Rouge_gorge
Leurs pas crissent sur le sol givré, quelques flocons tombent en ce début dhiver. Les plumes souples et colorées de leurs chapeaux frétillent dans le vent en cette morne saison. Comme dhabitude, ils font tâches dans le décor : leurs teints encore hâlés, asséchés par les embruns déparent avec les sentiers endormis de la campagne. Ils ne viennent pas dici
Ils reviennent même de loin.
Allons bon, on répète. Je suis une tête familière en taverne et je te dis: Hé Lanscanette ! Tas chanté tout lété quon ta pas vu depuis des mois ?
- D'une, rougeaude. Dit-il en levant le pouce. Personne ne m'appelle Lanscanette à pars toi.
Il dresse ensuite l'index.
Deuxièmement, j'pense qu'on va surtout me demander d'où j'suis autant bronzé en hiver.
Finalement, le majeur.
Trois, mh... Commence-il en se grattant la barbe, puis il gronde, s'éclaircissant la voix.
Eh nan l'ami. J'reviens du pays où les femmes ont les seins rebondis et la peau hâlée, j'reviens de la terre des princes marchands, la terre des intrigues politiques et des condottieres. J'reviens d'Italie mon gars. J'étais parti en Piratie.
La Rouge dont les bourses tintent de richesse, hoche du chef et poursuit en prenant une voix plus masculine.
En Piratie, l'ami?! Conte-nous tes aventures tandis que je t'en ressers un p'tit.
Les serres calleuses de l'Oiseau imitent la bouteille se versant dans un godet invisible. Voilà qu'elle tend le verre de sa paume libre, la seconde maintenant un baluchon en toile dans son dos. Un rire tint, grave et rauque. Autant par esprit joueur que par ennui, Siegfried prends le faux verre, le lève et mime d'en boire une grande gorgée avant de la jeter par-dessus son épaule.
En piratie, ouaip. Avec la Rougeaude on s'est rendu à Gênes ! Le grand port de la méditerranée ! Là-bas, on a monté un groupe, volé aux riches et fait chier les princes marchands, notre grand coup d'éclat ça a été la prise d'une caraque ! Ouais ! Une caraque carrément !
Leur marche lourde de ceux qui sont fourbus, de ceux qui n'ont pas mis le pied à terre depuis longtemps, leur marche se poursuit alors que Chapal s'agite négativement. L'auriculaire du Maitre-Chanteur se dresse pour souligner le point.
Personne ne m'appelle Rougeaude sur terre, l'ami. Ici ferme, c'est L'Oisal au Chapal mais reprends, j'aime bien le coup de la caraque.
Modulant sa voix, elle lance bouteille invisible au poing.
J't'en ressers un?
- Nenni l'ami ! Reprends le lansquenet en haussant la voix, renfonçant son chapeau sur sa tête. Un bon conteur se doit d'être sobre, de crainte d'embellir plus que nécessaire une histoire déjà épique et la rendre redondante !
Il écarte les bras en souriant.
Une caraque aux voiles rapiécées et aux canons rouillés. Un navire digne d'un roi des mendiants mais qui, sous notre commandement, deviendrait la terreur de la méditerranée !
- Tututut! Devint l'ami! C'te caraque a été la terreur des sept mers!
- Attends deux secondes Rouge, c'pas trop gros de dire qu'on a été les terreurs des sept mers toi et moi ? J'veux dire on va devoir faire avaler à ces connards qu'on a réussi à faire peur à, commente-il en levant la main pour décompter, Un, toute les principautés marchandes italiennes, deux, les royaumes berbères, trois, Venise, quatre, les Seljukides, cinq et pas des moindres, jusqu'à Kievan Rus. C'pas mieux de dire qu'on a été des gros pirates locaux plutôt ?
- J'emmerde le monde, Lanscanette! Tout le monde! Englobe-t-elle le paysage de son bras libre avant qu'un silence aussi gros que sa connerie ne s'impose dans leur cheminement.
Du bruit se fait entendre dans le lointain. Les deux comparses s'avancent jusqu'à l'entrée d'un hameau. Le brouhaha se précise en des éclats de rire. La taverne est ouverte.
On va s'en j'ter un, Lanscanette? Décide-elle en emboitant le pas vers l'huis. L'homme hausse les épaules carrées, tirant sur ses vêtements délavés.
Ouais. Un bon verre, un seul par contre. On a de la route.
La porte s'ouvre sur un décor sobre mais lumineux : le mobilier en bois investit par la clientèle, la cheminée en pierres noircies où mijote le ragoût du jour embaumant la salle commune. Les voix résonnent, s'entrechoquent entre les murs, les vitres sont embuées de la chaleur émanant dans la pièce. Tout est droit et immobile, même le poivrot chancelant parait stable. Il fait chaud, il fait bruyant, il fait bon vivre.
Un "merde" s'échappe du bec de l'Oiseau. Le contre-coup sonne tandis qu'ils redécouvrent la civilisation. Le piquier lui reste plus impassible. Il s'installe à une table, frotte le bois qui n'est humide que de bière. Un moment passe tandis que Rouge commence déjà son cinéma : A tenter d'arnaquer qui lui permets, l'indulgence que procure une belle poitrine diraient des mauvaises langues et Siegfried en était une.
De l'eau.
Voilà ce que lui commande son instinct. De l'eau qui désaltère, qui rafraîchit le gosier et ne donne pas la gerbe. Le tenancier, surpris par la commande l'invite à aller boire de la neige.
Deux verres de vin alors, et de l'eau pour le couper, ordonne-il avec son air autoritaire de poméranien. Il marque une pause et ajoute:
Ainsi que ton meilleur morceau de viande.
Commande mémorisée, le propriétaire de l'humble bouge s'en retourne la préparer. De son côté, Rouge s'est incrustée à une tablée où ça ripaille fort. D'un naturel avenant qui revient au galop après avoir été muselé de longs mois, elle entame la discussion sur une accroche graveleuse qui a pour mérite de râcler les gorges de rire gras. A les entendre se marrer, l'Oiseau en a les prunelles qui luisent. Elle pourrait pleurer de bonheur. Mais pour ne pas éveiller de soupçon sur sa fragilité mentale, elle surenchérit tout en se frayant une place sur le banc. Elle savoure un temps les piques et répliques de ces inconnus attablés. Pour la première fois depuis des mois, elle comprend ce qu'il se dit. Les syllabes s'arriment en des mots qui ont un sens, se lient en des phrases qui expriment des informations audibles. La ponctuation est reconnue, l'émotion aussi et même les sous-entendus et autres non-dits sont compréhensibles. Bien vite, le blond hèle la noiraude à venir manger, elle quitte alors la tablée bruyante pour rejoindre son compagnon de fortune.
L'écuelle devant elle est fumante, un beau morceau de boeuf nage dans une sauce brune épaisse et odorante. Les légumes sont finement détaillés pour ne pas faire d'ombre à la pièce commandée. Le pain partagé à la mie blanche est tendre, sa croute croustille sous la dent alors que son intérieur aéré fond sur la langue. Le duo ne parle pas, il se baffre. Rien n'a jamais été si bon que cet instant; Celui de rentrer au bercail.
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Avatar par l'illustrateur Skälv. Oeuvre personnalisée et protégée. Merci de ne pas la réutiliser ou la copier.
Allons bon, on répète. Je suis une tête familière en taverne et je te dis: Hé Lanscanette ! Tas chanté tout lété quon ta pas vu depuis des mois ?
- D'une, rougeaude. Dit-il en levant le pouce. Personne ne m'appelle Lanscanette à pars toi.
Il dresse ensuite l'index.
Deuxièmement, j'pense qu'on va surtout me demander d'où j'suis autant bronzé en hiver.
Finalement, le majeur.
Trois, mh... Commence-il en se grattant la barbe, puis il gronde, s'éclaircissant la voix.
Eh nan l'ami. J'reviens du pays où les femmes ont les seins rebondis et la peau hâlée, j'reviens de la terre des princes marchands, la terre des intrigues politiques et des condottieres. J'reviens d'Italie mon gars. J'étais parti en Piratie.
La Rouge dont les bourses tintent de richesse, hoche du chef et poursuit en prenant une voix plus masculine.
En Piratie, l'ami?! Conte-nous tes aventures tandis que je t'en ressers un p'tit.
Les serres calleuses de l'Oiseau imitent la bouteille se versant dans un godet invisible. Voilà qu'elle tend le verre de sa paume libre, la seconde maintenant un baluchon en toile dans son dos. Un rire tint, grave et rauque. Autant par esprit joueur que par ennui, Siegfried prends le faux verre, le lève et mime d'en boire une grande gorgée avant de la jeter par-dessus son épaule.
En piratie, ouaip. Avec la Rougeaude on s'est rendu à Gênes ! Le grand port de la méditerranée ! Là-bas, on a monté un groupe, volé aux riches et fait chier les princes marchands, notre grand coup d'éclat ça a été la prise d'une caraque ! Ouais ! Une caraque carrément !
Leur marche lourde de ceux qui sont fourbus, de ceux qui n'ont pas mis le pied à terre depuis longtemps, leur marche se poursuit alors que Chapal s'agite négativement. L'auriculaire du Maitre-Chanteur se dresse pour souligner le point.
Personne ne m'appelle Rougeaude sur terre, l'ami. Ici ferme, c'est L'Oisal au Chapal mais reprends, j'aime bien le coup de la caraque.
Modulant sa voix, elle lance bouteille invisible au poing.
J't'en ressers un?
- Nenni l'ami ! Reprends le lansquenet en haussant la voix, renfonçant son chapeau sur sa tête. Un bon conteur se doit d'être sobre, de crainte d'embellir plus que nécessaire une histoire déjà épique et la rendre redondante !
Il écarte les bras en souriant.
Une caraque aux voiles rapiécées et aux canons rouillés. Un navire digne d'un roi des mendiants mais qui, sous notre commandement, deviendrait la terreur de la méditerranée !
- Tututut! Devint l'ami! C'te caraque a été la terreur des sept mers!
- Attends deux secondes Rouge, c'pas trop gros de dire qu'on a été les terreurs des sept mers toi et moi ? J'veux dire on va devoir faire avaler à ces connards qu'on a réussi à faire peur à, commente-il en levant la main pour décompter, Un, toute les principautés marchandes italiennes, deux, les royaumes berbères, trois, Venise, quatre, les Seljukides, cinq et pas des moindres, jusqu'à Kievan Rus. C'pas mieux de dire qu'on a été des gros pirates locaux plutôt ?
- J'emmerde le monde, Lanscanette! Tout le monde! Englobe-t-elle le paysage de son bras libre avant qu'un silence aussi gros que sa connerie ne s'impose dans leur cheminement.
Du bruit se fait entendre dans le lointain. Les deux comparses s'avancent jusqu'à l'entrée d'un hameau. Le brouhaha se précise en des éclats de rire. La taverne est ouverte.
On va s'en j'ter un, Lanscanette? Décide-elle en emboitant le pas vers l'huis. L'homme hausse les épaules carrées, tirant sur ses vêtements délavés.
Ouais. Un bon verre, un seul par contre. On a de la route.
La porte s'ouvre sur un décor sobre mais lumineux : le mobilier en bois investit par la clientèle, la cheminée en pierres noircies où mijote le ragoût du jour embaumant la salle commune. Les voix résonnent, s'entrechoquent entre les murs, les vitres sont embuées de la chaleur émanant dans la pièce. Tout est droit et immobile, même le poivrot chancelant parait stable. Il fait chaud, il fait bruyant, il fait bon vivre.
Un "merde" s'échappe du bec de l'Oiseau. Le contre-coup sonne tandis qu'ils redécouvrent la civilisation. Le piquier lui reste plus impassible. Il s'installe à une table, frotte le bois qui n'est humide que de bière. Un moment passe tandis que Rouge commence déjà son cinéma : A tenter d'arnaquer qui lui permets, l'indulgence que procure une belle poitrine diraient des mauvaises langues et Siegfried en était une.
De l'eau.
Voilà ce que lui commande son instinct. De l'eau qui désaltère, qui rafraîchit le gosier et ne donne pas la gerbe. Le tenancier, surpris par la commande l'invite à aller boire de la neige.
Deux verres de vin alors, et de l'eau pour le couper, ordonne-il avec son air autoritaire de poméranien. Il marque une pause et ajoute:
Ainsi que ton meilleur morceau de viande.
Commande mémorisée, le propriétaire de l'humble bouge s'en retourne la préparer. De son côté, Rouge s'est incrustée à une tablée où ça ripaille fort. D'un naturel avenant qui revient au galop après avoir été muselé de longs mois, elle entame la discussion sur une accroche graveleuse qui a pour mérite de râcler les gorges de rire gras. A les entendre se marrer, l'Oiseau en a les prunelles qui luisent. Elle pourrait pleurer de bonheur. Mais pour ne pas éveiller de soupçon sur sa fragilité mentale, elle surenchérit tout en se frayant une place sur le banc. Elle savoure un temps les piques et répliques de ces inconnus attablés. Pour la première fois depuis des mois, elle comprend ce qu'il se dit. Les syllabes s'arriment en des mots qui ont un sens, se lient en des phrases qui expriment des informations audibles. La ponctuation est reconnue, l'émotion aussi et même les sous-entendus et autres non-dits sont compréhensibles. Bien vite, le blond hèle la noiraude à venir manger, elle quitte alors la tablée bruyante pour rejoindre son compagnon de fortune.
L'écuelle devant elle est fumante, un beau morceau de boeuf nage dans une sauce brune épaisse et odorante. Les légumes sont finement détaillés pour ne pas faire d'ombre à la pièce commandée. Le pain partagé à la mie blanche est tendre, sa croute croustille sous la dent alors que son intérieur aéré fond sur la langue. Le duo ne parle pas, il se baffre. Rien n'a jamais été si bon que cet instant; Celui de rentrer au bercail.
RP à quatre mains avec JD Siegfried_fechter.
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Avatar par l'illustrateur Skälv. Oeuvre personnalisée et protégée. Merci de ne pas la réutiliser ou la copier.