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[RP] Chacun sa route ... chacun son chemin

Mackx, incarné par Felina


On était un lundi, on était en juillet et le soir tombait. Un soir chaud et presque étouffant puisqu’à la chaleur, il fallait ajouter le manque de vent et le peu d’humidité laissé par un orage de la veille. Et malgré cela, malgré cette lourdeur qui faisait poisser le Vicomte sur chaque parcelle de sa peau, il était heureux d’être là.

Il était heureux d’avoir fini la mission dans la Maine … il était heureux de bientôt pouvoir rentrer chez lui, ne fussent que quelques jours, pour régler certains détails comme la vente de son blé ou la remise d’un mandat. Il était également soulagé car même si le Maine avait été long, aucun des leurs n’était tombé. Il n’y aurait pas d’enterrement à déplorer, pas de cérémonie à Ryes et pas de besoin de picoler pour oublier les visages de ceux qui n’étaient plus.
A cette pensée, un large sourire illumina son visage couvert d’une barbe naissante et il sortit sa gourde, la déboucha et en but une large rasade. Cela ne pouvait pas faire de tort à quiconque, et c’était si agréable. Une fois cela fait, il referma ladite gourde et la rangea tandis qu’un léger hennissement de Samme lui faisait comprendre qu’elle n’était pas dans le même état de béatitude rêveuse que lui et qu’il fallait accélérer un peu le pas pour arriver à Angers avant la tombée complète de la nuit.
Tant qu’à faire … quand on n’a pas de femme, autant se laisser dicter sa conduite par une jument … Et c’est donc ce que fit le Cavalier licorneux. Il faut dire que c’était elle qui faisait tout le boulot depuis qu’ils avaient quitté Laval trois jours auapravant, lui se contentait de se reposer sur son dos, de picoler, et de dormir sur un coin de route quelconque enroulé dans sa cape. La chaleur le permettait …

Il faut peut-être ajouter que le poitevin était le seul à être reparti si tard vers le sud, une retraite inopinée l’ayant forcé à se séparer des autres cornus. Il aurait peut-être du se rendre vers le nord, vers la Normandie sur laquelle s’amoncelait de noirs nuages, mais il s’était forcé à repasser absolument par chez lui avant, sans quoi il n’aurait pas assez de vivres pour survivre chez les descendants de Guillaume.
Angers lui apparût alors au loin, se découpant sur le ciel étoilé comme une tache de sang sur un drap blanc. Angers la belle, Angers l’angevine, Angers la guerrière … encore quelques dizaines de minutes et ils y seraient. La jument pourrait profiter de quelques menus soins chez un palefrenier tandis que le Vicomte se trouverait certainement des compagnons de ripaille avec qui boire la moitié de la nuit. Il y aurait bien un groupe de moines teutoniques égarés non ? Ou une quelconque section d’archers italiens avec lesquels il pourrait parler de vin et d’olives ?

La fin du voyage approchait, les lumières des torches devenaient de moins en moins confuses …

Un bruit plus loin sur la route le fit alors sursauter. Ce n’était pas qu’il soit couard mais l’expérience des armes aidant, il avait appris à se méfier d’un bruit sur la route pendant la nuit. Sa main se posa lentement sur le pommeau de l’épée, et il laissa ses doigts caresser délicatement la licorne gravée tandis qu’il intimait - d’un mouvement lent mais ferme des rênes - à Samme de ralentir.
Un groupe de cavaliers déboula alors du tournant qu’il s’apprêtait à prendre et le sol trembla sous l’effet des chevaux au pas de course. Heureusement, Samme, en cheval bien dressé resta bien sur ses crampons tandis que Mackx sortait son épée et essayait de se couvrir au mieux de son bouclier. Il n’avait pas le temps de lancer sa jument au pas de charge pour mieux contrer l’effet de la charge adverse et tourner le dos lui était interdit en plus d’être un mauvais choix tactique. Rester en position était dès lors le seul choix tactique qui lui restait s’il voulait en découdre avec ce groupe de bandits.

Les cavaliers approchaient à vive allure … le choc était pour dans quelques secondes mais le poitevin trouva l’énergie de lancer son cry tout en plaçant son épée de façon transversale, pour tenter de couper la route à l’adversaire qui passerait à sa droite.


Ad Ultimam !!!

Le premier coup atteignit le licorneux à la cuisse senestre, ce qui le fit chavirer pendant qu’un autre coup touchait la jument qui s’effondra sous le poids. Un deuxième assaillant fit virevolter son arme et toucha la Vicomte à la tête, ce qui eût pour effet immédiat de le tuer net puisqu’il ne portait que son chapeau et non un heaume. Les assaillant suivants, qui étaient bien une dizaine, vinrent parachever l’œuvre dans un ballet de sang inutile … D’Alesme et sa jument étaient tous les deux au sol, le premier aussi mort qu’un caillou et la deuxième, ouverte au garrot et au cou et se débattant avec la grande faucheuse dans de grands mouvements de patte.

On était lundi, on était en juillet et le soir était tombé. Maxime d’Alesme, Vicomte de Fontenay, Seigneur de Saint-Pierre d’Oléron, Cavalier de l’Ordre royal de la Licorne et Champion du Poitou était également tombé, parti rejoindre d’autres déjà partis avant lui. Ce qu’il adviendrait sur cette terre, il n’en avait plus cure … il n’avait plus cure de rien … il n’était plus.


Luciedeclairvaux
Depuis plusieurs jours déjà, les combats avaient cessé contre l'ennemi Comtois et son allié du Maine. Mais d'autres menaces avaient pris le relais, et l'Anjou fauchait sans relâche sur les chemins.

Lucie, après avoir soigné ses blessures, avait réintégré l'armée sans engouement. Mais la Zoko en faisait encore partie. Et où Maleus combat, l'Ange n'est jamais loin. Aussi avait-elle mis de côté d'autres projets de balade, pour suivre son maître d'armes, jusque dans la mort s'il le fallait. Ad Eternam ...

La veille, elle avait occis un Comtois qui tentait sans doute d'échapper au bourreau d'Anjou. Mais outre ce petit amusement passager, force était de constater que les ennemis qui tombaient sous sa lame n'étaient bien souvent que des paysans dont la fourche, de loin, dans le noir, et par temps de brouillard, ressemblait trop à une lance de chevalier. Ou bien des jouvenceaux trop pressés qui s'en allaient rejoindre une drôlesse en cachette de leurs parents. Mais rarement la cible escomptée.

Et Lucie suivait, blasée, déçue de ne combattre point en rangs, sous étendards portés par le vent. Ici, point d'adrénaline, point de machines de guerre, d'archers, ni de tactiques de combat. L'armée prenait la largeur du sentier, définitive. Expéditive.

Quand, entre chien et loup, elle croisa le licorneux, il était déjà mort. La mercenaire regarda un instant les premiers soldats s'éloigner lentement. D'un mouvement souple, elle descendit de son destrier blanc et approcha. Ses yeux clairs s'illuminèrent de rage et pétillèrent dans la pénombre. Quand la pointe de sa botte toucha la masse allongée au sol, elle leva bien haut son épée, à la verticale, et d'un coup vif acheva la bête.

Les hennissements avaient cessé. Le silence, moite et glauque, planait lourdement. Elle s'agenouilla et récupéra un objet qui brillait dans l'ombre. L'épée de l'homme certainement. Elle la glissa à sa ceinture, contre la sienne, et fit signe aux gars qui suivaient le convoi de poser la dépouille dans le chariot.

Ce ne serait qu'en rentrant au campement, à la lueur de sa lanterne, qu'elle reconnaîtrait le pommeau de la licorne.

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Malone1


Un lundi de juillet ... oui oui le même. Le même lundi, la même longue route calme. Du sommet d'une colline, la jeune hospitalière de retour de mission avait aperçu un autre cavalier derrière elle. A cette exception près, la route était déserte, et la seule exception ne lui avait pas semblé être une menace.

Le coeur n'était certes pas léger, mais faire route seule de temps à autres était agréable, le paysage bucolique idéal pour la jeunette romantique. Elle n'aurait pas découvert récemment comment tuer un homme du haut des remparts de La Flèche qu'elle en aurait chantonné.

Cessons là la ballade : l'Anjou restait tendu, les autorités sur le qui-vive et les soldats inquiets. Et justement, derrière elle, les bruits du combat grondèrent à nouveau. Elle n'était pas vieille Malone, 15 printemps tout juste, mais les bruits de combat, depuis cette mobilisation, elle les aurait reconnus entre 100 000.

Rapidement, le cerveau analysa la situation : si combat il y avait, c'était armée officielle contre assaillant du comté. Si elle fuyait, l'armée la prendrait en chasse comme une ennemie. Si elle restait au milieu de la route, les assaillants la verraient comme un guetteur local et l'attaqueraient. Et à 15 ans, seule contre une foule de soldats, elle ne risquait pas grand chose d'autre que perdre ...

Elle choisit donc la troisième solution : le bouquet de ronces qui n'avaient pas été brûlées depuis belle lurette. Là au moins, ni les locaux ni les autres ne la verraient, problème réglé... Sa jument attachée court derrière le buisson, restait à s'accroupir et attendre.

La suite demandez-vous ? Dans l'esprit de la jeune fille, c'est là qu'actuellement tout s'emmêle. Un cri, une voix d'homme.

Citation:
LA ! IL Y EN A UN AUTRE CACHE !


Et puis la douleur, terrible, partout, sa main serrée sur le bâton qui lui servait d'arme, l'autre sur la lanière du bouclier... avait-elle seulement eu le temps de lever l'un ou l'autre ? Aucune idée.

Les coups avaient plu, à l'épée contre son petit bâton. Grands soldats aguerris contre apprentie de 15 ans.

Et cette douleur ... à n'en plus savoir exactement si elle avait mal et où.


Je me permets d'incruster le RP ici, puisqu'ayant rencontré les mêmes agresseurs la même nuit. S'il dérange, je déplacerai dans un nouveau sujet sous 24 h ... à moins que le censeur ne soit plus rapide.

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15 ans







Cerridween
[ Du Mans à la Flèche ]

Le chemin déroule son tracé lentement.

Pas de grande chevauchée. Juste le pas cadencé des montures qui avancent au rythme du chariot qui les suit. Les roues grincent dans une mélodie lancinante et sinistre. Aucun mot ne passent la bouche de la maître d'arme juchée sur le grand shire noir qui la porte. Son visage balafré est fermé, livide. Ses traits tirés. Elle connait cette route. Elle l'a déjà arpentée. La dernière fois aussi ils n'étaient que deux. Deux cavaliers avec un collier et un écu, leurs mantels licornes. Le vieux Corbac n'avait pas encore regagné sa tanière. La mission était tout autre. Même si elle n'était pas joyeuse, elle n'était pas morbide. Elle aurait besoin de l'humour grinçant de Rhuyzar, mais elle devra se contenter de son silence depuis des mois. Tu n'aurais normalement plus besoin de mentor, Pivoine...

Elle tourne légèrement la tête pour s'assurer que les arrières ne craignent rien. Gaspard sur sa monture ne dit mot. Il n'a pas dit non lorsqu'elle lui a expliqué le but du voyage. Il a simplement préparé les affaires et l'équipement. Et au vu de celui-ci, il a bien comprit que la promenade qu'ils étaient en train de faire ne serait pas une ballade de santé. Elle lui a fait mettre une lourde brigandine de cuir, à travers des plis duquel dorment des lattes de fer. Elle lui a fait mettre un casque , des épaulières et des jambières. Au bout d'une lance posée sur son épaule se balance mollement l'étendard à ses armes. Il a été fier quand elle lui a laissé son marteau d'arme en plus de l'épée qu'elle lui a enseigné pendant ces longs mois en Maine. Elle a réussi à sourire. Mais le coeur n'y est pas... vraiment pas...

Les émeraudes se retournent vers l'horizon.
Elle est vêtue au diapason de son écuyer, le casque en moins. Brigandine épaisse, épaulières en métal, jambières de même. Maintenue avec son bras droit, contre son épaule défoncée par une hache, une lance avec un étendard blanc immaculé. A son côté, son épée. Au creux de son dos, le couteau de lancer. Sur ses épaules, le mantel rouge de Capitaine avec une licorne cabrée. A sa poitrine, le collier de chevalier. Au coeur... rage et tristesse qu'elle contient encore pour l'instant.

Elle vient chercher un corps.
Elle a été prévenu par une missive piquée d'une vipère. Elle ne sait pas quel est le nom de celui qui a succombé, même si les doutes pointent. Elle sait juste qu'il est licorne. Cela lui suffit. Elle a adressé une lettre au prévôt pour annoncer leur arrivée. Il est hors de question qu'il pourrisse dans une fosse commune angevine. Elle a peu de temps. Elle arrive donc. Comme promis. Chercher des certitudes.

Justice, Honneur et Bravoure.

Et Folie.




[ La Flèche, le 17 juillet ]

Premier arrêt.

Elle est attablée devant un repas frugal avec Gaspard. Celui ci dévore un morceau de viande juteux pendant qu'elle se force à remplir son estomac avec un gruau de légume, un peu de fromage et de pain. La jeunesse a cela de bon qu'elle a toujours faim...

Elle reste encore silencieuse quand elle cherche dans son doublet un bout de velin et qu'elle le tend à Gaspard. Le jeune homme s'arrête de mastiquer avec un sourcil en l'air et essuie sa main avant de prendre le message et de le lire. Les sourcils vont flirter avec le plafond pendant que la bouche s'ouvre dans un presque cri.


On n'abandonne pas un frère ! Même mort !


La Pivoine hoche simplement la tête. Le message du Prévôt était clair. Celui de Gaspard aussi. Elle n'ajoute rien pendant qu'elle range l'avertissement.
Ainsi soit il...
Ils vont finir ce repas. Faire une pause où elle sait qu'elle ne trouvera pas le sommeil. Et ils reprendront le chemin, étendards toujours en vue, la carriole encore vide sur leurs talons.

A l'horizon, il y a Angers.
Les lendemains sont toujours incertains.
Jusqu'ici... tout va bien.

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Gaspard.
[A l'horizon, il y a Angers.
Les lendemains sont toujours incertains.
Jusqu'ici... tout va bien.]


"leçons de Vie... et de Mort"

Le départ, on s'harnache pour la guerre. Le blanc immaculé de la bannière tranche avec l'armement du groupe et les brigandines impeccables. Nulle prière en ce départ, elles ne serviraient a rien. Seul le courage et la chance peuvent leur permettre de passer indemnes de la Fleche a Angers.

Les armées patrouillent, les armées fauchent, les armées sont partout.
Gaspard avance a coté de Cerrid, presque collé a elle, dans sa main le lourd marteau de guerre de son maitre; la charrette sur leurs talons. Il ne se sent pas rassuré, l'ambiance est pesant et le but du voyage l'est tout autant. Il n'a apprit que la veille au soir les raisons de leur venu en Anjou. Au loin on peut entendre les bruits de pas des chevaux angevins et des militaires, mais rien. Pas de demande, pas d'attaque, pas de combat. Il n'aurait de toute façon ni eu le cœur ni la force de lutter contre une armée. Sans savoir ce qui les a finalement sauvés ils poursuivent sans un mot vers le campement ou le corps est entreposé. Ils pénètrent le tente, sans un mot. Et Gaspard voit. Il voit et il comprend.

Un corps est inerte, sale, tuméfié par endroit. Celui qui voit la mort comme douce et et calme n'a jamais vu ce que qu'était un corps tombé au combat. Le regard est fixe, froid, vide et éteins. Le fil de la vie a été tranché net, la surprise est encore inscrite dans le regard du mort dont une large entaille au crane témoigne de la violence du choc.
Gaspard ne pouvait détacher son regard du cadavre étendu sur le sol du campement. Ainsi un Licorne pouvait tomber. La crypte était pleine de héros mais leur mort semblait lointaine, belle et emplie de lumière et de bravoure. Mais la... Noirceur, sang, boue. Le spectacle était terrible pour l'ecuyer. Il essayait de penser, de parler, de bouger. Mais son corps semblait comme imprégné de la mort de Mackx. Sans doute son regard semblait il aussi vide et froid... mort

Première leçon sur la mort qui pénètre avec difficultés dans le brouillard qui encombre la cervelle du Nerra. Nul fanfare, nul son de trompe claire et limpide qui accompagne le héros. La mort est sale, la mort est moche, la mort est effrayante et insupportable. Gaspard aimerait pouvoir hurler, frapper, briser ce qui lui tombe sous la main et partir armes a la main pour trancher le ventre tout ceux qui auraient pu être coupables mais ses forces l'abandonnent. Il n'est plus écuyer, il n'est plus courageux, il n'est plus rien... plus rien qu'un enfant devant une peur profonde qu'il essayait de mettre de coté depuis toujours. Sa naissance avait été placée sous le signe obscure de la mort et de la souffrance et il pensait que ces événements l'aurait rendu insensible et froid; mais au contraire il était dévasté pour cet homme qu'il n'avait pourtant que croisé.

Le fer rouge de la souffrance pénétrait chacun de ses muscles et il tomba a genoux a coté du corps pour pleurer cet homme et ce qu'il était: un frère, un ami, un Licorne. Même si il ne lui avait jamais parlé il savait au fond de lui ce que signifiait le lien qui le reliait a Mackx. Il avait perdu une parti de son âme, au même titre que chacun des sœurs et frères de la Licorne. Le glas résonnait de façon identique dans le cœur de chacun et ce jour était marqué par une noirceur que le jeune écuyer ne pensait pas ressentir un jour pour quelqu'un qu'il ne connaissait presque pas.
Gaspard ferme les yeux, il a peur, il a honte même.


Héros... Tu rejoins au paradis les justes et les bons. Ta mort ne sera pas veine. On ne se connaissait pas mais tu viens de m'enseigner a ton insu une leçon que jamais je ne pourrais oublier. Je perd un frère en ce jour et je contemple tes yeux vide mais sache que jamais nous ne t'oublierons cavalier. Ton nom restera gravé dans nos cœur et nous t'aimons, nous t'aimerons. Tu peux te présenter avec la tête haute La Haut, tu es tombé les armes a la main comme un guerrier et nous chérirons ta mémoire mon ami.
Repose en paix et veille sur nous de la ou tu es.

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Cerridween
[ Amen ]

Elle est debout devant le corps. Les yeux vides.
Aussi vides que ceux du cavalier.
C'est Mackx.
La révélation n'est pas fracassante. C'est une évidence pour la maître d'arme qui le connait depuis des années et qui l'a promu à ce grade.
C'est Mackx.
Et ça fait mal, là... comme toujours. Qu'avais-tu espéré Pivoine ?
Que ce soit une erreur. Qu'il eut été un usurpateur, voleur de mantel, d'identité. Que la licorne ne soit pas des siens, qu'elle ne soit pas cabrée, qu'elle ne soit pas azur. Qu'elle soit une autre dans un quiproquo qui l'aurait fait rire, d'un rire libérateur. Inadéquat. Qu'ils soient assez crétins pour avoir fait mal donne. Mais les vipères rouges ne se trompent pas.

La puanteur du lieu lui retourne les tripes, comme la sensation de vide qui l'envahit. Les autres corps de ceux qui sont tombés autour de celui du cavalier ne comptent pas. Même pas pour sa pitié à cet instant. Rien d'autre ne compte que ce cadavre. Les yeux passent sur le corps froid, sur les blessures aux lèvres béantes, le sang séché et noirâtre. La tête frappée, la cuisse cisaillée... la main gauche se rattrape à la garde de son épée et l'enserre. Les doigts deviennent blancs aux jointures à force de serrer. Elle sent son coeur s'emballer... s'emballer... . Ne pas exploser là, au milieu des cadavres. Se retenir encore un peu. Se raccrocher au fil du temps, de ce qu'il y a à faire.

Gaspard vient de tomber à genou.
Elle sait ce qu'il ressent. La vue du premier mort avec traces de violence laisse toujours des traces. Elle se fut son frère... la douleur et le choc furent un ouragan. Une plongée dans la souffrance toute entière qui l'a laissé un peu moins sensible aux autres morts... un peu moins seulement. Elles sont marquantes ces morts là quand on les voit de ses propres yeux. Elle sait qu'il voit son avenir et que cela doit le terrifier. Elle sait qu'il peut se voir dans ce corps allongé, qu'il voit ce qu'il peut être et devenir, puisqu'il a décidé de suivre la même voie. Elle sait qu'il est en train de ressentir les lames, de voir les ravages s'abattre, l'imaginaire aidant. « Tu veux savoir ce qu'est la guerre ? Tu vas comprendre ta douleur... ». Cette phrase avait été lancée lors d'un entrainement quand elle avait chargé sans retenir ses coups et qu'elle l'avait acculé dans un coin de la salle d'arme avant de lui glisser une lame sous la gorge. Cette phrase aujourd'hui, prend tout son sens devant un cadavre déchiqueté. Plus que n'importe quelle défaite.

Il parle, le jeune écuyer.
Elle n'aura pas à le faire. Elle a toujours détester le faire. Dans ses souvenirs reste gravé la cour intérieure de Ryes avec un cercueil et une Varenne qui était au bord de sombrer. Trouver les mots justes, les mots qui parlent, plus pour les vivants que les morts. Sa main lâche l'épée et vient s'agripper à l'épaule qui forcit avec les mois d'efforts du brun agenouillé. Les mots, elle les gardera pour elle.
Amen...
Les fontes glissent de son épaule au sol. Lentement, comme un automate, elle marche vers la carriole flanquée des deux bannières où le cocher, gars de Léard qui a été inconscient, cupide ou fou pour les suivre jusqu'ici, dort d'un oeil. Elle attrape une jarre et elle revient à pas lourds sous la tente. Elle dégage doucement Gaspard pour s'agenouiller à côté du corps du cavalier. Avec précaution, qui semble futile, elle détache le mantel et le plie soigneusement. Elle défait la chemise. Elle enlève les bottes et les chausses. La main cherche dans les fontes un bout de tissu de lin. Elle l'imbibe. Et lentement, elle lave le corps. L'eau coule et se teinte de rouge et de boue. Elle enlève la chair pourrie, sans pouvoir cacher les meurtrissures. Et les larmes tombent en même temps que goutte le linge d'eau souillée. Elle ne cherchera pas à éponger la bruine silencieuse de ses yeux.

Plusieurs morceaux de lin jonchent le sol à la fin de la besogne. Elle transporte avec son écuyer le corps dans un grand drap sur le chariot. Elle enferme ses effets dans un sac de cuir.
Elle le regarde une dernière fois avant de rabattre le long tissu sur le visage et mettre une bannière licorne sur le linceul.
Elle dit au revoir.
Sans aucun mot.
Pendant quelques minutes.
Au revoir parce qu'elle aussi un jour, sera sous un linceul azur.
On ne dit jamais vraiment adieu.

Après, elle fait volte face, larmes essuyées et jette une bourse dans les mains du cocher improvisé.


Débrouille toi pour acheter un grand tonneau plein d'alcool le plus fort que tu pourras trouver. Vite... avant qu'il tombe en lambeau... et met le dedans. Je ne veux pas d'un corps en totale décomposition quand on le ramènera en Poitou.

Le ton est sec, les émotions à fleur de peau. Il ne souffre pas de refus, ni de rebuffade. Cette fois plus que jamais.
Puis elle se retourne et s'enfonce dans le camps... à la recherche des vipères et de réponses.

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Luciedeclairvaux
[Ce lundi de juillet ... ]

La même nuit, ils étaient rentrés à Angers avec un autre corps. Celui de Malone. Lucie avait reconnu la jeune hospitalière, mais trop tard. Quelle idée aussi de se cacher dans un fourré alors que les armées sont sur la défensive depuis des semaines. Les coups portés avaient été freiné par le taillis de ronces, mais elle se souvenait lui avoir entaillé le flanc de vilaine manière et espérait que celle qui était venu porter secours à l'Anjou ne trépasserait pas dans leurs bras. Ce serait moche.

La même nuit, Lucie parlait au chef de la Zoko. Un jour encore, le temps que le Duc reforme les équipes, mais pas un jour de plus. Ce n'était pas leur rôle de jouer aux soldats sur les bords de route. Ils étaient mercenaires, pas hommes du guet. Ils étaient brutaux, sanguinaires, déterminés, certes, mais ça devenait fatigant et salissant de taper les passants. (En plus, l'esclave de la belle Mira ne voulait même pas faire la lessive pour toute la Compagnie !)

Tant qu'à faire, une belle bataille rangée ? Mais non, personne ne voulait se battre contre l'Anjou dignement.



[Le 12 ...]*


Lucie hésita longuement. S'ils envoyaient quelqu'un, on lui reprendrait cette magnifique épée. D'un autre côté, si c'était l'un de ses compagnons d'armes qui était tombé, elle aurait aimé le savoir. Il fallait donc les prévenir.
Et puis elle cacherait l'épée, et le tour serait joué.

Un seul nom lui revenait en mémoire : Cerridween. Les deux femmes ne se portaient pas dans leur cœur, mais à la guerre comme à la guerre. On ne pouvait pas laisser ce gars moisir ici. Pas qu'elle se sentait redevable, Blondie, après tout les affaires de l'Anjou n'étaient pas les siennes, mais bon ... Elle sentait qu'il était digne des honneurs. Un gars avec une si belle épée ... Du bout de ses doigts maigres et abîmés, elle caressa la licorne gravée dans le pommeau. Pour la mercenaire, on évaluait un homme au soin qu'il portait à ses armes. Et celui-ci méritait qu'elle se fende d'une lettre. Chose rare pour l'Ange de la Zoko qui ne savait guère s'étaler en longues missives passionnantes. Elle estimait que le nécessaire suffisait.


Citation:
Cerridween,

C'est vous que le sort a désignée pour tomber sous ma plume. On a ici un gars de votre Ordre. Un brun qui approchait d'Angers par le nord. Je suis au regret de vous dire qu'il est bel et bien mort. Sur le coup.

Je serais vous, j'enverrais un chariot avant que l'Anjou ne l'enterre dans la fosse commune.

Lucie de Montmorency
Zoko ad Eternam.


(*copie du post des aRPenteurs)



[Rouge licorne et vipère blanche]

Quelques jours plus tard, donc, quand les Licornes firent leur apparition à Angers, la Zoko levait le camp. Les tentes étaient affaissées et pliées soigneusement, l'eau versée sur les feux encore fumants, les armes nettoyées et rangées dans les coffres. Blondie supervisait le démontage des machines de guerre et huilait les pièces de fer. Le tout devait être sur chariot et bâché avec soin avant la fin de la matinée. Elle était pénible au possible dans ces moments-là et Arnulf suait sang et eau pour lui plaire. Ses petites devaient être choyées avec tendresse et précaution, selon un cérémonial bien précis.

Avec tout ça, elle n'avait même pas eu le temps de se rendre à l'infirmerie, voir si elle ne pourrait pas exercer ses talents de couturière sur un gars ou deux. Peut-être prendre des nouvelles de Malone. Et récupérer des pièces à la morgue car elle n'avait toujours pas remplacé sa genouillère depuis la dernière bataille.

Elle sauta du premier chariot et déposa ses outils pour s'envoyer un peu de gnôle derrière le gosier et contempler son œuvre. Quelques mèches blondes avaient échappé à sa longue tresse et collaient à son front crasseux. Sur le dos de sa brigandine blanche passablement sale et râpée, on devinait encore le dessin du crâne et de la dague enlacés par le serpent de la Zoko. La balafrée rangea sa flasque dans sa poche intérieure, près de la clé de son coffre d'armes. Elle allait s'y remettre quand une cape rouge vif attira son attention. L'Ange posa ses yeux délavés sur la femme au bras immobilisé et ne mit pas longtemps à comprendre. Négligemment, elle glissa sa main sur le pommeau de l'épée d'emprunt que Chaos lui avait cédée le temps qu'elle retrouve sa forge à Saumur et qu'elle répare l'Andalouse. Paisible, elle la laissa approcher.

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Cerridween
Elle cherche dans le dédale des tentes qui sont au sol pour certaines.

Préparatifs de départ claironné par la fumée des feux mourants, par l’agitation, par les charrettes qui se chargent.

Si tu étais passé plus tard… aurais-tu eu la chance d’être indemne cavalier ?

La rage grouille quelque part, main dans la main avec la tristesse, dans les entrailles de la Pivoine qui enjambe les restes de bûches, de trou de piquets. Du gâchis, un immonde gâchis. Tout ça pour… ça. Rien. Le néant. Injustice criante. Hurlante à ces tympans…. Et ça ne passe pas, ça passe encore moins bien en travers de sa gorge pendant qu’elle voit les poteaux s’abattre et les machines se démonter.

Elle crache par terre.

Les émeraudes sombres jettent un regard circulaire sur la forêt agonisante de bâches et de tissus. Elle cherche une figure connue, un insigne, quelque chose.
C’est une tête blonde qui surmonte une brigandine blanche élimée qui retient son attention. Son appartenance est écrite dans une écriture sang qui serpente dans son dos pendant qu’elle s’active à la tâche.
Lucie de Clairveaux.
Celle qui l’a prévenu sur un vélin. Froidement. Sans ambages. Mais qui l’a prévenue quand même.

Elle hésite un instant la Pivoine.
Entre chiens et loups. Entre rage et reconnaissance. Entre ire et respect.
Un mélange des deux sera le résultat.
L’eau verte gronde… mais ses mains resteront sans violence. Pas encore… pas tout de suite.

Les pas l’amène devant la blonde balafrée, opposée si semblable, et elle hoche simplement la tête en guise de salut. Pas de présentation, les réputations les précèdent, comme les inimitiés. Les yeux cernés détaillent la Vipère pendant qu’elle serre les dents.

Il faut qu’elle ravale quelques instants, toute la colère qui la pare pourtant. Il faut qu’elle sache un peu de quoi il retourne. Et elle ne peut pas faire comme à La Rochelle. Elle a derrière elle, un écuyer brun, perdu et pas encore prêt à subir certaines conséquences. Pas encore… pas tout de suite. Il faut savoir attendre parfois. On ne t’a jamais dit que ce serait facile, Pivoine.


Comment… pourquoi…

Les deux seuls mots qui ont passé ses mâchoires saillantes.
Savoir…
Apprendre…
Et peut être réagir…

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Datan
Il est un temps pour le corps et un autre pour l'esprit.

La jambe encore trop raide le fait souffrir, dans l'escalier qui mène vers le soleil. Le sol jonché de vieilles pierres glissantes, usées par le temps, se transforme soudain en terre. Le soleil frappe déjà fort en cette matinée. Après ces deux semaines de retraite, l'Epervier est apaisé. Il a demandé qu'on lui prépare un cheval, bien qu'il se demande encore comment il le montera. Mais la surprise est de taille, car son écuyer est là, à côté de sa monture. Il avait pourtant bien précisé qu'il ne voulait pas que ses proches risques leur vie à venir, qu'il y avait eu suffisamment de blessés et de morts. Datan est heureux pourtant, de voir un autre visage proche dans cet instant. Il ne montre pourtant pas sa joie, car la désobéissance est là.

Le jeune homme baisse la tête, car il se sait en faute, mais pas seulement. Sans un mot il avance vers son Seigneur et lui tend un courrier. Datan fronce les sourcils, son visage se ferme. Encore une mauvaise nouvelle...

Les quelques mots sont lus rapidement. Mackx.
Datan inspire profondément.
Encore un.

La montée n'est pas si compliqué finalement, il lui suffit de balancer le corps plus en avant et la bête est conquise. Le jeune écuyer sait où il doit emmener son maistre, car il s'est renseigné avant. Il sait qu'il voudra saluer cette dépouille ; encore un grand homme du Poitou. Celui-ci l'a fait Champion...

Il est un temps où le corps meurtri revient à la vie, et un autre où l'esprit jamais ne guéri des départs.

Et de l'esprit il avait, lui, c'est certain.
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Heureux père de Dune - Champion du Poitou - Epervier dans l'âme...
Lucie de Montmoreny, incarné par Cerridween
Un sourire carnassier étira les lèvres de Lucie. Une Licorne, quasiment seule, dans un campement de méchants mercenaires assoiffés de sang. Quelle audace.

Ah ! "Il" était donc bien à vous.

Arnulf, qui avait noté qu'on s'adressait à la blonde, avait abandonné les machines et commençait à grogner dans son dos. On distinguait vaguement les mots "taper" "à moi" "bouillie tête", au milieu d'un charabia scandinave dont Lucie avait abandonné le déchiffrage depuis belle lurette. Sa grande et massive carcasse contrastait avec la souplesse de la balafrée. Pourtant, il lui suffit de lever une main en signe d'apaisement pour qu'il se calmât. La Pivoine venait pour des explications ... verbales normalement.

Comment, pourquoi ... La mort est une énigme.

Elle tapota sur le pommeau, consciente de la réponse qu'on attendait d'elle.

Sans doute n'avait-il pas de laisser passer, ou ne l'a-t-il pas brandi à temps. Je n'étais pas devant, à ce moment-là ...
Elle failli ajouter qu'elle trainait à l'arrière pour récupérer protections ou armes, mais se souvint in extremis de la splendide épée du Licorneux.

L'Anjou repoussait l'assaillant comtois. Il s'avère que le Maine a prêté main forte à cet ennemi-là. La route était donc particulièrement surveillée.

Enfin ... je suppose que j'vous apprends rien sur les relations inter-duchés.

Quant au "comment" ... j'vous épargne les détails et j'fais confiance à votre expérience militaire pour les imaginer.


Elle profita de ce moment pour détailler la Pivoine. Récit lui avait été fait des évènements de La Rochelle et elle constata avec fierté que le chef l'avait amochée de manière définitive et ostentatoire. Lucie sentait qu'elle allait lui sortir un épisode sur l'honneur, la mort au combat ... il était vrai que ce n'était pas très glorieux comme mort. Mais quelle idée aussi de rôder par là en ces temps de guerre.
Cerridween
Elle reste là, colère au ventre.

Non l'Anjou ne chassait pas les comtois. Ils étaient partis depuis belle lurette. Au mieux ils cherchaient à bouffer du cureton. Laisser passer ou pas... il avait été fauché. Mantel Licorne bien en vue. Il le portait toujours sur lui, même mort.

Oui, « Il » était bien des siens.
« Il » était un licorne.
« Il » avait été de plusieurs campagnes.
« Il » avait noirci des parchemins à Ryes
« Il » avait hurlé une chanson licorne dans les rues de la Rochelle.
Et surtout, surtout...
« Il » ne méritait pas ça.

Il attendra d'être enterré. Sa rancœur aussi... si elle veut bien l'enterrer un jour. Un nouveau grief vient de s'ajouter dans la balance. Celui ci n'a rien à voir avec les anciens qui n'auraient plus cours maintenant. Celui là, il a l'odeur du sang, de l'acharnement inutile. Il a le goût amer d'une faucheuse, d'un combat déloyal et sans courage.

Meurtre…

Comme tous ceux sous la tente…
Meurtres purs et simples… tentative pour ceux qui agonisent ou qui gémissent encore…

Les sinoples suivent les mouvements des deux yeux bleus qui la détaillent. Ils suivent les lignes de son bras maintenu par une écharpe. La mâchoire se crispe… elle se retient d’arracher la gangue noire, de faire bouger ce bras pour montrer que rien ne dure et qu’elle n’est pas abattue. Les doigts bougeront seuls, se crispant contre son ventre. Garder l’avantage des secrets. L’épaule ne bougera plus jamais, elle en a la certitude… mais elle peut maintenant porter un bouclier.

La Vipère ne dira plus rien, ne donnera pas de nom. Elle en est bien consciente. Elle se contente d’hocher la tête… les mots au milieu de ce camps vont sortir trop durs, trop drus. Derrière la blonde, il y a l’armoire qui gardait la taverne de La Rochelle avec ordre de lui trancher la tête si elle osait se traîner dehors. Elle a repéré assez de gaillards qui pourraient lui faire passer l’arme à droite, puisqu’elle ne les porte qu’à gauche maintenant. Et elle une autre mission à terminer… pas encore, Pivoine, pas encore. Tu trouveras d’autres champs de bataille. Tu paies toujours ce que tu dois. Toujours… et tu as la mémoire longue… une mémoire qui va se multiplier dans une trentaine de tête.


Il manque certains de ses effets… je voudrai les récupérer. Puisque ce n’est pas une prise de guerre… juste… un malentendu… si Maleus est dans le coin, il a aussi quelque chose qui m’appartient.

Un sourire fin et mauvais vient se fendre et faire jouer la cicatrice de sa joue gauche. Les émeraudes toisent la Vipère blanche, en attendant une réaction…
Il ne faudrait pas voir à la prendre pour une imbécile. Elle est malheureuse, en colère… mais la Rouge est encore lucide… encore… pour combien de temps…

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