Arbalett
La taverne de la Fraternité, au fil des semaines et des mois, s'était fait fort belle réputation.
On pouvait y entendre rire et chanter les soirs de liesse.
Des récits de voyages à n'en plus finir, tard dans la nuit, faisaient voguer vers de nouveaux horizons et rêver l'aubergiste...
On y entendait aussi des choses tristes de la vie, où les âmes en peine venaient parler de leurs souffrances, essayant de trouver un peu de réconfort dans leurs malheurs.
Arwene et Arbalett étaient toujours là pour accueillir les visiteurs et faire preuve d'hospitalité, rendre service si possible était toujours leur préoccupation quotidienne.
Arbalett s'affairait derrière le comptoir.
Il essuyait, un torchon à la main, les chopes qu'il venait de laver, se laissant aller à ses pensées.
Dans la salle quelques clients.
Un couple de tourtereaux roucoulait dans un coin discret.
L'ivrogne de service toujours attablé à la même place et quelques soldats assoiffés, venus étancher leur soif éternelle.
Le tavernier entendit des pas dans l'escalier et, par la porte qui menait aux chambres à l'étage, il vit sortir Gaemon, son unique client actuel.
C'était un autre homme! La barbe rasée à la lame, le visage débarbouillé au savon, des braies et une chemise propre, il le reconnaissait à peine!
Il lui fit large sourire, l'invitant à s'asseoir à une table dressée en son honneur, où l'attendait une chopine de bière bien fraîche, une miche de pain, chaude et croustillante, et un morceau de fromage.
Prenez place mon ami et régalez-vous!
Cela doit vous changer de votre roulotte, non?
A ce propos, je passerai vous rendre une petite visite, un jour où je n'aurai pas trop de travail!
Je suis curieux de la voir cette roulotte dont tout le monde me parle!
La porte d'entrée s'ouvrit.
Un homme entra, fit une pause et se présenta.
Ben le jour, à tois, oh me présente Duflan habitant de castelnaudary pour vous servir, té je va prendre un verre de bian parce qu j'ai le jabot sec à cause de la poussière de vos routes !
Bien le bonjour Messire Duflan, je suis Arbalett, propriétaire de la taverne, soyez le bienvenu à Montauban!, lui répondit le tavernier en s'avançant vers lui, ouvrant le bras pour lui faire signe d'entrer.
Prenez place, je vais vous servir à boire!, enchaina-t-il, voyant l'homme assoiffé et recouvert de poussière.
Arbalett revint à sa table, un plateau chargé d'une miche et d'une chope de bière remplit à ras bord, qu'il lui servit, curieux de faire sa connaissance...