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[RP] Bourguignonne Pie, marions-le ! Episode... Euh... 4 ?

--Kehl


Kehl, quand Akator commença ses travaux pratiques de boucher, dégaina rapidement sa dague, avec l'aisance que procure une longue expérience du maniement de la dague, puis coupa d'une main la sangle de la selle de Aimbaud. Et de l'autre main il poussa simplement le pied du jeune garçon vers le haut, pour le faire tomber de l'autre côté de sa monture. Il devait rester en vie et ne pas perdre ses oreilles, d'accord, mais il fallait bien le bousculer un peu pour qu'il ait peur...

Son invité une fois au sol, et empêtré dans sa selle, le Savoyard plaça tranquillement sa lame sur la gorge de Aimbaud.


Sans vouloir te commander, petit, tu vas partir en voyage. Fais pas le malin, même si par miracle tu te débarrasses de moi, mon camarade a une arbalète et il te trouera la peau avant que tu aie fait vingt mètres. T'as bien plus de valeur vivant que mort, pour nous comme pour toi, alors sois sage, et tout se passera pour le mieux.

Fallait-il préciser qu'Akator était nul avec une arbalète en main ? Sans doute pas. C'était un détail insignifiant, que le colis n'avait surtout pas à connaître.

Retourne-toi, face contre terre, et croise les mains dans le dos. Allez, pronto ! DANS LE DOS LES MAINS, J'AI DIT !
Aimbaud
Le cheval renâclait d'énervement, ses sabots manquèrent de piétiner le cavalier jeté à terre. Désarçonné et sans voix, Aimbaud était figé dans sa tentative de se relever, immobilisé par la pointe de la dague contre sa gorge. Il regardait avec panique le meurtrier de Reunan nettoyer son arme en tâchant les braies du cadavre. Autant secoué par sa chute de cheval que par la brusque effusion de sang, il était à présent blanc comme un linge et proprement incapable de réfléchir à une issue. Il restait là fixant son agresseur, paralysé, abêti, comme sourd à ses aboiements.

Il aurait pu essayer de raisonner les deux cinglés, argumenter, négocier, crier à la garde, tenter un coup de pied, n'importe quooooi...! Mais il ne le fit pas car c'était perdu d'avance, et qu'il faut l'avouer, il tenait à la vie. Peu à peu, il obtempéra.

Un grognement lui échappa quand il dépêtra ses jambes de la selle pour se retourner contre le sol. Il avait mal chuté et il s'en trouvait tout engourdi. Le front contre la terre, reprenant peu à peu ses esprits à mesure que les liens se nouaient autour de ses poignets, il maugréa :


Vous ne savez pas qui je suis !... M'est avis que... vous faites une très grave erreur !

Euh... certes, ça manquait un peu de conviction, comme diatribe d'intimidation. D'ailleurs personne ne sembla l'écouter, alors qu'on le tirait par le col et le hissait vers...

... attendez ! Attendez ! Humpf...

... le cheval, pour l'y charger sans ménagement comme un sac de grains, en travers de la bête. Échec des négociations. Aimbaud releva tant bien que mal la tête où affluait le sang, mais il ne put que voir le corps inerte du maître des écuries à la gorge écarlate au milieu des brindilles. Il voulut hurler, sa gorge se trouva sèche. De toute façon, qui l'aurait entendu...? Peut-être le page félon qui fendait la campagne à toutes jambes, pour ne plus jamais remettre les pieds sur les terres de Donges...
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--Kehl


Kehl, après avoir attaché Aimbaud les mains dans le dos, enfonça un chiffon dans sa bouche et le hissa sur le cheval. Puis il jeta une couverture sur lui pour le cacher à d'éventuels regards. Il était peu probable que quelqu'un vienne délivrer le prisonnier de deux hommes d'armes expérimentés, mais il valait mieux prévenir que guérir. Et puis ça éviterait d'écouter ses plaintes toute la journée. Après tout, noble ou pas, un enfant ça se plaint. Dans certaines familles nobles, on se plaignait même plus que chez les roturiers. Et pas la peine de vérifier s'il avait été bien élevé ou non !

Il valait mieux ne pas trop traîner dans le coin, cela dit. Le cadavre serait vite caché dans les bois. Mais eux, plus vite ils seraient loin, mieux ce serait.


On y va compagnon ? La route nous attend.
Akator
[Adieu Breiz]

Et le page fuyard avait fini par disparaitre. Akator se tourna vers le garçon et esquissa un sourire sous le foulard qui cachait son visage. Il s'approcha d'Aimbaud et posa délicatement sa dextre gantée sur le haut de son crâne, s'aidant de sa chevelure, il lui releva la tête. Le Savoyard approcha sa bouche de l'oreille du Josselinière et murmura : - "Silence petit agneau, il est temps pour toi de t'en aller rejoindre le pays des rêves ...". Le Compagnon usa d'un accent qui n'était pas le sien afin de ne point être démasqué. Il avait imité le Provençal, les longs mois passés à Arles avaient permis à ses oreilles d'apprendre à sa langue à imiter leur façon de parler, si bien qu'il pouvait se faire passer pour eux bien que sa peau incroyablement blanche lui faisait perdre toute crédibilité.

La seconde d'après, son poing s'écrasa contre la mâchoire d'Aimbaud.

- M'est avis à moi qu'il serait plus sage de garder ta bouche close si tu ne veux pas que j'arrache ta langue avec mes dents et que je t'envoie rejoindre ton cadavre de compagnon qui git plus loin sur le sol !

Quelques minutes plus tard et après s'être débarrassé du corps de Reunan dans les sous-bois, les trois compères furent prêts à partir.

[Premier jour de voyage, entre Nantes et Angers]

- Je crois qu'on a quitté la Bretagne, on doit être en Anjou maintenant, ce n'est pas bien mieux, mais au moins ils ne vénèrent pas des cailloux ici ! s'amusa à dire Akator, toujours dans son rôle de ravisseur du Sud.

[Troisième jours de voyage, quelque part en Touraine]

Entrain de faire pleurer le Colosse non-loin du campement, Akator sifflotait un air Savoyard, il était nostalgique de ses montagnes, mais sa nouvelle vie en Bourgogne au service de la Princesse de Chantilly lui convenait. Il esquissa un sourire lorsque des brindilles craquèrent derrière-lui, rangeant son Colosse dans ses braies, il sortit une dague de son étui et fureta les environs. Quelle ne fut pas sa surprise et son amusement quand il vit au loin le Josselinière roulant sur lui-même pieds et poings liés afin de s'enfuir.

Il le rattrapa en trottinant, une fois à ses côtés, il marcha.

- La Bretagne ce n'est pas par là tu sais, et puis, fuir pour une donzelle, ce n'est vraiment pas intelligent. Des trous à fourrer et des seins à peloter, il y en a des tonnes où tu vis. Bon aller, arrête d'avancer bordel !

Le soulevant par les cordes le maintenant captif, Akator la ramena au bivouac.

[Une semaine plus tard, dans une chambre d'auberge à Sancerre]

Le confort et la douceur d'un lit était - sans compter les femmes - ce qui avaient le plus manqué au Compagnon durant la traque du garçon. Dormir masqué n'était pas aisé, cela relevait même du miracle, les rares moments où il s'endormait, il se réveillait la minute suivante avec la fâcheuse impression d'étouffer. Le Savoyard se redressa pour la énième fois de la nuit et se frotta les yeux. Des bruits sourds provenaient de la salle d'eau de la chambre, Kehl dormait à poings fermés et Aimbaud n'était plus dans sa couche. Lorsqu'il pénétra dans la pièce, le spectacle était navrant, le Josselinière vacillait sur le rebord d'une fenêtre ouverte, le bougre était tellement désespéré qu'il était prêt à atterrir un étage plus bas dans la rue au risque de se briser la nuque.

- Mais t'es vraiment une plaie comme gosse toi !

Le Franc-Frappeur se saisit du garçon par le col et la jeta en arrière, fermant la fenêtre, il le ramena dans la chambre et passa le reste de la nuit à surveiller qu'il ne fasse plus de bêtise.

[Quelques jours plus tard et en Bourgogne, enfin !]

Jamais il n'avait été aussi content de fouler le sol Bourguignon, bientôt le fardeau que lui avait confié la vanillée disparaitrait et il pourrait reprendre son train de vie quotidien, mais avant cela, il fallait arriver à Ménessaire. De plus et afin d'éviter au maximum qu'Aimbaud sache où ils l'emmenaient, Akator avait posé un bandeau sur ses yeux, mais il n'était pas dupe, il savait que tôt ou tard le garçon reconnaitrait la Bourgogne ...
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Aimbaud
[Bonjour monde cruel]

Un coup sec.
Une tête qui valse en gémissant.
Et tout ce petit monde se mit en marche vers la forêt, même le cadavre qui se traînait dans les buissons en épongeant son sang déjà noircit sur les herbes sauvages. Les experts-Manhattan n'existant pas encore, toute preuve se trouva ainsi définitivement effacée de la scène du crime... Un long périple commença, à la minute où la dernière pelletée de terre retomba sur le défunt Reunan.

Chemin qui se déroule entre les sabots du cheval... Crépitements d'un feu de camp... Gourde d'eau... Aube glacée... Coup de pied de l'homme au visage découvert... Pain... Tête en bas sur le cheval... Nausée... Cailloux, terre, herbe, cailloux, flaque d'eau, gadoue... Pause pipi... Beigne pour tentative d'évasion... Lutte... Beigne numéro 2... Pieds encordés... Long trajet à cheval... Geignement... Auberge miteuse... Repas à base de haricots et de gras... Tentative d'évasion... Correction musclée... Dormir.

Que dire de plus sur ces premiers jours de voyage qu'Aimbaud ne vécu qu'en pointillés, automate et nerveux, pensant être tué à chaque incartade, ignorant tout de ce qu'on lui voulait, de ce qu'on lui réservait, de la cause de ces traitements...? Dans la peur, il ne raisonnait pas. Il ne pensait qu'à sa fuite, car il redoutait plus que tout l'aboutissement du voyage, pensant qu'il n'en reviendrait pas.

Nombre de fois, il questionna les deux hommes. Il tenta des chemins détournés, leur parlant seul à seul. Mais il savait fort mal mentir, et aucun des mercenaires ne se prit à son jeu de piètre comédien lorsqu'il feignait la sympathie... En vérité, ils ne prenaient même pas la peine de lui adresser la parole, le chargeant et le déchargeant de sa monture comme un sac, posant une gamelle près de lui comme pour un chien. Le Bourguignon s'exaspéra de cette attitude en s'emportant dans des crises de colère à la limite de la déraison. Mais plus il braillait et se débattait, plus les deux lurons savaient y faire pour le mater : quelques coups pleuvaient et le calme revenait.

Aimbaud se fatigua.
Il devint muet. Il ne trouva plus d'appétit.
Plus d'une semaine avait passé, et ses beaux vêtements offerts par Blanche étaient désormais élimés, gris de poussière et de boue, il les remplissait visiblement moins.
Un jour, alors qu'ils chevauchaient au pas sur un chemin de bruyères, et que le voyant calmé, on lui avait délié les chevilles pour le laisser s'asseoir sur la selle, il abandonna le regard vide qu'il laissait traîner sur la terre pour se jeter soudainement tête-la-première au sol. Il manqua de se rompre le cou et couru à perdre haleine jusqu'à l'orée d'un bois, où il fut rattrapé et fauché au sol. Il ne hurla jamais aussi fort qu'en cet instant, où sa voix se déchira sous la charge du découragement et mourut étouffée par un sanglot qui lui coupait le souffle.

Blanche était partout. Silencieuse, elle l'environnait... Tantôt le réconfortait, tantôt le rendait coupable de n'être pas là, avec cette moue boudeuse qui lui chiffonnait le menton, apparue soudainement, n'importe où, au beau milieu d'un ciel ou dans le noir de ses paupières fermées, avec son cortège de frissons douloureux dus aux souvenirs. Souvent la nuit — car c'est la nuit qu'il songeait à la mort — il gardait les yeux ouverts et pleurait en silence, sans ciller...

Un matin au réveil, on lui banda les yeux. Il ne se débattit pas, il sentait toute once de courage l'abandonner. Il alla en faiblesse, tellement anxieux qu'il sentait les battements de son coeur lui remonter dans la gorge tandis qu'on le soutenait par les épaules jusqu'à son cheval. Cependant le voyage repris comme d'ordinaire et il tenta de se rasséréner.

Quelques heures plus tard, ils passèrent dans l'ombre des portes de Ménessaire.

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Armoria
Et pendant ce temps...

Pendant tout ce temps, elle avait réfléchi. Parce que c'était bien beau d'envoyer des sbires sur un coup de sang. Oui, c'était bien beau. Mais quand le calme était revenu poser sur elle sa patte... Elle s'était alors rendu compte de l'énormité de la chose.

Avec au fond de la tête, sa conscience qui l'engueulait comme du poisson pourri, et de l'autre côté, une voix froide, celle du calcul, celle qui la guidait pour gouverner, lui assurait que l'on ne pouvait faire marche arrière, et que dans ces conditions, autant utiliser ces événements dans l'intérêt du garçon.

Et elle avait fini par trancher. Trancher le nœud gordien, d'ailleurs.

Lorsque le paquet lui fut amené, elle fit signe aux livreurs, un doigt sur les lèvres, de la suivre. Elle les guida jusqu'aux oubliettes, où la salle des tortures avait été préparée. Cornacant un Aimbaud toujours aveuglé et les mains liées, elle lui avait fait tâter, en silence, les objets qu'ele réservait en général aux hérétiques qui avaient le malheur de lui tomber sous la main. Le silence était total, sépulcral. Pas le moindre mot pour lui décrire ce qu'elle lui faisait toucher.

Après quoi, elle le fit conduire dans l'une des cellules, qui ne recevait jamais le jour. Il fut assis sur l'une de ces chaises qui ne ressemblaient pas à un objet de torture... Jusqu'à ce que l'on doive rester assis dessus. Une chaise à vagabonds, un siège vicieusement doté de bosses placées aux pires endroits. Les poignets d'Aimbaud furent attachés au bras du siège.

Elle tendit à Kehl - le seul d'entre eux qui pouvait se permettre de parler - un parchemin où elle avait écrit quelques lignes nettement séparées les unes des autres, et lui désigna la première d'entre elle. Le message était clair : il devait lire ce qu'elle avait écrit.

Et fait exceptionnel, pour la première fois de sa vie depuis qu'un admirateur lui avait offert de la vanille, elle avait changé de parfum.

Ce jour-là, elle embaumait la rose.

Que disait la première ligne du parchemin ? Ceci :


Citation:
Alors ? Tu sais pourquoi tu es ici, non ?

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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
--Kehl


Kehl regarda Akator brutaliser un peu Aimbaud. C'était normal, il faillait partager un peu, il n'y avait pas de raison qu'il n'y ait qu'une seule personne qui s'amuse. Mais il grimaça un peu quand Akator se mit à parler. Accent provençal ou pas, la voix était la même. Il valait mieux espérer que le gamin ne le connaisse pas si bien que ça, ou soit trop paniqué pour faire le rapprochement. Ah il est toujours aussi discipliné ce Akator, même quand c'est pour suivre ses propres consignes. Discrétion, zéro. Il allait finir par se faire virer par la princesse. Quoique dans ce cas il reviendrait en Savoie. Héhéhé. Surtout ne rien dire !

Le voyage s'écoulait, assez lentement vu qu'à part surveiller un gamin attaché et bâillonné sur un cheval, caché sous une couverture et jeté en travers comme un sac de pommes, il n'y avait vraiment rien à faire. Quand ils sortirent de Bretagne, Kehl grommela qu'il aurait bien voulu voir les coutumes locales. Une femme nue qui danse autour d'un caillou, ça devait laisser des souvenirs. En Savoie il fait froid, les femmes ne dansent pas nues autour de cailloux. Et puis c'est une autre culture. Danser autour d'un caillou, franchement... C'est vrai qu'ils ne souffriraient pas d'une nouvelle évangélisation, malgré ce que disaient les nobles, parce que les Romains n'avaient aucune influence sur un pet de lapin savoyard, mais quand même, ils n'étaient pas redevenus des bêtes.


Ouais bah faisons gaffe. L'Anjou c'est une terre de sorciers et de brigands. C'est l'Helvétie de l'Ouest. Barrons-nous vite. Ils sont capables de nous tuer pour bouffer notre cheval, ou notre colis. Allez accélérons !

Le deuxième jour, ils traversèrent l'Anjou. Ce diable de pays était-il contrôlé par les Bretons ou par les Français ? Ah on n'est jamais sûr, avec les pays étrangers où les félons sont partout. Et puis ça avait été si simple d'aller en Bretagne et d'en ressortir avec le colis qu'il devait bien y avoir un endroit au monde où il y avait des soldats. A Angers, Kehl en profita pour goûter le vin local, et en prendre quelques bouteilles, complétant sa cargaison à Saumur. C'est qu'il n'avait pas prévu de revenir dans le coin, à part si Akator avait de nouveau une mission secrète qui justifie d'enlever un gamin. Le pays était moche, il pleuvait, on ne voyait personne sur les routes. A la réflexion, vu le temps, ce pays devait être allié des Bretons. Pas envie de revenir. Alors heureusement qu'il y avait le vin ! En sortant de Saumur, un groupe de brigands essaya de les dévaliser. Un grand type roux (c'est des incarnations du démon, les roux) sauta sur le cheval d'Aimbaud et essaya de partir avec, pendant que des complices attaquaient les Savoyards. Sauf qu'il sauta sur le dos d'Aimbaud, qui était caché sous la couverture pour éviter les questions indiscrètes des passants. Le gars avait eu la frousse de sa vie en sentant un truc bouger sous lui, et il avait décampé. Mais Akator et Kehl avaient rigolé comme des bossus, en voyant sa tête, et en entendant Aimbaud hurler avec son bâillon dans la bouche. Le colis n'avait cependant pas le dis cassé. Pas durablement en tout cas. Une bonne nuit de sommeil et il irait mieux. Quoique c'était pas de sitôt qu'il aurait une bonne nuit de sommeil. Bah, fallait pas ennuyer la princesse. C'est dans les livres que les princesses sont douces et sans défense. Une fois en Bourgogne, le colis pourrirait quelques temps dans un cachot, pour sûr. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour irriter comme ça la princesse ? Il valait mieux ne pas chercher à en savoir trop.

Le quatrième jour, Kehl se rendit compte qu'ils longeaient le fleuve depuis longtemps déjà, et qu'ils avaient été doublé par plusieurs bateaux.


Hola compagnon ! J'ai rien contre me greffer un cheval sous moi, il ne pleut plus. Mais je suis sûr que si on avait pris un bateau on serait déjà arrivés à cette heure. Et on n'aurait pas à craindre que le colis se barre. Tiens d'ailleurs regarde, il essaie encore.

Kehl pointa tranquillement du doigt Aimbaud qui rampait tout ligoté et bâillonné sur la route du Berry.

Hé petit ? Va pas tout seul dans le bois ! Tu sais c'est là qu'on va, t'es sûr que tu serais pas mieux sur un cheval ? Là tu va t'user la ventre à force de ramper.

A la fin de leur pause, parce que eux ils étaient fatigués par le voyage, Kehl et Akator prirent le même chemin qu'Aimbaud, mais sensiblement plus vite, puisque sans ramper sur le sol. Quand ils l’eurent rattrapé, après lui avoir donné une bonne volée de coups de pieds pour lui apprendre à tenter de s'enfuir, ils le rejetèrent sur le dos de sa monture et reprirent leur route.

Le sixième jour Aimbaud, à qui Kehl avait enlevé son bâillon pour lui permettre d'avaler son repas, essaya de le corrompre. C'est fou ce qu'on peut faire pour s'enfuir des pattes de deux types qui ont l'air aussi incorruptibles l'un que l'autre. C'est-à-dire vraiment hyper corruptibles.

Mais c'était vraiment mal dit, son petit discours. Pour sa défense, Aimbaud n'avait pas du se faire enlever si souvent que ça, donc c'était sûrement la première fois qu'il devait négocier sa liberté. N'empêche que ça n'aurait même pas convaincu une fille de joie de lui donner un peu de réconfort. Tiens d'ailleurs c'était une super idée ça. Les filles de joie. Il y avait longtemps qu'ils chevauchaient, et ils avaient tous besoin de réconfort. Kehl saucissonna donc Aimbaud en serrant les liens de façon à ce qu'il ne puisse même plus bouger, et le laissa là pour aller dans l'auberge la plus proche et espérer qu'Akator, qui avait fait l’itinéraire, avait au moins choisi de passer la nuit à des endroits où il y avait de vrais arrêts à faire.

Et enfin ils arrivèrent en Bourgogne. La mission n'avait pas été bien difficile. Il faudrait toucher deux mots à la prinzessin d'une petite récompense. Parce qu'il n'était pas franc-frappeur, lui. Et il n'avait ramené de son voyage que quelques bouteilles de vin de la Loire. Mais la prinzessin en question n'avait par l'air de vouloir parler. En fait elle leur ordonna même de se taire. Kehl était discipliné, il ne dit donc rien. Mais elle aura quand même pu éviter de se parfumer. De quoi ils avaient l'air, maintenant que cette odeur de rose planait dans l'air ? Il n'allait plus être intimidé du tout, rhalala ! Bon, d'accord, il allait le lire ce message. Kehl approcha de Aimbaud et lui dit à voix basse.


Alors ? Tu sais pourquoi tu es ici, non ?

C'était amusant, parce que Aimbaud le savait peut-être, mais lui Kehl n'en avait pas la moindre idée, ni pour Aimbaud ni pour lui-même. C'était l'occasion d'en apprendre un peu plus.
Aimbaud
En fait Aimbaud n'en savait strictement rien.
Il avait reconnu les terres de l'Anjou lorsqu'ils les avaient traversées, étant donné qu'ils avaient chevauché sur les propres terres de sa famille, le long des rives de Montsoreau. Il savait qu'ils avaient remonté le fleuve, bien qu'ils s'en étaient éloignés dans la deuxième partie du voyage pour prendre plus à l'est. Il lui avait semblé reconnaître du patois bourbonnais ou peut-être berrichon, à leurs haltes dans les villes. C'étaient de bien piètres indices pour découvrir où se trouvait ce "ici" et ce "pourquoi" qu'on tentait de lui faire dire.

Tout était confus. Était-il sensé savoir la cause de son enlèvement ? Était-ce bien un enlèvement ? La mise en scène macabre qu'on venait de lui faire subir à l'aveuglette au milieu d'outils métalliques l'avait plongé dans le doute, et il faut l'avouer, dans une épouvante qu'il avait du mal à réfréner. En témoignaient le tremblement de ses mains... Et puis il y avait partout autour ce parfum d'eau de rose qui prenait au nez, se mêlant à l'odeur de vieille pierre et de moisi ! Y avait-il une femme ?... Le garçon était complètement dérouté.

Rompu et courbaturé, il essaya tant bien que mal de caler ses omoplates sur la planche de bois bosselée qui lui servait de dossier. Il abandonna bien vite, laissant sa tête retomber avec résignation.


Non !..

Lassitude. Fatigue. Énervement.

Allez-vous enfin me le dire !
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Armoria
Une fois encore, Armoria désigna quelques phrases sur le parchemin.

Répète après moi a écrit:
Nous te savions idiot et naïf, mais pas à ce point.

Blanche a reçu ordre de te séduire, et elle a bien travaillé. Mais tu es dans l'entourage de la catin Armoria, et il ne nous est d'aucune utilité que tu restes en Bretagne, crétin ! Nous avons décidé de te rapatrier chez toi. Chez elle. Il paraît qu'elle est folle d'inquiétude, et qu'elle a envoyé ses gens partout, à ta recherche. D'ailleurs, on en a tué un en partant te capturer. C'est grâce à lui qu'on a su qu'elle te cherchait. Si elle te cherche, c'est qu'elle tient à toi. Elle n'a jamais du bon goût...

Qu'elle tienne à toi, ça faisait partie du plan. Que tu couches avec Blanche itou. Mais tu dois rester en Bourgogne, sans quoi tu ne nous serviras à rien, et nous devrons nous débarrasser de toi pour de bon.

C'est clair ?


C'était gros. Pour être gros, c'était gros. Une vache dans un couloir. Mais à quatorze ans, on a facilement la pensée héroïque, on s'imagine des complots, et c'est toujours flatteur d'en être le centre. Et puis, il était en pleine histoire d'amûr... Rien de tel pour s'aveugler et avoir toutes les qualités requises pour prendre des vessies pour des lanternes.

Sans compter que s'il gobait l'appât, voire l'hameçon et le bas de ligne avec, la Bretonne passerait à ses yeux du côté des méchants.

Et Armoria, du côté des gentils. Les vases communicants, ça vous parle ?

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Akator
Un sourire - malgré lui - s'était dessiné sur la moue fatiguée du Savoyard lorsque Ménessaire fut en vue. Si on lui avait posé la question, il aurait été trop fier pour répondre affirmativement, mais ses enfants et les murailles du château Armorien lui avaient manqué : un peu, beaucoup. Son ventre ne manqua pas de gargouiller quand il passa à côté de l'Auberge du Lys et de l’Épée, il aurait pratiquement pu laisser Aimbaud s'en aller pour se restaurer chez son amie Joséphine, mais le devoir l'en empêcha.

Désillusion et totale déception pour Le Compagnon, le repas chaud tant espéré dans le calme et la plénitude n'était pas à l'ordre du jour. Précédent la blonde Altesse, il parcourut la salle des souffrances. Les outils métalliques le firent grimacer, bien qu'aimant se défouler à coups de poings sur des cibles humaines, torturer à l'aide d'instruments n'était pas son passe-temps préféré. Leur chemin s'arrêta dans une pièce quelconque, - certes un peu glaciale - mais pas moins quelconque pour autant.

Akator caressa son visage barbu, presque méconnaissable. (Le port du masque pratiquement sans interruption avait empêché au gaillard de tailler son bouc à la perfection, il ne payait pas de mine.) Le Josselinière non plus ne payait pas de grande mine. Le Franc-Frappeur avait de la peine pour lui, mais après-tout, on ne récolte que ce que l'on sème et à vouloir doubler une Princesse, on ne sème que la colère de celle-ci et on récolte les baffes de ses hommes.

Comme souvent au cours du voyage, le Savoyard sortit une pomme de son escarcelle et croqua dedans. Regardant tour à tour Armoria, Kehl et Aimbaud, il attendit que les festivités se poursuivent.
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--Kehl



Kehl se sentait un peu dépassé par les événements. Mais il lisait ce qu'on lui disait de lire. Sans tout comprendre, ce qui le gênait beaucoup. Alors... Visiblement le petit couchait avec une dénommée Blanche, qui avait été payée pour le séduire, et d'ailleurs avait réussi. Trop bien réussi, vu qu'ils étaient partis à l'autre bout du pays, probablement pour faire des enfants et vivre dans le péché. Et c'était un noble, ça... Grumf. Adultère, ça vaut les yeux crevés et la castration. On ne plaisante pas avec ces choses là, quand on appartient à la noblesse. Noblesse oblige.

Cela dit, pourquoi Armoria essayait-elle de convaincre le petit débauché qu'il était important qu'il reste dans son entourage, si elle le savait séduit et donc qu'il avait trahi à la fois son statut et elle-même ? Tout ce qu'il méritait c'était d'être laissé la gorge ouverte dans un fossé. Trop sentimentale, cette princesse. Certes, contrôler les informations dont disposent ses ennemis, c'est inestimable. Mais les Bretons avaient sûrement compris, depuis le temps, qui avait fait enlever Aimbaud. Ce serait étonnant qu'ils repassent par lui dans le futur... Ce devait être son neveu, pour qu'elle le protège comme ça. Ou un fils naturel. Ou un frère bien plus jeune. Quelqu'un de sa famille en tout cas. A moins que... et si elle était jalouse de cette Blanche ? Quel âge pouvait bien avoir la princesse, et était-il moral qu'elle s'intéresse aux petits garçons ? Mhhh. Il valait mieux ne pas trop creuser dans cette direction. Le cœur a ses raisons que la raison ne connait pas.
Aimbaud
"Clair" ?...

Aussi clair que le fond d'une mine un soir sans lune, après une éradication de vers luisants. Non en fait, ça n'était pas clair du tout, voir même vachement beaucoup obscur, tordu et incompréhensible.

Vous êtes complètement tarés !

C'était la seule explication possible. Cette diatribe sans queue ni tête — qui avait visiblement été récitée par un comédien minable (lequel hésitait à chaque mot et n'y mettait vraiment pas le ton) — semblait tout droit tirée d'une mauvaise pièce de théâtre de série B destinée à distraire la gueuse-ménagère de 50 ans entre les heures des repas. Blanche, recevoir ordre de le séduire ? Armoria, folle d'inquiétude ? Les Angloys, envahir la France ? Aucune de ces questions ne lui traversa vraiment l'esprit... Il avait d'autres choses à penser, que de s'intéresser aux divagations d'un groupe de terroristes renseignés sur sa vie en pleine apothéose de délire collectif.

Première chose à penser, par exemple : se tirer vivant de ce merdier dans les plus bref délais. Il se ressaisit en s'efforçant de ravaler toute sorte d'animosité ou de peur irraisonnée qui aurait eu tendance à faire vibrer sa voix :


Maintenant détachez-moi et négocions, comme il se doit, ma liberté.
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Armoria
Armoria prit le temps de réfléchir. Dame, c'est qu'elle avait préparé plusieurs réponses, restait à trouver la meilleure d'entre elles !

Celle où elle insistait ? Inutile, et superfétatoire.

Celle qui passait du coq à l'âne ? Hmmm... Saugrenue.

Ah, voilà, celle-ci était très bien ! Elle la montra à Kehl, non sans une mimique mi-désolée, mi-complice. Une façon comme une autre de s'excuser.




Répète après moi a écrit:
Je vois que tu n'as rien compris. Nous allons réfléchir. Te faire taire définitivement, ou te convaincre que tu dois te taire grâce aux instruments que tu as touchés en arrivant. Le temps de notre réflexion, tu resteras dans ce cul de basse-fosse.


L'avait pas l'air top-convaincu, le gaillard. Il était en train de se faire offrir la pétoche de sa vie, ça oui. Mais convaincu ? Il allait falloir en remettre une couche.

Pendant que Kehl lisait le passage désigné, elle fit signe à Akator de sortir de la pièce avec elle, et lui chuchota :


Dans quelques jours, nous mettrons en scène sa délivrance, avec vous dans le rôle principal... Je vous baillerai le plan en temps voulu.

Elle retourna ensuite vers Kehl, lui faisant signe de sortir à son tour. Puis elle referma la lourde, qui en l'occurrence portait rudement bien son surnom. Parce que la porte, elle l'était, lourde. Enfin... Bon, des fois, on dit lourde au lieu de porte. et là, comme la porte est lourde, elle l'est doublement. Enfin bon, c'était un jeu de mots, quoi.

Passons. Non, reprenons plutôt. J'en étais où ? Ah oui, là :

Elle referma la lourde porte (z'êtes pas drôles, franchement) en faisant le plus de bruit possible. Grincements des gonds, glissement de l'épaisse barre de chêne dans son logement, tout y était.

Surtout le final : l'écho des pas qui s'éloignait.

Eh, franchement, il est pas beau, le final, là, hein ? Ouais, ça mériterait presque que cet épisode s'arrête ici, moi j'dis.

Quoique ce serait dommage pour la suite.

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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Aimbaud
Mais qu... mais qu'est ...? M...

Déjà la porte se referme dans un grand écho de claquement de ferraille, et à mesure que les bruits de pas s'étouffent dans le lointain, les respirations d'Aimbaud se font plus paniquées. C'est le silence, dans son grand manteau d'effroi, qui fait son apparition dans le souterrain. L'on entend plus rien que le suintement des murs qui laisse échapper d'irrégulières gouttes quelque part dans une cellule voisine, ou l'infime bruit de pattes de rongeur dans les dédales. L'obscurité, où l'on étouffe...

Le garçon suffoque. Ses poignets s'abîment à trouver une issue. Il frotte son épaule contre le bandeau qui lui ceint la tête, s'épuise à des contorsions et s'enfonce un peu plus dans la panique en gémissant de hargne. Il n'en peut mais... Cette fois, ligoté dans l'obscurité, seul avec lui-même, il sent bel et bien une main froide lui passer dans le dos avec un murmure de mort... La même main qui tenait une épée berrichonne dans la Plaine de tonnerre, le jour d'une ruée de mercenaires, où l'acier avait fendu l'air à deux doigts de son front.

Quand Aimbaud pensait à la mort, il la voyait brutale et sanglante. Mais tout compte fait, elle pouvait bien arriver très lentement et tomber comme une poussière, à mesure que l'on vous oubliait dans une cave pour la fin des temps...

Tremblements minuscules.
Sommeil...

Blanche.

Était-elle en vie, Blanche, à l'heure où tout lui semblait mort ? Oui, elle vivotait comme une flamme de chandelle. Pâle lueur et pâle chaleur... Au beau milieu du noir. Son visage lui apparaissait furtivement entre les volutes de pensées tristes. Elle rendait les choses plus douloureuses encore. Dire qu'ils la salissaient de mensonges ! Il la chassa en réprimant une amertume qui montait dans sa gorge.


Me taire...

Trouver la clef... Comprendre.

Si je savais de quoi ! Dieu !

L'impossible dialogue avec soi-même débutait. Il cherchait, il ne trouvait pas. Il se fustigeait de n'avoir su s'enfuir plus tôt. Il se réconfortait vainement. Il hurlait des pensées vers les êtres qu'il chérissait. Il trouvait cela blessant et inutile. Il essayait de ne plus penser à rien, à du blanc, à du vide... Il pensait aux coups reçus, à la perte de Blanche, aux tortures qu'il allait subir, à l'obscurité.

Le souffle ténu, il se réfugia dans la prière.
Murmures sans vie...

Sommeil.

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--Kehl


Mais c'est qu'il se rebiffait le petit ! Il pensait quoi, qu'il était à une audience du tribunal, et qu'il avait le droit de se défendre ? Négocier, et puis quoi encore ? Quand on n'a rien à offrir, par conséquence on n'a rien à négocier.

En sortant Kehl murmura à l'oreille de la princesse qu'il faudrait peut-être le briser avant de lui parler. On aurait du le tuer il y longtemps déjà, pour que ce soit logique, là comme ce n'est pas un abruti il a compris qu'il était important de le garder en vie. Le laisser moisir ici quelques temps, sans nourriture excessive et avec un geôlier qui vient le tabasser de temps en temps, ce serait cohérent. Il ne faut pas croire le proverbe. Ce ne sont pas les ventres affamés qui n'ont pas d'oreille, mais les gens bien portants et bien nourris.

Une fois la porte refermée il continue son plan.


Et puis un jour on drogue le peu de nourriture qu'on lui donne, et quand il se réveille il est dans sa chambre, avec vous à son chevet, et des pansements là où il est blessé. Faut le blesser un peu. Vous lui expliquez que vous l'avez sauvé, et que tout va bien maintenant. Vous arriverez mieux à la manœuvrer sous votre vrai vous-même qu'en négociant avec un type qui n'a rien à perdre. Il ne faut pas laisser à l'adversaire se lancer dans l'offensive, et là c'est ce qu'il fait..En plus le sauver ça redorera votre image bien mieux que de rabaisser sa petite poule bretonne, si jouissif que ce soit.
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