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[RP] La mer est-elle aussi belle que l'océan ?

Eilinn_melani
[A Argentan, quelques mois plus tôt]

La toux persistante d'une l'enfant résonnait dans l'Hôtel particulier de la famille Melani. Cataplasmes de moutarde, pommades diverses et variées ne faisaient rien pour améliorer la santé de la cadette de la Vicomtesse d'Avize. Agée d'une dizaine d'années, à la santé fragile, Eilinn Melani avait supporté avec difficulté l'humidité automnale de l'Alençon, avant qu'un médecin parisien ne donne son verdict après un énième examen de la fillette.

Du soleil, Vicomtesse, du soleil et un temps moins humide que les plaines du Domaine Royal sont les seules choses indispensables pour guérir votre enfant et réguler ses humeurs !

Cette nouvelle avait bien entendu plongé la vicomtesse dans un certain émoi, et après quelques discussions avec son époux, la décision avait été prise d'envoyer Eilinn en convalescence. Le choix du lieu fut fait rapidement, il fallait trouver un endroit proche d'une université de médecine, avec un temps clément. Toulouse et Montpellier étaient ainsi arrivés en tête, et ce fut surtout parce que la Vicomtesse pouvait compter sur quelques connaissances fiables en Languedoc qu'il fut décidé d'envoyer la fillette là-bas.

La gouvernante d'Eilinn, Narcisse, fût dévolue à accompagner la fillette dans les Terres du Sud. La solide jeune femme, brune et charpentée, telle un roc sur lequel on pouvait s'appuyer, avait accepté cette charge avec joie, qui la rapprochait de sa famille établie dans les terres pyréennéenes.
Les semaines suivantes furent ainsi rythmées par la préparation des bagages de la fillette et de sa gouvernante, ainsi que l'achat d'un pavillon cossu pour l'accueillir dans la bourgade de Nimes, non loin de Montpellier. Les quelques contacts de la Vicomtesse d'Avize dans cette province avaient grandement facilité les choses, et peu après la Noël, enfant, gouvernante et carrosse vicomtal prirent la route du sud.

[A Nimes]

L'installation dans la nouvelle maison se fit sans encombre, même si l'oriflamme qui fut accroché au fronton de la demeure ne fut pas sans en étonner certains.



L'enfant et sa gouvernante prirent bien vite leurs aises, et l'argent maternel fut investi dans l'embauche de quelques domestiques pour l'entretien de la maison et du jardin. Peu d'étalage de richesse, mais suffisament d'aisance financière pour que les commérages répandent le bruit de l'emménagement d'une noble demoiselle à Nimes.

Un médecin fut trouvé pour soigner Eilinn, prescrivant pommades et potions pour évacuer les humeurs qui rongeaient l'enfant.
Et les résultats furent finalement ceux escomptés. Au bout de quelques semaines de temps clément, la fillette avait cessé de tousser à en rendre l'âme. Parfois encore quelques quintes catarrheuses la secouaient, inquiétant la nourrice mais sans aucune mesure avec les mois précédents. Mais le médecin avait averti que tout voyage trop long dans les terres nordiques du royaume de France provoqueraient à nouveau les tourments dont l'enfant s'étaient libérés, et qu'il faudrait envisager une installation définitive dans un endroit sain.

L'une des grandes révélations de l'enfant chétive fut celle de la mer Méditerranée, étendue bleutée calme et paisible. Même si il était encore bien trop tôt pour songer s'y baigner, Eilinn demanda à plusieurs reprises à sa gouvernante d'aller contempler ce paysage.

Narcisse, Mère connait-elle la Méditerranée ?

Que non point, Eilinn, la vicomtesse n'est jamais descendue si loin dans le sud, mais elle connait la Manche, la mer qui borde la normandie. Une mer agitée et tourmentée, presque l'Océan, comme elle, alors que vous, vous représentez à merveille la calme et douce méditerranée.
Mais peut-être que votre défunt père connaissait cette mer. Il était issu de la belle Italie, près de Milan
...

Et l'enfant s'était prise à rêver de ce père qu'elle n'avait pas connu, dont elle avait hérité l'azur de ses yeux.

Les jours s'étaient écoulés, la routine s'installait dans la belle demeure de Nimes. Eilinn s'était enquis de la situation familiale au cours de la correspondance qu'elle avait avec sa mère. La Champagne n'était pas actuellement un havre accueillant, son beau-père lui était bien trop occupé par sa charge de maréchal d'armes, et son frère restait occupé par la gestion du vicomté paternel. Ainsi n'avait-elle pas présentement sa place auprès de sa famille, et l'hiver n'était point encore fini...

Et comme tout enfant qui se respectait, Eilinn au bout de quelques semaines, malgré l'embauche d'un précépteur, malgré le temps consacré à ses soins, se prit à trouver le temps long.


Narcisse, peut-être serait-il temps que je noue quelques relations dans cette province ? Mère apprécierait que je fasse cela.

Narcisse acquiesca aux propos de la fillette, et promit de l'aider dans sa quête. Il fallait donc chercher quelques fréquentations nobles ou bourgeoises, seyant à la condition d'Eilinn. Et parce que le hasard réserve toujours son lot de surprises, la gouvernante apprit que Jehanne Elissa de Volpilhat cherchait une dame de compagnie. Volpilhat, quel noble nom que celui-ci, garant pour sur de l'honneteté et de la probité de ses membres !

Eilinn fut enthousiasmée par cette perspective, et reçut la bénédiction maternelle pour cette entreprise, lui apprenant qu'elle avait connu la mère de la jeune demoiselle à l'Hérauderie, et qu'elle avait appris au père les rudiments héraldiques.

Ainsi Eilinn se saisit d'une plume finement affutée, et écrivit donc à Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, tentant de se rappeler tous les conseils de sa mère quand il s'agissait de s'adresser à un noble.


Citation:
A Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, Baronne de Malpertuis,

Salutations.

Permettez-moi de me présenter, je suis Eilinn Melani, fille de Leah Melani, Vicomtesse d'Avize et ancien Maréchal d'Armes de l'Hérauderie, et de feu Atto Melani, Vicomte de Beaurepaire et ancien régent de Champagne.

Je suis nouvellement installée en Languedoc pour des raisons de santé, et j'ai ouï dire que vous cherchiez une dame de compagnie. Étant de noble lignage, et ayant reçu une éducation convenable à mon statut, j'ose espérer pouvoir remplir cet office auprès de votre personne.
Je ne m'égarerai point en flatteries concernant le nom des Volpilhat, mais je serai honorée et heureuse de vous rencontrer, serait-ce pour lier connaissance, et ainsi savoir si vous souhaitez me prendre à votre service.

Eilinn Melani.


La fillette relut sa lettre, lui trouvant des défauts sans pour autant définir lesquels. Peut-être trop court ? Mais quoi rajouter ?
Devait-elle dire qu'elle aimait les chevaux et la peinture, ou cela ennuierait alors Jehanne Elissa ?
Eilinn se trouva un peu dépourvue, elle ne connaissait pas la destinataire, et ne savait donc comment tourner sa lettre pour qu'elle donne une impression favorable de sa personne. Narcisse la rassura donc.


Vous l'avez écrit avec votre coeur, autre chose importe-t-il ?

Et la fillette d'acquiescer aux propos de sa gouvernante. Un coursier fut donc mandaté, et la missive partit rejoindre les terres de Cauvisson.
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Jehanne_elissa
Citation:
A Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson, Baronne de Malpertuis,

Salutations.

Permettez-moi de me présenter, je suis Eilinn Melani, fille de Leah Melani, Vicomtesse d'Avize et ancien Maréchal d'Armes de l'Hérauderie, et de feu Atto Melani, Vicomte de Beaurepaire et ancien régent de Champagne.

Je suis nouvellement installée en Languedoc pour des raisons de santé, et j'ai ouï dire que vous cherchiez une dame de compagnie. Étant de noble lignage, et ayant reçu une éducation convenable à mon statut, j'ose espérer pouvoir remplir cet office auprès de votre personne.
Je ne m'égarerai point en flatteries concernant le nom des Volpilhat, mais je serai honorée et heureuse de vous rencontrer, serait-ce pour lier connaissance, et ainsi savoir si vous souhaitez me prendre à votre service.

Eilinn Melani.



La nuit enveloppe les terres Languedociennes et la ville de Montpellier s’est tue, pour laisser au gré des vomissements, des quelques voleurs ou ivrognes le choix de le rompre. Dans sa chambre, la petite Vicomtesse est enfin seule. Entre ses mains la lettre qui lui a donné un sourire fugace quelques instants avant. Et à cette heure et dans l’alcôve de sa solitude c’est un réel sourire rêveur qui barre le visage enfantin.

Et pourtant, Aristote sait que la soirée avait été dure. La maisonnée avait été accordée aux larmes du deuil et de la perte que n’avait pas réussi à partager Jehanne Elissa. Les gens étaient vêtus de blanc et un tailleur était venu tardivement prendre les mesures de l’héritière Goupil grandissante afin de confectionner au plus vite des robes blanches. Ensuite ça avait été l’heure du repas et la Vicomtesse avait invité tous les gens au repas sans oublier au début de celui-ci de prier pour le Comte, prière qu’elle avait orchestré. Avant le coucher encore une prière. Et maintenant libre cours à son esprit. N’était-il pas temps pour un esprit si jeune qui doit être si gai d’enfin pouvoir être libre plutôt que de verser dans l’introspection face à son manque de tristesse pour la mort du Comte-pair ?

Une dame de compagnie… Voila longtemps quelle en rêvait. Une dame quelle aurait choisi et qui serait là pour les taches quotidiennes mais aussi comme amie. Une obligée. Une obligée d’amitié. Une obligé de confidences. Mais si elle n’était pas jeune cette… Mirettes émeraude qui se penchent sur les lettres parfaitement liées… Eilinn ? Et pour sur, même si elle ne connaissait pas vraiment les secrets de la généalogie du Royaume, surtout le Royaume trop français du Domaine Royal, que faisait une Alençonnaise sous leur soleil du sud ? Et si elle n’aime pas les lapins, cette dame ? Est-elle gentille ? Est-elle douce ? Sera-t-elle une personne de confiance ? Et si… Diable, arrête. Lève toi
[ et danse avec la nuiiit.], prends une plume et écrit !


Citation:
A Eilinn Melani,

Salutations.

Vous n'imaginez pas ma surprise mêlée de joie, aussi bienvenue qu'une carotte dans la bouche fine et délicate d'un lapin à poil longs, qui m'a saisie à la lecture de votre lettre.

Vous êtes bien informée, je cherche en effet une dame de compagnie. Je ne vais pas m'étendre en explications dans ce plis, j'ai plus le désir de vous rencontrer et d'en parler ouvertement plutôt que par papier. Et une nouvelle rencontre, si par les quelconques hasards que nous réserve la vie ne nous lieraient pas, est toujours une joie autant pour vous qui êtes nouvelles que moi qui n'ai jamais entendu parler des terres du Domaine Royal qu'a travers des écrits.

Vous êtes donc la bienvenue à l'appartement sis à Montpellier pour les journées dès réception de ce plis. Venez à la tombée du jour vous serez sûre de me trouver et bien sur, nous vous logerons, vous et votre compagnie, pour la nuit et nous dînerons ensemble.

Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat.

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Eilinn_melani
Les jours étaient passés, avec cette lenteur propre aux régions du sud. La routine quotidienne dans la demeure nimoise, bercée seulement par les correspondances avec ceux de sa famille, permettait à l'enfant de s'habituer à la province languedocienne avec douceur.

Et enfin, un coursier était venu avec la réponse tant attendue. Fébrile, excitée comme rarement elle l'avait été, elle avait ouvert la missive et l'avait lu avec avidité, craignant la réponse, tout en espérant qu'elle soit positive.


Narcisse ! Narcisse ! Elle a dit oui !

Sautant presque de joie, Eilinn sauta au cou de sa gouvernante, et commençait déjà à tracer des plans sur la comète, le jour du départ, quoi faire à Montpellier, quelle robe mettre, quoi mettre dans ses malles...
Se présenter sous son meilleur jour. Surtout paraitre à son avantage en ces circonstances. Et finalement tout arriva très vite...


Deux jours plus tard...

C'était revêtu d'une de ses robes préférées qu'Eilinn se présenta à la porte de l'appartement de la famille Volpilhat. L'houppelande d'azur, parfaitement coupée et adaptée à la morphologie enfantine de la fille Melani, était rehaussée d'hermine au col et aux manches.
Un instant après avoir frappé à la porte, pour attendre qu'on lui ouvre, l'enfant se tourna vers sa gouvernante, soudainement apeurée par ce qui lui semblait être une épreuve d'excellence.


Narcisse, et si elle ne m'aimait pas ?

Allons, allons, tout ira bien.

La porte s'ouvrit alors, et on la fit entrer dans un salon pour patienter, l'assurant que la vicomtesse viendrait très rapidement. Narcisse elle fut conduite à la dépendance des domestiques.

Un coup d'oeil d'Eilinn pour constater que les couleurs étaient en berne, et la fillette devint pâlote. Allons donc, si la maisonnée était en deuil, sa toilette paraitrait bien déplacée. Mais il était bien trop tard pour se changer désormais. Les mains crispées sur l'azur du tissu, Eilinn attendit donc son hôtesse.

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Jehanne_elissa
Encore une journée froide. C’est sempiternellement sous les couvertures de fourrures ajoutée à sa cape doublée et son col enveloppant sa mince nuque que la petite Vicomtesse, peu avant la tombée du jour, regagnait l’appartement de Montpellier. La journée avait ressemblé aux autres : une inquiétude toujours présente qui commençait à sacrément peser sur ses petites épaules, des éclats de rire bien moins fréquents et cette fatigue, cette horrible fatigue qui l’accablait après plusieurs nuits de mauvais rêves.

Mais à ces fardeaux, quelle espérait voir partir bientôt, au visage de sa tante qui venait la hanter dans ses somnolences s’ajoutait maintenant le poids d’un deuil que l’on arrive pas à vivre sincèrement. Et ça, on le sait, la sincérité est très importante pour elle : ne pas mentir, dire ce que l’on pense, faire les choses de façon pleine et entières… Et être confrontée à cette mort sans en éprouver de la peine c’était pour elle comme vivre sans respirer, ou dormir le nez bouché (un peu de poésie ne fait pas de mal) : quelque chose que l’on arrive pas à faire. Si il y avait un mort ou elle devait le pleurer, ou prier pour lui et vaquer à ses occupations. Or dans ce cas elle n’arrivait ni à pleurer pour lui, ni à faire comme si de rien était après une jolie prière. Ses mirettes se penchèrent sous le bout de tissus blanc qui était maintenant la couleur de ses robes de jour. Peut-être était-ce car elle était un « dommage collatéral » de cette perte ? Un effet boule de neige ? Tante Pol l’aimait donc celle-ci est triste. Elle ne l’aimait pas spécialement mais aime Tante Pol. Donc elle est triste de voir Tante Pol triste ?

C’est cette question ne trouvant pas de réponse quelle entre dans l’appartement. Là, elle se laisse enlever sa fourrure et son col, se retrouvant dans sa robe de coton blanc et ses cheveux lâche dans le corridor. Des lettres ? Non Vicomtesse. De la visite dans la journée ? Oui Vicomtesse, il y a quelques instants Eilinn Mélani est arrivée. Chling ! Et un sourire que l’on pourrait proposer à Colgate, et un. La question trouvera une réponse plus tard ! A pas rapides elle se place devant le premier miroir sur son chemin et s’examine. Les cheveux, ça va, la robe, remise en forme, les dents très bien, entre les dents écartées, rien de coincé… Elle se tourne vers les dames et… Chling ! Pour sur que la gosse Martha a sourit, elle qui a tant pleuré la mot du Comte. C’est que lorsqu’on est triste, lorsqu’on ne croit plus trop à grand-chose il n’y a rien de plus réconfortant que le sourire sincère d’un enfant et l’envie, la conviction, le désir de le voir sourire encore et encore, de tout faire en ce sens. Alors elle laisse voir, la grosse Martha taciturne-et-triste, ses vilaines dents gâtées et dans un geste cérémonieux, pourtant ce n’est pas plus dans ses habitudes que de faire des gestes mesurés et doux, elle signale la porte à la Petite Vicomtesse. Dans le Petit Salon. Devant, elle s’arrête.

Qui est Eilinn Melani ? Sa Tante ne lui en voudra pas d’avoir fait entrer une inconnue ? Non, elle ne peut pas, la mère d’Eilinn si elle avait bien compris était une proche des Alanha par sa charge, non ? La voila un peu chagrinée. Et comme d’habitude un seul chagrin amène plein d’images sombres : une Eilinn Melani âgée et aux dents aussi pourries que Martha, une vieille rombière française du nord (quelle vulgarité !) aigrie et pas drôle qui ne voudra pas la suivre dans ses jeux, une… En même temps que les images de femmes laides et mauvaises défilent devant ses yeux un petit doigt timide pousse la porte. Allons, Jehanne tu ne va pas passer ta tête dans l’entrebâillement comme une espionne. Allons, Jehanne. Alors elle retire son geste et se redresse, inspire un grand coup et pousse la porte d’un geste assuré et…

Chling !
Elle est jeune ! Elle est jeune ! Et a la petite Vicomtesse d’avoir envie de sautiller dans le Petit Salon. Jeune, jeune, peut-être son âge ? Alors quelle refreine ses envies de courses bucoliques en hurlant sa joie en plein poumons, mais quelle ne peut quand même pas s’empêcher de sourire, son visage reste –résultat de nombreuses heures face à un miroir avec le maître dans son reflet lui infligeant son regard impitoyable- neutre et, après un temps d’arrêt pour quand même calmer son rythme cardiaque, elle détaille la jeune fille. A peu près son âge donc, pas le teint d’une personne du sud et des cheveux de jais. Par contre une chose l’arrête immédiatement : les yeux de la jeune fille. Azur, si azurs ! Elles n’ont rien en commun physiquement si ce n’est ce corps mince et gracile des enfants de bonne famille. Finalement son sourire se brise quelques instants, par sursaut de dignité avant de s’ouvrir à nouveau sur ses dents du bonheur par sursaut de plaisir.


- « Bonjorn ! Je suis Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat mais vous pouvez enlever le Raphaëlle…

Elle quitte l’entrée du petit Salon pour s’avancer vers la jeune fille et prendre place en face d’elle faisant fi de toutes les convenances. Ben quoi, elles sont du même âge non ? Et puis notre reine de l’enthousiasme a tout va est à peu près en plein bonheur là.

- « Vous êtes dans la demeure de la capitale de la famille d’Alanha et comme vous pouvez le voir elle est en deuil, le Comte a quitté notre monde il y a peu. La Comtesse n’est pas ici elle est avec le filleul du défunt et ami de la famille, ses filles et leur tutrice la dame de Vergèze en cure et leur fils Lop Guilhem en terres Périgourdines pour son éducation… Mais vous êtes la bienvenue ! Je gage que la Comtesse serait heureuse de cet entretien et que je rencontre une autre personne de mon âge.

Elle lui sourit, presque complice. Une autre personne de son âge… Il y en avait, les jumelles, Eirwen, Liloie, Catalina… Mais pas d’autre fille, aucune autre hors de son cercle languedocien et ciel, que ça faisait du bien.

- « Voulez-vous boire ou manger quelque chose, Eilinn, avant que nous commencions ? »
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Eilinn_melani
Les minutes s'égrenaient dans le petit Salon de l'appartement de Montpellier, alors que l'estomac d'Eilinn se tordait d'angoisse dans tous les sens. Qu'est ce qui retenait donc la Vicomtesse ? Était-elle venue à une mauvaise heure ? Etait-ce un mauvais jour à cause du deuil ?

Ce ne fut qu'au bout d'un moment à se remuer les méninges dans tous les sens qu'elle entendit un brouhaha dans l'appartement. Elle essuya ses mains légèrement moites sur sa robe bleue, attendant l'arrivée de son hôtesse. Elle tenta de se rappeler des leçons de bonnes manières que lui avaient enseignés sa mère, espérant ne pas commettre d'impair quel qu'il soit.

Une tornade rouquine aux yeux verts débarqua alors dans la pièce. Il y eut cet instant d'observation entre les deux jeunes filles, Eilinn remarquant tout d'abord la chevelure de feu des Volpilhats. Dans un sursaut de lucidité, Eilinn exécuta une petite révérence, avant que Jehanne Elissa ne s'installe dans un fauteuil. Le ton semblait plutôt informel, ce qui rassura momentanément notre angoissée perpétuelle.


Le bonjour, je suis Eilinn Melani.

Et d'enchainer sur les formalités d'usage.


Permettez-moi de vous présenter mes condoléances, je ne savais point que la maisonnée serait en deuil.

Eilinn cocha mentalement dans sa liste de choses à dire et faire que cela était fait. En même temps elle n'en avait pas été avertie, mais bon... Elle accepta poliment l'offre d'une boisson.

Et bien, j'avoue que le temps n'est guère clément, une boisson chaude ne serait ainsi pas de refus.

Elle commençait à se demander ce que la vicomtesse allait bien lui demander... Drôle d'examen de passage.

Je vous remercie d'avoir accepté de me recevoir si promptement vic... et de se rattraper aux branches... Jehanne Elissa.

Un peu collet monté la demoiselle, mais l'oiseau était hors du nid et hors de vue de sa génitrice, ainsi il était un peu désemparé et inquiet à l'idée de déployer ses ailes.
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Jehanne_elissa
Clochettes tintées, et boisson chaudes apportées. La petite Vicomtesse souffla sur la sienne pendant que la domestique donnait celle à Eilinn. Elle était intriguée par la jeune fille et du moins rassurée. La jeune Melani devait à peine sortir de son nid à en juger les phrases certes admirablement polies mais surtout très protocolaires. Un sourire fendit le visage de l'héritière Goupil. Ca devait être une de ces différences Nord/Sud ou alors une différence de caractère. Mais après tout ça lui plaisait et elle ne pouvait aucunement en vouloir à Eilinn d'être un peu gênée; ne l'aurait-elle pas été si son interlocutrice avait été une adulte? Elle se serait montrée plus calme, plus protocolaire mais non, c'était une jeune fille d'a peu près son âge alors elle était parfaitement à l'aise. Décidant d rompre la gêne elle fit signe à la jeune fille de s'asseoir.

- « Mais ce n’est rien, vous êtes la bienvenue ! Alors, parlons de ce poste de Dame de compagnie… Il est vrai que j’en recherche une. Mais il est aussi vrai que je n’en recherche pas une qui serait uniquement là pour me venir en aide au quotidien ou m’accompagner aux événements. Non.

Elle s’arrêta de parler. Comment avancer la chose ? Je veux une amie ? Je veux que nous puissions jouer ensemble, nous occuper des lapins et de temps en temps être sérieuses et a la hauteur du rang ? Je veux que nous soyons proche sans trop non plus car je resterai quand même votre maîtresse ? Elle déposa sa tasse sur une tablette à côté du siège et se redressa. Machinalement ses dents vinrent torturer sa lèvre inférieure comme lorsqu’elle ne savait pas trop comment aborder les choses. Valait-il mieux qu’elle se montre autoritaire et exigeante ou douce et conciliante ? Ou alors devait-elle… Les émeraudes vertes se posèrent alors sur Eilinn et les grandes questions existentielles partirent. Elle était gênée et polie et surtout elles avaient un âge similaire.

- « J’attends d’une dame de compagnie un sérieux et une obéissance propre à la tâche, je ne vous le cacherais pas. Mais au delà, en tant que Volpilhat je me retrouve souvent invitée à des événements de grandes familles, en vertu des multiples liens qu’ont créés mes aïeuls avec les Grands du Royaume. Et pourtant j’aime le Languedoc et ici, je suis chez moi. Plus naturelle donc, moins à cheval sur l’étiquette… Un geste vaste comme pour désigner par le trajet de son bras l’étendue des terres Languedociennes. C’est une maison. Je n’aime pas trop en sortir d’autant plus que toutes ces histoires sur mon nom me dépassent souvent, vous savez.

Voila, la franchise. Il valait mieux faire comprendre à Eilinn dans quel pétrin elle allait se mettre. La préparer à changer de visage en quelques secondes ou quelques jours de trajets ; se sentir à l’aise en languedoc et souvent déconcertée au milieu d’augustes familles.

- « Mon Parrain, le Vicomte de Tournel m’a bien vite appris l’importance de ce nom et je suis bien consciente que mis à part mes proches et les Languedociens je pourrais parfois me sentir seule. Il m’a même dit que des gens ne verraient en moi que ce patronyme et non pas ma personne. Parfois, cela m’effraie. Dans quelques temps je serais majeure et donc plus libre même si la Comtesse est bonne avec moi, plus que je ne pouvais le rêver. Toutefois en étant majeure je devrais me marier et je veux découvrir le Royaume, rencontrer du monde… Et face à cet être humain que l’on décrit souvent si mal et dont mon Parrain me demande de me méfier j’aurais besoin d’une alliée.

Silence. C’était la première fois quelle parlait de tout ça si franchement et ouvertement. Pour la première fois elle arrivait à mettre des mots sur ces craintes qui la malmenaient parfois lorsqu’elle pensait à son avenir. L’affreuse, l’horrible, l’insidieuse peur d’être seule et sans amis.

- « Voici donc ce qui me pousse à chercher une Dame de compagnie. Mais vous l’aurez compris, la personne est très importante pour moi. Alors pouvez-vous me parler un peu de vous ? Pourquoi êtes vous en Languedoc ? Qu’aimez-vous ? De quoi rêvez-vous ? »
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Eilinn_melani
Une fois assise avec la tasse chaude au creux de ses mains, Eilinn admira la délicate œuvre artisanale de porcelaine qui contenait le liquide ambré destiné à faire fuir le froid de l'hiver de ses os. Elle reporta ses yeux bleus sur la rousse Jehanne Elissa, qui lui exposait ainsi sa conception des choses, et notamment de la tâche de dame de compagnie.

Visiblement certaines interrogations étaient communes aux deux enfants, sa mère lui ayant toujours enseigné qu'elle n'aurait probablement pas le choix de son époux, de par son lignage. Les dernières questions troublèrent l'enfant, notamment celle sur ses rêves. Un éclat de surprise passa dans la prunelle d'azur de la fille Melani, alors que cette demande, à la fois intime et légitime, la plongeait dans une relative introspection.


J'espère ne point vous lasser alors par l'histoire de ma vie, qui n'a rien d'une chanson de geste, et ne contenant aucun péripétie des romans courtois !

Une légère exclamation à cette phrase, qui était une excuse dissimulée pour faire pardonner à l'avance le manque, aux yeux d'Eilinn, d'aventures dans sa courte existence.

J'ai longtemps vécu en Champagne, même si les souvenirs me sont flous. Après l'assassinat de mon père à Reims, ma mère a quitté son fief d'Avize pour s'installer en Alençon, avec moi et mon grand frère Lorenzo, également pour accompagner son amie Deedlitt de Cassel qui y déménageait aussi.

Dépuis j'ai vécu entre Argentan et Boiscommun, le fief du nouvel époux de maman, Rhân de Crocy. J'ai depuis vécu l'enfance de tout enfant noble, partagée entre les leçons et les quelques mondanités ou ma mère m'emmenait parfois.


Elle allait poursuivre, quand une autre idée sembla fuser dans sa tête. Peut-être cela paraitrait-il arrogant qu'elle expose cette pensée, mais cela lui semblait important.

Ce que vous me dites sur votre nom, cela pourrait vous sembler étrange puisque celui des Melani est bien moins connu, mais je connais ce sentiment. Le nom de mon père a toujours semblé évoquer en Champagne une certaine... crainte, d'après ce que j'ai cru comprendre. D'ailleurs la décision de ma mère de garder le nom de mon père m'a toujours... plongé dans certaines interrogations... Comme si elle estimait que le nom de Rhân était bien moins glorieux pour elle... Ou que le nom de Melani lui conférait une aura venue du passé...

Elle resta un instant rêveuse, vivant ses jours et ses nuits entourée du spectre de ce père trop peu connu. Elle reprit la discussion sur un ton moins confidentiel.

Je ne vous cacherai pas que ma santé est fragile, et qu'elle est la raison de ma venue dans les terres chaudes languedociennes. On m'a raconté que ma naissance avait été difficile, manquant faire trépasser ma mère, ce qui serait à l'origine de la délicatesse de ma poitrine... Les médecins de Paris ont donc conseillé de m'envoyer dans une terre plus clémente que le Domaine Royal, avec ses provinces bien trop humides. Le choix de ma mère s'est ainsi porté sur le Languedoc...
Elle m'a donc envoyée ici, et je suis aux bons soins de ma gouvernante, Narcisse, et du médicastre de l'Université de Montpellier qui me suit. J'ai parfois des soins à effectuer, mais bien moins qu'auparavant...

Vous avez des obligations, mais j'en aurai parfois à l'avenir également. Peut-être serai-je amenée à l'avenir à faire quelque voyage sur ma terre natale ou bien à Paris, je ne saurai vous le dire...

La fillette but une gorgée de sa tasse, comme pour réfléchir à la question suivante. Une passion inexistante jusque là se fit entendre alors dans la voix
d'Eilinn.


Ce que j'aime... J'aime beaucoup les chevaux ! Rhân m'en a offert un, et je regrette beaucoup qu'il ait du rester en Orléanais. J'adorais les promenades dans les forêts des alentours... Et j'imagine que les paysages du sud doivent également être splendides...


J'aime beaucoup la peinture aussi, c'est une des choses que m'a transmises ma mère, que je voyais réaliser des blasonnements quand elle était encore à l'Hérauderie.

Et j'avoue que j'aime beaucoup aller voir la mer, non loin d'ici, je ne me suis pas encore lassée de ce spectacle.


A nouveau elle but une gorgée de sa tasse.

Quant à mes rêves, j'avoue que je ne sais pas trop quoi vous répondre. Je caresse l'idée depuis longtemps d'embrasser la carrière ecclésiastique, mais ma mère n'est guère favorable à cette entreprise.
Mais j'aimerais surtout devenir quelqu'un dont mes parents pourraient être fiers. Cela parait affreusement... conventionnel, mais probablement est-ce là le destin d'un enfant de noble lignage, préserver le nom de sa famille, le faire prospérer.


Elle afficha un sourire presque contrit, d'excuse.

Probablement que d'ici quelques années j'aurai révisé mon opinion à ce sujet. J'ai toujours vécu dans le giron familial jusqu'à maintenant, agissant pour correspondre aux attentes de ma mère et de mon beau-père.

Elle avait beaucoup parlé, avec sincérité et franchise. Il n'y avait nulle malice chez la petite Eilinn, elle avait gardé cette spontanéité enfantine, préservée des vicissitudes du monde de par sa maladie. Cela pouvait presque apparaître comme de la naïveté aux yeux de la rouquine.

Avez-vous d'autres questions me concernant ? Ou accepteriez-vous de me parler de vous ?
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Jehanne_elissa
C’est attentivement quelle avait écouté les paroles d’Eilinn. Lorsque celle-ci avait envisagé que son histoire pourrait la déranger la petite Vicomtesse avait avec force secoué la tête de droite à gauche dans un mouvement de négation : comment écouter l’histoire d’une autre alors que la sienne est actuellement si morne pourrait la déranger ? C’est impossible. Alors, elle se laisse bercer.

D’abord elle image le nord, le paradis, le royaumes suprême des français : le Domaine Royal. Argentan, Bois Commun, tant de noms qui ne lui évoquent que peu de choses. Peut-être un peu moins de soleil, plus de verdure, moins de gens bronzés et aussi surement moins de gens beaux. Car oui ils sont tous beaux en Languedoc. Non pas que sa conteuse soit laide non bien au contraire mais au moins elle a le goût assez raffiné et précis pour venir vivre en Languedoc… Ah non, tiens, c’est à cause d’une maladie.

La petite Vicomtesse fronce les sourcils puis opine du chef a l’explication du traitement comme si, grande médicastre reconnue, elle approuvait. C’est vrai comment ne pouvait-on pas être sur que l’air pur du Languedoc ne puisse guérir tous les maux ? C’est prouvé, évident et d’ailleurs en médicastres… Elle s’apprête à ouvrir la bouche mais le referme. Premièrement c’est impoli de couper quelqu’un et puis Eilinn en vient à parler de nom. Et à la petite poule naine rousse de sourire. Au moins elle pourrait comprendre. Au moins elles pourraient se soutenir quand ces noms deviendront trop envahissants ceci même si elle ne devient pas sa dame, elle deviendra son amie.

Puis la petite Vicomtesse s’intéresse lorsque Eilinn lui parler d’embrasser la carrière ecclésiastique. Elle aussi ça lui aurait plu pour faire comme sa mère en quelque sorte et la religion a quelque chose de réconfortant, n’est ce pas elle qui est là de manière constante alors que la vie fait et défait les amitiés, coud et découd les histoires ? Un pilier essentiel de la vie, de sa vie. C’est l’image d’Actarius qui vient la hanter en cet instant, l’image d’Actarius si éloigné et en péril en Provence qui, dès son retour, sera son parrain devant Aristote. Un premier engagement quelle ne veut rater pour rien au monde tant sa piété lui semble grande du haut de ses jeunes années et tant l’homme est important pour elle.

Finalement, Eilinn en vient à parler de fierté. Un sourire immense qui vient barrer le visage de la petit Vicomtesse. Une valeur quelles partagent et quelles souhaitent vivre. Si elle souhaite prendre la jeune fille pour Dame il lui paraît essentiel qu’elles soient d’accord sur ce point : la fierté des êtres qui nous ont guidés sur les chemins de la vie est primordiale. Par ceci passe une attitude respectueuse, des actes réfléchis, un sens du devoir… Oui, la jeune fille lui plaît. A la fin de son récit elle se redresse dans son siège et sourit à Eilinn.


- « Je n’ai pas d’autres questions pour l’instant, je vais répondre à la votre avant. Par contre si vous le souhaitez je pourrais vous présenter un membre de la famille Corteis qui est un très bon médicastre. Kamharley. Il aura peut-être des soins a vous prodiguer ou quelque herbes bienfaisantes.

Elle se penche vers Eilinn et continue de sourire.

- « Je peux vous parler de moi, oui. Je m’appelle donc Jehanne Elissa de Volpilhat, fille de Marguerite de Volpilhat et Louis-Raphaël d’Appérault. Je suis orpheline car je n’ai jamais connu mes parents. Il y a la sœur de ma mère en Languedoc Catalina de Volpilaht que je connais peu mais là, c’est une longue histoire. Ma mère était bonne, pure, belle et aimante et je veux le croire, quant à mon père je ne sais rien de lui sinon qu’il est un «français » typique, un Appérault ce qui aux dires semble honteux et qu’il est la cause de la mort de ma mère.

Arrêt. Elle reprend la boisson chaude et avale quelques gorgées comme pour faire passer du temps. En soi parler de son père ne la dérange pas, par contre, avancer de telles choses sur lui sans même comprendre la gêne. Après tout comment était-il ? Quelle est cette histoire ? Etait-il un criminel ? Nouveau mouvement de négation.

- « A ce sujet, je ne peux vous en dire plus donc parlons du reste. Ma vie a commencé ici, en Languedoc et j’ai grandis autant simplement que dans la joie avec la famille d’Alnaha. Polstephie, ma tutrice et que j’appelle ma Tante a toujours été bonne avec moi comme l’aurait été ma mère avec qui elle était très amie. Mes autres proches sont le Vicomte de Fenouillèdes et surtout Actarius d’Euphor, mon parrain, un homme exceptionnel qui malheureusement aime plus faire la guerre que rester à jouer avec moi. Mais je le respecte. C’est un héros !

Et aux yeux verts de s’illuminer à l’évocation du Parrain. Il faudra absolument quelle le présente à Eilinn comme une jeune fille est fière de son premier amoureux. Mais chut, ne le répétez pas !

- « C’est lui qui m’a formée à la tâche de secrétaire d’état que j’occupe aujourd’hui et qui me plaît énormément. C’est ma façon de m’investir pour le Languedoc comme l’a fait ma mère et de rester neutre dans la politique comtale qui est ô combien tortueuse… Cela me prend du temps mais comme c’est agréable de de se sentir utile et d’aimer ce que l’on fait ! Pour ceci, si c’est l’Eglise que vous voulez, n’hésitez pas Eilinn ou alors j’irais parler à votre mère !

Sourire amusé. Elle en serait bien capable oui notre petite Volpilhat d’écrire à la mère d’Eilinn du haut de sa dizaine d’années passée et de son petit statut de Vicomtesse ! Mais comment ça, ce n’est pas le sujet ? Oh et puis elle n’a pas envie... Le ton s’accélère.

- « Autrement, j’aime énormément jouer et rire. Je fais ça souvent et peut-être même trop et j’ai promis à Actarius de rester ainsi alors je le resterais même si ça dérange certains. J’aime les lapins vous savez, ce sont des animaux si beaux et drôles ! Oh si je pouvais j’en élèverais plein en Vaunage. Oh il faut que vous voyez Cauvisson Eillin, vous allez aimer ! Et puis ensuite…

Et hop, elle se lève. Droite comme un « i », les poings sur les hanches elle fixe Eilinn. Là, desuite, immédiatement elle a envie de sauter dans le véhicule Volpilhat et de partir en Vaunage pour jouer et se reposer, pour rire et se connaître, pour entrer plus en détail sur certains point autant sur l’histoire d’Eilinn que la sienne. Mais avant de faire ceci, de découvrir celle qui sera certainement une amie il faut savoir si elle l’accepte comme dame ou non. Je ne vais pas vous cacher quelle en a envie, nous l’aurons compris mais elle ne sait absolument pas comment si prendre. Alors elle improvise.


- « Eilinn, je vous apprécie et nous avons des valeurs communes. Vous avez entendu mes requêtes quant au poste et vous les avez approuvées. Alors j’ai bien envie que vous soyez ma dame de compagnie toute fois, avant, j’aimerais que vous m’assuriez sur votre fidélité, franchise, silence quant à certaines choses que les gens de nos rangs n’ont pas a étaler comme des poissonnières en plein marché, et rires. Le pouvez-vous ? »

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Eilinn_melani
La fillette tentait de mémoriser tous les noms que Jehanne-Elissa avait commencé à citer. Certains lui étaient familiers, d'autres non, et elle essaya tant bien que mal de schématiser tout cet entourage autour de la vicomtesse de Cauvisson. Un médicastre, cela pouvait être fort utile.

Je vous remercie pour votre offre de rencontrer ce médicastre de la famille Cortéis, mais je n'aimerai pas devenir une charge pour cet homme, qui a surement déjà bien assez à faire avec son office.

Chassez le naturel, il revient au galop, "mais non je veux pas déranger"...
Néanmoins l'enthousiasme de Jehanne-Elissa n'en était pas moins contagieux, tandis qu'elle contait les mérites d'Actarius. Eilinn ne connaissait pas de héros de ce genre, ses parents étaient des fonctionnaires royaux, et même son frère lui menait une vie de patachon en Champagne.


Oh vous savez, je m'y connais bien en lapins, Rhân les aime beaucoup, et il en recueille beaucoup à Boiscommun. Maman ne comprend pas trop, mais il commence à être connu dans le Domaine Royal pour cela.


Nourrir les lapins, ça elle savait faire, puis de toute façon, Rhanou refusait qu'on les cuisine, donc fallait bien les alimenter quand même, pour qu'ils fassent plein d'autres lapinous.

Puis soudain, Jehanne-Elissa se leva, et presque d'un ton de commandement, fit d'Eilinn sa dame de compagnie. Il ne manquait que l'épée d'adoubement, ou de chevalierisation, et le tableau était complet.
Cela ressemblait furieusement à une cérémonie de vassalité improvisée, Eilinn en avait déjà vu, sauf que là on ne parlait pas d'aide militaire, à part peut-être pour assiéger des cuisines et des boites à gâteaux aux amandes. Et parce que le moment était important, même si tout cela n'était qu'un jeu d'enfant, Eilinn se leva à son tour, et prit les mains de Jehanne-Elissa dans les siennes. Le ton était ferme.


Sur la tête des lapins de Rhân, je vous promets tout cela, Jehanne Elissa ! Et qu'un énorme gâteau aux amandes me dévore si je faillis à ce serment !

Puis d'un ton plus confidentiel, un sourire amusé commençant à poindre sur ses lèvres, Eilinn rajouta :


En fait j'aime beaucoup les gateaux aux amandes...
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Jehanne_elissa
Sur la tête des lapins de Rhân, je vous promets tout cela, Jehanne Elissa ! Et qu'un énorme gâteau aux amandes me dévore si je faillis à ce serment !

Chling ! Le sourire Colgate.

Et là, rassurée des paroles d’Eilinn, ses mains coincées entre les siennes, la petite Vicomtesse se sent grande. Oui, grande. Tout est grand : leur attitude, ses émotions, et leur avenir. Gare à celui qui voudra tenter de briser ces certitudes bercées par l’aveugle croyance au bonheur !

Alors oui d’abord l’attitude. Imaginez la scène : elles sont là, deux jeunes filles aux pedigrees relativement remarquable, une brune une rousse, pas la moindre forme féminine pointant le bout de son nez, vêtues noblement, main dans la main et venant de sceller par le geste et les paroles une partie de la vie. Du temps ensemble, des découvertes, une amitié et non non non ne lui dites pas que s’il le faut elles vont pas s’entendre, que s’il le faut elles vont pas du touuuut se supporter au quotidien car elle ne veut pas l’entendre. Non. Elles seront amies. Elles viennent de faire une sorte de serment, hautes et dignes, conscientes et responsables, du haut de leur mètre et vingt-cinq centimètres au maximum. Du même ton qu’Eilinn lui a fait la confidence de sa gourmandise, la poule naine rousse s’exprime.


-« Un serment sur la tête des lapins ne pourra jamais se briser !

Tandis que quelques instants plus tôt elle se sentait lasse, inquiète et complètement dépassée par la situation actuelle assez chaotique de sa vie, à ce moment M défini dans un temps T dans un espace E –pardon- elle est heureuse. De grandes émotions dans un corps si petit. Les émotions d’une enfant ayant surement trouvé une amie. D’une enfant apeurée par ce qu’elle est aux yeux des autres ayant trouvé un soutien. Une alliée qui aime tout autant les lapins quelle et qui a aussi une faiblesse. Une joie aussi, peut-être même un soulagement a l’idée d’avoir une légitimité, une raison d’être encore enfant avec une autre enfant. Car si elle est heureuse a travailler pour le Comté, si elle est heureuse d’avoir pour proches majoritairement des adultes, si elle est fière de son sens du devoir un tantinet exacerbé, elle a aussi besoin de vivre son âge, d’avoir des préoccupations stupides et (f)utiles qu’on ne peut partager qu’avec un être ayant les mêmes aspirations. Oui ses émotions sont grandes.

L’imaginaire que l’on sait très développé chez les enfants est en pleine ébullition sous les cheveux roux. Elles sont encore mineures et tout juste touchées par la vie et si Aristote fait que ce serment dure elles vivront surement ces étapes importantes dont les adultes parlent. Ces moments quelle ne veut que joyeux car notre petite Vicomtesse est relativement hors du temps, hors du monde. Elle entend le mal, elle écrit le mal dans ses rapports, elle décrit la perfidie et les manigances mais ça lui reste quand même étranger. Elle, elle ne veut que du bien. Et voir plus loin que l’instant présent avec Eilinn lui semble forcément radieux. Alors elle serre les mains de sa maintenant dam de compagnie et chling !


- « Offrons-nous un peu de temps, nous repoussons les explications quant au déroulement des journées. Voulez-vous que nous allions voir si Rhân est encore en nos terres ? Ou que nous allions trouver des gâteaux ? Il faut que je vous fasse visiter l’appartement et que nous prévoyons d’aller en Vaunage et… »

Ah, les joies de l’enfance, des projets qui semblent important mais qui font bien rire les adultes. Que voulez-vous, chaque âge a ses priorités.
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