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[RP - Lieu Public] Le lac

Fourmi.
L’obscurité a recouvert la ville de son voile bleu nuit. Au fil des rues traversées, du cliquetis des pièces de métal qui recouvrent son corps et ponctue chacun de ses pas dans le silence de la ville assoupie, elle repense à cette envie suggérée plus tôt dans la journée, lorsque la chaleur était encore écrasante. Portes et volets clos jalonnent son errance jusqu’à sa sortie de la ville par une poterne puis c’est le crissement de la terre sèche du chemin de terre qui l’accompagne.

Aucun empressement dans la démarche, ni de pli soucieux au front ; simple promenade qui la mène jusqu’au lieu dit Bouche Thouet, là où Loire et Thouet se rejoignent autour de l’île Ardouin. Là, sur la berge, elle reste un moment à contempler les centaines d’éclats de lumières qui se reflètent à la surface de l’eau, avant de commencer à se défaire de ce qui l’encombre.

Besace, ceinture et fourreau soigneusement posés sur un rocher à fleur d’eau, puis, un à un cuissards, genouillères, gantelets et cubitières tombent au sol, comme elle se déferait de sa carapace. Le geste sûr délace les petits nœuds qui maintiennent la cotte de mailles bien en place avant qu’elle ne glisse à ses pieds à son tour. Et soudain, sans ce poids, la Fourmi se sent légère et profite d’un air qu’elle trouve bien plus frais désormais en dépit de la chaleur persistante et des couches de vêtements qu’elle porte encore. L’épais gambison vient alors recouvrir les pièces métalliques sur le sol. Elle s’interrompt alors, se sentant presque nue, étrange, autre…

De quelques pas, la minuscule silhouette se rapproche de l’eau et détaille son reflet incertain, cette image diffuse qui ondule sur le miroir sombre de l’eau… Et la brise d’un caillou poussé du pied. Debout sur la berge, elle écoute le silence, s’assure que personne ne descend le chemin, que seule la faune nocturne occupe l’alentour avant de retirer ses bottes, ses bas… De se résoudre à de défaire aussi de ses braies. A nouveau son reflet vient l’assaillir. Petite chose dans sa longue chemise qui tombe jusqu’aux genoux et dont les pieds nus s’amusent du contact frais et tendre du sol moussu qu’elle rompt à nouveau en pénétrant dans l’eau.

Moins fraîche qu’elle ne l’espérait de prime abord, elle s’y enfonce lentement, la caressant du bout des doigts avant d’y plonger franchement, profitant d’une longue brasse sous l’eau avant d’émerger pour se laisser porter par le faible courant. Loin de la rive, la fraicheur attendue se fait sentir enfin, picotant légèrement la peau. Elle savoure l’étreinte, les effleurements des flots, la sensation de légèreté. D’une simplicité… presque désarmante. L’eau lèche avec tendresse la carcasse malmenée, les cicatrices trop nombreuses, trop présentes, ce dos qui n’est plus qu’une plaie cicatrisée et boursouflée.

Au fil de l’eau sur laquelle elle flotte, Fourmi laisse son regard se perdre dans le voile obscur du firmament. Hors du temps et de cet espace oppressant qui est son quotidien masqué, la dérive se fait par delà les étoiles mourantes à l’éclat chancelant, l’esprit s’égare et oublie momentanément ce qui lui pèse. Peu à peu, le scintillement s’efface et ne reste que la trame sombre à laquelle l’esprit s’accroche. Les yeux se ferment à demi, et elle savoure pleinement ce sentiment de flottement…

Mais comme toute bonne chose qui se respecte, la réalité reprend ses droits, toujours rapidement chez la Fourmi, et elle rejoint le bord de rive en quelques brasses avant de remonter sur la berge, en pestant contre les bandes de tissu qui à l’ordinaire maintiennent et oppriment cette féminité trop envahissante pour elle et qui ont décidé de se faire la malle du fait du bain.

Reprenant pieds, la voici qui se tortille, une main dans entrebâillement de la chemise pour tenter de tirer sur les tissus et les récupérer pour les faire sécher. Ils finissent par atterrir sur un rocher dans un grand bruit mouillé alors qu’elle rejoint le rocher plat sur lequel elle avait déposé sa besace et son épée et s’y assied, face à l’eau. La joue posée sur ses genoux repliés, elle profite encore un peu de sa pause avant de se résoudre à remettre sa tenue et repartir.
Dazibaan
Un geste de la main.
Un autre.


Rhaa!

Maudites bestioles volantes. Pas idée de venir l'emmerder alors qu'il roupille. Dazibaan a tôt fait de se redresser pour chasser l'importune et ses compagnes, mais c'était sans compter la mine qu'il s'est collé peu avant.

Il en oublie la mouche, chiante au possible et agressive avec ça, pour coller sa paluche au doigt manquant sur son visage, avec une plainte. Il avait l'impression d'être sur le pont d'un navire perdu au milieu d'un grain monstre.

D'ailleurs il est où? Il finit par ouvrir un œil, histoire de savoir, et le second suit après un temps d'adaptation. Forêt, nuit... Gourde! Daz se baisse -doucement- et la ramasse en la retournant devant son poids lui semblant trop léger.


Merde.

Pas une goutte n'en tombe. C'est qu'il aurait suffit d'une gorgée pour atténuer sa migraine. Il jette donc l'inutile en grommelant et cahin-caha trouve un chemin qu'il empreinte en n'oubliant pas sa veste adorée et d'ouvrir large la chemise portée. Nom d'un chien qu'il fait chaud malgré la nuit tombée!

Quelle idée de ne pas faire des chemins droits. Il râle devant l'inutilité des pierres jonchant sa route et qui le font trébucher, ces racines débiles qui se perdent devant ses pattes...

Les arbres s'écartent soudain devant lui et le clapotis de l'eau l'attire. Le voleur ne pense même pas à regarder autour de lui, il va droit vers l'eau, dérangé par la pépie qu'il subit. C'est sans compter sur l'éclat brillant qu'il voit du coin de l’œil.

Ce qu'il voit en premier lieu : l'épée. Dazibaan hausse un sourcil interrogateur. Qu'est-ce qu'elle foutrait là toute seule?
Ne lui vient qu'après, l'idée de lever les yeux. Et il découvre une naïade posée sur son rocher, avant de la reconnaitre et de se tourner vivement en se cachant les yeux.


Oh bordel!! J'ai rien...

Il s'est tourné trop vite, l'alcool n'aidait pas, l'équilibre lui fait défaut. Emporté par l'élan du geste, le demi-tour est un peu plus que cela, et trop proche de l'eau, il la voit arriver rapidement. Il y plonge en un mouvement ridicule, avec un cri de rage à la hauteur de ses idées, et dans un "PLOUF" gigantesque.

L'onde calme ses vagues. Des bulles remontent... Pas lui...

Vu! Il n'a rien vu.
Fourmi.
Elle qui profitait du calme silence, du clapotis léger de l’eau et des rares petits bruits provoqués par les batraciens qui s’ébattent et plongent dans l’eau… Perdue dans sa rêverie passagère, elle n’entend que trop tard l’approche. Pétrifiée au départ à cause de sa tenue, elle met quelques secondes à réagir et à tourner la tête. Le temps de le voir…

Et d’assister au spectacle de sa chute dans la flotte. Elle reste un court instant partagée entre l’envie de se moquer et celle de le tuer, avant de constater qu’il ne refait pas surface. Entre ses dents serrées, un murmure fuse :


Bien fait… Qu’il crève !

Après tout, ce n’est pas la première fois qu’il s’invite sans prévenir et se permet des familiarités bien trop grandes. D’ailleurs, ce serait l’occasion rêvée pour s’en débarrasser une bonne fois pour toutes. Après tout… Qui saurait ?

Les petites bulles continuent de crever le reflet des étoiles séniles tandis qu’elle se lève. Un soupir agacé fuse. La chemise mouillée colle à sa peau, laissant transparaitre certains détails par trop gênants. Elle ramasse rapidement son arme et son sac pour rejoindre ses affaires abandonnées sur la berge sans se retourner sur l’eau et ce qui peut bien s’y passer. Elle peste tout en renfilant braies, bas et bottes, son regard se perdant sur l’alentour, cherchant un autre intrus, un témoin…
Dazibaan
Mine de rien, un bon plat, ça calme!
Il s'en est presque assommé le bougre.
D'où les bulles.
Parce qu'il n'est pas décidé à remonter dans l'immédiat. Vengeance : laisser Fourmi venir le chercher, toute paniquée à l'idée qu'il se soit noyé. C'est qu'il y croit!

Quand l'air commence à manquer par contre, il s'interroge sur le bien fondé de son idée. Poussant des deux mains sur le fond mousseux du peu d'eau où il se trouve, la tête finit par émerger, jusqu'au nez. Du regard, il la cherche pendant qu'il respire l'air dont il avait grand besoin, et.. Daz se redresse, assit au fond de l'eau, doigt accusateur pointé en direction de la brunette qui regarde ailleurs.


Bougresse! T'me laisserai crever en plus!

Avec quelques difficultés, que ce soit de par son trop plein d'alcool qui était descendu en trombe avec le bain forcé, par la lourdeur des tissus gorgés d'eau qui entravaient ses mouvements, ou par le sol glissant comme une vraie patinoire.

Avec force râlerie, il parvient tout de même à s'extirper de l'onde et dans des
"flotch flotch flotch" très très charmeurs, une main dégageant les cheveux qui lui tombent devant les yeux en faisant du goutte à goutte, il s'approche de la jeune femme.

J'ai rien vu, c'promis. Toujours entière alors! Voilà qui fait plaisir!

Tout en parlant, il s’essore comme il le peut. Au moins il n'a plus chaud. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle s'était tirée sans même l'attendre. Wé!!

Content d'voir que tu t'es pas faite bouffer toute crue... Et qu'est-ce tu fiches ici?
Fourmi.
Toute concentrée qu’elle est sur l’alentour, elle ne prête garde aux premiers bruits. Tout au plus, elle les interprète comme les gesticulations sordides d’un futur noyé qui s’apprête à rendre sa dernière bouffée d’oxygène. Mais la voix qui résonne à son oreille par contre lui annonce tout autre chose.

"Bougresse ?"

Il cherche les ennuis… le front se barre d’un pli, les sourcils se froncent au dessus d’un regard qui devient d’une étonnante dureté. Elle ne se retourne pas encore, à l’écoute des pas qui se rapprochent. Et le mauvais souvenir de leur première rencontre s’instille un peu plus à chaque sploch… Un bref coup d’œil à sa tenue, redevenue correcte à quelques détails près sur lesquels elle préfère ne pas s’arrêter sous peine de se liquéfier, et le demi tour se fait.
Instinctif.

Le geste est vif, précis lorsque le bras se tend et que sa main gauche vient se refermer sur la gorge de Dazibaan. Les prunelles s’obscurcissent encore, illuminées par quelques reflets cornaline rares, alors qu’elle le darde d’un regard assassin, laissant encore pendre son bras droit et la main qui referme son étreinte sur la garde de la miséricorde.



Vous n’avez rien vu… parce qu’il n’y a… rien à voir.


Sa voix est blanche, presque atone, d’une colère maitrisée, contenue. Ses doigts resserrent leur emprise sur la gorge et pressent pour lui faire pencher la tête sur le côté.


Oubliez que vous me connaissez… Oubliez ce que vous savez…


Si le timbre de sa voix ne trahit quasiment aucune émotion, son regard, lui, s’embrase. Lentement la pointe de la miséricorde s’insinue et se fait sentir ; glissant d’abord le long de la cuisse du jeune homme pour venir marquer une pause piquante à certaines parties de son anatomie auxquelles il devrait tenir…

Un sourire froid se dessine sur les lèvres pâles de la Fourmi, qui s’octroie le luxe d’un sourcil levé, narquois. Centimètre après centimètre, la lame se fait plus insistante sur le tissu jusqu’à atteindre le lacet de la chemise du freluquet. Un geste sec le tranche et la pointe vient se poser dans le creux de la gorge jusqu’à y faire perler une goutte de sang.



Un mot… à qui que ce soit… Et vous êtes un homme mort… Bien plus assurément que si vous m’aviez suivie à Paris.


Le sourire s’étire. Il ne saurait jamais combien elle se sentait chez elle dans l’antre. Pas forcément en sécurité, mais chez elle, à sa place. Elle le repousse violemment, laisse retomber son bras avant de tourner les talons pour aller ramasser ses affaires. La miséricorde disparait et rejoint sa place naturelle avant qu’elle ne commence à s’éloigner pour regagner le campement, marquant tout juste un arrêt pour tourner la tête, lui lancer un ultime regard et ses derniers mots…


Laissez moi tranquille…
Dazibaan
Alors celle-là, il ne l'a pas vu venir!
Surpris, le voleur hausse un sourcil, le regard fixé à la petite brune. Nom d'un chien, l'air de rien, elle a de la force cette petite chose.
Il a bien du mal à avoir ses goulées d'air, mais la main est légère quand elle vient attraper le poignet de la jeune femme alors qu'elle lui enserre la gorge.
Elle appuie là où ça fait mal la garce. Et même s'il grimace, il ne peut s'empêcher de trouver la situation... Amusante. Dire que si ça avait été un homme, il aurait déjà lancé son poing... Trop gentil!


Aaaah, tention jeune fille, c'est précieux.

Gar-ceuuu! Sa main libre était venue se placer en protection de bijoux bien trop important pour lui. Voire pour chaque homme qui se respecte un tant soit peu. Qu'elle tape ailleurs, il s'en serait foutu comme de la première pluie, mais pas là : TOUT mais pas LA.

Daz écoute, ne perd rien, frissonne. Elle est prête à en faire sa victime, mais lui il trouve ça excitant le bougre. C'est qu'elle est jolie quand elle est en rogne. Il frissonne alors que la pointe de la miséricorde se fait plus présente contre lui, et... Il commence à douter un peu quand même. Le sourire s'étiole quand la pointe atteint la gorge et qu'il sent la brûlure. Pas pour autant qu'il ferait quelque chose. Elle ne lui semble pas comme ça, aussi, même si la confiance est délicate, il... Espère! Qu'il n'aura rien. Il n'allait quand même pas se défendre contre une femme non??

Il est finalement repoussé, et sa main vient se poser sur la gorge qu'il a sentit s'ouvrir. Il est égorgé! Ayé! Il va mourir!

Le regard se pose sur la si petite tâche vermeil qui s'étale sur un doigt. La tête se penche alors qu'une épaule se hausse. Crac.


Aie.

Bon, il ne perdait pas son sang, par contre il en serait bon pour un torticoli? La main à son cou, il masse le point douloureux, tout en tançant la Fourmi.

J'suis pas ton ennemi, sotte! Le Royaume doit pas être assez grand pour nous deux, c'est le Destin! Il se marre doucement tout en agitant la tête afin d'essayer de remettre en place ce nerf coincé. Va falloir t'y faire. Il veut que tu me trouves sur ta route, c'est que j'dois t'être utile à quelque chose!

Eh wé.
Avec un soupir, le brun se laisse finalement tomber sur l'herbe grasse. Foutue soirée. Un bout de corde dans une main, un autre dans l'autre, Dazibaan ne peut que déplorer l'état de la chemise.


J'te veux rien de mal espèce d'idiote petite Fourmi.
Paleonopsis
D’un pas rageur, Paléo avançait vers le lac.

La soirée passée en taverne avec son homme, et d’autres habitants de Saumur lui avait laissé un goût amer, même si la bière locale était loin d’être mauvaise. Un tantinet aigrelette, certes, mais la fraîcheur de la boisson glissant le long de son œsophage avait largement apaisé sa soif.

Coup de pied dans un caillou qui traînait là…
Pas qu'il lui ait fait quoi que ce soit, lui, bien au contraire...
Juste un coup de pied qu'elle aurait bien mis dans les fesses d'autres, qui n’étaient pas des pierres par contre... Mais elle n'avait aucune envie de finir son voyage ici bas, allongée entre quatre planches de bois...

D'abord on traite son ami sénéchal de sodomite, et ensuite on veut se l'approprier comme une vulgaire marchandise, en cas de victoire en lice !

Mais qu'est ce que c'est que ce duché de fous !

Tandis qu’elle regardait voler un autre caillou un peu plus loin, des bruits de conversation houleuse parvinrent à ses oreilles. Paléo tourna la tête vers les sons sans quitter le petit chemin qui serpentait vers le lac.

Apparemment un homme et une femme tentaient de s’expliquer, et à en croire la lame qui pointait sur le cou de l’homme, ce n’était pas lui qui aurait le dernier mot.

Paléo ne put s’empêcher de sourire, c’est ça qu’elle aurait du faire tout à l’heure à ces deux bons à rien. Mais elle ne se sentait pas suffisamment forte de caractère, ni de physionomie pour se permettre de tels agissements.

La jeune femme repoussa l’homme, récupéra quelque chose sur le sol et s’avança dans sa direction, sans même la regarder lorsqu’elles se croisèrent.

Paléo, ne voulant pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, continua son chemin, les yeux rivés au sol sur un quelconque autre caillou à batailler, mais elle réfléchissait à ce que son homme lui avait dit ce soir là, ne prêtant pas attention à l’homme qui râlait :


- Les femmes sont tout autant aptes à combattre que les hommes, mon ange. Il y en a même qui sont bien plus fortes qu’eux.

A en croire par ce dont elle venait d’être témoin, il était clair qu’il avait raison, encore une fois. Il fallait qu’il l’entraîne, qu’il lui montre comment se défendre pour prouver qu’elle aussi serait une femme forte, un jour…

Mais en attendant, la chaleur estivale faisait coller sur sa peau les quelques vêtements qu’elle possédait, et la fraîcheur d’un bain dans le lac ne serait pas de refus.

Elle aurait bien aimé que son tendre soit là auprès d’elle pour qu’ils prennent ensemble ce bain en amoureux devenu quasi quotidien avec la chaleur des derniers jours, qui leur permettait de se retrouver, nus comme des vers, au milieu de l’eau.

Mais ce soir, il cuvait ! et d’après elle, il était bien parti pour toute la nuit… Et dire qu’ils auraient du prendre la route pour Angers…

Après avoir vérifié que personne ne la suivait, Paleo quitta le chemin pour s’approcher du lac. La lune naissante se reflétait sur les vaguelettes à la surface de l’eau. Elle s’assit tout près du bord, retira ses bottes, non sans mal, fit rouler ses bas, qu’elle posa à coté d’elle, puis trempa le bout des orteils dans l’eau. Rassurée et souriante, elle y mit les pieds puis les mollets, la fraîcheur étant si agréable qu’elle en ferma les yeux, la tête en arrière, en appui les mains sur le sol derrière elle.

Elle remua ses jambes dans l’eau, laissant sa colère s’apaiser. Elle prit une grande respiration qui finit par un soupire d’aise, appréciant le moment. Puis elle s’allongea sur la rive, plaçant ses mains sous sa tête en guise d’oreiller, les pieds toujours dans l’eau, fermant les yeux à nouveau. Quel plaisir ressenti par si peu de chose…

Tandis qu’elle souriait aux anges, l’esprit tranquille, un hululement la fit sursauter. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée ainsi, couchée dans l’herbe, mais une chose était certaine, à son avis trop longtemps. Son homme devait la chercher si ça se trouve…

A regret, elle sortit les jambes de l’eau, se releva, attrapa bottes et besace et s’en revint au village, les pieds nus dans l’herbe…

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Dazibaan
Daz se retourne. Des bruits de pas dans son dos, ça ne peut être qu'elle qui rebrousse chemin pour s'excuser de manière la plus plate qui soit. Contenant son sourire réjoui, le voleur se retourne légèrement, prêt à lui demander réparation pour sa chemise on ne pouvait plus détruite... Oui l'art de l'exagération...

Manque de bol, ce n'est pas elle qu'il voit s'approcher. Il n'arrive pas à retenir un bougonnement, et la donzelle ne se rend même pas compte qu'il est au bord de l'eau...

Rien d'intéressant. Le châtain finit par se lever en retirant la chemise qui lui colle désagréablement à la peau. Il la tord et la balance sur son épaule tout en récupérant la veste tombée ors de sa chute, qui vient rejoindre ce qu'il n'estime plus être qu'un lambeau de tissu -qu'il ne manquera pas remettre tout de même, il ne faut pas croire-.


EH FOURMIIIIIIIIIII! J'sais pas si tu m'entends, mais crois bien que tu m'en repayeras une!!

Qu'à cela ne tienne, il la retrouverait, Saumur n'était pas si grande que ça.

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....
Rikiki_
Le nain marchait lentement, plus lentement que d'habitude en faites. La chaleur frappait sans relâche sur sa cotte de maille et son casque. Une vraie fournaise.

À l'extérieur comme à l'intérieur...

Il n'allait jamais au lac, du moins pas depuis longtemps. En faites il n'avait pas changé ses habitudes depuis longtemps. Il s'était dit qu'il devrait consulter un médecin pour voir si il n'était pas malade, mais au fond de lui il connaissait la cause de ce mal être soudain.

Il craignait cette cause. Cette sensation était oubliée depuis longtemps chez lui, et alors qu'elle refait surface le nain était déstabilisé. Il ne savait comment agir. On lui avait donné un enseignement militaire, méthodique. On lui avais appris à voler, à tuer. Mais pas à aimer.

Le nain arriva enfin dans un coin tranquille, un grand arbre permettait d'avoir un peu d'ombre, le lac quand à lui scintillait de mille feux. Pour toute personne autres que le nain, ça aurait été un spectacle magnifique, grandiose.

Mais lui était morose.

Il enleva sa cape, la plia et posa finalement son casque sur celle-ci pour éviter qu'elle s'envole. Son casque, fidèle ami du nain. Il ne l'avait pratiquement jamais enlevé, et voilà qu'il se surprenait à l'enlever de plus en plus souvent. mais que se passait-il ? Que devenait-il ?

La cotte de maille fût, elle aussi, enlevée. Le nain avait chaud, et pourtant malgré tout ses efforts pour se rafraichir, il continuait de bouillir.

Il finit par s'adosser au tronc de l'arbre, sa chemise lui collait à la peau. Il s'en foutait. Pour le coup il s'en foutait de tout ou presque.

Il n'arrivait plus à calmer les *hips* depuis 4 jours maintenant. Une chose était sûre, c'était un ivrogne et ça rien ne changerai de ce côté là.

Le nain se souvient alors de sa vie d'avant. Celle au service de l'Eglise. Il était peu fier de cet épisode de sa vie... Un épisode où il était heureux, insouciant, naïf. Un épisode qu'il l'avait marqué.

L’Institution Romaine qui prônait le plus la paix et l'amour, avait fait de lui un mercenaire, un voleur, un assassin en le désavouant publiquement. Depuis ce jour il avait renié ses croyances, insultant à la moindre occasion l'EAR, Aristote et tout ce qui allait avec. On aurait pu aisément le traiter d'hérétique. Et pourtant...

Il se demandait si tout cela n'était pas une épreuve. Une punition après le mal qu'il avait engendré. Les armes les plus meurtrières sont dans notre tête... Ce ne sont ni les armées, ni les hommes qui tuent le plus. Mais bel et bien le doute et le questionnement. C'était une des doctrines du nain. et pourtant, à ce moment bien précis il posa la question. À Aristote ? À lui même ? Ou à une tierce personne ? Il n'en savait rien, mais il fallait demander....


Mais que voulez-vous, au final ?...
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[si on joue]C'est quand même pas pour la jouissance du clic au moment d'embaucher quelqu'un pour labourer son champ...
Brittany
C'est le coeur plus léger et la tête dans les nuages que Brittany visitait Saumur.
Elle avait pris la décision difficile de quitter la ville où elle comptait s'installer pour trouver un jour meilleur sur les routes.

Tout en longeant le Lac, elle songea tout de même aux bons moments qu'elle avait vécu là-bas car, oui, il y en avait eu, elle ne pouvait pas se mentir.
Mais elle n'avait pas trouvé ce qu'elle était venue chercher, et cela l'avait poussé à partir.

Elle espérait qu'un jour, elle trouverait la sensation de "chez soi" qu'elle attendait depuis si longtemps. Une ville où elle serait intégrée, où on ne chercherait pas à fouiller dans son passé, où on l'apprécierait pour la personne qu'elle était. Tout simplement.

Certains la considéraient bien naïve, mais, et si c'était eux qui avaient tord ?

Qu'importe les dires, les "on dit", les aveux, les rumeurs, les moqueries, les insultes...
Elle cherchera. Elle cherchera, jusqu'à trouver.

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Fourmi.
Le début d’après midi est prometteur. La chaleur estivale décline mais les températures offrent encore le plaisir de prendre le temps d’en savourer les bienfaits. Le soleil est haut quand elle s’enfonce sur la voie qui serpente au cœur de verdoyantes frondaisons. Par endroit l’extrémité de quelques feuilles commence tout juste à rougeoyer, premier signe que l’automne arrive malgré tout.

Sous ses bottes, le sol de plus en plus humide à l’approche de la berge dégorge ses odeurs d’humus qui viennent emplir ses narines à son plus grand ravissement. Pourtant à son front, un pli soucieux est marqué. Et c’est un regard douloureux qu’elle pose sur l’étendue d’eau d’un vert jade.

Le blanc des nuages déchiqueté par les branches des arbres dessine des formes ciselées à la surface de l’eau… Au milieu des saules pleureurs qui bordent la berge et dont les voiles caressants affleurent ce miroir incertain, quelques arbres morts, nus, étirent leurs branches effeuillées comme autant de bras penchés au dessus de l’eau, semblables à des coulées pétrifiées.

A l’ordinaire, elle se serait baignée. Mais elle n’en a pas le temps. Elle ne vient rechercher que le calme et le silence des lieux. Douce ironie que de rechercher le vide quand la vie semble avoir déserté la ville, à l’exception de ces gens trop bien pour se mêler aux pauvres communs des mortels dans son genre.

Du regard elle cherche l’endroit idéal pour se poser, évitant les rochers à fleur d’eau pour un arbre couché en travers de la berge. Une mousse verte et fraîche recouvre le tronc de bois mort et pourtant grouillant sans doute d’une vie invisible. Il accueille son derrière sans le moindre craquement, preuve qu’il est encore robuste dans cette seconde vie. Le clapotis léger, le vrombissement d’insectes et au loin quelques cris de pêcheurs forment un bruit de fond apaisant et propice à la concentration. Le contenu de l’outre qu’elle porte à ses lèvres supplémente les effets bienfaisants de cette mise en retrait.

Là, dans l’ombre discrète des arbres, les paupières se ferment et la respiration se fait plus lente. Nulle quête de sommeil. Elle cherche à refouler cette crise qu’elle sent monter, à calmer le martèlement incessant dans ses tempes. Ses doigts vont bien masser légèrement le front, pressant la fine cicatrice qui le traverse afin de le libérer de cet étau qui l’oppresse mais l’effet est si ténu, presque vain et pourtant il faudra bien que cela suffise au moins à reporter l’explosion dans son crâne… Après tout, le mal couve depuis quelques jours déjà, il peut bien attendre encore un peu pour l’envahir une nouvelle fois et accomplir son œuvre destructrice.

Déjà son dos et ses reins endoloris de la veille se font moins sentir et à mesure que les minutes s’écoulent la montée douloureuse entre ses tempes s’enraye, jusqu’à être contenue, emprisonnée pour un temps entre les parois invisibles d’un mur de néant absolu. Un sourire las se dessine sur ses lèvres pâles. Dans quelques instants elle doit se rendre plus loin sur le lac entrainer un béarnais… Lequel avait déjà prouvé la veille qu’il n’avait guère de choses à apprendre dans l’art du combat et que son instinct était sa meilleure arme.

Il voulait s’entrainer disait-il… Ou peut-être bien prouver qu’un Ours était capable d’écraser une Fourmi sans doute.

Il est l’heure…
Le temps pour elle de passer au campement troquer bure contre armure, avant un retour. Plus tard. Une journée de merde en marche.



Et niveau merde. Ca n’avait effectivement pas loupé. D’accord elle aurait pu faire pire. Parce que dans le vaste champ d’action case emmerdements, baffe dans la gueule en tous genres, il y a toujours moyen.

Elle s’était donc rendue à ce nouvel entrainement. Confiante. Ce point là la perdrait un jour à n’en point douter. Et cet exercice avait pris une tournure curieuse. Déjà, la veille, elle avait hésité à refiler une arme factice au gaillard déjà bien plus balaise qu’elle –ce qui en soit n’est pas un exploit vu la configuration physique de la demoiselle en question- et elle eut été vraiment inspirée pour le coup. Sans doute l’orgueil de l’ursidé béarnais avait-il joué ?

Si l’instructeur avait tout mis en œuvre pour ne pas blesser le pseudo élève d’un coup de lame, le contraire n’avait pas été. Aussi, après un échange des plus gracieux, qui tenait plus d’une rixe que d’un duel tout beau, chacun était reparti de son côté lécher ses plaies. Une épaule massacrée et une mâchoire ayant eu à souffrir d’une droite magistrale, peut-être un égo malmené d’un plat d’épée sur le derrière pour lui tandis qu’elle s’éloignait en boitant, une cuisse pissant le sang et une main dont elle tentait de remuer les doigts suite à cette fameuse droite.

Dans un premier temps, elle avait fait un détour dans la taverne du furet, afin d’y prélever un peu du mélange initialement préparé pour le Montmorency. Détour qu’elle aurait du s’abstenir de faire pour s’épargner, puisque tandis qu’elle savourait légèrement l’action du pavot sur la douleur, Zalem avait réussi en deux phrases à la chasser pour la remplacer par une autre, plus sournoise et dévastatrice que la lame reçue.

Aussi avait elle opté pour un repli stratégique. Campement. Baquet d’eau chaude. Savon. Puis elle avait pansé sa cuisse, sans y appliqué le soin qu’elle aurait porté à n’importe qui d’autre. Sa main resterait douloureuse au gonflement qui s’annonçait déjà. Les heures avaient passé… Et elle n’avait quitté sa tente que tardivement pour rejoindre les lieux de vie –ah ah, c’était la blague du jour – boitillant pour soulager sa jambe blessée.

Et… Comment expliquer cette chose, cette volonté karmique, cet incomparable évènementiel qui veut qu’une journée pareille ne puisse que se terminer par plus sordide encore.
D’une part, la seule âme vivante en taverne n’avait fait que roupiller avant de se réveiller et se tirer sans la moindre formule de politesse..
D’autre part, et c’est la plus importante, la goutte qui fait déborder le vase déjà passablement rempli pour la journée, The Noc, Drannoc de son état, avait débarqué pour une de ces vaporeuses et éthyliques sorties, parlant de cet amour inconditionnellement dramatique, couplé de désir bestial et d’envie de l’étriper qu’il éprouvait depuis leur toute première rencontre, allant jusqu’à espérer verbalement que la nuit se termine d’une façon qu’elle n’imaginait pas.

Il était reparti avec ses rêves sous les bras, la tête dans ses brumes mortelles.



Qu’on me donne un mur, que je me tape la tête dessus, que je me suicide au mur !*


Expression lancée alors qu’elle arpente les ruelles sans se préoccuper le moins du monde de qui pourrait l’entendre. Et elle était donc revenue s’échouer là, dans ce havre de tranquillité, pour y terminer la nuit.

Le mélange au pavot ne produit plus désormais les effets escomptés. Ce n’est pas le tronc de l’après midi qui accueille la Fourmi mais les larges racines d’un arbre que son état ne lui permet pas d’identifier. Sa main gauche valide, par bonheur la plus précieuse, fouille la besace et tire de l’inextricable merdier qui s’y trouve en permanence le nécessaire à fumer. Elle caresse la pipe, d’une dévote adoration…

Le commun prendrait le geste pour celui d’un drogué sanctifiant sa prochaine dose.
Mais de commun il n’y a point pas plus que de vulgaire.

Le précieux mélange est porté aux narines, et déjà son échine frémit à l’approche des senteurs enivrantes. La pipe est bourrée, allumée… Une longue bouffée est tirée, les yeux se ferment à demi sur le firmament où brûlent les vieilles étoiles, scintillantes moqueuses de ce qui se passe en dessous. Un long trait de fumée filtre au travers des lèvres pâles. La lueur blafarde de ces soleils séniles épure les contours du paysage et reflète à peine le miroitement de l’eau de rares éclairs argentés. Seules ses exhalaisons vaporeuses brisent l’imperturbable immobilité de l’alentour.

Mais la lumière blanche finit tout de même par éclater derrière les paupières, embrasant son crâne de ses millions d’aiguillons. La carcasse malmenée se raidit, le dos contre le tronc, toute autre douleur effacée, le cerveau en miettes et l’estomac révulsé. Les mâchoires sont serrées au point que le grincement de ses dents résonne dans ses tympans, même le poing gonflé finit par se crisper quand perlent les larmes sous l’insupportable douleur… Plus longue qu’à l’ordinaire est la crise, sans doute d’avoir usé de moyens détournés pour tenter de la déjouer.

Elle reste là, pantelante, nauséeuse et à bout de forces, les yeux fixés sur le jour qui va poindre.

C’était vraiment une journée de merde… Un de ces jours où elle maudit un certain chirurgien maure de l’avoir tirée des limbes quelques années auparavant. Qu'il la laisse crever lui aurait épargné pourtant dans de douleurs et de désillusions.




*Icône Bébel dans Joyeuses Pâques
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