Attala
Ouf!
L'aubergiste s'essuya le front de la manche, en nage mais soulagée: elle avait craint un instant de manquer de victuailles mais avec ce que les uns et les autres avaient eu la bonne idée d'apporter, tous avaient de quoi faire bombance.
A présent, plus la soirée avançait, plus les rires et les réparties fusaient. A cause de la boisson qui coulait à flot sans doute. Les narbonnais avaient la descente facile. Certaines femmes avaient délacé leur corsage pour être plus à l'aise et les hommes n'étaient pas en reste.
Attala retroussa ses manches et termina d'apporter les desserts en évitant soigneusement de s'approcher de Jeroen...
Puis elle alla porter aux musiciens qui avaient jeté l'éponge depuis un bon bout de temps de quoi se restaurer. Ils semblaient eux aussi souffrir de la chaleur... faut dire qu'ils étaient tout près de la cheminée!
Comme promis elle leur servit une écuelle de brouet et un morceau de porc rescapé du festin.
Tenez! Pour votre peine et votre art! Mercé mais si vous pouviez... d'ici peu l'assemblée aura fini de ripailler et il se pourrait que certains soient d'humeur à danser une tarentelle ou un branle... Vous avez ça dans vos instruments? Oui? Parfait, mais restaurez-vous d'abord et pis servez-vous donc une rasade d'hypocras pasque boudiou! Qu'est-ce qu'y fait chaud ce soir!
L'été languedocien était réputé chaud mais quand même...
En quête d'air frais, l'aubergiste alla ouvrir la porte arrière donnant sur la cour et en profita pour se soulager la vessie (c'est qu'elle en avait bu des gobelets d'hypocras elle aussi!) dans les latrines situées sous l'escalier, dans la cour.
En ressortant de là, elle fut saisie à la gorge par une odeur de fumée.
Etonnée, elle regarda la petite cour plongée dans le noir, le poulailler endormi, puis leva la tête. La nuit était tombée depuis longtemps et la lune brillait.
Soudain, un filet de fumée noire qui s'échappait de l'encadrement de la porte à l'étage l'alerta.
Mon Dieu...
Sans réfléchir, inquiète, Attala grimpa l'escalier de bois et saisit la poignée en tirant la porte.
Aïe!! Non!! Par le Tout...
Sa main la brûla et un nuage noir l'enveloppa toute entière.
A l'aide...
Toussant, inhalant la fumée, la jeune femme se recula, oublieuse de l'escalier.
Le nuage noir enfla, gonfla et soudain des flammes apparurent, léchant l'encadrement de la porte.
Attala manqua la marche sous elle et dévala l'escalier. Dans la chute, sa tête heurta le rebord d'une planche et elles demeura quelques instants sans connaissance.
Puis, dans un hoquet, ses poumons se soulevèrent. Gémissant, crachant, elle revint à elle en portant la main à son front d'où elle la retira toute poisseuse.
Oh... miséricorde! Du sang...
Sa voix n'était qu'un murmure rauque. Nauséeuse, elle se redressa.
Là-haut, à l'étage, les flammes prenaient de l'ampleur, s'étiraient et commençaient à grignoter le toit. Tout l'étage était en feu...
Par Aristote! A l'aide... Au feu!
Hypnotisée, la jeune femme regardait l'incendie dévorer son auberge.
Mon Dieu...La nourrice!!!
Se secouant, elle regarda la porte ouverte sur la salle commune, tous les invités insouciant du danger qui les guettait.
Dame Rochelle... Cebyss... Messer Virgo... Lange... Lange!! Oh non!!!
Blessée, barbouillée de fumée, elle déboula dans la pièce en hurlant:
Au feu!! Au feu!!
Fuyez!! Fuyez tous!!
De l'eau! De l'eau vite...
_________________
Pffff.... bannière partie en fumée elle-aussi!
L'aubergiste s'essuya le front de la manche, en nage mais soulagée: elle avait craint un instant de manquer de victuailles mais avec ce que les uns et les autres avaient eu la bonne idée d'apporter, tous avaient de quoi faire bombance.
A présent, plus la soirée avançait, plus les rires et les réparties fusaient. A cause de la boisson qui coulait à flot sans doute. Les narbonnais avaient la descente facile. Certaines femmes avaient délacé leur corsage pour être plus à l'aise et les hommes n'étaient pas en reste.
Attala retroussa ses manches et termina d'apporter les desserts en évitant soigneusement de s'approcher de Jeroen...
Puis elle alla porter aux musiciens qui avaient jeté l'éponge depuis un bon bout de temps de quoi se restaurer. Ils semblaient eux aussi souffrir de la chaleur... faut dire qu'ils étaient tout près de la cheminée!
Comme promis elle leur servit une écuelle de brouet et un morceau de porc rescapé du festin.
Tenez! Pour votre peine et votre art! Mercé mais si vous pouviez... d'ici peu l'assemblée aura fini de ripailler et il se pourrait que certains soient d'humeur à danser une tarentelle ou un branle... Vous avez ça dans vos instruments? Oui? Parfait, mais restaurez-vous d'abord et pis servez-vous donc une rasade d'hypocras pasque boudiou! Qu'est-ce qu'y fait chaud ce soir!
L'été languedocien était réputé chaud mais quand même...
En quête d'air frais, l'aubergiste alla ouvrir la porte arrière donnant sur la cour et en profita pour se soulager la vessie (c'est qu'elle en avait bu des gobelets d'hypocras elle aussi!) dans les latrines situées sous l'escalier, dans la cour.
En ressortant de là, elle fut saisie à la gorge par une odeur de fumée.
Etonnée, elle regarda la petite cour plongée dans le noir, le poulailler endormi, puis leva la tête. La nuit était tombée depuis longtemps et la lune brillait.
Soudain, un filet de fumée noire qui s'échappait de l'encadrement de la porte à l'étage l'alerta.
Mon Dieu...
Sans réfléchir, inquiète, Attala grimpa l'escalier de bois et saisit la poignée en tirant la porte.
Aïe!! Non!! Par le Tout...
Sa main la brûla et un nuage noir l'enveloppa toute entière.
A l'aide...
Toussant, inhalant la fumée, la jeune femme se recula, oublieuse de l'escalier.
Le nuage noir enfla, gonfla et soudain des flammes apparurent, léchant l'encadrement de la porte.
Attala manqua la marche sous elle et dévala l'escalier. Dans la chute, sa tête heurta le rebord d'une planche et elles demeura quelques instants sans connaissance.
Puis, dans un hoquet, ses poumons se soulevèrent. Gémissant, crachant, elle revint à elle en portant la main à son front d'où elle la retira toute poisseuse.
Oh... miséricorde! Du sang...
Sa voix n'était qu'un murmure rauque. Nauséeuse, elle se redressa.
Là-haut, à l'étage, les flammes prenaient de l'ampleur, s'étiraient et commençaient à grignoter le toit. Tout l'étage était en feu...
Par Aristote! A l'aide... Au feu!
Hypnotisée, la jeune femme regardait l'incendie dévorer son auberge.
Mon Dieu...La nourrice!!!
Se secouant, elle regarda la porte ouverte sur la salle commune, tous les invités insouciant du danger qui les guettait.
Dame Rochelle... Cebyss... Messer Virgo... Lange... Lange!! Oh non!!!
Blessée, barbouillée de fumée, elle déboula dans la pièce en hurlant:
Au feu!! Au feu!!
Fuyez!! Fuyez tous!!
De l'eau! De l'eau vite...
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Pffff.... bannière partie en fumée elle-aussi!