Cornelius.de.leffe
"Une impasse est le lieu de mes plus belles inspirations."
Milan Kundera
Milan Kundera
1ER ENGAGEMENT - APRES LA RENCONTRE - COURANT JUIN 1466
Citation:
De moi, Cornelius Huibrecht de Leffe, Seigneur de Hoflande,
à Vous, Chimera de Dénéré Malines, Duchesse d'Alençon
Très chère Alençon,
Je me permets de vous appeler ainsi, le nom vous ayant tiré un sourire lorsque je l'utilisai.
Je vous écris du bivouac, et ne puis malheureusement pas, de part mon serment de Garde Royal, vous dire où je me trouve.
Mes pensées se tournent souvent vers vous, nos converses, votre sourire, votre facilité à me dérider... Et d'autres choses, que vous devinerez sans que j'aie besoin de les coucher sur le vélin. Souvenirs doux-amers, qui parfois m'emplissent d'aise, parfois de culpabilité.
Las, je sais ce que vous pensez en me lisant. J'imagine une moue désapprobatrice, ou encore un geste d'impatience. Je ne suis pas coupable, me direz-vous. Je n'ai rien fait que vous n'aviez voulu, me direz-vous. Et pourtant. Il m'apparaît qu'en goûtant au fruit défendu, nous nous sommes condamnés à savoir ce qui nous manquerait ensuite. Pourtant je ne me résoudrais pas à regretter en avoir connu le goût.
Je sais que tout rêve, pour être exaucé, réclame sacrifice. Je ne savais pas en revanche que ce sacrifice serait une âme tendre, auréolée de feu et baignée de lune.
Que le Très Haut vous garde,
Cornelius
Citation:
A vous,
Cornelius Huibrecht de Leffe, Seigneur de Hoflande,
A vous,
Cornelius Huibrecht de Leffe, Seigneur de Hoflande,
- Leffe.
Je sais comme vous êtes attaché à cette production locale.
J'ai retenu votre émissaire, le temps de ce retour, afin de pouvoir vous le faire parvenir. C'est qu'autrement il me sera difficile de vous joindre. Prévoyez lui de quoi casser croûte, le prochain tour. C'est qu'il est gourmand.
Beau rôle que le vôtre, expéditeur désincarné. A bien y réfléchir, l'affaire me convient assez bien. Songe vous fûtes, et il me plaira que vous vous rappeliez aux miens quand vous le jugerez bon.
Plein vous êtes d'avoir été vide un moment. Pardonnez les mots, malgré l'évocation taquine, le souvenir est doux.
Conversons, encore, et peut-être y perdrez vous quelques années, si tant est qu'elles vous pèsent. Vous les portez avec une dignité des plus élégantes.
Et n'allez pas préjuger de ce que je pense en vous lisant, ni de l'expression que vos lettres m'arrachent. Vous n'en avez pas idée. En y songeant, vous laissez allez vos pensées, permettez qu'elles prennent corps sur le vélin, en sachant bien qu'elles vont me contrarier? Allons bon, et vous n'avez pas mis cette version au feu, pour en pondre une qui me réjouirait? C'est bien peu délicat.
Qui de nous deux a le plus mauvais rôle? Nature dit ce qui est, l'Homme fera ses choix fonction des impondérables. J'ai fait les miens, en connaissance de votre cause et de ma condition, vous fîtes les vôtres. Nous ne sommes le jouet d'aucune fortune, et je ne tolèrerai pas d'être dépeinte comme la brebis sacrificielle de l'histoire. Bestiole a son libre arbitre, figurez-vous.
Songez encore à ce fruit dont vous causiez. Défendu il n'est que parce que vous le voulez bien, et je dois reconnaître qu'il m'est doux de vous savoir tourmenté à cette idée. Je vous lirai à nouveau, vous connaîtrai à nouveau si au jeune Bastian l'envie d'une visite vient soudain, à a faveur d'une permission. Avant trente ans, pour le mieux. Ou pas. De ce pas là, comme des plis qui viendront, vous serez ou non l'auteur.
A moi donc, brebis omnipotente, le pouvoir de la réaction.
A vous lire, et portez vous bien,
Chimera
Citation:
De moi, Cornelius Huibrecht de Leffe, Seigneur de Hoflande,
à Vous, Chimera de Dénéré Malines, Duchesse d'Alençon
Chimera,
De grâce, appelez-moi Cornelius, ou même Hoflande si cela vous sied. "Leffe" est tant associé à mon cousin et capitaine que mes camarades de la garde ont commencé à m'appeler "Vieux Leffe" pour nous différencier.
Je suis fort aise que le souvenir vous soit doux, même si l'évocation triviale que vous en faites ne correspond point à mon propre souvenir. Était-ce bien la peine de m'éviter le bordiau pour parler ensuite comme si les deux choses n'étaient pas radicalement opposées ! J'espère sincèrement que vous avez minimisé notre soirée pour voir si je vous contredirais. Eh bien, je vous contredis.
J'ai souri en lisant votre conviction que vous lire me rajeunirait peut-être. Je gage que votre expert maniement des mots me fera vieillir au contraire, tant je mets d'effort à déchiffrer certaines de vos charades... Mais j'ai les épaules larges, et le poids des années devra encore attendre un peu avant de les voûter. Ecrivez-donc tant qu'il vous plaira de le faire, il me plaît de vous lire.
Si la façon dont je vous imagine réagir à mes dires vous attriste, je m'efforcerai de ne plus me laisser aller à coucher sur le vélin toutes les images de vous qui me viennent ; c'est plus sage en effet, cette la pente était glissante. Et de grâce, ne jouons pas à qui des deux a le plus mauvais rôle. Serions nous donc entrés en joute verbale sans que je me sois inscrit ? S'il est une chose que l'âge m'a appris, c'est bien que les femmes en sortent presque toujours victorieuses, si tant est qu'elles soient dotées de votre esprit.
Je vous dois des excuses, tout de même. Loin de moi l'idée de vous voir comme une brebis sacrificielle. J'essayais, maladroitement, de vous dire que choisir entre vous courtiser et mes projets d'avenir m'est pénible et que je le vis comme un sacrifice. Mal m'a pris de tenter une formule imagée pour vous plaire, il semble évident que la plume n'est pas mon fort. J'en tiens pour preuve le fait que vous croyez nécessaire de me rappeler votre libre-arbitre quand je ne le connais que trop, ayant choisi de renoncer à mes honorables intentions pour céder, et avec quel plaisir, au choix que vous fîtes ce soir là.
Si je le voulais bien, ce fruit ne me serait pas défendu, dites vous. Croyez que l'envie de le cueillir encore me chatouille la pulpe des doigts, mais je suis un vieil homme ancré dans ses habitudes, et je risquerais de trop m'attacher au goût de ce fruit là pour vouloir m'en passer. Choisir un autre fruit, fade en comparaison, me serait alors d'autant plus difficile. Parce qu'il me faudrait choisir, n'est-ce pas. Je ne suis pas homme à goûter à tous les fruits du verger et vous méritez bien mieux qu'être cachée aux yeux du monde.
Si mon tourment vous prouve les qualités que vous avez à mes yeux, alors il vaut d'être vécu.
Au plaisir de vous lire,
Cornelius.
Post-Scriptum : je vous mets en garde, très chère Alençon, de ne point prétendre par taquinerie qu'après la brebis, je vous compare à un fruit... Je sais mon manque de talent à manier les symboles. Ne point en user du tout serait pourtant une bien mauvaise idée, croyez-moi.
Citation:
A vous, Cornelius,
A vous, Cornelius,
- Faisons nous simples, c'est pour cela que vous avez opté et c'est mille fois bien mieux.
J'espère ne pas vous avoir privé trop longtemps de votre envoyé. A force d'être au duché, j'en oublie parfois qu'il doit rester des heures à l'agenda qui ne sont qu'à moi. Il m'est doux de partager celle-ci avec vous.
Laissez moi donc, au moins un peu, singer le souvenir de notre nuit. Ainsi taquinée, elle se saurait être regrettée de par tout ce qu'elle n'annoncera pas. Ne soyez pas accablé, c'est ainsi, et j'ai trop fait subir les impondérables de mes aspirations pour maudire qui tient aux siennes. Cela dit, je ne suis qu'une femme, et pas assez bonne pour vous souhaiter vraiment du succès. Un peu, seulement.
J'entretiendrai vos méninges et leur acuité avec plaisir et ferveur. Sachez qu'une gymnastique régulière est bénéfique tant aux articulations qu'aux circonvolutions. Si les détours de mes phrases vous accaparent quelque peu, alors voilà que vous m'offrez là un moment votre compagnie. Je m'efforcerai donc de vous y perdre pour vous y garder, sans toutefois en faire trop. En retour, ne retenez pas vos images, vous me savez amatrice de croquis, aussi donnez m'en à lire, que je sache le contenu de votre esprit, s'il peut y rester une part de trouble au souvenir de nous, alors ne vous en cachez pas, car je serai honorée de l'apprendre, ou de le lire encore.
Nous nous verrons lors des joutes d'Alençon.
D'ici là, et là aussi, portez-vous bien,
Chimera de Dénéré-Malines,
Duchesse d'Alençon
Duchesse d'Alençon
Citation:
A vous, Chimera,
Même lorsque vous faites simple, vous faites si joliment que j'étrenne pour vous mes vélins à en-tête, et mes sceaux fraîchement livrés par l'atelier de sigillographie.
Même lorsque vous faites simple, je me perds toujours au détour de vos phrases ; mais cette fois sans grommeler, si cela vous agrée de me retenir penché sur votre prose.
Je vous obéirai donc et ne me chagrinerai point de vos regrets ou des miens, me sachant compris et accepté pour mes rêves ; permettez-moi de vous souhaiter de réaliser les vôtres... tout en préférant que votre succès ne soit point trop rapide, ainsi je profiterai de notre correspondance quelques temps avant qu'elle ne risque de devenir inconvenante.
Et, puisque je parle d'inconvenance ; l'image de vous semble très nettement gravée à mes paupières, et il est rare que je ferme les yeux sans apercevoir par bribes une mèche de cheveux roux, ou une blanche main posée sur la mienne. Même en pleine mission, un simple clignement d'yeux parfois et vous voilà devant moi. Cela m'agace prodigieusement. Vous me déconcentrez, Alençon.
Les joutes d'Alençon... J'espère et redoute de vous y voir. Au vu et au su de tous, je sais déjà que nous ne retrouverons pas notre conversation aisée du verger. Cela me chagrine, même si je sais impossible de vous revoir seul à seule. J'ai eu, face à ce dilemme, une idée un peu folle ; je voudrais vous voir, vous parler, dans un cadre plus libre que les joutes tout en étant public. Me feriez vous l'honneur et le plaisir de m'accompagner au bal masqué de Vincennes ? Nous y serions à l'abri des regards derrière nos masques, et pourrions peut-être retrouver quelques un de ces charmants moments que nous passâmes ensemble.
Si ma proposition vous cause quel-quembarras, si je vous parais arrogant de même la suggérer, je vous prie instamment de me le dire sans détour. J'ai conscience que l'idée n'est pas raisonnable. Mais il semblerait qu'en ce qui vous concerne, je sois capable d'agir comme un jeune fou impétueux.
Que le Très Haut vous garde,
Après le Bal....
Citation:
A Cornelius de Leffe,
- Cette fois-ci, je saurai où adresser mon pli. J'adresserai pour cela reconnaissance à votre Capitaine, pour sa prévenance. L'ai-je méritée par mes égards passés? Quoiqu'il en soit, voilà.
Etions nous bien nous-mêmes, Cornelius, ce soir de juin où nous nous grimâmes? Ou était-ce cette autre fois, au verger, que nous nous sommes abusés? Je refuse de le croire. Fermement, et blâmerai plutôt Hadès et Perséphone, pour leur inconséquence. Pourquoi diable avez vous donc fait ce choix infernal de nous attirer dans cet abîme de faux semblants et où, à trop vouloir être nous au beau milieu d'autres déités nous avons fini par y perdre l'essence du jeune lien autrefois tissé?
J'ignore pourquoi, moi, qui n'ai jamais fermé la porte à aucun probable lendemain, quel qu'il soit, je tolère si peu sur moi le contact de vos mains, et vos manifestations douces. Peut-être est-ce le poids de vos attentes déclarées, parfaitement légitimes et justifiées, mais auxquelles je ne pourrai pas répondre. Si douce que je puisse être, je peine grandement à accepter ma propre impuissance à vous offrir ce à quoi vous aspirez, que ce soit à court terme une présence affectueuse, ou plus loin. Je pourrais, mais redoute d'y prendre goût. Davantage encore. Perséphone, j'ai été vaincue par la frustration que me cause cet état de fait et vous ai, je le crains, heurté plus que je ne l'aurais du et voulu. Et par trois fois. Trois fois donc, je vous présente mes excuses.
Ces gestes, ces mots, c'est trop, ou trop peu. Je peine, Cornelius, à me trouver bien dans l'entre deux qui pourtant pourrait peut-être se faire chemin.
Causant de chemin, je sais que la suite de Sa Majesté entrera à l'aube en Alençon, ou le jour suivant. Je suppose que vous en êtes, et suis navrée que du fait de notre moment hors du temps l'autre soir votre visite en nos terres soit moins enjouée qu'elle aurait pu être. Quoiqu'il en soit, et n'en doutez pas, vous êtes le bienvenu en ces terres dont j'ai la garde. Mille fois, et non trois.
Je suis à l'aube arrivée à Mortagne, hameau trop paisible aux besoins pourtant criants. Si la personne de votre parent et des siens contribue grandement à en assurer le fonctionnement, ils n'ont qu'une tête et dex bras, aussi sommes nous descendus leur prêter main forte. A l'heure du départ, hier, et avertie de votre passage, j'ai longuement hésité à mettre de côté les exigences de l'agenda par moi fixées pour le duché. Cela, et nos instants gâchés m'ont dissuadée de faire route vers le nord plutôt que vers le sud. Je crois en toute honnêteté que je le regrette déjà.
Je proposerai demain à Sa Majesté de recevoir en la salle du Trône du Chateau des Ducs d'Alençon l'hommage du duché que je représente. J'espère qu'elle acceptera. Cas échéant, je franchirai sous peu les portes de la capitale.
Puisse la route être sans encombres,
Qu'Il vous garde,
Chimera de Dénéré-Malines,
Régente d'Alençon
Régente d'Alençon
Citation:
De Cornelius de Leffe, Seigneur de Hoflande,
A Chiméra de Dénéré-Malines, Régnante en Alençon
Je ne sais si vous étiez-vous même au bal, mais je veux penser à vous comme la femme du verger qui charma mon esprit, apaisa mon âme et aiguisa mes sens. Quant à moi, si je vous ai caché mon visage, je crois être resté sincère ; toutefois force est de constater que vous eûtes face à vous un Cornelius profondément ébranlé par votre attitude fort distante et pour laquelle, il est important de le souligner, il ne me viendrait pas l'idée de vous blâmer puisque je la provoquais à l'instant où je vous conviais à cette masquerade.
Pourquoi diable en effet. Je ne le savais point alors même que je vous écrivais pour vous le proposer. Ma seule défense sera que l'envie de vous revoir en dehors de nos fonctions officielles me fourvoya à penser que l'idée était bonne. Ces masques, je ne les voyais point comme des faux semblants, mais comme un outil pour pouvoir vous témoigner les mêmes élans qu'au verger, sans pour autant être si seuls que la tentation put nous porter plus loin. Et puisque vous n'aimez pas les faux semblants, puisque vous m'avez fait la grande faveur de me livrer vos pensées intimes, je veux dans cette missive faire de même:
Peut-être vous demandez-vous pourquoi je fuis avec tant d'application le risque de partager à nouveau votre lit. La raison en est très simple ; vous seriez alors en droit de penser que je fais de vous une simple maîtresse, prenant ce qui me plaît sans rien offrir en retour. Et, quand bien même je vous connais à peine, je ne souffrirai point que vous pensiez une seconde n'avoir aucune valeur à mes yeux. Mais l'idée, nous le savons à présent, était désastreuse ; je n'eus pas du acter sur ce caprice enfantin d'obtenir contre toute raison, un moment avec vous.
Pourquoi, si mes projets m'empêchent de vous courtiser en vue d'épousailles, vous avoir écrit ? Pourquoi vous avoir vue ? Je n'en sais foutre rien. Pardonnez le juron, je me livre ici sans censure ni poésie ; nous avons tous deux vus quel enfer s'ouvre à nous quand nous cachons, non pas nos visages, mais nos pensées. Et donc, je ne sais pas, Chimera. Toute logique froide et implacable, voudrait que je vous évite. A la perte de mon épouse je faillis commettre l'irréparable et fut sauvé par la robe de bure. Je jurai alors de ne plus jamais m'attacher au point de vouloir perdre la vie ; et vous montrez des qualités qui pourraient un jour m'y contraindre. La raison voudrait que j'épousasse sans passion, fonde une famille et vive dans la certitude que jamais mon âme ne serait à nouveau si horriblement malmenée. Vous êtes l'incarnation de ce que je devrais fuir. Et je ne vous fuis pas. Bien qu'il me coûte de l'admettre, je suis perdu.
Je vous remercie sincèrement de m'avoir livré les raisons de votre attitude au bal. Il me fait plaisir de comprendre, enfin, pourquoi des gestes bien plus timorés que lors de notre première rencontre, eurent sur vous un effet si différent. Il me semble légitime que vous eussiez ressenti colère et frustration à me voir approcher trop, ou trop peu. Sachez juste que, si mes intentions sont honorables, il semble que ma volonté ne soit pas de taille face à l'attrait que vous représentez, et que mes mains ce soir là, cessèrent de m'obéir à l'instant ou vous posâtes votre tête sur mon épaule.
J'accepte humblement vos excuses, et vous présente les miennes. Car oui, j'ai agi en gamin ; il semble que vous ayez, sans le vouloir, le pouvoir de me faire perdre la sagesse que mes cheveux blancs devraient me conférer. Je vous prie de pardonner mes maladresses, et mon incapacité à exprimer clairement mes intentions à votre égard ; que je ne les connaisse point moi-même n'est pas une excuse, et j'eu du résister à des élans auxquels il n'y avait point de suite.
Toutefois, si je comprends votre colère et vos reproches, je me dois de vous expliquer un peu mon attitude dans les bois, avant que vous ne vous blessiez au genou.
Oui, je vous ai tourné le dos, mais ce n'était point lâcheté; je refusais d'entrer avec vous dans un échange de cris et d'insultes. Est-ce mon âge, mon éducation, ma fierté de flamand ou de Leffe, je ne sais. Mais les mots cinglants n'ont jamais obtenu de moi d'autre réponse que la froideur ou le poing, selon qu'ils viennent d'une comtesse ou d'un manant. N'y voyez pas un manque d'intérêt ; mais je vous en conjure, tentez à l'avenir de m'exprimer vos reproches de façon moins martiale, si vous ne voulez point à nouveau voir mon dos. Je promets quant à moi de vous écouter, s'il vous plaît de vous confier.
Comme vous, je ne sais où mène ce chemin. Un ami cher m'écrivit ce matin que le Très Haut a pour moi des projets, et de ne point refuser de suivre les chemins qu'Il m'ouvre, même lorsqu'ils semblent tortueux. J'entends bien que cet entre-deux vous malmène, il en est de même pour moi, mais pour des raisons qui m'échappent je préfère cette douce torture à l'idée de couper tout contact ; alors, si vous pouvez encore souffrir quelques temps ce chemin inconnu, il me ferait plaisir d'accepter cette hospitalité mille fois proposée. A la lumière des mes très mauvais choix, je vous laisse cette fois décider où, quand et comment nous nous reverrons.
Que le Très Haut vous veille,
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