Fourmi.
Lobscurité a recouvert la ville de son voile bleu nuit. Au fil des rues traversées, du cliquetis des pièces de métal qui recouvrent son corps et ponctue chacun de ses pas dans le silence de la ville assoupie, elle repense à cette envie suggérée plus tôt dans la journée, lorsque la chaleur était encore écrasante. Portes et volets clos jalonnent son errance jusquà sa sortie de la ville par une poterne puis cest le crissement de la terre sèche du chemin de terre qui laccompagne.
Aucun empressement dans la démarche, ni de pli soucieux au front ; simple promenade qui la mène jusquau lieu dit Bouche Thouet, là où Loire et Thouet se rejoignent autour de lîle Ardouin. Là, sur la berge, elle reste un moment à contempler les centaines déclats de lumières qui se reflètent à la surface de leau, avant de commencer à se défaire de ce qui lencombre.
Besace, ceinture et fourreau soigneusement posés sur un rocher à fleur deau, puis, un à un cuissards, genouillères, gantelets et cubitières tombent au sol, comme elle se déferait de sa carapace. Le geste sûr délace les petits nuds qui maintiennent la cotte de mailles bien en place avant quelle ne glisse à ses pieds à son tour. Et soudain, sans ce poids, la Fourmi se sent légère et profite dun air quelle trouve bien plus frais désormais en dépit de la chaleur persistante et des couches de vêtements quelle porte encore. Lépais gambison vient alors recouvrir les pièces métalliques sur le sol. Elle sinterrompt alors, se sentant presque nue, étrange, autre
De quelques pas, la minuscule silhouette se rapproche de leau et détaille son reflet incertain, cette image diffuse qui ondule sur le miroir sombre de leau Et la brise dun caillou poussé du pied. Debout sur la berge, elle écoute le silence, sassure que personne ne descend le chemin, que seule la faune nocturne occupe lalentour avant de retirer ses bottes, ses bas De se résoudre à de défaire aussi de ses braies. A nouveau son reflet vient lassaillir. Petite chose dans sa longue chemise qui tombe jusquaux genoux et dont les pieds nus samusent du contact frais et tendre du sol moussu quelle rompt à nouveau en pénétrant dans leau.
Moins fraîche quelle ne lespérait de prime abord, elle sy enfonce lentement, la caressant du bout des doigts avant dy plonger franchement, profitant dune longue brasse sous leau avant démerger pour se laisser porter par le faible courant. Loin de la rive, la fraicheur attendue se fait sentir enfin, picotant légèrement la peau. Elle savoure létreinte, les effleurements des flots, la sensation de légèreté. Dune simplicité presque désarmante. Leau lèche avec tendresse la carcasse malmenée, les cicatrices trop nombreuses, trop présentes, ce dos qui nest plus quune plaie cicatrisée et boursouflée.
Au fil de leau sur laquelle elle flotte, Fourmi laisse son regard se perdre dans le voile obscur du firmament. Hors du temps et de cet espace oppressant qui est son quotidien masqué, la dérive se fait par delà les étoiles mourantes à léclat chancelant, lesprit ségare et oublie momentanément ce qui lui pèse. Peu à peu, le scintillement sefface et ne reste que la trame sombre à laquelle lesprit saccroche. Les yeux se ferment à demi, et elle savoure pleinement ce sentiment de flottement
Mais comme toute bonne chose qui se respecte, la réalité reprend ses droits, toujours rapidement chez la Fourmi, et elle rejoint le bord de rive en quelques brasses avant de remonter sur la berge, en pestant contre les bandes de tissu qui à lordinaire maintiennent et oppriment cette féminité trop envahissante pour elle et qui ont décidé de se faire la malle du fait du bain.
Reprenant pieds, la voici qui se tortille, une main dans entrebâillement de la chemise pour tenter de tirer sur les tissus et les récupérer pour les faire sécher. Ils finissent par atterrir sur un rocher dans un grand bruit mouillé alors quelle rejoint le rocher plat sur lequel elle avait déposé sa besace et son épée et sy assied, face à leau. La joue posée sur ses genoux repliés, elle profite encore un peu de sa pause avant de se résoudre à remettre sa tenue et repartir.
Aucun empressement dans la démarche, ni de pli soucieux au front ; simple promenade qui la mène jusquau lieu dit Bouche Thouet, là où Loire et Thouet se rejoignent autour de lîle Ardouin. Là, sur la berge, elle reste un moment à contempler les centaines déclats de lumières qui se reflètent à la surface de leau, avant de commencer à se défaire de ce qui lencombre.
Besace, ceinture et fourreau soigneusement posés sur un rocher à fleur deau, puis, un à un cuissards, genouillères, gantelets et cubitières tombent au sol, comme elle se déferait de sa carapace. Le geste sûr délace les petits nuds qui maintiennent la cotte de mailles bien en place avant quelle ne glisse à ses pieds à son tour. Et soudain, sans ce poids, la Fourmi se sent légère et profite dun air quelle trouve bien plus frais désormais en dépit de la chaleur persistante et des couches de vêtements quelle porte encore. Lépais gambison vient alors recouvrir les pièces métalliques sur le sol. Elle sinterrompt alors, se sentant presque nue, étrange, autre
De quelques pas, la minuscule silhouette se rapproche de leau et détaille son reflet incertain, cette image diffuse qui ondule sur le miroir sombre de leau Et la brise dun caillou poussé du pied. Debout sur la berge, elle écoute le silence, sassure que personne ne descend le chemin, que seule la faune nocturne occupe lalentour avant de retirer ses bottes, ses bas De se résoudre à de défaire aussi de ses braies. A nouveau son reflet vient lassaillir. Petite chose dans sa longue chemise qui tombe jusquaux genoux et dont les pieds nus samusent du contact frais et tendre du sol moussu quelle rompt à nouveau en pénétrant dans leau.
Moins fraîche quelle ne lespérait de prime abord, elle sy enfonce lentement, la caressant du bout des doigts avant dy plonger franchement, profitant dune longue brasse sous leau avant démerger pour se laisser porter par le faible courant. Loin de la rive, la fraicheur attendue se fait sentir enfin, picotant légèrement la peau. Elle savoure létreinte, les effleurements des flots, la sensation de légèreté. Dune simplicité presque désarmante. Leau lèche avec tendresse la carcasse malmenée, les cicatrices trop nombreuses, trop présentes, ce dos qui nest plus quune plaie cicatrisée et boursouflée.
Au fil de leau sur laquelle elle flotte, Fourmi laisse son regard se perdre dans le voile obscur du firmament. Hors du temps et de cet espace oppressant qui est son quotidien masqué, la dérive se fait par delà les étoiles mourantes à léclat chancelant, lesprit ségare et oublie momentanément ce qui lui pèse. Peu à peu, le scintillement sefface et ne reste que la trame sombre à laquelle lesprit saccroche. Les yeux se ferment à demi, et elle savoure pleinement ce sentiment de flottement
Mais comme toute bonne chose qui se respecte, la réalité reprend ses droits, toujours rapidement chez la Fourmi, et elle rejoint le bord de rive en quelques brasses avant de remonter sur la berge, en pestant contre les bandes de tissu qui à lordinaire maintiennent et oppriment cette féminité trop envahissante pour elle et qui ont décidé de se faire la malle du fait du bain.
Reprenant pieds, la voici qui se tortille, une main dans entrebâillement de la chemise pour tenter de tirer sur les tissus et les récupérer pour les faire sécher. Ils finissent par atterrir sur un rocher dans un grand bruit mouillé alors quelle rejoint le rocher plat sur lequel elle avait déposé sa besace et son épée et sy assied, face à leau. La joue posée sur ses genoux repliés, elle profite encore un peu de sa pause avant de se résoudre à remettre sa tenue et repartir.