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Info:
Les sicaires du Lion de Juda sont en mission à Rome !

[RP] Vacances léonines et romaines

kirkwood
Ils avaient tous été plus ou moins malades lors de la traversée depuis Marseille. Aussi saluèrent-ils avec tant de ferveur leur arrivée à Ostie, en mettant le pied sur al terre ferme, qu’on les prenait sans peine pour d’authentiques pèlerins.
Ils avaient d’abord craints de ne pas pouvoir jouer leurs personnages avec conviction. Préoccupation évanouie.

Ils reprenaient leurs couleurs pendant que la douane s’inquiétait mollement de leur présence et de leurs bagages. Quelques pièces d’argent disparurent au cours d’une fort brève visite. Les aristotéliciens réformés ne s’en étonnèrent pas : au pays du Veau d’or, pourquoi les douaniers seraient-ils moins chapardeurs et corrompus que dans le reste des Royaumes ?


Après une grosse demi-journée de trajet où ils avaient pu admirer le paysage (hormis Vittorio le Toscan qui se faisait un devoir de mépriser les charmes locaux, bien inférieurs à ses yeux à ceux de son pays natal), l’inquiétude revint, aux portes de Rome.

Là, des gens d’armes sourcilleux épaulaient des clercs suspicieux qui fouillèrent avec un évident professionnalisme leurs bagages, et semble-t-il sans la moindre tentative de détournement de leurs quelques clicailles.
Ils ne s’inquiétaient que de l’éventuelle présence de documents impies qui eussent pu souiller la Ville sainte.
Les réformés n’étaient pas stupides au point d’ignorer cette étape, d’autres avant eux étaient déjà venus ici. Mais ils découvraient le sérieux des fonctionnaires pontificaux avec inquiétude. Il faudrait être prudents…

Ils passèrent finalement sans encombre, entrant dans les faubourgs de l’Oanylone romaine.


- Bon, séparons-nous. Vittorio, comme prévu, tu t’occupes de trouver Alfonso et de voir ce qu’il sait. Coulondres, tu repères notre « ami » il cuoco Basilio. Nous, on rejoint l’adresse que Petitfrère nous a laissée, et on les attend, ainsi que les autres, qui ne devraient pas tarder.
- Et moi, pourquoi j’faisions rien de spécial ?
- Ta gueule, Kirk, répondit Uewen par habitude…

Les sicaires du Lion de Juda étaient dans Rome…

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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
Cromwell.
Quinze jours ! Il lui avait fallu quinze jours pour arriver jusque dans les faubourgs de Rome, caché dans cette carriole brinquebalante et poisseuse. Le groupe de comédiens qui l'accompagnait n'avait pas posé de question devant la bourse pleine d'écus. Ils avaient franchi sans encombre les portes de la ville et il était temps pour Cromwell de quitter ses compagnons de voyage.

Puisse Deos veiller sur vous. Longue vie aux saltimbanques !

Et chacun était reparti de son côté. Il ne restait plus au sicaire qu'à retrouver les siens. Le plan qu'il avait avait été griffonné par Petit Frère, incapable d'écrire et qui dessinait comme un sagouin. Mais il fallait faire avec. La maison devait se trouver quelque part dans le Trastevere. il n'y avait qu'à demander son chemin aux passants. Deos pourvoirait à la suite.

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Cromwell dit Sanctus, dit Pépé, dit le Vieux Lion.
Petit-Frère
[Quelque part dans Rome]

Petit-Frère sortit de l'auberge dans laquelle il avait passé la nuit d'un pas gaillard. Son étrange chapeau en forme de melon vissé sur la tête, la mine basse et ses petits yeux porcins scrutant ci et là la présence de la milice ou de gardes papaux.

Cela faisait une petite semaine qu'il était arrivé dans Rome par les routes. Il ne supportait pas de prendre la mer si bien que la première fois qu'il était venu céant pour convoyer l'imprimerie du Lion, il avait fallu l'attacher au mat tout au long de la traversée de peur qu'il ne saute par dessus bord.

Sortant de Rome par une de ses portes, il se dirigea dans les faubourgs vers le quartiers maure. Après avoir cheminé dans le dédales des maisons, il toqua à l'huis de ce qui semblait être une apothicairerie. La porte s'entrouvrit après quelques minutes d'attentes.


- Qui est-ce dit la veille maure?
- J'suis le fils du Lion vieille noix, va dire ça à ton maitre.


Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit d'elle même, et ne sachant que faire, Petit-Frère pénétra dans l'apothicairerie. La vieille l'attendait à l'entrée d'un escalier descendant à la cave de la maison et lui enjoigna de l'y suivre. Dans cette cave se tenait un vieil homme, la peau sombre mais le poil blanc. De petits yeux noirs intelligents et un long nez renardier.

- Bienvenue à toi fils du Lion dit le vieux.
- Salut pépé
- Que donc viens tu faire céans géantin?
- J'pense que mon patron t'a remis une lettre vieux chnoque.
- En effet, et crois t'il que je vais lui bailler ce qu'il me demande en un tournemain? Je n'ai pas la quantité qu'il me demande et il n'aura certainement pas les moyens de se la payer.


La brute rit grassement et tout en craquant une allumette, dit:

- Donc si je fais cramer ta barraque ça ne devrait pas te poser de problème?

A la vue de l'allumette, le visage du vieux maure se figea.

- Es tu fol à lier? Ne sais tu point ce qui se trouve en cette pièce?
- Si, et tu vas me le bailler, sinon je risque de la laisser tomber.


Maugréant, le viel homme bifurqua vers un coté de la pièce et, dégageant un compartiment secret, sorti deux grand sacs de jute emplis de poudre. Petit-Frère soupesa le premier sac et en vérifia le contenu d'un air satisfait.

-300 écus le sac, et 100 pour ton vieil âne. Bien que je sois aussi fort qu'un régiment de mulets, je ne voudrai gater la marchandise...
-350! et 200 pour l'âne!

-Tope là! dit le géant. Je m'en ferai une soupe après à ce prix là.

Petit-Frère ressorti de la maison du maure avec l'âne et sa précieuse marchandise, mais dégarni de 900 écus, perte négligeable étant donné les moyens du Lion.
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Pourvoyeur de la Lune

kirkwood
Ailleurs

Uewen, Kirk et Vittorio attendent, près d’une fontaine. Quelques mendiants ici et là, mais la messe n’est pas finit dans la chapelle du quartier, ils patientent et ne s’occupent plus du petit groupe.
Chou blanc pour Vittorio cherchant Alfonso, c’est tout ce que Kirk a compris. Comme on ne l’a pas davantage mis au courant et qu’il ne demande plus grand-chose, de peur d’être à nouveau rabroué, ça ne l’avance pas davantage.
Que fait Coulondre ?
On temporise en silence. C’est mieux que de sortir des banalités sentencieuses, alors pourquoi pas ? Mais Kirk craque, appréhendant un nouveau Ta-gueule-Kirk un peu las :

- Pourquoi que t’avions dit si bizarrement « notre ami » Basilio, Uewen ?
Silence. L’intéressé le regarde d’un œil pensif, puis détourne la tête.
- Parce qu’un cuistot maigre comme Basilio, je m’en méfie…
Silence. Uewen et Vittorio s’éloignent d’un pas ou deux.

C’est pas que Kirk n’est rien à dire ou redire à la déclaration, c’est qu’une nouvelle sébile de mendiant vient d’apparaître sous son nez. Les deux autres chuchotent, ils n’ont pas l’air d’avoir vu le vieux barbu, au visage caché par l’ombre de son capuchon, s’approcher.


- Signor, fate bene per voi, fait sa voix, fort digne.
Mécaniquement, Kirk sort quelques piécettes et les donne, se reprochant déjà sa faiblesse. Il y a tant de mendiants, comment donner à tous. Il donne une fois par jour, c’est la règle qu’il s’est fixé pour rester dans la charité aristotélicienne sans se ruiner. Et il a déjà donné, aujourd’hui.
Mais quelque chose lui dit que la formule employée (« Messire, faites-moi du bien dans votre intérêt ») n’est pas habituelle, malgré son manque d’aisance dans la langue du crue. Il aurait dû dire quelque chose du genre : « pour votre paradis, pour votre âme », ce genre de trucs, quoi…
Alors il regarde le mendiant, qui patiente, l’air d’avoir l’éternité pour lui.


- Pourquoi tu travaillions point de tes bras, l’ami ? Pourquoi ne rien faire ? Tu m’avions l’air bien vigoureux, pourtant ? Kirk ne peut s’empêcher, tout en donnant une belle pièce non-rognée et pesante, d’essayer de placer un peu du credo réformé.
Mais l’homme répond, à l’antique :

- Il fate non importa, Signor, ma il pensare.

Bigre, un mendiant philosophe ! « L’action n’est rien, seule compte la méditation ». C’est pas de l’Aristote, pense Kirk, plutôt son copain, comment s’appelait-il, déjà, ah oui, Platon. Non, ça c’est le chat de Sanctus, zutre, ‘sais plus…

-Et que t’inspirions tes méditations, mendiant qui ne me disions pas son nom et prétendions parler au nom de mon intérêt ?

- Que le Lion peut être trahit par un chacal…
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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
kirkwood
- Alfonso, fait la voix de Vittorio, que fais-tu là, je t’ai cherché partout !? Un degré plus bas : Uewen, Kirkwood, permettez-moi de vous présenter Alfonso della Strada, l’unique mendicante de merito de cette villasse puante. Là où il est, les autres sont mendicante de niente…

« Mendiant de mérite » ou « de rien »… Pourquoi pas, pense Kirkwood ? Mais pourquoi ?

- Signor della Strada, j’voulions…

- Scuzi, Signor Kirkwood, ma en les vêtements où je me présente ici, plaise à vous de ne pas m’appeler « Signor ». Un nom se doit de présenter son titulaire, aussi justement que possible. On ne nomme pas « Signor » un mendiant, et vous me feriez du tort en m’enlevant la condition que j’ai choisi d’arborer icelieu.

- Kirk, on t’a jamais dit qu’il n’entrait pas de mouche dans une bouche fermée ? arrête de béer ainsi, tu vas finir chèvre, le tance Uewen. Enchanté, Alfonso. Que disais-tu à Kirkwood avant que Vittorio te reconnaisse ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire d’animaux ?

Uewen, s’il se repose sans crainte sur la confiance que fait visiblement Vittorio à ce mendiant trop digne pour certaines cours princières, s’inquiète toutefois et ne veut pas trop en dire.

- Sachez, Signor Uewen, qu’un cousin m’a certifié que votre Basilio, outre être cuistot raisonnable, cultive d’autres cordes à son arc…

- Un cousin, hein ? Quel genre de cordes ?

-L’élevage de pigeons, pour commencer…

- Et ?

- Et des relations cordiales avec le Bargello del Corte, le Chef de la police de la ville sainte…

- Ah. Et comment savoir si certains pigeons ne s’égarent pas de l’un chez l’autre ?

- Il suffit d’avoir quelqu’un qui s’occupe de tous les pigeons qui atterrissent chez le-dit Bargello. Il en a du travail, à s’occuper de son courrier. Tellement qu’il ne peut s’en charger lui-même, le pauvre. Il a trois secrétaires et un responsable des bêtes, d’ailleurs aidé en ce moment par un apprenti…

- Mh. Et comment peux-tu être sûr de ce cousin, et moi de toi ?

- Ce cousin veut marier une cousine, un peu au-dessus de sa condition, il a besoin de mon aide pour que la familia, et en particulier la mama, accepte. Il le sait. Quant à moi, faites-vous confiance, Signor, à Vittorio ? Il faut alors faire confiance à sa fiance en moi…

Révérence ironique d’Alfonso… Vieux cabot, pense Uewen, mais que le sourire gagne…
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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
kirkwood
- D’accord. Que déduis-tu des messages, Alfonso ?

- Voyez vous-mêmes, voici les copies de la semaine écoulée : s’il n’a aucune précision à donner au Bargello, « Leo », « le Lion », c’est assez transparent, non ? Et promettre quelques têtes de Leo sur un plateau pour la semaine qui vient…

Les trois sicaires du Lion de Juda frissonnent en lisant.

- D’ailleurs, voici le dernier message, de ce matin, fort tôt. Il contient vos noms, descriptions et adresse. Par contre, c’est l’original. Si vous préférez, on peut le remettre en place, ma...

- (Sec) Très drôle. Vittorio, tu te sens de copier cette écriture et ce style ? Ça t’avais assez réussi, les faux, dans ta compagnie d’arbalétriers génois, non ? Alors, fais lui croire que nous sommes retardés… Par une maladie, tiens, ça peut durer assez longtemps.

- Aucun problème. Je m’y mets tout de suite…

- Bien. Tu as bien mérité cette bourse, Alfonso del merito.

Le mendiant sourit, estime d’un geste professionnel la bourse et l’empoche. Uewen reprend :

- Alfonso, un mendicante del merito comme toi ne peut ignorer notre besoin d’être discret quand il s’agit d’un ami du Bargello. Connaitrais-tu quelque drôle ou drôlesse agile de la lame qui pourrait remplir quelque office à mon compte ?

- Oh, bien sûr, Signor, et vous pourrez avoir toute confiance en Catilina, c’est un cousin…
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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
acar
Déambulant dans Rome, Acar n'avaict poinct le cœur à la légèreté... S'engouffrant dans les faubourgs romains, le frimas lui fict relesver le col de son mantel quand au hasard des passants, il entraperçut une teste qu'il avaict gardé en mesmoire, depuis fort longtemps...

Oui, se souvenant d'un soir de pluie, d'une charrette tirée par deux chevaux et de ce visage sur un corps de géant, parbleu, recouvert d'un chapeau rond !
Oui, les souvenirs abondaient... Le lieu où les coupe-gorges s'amassaient, également. Il devait le suivre, ce qu'il fict, prestement, les sens en éveil...

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kirkwood
Une auberge, aussi mal famée que les autres. Une table. Uewen et Vittorio, en face du Signor Catilina il Marchese. Faux noble, bien sûr, comme la plupart des Romains.

- Si, Signor, j’ai compris. Ma, perche en vouloir à un cuoco ? Il cuit mal le pot et le rôt de votre employeur, ou peut-être pas assez mal ?

D’accord, canaille, curieux et sans doute avide de savoir à quoi s’en tenir… Cousin, peut-être, mais capable d’initiatives…
Comment lui ôter l’envie de creuser trop dans cette direction là ?

Vittorio trouve.
D’un air peiné et comme cachant sa colère
:

- Notre action est inspirée par l’honneur, si elle n’est pas légale, Signor Catilina. Un malandrin a attenté à la pudeur de notre sœur, profitant qu’un plat qui lui était servi la faisait pâmer. Cette canaille, ce faux-aristotélicien, ce tartuffe est déjà allé expier ses fautes en Enfer. Reste celui qui a assaisonné le plat et s’est enfuit jusqu’ici…

- Oh.

Catilina retrouve une expression digne, voire même consternée d’avoir ainsi confondu une noble vengeance avec une quête sordide. Il en fait trop d’ailleurs, mais pas grave, il a une réponse qui le satisfait…




Plus tard dans la nuit, une bagarre éclate dans une autre taverne. Des sarcasmes, on en vient aux insultes qui d’un coup dégénèrent en coups, lames tirées.
Deux morts et cinq blessés.
Un des morts, deux des blessés ne faisaient même pas partis des lutteurs.
Deux confréries de prières qui se disputent depuis au moins six mois une chapelle dans l’église du quartier.

Le Bargello del Corte, le chef de la police, grimace. Les blessés, les morts, il n’en a cure. Il se fera un peu tirer les oreilles par Eugène, certes.
Mais surtout, perdre le seul informateur qu’il a en Italie sur les sicaires, au milieu d’une bagarre idiote…
L’inconvénient des bons informateurs, c’est qu’ils fréquentent un peu trop les lieux violents, quand même…

Il doit prévenir ses contacts à Florence. Puisqu’il paraît qu’ils s’y soignent, d’après son dernier message…


Edit : pardon, j'avais oublié de signaler que les personnages (voire quelques éléments de dialogue, j'en suis plus à ça près) sont tranquillement pompés au dernier tome -La pique du jour- de la première série de "Fortune de France", de Robert Merle, qui se passe bien sûr à Rome, bien qu'un bon siècle plus tard.
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kirkwood
Uewen, Coulondre et Kirkwood suivaient Vittorio dans les faubourgs de Rome et se dirigeaient vers le ghetto spinoziste.
- Dis-donc, Vittorio, fit Kirk, toi qui avions négocié avec ce vieux, là, comment qu’y s’appellions déjà ?
- Abraham ? Et bien quoi ?
- Il ressemblions à tout ce qu’on disions sur les spinozistes ?
- … ?
- Les doigts crochus, tout ça, le nez ?
- Bene. A cé qué je vois, notre ami Kirkwood est toujours persouadé qué la sauce dé sa mama est la meilleure…
- Qu’est-ce que tu voulions dire, sur ma môm ?
- Oh, vé le pitchoune qui s’énerveuh, rigole Coulondre !
Uewen reprit : Ce que Vittorio veut dire, avec ce proverbe qui provient de très loin au Sud de la rive de Berberie, c’est que si tu crois tous les racontars qui circulent sur les spinozistes, c’est que tu n’as pas assez voyagé pour te libérer de tes maillots et enfances.

Bouderie kirkwoodienne, que n’arrange pas le grand éclat de rire du manchot montpelliérain.

- Moi, on m’avions dit qu’ils tirions même le sang des petits enfançons aristotéliciens, par haine de Christos, à Pâques !
- Bene, bene. Tou as la moindre pétite idée de leur religion, frati Kirkwood ? Dé cé à quoi ils croient, les spinozi ?
- Ben, heu, non, pourquoi ?
- Bene, c’est cé qué jé pensais. Alora, tu fais avec eux ce que la ploupart des orthodoxes font avec nous, les réformati. Tou condamne sans savoir rien dé précis.

Honte suprême pour Kirk : être ravalé au rang d’ignorantimus-orthodoxe-et-fier-d’être-tout-ça-à-la-fois.

Silence prolongé de Kirkwood.

Uewen, Vittorio et Coulondre savourent ce moment de grâce.

De quoi convaincre un de ces immondes athéistes que Deo existe.

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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
acar
Parbleu, suivre ce monde dans une presse énorme, jour de festivités... Poussant par-ci puis par-là, corps et bras, il n'arrivait poinct à retrouver le malandrin et les cris alentour n'arrangeait rien... un chien affamé se jesta contre lui, fuyant des minots, hirsutes, cailloux en main.

Illico, le cabot avaict disparu et ses pas s'accéléraient encore, ainsi que son sang. Sa garde personnelle ne suivaict plus, surement a plusieurs dizaines de cousdées mais cesci ne le préoccupait, il devait restrouver le coupe-jarret, de jadis, couste que couste...

Dextre, senestre, en asvant, en arrière, rien... Il bouillait de l'avoir perdu mais rien n'estait joué, il continua le chemin.

Arpentant un des petiots, tyrans canin
: Une pièce a ceslui qui me dict si un homme avec un petit chapeau rond est passé icelieu ?

Une austre pour la direction qu'il prict !!

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kirkwood
On atteint une maison qui a connu de meilleurs jours. Mais bon, par rapport à certaines qu’on vient de dépasser et qui menacent de s’écrouler, ce n’est pas si dramatique.
Encore que.
L’escalier grince. Les portes résistent. L’humidité persiste, les odeurs aussi… Que du bonheur.

On entre dans un antre. Où est la sortie, pense aussitôt Kirk ?

Une pièce aux meubles nombreux mais de guingois, surchargés de parchemins, livres, feuillets… Des animaux empaillés ici et là, inconnus pour la plupart…
Il y en a pour une fortune. Uewen, le seul des quatre à avoir fréquenté des princes, tente d’estimer l’ensemble. Peine perdue.
Derrière un lutrin, un vieux. Très. Trop ?
Il porte sur le nez ces verres ronds que Kirkwood a déjà vu sur certains clercs, notables ou de notaire, et qui paraît-il facilitent la lecture.

Vittorio et le vieux se font des politesses et des salamalecs à n’en plus finir pendant un nombre de crédos pas possible dans leur jargon.
‘Faut croire que quand ils le veulent, les habitants de la péninsule, Toscans comme Romains dans le cas présent, arrivent très bien à se comprendre, contrairement à ce qu’il racontent d’habitude.

Puis viennent les présentations.
C’est reparti pour les salamalecs qui énervent tant Kirkwood. Il s’ennuie.
Jusqu’à ce qu’Abraham prononce la phrase magique
: Sarah ! Cherche à boire pour ces garçons !

Même s’il ne sait pas à qui s’adresse l’injonction, l’intérêt de Kirk est réveillé. Ça, ça, ça c’est une politesse qui a du sens pour lui !
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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
kirkwood
Et il n’est pas déçu quand Sarah arrive.

D’abord, le cruchon est plein jusqu’à ras bord, les gobelets propres, le clairet plutôt parfumé et délicat. De plus, dès que les verres sont bus, la phrase tombe, sans appel :

Or ça, compagnons, il n’est point bon de rester sans boire de ce petit vin. Que sont ces gobelets vides ? Voulez-vous qu’on dise que maître Abraham se veut fâcher avec des clients ? Que dirait ma pratique ?

Pour ce Qu’Avicenne et Averroes, maîtres-médecins reconnus et dignes de respect –et je ne parle point ici de religion, vous l’aurez noté, pour ce que ce n’est point le sujet ou l’heure-, ces maîtres, donc, disais-je, affirmaient si doctement avec de tant belles raisons qu’un corps bien rempli de mets et liquides de bonne composition fait pour ainsi dire rempart à toute contagion, la nature ayant horreur du vide mais les miasmes des maladies ne pouvant remplir ce qui l’est jà par bonne mangeaille !

Et invariablement Abraham conclut sa phrase sentencieuse en resservant les verres vides, et rappelle Sarah pour qu’elle remplisse à nouveau le cruchon.


Et certes, cela fait un bon moment que Kirk, qui écoute peu ce qui se dit autour de lui, vide son verre plus rapidement que quiconque.

Et certes, les sourires indulgents du début sont maintenant contredits par des froncements de sourcil dénonçant l’impolitesse du sicaire tout autant que son absence de prudence.

Sans compter que le Lecteur bourré, ça la fout quand même mal devant quelqu’un d’une autre religion ! Un aristotélicien, même un romain, bon, ça passe, mais un spinoziste ou un averroiste…

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kirkwood
Mais avant de voir les conséquences de cet excès de boisson, il convient de signaler que Kirkwood a une autre raison d’accélérer le nouveau remplissage du cruchon, même s’il ne se l’avoue pas.

C’est l’officiante.

Car dire que Sarah est belle revient à affirmer que le Paradis excite l’intérêt et suscite la curiosité. Bref, carrément en-dessous de la vérité.

Et à chaque fois qu’elle revient, Kirk la dévore littéralement des yeux, à la gêne grandissante des autres sicaires et du maître de maison.



Par contre, l’intéressée ne semble accorder aucun intérêt à la chose, non, allez, soyons sympathiques, à Kirkwood. Ce n’est pas qu’elle soit ignorante de son émoi, ou méprisante, ou méchante, non, juste absolument indifférente…

Ce qui le chagrine, lui, comme de juste.
Et n’arrange pas, on s’en doute, son penchant pour la boisson.

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kirkwood
Tout d’un coup, Kirk se rend compte que le ton de la conversation des autres est plus tendu.
Abraham serre davantage son rouleau de parchemins par devers lui.
Les phrases sont plus brèves et sèches.


- Cela n’est point juste, rabbi. Notre prix te paye largement. Et ton temps, et le danger que tu coures, bien faible au final.

- Ah nenni, nenni ! À ce prix, j’y suis de ma peine et de mes risques.


Ça suffit comme ça.
Kirk se lève brusquement, prend la bourse des mains de Vittorio interdit, la balance rudement à Abraham qui recule avec sa chaise en se redressant un peu, déséquilibré.

Et Kirk de le saisir au collet d’une main pendant que l’autre s’empare du rouleau et lance à Abraham, stupéfié
: Allez, rabbi, ton clairet n’est point tant bon qu’il ne faille conclure l’affaire et rester trop longtemps.

Et il le relâche alors, ce qui le fait choir au sol.

Les autres sont consternés, bien que tentés d’y voir une échappatoire qui en vaut bien une autre, dans leur situation. Ah, le péché n’est pas loin…


Puis tout le monde constate que Sarah, qu’on avait oubliée, regarde, les traits durs, la scène.

Ses yeux brillent de fureur, peut-être d’autre chose.
Avant, on ne voyait que sa beauté, mais maintenant, on se rend compte…
Qu’il y a autre chose…
Le monde se rétrécit à cette pièce. On ne perçoit plus les bruits extérieurs, de la cour, des charrois, mules ou passants pressés.
Il y a autre chose.
Elle semble murmurer, peut-être psalmodier. Des ombres se déplacent, non ? Les murs aussi ?
Ou autre chose ?
Sarah, ce sont les hommes qui en parlent le mieux ?

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La côté farce, je critique pas, mais pour le fair-play, y'aurait comme qui dirait de l'abus dans l'entourloupe, non ?
kirkwood
Certains parleront de transmission de pensée plutôt que de magie. Pourquoi non ? Je vous gage les célèbres 30 deniers, en espèces lourdes et sonnantes, que certains écrivaillons et trouvères de 3e zone n’hésiteraient pas à proposer une réplique comme :
Citation:
D’un regard, d’un simple regard, d’un tout petit mais si immense regard tout à la fois, ils comprirent tout. Tout le non-dit se déversa d’un coup. Tout ce qu’ils n’avaient su se dire, ils l’entendirent. Et ils surent la vérité.
Ils surent qu’ils s’aimeraient jusqu’à la fin des…

Heu, j’m’égare, là, non ?

Bref, je ne prétends pas conter la vérité, mais la scène telle que les protagonistes la vécurent.
Et pour Sarah, voilà ce qui ca donne :


Citation:
Ce chien dépravé et pouilleux, ce néant d’aristotélicien, cette amibe que mon père a reçu chez lui avec politesse, à qui il a fait boire de son meilleur vin, il ose le bousculer ?!
Il va le payer !
Hé quoi, mon père, tu ne veux pas ? Tu vois tes craintes se réaliser ?

Hé, comme tu me l’as dit quelques fois, on n’étudie pas, et la Kabbale et sous la direction de Morgane la Fae, adepte des croyances païennes, sans en payer le prix. Mais n’oublies pas ce que je te répondais à chaque fois : toutes les sept générations, (sauf les années bissextiles), la septième fille du rabbin est initiée à la magie.
Et toutes les 77 générations, cette septième fille est parmi les magiciennes les plus puissantes au monde !

Et tu voudrais que je ne me serve pas de mon pouvoir pour châtier ce misérable qui tremble déjà ? Qu’on sent prêt à faire dans ses braies ? Ah, ah, ah !

Co, comment ça, tu étais bourré quand tu as fait les calculs à ma naissance, et tu ne te souviens pas si la Lune était décroissante, et le Soleil dans Mercure ?
Comment ça, c’est pas 7 et 7, donc 77, mais 7 fois 7, donc 49, le chiffre de la génération la plus puissante ?
Comment ça, il y a de fortes chances que je ne sois pas la Maîtresse de magie annoncée par les textes ?

Heu…
Pas grave, sniff, pas grave.
Et puis, sniff, il va payer pour ça aussi, il n’y a pas de raison…
Heu, c’est quoi déjà, le démarrage de l’incantation de malédiction, sniff ? Ah oui…

Citation:
Adonaï ! Adonaï ! Adonaï !
Par Nun, qui parle savamment sur toutes choses, sans préparation et sans études.
Par Mem, qui possède l’art notoire qui donne la science universelle.
Par Guimel, qui règne avec tout le Ciel et se fait servir par tout l’Enfer.
Par Daleth, qui dispose de la santé et la vie de tous.
Adonaï ! Adonaï ! Adonaï !



Et les cinq hommes devinent plus qu’ils ne voient des signes cabalistiques qu’elle trace de ces doigts dans l’air, des fumerolles au milieu des ombres, des strophes de chants oubliés depuis longtemps, des mélodies terrifiantes et des grouillements, indicibles dans le meilleur des cas…
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