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Info:
Suite à son départ du Limousin, les aventures de la Comtesse de Laroche-Aymon dict la Rouquine... A suivre à travers son Carnet de voyage dans la taverne des Royaumes...

[RP] Voyage d'une rouquine dans le passé...

Ewaele
[Lyon]

La nuit accueillit la rousse et son compagnon dans la capitale Lyonnaise. Lyon, la belle, Lyon la grande. Enfin ils arrivaient, enfin ils allaient pouvoir souffler un peu avant, sans doute, de continuer leur voyage.

Depuis quelques jours sa buse volait à tout va pour porter missive afin de prévenir de son arrivée, de leur arrivée… Homologue, chambellan, prévôt, licorneux et elle en passait. Ce fut le visage sombre que la rouquine investit les rues de la ville. Elle avait dans cette région un passé, mais peu le connaissait, cela remontait à un temps que les moins de… Elle s’égarait, mais comment ne pas se perdre dans des souvenirs qui lui revenaient en pleine face. Elle était silencieuse, alors que leurs chevaux marchaient au pas, suivant les arcanes de la ville sans trop savoir ou ils se rendaient réellement. Que recherchait-elle vraiment en venant ici, quel était son but? Le savait-elle seulement? Des faux semblants? Trouver une excuse pour revenir icelieu, pour… Se serait-elle mentie à elle-même sur la raison de leur venue? Elle se perdait en conjonctures.

Plus elle avançait, plus sa mémoire se moquait d’elle en lui rejetant par image perfide ce qui avait été, ce qu’elle avait vécu, et des noms vinrent sur ses lèvres, murmure inconscient ou résonance dans sa tête? Elle avait cru parler. Elle tourna la tête vers le Seigneur de Sarran afin de se persuader qu’elle ne vivait pas un de ces fameux cauchemars qui la rendaient malade souvent du lever du jour à son coucher… Elle chassa une mèche de cheveu qui vint la titiller et s’enfonça encore plus dans le passé. Ewaele avait toujours en tête le courrier qu’elle avait fait à cet homme, celui qu’elle devait prévenir, mais comment annoncer la mort de l’être aimé et de son enfant. Qui était-elle donc pour avoir le droit de détruire une vie malgré elle. Et aujourd’hui qui se souvenait de son amie, qui se souvenait qu’elle avait vécu à Briançon et l’avait fuit ne se rendant sans doute pas compte de la chance qu’elle avait.

Un sourire fugace illumina les traits de la jeune femme : l’agneau… Mais les nuages dans sa tête revinrent aussi rapidement que ses traits s’étaient détendus. Faire abstraction de tout cela pour le moment. Elle n’avait pas forcément le choix, ou alors elle se perdrait dans les méandres d’une vie passée ou elle n’avait été qu’un pion de mauvais augure… Noir!

Pour l’heure, il fallait trouver de quoi se reposer, auberge ou autre peu lui importait, pourvu qu’elle put enfin fermer les yeux et oublier. Breccan, son ami de toujours, son complice dans tout ce qu’elle faisait, voilà celui à qui elle devait se raccrocher et faire confiance. Ils étaient proches, de cette proximité que les gens avaient du mal à comprendre, car pour eux entre un homme et une femme il ne pouvait en être autrement que la formation d’un couple. En ce qui les concernait, dans les pas de l’un de l’autre depuis belle lurette, tout cela leur échappait. L’un marié, mais abandonné par sa douce pour un autre, l’autre fiancée… Que dire? Ils avaient toujours vécu comme des frères d’armes, leurs épées promises à l’autre sans qu’un seul mot ne fut dit. La vie les avaient rassemblés à nouveau pour ce voyage. Se dégourdir les jambes, s’aérer la tête, promesse faite d’oublier un temps le Limousin et son despotisme… Promesse aussi de vivre, enfin, sans penser à hier ou à demain, profiter et oublier, s’oublier.

Franchissant la porte de l'auberge-relais, les deux compagnons furent assaillis par un flot d'odeurs de cuisine, mais aussi d'alcool. "Déjà", pensa Ewaële avec dépit. Le patron, un gros homme au front bien dégarni, était en train d'essuyer un verre, regardant l'estrade où un duo d'artiste jouait conjointement de la harpe et de la flûte. D'ailleurs ces deux musiciens retenaient l'attention de l'ensemble des occupants de la salle principale de l'auberge. Elle qui pensait qu’à cette heure ils trouveraient tranquillité et quiétude. Ewa s'accouda au comptoir et demanda à boire au tavernier qui visiblement n'avait d'attention que pour les deux musiciens car la jeune femme dut passer sa main devant le visage de l'homme pour que celui-ci lui prêta enfin attention. Se retenant de l'égorger, la licorneuse se contenta d'essayer de glaner quelques informations sur la situation actuelle dans les environs. Elle ne pouvait guère attendre plus de la pauvre loque qu'elle avait en face d'elle après tout. Passablement énervée, elle préféra ne pas relever les quelques mots peu affables que l’homme lui cracha pratiquement au visage. Peu lui importait en fait, elle regarda le gallois en coin et l’invita à sortir de ce bouge, ils ne devaient pas se trouver dans le bon quartier de la Capitale.

_________________
Akmer
[Quelques jours avant l’arrivée de la Rouquine]

Akmer venait de sortir d’une retraite spirituelle pâle, légèrement fatigué mais surtout assoiffé par le manque d’alcool qu’il n’avait pu se procurer chez les moines. C’est même pour cela qu’il avait juré que plus jamais il n’y retournerait. Déjà de retour dans la vie active qu’il reçut un petit parchemin portant un sceau qu’il n’avait que rarement pu voir. Cependant il n’eu pas la moindre difficulté à le reconnaître et d’un geste pressé déroula le vélin. Il le parcoura rapidement et tout aussitôt fit préparer un cheval.

Son visage devenait de plus en plus livide alors qu’il chevauchait à vive allure à travers le duché pour essayer d’arriver à temps pour accueillir son homologue Limousin, en visite en Lyonnais Dauphiné. Au fur et à mesure des contactes et des missives il avait pu apprécier cette personne qu’il admirait pour les nombreuses qualités qu’elle possédait. Il voulait faire une bonne impression pour leur première rencontre, et ne surtout pas la décevoir pour son retour en Lyonnais Dauphiné.

Le voyage fut long, et pénible, mais Akmer qui d’ordinaire n’arrêtait pas de se plaindre, ne pensait plus qu’à une seule chose, arrivée à temps à la Capitale. Il ne savait pas si un accueil avait été prévu, ni même si une autre personne avait été prévenue. Il avançait véritablement dans l’obscurité, mais il espérait pouvoir trouver une chandelle qui lui permettrait de s’y retrouver.


[Lyon, en pleine nuit]

Il avait galopé sans relâche pour finalement arriver à Lyon, essouffler, fatiguer et en manque d’alcool. Il pouvait tout supporter, c’est ce qu’il essayer de montrer, mais l’alcool est pour Akmer se qu’est l’eau pour les plantes. Se laissant attirer par les odeurs de la Capitales, il perdit, une fraction de seconde, son but, le pourquoi de sa venue.

Il dissipa toutes les pensées qui n’avaient pas leur place à ce moment. Il avait envoyé quelques directives à de vieux amis Lyonnais qui lui devaient encore un service, et il fut heureux de voir qu’à son arrivée quelques valets l’attentaient et se mirent tout de suite à sa disposition.


Bien, il n’a pas une minute à perdre leur dit il alors que la petite troupe se mit en marche, lanterne aux mains, en direction de la porte Ouest de la Capitale. L’allure était soutenue, et Akmer avait le regard perdu dans l’horizon. Seuls les pas des quelques hommes résonnaient sur les pavés de la ville. Une légère brise soufflait, seulement perceptible aux quelques mouvements des feuilles des arbres. Sur la route, un homme, un petit blondinet, essaya de les stopper.

M’sire Akmer ! M’sire Akmer cria l’homme en leva les bras en sa direction.

Oui je t’écoute, mais arrête de vociférer, tu vas réveiller toute la ville.

C’est à propos de la dame du Limousin ….. Akmer le prit par le bras, lui coupant la parole par ce même fait, afin qu’ils puissent parler tout en marchant afin de ne pas perdre un seul instant.

Oui, nous allons à sa rencontre, viens avec nous. Répondit Akmer faisant de plus grand pas pour essayer d’entraîner le petit homme vers la porte Ouest.

Nous se n’est pas ça, faut que vous sachiez ….. Akmer l’interrompit, Allez tait toi, nous allons arriver en retard si cela continue !

L’homme se tut tout de suite, et la petite troupe arriva devant la porte Nord de la ville. Il se mit au milieu de ses hommes, face à la route sombre,

Nous attendons un haut dignitaire Limousin. Une femme exceptionnelle, inutile donc de vous dire que le premier qui fait un faux pas, je l’envoie au bûcher. Dit Akmer, un petit sourire ironique au coin des lèvres. Il ne pourrait jamais faire de mal sans raison, mais il voulait leur faire peur afin que tout puisse se passer dans le moindre problème.

Une courte attente débuta avant qu’il remit ses vêtements droits, se frottant les mains et en bougeant sans arrêt la jambe droite. Il ne n’était jamais tenu aussi droit, et par moment il penchait la tête pour essayer de mieux voir dans la nuit noire. Cela était complètement stupide, et il savait parfaitement qu’il ne pourrait jamais voir aussi loin qu’il le souhaitait, mais il n’avait pas resté immobile trop longtemps.

Elle ne devrait plus trop tarder, tenez vous prêt ajouta Akmer qui se sentait légèrement anxieux. Et alors que l’attente se poursuivait, une petite voix se fit entendre à travers la petite brise qui balayait le chemin de terre dressé devant eux :

M’sire Akmer ? M’sire Akmer ?

Il s’agissait toujours du même homme. Akmer ferma les yeux, soupira et baissa la tête avant de répondre :

Oui qui a-t-il ?

A la fin de sa phrase, il redressa la tête pour la tourner vers le petit homme qui paraissait tout gêner :

C’est la madame du Limousin ….

Oui qui a-t-il à propos de son Excellence dame Ewaele ?

Et bien elle est déjà arrivée !

Akmer fit les gros yeux alors qua le reste de son corps paraissait maintenant inerte. Seul ses jambes le supportaient encore, mais ses bras balançaient dans le vide. Il reprit enfin ses esprits, et on pouvait lire sur son visage deux sentiments entrecoupés. D’un coté Akmer était en colère, mais de l’autre il était effrayé, désespérer ne pas avoir pu faire ce qu’il aurait du faire, comme l’exigeait ses fonctions.

Et pourquoi tu ne me l’as pas dit avant hein ?

Ben j’ai essayé mais vous …. Ca va j’en ai assez entendu. Venez, il faut la retrouver. Dit il avant qu’il ne fasse demi-tour en direction du centre de la ville. Il ne s’était jamais autant mit en colère, mais celle-ci était attisée par la peur, la peur et la honte, alors que son homologue était, il ne sait pas où, quelque part dans la Capitale.
Ewaele
Ils avaient trouvé refuge en revenant sur leur pas dans un lieu plus accueillant et plus calme. Chambre prise, Ewa n’arrivait pas à se décider d’aller prendre le repos nécessaire après une aussi longue chevauchée nocturne. Breccan, ne voulant la laisser seule au vu de son attitude, s’était installé à ses côtés, l'observant de temps à autre pour être sûr que tout allait bien. Un silence s’était installé, les deux acolytes avaient les traits tirés et les vêtements recouverts de poussière. La Comtesse avait déposé sa cape près d'elle, perdue dans la contemplation de la Licorne qu’on pouvait voir dessus. Tirée de sa rêverie par la voix du gallois, elle sursauta. Il s’enquérait de son état, le regard soucieux et interrogateur. Ewa, déjà lasse, ne savait pas si elle devait aborder le sujet avec lui de suite. Bien sûr elle lui raconterait, elle ne lui avait jamais rien caché et ne commencerait pas aujourd’hui.

La nuit devenait moins dense, et la rouquine perdue dans les effluves d’un ailleurs ne se rendait plus compte de rien et surtout pas du temps qui s’égrenait. Elle se tourna lentement vers sa sacoche, se rappelant on ne sait pas par quel miracle qu’elle avait une missive en ce jour à faire parvenir en Limousin. Plume et vélin sur la table elle se mit à rédiger comme si les mots coulaient d’eux même, comme si elle les connaissait par coeur. Peut être était-ce le cas en fait. Elle souffla doucement sur l’encre pour la faire sécher, puis roula le parchemin avant d’y apposer son scel personnel. Elle releva ses grands yeux émeraude vers l’homme d’armes de la Licorne.


Il faut que je trouve ma buse, si je veux que cela arrive à temps à Limoges…

Elle n’attendit pas spécialement de réponse et se leva, s’il voulait la suivre il viendrait, si il ne le voulait pas il resterait. Que dire de plus?

Elle ne mit pas longtemps à trouver son oiseau qui, à son sifflement, répondit rapidement, majestueux et haut dans le ciel où le soleil, doucement, s’invitait. Elle le vit tournoyer avant de plonger sur elle comme le volatile savait si bien le faire pour le plus grand plaisir des yeux de sa propriétaire. Elle l’a réceptionna sur son bras protégé par un gant de cuir et s’attela à accrocher ce qui était ses allégeances à la nouvelle Comtesse du Comté ou elle résidait d’ordinaire. Les mots à cet instant résonnèrent dans sa tête elle qui fut trois fois régnante du Limousin, elle savait…


Citation:
Par la grâce d'Aristote,

nous, Ewaële de la Boësnière, humble Comtesse de Laroche-Aymon, Baronne de Mirambel, Dame d'Yssandon en Limousin,

à vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche par la grâce des urnes,

salut.

Par la présente, nous reconnaissons comme suzerain vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche par la grâce des urnes.

Que nous vous devons désormais respect (obsequium), aide (auxilium) et conseil (consilium),

Que si un conflit venait vous opposer vous, AldaAregonde, Comtesse du Limousin et de la Marche, notre suzerain, à un tiers, nous jurons que nous prendrions cause pour vous.

Que nous ne puissions enfreindre la page de ce serment, ou aller à son encontre par un courage téméraire. Si cependant nous osions le tenter, que nous sachions que nous encourrerions l'indignation du Dieu tout-puissant et de ses bienheureux prophètes.

Pour que l'autorité de notre sermentation obtienne une vigueur plus ferme dans les temps à venir, nous avons décidé de la confirmer par notre main et de la signer par l'impression de notre sceau.

Nous, Ewaële de la Boësnière, humble Comtesse de Laroche-Aymon, Baronne de Mirambel, Dame d'Yssandon a écrit et ratifié,

Lyon, le XXIXème jour de Juillet de l’an de grâce Mil Quatre Cent Cinquante Sept.

Qu'il en soit ainsi et heureusement. Amen.



Une inflexion du bras pour donner de l’élan à celle qui depuis longtemps lui servait de messager et la rouquine se noya à nouveau dans les labyrinthes de sa vie, de son passé… Son dos vint se poser contre un mur froid et elle inclina son visage vers le sol pour protéger ses yeux des premiers rayons qui pointaient sur les toits de la ville de Lyon…
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Akmer
[Lyon]

Akmer, suivit de sa meute de valet, parcourait les ruelles Lyonnaises. Il faisait encore sombre et on ne distinguait que des formes grossières qui marchaient elles aussi sur les pavés de la Capitale. Akmer en meneur d’homme, qui l’aurait cru, essayait de réfléchir où la comtesse aurait pu aller, sûrement dans une auberge, mais laquelle ? Il ne connaissait pas bien la ville, voire pas du tout pour être honnête. C’est à ce moment qu’il se rappela qu’il avait un petit groupe de valet qui le suivait comme son ombre. Il s’arrêta net pour se retourner et dire quelques mots :

Bon, cela commence plutôt mal. Il faudrait qu’on retrouve la comtesse, est ce que l’un de vous ne connaîtrait pas une auberge où elle aurait pu se reposer ?

Il balaya leur visage de son regard pour voir tous leurs traits, toutes leurs expressions, et une attira son attention. Il s’agissait encore du petit blondinet qui semblait vouloir parler mais qui n’osait pas. Akmer devait admettre qu’avec ce qu’il s’était passé il y a peu de temps pouvait lui faire peur, et lui donnait une mauvaise image de lui. Ainsi, et forcément un peu gêner, Akmer lui sourit avant de lui dire :

Tu me sembles bien pensif, tu ne voudrais pas, par hasard, me dire quelque chose ? Dit il en essayant de montrer un visage le plus détendu possible.

Heu et bien c’est qu’il y a une auberge où votre madame du Limousin aurait pu se rendre. Elle se trouve au cœur de la ville, un peu plus loin sur cette route dit il en montrant de la main la petite route sur laquelle se trouvait le petit groupe.

Très bien, allons y je vous retrouverais dans quelques instants. Sur ces mots l’ensemble des valets se mit en route. Akmer n’eut que le temps d’en rattraper un pour lui dire, Non pas toi. Tu ne pourrais pas me dire où je pourrais envoyer un petit message ?

Le valet sur les mots d’Akmer lui montra du doigt un petit bureau juste en face d’eux. Merci à toi, viens accompagne moi.

Les deux hommes se mirent en route vers la petite maisonnette où Akmer pu écrire et envoyer un message. Il commença à griffonner quelques mots, puis se rendit compte qu’en disant cela, il risquait de faire mauvaise impression auprès du chancelier. Ainsi il jeta le premier parchemin pour recommencer. On pouvait lire :

Citation:
A Son Excellence le vicomte Bastien d'Amilly, Chancelier du Lyonnais Dauphiné,

Je vous informe ce jour de l’arrivée en nos terres de la comtesse Ewaële, mon homologue limousine. Elle se trouve actuellement à Lyon.
Je ne sais pas si vous aviez été prévenu de sa venue, je préfère donc vous adresser ses quelques mots.

Recevez, Vicomte, l’expression de mes sentiments les plus distingués,
Akmer.


Il n’était bien sur pas nécessaire de dire que la comtesse n’était pas en compagnie d’Akmer et il n'était non plus essentiel qu'il s'étale sur ses faits, lui qui voulait se dépêcher. Il envoya la lettre avec une pointe de doute qu’il chassa immédiatement de son esprit. Puis il prit la direction que lui avait indiqué le blondinet en se posant tout de même quelques questions. Rho et puis je l’aurais bien retrouvé le temps qu’il arrive pensa Akmer pour se réconforter alors qu’il marchait plus doucement qu’auparavant tout en regardant le soleil pointer le bout de ses rayons qui commencèrent à réchauffer l’air et à éclairer la Capitale.
Ewaele
Elle resta là un moment, pensive, avant de rentrer et de rejoindre Breccan. Elle avait reçu entre temps un courrier d’un Lieutenant qu’elle fit voir au jeune homme.

Citation:
Bonjour à vous et bienvenue en Lyonnais-Dauphiné,

[...]

Headkro lieutenant de la prévôté de Lyon.


Elle ne savait pas trop quoi penser de tout cela, aurait aimé descendre un peu plus sur les terres Lyonnaise et était venue avec son frère d’armes pour bien des raisons dans cette contrée. Devait-elle répondre ou attendre l’accalmie? Elle scruta le visage de son ami qui était tout aussi dubitatif que le sien. Hé bien, elle attendrait de rencontrer les diplomates afin de savoir de quoi il retournait réellement et si ils avaient besoin, ou pas, de leur bras en sus, ou si seulement ils pouvaient continuer leur voyage sans risquer de se voir blesser, voire pire. Elle laissa la missive sur la table repartant dans ses souvenirs. Elle aurait aimé revoir Briançon, rien qu’une fois… Retourner là où elle l’avait laissée avec son enfant. Mais était-ce seulement raisonnable. Petit haussement d’épaule de la rouquine qui décidément se perdait de plus en plus dans ce qu’elle désirait vraiment ou pas.

Rester là un peu voulait dire ne pas rejoindre son amie Marie-Alice de suite en Bourbonnais Auvergne, elle devait aussi prévenir le Comte Max de Mazière de la suite de leur voyage. Le Gallois allait être ravi. Ah les rencontres sur les routes du Royaume. Toutes aussi imprévisible les unes que les autres, apportant tour à tour, joie, colère, sourire, inquiétude, amusement, ou mal être. Depuis leur départ du Limousin, bien des choses s’étaient passés, que devait-elle en retenir exactement? Les nouvelles lui arrivant de leur terre n’avait pas d’effet très bénéfique sur elle, mais elle avait fait une promesse, oublier le Limousin-Marche un temps, le temps qu’il faudrait pour réapprendre à vivre en oubliant ses dissidents, les calomnies, mais et ses amis alors? Ceux là étaient dans son cœur, elle ne pouvait se résoudre à tout balayer d’un simple geste de la main en les laissant dans leur défection, du moins celle du Comté.

Nouveau regard au brun qui la dévisageait, lisant en elle comme dans un livre. Son regard soucieux interpella la rousse et elle ne put s’empêcher de lui sourire, simplement. Elle prit la parole comme si le moment était venu de lâcher quelques bribes de l’histoire qui la liait au Lyonnais-Dauphiné.


Il y a bien longtemps, je ne me souviens même plus pour tout te dire, j’ai fait connaissance d’une enfant du nom de Gazael, nous avons grandit séparément. Moi en Auvergne, elle ici quelques part dans les montagnes, mais nous avions crée une réelle amitié épistolaire. Elle s’installa un jour à Briançon et vécut sa vie comme elle l’entendait, aussi libre que l’air. Ne me demande pas pourquoi mais un jour elle quitta son village et se dirigea vers la Lorraine, que fuyait-elle réellement ? Aimée et amoureuse d’un briançonnais, elle était poursuivie par un autre, et espérait lui échapper ainsi. A peine arrivé à Toul, elle se rendit compte qu’elle était enceinte et portait en elle l’enfant de l’amour. Elle ne pouvait repartir ainsi, les risques elle ne voulait pas les prendre, elle était déjà affaiblie par son voyage aller… Mais voilà, il lui manquait et son ventre s’arrondissait, et elle avait été poursuivie comme elle le craignait par l’autre homme. Elle décida alors de reprendre la route de Lyon, mais elle était rongée par la culpabilité de ce qu’elle avait fait.

Ewa alla chercher un verre au comptoir pour s’éclaircir la voix ou alors pour garder contenance. Il était dur de se remémorer tout ça, de revoir le visage de son amie agonisante sous ses yeux et cet enfant mort dans ses bras alors qu’il venait tout juste de naitre. Elle attrapa sa crinière rousse et l’attacha en une simple natte pour se dégager le visage qui avait blanchi fortement. Elle enjamba le banc et reprit place posant devant eux deux hanaps remplit d’un liquide au couleur de miel…

Je l’ai invité à me rejoindre en Limousin, à Rochechouart exactement, là où j’habitais à l’époque. Mais elle n’arriva jamais, j’ai du prendre ma monture et partir au plus vite sur Montluçon où la maréchaussée m’avait prévenue qu’ils l’avaient retrouvée dans un sale état et qu’ils craignaient pour ses jours. Je n’ai pas réfléchi et suis partie. Mais hélas je n'ai rien pu faire, impuissante face à la vie et à la mort. L’enfant, un garçon qu’elle voulut appeler Gabriel, vit le jour et repartit rejoindre aussi vite les anges, suivit de prés par sa mère. Mais avant de partir elle m’avait enfin avouée le nom de celui qui faisait battre son cœur, celui qu’elle aimait bien au-delà de tout…

Elle se tut, rongée par cette histoire où elle avait été si impuissante, si rien du tout… Ses yeux regardèrent longuement le verre puis dans un geste brusque elle le souleva pour le porter à ses lèvres et le boire cul sec avant de le jeter au sol tellement la douleur faisait rage en elle.
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Sagaben
Domaine de Mercurol - Bureau du Chancelier du Lyonnais-Dauphiné

Soirée relativement calme à Mercurol. Des ambassadeurs / Conseillers ducaux, qui n'ont plus suffisamment de temps pour exercer leur office. Des démissions. Un travail plus important pour le Chancelier. Il avait tourné son siège vers le dehors. Il pouvait contempler les grandes forêts qui entouraient le domaine. Un parchemin en main - quelque traité, sans doute -, un verre au liquide rouge-ébène à portée de l'autre, il espérait qu'on ne le dérange pas aujourd'hui.

L'on frappe. Le chancelier ferme un instant les yeux. Il les rouvre et, sèchement.

- Qu'est-ce que c'est?
- Une missive, Excellence.
- Sur la pile, avec les autres! Et cessez de me déranger!


Un instant de silence passa, la voix se fit réentendre.

Mais, Excellence... C'est une missive de Son Excellence Akmer...

Soupire du chancelier. Ordre d'entrer. Le page déposa la missive sur le bureau. Le chancelier se retourne et la saisit.

Qu'y a-t-il de si urgent... Oh... Tiens donc...

Le visage du chancelier s'était apaisé. Le page semblait soulagé. Le chancelier se grata le menton, puis s'adossa et croisa les doigts.

Mmh... Faites envoyer une réponse à Akmer. Vous y ferez rédiger ce que je vais vous demander de faire.
Un! Envoyez un messager à la dame de Mirandre à Pierre Scize, ainsi qu'au Gouverneur. Les avertir de la présence à Lyon de la comtesse de Laroche-Aymon, ambassadrice du Limousin.
Deux! Faites de mesme pour le duc d'Albon.
Trois! Ne pas oubliez de faire parvenir ceci à Akmer.
Enfin! Faites préparez mes affaires et une escorte. Je pars demain pour Lyon.


Le Chancelier vit la tête un peu encombrée du page. Il semblait répéter dans sa tête. Pour couper court, le Tempéré se retourna et scruta l'horizon.
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Ewaele
[Une auberge Lyonnaise]

Un silence pesant s’était installé entre les deux compagnons. Il était toujours dur de trouver les bons mots dans ces cas là. Et la rousse, pour le moment, en avait déjà trop dit pour avoir envie de parler à nouveau. Ils n’avaient pas prit encore le temps de prendre un peu de repos, et ses paupières se faisaient lourdes, mais le mal être présent, la colère sous-jacente qu’elle intériorisait depuis fort longtemps la maintenait éveillée.

[Plus tard dans sa chambre…]

Ewa était pensive, elle se souvenait. Les flocons de neige, qui tombaient sur ses épaules, lui procuraient une sensation de bien-être, que seul un être blessé pouvait apprécier. Juchée sur son destrier, elle observait depuis un promontoire rocheux la préparation des deux corps sur une charrette, plus bas dans la vallée. D’ici, la vue de l’activité qui régnait en contrebas lui semblait presque poétique, tel un ballet de lumières dans la froideur du brouillard. La silhouette des gardes se démarquait bien grâce aux torches qu’ils tenaient haut. Elle était fourbue de sa journée passée en reconnaissance dans la région, mais depuis le temps qu’elle avait rejoint les rangs de l’Ost Limousine, les missions de patrouilles lui étaient familières.

Elle releva son capuchon pour mieux sentir le contact de la neige sur sa peau. Elle était encore très jeune, et elle le portait sur son visage : elle avait de grand yeux verts, qui lui donnait l’air d’être sans cesse surprise par ce qu’elle voyait, et des cheveux roux qu’elle gardait toujours très longs. On lui avait fait monté un grand cheval noir, avec qui elle avait finit par s’entendre, et qui supportait tout son équipement de cavalière. Elle ne portait pas d’armure, mais simplement des vêtements solides en cuir et une grande cape noire.

- "Encore quelques heures", s’était-elle dit machinalement en tapant la neige qui s’accumulait sur ses épaules. Oui quelques heures avant de quitter Montluçon et de rallier le Lyonnais-Dauphiné.

Briançon : Son regard se posa sur la ville qui s’étalait à ses pieds : la cité était un véritable joyau, petit chef-d’œuvre du savoir-faire architectural. Construite sur le flanc d’une montagne, plus précisément adossée à un des pics d’une chaine qui surplombait un plateau de très haute altitude, la cité était constituée d'une succession de niveaux imbriqués établis sur des terrasses aménagées plus ou moins vastes. L’unique accès était la route sur le plateau qui débutait aux portes de la ville et se poursuivait vers les montagnes. L’énorme pic montagneux était situé sur le bord du dit plateau et une partie de la ville était tournée vers le vide du versant de la montagne, disposant d’un panorama grandiose sur toute cette partie de la vallée.


[Retour au présent…]

Des coups frappés à la porte de sa chambre la firent sursauter et revenir à la réalité, une missive apportée par un garde aux couleurs du Lyonnais, elle le remercia d’un geste de la tête et prit vite connaissance du pli scellé. Elle regarda en premier lieu la signature et fut surprise de reconnaitre celle du Gouverneur. Une invitation à le rejoindre pour visiter ses terres, était-ce là l’unique raison? Elle avait entendu qu’il y avait grand bruit en place publique, des soucis entre villages. Avait-il besoin de la femme à ses côtés ? De la licorneuse ? De la diplomate ? Ou était-ce seulement le plaisir de chevauchée ensemble ?

Ramasser rapidement ses affaires, prévenir Breccan, que la route reprenait… Pas précipités, mouvements désordonnés, oublier un temps ses tourments pour être prête au plus tôt. Nouveau coup à la porte, son frère d’armes, grand sourire aux lèvres, toujours prompt aux voyages, avait été plus rapide qu’elle apparemment. Côte a côté pour quitter l’auberge, préparer les montures et prendre le chemin pour se rendre à Dié.

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Akmer
Akmer se dirigeait, accompagné d’un des valets, vers la fameuse auberge où devait se trouver la comtesse. Les premiers rayons de soleil commencèrent à réveiller doucement la capitale, qui se levait sous les pas pressés d’Akmer impatient d’enfin faire la rencontre de son homologue. Et alors qu’il arrivait dans la ruelle qui donnait sur l’auberge, le lever du soleil l’aveugla complètement. Il cru un instant apercevoir des formes dans le ciel volées au dessus de sa tête, cependant lorsqu’il fronça les sourcils afin de ne pas être ébloui, du moins afin qu’il puisse voir ou il posait les pieds, il se rendit compte qu’il ne s’agissait que d’oiseaux qui faisaient une étrange parade dans le ciel.

Après un instant à marcher, les yeux pratiquement fermés ne décelant même plus les formes lointaines, il arriva devant l’auberge, reconnaissant l’attroupement de valets devant celle-ci. Tout de suite il se dirigea vers l’entré afin de se renseigner vers l’aubergiste, mais bien sur, le petit blondinet avait quelque chose à dire avant même qu’il ne puisse entrer :

M’sire Akmer y a là ….

On a pas le temps, mon petit, on est déjà assez pressé comme ça répondit Akmer en lui coupant la parole. Puis Akmer entra et d’un rapide coup d’œil des lieux pu trouver le comptoir. Il était tôt, et seul les ivrognes avaient passé la nuit ici, étant impossible de rentrer, ou bien étant impossible d’aller s’étaler ivre mort dans un coin de la Capitale. Il ne s’attarda pas sur des visages, des expressions pour finalement aller voir l’aubergiste.

Akmer s’adossa sur le comptoir pour fixer l’homme durant un court moment. Il paraissait épuiser, et ses traits semblaient tendus et tirés.

Bonjour mon brave, nous cherchons la comtesse Ewa…., nous cherchons un rouquine, qui peut, peut être, être accompagné. Ils sont arrivés tard dans la nuit. Pourriez vous m’indiquer leur chambre ? Demanda Akmer à l’homme.

Oui, je vois bien de qui il s’agit. L’homme marqua une courte pause alors qu’il semblait presque animé par d’étranges automatismes. Akmer approcha la tête, l’air intrigué,

Et bien ils sont partis il n’y a même pas une heure répondit l’homme avant de reporter son attention vers ses automatismes, détachant son regard d’Akmer qui venait de baisser la tête, effondrer.

Il soupira bruyamment avant de se retourner, l’air désespéré. Il croisa le regard du petit blondinet, qui souriait gêner en haussant les épaules.

C’est ce que je voulais vous dire M’sire Akmer. On a vu une rouquine et un homme sortir y a pas si longtemps.

Et bien sur, vous n’auriez pas pu me le dire avant, comme toujours.

Mais M’sire Akmer j’ai …

Oui je sais, vous avez essayé, vous avez essayé dit Akmer terminant sa phrase comme pour s’excuser. Faut vraiment que je l’écoute celui-la pensa Akmer. Puis il se retourna de nouveau vers l’aubergiste :

Vous ne sauriez pas par hasard où ils seraient allés ? Demanda Akmer, faisant de gros yeux.

Vous savez je n’espionne pas mes clients moi ! répondit l’homme sans même lever les yeux, presque comme par prétention. Alors Akmer se mit à fouiller ses poches avant de trouver une petite sacoche d’écus qu’il voulait réserver pour une urgence. Il l’ouvrit et jeta une petite poigné de pièce sur le comptoir,

Je suis un honnête citoyen, moi ! Qui n’espionne pas et qui ne se laisse pas corrompre…. Alors qu’il parlait Akmer lui jeta la sacoche directement. L’homme s’arrêta et détourna le regard pour fixer Akmer et lui parler, comme si il lui jetait ses mots à la figure :

Dié, ils sont partis à Dié. Puis il essaya de reprendre une position normale, enfin, j’ai entendu ce mot plusieurs foi.

Je vous remercie mon brave répondit Akmer presque par surprise et répugnance. Sans attendre il sortit et fit un signe aux autres valets d’en faire autant. Une fois dehors :

Bien, je veux qu’on me prépare un cheval tout de suite. Sur ces mots quelques valets se mirent en route. Toi, reste ici, et quand le chancelier arrivera, je veux que tu le préviennes d’où je me rends !

Quelques longues minutes afin de se rendre à la sortit de la ville plus tard, son cheval était prêt et Akmer ne perdit pas un instant. Il monta sur le cheval et se mit à galoper aussi qu’il pouvait. Le voyage fut long, et pénible, mais, au détour du chemin, cacher par quelques branches, il pu apercevoir une chevelure Rousse voler dans l’air….
Ewaele
[Chevauchée vers Dié et le Gouverneur]

Thème musical

Le départ était donc donné, à eux les chemins de traverse, à eux les grandes étendues à perte de vue, à eux les montagnes et les paysages dont la splendeur n’était pas à mettre en doute. Au revoir pour l’heure jolie capitale Lyonnaise, au revoir ceux qu’elle pensait croiser mais qu’elle n’avait point vu. Fait exprès ou manque de chance? Il n’était pas toujours bon de faire face à son passé proche ou lointain. Portes de la ville dans le dos, elle ne se retourna point, à quoi cela aurait servi de toute façon? Elle savait où elle allait et la personne la plus importante de cette contrée en était informée, si on voulait la trouver, lui parler, ou quoi que ce soit d’autre, il ne serait point dur de mettre la main sur la rousse se dit-elle.

Une dizaine de lieux, voilà ce qu’ils eurent le temps de parcourir avant qu’un pigeon ne les rattrapa, missive à la patte. Ewa en prit rapidement lecture, fit arrêter son cheval aussi sec, éclatant d’un rire peu habituel chez la jeune femme. Deux choses, elle avait loupé son homologue qui apparemment lui courait après, mais là n’était pas la raison de son fou rire… On avait chargé le pauvre Akmer d’une mission hautement diplomatique, si l’on pouvait dire. Demander à Sa Grandeur, une lettre de créance, qui certifiait qu’elle était bien l’ambassadrice du Limousin pour le Lyonnais. C’était tellement gros qu’elle ne savait plus si c’était du lard ou du cochon… Pratiquement trois années à servir autant qu’elle le pouvait les deux provinces, et là pour une soit disant créance introuvable par le Chancelier, on remettait en doute ses fonctions.

Bien, elle allait passer outre et attendre de rencontrer Son Excellence, avec qui elle travaillait par échanges épistolaires pour éclairer ses lanternes sur cette affaire. On allait éviter l’incident diplomatique, et surtout elle ne voulait pas qu’Akmer, qui faisait un travail remarquable, puisse pâtir de cette histoire hautement ridicule, ironique, stupide et bien d’autres choses. Elle expliqua rapidement à Breccan de quoi il retournait, accompagnant la fin de sa phrase d’un haussement d’épaules et d’un soupir qui en disait long. Pour le coup cela avait eu le mérite de changer l’esprit de la Comtesse, qui, toute à ses questionnements sur le pourquoi on en arrivait là, avait mis de côté le passé qu’elle avait en ces terres.

Ils reprirent leur chevauchée au pas, n’étant pas pour le moment pressés par le temps. Puis cela permettrait peut être à Akmer de les retrouver sur la route et de voyager un temps avec eux. Elle se fit silencieuse, plongé dans ses réflexions de ce qu’il y avait à améliorer dans la diplomatie et l’accueil des différentes personnes selon leur rang. Elle trouvait fort dommage que de par l’éloignement de leur terre, ils ne puissent se voir plus régulièrement. Elle appréciait cette personne, qui mettait beaucoup d’ardeur, de temps et de tact dans ses entreprises. Toujours présent pour la renseigner, il avait souvent prit les devant pendant ses mandats de comtesse pour la soulager dans le travail qui était le leur. Elle avait une réelle sympathie pour cet homme et avait, en prévision de sa venue, fait préparer un petit quelque chose à son intention. Mais il faudrait attendre de le voir pour lui remettre, mieux valait tard que jamais.

La montagne. La neige. La forêt. Elle croyait avoir oublié tout cela, elle pensait que cela n’appartenait plus qu’à de lointains souvenirs enfouis au plus profond d’elle-même, appartenant à une autre existence qu’elle n’aurait pas vécu. Pas elle, en tout cas. L’odeur des bêtes, les poils des loups sous ses doigts de petite fille, la texture de la viande chèrement appropriée sous ses jeunes dents. C’était uniquement cela qui avait hanté son esprit tellement de temps. Des sensations, et uniquement des sensations. Elle avait tenté de se remémorer quelque chose, un jour, un instant précis. Mais rien, si ce n’était l’odorat et le toucher, fugaces, qui revenaient parfois. Pourtant, une fois arrivée en ces lieux, tout avait ressurgi cruellement en son être, comme un vieux jouet qu’elle aurait redécouvert. Quand on lui avait volé son identité, elle avait pensé qu’elle ne se souviendrait plus jamais de ce qu’elle avait été. Maintenant, elle comprenait. Rien n’avait été perdu. Elle n’était que la continuation de la personne qui avait vécu dans la forêt auvergnate, et si elle l’avait ignoré c’était parce qu’elle l’avait oublié. Chaque arbre lui était familier. Pendant sa traversé de la forêt, elle avait écouté son souffle résonner au même rythme que cette dernière. Un sourire avait traversé son visage d’albâtre.

Alors, en jeune femme qu’elle était devenue depuis ces temps où elle foulait de ses pieds nus l’herbe verdoyante de la montagne, elle se surprit à penser au futur qu’il lui était réservé. Partir pour tout recommencer, tel avait été son but quand elle avait quitté les terres limousine écœurée, n’était-ce pas là un signe qui lui désignait une voie toute tracée? Sans s’en rendre compte, un soupir lui échappa. Elle avait cru finir ses jours en ces lieux, et voilà qu’une porte inconnue d’elle-même s’ouvrait avec derrière tellement de choses qu’elle ne connaissait pas. Le vent souffla un peu plus fort mais elle ne sembla pas s’en soucier, trop réfugiée en elle-même à méditer ses pensées.

Son attention vira sur le jeune homme lorsqu’il posa sa main sur la crinière sombre de sa monture. Inconsciemment, elle frémit, sentant légèrement tout ce que représentait ce lien. Elle l’écouta parler d’épreuves à traverser et d’évènements où tout se jouerait… Un défi. Ewa s’autorisa un sourire. Elle aimait les défis. En quoi consisterait son combat si elle se cloîtrait en ces lieux reclus du vaste monde et où plus personne ne passait? Non, en vérité, elle n’était pas faite pour cela, son temps n’était pas encore venu de se couper de l’univers pour se reclure tel un vieil ermite. La perspective de choses nouvelles à découvrir, d’un monde à explorer, l’excitait beaucoup plus, elle avait soif d’aventures et sentait que tout ce qu’elle avait réalisé jusqu’à présent n’avait que dépendu des autres. Si elle devait prendre sa vie en main, elle devait faire ses choix par elle-même. Alors, elle ferma les yeux, écouta la montagne et la rumeur de la forêt dont le cœur battait au même rythme que le sien.

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Phelim
[A Dié]


Il avait d'abord reçu une missive de cette ambassadrice en Lyonnais-Dauphiné, pour lui faire savoir qu'elle était au courant des troubles dans son duché et qu'elle était prête à mettre son épée à leur service.
Mais à ce moment là, les choses s'étaient accélérés, et il s'était retrouvé dans l'armée de Pénélope, pour comprendre les deux armées brigandes qui menaçaient son duché. Oh, bien sur qu'il n'aurait pas du la rejoindre, il était important qu'il survive durant son mandat, mais bon, empêcher un ancien capitaine d'aller dans le feu de l'action, c'était chose impossible.

Il avait ensuite reçu une lettre du Chancelier, lui faisant savoir qu'Ewaele était arrivée à Lyon. Désireux de faire plus ample connaissance avec cette demoiselle à qui il avait promis d'offrir un verre en taverne, il l'avait invitée à venir avec lui à Briançon. Il se devait d’y aller pour expliquer en face son point de vue, bien que d’avance, il ne se réjouisse point d’un voyage qui risquait fort de se révéler infructueux.

Le jour J, il était allé la voir en taverne. Enjouée, elle lui avait dit qu’elle l’attendrait au détour des chemins. Tentant de paraître de pareil humeur, il avait répondu que ça serait plutôt l’inverse, mais il savait d’avance que la démarche de Rouge serait lourde, le reflet des pensées de son cavalier … Bien qu’il lui tardait de revoir la clique d’Embrun … Hazram … Bounette .. et bien d’autres …

Le soir venu, aux écuries, elle le titilla à nouveau. Phelim ne put s’empêcher de sourire.


Et bien, partez devant si vous le voulez, mais si vous vous perdez, on vous retrouvera peut-être jamais.

Il salua au passage le Seigneur Breccan, qui l'accompagnerait lui aussi Il hésitait, il ne savait pas si c'était le frère d'Ewaele ou son compagnon, ou autre ... et ne sachant pas comment formuler une question de ce genre sans laisser planer des sous entendus douteux, il avait préféré ne pas demander. Il redevint ensuite rapidement soucieux en grimpant en selle. C’était trop tard pour faire demi tour de toute manière, et puis, il n’avait qu’à pas accepter la gouvernance s’il n’était pas près à accomplir ce genre de démarche. La chaleureuse capitale où il avait toujours vécu lui manquait terriblement, dont l’ancienne mairesse avec qui il pouvait se disputer et se chercher sans ambiguïté .. sans risque que les propos soient répétés en place publique …
Lugubre, il lâcha :


Mouarf.

Et comme le mot était approprié pour de telles histoires parties de peu, il le répéta :

Mouarf !

Il talonna son destrier à la poursuite de la rousse qui déjà disparaissait dans la nuit. Rouge ne se le fit pas dire deux fois et bondit en avant, tout comme le Gouverneur, il était fier et ne souhaitait pas être laisser à la ramasse. Compétition dangereuse à faire dans ces routes tortueuses comprenant des falaises ... mais qu'amener la fierté si ce n'était de se mettre en danger?
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Ewaele
[De Dié a Embrun]

Non mais elle hallucinait, elle trépignait, piétinait, prête à exulter. Comment osait-il se jouer d’elle ainsi? Gouverneur certes mais quand même! Oser prétendre qu’elle ne saurait retrouver son chemin, ou que la route serait trop abrupte pour elle, c'était mal la connaitre. Il voulait jouer, il allait voir et pas qu’en paroles, non mais ho ! Il pensait aller plus vite qu’elle et être obligé de l’attendre au détour d’un chemin, elle lui avait répondu du tac au tac, de se méfier que ça ne soit pas plutôt l’inverse.

Le soir arrivé, ils étaient devant les écuries avec le Seigneur de Sarran, quand le Gouverneur voulut à nouveau jouer… Ah il pensait que de partir devant l’effrayait, et bien soit, rirait bien qui rirait le dernier… Elle grimpa sur le dos de sa monture évitant soigneusement de lui répondre, un regard amusé à son frère d’armes et la course était lancée. Devant franchir des contrées un peu inconnues pour elle, qui pouvaient receler des rencontres hasardeuses, Ewa avait emporté avec elle quelques vivres et un armement plus varié qu'à l'accoutumée. Hormis son épée et sa dague, elle s'était aussi munie d'un arc et de son carquois, bien que n'excellant pas au tir à l'arc, elle s'était dit que cette arme pourrait se révéler utile pour la chasse, suivant le gibier qu'elle croiserait en ces bois.

La jeune femme sentie son cœur se serrer tant cette étendue forestière lui rappelait sa terre natale. Un caractère sauvage se dégageait, bien que différent des forêts de son enfance, de cette étendue sylvestre composée de grands feuillus au tronc d'argent et aux abondant feuillages verdoyants, de grands sapins sombres mêlant leurs branches aux vieux chênes centenaires. L’écuyère, malgré son chargement fut prise d'une irrésistible envie de galoper. .. Galoper à perdre haleine pour se perdre dans la profondeur de cet écrin de verdure. Elle s'élança dans une course folle, louvoyant entre les arbres, sautant par dessus les souches, flirtant avec les basses branches. Offrant son visage au vent de la forêt... Elle accéléra alors sensiblement jusqu'à sentir ses yeux pleurer au contact de l'air, ses poumons bruler sous l'effort consenti et elle se sentit ... vivante ... vivante ... vivante et libre !!!

Elle ne se soucia même pas de savoir si elle était suivie pour le coup, le bruit des sabots qui martelaient le sol lui confirmait simplement que les deux hommes la talonnaient de près. Apparemment ils étaient aussi ivres qu’elle à ce moment d’abandon… A part les respirations des chevaux point de son ne sortait des êtres qui se mouvaient dans cet effort endiablé. Elle ralentit pourtant l’allure non pour elle, non pour les hommes, mais pour les bêtes, elles ne pourraient tenir ainsi la distance, et ça ne servait à rien de les fatiguer inutilement. Scruter les horizons pour repérer leur chemin, et continuer à trotter.


Gouverneur, je ne crois pas avoir eu l’occasion de vous présenter mon compagnon de voyage, homme d’armes à la Licorne… Breccan, Seigneur de Sarran et des Rosiers d’Egletons.

Ce fut succinct, mais il ne servait à rien de s’étaler, ils auraient le temps de faire connaissance ou pas sur le chemin s’ils en avaient envie après tout. Une chose était sure, personne n’avait réussi à semer l’autre, et la chevauchée était plutôt agréable… Une longue conversation s’ensuivit sur tout et rien, Lyonnais-Dauphiné et Limousin, babillage de circonstance entre Grace et Grandeur, rien de bien intéressant dont on puisse se souvenir dans les quelques années à venir.
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Akmer
Akmer galopait à vive allure, aussi vite que sa monture le pouvait. Et alors que le soleil montait dans le ciel le diplomate galopait toujours. Il ne fixait rien de bien particulier, seulement l’horizon qui défilait au loin. Et puis entre deux respirations bruyantes de sa monture, il pu apercevoir deux personnes. En se rapprochant intrigué il pu distinguer la couleur de la chevelure de l’un d’entre eux. Immédiatement un petit sourire illumina le visage d’Akmer qui essayait de faire galoper son cheval encore plus vite.

Il se rapprochait encore plus vite mais une fois qu’il était assez prêt, il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas de son homologue, à moins que celle-ci soit vêtue de haillons qui ne recouvrait même pas tout son petit corps.

Il continua aussi vite qu’il pouvait. Il arriva à Dié sans avoir rencontré quelqu’un qui valait la peine qu’on s’arrête. Il confia sa monture et prit une chambre dans une des auberges. Il avait besoin de repos, et son cheval aussi. Sa nuit était assez mouvementée, animée par des drôles de rêves, des doutes. Mais elle fut aussi très courte car au milieu de la nuit, la petite ville de Dié vit partir un cavalier en direction d’Embrun. Il espérait qu’enfin il puisse les rattraper et voir son homologue.
Breccan
[Sur la route de Memp...euh d'Embrun sans embrouille ou presque]

Breccan suivait du coin de l'œil la discussion plutôt vive mais néanmoins amicale entre la rouquine et l'objet de leur présence à Dié en la personne du Gouverneur Phelim.
La préparation allait bon train et d'ici un rien de temps les grands espaces empliront leur mirette.Et en parlant de départ proche,le seigneur de Sarran ne faisait pas si bien dire et connaissant bien sa sœurette...ça ne pouvait se terminer autrement.
Essayez de chatouiller gentiment une Irlandaise et vous comprendrez.
Ni une ni deux,Ewa grimpa sur son cheval et galopa à toute allure direction Embrun via zone forestière et grimpette.
Tout un programme.
Dans les secondes qui suivirent le départ de la rouquine, le Gouverneur Phelim et Breccan étaient déjà sur ses traces visiblement pas décidé à se faire distancer sans combattre...enfin galoper.

Durant cette promenade vivifiante, Breccan remarqua une chose...le sentiment de liberté accroit proportionnellement avec le risque encourut.
En gros plus tu risques de morfler sévère plus tu t'amuses...ce qui est un peu couillon c'est que le moment où tu t'éclates vraiment...risque d'être le dernier.
Et le Brec failli l'apprendre à ses dépends...(bon la normalement j'avais prévu une bande son genre Ta Da Daaa suivi d'une musique inquiétante...mais non).Le groupe continuèrent leur folle chevauchée à travers la forêt, mais attention pas une forêt au rabais hein...quelque chose de mystérieux avec des arbres multi séculaire aux formes tordues comme la raie d'un bossu et aux branches qui poussent expressément à l'endroit où tu as le plus de chance de te les prendre en pleine poire.
Et c'est la que la malchance s'abat sur notre héroïque gallois..ivre de vitesse, le sourire aux lèvres et les yeux plissés a cause de la rapidité...il n'avait pas vu la branche d'arbre ,qui ressemblait plus à un couperet qu'autre chose, s'approcher dangereusement de son cou.
Et là on a tous envie de hurler "Beau Brec, fait attention a cette saloperie de branche..tu es trop jeune pour nous quitter" mais je vous déconseille de le faire vu qu'il ne vous entendra pas car les bruits de sabots martelant le sol couvrirait sans grand mal vos voix...
Bon finalement Breccan parvint à s'abaisser in extremis, évitant ainsi l'atroce piège de Dame Nature mais pas la saleté de poussière en suspension en dessous de la branche qui vont se loger directement dans le magnifique oeil émeraude du Sublime...n'est ce point tragique ça?!?
Bien sur que oui...et vous avez raison.

Par soucis d'économiser les forces de leur monture et permettre à nos valeureux escorteurs de mener à bien leur mission, le passage fast & bidet du voyage dû prendre fin.
Mais prenez garde, ça ne veut pas dire que ce qui va suivre et ennuyant à mourir.
Depuis la fin de la course effrénée Breccan sentait quelque chose de bizarre dans l'atmosphère...comme s'ils n'étaient pas seul.
Bon c'est un fait, vu qu'ils sont trois à voyager.
Il y avait un petit quelque chose de perturbant, un peu comme un poil de cul coincé dans la couture reliant les deux jambes des braies.
Il s'approcha de la rouquine et du Gouverneur Phelim pour leur exposer ce qu'il s'apprêtait à faire et pour qu'ils ou qu'elle ne s'inquiète pas pour lui

Une fois ses compagnons prévenus il ralentit le rythme tout en prenant un peu le large mais pas trop.
Embrun n'était vraiment plus très loin et le danger de la route s'amenuisait au fil des lieues parcourues.
Le seigneur de Sarran attacha son cheval un peu plus loin afin qu'il ne soit pas visible par un éventuel traqueur..bandit..raclure,avant de se poster stratégiquement dans un arbre bordant la route qu'il empruntait il y a de ça quelques minutes déjà.
Ewa et Phelim était encore à porté de voix et devinez qui pointe le bout de son museau?....de la compagnie venant par derrière évidemment, fourbe que tu es.
Breccan zieutait attentivement son avancée...analysant, anticipant afin de ne pas s'éclater face contre terre après un saut pitoyablement loupé.
Mais chut, le voila qui arrive...il est tout proche, il n'a pas l'air d'un bandit mais son approche est étrange.
La compagnie s'apprête à ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais le temps qu'elle termine sa phrase...Brec lui a déjà sauté dessus et mis dos contre terre, l'immobilisant mais le laissant respirer afin qu'il puisse causer sans probleme.
Après tout, il pouvait encore servir...


Qui es tu? Hein?!?
Pourquoi tu nous suis?
Qu'est ce que tu nous veux?


Breccan stoppa son interrogatoire pour lui laisser en placer une voir deux s'il est sage...
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Ewaele
[En direction d’Embrun… On y est, on y reste !]

Alors qu'ils coupaient une petite clairière, il lui sembla apercevoir furtivement une silhouette... Une sensation de déjà-vu s'immisçait lentement dans son esprit. Elle fronça imperceptiblement les sourcils et porta instinctivement sa main au pommeau de son épée tandis qu'elle fouillait dans sa mémoire pour se souvenir des circonstances. Alors qu'elle se penchait vers son compagnon d’armes, les souvenirs affluèrent petit à petit. Elle se revit quinze ans en arrière au bord d'un bras de la Dore, accompagné de son père lors d'une de ces promenades à cheval qu'elle affectionnait et qui était souvent l'occasion, lors de pauses de cours de théorie militaire. Son père aimait à faire prendre l'air aux manuels poussiéreux de la bibliothèque comme il lui plaisait de le dire. Souvent, donc, il ouvrait un livre illustré de croquis militaires et de plans de batailles fameuses, ouvrages de toutes origines. Quelques échanges à voix basse avec le Gallois et le tour était joué.

Ils avaient prit le large comme il leurs avaient demandé, continuant leur discussion comme si de rien n’était. Ne pas se retourner et laisser faire l’homme d’armes de la Licorne sans s’inquiéter de la suite des évènements. Sur leurs gardes, ils avaient essayé d'évaluer si l'homme était seul ou accompagné d'acolytes et, apparemment, rien ne laissait accroire qu'il fut en compagnie. Marchant au pas, ne se souciant pas de ce qu’il se passait en arrière, ils prirent vite de la distance. Ni Grasce ou Grandeur n’entendirent une voix les héler ni ne virent le Seigneur de Sarran, s’occuper de quoi que ce soit. Et c’est ainsi qu’ils firent leur entrée dans la ville d’Embrun tous les deux.

Embrun, pas grand-chose à dire en fait, la journée s’écoula doucement, bien qu’un sentiment habitait la rousse, soucieuse de ne pas voir son ami revenir, mais il lui arrivait aussi de prendre du temps libre à sa façon. Toutefois, là, un sentiment bizarre tournicotait dans ses tripes. Elle espérait qu’il ne lui était rien arrivé, car tout militaire aguerri qu’il fût, on ne pouvait jamais présager de rien. Prendre du repos car la route n’était pas encore fini, il faudrait cette nuit encore chevaucher pour rejoindre Briançon… Un soupir! Enfin elle arrivait dans cette bourgade qu’elle s’était promis de revoir. Certainement que tout avait changé, certainement qu’elle ne reverrait personne de l’époque. De toute façon qui se souvenait d’elle? De Gazael? Personne!

Le soleil bientôt disparut laissant la place aux astres nocturnes. Bizarrement toujours personne… Elle se rendit au point de rendez-vous fixé avec le Gouverneur. Une taverne, celle de la ville, de toute façon ici ou ailleurs, peu lui importait.

Pour une soirée mémorable cela en fut une, celui qui aurait pu lui prédire cela n’était pas encore né. Elle allait de découverte en découverte, de sourire en grimace, de fou rire en dépit… Sincèrement Embrun cachait bien ses perles rares. Tout débuta avec une jeune femme, danseuse ou du moins amatrice de sauts et élasticités en tout genre… Que voulait-elle? Viser les genoux du Gouverneur pour mieux être installée? Elle produit son effet sur l’homme qui n’arrivait même plus à fermer la bouche, on aurait presque pu voit un filet de bave s’échapper. Puis enfin le Licorneux fit son apparition mais pas un mot de ce qu’il s’était passé plus tôt ne vint sur le tapis. Ewa n’osa demander ce qu’il en était, laissant la soirée filer dans la bonne humeur. Et bonne elle fut, Guillaume fit son entrée, un Lasteyrie, famille connue en Limousin. Comme il était étrange de revoir des têtes familières aussi loin de chez soi… Monseigneur Guillaume. Hé bien, il ferait parti du voyage, il voulait se rendre lui aussi a Briançon pour voir ses ouailles, un de plus ou un de moins, pourquoi pas après tout? La jeune femme devait reconnaitre que le Gouverneur avait l’air ravi de l’épaississement du groupe, allez savoir pourquoi il craignait de rencontrer en chemin une « marmotte géante », qui risquait d’intenter à leurs vies. Risible? Plus que vous pourriez le croire.

Mais c’était sans compter sur l’arrivée du Lieutenant de la ville. Oh si Ewa avait pu elle l’aurait étripé. Pour la première fois de sa vie elle se retrouvait en situation de ne pas pouvoir accomplir son devoir à cause d’un arroseur de gosier. Pas le temps de dire ou de faire une croix sur l’alcool proposé qu’elle se retrouva à picoler aussi sec que tous les hommes à ses côtés, elle sentait le liquide lui bruler les chairs de la gorge tellement cela dégoulinait. Horreur et damnation, le mal était fait. Gouverneur aussi rond qu’un rond, Comtesse incapable de se lever, Seigneur qui hipsait plus que de raison, seul le saint homme avait encore un peu de tenu dans le groupe devant partir pour les montagnes. Qu’ils étaient beaux à voir… La taverne se vida au fur et à mesure, même Breccan laissa Grasce et Grandeur sur place, sans doute avait-il besoin de se rafraichir vu l’absorption massive d’alcool de la région, ou alors il avait un rendez vous secret inavouable, qui savait?

La discussion reprit sa place, à celui qui embêtait gentiment le plus l’autre, un peu de répartie à droite, un peu à gauche, salé, poivré, c’était pesé. Puis d’un coup Phelim se fit plus curieux, et posa des questions plus centrées à la Comtesse. Fiancée, amour, Ewa lui parla donc de Nico, puis ils revinrent sur lui, sur sa solitude voulu. Et enfin sur Breccan, le pourquoi de sa présence aux côtés de la rousse alors qu’il était marié et père. Comment expliquer que sa femme l’avait quitté car ce dernier rêvait d’espace et de nouveaux horizons? Comment avouer qu’elle avait trouvé réconfort dans d’autres bras que ceux de son mari? Cela ne concernait pas Ewa et elle n’avait pas à juger de la vie des autres. Le Gouverneur insista pourtant voulant savoir pourquoi ils ne s’étaient pas séparés. Mais que pouvait dire la Comtesse là dessus? Breccan et Finitou étaient adultes après tout, leur vie ne concernait qu’eux. Ewa les appréciait tous les deux et n’avait pas de jugement à avoir sur leur vie ou leurs décisions. Elle savait que depuis son arrivée en Limousin le jeune homme avait toujours été là, une amitié fidèle était née, avait suivit son chemin, devenant une réelle complicité, comme deux frères d’armes pouvaient en avoir. Le reste ne la regardait pas.

La nuit était plus qu’avancée quand ils se décidèrent enfin de prendre un peu de repos, titubant et espérant que les fossés ne seraient pas leur dernier souvenir…

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Akmer
Akmer galopait aussi vite qu’il était possible de faire, pour finalement se faire attaquer. Un homme qu’il n’avait pas vu surgir lui sauta dessus en le plaquant au sol. Décidément il avait un don pour attirer à lui les ennuie. Il n’avait pourtant rien demandé à personne, mais voila qu’au détour d’un chemin, là où on ne s’y attend pas, quelqu’un vous saute à la gorge et vous immobilise.

Prit de court, et complètement perturbé, Akmer n’eu même pas le réflexe de saisir le pommeau de son épée. Retombant sur le dos, l’arrière de sa tête heurta le sol, mais étrangement Akmer n’en ressentit pas les effets. Il était beaucoup trop occupé à regarder l’homme, à le dévisager, à essayer de le comprendre. Il ne pouvait pas s’agir d’un brigand. Son allure et ses vêtements faisaient plutôt penser à une personne ayant tout de même un certain savoir vivre. Akmer essayait de ne pas afficher sa peur, qui commençait peu à peu à l’envahir. Essayant de se débattre, il ne pouvait même pas bouger les mains alors que cet homme commença à le questionner :


Qui es tu? Hein?!?
Pourquoi tu nous suis?
Qu'est ce que tu nous veux?


Son cerveau ne mit pas longtemps à comprendre ce qu’il se passait. Il aurait du s’en douter que la comtesse devait avoir quelques gardes de corps. Et finalement il était bien bête de se retrouver dans une telle situation.

Ecoute mon brave ! A ton avis qui essayerait de voir la comtesse ? Qui aurait fait le voyage Briançon-Lyon afin de l’accueillir ? Qui l’aurait manqué deux fois avant de reprendre la route ? Et qui en a marre parce qu’il n’arrive pas à voir son homologue ?

Il restait là, essayant d’afficher sa détermination, qu’on pouvait facilement prendre pour de l’orgueil, de la prétention. Il essayait de camer sa respiration qui s’était légèrement emballé :

Et si on continuait cette conversation une fois que je serais debout hein ? Dit il en penchant sa tête sur le coté mais en ne détachant pas ses yeux de son visage alors que le sien reflétait un petit sentiment ironique.
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