ne le souhaitiez pas. Vous n’imaginez pas les nuits de douleurs et de peur que j’ai passé. D’autant plus que ne sachant ou vous êtes ni dans quelle condition, elles n’ont pas fini de me hanter. Mais vous voulez rester loin de moi et je le respecte car on me l’a appris, et je respecte vos choix car je vous aime.

J’espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé. En attendant, je n’ai informé personne de cette absence. Etant donné quelle va bientôt se sentir je vous dirais malade et retirée sur les terres du Gévaudan.
Comme vous le souhaitez, je me rendrais à ce mariage. Ne manquez pas de continuer à m’écrire ma Tante et je vous en prie, préparez vous à m’expliquer.

Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat.
Le 18 Février de l’an 1458 à Montpellier.


Lettre donné et ordre de préparer le coche pour Aix ou alors retrouver Catalina. Si sa Tante l’a voulu, elle ira à ce mariage. Si sa Tante Pol a voulu l’éloigner d’elle, et bien elle s’éloignera. Au moins elle n’aura pas à mentir plus…
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Polstephie
[Les Fenouillèdes, 22 février]

Elle avait reçu la lettre de Jehanne Elissa. Mais elle ne l'avait ouverte que le jour des noces de la Castelmaure, comme pour endiguer un mal qui ne rongeait qu'elle. Ses yeux avaient pleuré en parcourant l'écriture chérie. Son cœur avait saigné de la souffrance qu'elle savait avoir infligée à l'Enfant. Désormais qu'elle la savait "loin", tout était un peu plus facile. Elle prit alors nécessaire à écriture et rédigea plusieurs missives. La première pour Jehanne Elissa. La seconde pour ses filles et Eirwen. La troisième pour Lop Guilhem.

Citation:
Ma Toute Petite,


Mon cœur se serre à vous lire et à lire dans votre réponse cette souffrance que j'ai causée. Et mon cœur saigne encore de savoir que je vais vous en infliger une plus grande encore. Car, à l'heure où je vous écrivais la première lettre, j'avais déjà une funeste nouvelle à vous apprendre.

Je crois que c'est tant l'Amour que j'ai pour Vous, que le Temps qu'il m'a fallu pour réaliser que cela était et ne serait pas défait qui m'ont fait reculer l'instant de cette annonce.

Ma Chère Enfant, votre Oncle, mon Époux, est mort. Il est mort en guerrier. Mais il n'est plus. Il ne sera plus. Il nous a quittés... Tous ces mots, je les vois, le les écris, je les lis, mais il sont si peu comparé à la peine, à la douleur et au vide que sa disparition laissent en moi.

J'ai pris conscience de bien des erreurs que j'ai commises. Et je ne voulais pas vous priver davantage de votre tante. Malgré ses erreurs, malgré son caractère, sa personnalité, malgré qu'elle n'a pas su se présenter Volpilhat à mes yeux, elle reste votre chair, elle reste votre sang. Elle est votre tante. Bien plus que moi je pense. Et je n'ai pas le droit de vous en priver. Gardez-vous simplement de trop vous laisser entraîner par ses vices. Pour votre bien et pour celui de votre Nom.

Je vous Aime mon Enfant. Et je prierai pour que vous puissiez un jour me pardonner mes égarements.


Que le Très Haut veille sur vous et éclaire vos pas.


Paula Estèva d'Alanha.
Fenouillèdes, le 22 Février.

Citation:
Mes Enfants, Mes Filles bien aimées,
Eirwen, ma Douce Pupille,


C'est le cœur lourd que je vous écris enfin. Avant tout, je vous dois à toutes trois des excuses. J'ai fui le jour de votre départ, je suis partie sans un mot, sans une explication et je sais, au fond de moi, que j'ai blessée chacune d'entre vous.


Margalida Dulcia, Magalona Eufrasia, Eirwen... Je suis navrée et désolée de ce comportement que je n'aurais pas du avoir. Mais ce n'est malheureusement pas là le seul objet de ma missive. J'aurais aimé ne pas interrompre votre séjour. J'aurais aimé que vous l'appreniez autrement, mais je ne peux laisser d'autres que moi vous l'annoncer.


Mes Enfants, Mes Anges, Ma Petite Flamme, Mes Douces Ténèbres... Eirwen, mon Adorable Adorée...


Votre Père, Ton Oncle... Mon Époux, ma Moitié, mon Autre... Il n'est plus. Il a succombé. Votre Père, Ton Oncle, est mort en Guerrier mes Amours. Il est mort dans le chant de l'acier. Il est mort dans les flammes du combat. Et je suis perdue... Et je me perds. Je vous laisse choisir de revenir ou non. De me rejoindre ou non. D'attendre Jehanne Elissa ou non, qui est partie en Aix-la-Chapelle à ma demande pour quelques jours. Je ne suis pas en mesure de vous guider vos actes et décisions en pareil moment. Je vous laisse décider...


Je Vous Aime mes Anges...


Faites moi savoir vite votre décision. Je prie chaque jour qui passe afin que vous me pardonniez de n'avoir pas été une assez bonne mère ni une assez bonne tutrice.


Que le Très Haut veille sur Vous Toutes et éclaire vos pas.


Paula Estèva. Votre Mère, votre Tante.
Fenouillèdes, le 22 Février.

Citation:
Mon Si Cher Fils, Mon Tendre Ange,


Les mots me manquent déjà pour vous apprendre ce qui fut, ce qui est. Et j'ai tant tardé en pensant que cela me rendrait la tâche plus facile que je n'en ai que plus de mal à m'exprimer. Il serait trop long de vous expliquer tout, et trop difficile surtout. Mes mots vont être brusques, crus et vont vous heurter de plein fouet.


Votre Père, mon Époux, n'est plus. Il est mort... Et vous pouvez être fier de lui, car c'est en guerrier qu'il aura péri. Les mots me manquent pour exprimer ma douleur, ce vide qu'il a pu laisser en disparaissant et je ne me sens plus capable de tenir la plume. La lassitude et la fatigue me gagnent tellement vite depuis quelques temps.


Ne doutez jamais qu'Il vous Aimait, mon cher Petit Loup. Car il vous chérissait de toute son âme. Il vous avait tant attendu... Ne laissez jamais personne vous faire douter de ceci.


Je vous Aime mon Enfant, mon Fils.


Que le Très Haut vous guide sur le chemin de votre vie.


Paula Estèva. Votre Mère.
Fenouillèdes, le 22 Février.


Ce que Paula ne savait pas, c'est que cette dernière lettre mettrait des semaines à arriver à destination. Et que le jour-même où elle recevrait une lettre de la main de son fils, il recevrait la sienne. Elle aura alors manqué à tous ses devoirs de mère en n'étant pas celle qui lui avait annoncé la disparition de son Père.

Mais pour l'heure, ce sont deux messagers qui partent. L'un en Périgord-Angoumois, chargé de la lettre pour son fils, l'autre pour Montpellier afin d'y laisser la lettre pour le Petit Renard, puis pour le Bourbonnais-Auvergne où il verrait les filles de la Comtesse ainsi que l'une de ses Pupilles.

Alors que les messagers étaient partis, Paula, les yeux rougis par les pleurs s'était levée et avait rejoint une autre pièce du Château de Fenouillet.

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Jehanne_elissa
[ Quoi ? Vous n’êtes pas au courant de l’ahurissant décalages horaire entre Aix la Chapelle et Montpellier ?!]

Sitôt le mariage quitté, l’inquiétude avait peint le visage de la petite Vicomtesse. Quitter le conte de fées, la belle histoire d’amour d’une Grande Dame et d’un Grand Monsieur le tout orchestré par une Princesse de l’Eglise avait été le glas du retour des inquiétudes. Qui aurait cru qu’un jour elle serait minée à l’idée de revenir en Languedoc ? Certainement pas elle. Oh il y avait du positif : retrouver l’appartement de Montpellier, retrouver le bureau des médiateurs qui était toujours par son atmosphère chaleureuse une bouffée d’air dans la morosité qui semblait gangrener ses terres, le travail du Secrétariat en retard qui l’occuperait… Mais il y avait aussi l’attente de sa Tante. La peur de ne pas avoir de nouvelles. La peur de ne savoir ou elle est. La peur que son absence devienne trop suspecte et que des crieurs publics bileux aient émis des hypothèses scabreuses. Non, ce retour se faisait avec inquiétude. Et c’est chahutée par cette nouvelle ennemie qu’elle ne ferma les yeux tout le long du voyage.

Montpellier. Le véhicule frappé des armes Volpilhat stoppa net devant le distingué bâtiment qui abritait la demeure de la capitale de la famille d’Alanha. Le cocher vint ouvrir la porte à la jeune Vicomtesse, inéluctablement suivie par la grosse Martha qui ne pouvait pas passer inaperçue. Les escaliers furent gravis et c’est avec surprise, une surprise mêlée de joie, quelle vit que la plupart des gens de la maisonnée étaient de retour ; pas empressés, bras chargés, airs affairés. Avant son départ, Jehanne Elissa les avait fait chercher pour stopper les recherches : sa Tante était vivante et seulement si elle souhaitait, elle lui indiquerait ou la trouver. Légèrement soulagée de pouvoir retrouver une maison bien vivante, c’est presque avec plaisir qu’elle se laissa enlever les fourrures et quelle se dirigea vers le Petit Salon ou deux dames occupées à nettoyer officiaient avec une solennité digne d’un prêtre le dimanche. Oui oui. Ah, le confort. Plaisir éphémère et matériel bien trop vite rattrapé par l’inquiétude viscérale des vrais sentiments. Morne, elle se laissa tomber sur un fauteuil en tendant la main vers un nougat. Une bouchée. Et elle se souvient, au goût bien moins agréable que ceux de sa tante, combien celle-ci lui manque. Le matériel ne nous comble qu’un temps. Ou nous donne t-il l’impression d’être comblé ?


Vescomtessa, vous avez du courrier.

Toujours aussi lasse elle s’empare des plis tendus par la domestique. Un premier du Secrétariat, un autre du bureau des médiateurs, un du Premier Secrétaire, tiens pas de courrier d’Actarius encore et… Ce sceau ! Elle sursaute et ordonne qu’on décachète la lettre. La domestique a le visage qui s’éclaire en faisant fondre le sceau a la lueur d’une bougie, elle aussi a bien reconnu les armes de la Comtesse et s’éxécute rapidement sous le ton mi-joyeux mi-impérieux de sa maîtresse. Sceau enlevé, lettre dévorée, expression neutre. Sa tête se lève avec peine et offre à la vue de tous son visage enlaidit par des cernes tenaces.

- « Le Comte est mort.

Silence lourd qui s’abat sur le Petit Salon qui quelques secondes auparavant était tout agité du retour de la petite Vicomtesse. Celle-ci, d’un geste de la tête et d’un sourire forcé demande aux gens de partir. Elle veut être seule. Sa petite main pâle pose la lettre sur le sol alors qu’elle s’enfonce un peu plus dans le fauteuil. Le Comte est mort. Le. Comte. Est. Mort.

Quel effet cela lui fait-il ? C’est bercée par une bien triste et fatale réalité qu’elle en arrive à cette constatation : presque rien. Vous êtes déjà au fait, Jehanne Elissa était passablement effrayée par le Comte très peu vu, encore moins connu mais surtout immensément grand à ses yeux et immensément intimidant avec son manteau de Pair. Pair, Roy d’Armes, Comte, craint, aimé, respecté, décrié… Un grand comme on en fait qu’à Paris. Un grand qu’on a peu trop vu sur les derniers moments de sa vie en Languedoc. En réalité elle le connaissait peu, voir pas du tout. Mais a contrario, si le fait que sa disparition l’affecte peu, ce qui l’affecte est plus pour les gens qui eux, partageaient son sang. Le reste de la famille d’Alanha. Sa tante en premier. Lop Guilhem qu’elle n’a pas vu depuis trop de temps en second. Et puis les jumelles. Et les proches du Comte comme son sacro-saint parrain Actarius ou le bien mystérieux mais si noble et beau Cristol. Elle ne souffre pas de la disparition du patriarche d’Alanha, non, mais de la tristesse de ceux qui l’ont aimé. Alors c’est en sens quelle prend la plume, l’aigreur contre sa tante bien éloignée…


Citation:
Tante Pol,

Comme je m’en veux d’avoir été dure avec vous alors que vous venez de perdre votre époux. Il est bien dommage que les contes ne relatent pas la tristesse de la perte du prince Charmant car peut-être comprendrais-je plus la peine qui doit vous assaillir.

Je suis triste pour vous, ma Tante et si je ne comprends pas l’étendue de votre chagrin sachez que je suis tout de même là si vous avez besoin de moi. Sachez que je vous aime et que la perte de cet homme que vous avez aimé ne doit pas être non plus l’abandon de votre vie car il reste sur terre les fruits de votre amour. Vos enfants sont là, ma Tante et moi aussi. Je ferrais tout pour vous accompagner dans cette épreuve comme vous avez tout fait, vous, le Comte et vos enfants pour m’accompagner dans la vie.

Les mots me manquent, vous savez. Je ne connais pas le deuil et je ne sais pas s’il existe des mots qui peuvent atténuer la souffrance de la perte d’un être aimé. Alors sachez simplement qu je pense à vous et prierais pour lui ce soir. Sachez aussi qu’à un seul mot de vous en ce sens je vous rejoins car je suis bien rassurée que vous soyez en Fenouillèdes avec Cristol, filleul de défunt époux, ami de ma Mère et le votre. Un mot, et je viendrais.

Mes pensées sont avec vous, tante Pol.
Jehanne Elissa de Volpilhat.


Et un autre petit bout de papier ajouté...

Citation:
P.S : ne sachant si vous l’avez fait je préviens le Conseil Comtal que vous allez vous retirer en vos terres quelques temps pour soigner vos blessures dues à ce deuil et que vous reviendrez une fois les primes souffrances passées.


Citation:
A Sa Grandeur la Comtesse du Languedoc Laurine Sauvage,
De Jehanne Elissa Raphaelle de Volpilhat, Vicomtese de Cauvisson, Baronne de Malpertius,

Paix et Prospérité.

Aujourd’hui point de lettre de travail touchant au Secrétariat d’Etat mais une lettre en tant que simple Languedocienne venant de perdre un proche.

En effet, ne sachant pas si la Comtesse d’Alanha vous l’a dit, j’ai pris les devant : Le Comte Legueux est mort. Ceci expliquera donc l’absence de la Comtesse et donc du Héraut le temps de panser les plaies béantes et d’atténuer le chagrin.

Je vous remercie par avance de votre compréhension et gage de prendre la plume à nouveau le plus rapidement que je le peux afin de pouvoir répondre à vos questions et de pouvoir vous aider par mon office de Secrétaire d’Etat.

Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat.


Les lettres furent posées sur la table du Petit Salon alors, qu’a pas feutrés elle alla ouvrir la porte signe pour les gens de la maisonnée à la possibilité d’entrer à nouveau. Tandis qu’ils ne se gênaient pas, avides et inquiets, elle haussa la voix en allant s’asseoir à nouveau.

- « La Comtesse se porte bien mais elle ne veut pas me voir, j’attends son ordre à ce sujet. Le Comte est mort et je n’ai pas plus d’informations. Vous porterez le deuil jusqu’à ce que la Comtesse revienne et nous donne les indications. Enlevez-moi toutes ces couleurs criardes. Et Martha il faudra me faire faire une tenue de deuil… Je n’en ai pas. Allez trouver un tailleur sur l’heure et amenez-le moi ! Ensuite, nous prendrons le repas tous ensemble et nous allons prier pour le Comte. Au travail.»

Une fois assise elle se plongea à nouveau dans son courrier comme pour faire abstraction au trouble qui l’envahissait de ne pas trop souffrir à une mort. Avait-elle donc assez de cœur pour aimer ? Oh oui, elle aimait beaucoup, énormément, un peu trop. Mais pourquoi n’avait-elle jamais eu l’occasion d’aimer plutôt que de ressentir une profonde déférence à son oncle ? Ne pouvait-elle donc pas avoir l’hypocrisie de verser quelques larmes pour répondre aux regards lourds et stupéfaits des gens de la maisonnée ?

Elle grogne, et se tasse un peu plus dans son fauteuil. Et c’est là qu’une lettre non scellée, d’une écriture bien différente des autres attire son attention. Tiens tiens. Une éclaircie dans le ciel nuageux ? Et à une esquisse de sourire de filer, une !

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Polstephie
[Quelque part, entre ici et ailleurs, entre février et avril, un jour...]


Elle était restée déjà bien longtemps en Fenouillèdes, profitant de l'hospitalité de Cristòl. Et en cette matinée du mois de mars, elle se leva après une nuit presque complète pour la première fois depuis bien longtemps. C'est ainsi qu'elle sut qu'il était temps pour elle de reprendre le cours de sa vie. Oh normalement elle aurait sans doute du rester cloitrée encore quelques temps à prier pour le repos de feu son Époux, ou toute autre chose qu'une Veuve se doit de faire. Mais la léthargie n'avait que trop durer et la mélancolie qui n'avait cessé d'aller et venir au gré des marées de ses humeurs et de ses ressentis devait être chassée. Du moins fallait-il le tenter. Elle fit donc préparer ses affaires et discuta avec Lineta pour savoir si elle préférait rester en Fenouillèdes ou regagner la capitale avec elle. Une fois la décision prise, elle en avait aussi parlé avec Cristòl. Puis le coche s'était éloigné et l'avait conduite vers Montpellier. Il avait fallu deux journées pour regagner l'appartement. Et cela c'était fait dans la plus grande simplicité et sans annonce de retour.

Une fois dans ses appartements, elle avait prit certaines dispositions avec les domestiques, puis elle avait fait envoyer un de ses hommes dans les bureaux de la Hérauderie afin de récupérer le courrier qu'elle était certaine qu'il l'y attendrait. Elle ferait le tri dans les choses urgentes ou non et se mettrait au travail une fois certaines petites choses réglées. Notamment une conversation avec Jehanne Elissa, afin d'éclaircir certaines choses que leur correspondance n'avait pas permis d'aborder. Et puis ses filles n'allaient plus tarder à revenir de la cure maintenant. La douce Eirwen l'avait discrètement entretenue de la réaction des jumelles et de tout ce qu'elles avaient fait. Beaucoup de choses à voir et à faire en perspective.

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Jehanne_elissa
C'est dévastée que la petite Vicomtesse était rentrée de sa journée avec la nuit belle et bien installée. Tout le long du trajet qui malgré qu'il fut court lui avait semblé interminable elle avait laissé coulé quelques larmes d'incompréhension, peut-être même de dégoût sous le regard pour une fois inquiet de Martha. Fatigue? Tristesse? Amertume? Un peu de tout ceci ajouté à l'incompréhension sus-citée. En silence les petites gouttes avaient coulé sur ses joues lisses d'enfant et les lèvres semblaient définitivement pincées. Ses petits poings étaient serrés sur les plis de sa robe tandis que dans sa tête un "pourquoi" lancinant allait d'oreilles en oreilles, de la colère à sa mère, de sa Tante au feu Comte, de Cristol à sa Tante, d'Actarius au manque.

Enfin le coche s'arrêta et en levant les yeux c'est la lueur d'une bougie quelle vit au Petit Salon. Un léger baume au cœur, les gens de la maisonnée avaient du lui préparer une collation. Les larmes avaient séchés et ce n'était plus que quelques traces qui striaient ses joues d'enfant. Lentement alors que normalement elle sautillait de marches en marches, elle grimpa l'escalier comme une dame âgée portant les souffrances d'une longue vie tumultueuse. Dans l'entrée elle se débarrassa tout aussi lentement de sa cape de fourrure et la tendit à une dame l'attendant. Pour rester quand même polie un sourire forcé fendit son visage. Machinalement les mirettes vertes se posèrent sur son reflet dans le miroir de l'entrée: une enfant malheureuse. Son regard s'attarda quelque peu sur cette personne quelle ne connaissait pas avant de faire un geste vague de la main. Des gâteaux et du sommeil ferraient l'affaire, une fois calmée et Tante Pol rentrée ce qui ne devrait plus tarde une explication viendra surement. A pas las, elle entre dans le Petit salon illuminé.

Elle est là.

Silhouette enfantine coupée dans sa lancée et elle reste ainsi, figée, dans l'encadrement de la porte. Assise Tante Pol était occupée. Et c'est en cet instant qu'une fois de plus la petite Vicomtesse fait la connaissance avec les émotions contradictoires. Joie de la revoir après tout ce temps et cette inquiétude mais colère, colère, colère! Colère tellement vive, tellement nouvelle, tellement récente quelle semble prendre le pas. Pour la première fois c'est un regard lourd et dur qui se pose sur sa tante. La petite fille rousse, du haut de son même pas mètre cinquante toise la femme de ses yeux verts chargés, le menton haut et le visage fermé.


- « J'ai vu le Vicomte de Fenouillèdes, avant hier, qui avait une nouvelle a dire aux nobles de l'assemblée. Il va se marier.

La voix a beau être un tantinet froissée le ton est dur et impérieux. A la vue de sa tante la colère semble maintenant imprégner toutes ses pores, affluer dans toutes ses veines et serrer, serrer si fort son cœur. Enfin elle peut laisser aller son incompréhension. A l'Assemblée c'était impossible les nobles n'ont pas à étaler leurs affaires comme des chiffons, n'ont pas à se tenir comme le dernier des gueux. La veille la colère avait été contre une personne quelle n'avait pas en face. Mais ici dans l'alvéole du chez soi, dans le domaine du naturel, alors que la lune est haute et qu'une des coupables est en face elle peut.

- « POURQUOI? »

Un cri. Un cri de rage. Si rare oh oui si rare chez notre enfant. Un cri balancé à la tête de sa tutrice et des larmes qui embrouillent à nouveau ses yeux.

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Polstephie
[Tard dans la nuit, alors que tout est gris, alors que tout se meurt...]


Elle n'avait pas entendu le bruit du retour de sa Pupille, absorbée qu'elle était par le parchemin qu'elle lisait. Elle ne releva son visage qu'aux premiers mots de Jehanne_Elissa.

(J-E) - « J'ai vu le Vicomte de Fenouillèdes, avant hier, qui avait une nouvelle a dire aux nobles de l'assemblée. Il va se marier.

Et le cri qui fusa enfin, légitime, naturel... attendu ?

(J-E) - « POURQUOI? »

Paula sentit son cœur se serrer, presque se déchirer. Et pourtant, elle déposa le parchemin qu'elle lisait et plongea ses yeux d'Ambre dans les Émeraudes de l'enfant qu'elle aimait tant. La réponse ne plairait sans doute pas à sa Pupille, mais pourtant c'était la vérité.

Tout simplement parce qu'Il me l'a demandé.

Comment expliquer pareille décision à l'enfant de Marguerite ? Serait-elle capable de comprendre ce geste insensé qui pourtant, en un sens, libérait et enchaînant Pol et Cristòl ? Qui pourrait comprendre la raison de cet acte ? Paula elle-même n'était pas certaine de ce qui lui avait fait accepter. Elle ne préparerait d'ailleurs pas ce mariage comme elle avait préparé et attendu celui qui l'avait unie à l'homme qu'elle avait Aimé et qu'elle Aimait encore, malgré tout...

Alors à ce "Pourquoi ?", à ce cri du cœur, il n'y eut que quelques mots de réponse et un regard douloureux et serein à la fois. Elle ne lui demanderait pas de comprendre, mais "simplement" de lui pardonner... Mais pour l'instant, pour l'heure, les mots restaient noués dans sa gorge.


La Comtesse tendit ses mains vers l'enfant afin de prendre les siennes, mais la laissa décider d'accepter ou non ce geste, ne voulant lui imposer aucun contact qu'elle n'aurait désiré. Paula était fatiguée, lasse, mais rien n'aurait pu lui faire renoncer à cette folie.


Parce qu'Il me l'a demandé et que cela doit être.

Parce que c'est ce que le Très-Haut attend de moi, de nous.

Parce que c'est ce qu'Il a décidé et que je ne saurai le lui refuser.


Les secondes de silence s'égrenèrent, pesant lourdement sur le cœur de la femme qu'elle était, mais Paula ne renonça pas.

Je ne te demande pas de comprendre Jehanne_Elissa. Je ne sais même pas moi-même si je comprends tout à fait ce qui se passe.

Je souhaiterai simplement qu'un jour tu me pardonnes de cette trahison. Car je sais que c'est ce que tu vois dans ce mariage. Alors qu'il ne saurait être au contraire que le geste, la décision la plus loyale que je pourrais avoir en leurs mémoires.

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