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Des courtes & des brèves

Perceval_aelis
Joint avec la missive, un brin de lavande cueilli sur le chemin.

Citation:
Pardonnez mon retard.
Les 52, est un texte très genevois par essence, certains des articles n'ont jamais été appliqué par le courant montalbanais, ou même toulousain, qui prônent la convertion par le verbe et non le fer.
De ce que j'en ai compris et de ce que j'en ai pu déduire, de mes douze-ans-presque-treize pour le 43ème, il faut revenir sur le 42ème, et je me demande si ce n'est pas en rapport avec le livre IX Averroës sur les gens du Livre. La haine donc des aristotéliciens envers les gens disciples d'Averroës (je vous dirais que certains versets sont complexes pour ma compréhension).
Pour la petite histoire, Averroës n'est pas un prophète reconnu par l'église de Rome, ce qui nous a valu quelques persécutions et condamnations pour hérésies -ainsi que quelques guerres- (moins maintenant mais de mémoire et de ce que j'ai pu entendre de ma mère, avant il y avait interdiction aux réformés d'avoir des postes de comte/ impossibilité de monter une liste comtale dont les membres étaient en totalité des réformés, ingérence de l'église lors des élections comtales/municipales, postes clés dans les institutions royales strictement interdits jusqu'à il y a quelques années. Pour l'Empire, je dois répondre que ma mère ne m'a rien enseignée dessus (étant française), ce me semble, d'après mon père que ce n'est guère mieux). Pas d'indignation donc mais bien haine.
Je vous dirai que maintenant, les calotins sont devenus un peu plus mous.
Le dernier article traite un peu de ce que j'ai évoqué plus haut, la manière typiquement genevoise de considérer le droit de révolte comme un pur acte de foi.
La Religion est ainsi, à multiple facettes, il n'y a pas une Reforme, il y a autant de Réformes qu'il y a idées à débattre, de chemins à emprunter, et d'interprétation des textes.

Êtes-vous jà sur les routes ? Moi je dois me trouver un étui pour la mine de plomb, j'ai fait un trou dans ma poche et j'ai failli le perdre.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

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Perceval_aelis
Boule de plumes dodue porte le message, petit rouleau d'étroitesse scellé duquel pend, place manquant, accroché par un fil anis maintenant enchâssé dans la cire mais qui autrefois pendouillait à une oreille de géant, un morceau d'écorce de cèdre épaisse dans lequel on pourrait reconnaître, faute à un noeud particulièrement alambiqué, une tête de lion à la crinière foisonnante. Le bois sent un peu la bière, des lignes légèrement sombres accentuent la ressemblance qu'a voulu voir l'envoyeur, on reconnaîtra aussi quelques coups de canifs légers, pas bien adroits. Le pigeon est farouche et picorera volontiers quelques doigts, quelques cheveux, jusqu'à se qu'on daigne, au choix, le nourrir ou lui confier une réponse.*

Citation:
Il n'y a rien à pardonner, vraiment.

Prenez-vous les routes ce soir avec l'armée de la comtesse-qui-n'est-pas-comtesse ? Comment vous portez-vous ? Votre presque-soeur va-t-elle bien ? Enfin, écrivez-moi vous.

Nous en sommes au second jour de voyage, oui. Demain, si le Très-haut le veut, nous serons à Dié. Les paysages défilent, j'ai le corps moulu de trop monter, l'habitude des chevauchées si longues m'avait quittée. Mais il faut admettre que ça a l'avantage de me laisser estre un peu à l'écart des deux paires d'amants avec qui je fais route, de m'enfermer dans le calme plus longuement qu'en ville. Aussi mon esprit se repose un peu, mesme si c'est en dépit de mon enveloppe.
Lorsque nous faisons halte, je m'enterre dans les bosquets ou à l'ombre d'un arbre, c'est pourquoi vous trouverez, entière j'espère, de l'écorce, sans flammes dénuées de fumée je crains. La ressemblance était plus frappante dans le jeu de lumière qui perçait les frondaisons, bon. Aussi, j'ai emmené une copie -ce qui a eu l'avantage de vider ma bourse de ses derniers écus, bagage en moins- d'Averroës et la conduite, un bréviaire composé avec les prières trouvées, quelques extraits du Livre des Vertus et une copie des quatrains avec moi, les lectures ponctuent donc le reste des moments de silence. Et puisque je n'aurais pas de meilleure transition...

Je n'ignorais pas les persécutions mais l'impression m'est venue, ici, que la haine était prosnée, pas nécessairemment comme outil de conversion mais comme un outil de punition, de retribution, de correction d'un état de fait anormal, cet accaparement inégal de richesses. Je ne comprends pas toujours, aussi, le dédain pour les papistes dont quelques genèvois semblent faire preuve. Vous n'y estes pas étrangère je crois, si l'on considère la réticence exprimée quand j'ai partagé ma destination prochaine ? J'ai mémoire aussi d'une helvète, au demeurant sympathique, qui avait ouvertement rit au nez d'une de mes compatriotes quand elle avait conté sa foi, bien qu'elle l'ait questionné sur la sienne en toute quiètude. S'il n'est pas incongru d'estimer que vous détenez plus qu'eux la vérité, de refuter leurs façons point par point, je doute qu'une conviction vienne dans la violence, de manière générale. J'entends que cela puisse estre en réaction à celle subie, mais je doute fortement de l'interest de la chose.

Il n'y a pas d'autres textes, particuliers à d'autres mouvements de la Réforme peut-estre, qu'il serait intéressant de connaistre ?

Prenez soin de vous,

Le géant.


N. B. : Vous voyez qu'on en sera venus aux noms de code. Espions, vous dis-je !


*Préambule appartenant aussi à l'expéditeur
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Perceval_aelis
Retour de la boule de plumes, peut-être un brin effarouchée, quelques fils cuivrés enchevêtrés à ses pattes.

Citation:
Oui, nous y voilà en mode espion, en plis secrets scellés et noms de code pour toute signature, j'y prends sûrement moins de goût que vous mais je mentirais à dire que cela me déplait.
Au delà de cela, il n'y a guère d'espionnage à escompter en lisant nos courriers, les contres-espions (ça se dit ?) vont être fichtrement déçus en tombant sur nos missives.

Croyez-vous au dessein de Déos ? Pensez-vous que nous sommes tous une pièce unique d'un puzzle géant dont nous ignorons la finalité et dont nos présences sont essentielles pour en achever l'image ?
Ma mère en était persuadée et parfois j'envie son infaillible foi en son devoir, en son dévouement aux causes qu'elle estimait juste.
Comment peux-je me montrer digne des attentes que l'on a de moi ?
Avez-vous aussi ce genre de pensées ? Ou bien est-ce une particularité liée à ma personne ?
J'avoue, les voyages me sont propices à des introspections, à des questionnements sur mon devenir même s'il semble jà tout tracé par mon nom et par mon sang.

Sur notre dédain envers les romains, je ne puis ni réfuter ni affirmer en un sens ou un autre, je suis fort mal placée pour émettre un avis. J'ai toujours baigné dans cette inimitié et l'on m'a toujours enseigné à me défier des papistes, pas réellement du croyant de base mais des prélats, de ceux qui s'abrogent le droit d'avoir autorité à ce qui est bon de croire ou ne pas croire. Ce qui nous est agaçant est peut-être que le croyant lambda va à messe, annone des prières sans chercher plus loin que ce que disent leurs prêtres, il cèdent à l'acédie, ils ont la foi passive.

D'autres textes ? Il y a bien le code spirituel ainsi que les principes essentiels (les Solas) qui se rapportent à la théologie du courant montalbanais (repris en plus allégé par le mouvement toulousain, un peu moins rigide), il paraîtrait que c'est mon propre grand père qui a fondé ce code et ces principes. Je l'ai jamais connu, ma mère était d'une rancune trop tenace et lui gardait une fort mauvaise dent contre lui.

Je prends route ce soir pour Genève, dès que nos chevaux seront prêts.
Je puis vous confier une chose ? Vous lire est un exquis plaisir, tant est, que parfois je le crois interdit.
Soyez remercié de votre présent, il est à votre effigie, surprenant, magnifiant l'imaginaire, quelque chose tenant du brut et du délicat à la fois, une sorte de quatrain qui me cèle son mystère.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

P.S. : Votre pigeon, il ne m'aime pas ! C'est la bête du Sans-nom, ou bien il est papiste !
Je l'ai averti, la prochaine fois, il passe à la casserole, j'en fais du pâté ! Et bien il a pas aimé, et m'a volé une touffe de cheveux, j'ai quand même réussi à vous envoyer ce message (oui, dans la logique si vous me lisez c'est que j'y suis arrivée). Je tâcherai d'avoir toujours des graines sur moi, ça m'évitera de courir en tout Annecy toute échevelée poursuivie par un pigeon complétement cinglé.
Passons là ce menu détail, on ne m'y reprendra pas. Désormais du grains dans la poche il y aura.

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Perceval_aelis
Citation:
Qui sait ? Je suis certain qu'ils appréciraient nos échanges... Mais pas autant que moi, certes.

Je suis navré du manque de savoir-vivre de Vinçu -ça se dit Vinchou, quand il est de bonne disposition, il reconnaist son nom-. Il se calme un peu lorsqu'on lui siffle des choses doucement, aussi, mais sinon, il est invivable, oui. La nourriture le calme mieux que tout autre chose, cependant, gardez de quoi le satisfaire, c'est plus sage ! Pas une histoire de quantité, je crois qu'il aime sentir que son travail est récompensé. Sachez cependant que c'est un compagnon fidèle et qu'il ne rechigne jamais à remplir une mission. Donc si vous pouviez éviter de le transformer en terrine de volaille, vraiment, j'apprécirai.

Oui, je crois au dessins, fatalité, destin, je ne sais comment le nommer, mais oui. J'ai toujours pensé, mesme mauvais croyant, que nous faisions, tous, parti d'un plan recherché, que nous devions croiser la route de certaines personnes, à certains moments, que nous avions tous quelque chose à accomplir, une fonction à remplir, de la plus humble à la plus grandiloquente. Et nous ne pouvons, je crois, que rarement voir cette grande trame, dans laquelle nous ne sommes tous que des brins tissés, comme vous le décrivez bien. Maintenant, je crois que cela n'a pas tant à voir avec notre sang, notre nom, les espoirs que les autres mettent en nous, ni rien de tout cela. Notre naissance peut influer ou pas, je crois que le destin est plus lié à une sorte de vocation, ou d'appel qui vient de l'intérieur, il n'a rien de congru, de planifié par l'Homme. Il est plus dans les choses qui nous attirent inexorablement ou le hasard. Dans le fortuit. Dans ce qui n'était pas prévu mais qui arrive tout de mesme. Dans les coïncidences.

Bien évidemment, ce n'est là que ma vision, celle d'un profane qui n'organise jamais rien et pire, qui reçoit toutes ses meilleures perles de vie dans l'imprévu. Je suis biaisé, nécessairement. Donc faites-en ce que vous jugerez bon d'en faire, j'ai foi en votre jugement et en votre jugeotte, chère huguenotte. Mais oui, je me demande aussi quelle est ma place, ma voie, que suis-je supposé faire, penser, croire, où et avec qui. Je doute que cela se résolve totalement un jour, le doute est ancré dans nos chairs par essence et il est absolument nécessaire, il n'y a que dans les certitudes idiotes et absolues que nous commettons les pires bestises. La remise en question, la réflexion continue, sur nous, les autres, est une base primordiale. Du moins, je le crois.

Peut-estre que mes anormalités, également, cultivent un peu trop le doute et les questionnements, bon, prenez ce que je vous écris avec précautions, je vous prie.

Aussi, non, ce n'est pas quelque chose qui vous est particulier. Je ne sais, après, si tout est écrit jusque dans le moindre détail ou si les fils de la toile sont plus lasches. Si il n'y a que certains points de notre existence qui sont déjà solidement cousus et que le reste nous est dévolu. Et cela pose d'autres questions : pouvons-nous passer à costé de notre destinée ? Est-ce ça qui vous effraie ou est-ce vraiment la crainte de ne pas estre à la hauteur ? D'estre en-deça des espoirs que vous portez ?

Vous avez écrit abrogent, mais j'imagine que vous vouliez écrire arrogent. Oui, je comprends un rien mieux cette sorte d'agressivité ou de mise au défi latente quand elles sont dirigées vers les faiseurs et pas vers les ouailles. Vous estes pertinente dans votre explication, le manque de réflexion est effectivement agaçant mais, si vous y regardez bien, cela arrive quand rien n'a mis un éclair pour débuter la réflexion sur notre route. De toute évidence, vous estes le mien. Et puis, notez aussi que beaucoup de gens ne réfléchissent jamais à grand chose. C'est effrayant, l'incertitude. C'est effrayant, les questions sans réponse certaine et bien carrée. C'est effrayant, d'estre seul face à son propre esprit. Aussi, je vous recommanderai bien -quoique je n'ai aucun droit de le faire, je vous l'accorde- de ne pas estre charitable que par la bourse, mais aussi par le coeur, envers ceux-là, qui seraient peut-estre mille fois convertis pour peu que la lumière les atteignent, et qui méritent au moins le bénéfice du doute.

Rancunière, votre mère ? C'est un trait dont vous avez hérité, vous pensez ? Et je m'en procurerai une copie, quand serons arrivés, ça ne doit pas estre si dur à se faire envoyer.

Je crois que la réclusion à laquelle je m'astreignais était en fait nécessaire : j'ai croisé ce matin Jeanne, l'échange fut désolant. Recevez donc ma reconnaissance sincère pour ce que vous me donnez à lire, à réfléchir et à écrire.

Et confiez donc, sauf espionnage, vos secrets sont saufs. Mesme, et voyez comme l'amnésie à quelque chose de pratique, je peux effacer à l'encre des parties de vos lettres, ou ne pas noter quelque chose que vous m'auriez dit dans mon carnet, et cela retombera, à priori, dans l'oubli au bout d'un temps. Pour le meilleur et pour le pire, mon oreille peut estre un vrai tombeau.

Sachez que le plaisir est partagé, vraiment, mais il faudrait que je vous prévienne, si vous n'y estes pas habituée, que les échanges épistolaires ont parfois quelque chose de trop émouvant, qui fait que l'on est ravi de choses qui nous feraient un effet moindre dits avec la voix. Le contraire est aussi très vrai, mais, voilà : vous savez.
Et j'ose espérer, tout de mesme, qu'il n'y a rien d'interdit dans le plaisir pris et donné ici, au contraire, bien que je saisisse ce que vous entendez par là, toutes les bonnes choses ne viennent pas avec un sous-ton de mal si on en abuse. Ou, et c'est possible, je ne suis pas assez versé dans l'art de reconnaistre le péché.

Garde à vous,

Jehan.

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Perceval_aelis
Cette fois la volaille le ramier semble un peu plus serein, moins courroucé. Noué à sa patte en signe de paix, un mince ruban noir qu'elle a l'habitude de porter à ses cheveux pour en aboutir sa longue tresse et qui accompagne la missive.

Citation:
Garde à moi.

Finalement, les oiseaux vivants ce n'est pas si mal quand on sait si prendre, mais je préfère les morts, ils sont plus conciliants.
Même si je siffle faux, il a bien aimé l'air de notre profession de foi " La Réforme, la Réforme, si c'est un rêve, je veux rêver... " oui-da, j'aime bien la fin.

J'aimerai bien qu'à révéler mes secrets vous en révéliez les vôtres.
De votre famille, des prémices de votre vie je ne sais rien. Et de vos frères et de votre père que vous aviez évoqué ?
Où sont-ils, que font-ils ? Sont-ils aussi en Savoie, est-ce avec eux que vous avez appris le métier de meunier ?
Moi, je ne suis qu'une fille et une cadette avec le devoir d'un aîné, puisque ce dernier a déserté toute forme de tâche liée à son sang.
Un jour, mon père me choisira un mari, dont la maison deviendra alliée à la nôtre.
Ce n'est pas mon choix mais par devoir je m'y plierais, parce que le bien commun prime sur le bien-être individuel. J'y suis préparée et y suis prête.
C'est peut-être pour conjurer un peu ce destin tout fait que je souhaite me montrer à la hauteur, partir en Valachie et prouver que je ne suis pas qu'un ventre à féconder, qu'un nom et un sang à lier.
Peut-être pensez-vous que je devrais me révolter contre cela, parfois j'y pense mais pour l'heure mon paternel n'y réfléchit pas trop (ou il ne m'en a rien confié).

Vous parlez de vos anormalités, oui j'ai tiqué là dessus et je me suis demandée si le terme était approprié.
Parlez-vous de votre stature ? Vous êtes géantin il est vrai, mais vous avez terminé votre croissance non ? (contrairement à moi) ou bien vous me celez d'autre chose ? Qui ne sont peut-être pas visible ? Dites le moi si vous le souhaitez, je ne suis pas une espèce très causante et si cela est un secret, je le garderai au fond de mon coeur et de ma mémoire jusqu'à mon dernier souffle, car la mort délie de tout.

Oui j'ai écrit abrogent au lieu s’arrogent, en même temps j'ai écrit rectangulaire, alors que je pensais triangulaire, parfois la main fait défaut à l'esprit, vous avez bien écrit dessins, au lieu de desseins. Ou bien était-ce bien dessins à quoi vous pensiez ? Nul n'est infaillible hormis l'Unique.
Que vous a fait Jeanne qui fut désolant ? N'oubliez point que c'est une femme malade qu'il la faut curer avec patience et pardonner cet échange.

Et des échanges épistolaires vous en avez parfaitement raison, ils sont émouvants, peut-être parce qu'il reste une trace que l'on peut picorer lorsque la solitude vient grignoter l'humeur pour la rendre morose.
Mon pli est court, j'ai à faire meshui, je dois me renseigner sur le départ (je ne compte pas trop sur mon paternel pour cela, il est nul en organisation !)

Je ne suis pas rancunière, nenni, je suis juste " peu oublieuse " lorsqu'on me blesse.
D'ailleurs si vous demandez à un huguenot s'il est radin, il vous répondra que non, il est simplement "précautionneux de sa pécune ".

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

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Perceval_aelis
Citation:
Il doit vous avoir prise en affection pour avoir supporté l'enrubannage sans broncher. Je lui laisse la décoration, vous admetterez que ça lui va bien aux plumes. Votre chevelure s'est remise, j'espère, de l'agression ?

Mes secrets, mes cieux.
Bien.

Comme je vous l'écrivais, ma mère est morte lorsque j'étais encore bambin. Mon père n'avait aucune fibre parentale dans son estre, aussi nous a-t-il élevés, mes frères ainés et moi, en futurs travailleurs, en bouches qui devaient se nourrir elles-mesmes le plus rapidement possible. Je dis était mais je n'ai aucune certitude. Des mes yeux, il est mort. Mes deux frères, partis l'un après l'autre du foyer pour trouver épouses et situations, ont entretenus quelques temps des relations que j'oserai qualifier de solidaires avec moi. Mais une fois la rupture de foyer consommée, les choses ont changé. Aujourd'hui, nous n'avons plus aucun contact.

Mes métiers, meunier, boulanger, je les ai appris de mon père et du paternel d'un ami revenchard, dans mes années formatrices. Ils m'ont nourri, comme occupation, mais je ne les ai jamais beaucoup aimé, bien que les moulins me fascinent toujours.

Voilà. Je ne suis pas bien né, et puisque mes ainés sont allés répandre notre nom et ont, j'ose leur souhaiter, des descendances propres, je suis libre de toute charge, ou, du moins, je me considère sans mal comme tel.

Pourriez-vous m'en dire plus de ce frère et sur vos relations avec lui ?

Mon amie, je ne pense rien. Ou du moins, je ne me permettrais pas de plier en un sens ou dans l'autre. Il n'y a, je crois, que peu de situations qui sont avilissantes ou peu souhaitables en tout contexte et pour tous, vous voyez ? Tant que vous trouvez à éclore malgré -ou grasce- ces charges, ces limitations, ces choix extérieurs, il n'y a point de quoi inviter à une révolte. De plus, je ne vous connais encore pas assez pour me permettre des conseils à ce sujet, si vous en doutiez.
Ceci étant posé, je me permets tout de mesme de voir une minuscule dichotomie entre ce que vous évoquez : d'un costé, le fait que vous soyez preste et de l'autre, l'envie de conjuration. Votre situation me paraist encore reconciliable, rien de vous oblige à vous cantonner à une fonction qui ne vous convient pas. Dans une certaine limite, nous avons tous la capacité de réinventer et de repousser les frontières qui nous sont imposées ou que l'on choisit. Vous pourrez donc, il me semble, estre épouse sans n'estre que ventre, ou estre à marier sans estre chose promenée en litière et couvée.

Mh, certaines sont visibles, d'autres moins. Ma croissance est, j'espère, oui, terminée maintenant, bien que j'ai pris encore un pouce il n'y a pas deux étés. Mon manque d'envie de former une famille, voir ma possible incapacité à le faire, fait partie des invisibles. Avec, très liée d'ailleurs, ma presque impossibilité aux contactes physiques mesme assez simple. Ma mémoire impossible, aussi. La liste est longue, soit, je suis plein de tares.

Je pensais à desseins, oui, et mes doigts ont manqué de tracer une lettre, soit. Ma remarque tendait surtout à justifier une éventuelle malcompréhension de ce que vous m'écriviez, je ne pointais pas une erreur avec un sous-ton de reproche. Et, je dois dire, il me serait pénible que vous soyez infaillible, c'est souvent dans les aspérités, les failles des autres, que s'accrochent nos affections, je crois.
Elle ne m'a rien fait, c'est sa conversation qui tombe. Enfin, les nostres, je ne la fustige pas, nous manquons juste de compatibilité mentale, Elle pense les gens comme des livres que l'on parcoure puis que l'on abandonne, lassé, alors que je les vois, enfin ceux qui attrapent mon intérêt, comme des entités dont on ne connait jamais toutes les facettes et qui donc, sont une source quasi inépuisable d'étonnement, de découvertes... Passons.

Oui, mais on pourrait arguer que toute conversation, pour peu que l'on ait une mémoire en ordre, pourrait avoir ce mesme potentiel émouvant, pourvu que l'on se repasse mentalement le souvenir. Alors que pas tout à fait... Est-ce le support physique ? Est-ce l'absence d'interlocuteur devant soi qui pousse à une autre langue, à des révélations ? Est-ce le fait que la lecture soit un moment condensé ? Je ne sais, mais c'est différent.

Dites-moi si le trajet fut bon, et en vous dénuant de vous euphémismes huguenots, alors !

Garde à vous,

Votre Jehan.

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Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi.

Je crois bien que graines et caresses y sont pour beaucoup dans notre apprivoisement mutuel. Puis un pigeon, c'est toujours plus aisé pour la communication qu'un humain.
Mes cheveux se portent bien mais il se peut que je les coupe pour plus de facilité. Je verrai plus tard ce qu'il en sera.

Vos cieux, vos cieux, vous dites toujours cela, ce sont mes cieux aussi dites !
Soyez partageur avec votre huguenote amie.

Vous êtes bien chanceux d'avoir un métier, de savoir quoi faire de vos mains, je vous envie. Point que le métier de boulanger ou de meunier m'attire, non, il est juste louable, il nourrit des gens.
Moi, je n'ai rien appris, enfin rien lié au manuel, ni même artistique, d'ailleurs je ne suis pas douée pour ce genre de chose.
A Genève on m'a enseignée l'écriture, le français, le calcul, l'exégèse des principaux textes religieux, l'anatomie, un peu de médecine théorique (très théorique !), à bien monter en selle, par contre je ne sais ni faire de pain, ni sculpter, ni cultiver, ni m'occuper des bêtes sauf si c'est un canasson, un chien ou une fouine (et apparemment même les pigeons vivants à présent), ni coudre, ni rien.
De toute apparence, une inutilité, peut-être finirais-je comme mère, ministre du culte réformé dans un coin paumé avec quatre ouailles trois quarts quand elle ne menait pas bataille.

Christos-Louis, c'est.. hmm.. comment dire. Un frère courant d'air, un nom apposé sur l'arbre généalogique, de mémoire je ne l'ai jamais croisé. Autant j'ai pu croiser une fois Guise-Eusaias, mon tout grand aîné issu d'une autre union, un grand roux dégingandé qui doit avoir votre âge. Nos relations... simplement le néant. Je ne sais ni mot ni miette de lui, d'eux. Je serais bien en peine de vous raconter quoi que ce soit de leur vie ni même assurée de leur santé.
Au moins votre père a essayé de vous élever, le mien s'est contenté de m'envoyer chez le pépé genevois, comme si ma seule présence lui était insupportable. J'étais son encombrante.

Pour ce qui est de votre "manque d'envie de former une famille " je vous cite, y-a-t-il un rapport avec le fait que vous n'ayez jamais eu d'aimée (oui amoureuse, ça fait niais) ? Je pensais, peut-être à tort que vous ne goutiez pas à cette envie frénétique qu'ont certains à se trifouiller la glotte avec la langue, voir autre chose de plus dégoutant que j'ai malheureusement pu observer en entrant une fois en taverne (et si c'est comme cela que l'on conçoit les enfants, je n'ai vraiment, VRAIMENT, pas envie d'accomplir ce genre de devoir !).
Comment pouvez-vous vous croire dans cette incapacité ? Est-ce une conviction profonde ou bien est-ce physique ? Est-ce une chose que je pourrais voir, ou bien est-ce logé trop indécemment ?
Et cette incapacité à supporter les contacts physiques, qu'est-ce à voir ? J'ai peut-être le même mal que vous ? J'ai toujours cru que c'était chose naturelle, la seule personne qui puisse me toucher sans que cela provoque un vif rejet se trouve être Minah et... juste Minah en fait (sauf si les animaux comptent, crevés ou vivants).
Ma mère aussi... mais ça, c'était avant.

Et votre mémoire, je l'ai trouvé plutôt vive, ou est-ce le fait qu'elle soit effroyablement infaillible, jusqu'au moindre petit détail ? Sinon, vous avez réellement bien su faire illusion.
Voilà, je m'inquiète, je m'emballe, je vous embarrasse, stupide que je suis et bientôt vous aurez à regret de m'avoir fait fiance.
En ce qui concerne les autres "tares" je me demande si vous n'exagérez pas un petit, je ne vous ai pas trouvé vilain, ni borgne, ni boiteux, ni manchot, ni lépreux, ni galeux, ni prétentieux, ni cul de jatte, vous n'êtes même pas chauve !
En ce cas là j'ai mes tares aussi, rousse, trop grande, trop maigre, pas assez enjouée, pas assez formée, trop de dents, le nez trop petit, la bouche trop grande (pour ce que je cause), mains trop longues, jambes qui ressemblent à rien...
Et si vous avez des tares, je les aimerai tout pareil voilà !
Comme vous le dites c'est dans vos aspérités que je m'affectionne.

Dieu m'est témoin, et même Vinçu, vos lettres sont... enfin... vous lire c'est... certes, un plaisir... mais aussi, très compliqué à expliquer, un peu comme lorsque vous avez signé "votre" Jehan, c'est ridicule, j'en fais de même, néanmoins je ne savais pas l'effet que pouvait avoir ce petit mot, cette sorte de particule d'appartenance.
En bref, avec vous je m'égare encore, je me disperse (et c'est votre faute), ne réponds que partiellement à votre lettre, vous pose mille questions intrusives, dérangeantes.
Me supportez-vous encore ?

Pour le trajet, un ennui sans fin ! J'avais plus de conversation avec votre pigeon qu'avec mon père.

Déos vous veille.
Votre dévouée Abeille.

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Perceval_aelis
Citation:
Père,
Il suffit de tergiverser, il faut trancher.
Partir ou rester. Mon choix est fait, j'irai.
Seule ou avec vous, de toutes les manières, avec Minah.

Perceval

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Perceval_aelis
Citation:
Je suis navré de vous le dire, demoiselle, mais vous estes d'un bordélique sans nom.
Rassurez-vous tout de mesme -ou ne vous rassurez pas, je vous laisse libre du choix-, je vous supporte encore très bien, oui, ne regrette rien, non et votre missive-fleuve-de-questions m'a assez fait sourire. Je préciserai, au cas où, que vous n'estes pas obligée de me répondre dans la journée mesme où vous recevez la visite de Vinçu, ni dans les deux jours, ni dans les trois... Enfin, prenez votre temps, je saurais estre patient. Et puis, vous répondez à ce qui vous arrange le mieux, je serai prest à le pariez, ne croyez pas que je ne vois pas clair dans votre jeu, vous estes démasquée !

Nos cieux -voyez, que je suis partageur-, apprivoisement, nous en sommes là ? Il a presque l'air de meilleur humeur quand il me revient de vous, je dois admettre.
Pour la chevelure, je ne suis pas très au fait de ces choses-là, mais n'y a-t-il pas quelque rapport entre la longueur et la féminité qui fait qu'une jeune fille de famille doit les garder longs ? Comme si cela faisait partie d'une sorte d'apparat ? Non ?

Vous avez encore tout loisir d'apprendre et, il me semble, vous n'aurez pas nécessairement besoin d'apprendre ces travaux et d'user vos mains, justement. Si ce que vous avez appris vous sied, vous pourrez très bien devenir un grand médecin ou une grande... éleveuse de fouines... ? Bon, je ne sais pas, mais de toutes façons, admettez que vous semblez avoir une attirance pour l'action et la bataille et que, peut-estre, physique formé, cela vous suffira.

Vos parents avaient un amour des prénoms composés, je lis. Vous n'estes pas curieuse d'eux ? Ou eux de vous ? Bien que j'imagine sans mal comme un benjamin n'intéresse pas souvent ses ainés, j'imagine que nous sommes un rien semblables sur ce point.
Nous élever, ce serait beaucoup dire, et penser qu'il avait beaucoup de choix aussi. Mais, il vous y a envoyé pour que vous soyiez bien apprise, n'est-ce pas ? Il s'inquiète de votre avenir, je présume.

Bien, dans l'ordre...

Oui, il y a un rapport. Faisons tout de mesme la distinction entre "avoir" une bien-aimée et aimer. La dernière chose m'est arrivée, sans que cela me fasse rever à famille et enfants, pas plus que cela ne m'a donné envie de visites de glotte ou de conceptions. Je ne sais ce que vous avez vu exactement, mais, je dois confirmer, cela ne m'a pas l'air estre une façon bien enviable de se multiplier bien qu'il faille admettre que tous les adeptes de la chose que j'ai pu croiser semble ne pas pouvoir envisager une vie sans.

Pour ce qui est de l'incapacité, je ne suis pas certain qu'avoir ce genre de conversation avec vous soit bien convenable mais, si je ne m'abuse, pour accomplir le dégoustant qui mène à l'enfant, il faut qu'au moins la partie masculine de la paire de parents en devenir ait envie. Vous voyez le souci, admettant que la dite envie me soit inconnue ou presque, il y a grosse impossibilité, me semble t-il. Il n'y a donc, je crois, rien à voir.

Il faut estre en contact intime pour concevoir, quand une main sur un mollet ou sur un bras me retourne déjà les entrailles, il me semble qu'il y a à voir, un peu. Et, je ne sais ? Il y a des gens qui ont besoin du rassurant de la chaleur des autres pour bien vivre, de ses marques d'affection du corps, et vu leurs nombres, j'en ai conclu que ceux qui ne le supportaient pas étaient les anormaux. Ce n'est pas illogique, si vous regardez, nous sommes fait pour nous multiplier, donc pour nous toucher, donc si nous n'y sommes pas enclins... Enfin, vous estes encore jeune, le goust vous viendra certainement, ne vous inquiètez donc de rien. Et puis, juste Minah, ça fait déjà Minah, donc une personne, alors, voyez, vous devez estre de ceux, plus raisonnables, qui ne tolèrent que le toucher de ceux pour qui ils ont une affection particulière. C'est sain. Je crois. Passons.


Ma mémoire. Elle s'étiole sur des semaines, parfois des mois, cela dépend, mais je dois consigner les épisodes de ma vie, les noms, tout ce que je veux retenir, sur un carnet, sinon, tout finit par disparaître entièrement. il n'y a guère que mon enfance qui reste vive.

Dans le physique, je me contente d'estre imberbe -ce qui fait de moi un moins-qu'homme, si j'ai compris-, estre chauve serait donc redondant, et je porte les stigmates d'une maladie longue qui m'a frappé dans l'été. Et puis, j'ai un trou dans l'oreille. Quoique je dois admettre bien l'aimer.
Ce n'est tare, d'estre rousse, surtout vu les flopées que l'on croise. Bien que je trouve la couleur presque odieuse sur la plupart des hommes, c'est toujours beau sur les testes de femmes, plus que les chevelures brunes qui font un peu... sombre, sale, je ne saurais dire.

Je défendrais bien tout le reste, mais je crois que nous ne sommes jamais bien satisfaits de nos corps. Le vôtre a encore du chemin à faire, les choses des femmes auront tot fait de vous enlevez la maigreur et, bien que j'y regarde rarement, il me semble que vous n'aviez aucun problème de proportion si flagrant, bon.

Ce n'est pourtant pas faux, le votre. La mesme histoire de facette dont je vous ai assomée au dernier pli. J'ai un visage qui n'existe, et n'existera probablement, que devant vous. Il ne me semble donc pas déplacé d'admettre que la dite facette vous appartient, au moins en partie.

Et soit, j'accepte la faute, mais remarquez que vous estes profondèment injuste, voilà.

Quand partez-vous pour le Grand est ?

Garde à vous,

Votre Jehan.

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Perceval_aelis
Citation:
Padre,
Je pars en Savoie quelques jours et quand je reviens, que vois-je !
Ô rage, Ô désespoir ! Ma lecture journalière est annulée !
Deux lectures par semaine ? Pourquoi cet abandon ?
Amicales huguenoteries.

Perceval


Puis on lui apporta un pli à l'écriture alambiqué du paternel.

Citation:
Il ne me semble guère que partir ou rester soit la question posée.
Je crois plutôt qu'il reste surtout à savoir quand, et comment.

_________________
Perceval_aelis
Citation:
c'est bien malgré moi, ma chère enfant, je vous prie de le croire !
Figurez vous que le jour où les prières désignent le nouveau lecteur, il faut vider entièrement son bureau, pour le nettoyer de fond en comble pour le successeur, et ce même si le successeur n'est autre que soi même ! Du coup vendredi, jour de ma désignation comme mon propre successeur, je n'ai pas pu préparer la lecture du soir, ni demander à ce que la lecture suivante passe au samedi .... et comme on ne peut changer de jour qu'après la prochaine lecture, nous voici contraints d'attendre après demain pour reprendre les lectures journalières.
Bien à vous
Stanislas


Citation:
Merci Padre,
Voilà qui m'éclaire et ce fut fort instructif.
Amicales huguenoteries.

Perceval

_________________
Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi.

Est-ce un trouble de ma vision ou nos lettres se transforment en roman au fil du temps ?
La confiance entre nous lentement s'est tissée, et j'aime à savoir ou me prends à espérer que nous ne pouvons et ne voulons rien nous cacher.
Pis pour vous répondre, je suis bien ordonnée, sauf dans mes idées ! Et le bordel(ique), pour parler franc, c'est un lieu de prostitution (encore une chose que je ne comprends pas trop), n'allez donc pas faire un parallèle avec ce que j'ai dans ma tête.

Vinçu a l'air de m'apprécier, il est plus calme en tout cas, et attends patiemment que je lui remette son pli, peut-être quand la distance sera plus grande, il m'en voudra à nouveau.
Le départ est pour bientôt, les lances intégreront prochainement l'armée de ce Prince et nous prendrons route immédiatement après.

Pour ma mère, elle n'avait pas un goût particulier pour les prénoms composés, elle avait juste un goût étrange pour les prénoms à porter comme telle une pénitence. Ma défunte première soeur s'appelait Ciguë, et l'entièreté de mon aîné se trouve être, Guise Eusaias Maximilien, je suis bien lotie dans le tout, je n'ai finalement qu'un nom de garçon. J'aurais pu m'appeler Aconit, ou avoir deux noms de rois, pire partager le nom d'un prophète.
Le deuxième prénom a été imposé pour Christos et moi, par mon père, tant imposé qu'il arrive en deuxième. C'est qu'elle avait du caractère ma mère.
Une impérieuse comme jamais je ne saurais être.

Les cheveux ? Un apparat ? Vous savez bien que pour nous, huguenots, réformés, ce n'est pas mot à dire.
Nous fuyons toute ostentation, ça serait pervertir nos esprits à des choses futiles que de s'attacher à l'apparat et ainsi se détourner de nos vrais devoirs de croyants.

J'apprends donc au détour d'une phrase, que vous avez aimé. Hmm... (oui je bruite ma pensée, je hmmm donc)
Est-ce à dire que vous avez été aimé, ou bien que vous seul avez aimé dans un sens unique ?
D'ailleurs, comment sait-on qu'on aime quelqu'un ? Qu'est-ce que cela fait ? Est-ce que ça peut faire mal ?
C'est obligatoire ?
Et comment peut-on savoir si quelqu'un nous aime ? Il est forcé de nous le dire ? On peut le voir ?
J'avais demandé une fois à Minouche... je n'ai pas eu de réponses très clairs, les quelques chopes vides abandonnées devant elle, ne lui ont sûrement pas aidé à me fournir une explication appropriée.
Je ne sais même pas si elle a déjà aimé quelqu'un, enfin, je veux dire un garçon, un "aimé", j'ai un peu du mal à me l'imaginer.

Pour vos... explications sur votre... incapacité, je crains de ne pas vous comprendre, je ne dois pas avoir toutes les données sur le sujet, ça doit toucher à des choses de l'anatomie dont je n'ai pas encore pris connaissance.
J'ai mes limites dans mon savoir.
De même et de ce que j'en ai vu, je trouve la technique de procréation un peu barbare (si tant est que l'on doive faire comme ces gens que j'ai vu qui, la Dieu merci, avaient quelques étoffes pour masquer le gros de l'affaire), les textes nous disent " Lorsque deux êtres s’aiment d’un amour pur et qu’ils souhaitent perpétuer notre espèce par la procréation, Dieu leur permet, par le sacrement du mariage, de vivre leur amour. Cet amour si pur, vécu dans la vertu, glorifie Dieu, parce qu’Il est amour et que l’amour que les humains partagent est le plus bel hommage qui puisse lui être fait.".
Vous ne m'ôterez pas de l'idée que mariés ou non, ces deux créatures ne versaient aucunement dans la vertu.
Vraiment ? Ces choses sont obligatoires ? Cela me retourne un peu l'esprit.
Je ne veux plus grandir, ni devenir femme. C'est moche, moche, moche tout ça ! Oui trois fois moche !

J'y pense ! Je vous ai un peu effleuré l'autre fois, vous ai-je retourné les tripes ? Je m'en excuse, je ne savais pas, je n'en suis pas à ce point, je fuis juste les contacts avec soin.

Dites ? Avec cette mémoire défaillante (moi c'est l'inverse, je me rappelle de trop de chose, c'est pour ça que c'est en chenis dans mon esprit) vous vous souviendrez de mon visage ? Faut-il le faire peindre sur un médaillon en émail et vous l'envoyer ?
Que vous puissiez au moins me reconnaître à coup sûr sans vous demander ce que cette gigue rousse a à vous sourire bêtement.
Croyez-vous que c'est une maladie ? Vous n'allez pas mourir, hein !
Je ne donne pas mon accord, il vous est strictement interdit de mourir sans mon autorisation alors que je serais occupée à tuer quelques Khan... Khan... Khanards ?
Si vous mourrez, je viendrai vous déterrer de mes propres mains et je vous empaillerai, pis je vous épouserai !
Han ! Me traîner un mari mort empaillé ! C'est trop une idée de génie afin de ne pas faire tous les trucs dégueux décrits plus haut. Pis vous, vous serez mort de toute façon... vous vous en ficherez.

Je dis n'importe quoi ! La fatigue sûrement, l'impatience aussi me gagne, je suis comme fébrile de ce départ et puis vous me manquez, les idées ne se bousculaient pas dans ma tête à cette allure lorsque nous partagions un instant de visu.
Voyez, c'est encore de votre faute et je vais encore être injuste !
Vous n'aviez qu'à venir avec moi, vous auriez fait un parfait bouclier pour ma personne.
Et après, je vous aurai empaillé, et épousé !

Donnez moi de vos nouvelles, même si je vous ai assommé de mes enfantillages.
Pardonnez-moi tout comme je pourrais tout vous pardonner.

A Déos je vous mets en veille
A mon Jehan de sa dévouée Abeille.

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Perceval_aelis
Citation:
Vous augmenterez la proportion de graines, quand les distances s'allongeront, avec un peu de repos je suis certain qu'il ne verra rien à redire. Mais je comprends mieux pourquoi il a l'air de s'agiter dés qu'il me voit écrire... Ou est-ce un effet de mon imagination... Soit.
Petits romans, je vous prie. Mais je nie tout en bloc, navré : c'est votre vision, oui.
Mh, certes, mon terme était mal choisi, mais, vous ne m'en voudrez pas si je ne tente pas de vous l'expliquez, la prostitution, j'espère. Déjà, je ne suis pas certains de saisir et puis il semble que ce soit une question de désirs particuliers voir de dextérité que j'aurais bien du mal à tenter d'exposer.

En confiance, je m'empecherai d'estre catégorique, mesme si effectivement, je n'ai pas le sentiment d'avoir à vous cacher quoique ce soit, ni la volonté de le faire, il se peut que ce soit nécessaire à un moment.
Comme sur la question de lacunes anatomiques. Et puis je serais fort mauvais précepteur sur le sujet, de toutes façons.
C'est étrange, admettant que votre patronyme vous charge déjà les épaules d'un poids, pourquoi en ajouter par le prénom ? Remarquez que cela pourrait estre comme une façon d'influencer les dispositions de l'enfant tout juste né.

Et du peu que j'ai vu de vous encore, votre caractère semble assez affirmé pour que vous n'ayez rien à envier, ce me semble.

Apparat de son sexe, ça ne marche pas non plus ? Soit. Il faut que je vous demande, d'ailleurs, il me semble que dans les écrits, quelque part, il y a plus qu'une référence à l'égalité et la complémentarité de l'homme et de la femme, pourquoi donc, vous, parce que vous estes bien née, ne devriez estre plus qu'un ventre sur pattes une fois épousée, en conséquence ?

Bruitez donc. Il m'est difficile d'affirmer avoir été aimé. Je le pense, mais quand à en estre certain... Et le reste de mes réponses va estre au moins aussi incertain. Il y a sans doute mille définitions possibles, autant de symptomes du sentiment. Disons que cela vous prend les poumons, le ventre. Les entrailles se tortillent, en proie au désespoir, quand l'absence remplace l'aimé, puis elles fourmillent quand il est là. Le besoin de le voir, de le sentir, de l'entendre, de le lire, de le penser, ne quitte que rarement l'esprit. Il y a quelque chose qui tient de l'admiration, je crois aussi. Les manifestations physiques poussent la comparaison maladive, un peu, alors que, de vrai, sous cette forme ou une autre, il n'y a rien de plus banal que d'aimer. Aussi il n'y a pas de raison que votre Minah soit exempte de l'expérience, elle a l'air d'avoir le ventre plein d'amour pour ses animaux, pourquoi pas pour un garçon.
Je ne sais pas, si la souffrance est obligatoire, mais ses chances augmentent nécessairement. D'un coup, vous avez quelqu'un d'affreusement proche de vous, le flanc offert à d'éventuelles piqures. C'est comme si cela rendait plus faible face à l'aimé, et, en compensation, plus fort face aux autres. Enfin on le dit, je ne suis pas certain que ce soit vrai.

Et voir si quelqu'un nous aime... Il doit y avoir des signes, mais je doute que l'on puisse distinguer si facilement plusieurs types d'amour. Il peut sentir le besoin de le dire, ou le besoin de se taire, les réactions varient autant que les estres et les situations. Les indices sont probablement là, mais quant à les décrire... Peut-estre que le visage s'éclaire, ou au moins les yeux, qu'il y a recherche de contact -pas nécessairement physique- un peu plus poussée, que celui qui aime agit légèrement différemment d'avec les autres. Peut-estre, qu'au contraire, auparavant très amical, il vous repousse, de peur de tomber dans la faiblesse décrite plus haut. Peut-estre qu'il vire au rouge à chaque fois qu'il vous voit. Il y a tant de possibilités, c'est subtil, j'imagine.

Vous m'amenez décidément à vous parler de sujets bien complexes, bon. Sous réserve que j'ai bien compris...

Il n'y a que peu de façon d'engendrer. Puis il y a des choses qui tiennent des effusions corporelles qui n'ont pas pour but d'enfanter mais que les gens font quand mesme, par besoin bestial ou par amour, ou... pas besoin que les corps s'aiment... ? Je ne vous le cache pas, c'est dur à dire je crois. Et puis, si deux estres s'aiment d'amour mais qu'ils ne peuvent, ou ne souhaitent, perpétuer l'espèce, leur amour est-il impur... ? C'est d'un complexe...
Mais je crains bien que pour enfanter, ce type de contacts soient passage obligé, à moins d'une adoption pour transmettre votre nom, simplement ? Le sang n'y sera pas, mais soit.

Je ne sais quoi vous dire, vous ne pourrez malheureusement pas y échapper, il ne me semble pas qu'il y ait des façons de contraindre votre corps à ne pas éclore. Et vous ne pouvez décemment pas prendre l'apparence d'un homme le reste de vos jours pour échapper à tout cela.

Vous y pensez bien. J'ai survécu, ne vous inquiètez donc de rien, le contact était assez léger.

C'est... Une bonne question. Dans mon carnet, il y a une description de vous, aussi je pense vous reconnaistre encore quand l'image de vous se serait effacée de l'intérieur de mes paupières. Pour l'instant, elle est encore vivace. Une fois m'est venue la pensée de débourser de quoi faire quelques portraits des gens qui m'importent, je regrette que ça en soit resté au stade de pensée, maintenant.

Navré de vous l'écrire mais si Déos le veut, autorisation ou pas... Ceci étant posé, je me débrouillerai pour rester en vie. Allez donc au bout de votre queste en toute quiètude.

Faut-il vraiment que je dise que l'empaillage... L'empaillement... L'empaillechose n'est pas raisonnable ? Quoique, je vous l'accorde, peut-estre ferais-je un mari moins décevant mort que vivant.

Puis, si cela peut me rendre moins injuste, je regrette un peu de ne pas avoir fait le choix de vous accompagner bien que cela m'aurait retiré le plaisir de vous lire.

Garde à vous et aux vôtres,
d'un géant à son autre.

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Perceval_aelis
Citation:
Garde à moi.
Oui rien qu'à moi. Pour être égoïste même si c'est mal.

Je tâcherai d'y penser, plus de graines, de caresses et de repos pour notre complice épistolaire.
D'ailleurs, le départ pour la Valachie est pour demain, nous avons intégré les lances à l'armée meshui, dans un grand soulèvement de poussière, d'agitation et de cris.
La nervosité y est stimulante et me ramène à des souvenirs d'un passé nomade, où chaque ville passée me paraissait être un trésor nouveau à mes yeux.
Savez-vous que mon père a (enfin !) daigné me remettre une part de mon héritage, outre mon ardennais qu'il m'avait remis immédiatement au décès de ma mère, j'ai enfin obtenu le droit de posséder l'épée emblématique de ma mère ainsi qu'un large écu de gueule, avec une lune blanche lui ayant appartenu (celui-là, c'est certain, n'était pas son usuel, trop lisse, et de mémoire elle usait, étrangement, un plus petit et arrondi aux couleurs de ses anciens suzerains).
Ce sont telles des reliques pour moi, j'ai le souvenir de les avoir caressé étant petite, rêvant naïvement de terrasser quelques créatures tout droit sorties de l'enfer.

Je prédis que ce courrier sera encore un pâté (puisque vous ne voulez pas de mon roman, je varie).
Et moi j'ai fiance en vous, et ne vous cacherai rien, quelle seraient ces nécessités qui vous obligeraient à vous fermer (défier ?) de moi ?

Je voulais déjà vous rassurer, je connaissais le terme de "prostitution" ce que je ne comprends pas, c'en est le pourquoi. Des gens paient pour se mettre en infraction avec Dieu ? Ce genre de prestation est tout de même péché, non ? Voilà ce que je n'entends pas, le monde adulte me paraît nébuleux dans ses logiques.
Cela tient sûrement du fait que le subtil des plaisirs damnables ne me parviennent pas.
Et par là même je tenais à vous remercier pour le semblant de réponse que vous avez essayé de me faire sur les choses de l'amour, et de la conception.
Je loue votre patience, je ne suis pas une élève douée en cette matière.
Pour la première, je vous dirai qu'on dirait les symptômes d'une gastro-pneumonie à tendance dépressive.
Rien d'engageant, sauf peut-être ce que vous décrivez comme être une intensité dans le sentiment, ou plutôt, une intensité de vivre, comme si tout était magnifié, et empiré.
Faible et fort à la fois, vous dites, étrange mélange.
Vous expliquez nettement mieux que les livres qui sont trop en tirades lyriques et métaphores niaises.
Pour la seconde... non vraiment... hmm. passons.

Vous allez dire que je suis encore désorganisée dans mes réponses, et je ferai comme toujours, selon mon inspiration, et surtout comme si je n'avais rien lu.
Je suis certaine que vous avez été aimé, il ne peut en être autrement, et bien même si tel n'est pas le cas, j'y remédie.
Moi je vous aime, et votre image me sera toujours vivace en ma remembrance, je vous aime de ma manière, pas très habile, je vous l'accorde et encore novice, dispersée, étriquée.
Il n'y a pas grand chose à picorer dans cette affection, juste une attente de vous lire, d'un manque à vous entendre, à vous voir, d'une crainte à votre vie.
Par contre je suis loin encore des symptômes gastro-pneumoniques dépressifs, loin d'avoir des envie de vous bouffer la glotte, par contre... vous empailler, ça se discute mais seulement une fois que vous serez sans vie, sinon cela doit faire mal.
Dites ? Celle que vous avez aimé, comment était-elle ? Grande, ronde, petite, maigrelette ? Une blonde assurément, vous ne goûtez pas aux brunes. Et puis les hommes ont toujours eu une préférence pour l'or que pour le cuivre.

Les cheveux, apparat de mon sexe ? Hmm dis comme cela, c'est prêteur à confusion. Je reprends et rectifie.
Les cheveux, apparat de ma féminité ? Tels le parpale généreux, les courbes gracieuses, la croupe altière ?
Non, qu'importe l’apparat, ceci n'est qu'orgueil, alors, il faut dissimuler sous les mises austères, sans fioriture, la tenue se doit être utile, l'apparence humble et surtout en rien attirer les regards.
Mais je vous l'accorde, bien des huguenotes et huguenots ne s'y engagent guère.

Pour ce qui est de la complexion de mon patronyme, je pense que le mien est bien plus enviable que celui qu'avait ma mère, porter le nom d'une très grande maison peut s'avérer encombrant, dans sa male heure, elle avait la chance d'être une bâtarde, mieux, la bâtarde, d'un bâtard, il n'y avait donc aucune attente à perpétrer le lignage.
L'adoption, certes peut-être une option, si l'on souhaite seulement transmettre un nom, mais les maisons, les terres ne se transmettent qu'au sang. Et n'ayant pas la graine, je suis bien obligée d'être ce ventre.
Allons, des milliards de milliers de milliards de femmes sont jà passées par là, je dois pouvoir y survivre, non ? 'fin, y en a tout un paquet qui meurent en cours de route...
Dites ? Si je meurs, vous m'empaillerez ?

Pour mon portrait, j'essaierai de trouver où le faire pour vous l'envoyer.
Je vous aurais bien grattouillé un autoportrait mais mes connaissances en dessins sont plus où moins arbitraires, je crains que même ayant gardé mon souvenir, l'image faite de moi par moi ne vous sera pas du tout familière, ni même d'une grande utilité.

Et vous ? Racontez donc votre voyage, où vous trouvez-vous actuellement ? Comment est-ce ? Êtes-vous jà arrivé ? M'avez-vous remplacée ? M'épouserez-vous quand je serai empaillée ? (on pourra me mettre une robe colorée, ça me rendra plus vivante, non ?)

Je dois vous abandonner, la flamme de la chandelle arrive au bout et écrire dans le noir est risqué pour votre compréhension. De plus je dois encore prier et je me trouve rompue, les membres en compote de ma journée, demain ne sera guère plus reposant.

Déos vous veille
A mon Jehan de sa dévouée Abeille.

P.S. : Votre autre ? Je suis votre autre ? Par Dieu ! Que c'est touchant ou troublant. Ou un peu des deux.

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Perceval_aelis
Citation:
Roman je ne sais pas, mais labyrinthe ! J'ai l'impression de me perdre dans vos mots comme si j'étais au sein mesme de votre teste et que les pensées jaillissaient de part et d'autre de mes yeux sans que je ne puisse m'y retrouver...

Bon.

Je suis ravi que vous ayez une partie de votre héritage, si cela vous comble. Vous avez appris le maniement de l'épée, déjà ?

Quelles raisons pourraient me pousser à vous... Enfin, ce serait ponctuellement, je crois, certaines choses, parfois, que je tairais ? Quant à vous dire quoi dans le précis, j'en serais bien incapable présentement.

Parce que les désirs, je crois. On ne fait jamais rien de mal si on y voit pas un attrait. Après, je pense que l'on décrie beaucoup ces façons alors qu'il y a bien plus vil, bien plus répréhensible. De ce que j'ai entendu des femmes qui pratiquent, elles sont plus à plaindre qu'à blamer. Je ne sais.

Pour l'amour, c'est délicat à expliquer. C'est comme si vous étiez plus sensible à tout, au bord de vous émerveiller de tout quand ça vient de l'autre, un peu, j'imagine, d'où la niaiserie ambiant lorsque certains évoquent le sujet, les yeux mouillés, la voix tremblante, les paumes moites.

Et je ne sais pas si votre amour est habile mais je suis certain que tous les gens qui vous inspireront ce sentiment sous une forme ou une autre seront bienheureux d'estre aimés de vous et d'avoir votre affection.

Mh... Elle n'était pas très grande, enfin j'ai du mal à me figurer, en comparaison à moi. Elle était un peu maigre, pas faite comme la déesse callipyge, ronde de partout, du tout il me semble, quoique vous vous doutez bien que je ne pourrais vous décrire qu'une silhouette, pas un corps dans les détails. Elle était très blonde, oui, mais ce n'est pas non plus la couleur de chevelure qui plaist le plus à mon regard, d'habitude, et ce n'est pas cela, ni rien dans ce qui ne se voyait d'elle qu'à l'oeil, qui m'a plu. Elle avait le visage fin, des petites lèvres, un nez droit, des yeux étranges, comme dénués de couleur, mais luisants toujours.


Mmh, je maintiens tout de mesme, vous n'allez pas me dire qu'aucun huguenot ne regarde à la gorge d'une nourrice pour savoir si elle va bien nourrir ses fils ou aux hanches d'une future épouse pour savoir si elle peut enfanter. Une belle chevelure, une longue chevelure, cela dit quelque chose de la vie qu'on a mené, de la santé, je crois. Maintenant est-ce pour cela que c'est prisé, relativement, je ne sais pas... Enfin, je crois que le sujet avait été entamé parce que vous parliez de couper vos cheveux, je n'ai rien à redire sur cette chose-là en particulier.

Ne faisons pas de projet de mort, voulez-vous. Je n'aurais jamais à vous empailler, vous serez morte longtemps après que mon corps se soit plus.

Eh bien, que vous dire, j'ai eu envie de rebrousser chemin cent fois, mais nous sommes arrivés, ce matin, à Arles. La ville est étrange, les habitants ressemblent à des enfants se chamaillant pour rien. Pour des miches, pour des regards, que sais-je encore de futile. Je ne vous ai pas remplacée. Je ne vous empallerai jamais, n'insistez pas !

Prenez soin de vous, le voyage ne vous épargnera, je crains, pas. Même arrivé et reposé, mes membres crient encore, rien n'y fait.

Garde à vous,

Votre Jehan.

N. B. : N'en faites rien, ce n'était qu'une rime, enfin !

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