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[RP] Souvent l’aide vient des faibles quand ....

Dobro.mir
... les Sages font défaut.
J. R. R. Tolkien, Le Silmarillion,




La prise de tête avec ma fille avait eu au moins le mérite de me faire réfléchir durant la nuit, sur le dos de Serko. La fraîcheur des sous-bois m’aidait à me concentrer. J’avais été brutal avec elle et j’avais abandonné mon enfant une nouvelle fois. Je n’avais pas hésité une seule seconde lorsque j'avais compris qu’elle tenait bien plus de sa mère que de moi-même. La folie rageuse de sa génitrice bouillonnait dans ses veines et je dois dire que je me suis revu quelques années en arrière lorsque je lui annonçais mon intention de partir faire la guerre… Des cris, des reproches, des insultes… toutes ces images venaient à présent danser devant mes yeux et la voix lointaine de la mère de Gwen se superposait à celle de cette dernière.

Les chats ne font pas des chiens dit le dicton mais à ce point là, j’en étais atterré. Passe encore de se faire traiter de connard par le bouseux du coin mais par sa fille qui, passant du sourire aux cris, me reprochait de ne pas lui démontrer que j’étais attaché à elle… et sans compter que si je ne cédais pas à son désir de la voir retrouver son meilleur ami d’enfance, je passais pour le méchant de service... Où était l'enfant qui m'écrivait ces courriers avec un espoir non dissimulé ?
Aujourd'hui, j'avais le mauvais rôle, avec elle comme avec les autres. Seul Lubim avait échappé à tous ces tourments. Déjà c'était un garçon et le respect était inné chez lui. Jamais de la vie il m’aurait insulté ou dit que je puais ou encore m'aurait rabâché à longueur de temps que j’en avais rien à faire de lui, que je l’avais abandonné… Et pourtant j'étais là, à retrouver ma fille qui au final n'avait peut être pas si besoin de moi que ça !

Je pousse un long soupir encore dans mes réflexions, à me dire que je pouvais toujours essayer de tendre la main à un clébard enragé il finirait invariablement par me mordre. Gwenevere était comme ça, enragée. Sans aucun doute par ce que j’avais fais lorsqu'elle était enfant mais aussi par ce qu’elle avait vécu. Sans doute étais-je responsable mais je n’allais pas lui permettre de continuer son petit jeu. Elle ne savait pas à qui elle avait à faire, elle allait l’apprendre à ses dépends. Je donnais un coup dans les flancs de Serko pour qu’il continue d'avancer. Là aussi elle m’avait déçu. Vouloir voler mon cheval… lorsque l’on sait qu’un cosaque n’est rien sans sa monture. Chez nous, les voleurs on les fouette à leur arracher la peau avant de leur couper la main. S’ils ont de la chance, on les laisse en vie, déambulant nus dans le campement, devenant des esclaves que l’on traite avec mépris. Nous ne sommes pas un peuple pacifiste et empathique. Le sang appelle le sang. Je suis comme ça et je ne changerais pas pour elle. Je ne le fais pas pour une femme alors une gamine qui un jour ou l’autre fera sa vie…

Je trouve une clairière au petit matin et sentant Serko un peu plus fatigué qu’à l’ordinaire, je m’y arrête. J’agrémente quelques branches de feuilles pour parvenir à faire un feu de camp et mon esprit se charge de me rappeler la situation. Et me voilà qui me met à brailler comme un veau au milieu de nulle part, en colère contre la situation, en colère contre la vie, en colère contre moi-même. Et je repense soudainement au pourquoi de mon retour en France. De mes pas depuis quelques années qui suivent l’âme perdue de Torvar dans ses moindres déplacements, faisant amende honorable. Je suis là pour cela avant toute autre chose et les histoires de ma gamine ne m’empêcheront pas d’accomplir mon destin.

Je m’installe dos contre un tronc d’arbre à l’orée de la clairière, ferme un instant les yeux pour mieux réfléchir… Et la colère qui m’avait envahi hier avait été telle que mon corps se sentit rapidement lourd et épuisé alors je le laisse devenir le maître, m'endormant enfin au petit jour. Quelques heures de repos qui me font le plus grand bien. Me voilà qui me réveille frais et disposé pour continuer ma route. Je mets de côté tout sentiment néfaste, chope un vélin et une plume dans ma besace de cuir, il me faut lui écrire. C’est une nécessité. Même si longtemps je l’ai tenu responsable de tous mes maux, il en va autrement désormais. Peut être que je devrais lui dire ou simplement lui apprendre que je suis là, qu’il est avec moi dans mes pensées et dans mon cœur… me voilà bien sentimental d’un seul coup mais comme à chaque fois que j’évoque mon cousin, je me sens aux antipodes de ce que je suis… J’inspire et je finis par commencer à écrire.




Eliance,

Te rappelles-tu que tu fais un peu partie de mon peuple, que tu as été la dernière femme de celui que je considère comme mon frère ?
Te rappelles-tu après toutes ces années de celui qui venait à toi et en repartait meurtri sauf peut être lors de votre dernière rencontre. Tu avais su enfin lui parler…

Si je t’écris aujourd’hui c’est parce que je suis ici, dans ton pays. J’ai suivi la trace de son voyage, refait le chemin à l’envers parce que je ne me pardonne pas de l’avoir laissé, de l’avoir abandonné alors qu’il se savait en train de mourir. Cette idée me ronge depuis toutes ses années et les chamans veulent que je comprenne le sens de cette culpabilité. Bref, je ne pense pas que tu puisses m’aider sur ce terrain là mais puisque je suis dans ta contrée, peut être que tu accepterais que l’on se rencontre… Pour l’évoquer ensemble, en causer … je ne juge pas, ni ta vie avec lui ni sans lui, je veux juste parler de cet homme qui était bien meilleur que je ne le serais jamais.

Si tu es parvenue à l’oublier alors brûle ce message et continue ta route. Dans le cas contraire, dis-moi où et je viendrais te retrouver. Tu sais bien que pour nous autres les Cosaques rien n’est impossible.

A bientôt si tu le permets
Dobromir Nazarov


Au prochain village, je payais un coursier pour qu’il mène ce pli à destination. Je lui donnais la dernière adresse que je connaissais en lui remettant une petite bourse supplémentaire afin de le motiver à chercher la Roussette. Et je lui fis savoir que je l’attendrais tout le mois d’été dans son petit bourg tranquille afin d’être certain que mon message soit délivré. Il n’avait pas vraiment le choix que de trouver Eliance. Ainsi la boucle serait bouclée et moi je continuerais à avancer sur le chemin de ma rédemption.
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Eliance
Annuellement, Eliance entre en période mutique, le temps de quelques jours, semaines, selon la météo, les rencontres, les humeurs et, surtout, son bon vouloir. C'est une sorte de tradition qu'elle respecte scrupuleusement et qu'elle ne raterait pour rien au monde. Un Russe moche potentiellement futur fiancé en a été averti, puisque les courriers souffrent aussi de la grande période mutique estivale. Durant tout ce temps muet, elle réfléchit. Enfin, normalement, elle réfléchit.

Cette année, et depuis voilà bien des mois, elle a arrêté de trop réfléchir. C'est pesant, fatigant et ça devient surtout parfois hors de sa portée. Elle passe donc sa période mutique à contempler des tas de trucs. De la mouche agonisant sur le dos en faisant vibrer ses ailes sur le plancher de sa chambre au poivrot du coin qui raconte une formidable épopée qu'il n'a dû jamais vivre à part dans ses nuits les plus agitées.

Le coursier qui déboule après avoir parcouru un nombre inconsidéré de villes (c'est ça d'avoir la bougeotte et de se faire appeler tantôt Eliance tantôt Boby) interrompt la contemplation d'une jardinière. Et entend la période mutique connaître une petite incartade à la lecture de la lettre remise.


Quel con...

On ne sait pas vraiment pourquoi elle a dit ça. Peut-être se parle-t-elle en fait à elle-même. L'auto-insulte sera grave à la mode bientôt, vous verrez. Ou alors parce qu'elle trouve débile que le Cosaque puisse penser une seconde qu'elle ait pu oublier l'autre Cosaque. LE Cosaque. Ou peut-être encore parce que celui-là l'a toujours fait flipper. Faut dire qu'un type qui vous regarde constamment de travers sans jamais dire un mot, c'est pas franchement super rassurant.

Et c'est sans tarder, puisque la jardinière ne devrait pas bouger si elle la lâche un peu des yeux, contrairement au coursier qui a l'air pressé, que la réponse est rédigée, tandis que la main non rédactrice vient tripoter une certaine pierre d'ambre pendue à son cou qui, elle, avait un peu été oublié dans le temps présent.


Citation:


    Dodomir,

    Cette lettre prouve ce que sa seule présence prouve par elle-même.

    Vous écrire m'est difficile.
    Me rappeler m'est difficile.
    Votre culpabilité est aussi mienne.

    Tout ça vient de se remettre à me ronger les boyaux.
    À tout moment je vais vomir.
    Vous faites chier.

    Mais maintenant que vous avez fait revenir tout ça à la surface, pourquoi ne pas effectivement nous noyer ensemble. Ou, au pire, retapisser vos bottes directement. Ça évitera à Dédé de gueuler que son tapis pue.

    Je suis à Limoges. Pour un temps indéterminé. Puisque je ne suis pas décisionnaire de mes décisions.

    Je m'étonne cependant que vous sachiez écrire, éventuellement parler et que vous ayez des sentiments sous... votre... tronche... cosaque. Si tout ça est un stratagème pour m'occire en douceur l'air de rien, ne prenez pas autant de gants, ça ne sert à rien. Venez direct au but. Limoges, donc.

    À bientôt. Enfin, je crois.

    Eliance



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𝕷𝖊 𝖈𝖔𝖓𝖈𝖔𝖒𝖇𝖗𝖊 𝖊𝖘𝖙 𝖑'𝖆𝖛𝖊𝖓𝖎𝖗 𝖉𝖚 𝖕𝖆𝖚𝖛𝖗𝖊
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