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[RP] Liaisons dangereuses, Acte II.

Lucile_kera
Ophélie poussa la porte de la taverne et eut du mal à l’ouvrir. La supposant coincée, elle s’acharna une seconde avant d’observer avec stupeur la scène qui se jouait juste sous son nez. Montparnasse, Aelaia, indécemment proches. A moitié blonde mais pas la moitié d’une idiote, elle comprit immédiatement. A partir de ce moment-là, une colère sourde naquit et ne cessa de grandir dans le cœur de la jeune femme, dans son corps, jusque dans ses os. Si elle en avait eu le pouvoir, elle aurait abattu le poing tout puissant de Dieu lui-même pour les écraser sous son poids divin. Et ils auraient brûlé en enfer dans les secondes suivantes. Un brasier alimenté par toute la haine de Saint-Valéry.

Aelaia : Putain, mais quelle conne !
Ophélie : J'aurais choisi le terme de "salope" pour une fois. Il est bien malvenu de céder aux avances d'un homme marié, mademoiselle. Mais vous êtes moins fautive que lui. Partez, si c'est ce que vous souhaitez. Nous réglerons nos comptes plus tard.

Ophélie s'écarta de l'entrée, la désigna d'un geste nonchalant de la main.

S’ensuivit une plus ou moins longue conversation avec l’époux. Elle s’était contenue. Plus que la jeune bretonne en tout cas, qui avait écrasé son poing fermé sur le nez du brun. Ophélie s’était surprise à la retenir après coup, lui interdisant de recommencer. Plus tard, elle s’interposerait de nouveau à leur bagarre, protégeant la jeune femme cette fois-ci. Altruisme ? Instinct de protection ? Ou plus vraisemblablement, elle considérait que la douleur physique altérait la vengeance dont elle voulait se délecter.
La femme en colère se tait toujours, d'abord ... On a le temps de passer par tous les états de la terreur ... On ne sait par où, ni comment ça va éclater, si ce sera en mots, si ce sera en cris, si ce sera en coups. *

Plus tard, Ophélie passa devant la taverne où Aelaia était attablée seule. Elle avait pris le temps de réfléchir à ce qu’il s’était passé. Elle était dépassée par l’ampleur de sa propre hargne, c’était évident. Mais la quasi-totalité de celle-ci était dirigé vers son époux. Après tout, il était le seul à avoir des comptes à lui rendre. La jeune femme – seize ans tout juste – savait à peine ce qu’elle faisait ; pouvait-on vraiment la blâmer ? Bien sûr, elle ne manquerait pas, dans les heures qui viendraient, de lui rappeler avec force où était sa place : en enfer, avec toutes les femmes de petite vertu. Cela ne l’empêchait pas de ressentir une certaine empathie, de l’indulgence (d’autres appelleraient peut-être cela de la pitié, il n’en était rien ; ou alors juste un peu) à l’égard de sa coéquipière de cheveu.
Elle entra alors avec la ferme intention de transformer cette petite catin décadente en alliée – de gré, ou de force. Elle se positionna en épouse bienveillante, aînée compréhensive, magnanime, même, selon ses propres mots. Elle n’eut même pas besoin d’user de malice ou de menace pour arriver à ses fins. Elle offrit son pardon. En échange ? Qu’Aelaia ne lui refuse jamais rien.

« Marché conclus ? »


Hochement de tête.
Ophélie n’était pas un monstre. Elle ne lui demanderait jamais de sauter d’une falaise ou de devenir son esclave. Cependant, il était doux de penser que cette trahison lui apportait un soutien qu’elle attendait indéfectible. Elle trouverait facilement le moyen d’en tirer avantage.
En quittant cette même taverne, plusieurs heures plus tard, elle accompagna même la jeune bretonne. Chaperon inutile mais soutien d’équilibre, elle tenait de son bras le corps chancelant de la cadette. Elle l’accompagnait de bonne grâce. Ce serait même l’occasion de discuter un peu. Sobres ni l’une, ni l’autre, elles auraient l’occasion de casser du sucre sur le pauvre mécréant qu’incarnait Montparnasse.


*Raphaële Billetdoux
Aelaia
    Whisky chatouille les papilles, embrume l’esprit, brûle la gorge sur son passage.
               
    Ce n’était pas la première fois qu’il tentait. Il l’avait à nouveau emmenée au bord de ce même étang, et cette fois, elle avait cédé. Elle en connaissait pourtant les conséquences, mais elle n’avait plus vraiment la tête à y penser. Un homme marié. Claquesous l’avait prévenu, lui aussi. Il avait bien choisi ses mots, et ses gestes. Elle avait dit oui à la plus belle connerie de sa vie. Elle s’en mordrait les doigts bien plus vite qu’elle ne le pensait.

    Un peu plus tard, corps fût plaqué contre la porte, taille fût étreinte et lèvres furent embrassées avec force. Quelqu’un poussait la porte. Ophélie, madame Montparnasse. Elle aurait aimé se faire toute petite. Petite souris se glissant sous la porte, disparaissant pour toujours. Cela aurait été trop simple. La Sainte-Valery avait retenu son bras. Regard lancé vers le brun. Délectation a peine cachée. Tête de la chablousse, ou plutôt corps, et cœur, joués pour quelques écus par le duo fraternel. Pas un pour rattraper les vices de l’autre. Avec une telle somme mise en jeu, il ne faut pas s’étonner que l’un joue de son charme pour piéger la grande enfant. Piéger. C’était le mot qui tambourinait dans ses tempes. Piégée. Piégée. Par les deux frères. Piégée face à l’épouse. Dégoûtée. Sans même réfléchir, le poing serré s’était abattu sur le nez, et le beau visage coupé en deux. Pas de réponse. Avantage de la surprise. Regard désolé, regard triste vers Ophélie. Coupable. Et elle l’était.

    Fuite nécessaire. Porte qui claque derrière elle. Larmes retenues glissèrent sur ses joues pâles. Cocon retrouvé. Roulée en boule sur sa couche, elle pleurait. Il avait voulu faire d’elle une femme, elle n’était finalement qu’une enfant. Une gamine de 16 ans, certes. Mais toujours une enfant. Elle avait voulu de l’aventure. Tu parles qu’elle allait en avoir ! Esprits furent repris. Être honnête était la moindre des choses. Blanc derrière la fenêtre du bistrot, vérité allait être avouée. Faute avouée à moitié pardonnée ? Hm... L’avenir le dira.

    Regard croise celui du grand brun. Poings se serrent, une nouvelle fois. Ces derniers finirent leur course dans le bas-ventre de l’homme. Retour de bâton. Réponse ne se fit pas attendre cette fois. Tirée par les cheveux, son nez fut anéanti en moins de deux. Visage violemment retourné. Sang coule à flot.

    Lorsque plus tard, l’acolyte chablousse la retrouve seule, en taverne - ou presque, le jeune blanc dort sous le comptoir, allez savoir pourquoi – marché est proposé.


                          « Je t’offre mon pardon, à une seule condition. »
                          « Tout ce que tu voudras. »
                          « Que tu me répondes la même chose à chaque fois que je te demanderais quelque chose. »


    Piégée à nouveau. Mais la réponse de la châtaigne ne se fit pas attendre. Hochement de tête. Marché conclus. Sans la moindre idée de ce qu’il pourrait lui tomber dessus, elle ne pouvait cependant refuser. Ophélie avait reçu une éducation digne. Mais elle était mariée à l’un des frères terribles. Lui ferait-elle payer vachement, durement ? Avait-elle autre chose en tête ? Celle qui cache sa colère, n’assure-t-elle pas sa vengeance ?* La gamine ne pouvait alors qu’attendre. Attendre le moment où l’épouse trahie l’utiliserait, à sa convenance.

    Ce soir là, sur le trajet du retour. La femme avait montré les premiers signes de pardon. Bras étreignent sa taille, pas guident les siens vers la sortie. Chancelante mais lucide. Elle se tourne vers l'acolyte.


                           « Qu'attends-tu de moi, Ophélie ? Si le but, c'est de me faire souffrir un peu plus, je sais pas si ça vaut le coup, hein... »



*Pierre Corneille – L’illusion.

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Lucile_kera
Ophélie n’avait pas pour habitude de tutoyer les gens. Elle avait pour principe de ne dire « tu » qu’aux gens appartenant aux catégories suivantes :
1. Les enfants.
2. La famille proche/ceux qu’elle considérait comme tel.
3. Les gens pour qui elle n’avait plus le moindre respect.

Elle n’utilisait donc cette familiarité qu’avec très peu de personnes. C’était venu assez rapidement avec Guinthilde, mais elle avait dû se forcer un peu ; elle souhaitait de tout cœur l’inclure dans sa vie, lui montrer qu’elles pouvaient être proches. Avec Aela, cela avait pris un peu plus de temps, mais cela lui avait paru naturel. Elle vouvoyait toujours son époux, et si la trahison aurait dû faire dégringoler l’estime qu’elle lui portait, elle préférait conserver ce « vous » de distance, qui le plaçait loin, là où il ne pouvait pas l’atteindre. Psychologique.

Ophélie en était venue au « tu » avec Aelaia très facilement : il remplaçait chaque insulte qu’elle refusait de sortir. Nul ne s’en rendait compte, probablement, et c’était tant mieux. Elle avait dû se raisonner. Remettre les choses à leurs places. Elle ne serait pas cette épouse bafouée et désespérée, déprimée, triste. Vexée, sans aucun doute ; mais plus d’avoir été tenu dans le secret que par l’acte lui-même. Montparnasse était un courtisan, il avait eu plus d’aventures qu’elle n’avait eu de chaussettes et cela, elle l’avait déjà bien intégré. Elle ne pouvait tenir rigueur trop longtemps à cette toute jeune femme d’une erreur que bien d’autres avaient commis avant elle. Elle était tombée dans les filets. La pauvre. Ophélie en était presque peinée pour elle.

Saint-Valéry n’avait pas été tendre, c’était certain. La semi-rousse n’avait manqué aucune occasion de la piquer, de la rabaisser, ni de lui faire comprendre qu’elle était l’épouse légitime et ne lui épargnerait aucun affront. D’ordinaire déjà, elle n’avait pas sa langue dans sa poche, mais là … Elle s’était muée en vipère, répandant son venin partout où elle le pouvait. La pauvre Aelaia regretterait vite, c’était certain. Mais elle avait promis son pardon. Elle l’avait quasiment déjà accordé. L’absolution totale n’était pourtant pour tout de suite, et ne serait pas gratuite, cependant …

« Je serai indulgente. C’est promis. »

Indulgente, oui, mais pas bête. Elle comptait bien profiter de ce marché. Elle avait songé à lui faire payer, bien sûr. Elle avait imaginé mille tâches ingrates à lui confier, la transformant en bonniche, en Cosette avant l’heure : elle aurait récuré ses bottes, lavé son linge … Saint-Valéry avait même songé à l’envoyer dans les pattes de l’époux les jours où elle ne supporterait pas de l’approcher. Mais rien de tout cela n’était au programme. Elle avait des desseins au goût plus âcre de vengeance.

« Vous semblez lui tenir rigueur presque autant que moi. Alors ce que je vous propose … C’est d’organiser notre petite revanche. »

Et que cela lui plaise ou non, la jeune fille serait l’instrument de l’humiliation suprême. Le plan n’en était qu’aux prémices.
Oui, Ophélie était repassée au vouvoiement. Avec le pardon, elle lui accordait le respect minimum qu’exigeait leur promiscuité. Peut-être qu'Aelaia lui arracherait même un peu d'affection. Mais plus tard, bien plus tard, lorsqu'elle ne verrait plus en elle la petite catin sans honneur qui avait fait d'elle une femme cocue.
Aelaia



    Absolution avait été promise. Dents serrées, langue plaquée contre le palais, elle encaissait les coups. Promesse avait été faite, et serait respectée. La châtaigne recevait les piques, sans broncher. Venin de vipère était justement dosé, mais elle n’y resterait pas insensible indéfiniment. Blanc avait sommé de ne pas provoquer. Mh. Pour le moment. Pour le moment, elle fermait ses yeux verts. Parle, Blondie, parle, mais tu sais aussi bien que moi je ne suis ni la première, ni la dernière. Pas de chance, la première de votre mariage empli d’amour et de douceur. Prépare-toi à utiliser cette familiarité bien plus souvent que tu ne l’aimerais. Profite de ce beau et long mariage, je ne suis qu’une souris parmi d’autres, et le félin est dans la souricière. Et j’ai de la peine pour toi…

    Gamine avait toujours eu un caractère compliqué, pour être poli. Dopamine avait abaissé les barrières. Montparnasse avait délicatement posé sa patte sur le garde-fou, elle avait fléchi et courbé l’échine. Moment de faiblesse. Il avait été doux. Un autre masque, vite retiré. Bien joué, Montparnasse, une nouvelle victime. Dommages collatéraux. Continue de nager dans ton malheur ; ne te sens pas obligé de partager. Bientôt, tu t’en mordras les doigts. Oui, car ta femme trahie offre une quinte flush royale sur un plateau d’or et de diamants. L’occasion de redevenir l’Aelaia terrible et vicieuse qu’elle était, fût un temps. Laouenan en pleure encore dans les jupons de Mamm*. Kraf-naon*. L’ange avait sorti sa flèche. En pleine gueule. Tir parfait.


      « Vous semblez lui tenir rigueur presque autant que moi. Alors ce que je vous propose … C’est d’organiser notre petite revanche. »


    Sourire se dessina modestement sur son visage de porcelaine aux notes sucrées de la péninsule ibérique. Regard se glissa dans celui de la future complice, et main fut tendue, un nouveau marché allait être conclu. Une revanche. Une alliance féminine.

      « Vous savez tout autant que moi ce que j’ai perdu. Et vous aurez mon soutien indéfectible dans cette revanche. »


    Blondie relâcha son emprise autour de la taille de la jeune chancelante. Quelques mots avaient suffi à lui rendre lucidité et à éveiller en elle l’esprit vengeur longtemps endormi. Elles allaient frapper. Sans trace.

      « Ophélie, retrouvez-moi demain. Aux aurores, ici même. Nous avons beaucoup à discuter. »

    La nuit était avancée. Lune était masquée par la brume et obscurité était aussi douce que le goût de la vengeance qui glissait doucement de ses lèvres vers sa langue. Elle pénétra dans la chambre. Porte fut fermée derrière elle, et corps glissa lentement contre l’épaisse porte de chêne. Désormais seule, dans cette chambre glauque d’auberge, éclairée par la faible lueur de la bougie posée à quelques mètres, un grand sourire se dessina sur son minois. Elle aurait aimé sauter dans tous les sens, chanter sa joie et danser le début d’une victoire. Pudeur nécessaire, elle se contenta de sourire. Tissus retirés, corps délivré, esprit libéré, visage calé contre l’édredon, elle partit rêvasser à sa vengeance. La nuit serait douce.

                                      Notions de breton :
                                      Mamm : maman
                                      Kraf-naon : pauvre hère

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Lucile_kera
Aux aurores. Elle lui avait donné rendez-vous aux aurores. Vraiment ? Ophélie n’était pas du matin, en témoignaient son expression fatiguée et sa difficulté à maintenir ses paupières ouvertes. Un soupir franchit ses lèvres au moment où elle se demanda si elle ne devrait pas tout bonnement retourner se coucher. Un coup d’œil vers ses draps défaits. Elle était seule. Hors de question de dormir avec un homme qui l’avait sciemment trahie. Pour l’instant. Elle versa un peu d’eau sur ses mains, les passa sur son visage et grimaça en touchant l’ecchymose toute fraîche à sa pommette gauche. Montparnasse n’y était pas allé de main morte. Elle avait plus mal que la veille. La chair avait eu le temps de bleuir et de gondoler légèrement. Les prunelles brunes parcoururent la table de la chambre à la recherche de son remède à la mauvaise mine, fabriqué la veille. Le pot de fortune fut ouvert d’une main délicate. De façon plus précautionneuse encore, Ophélie passa deux doigts sur sa mixture faite maison : de la craie blanche, du blanc d’œuf et un peu d’ocre pour donner à sa peau une teinte moins cadavérique. Elle passa sur son bleu le bout de ses doigts, étalant son maquillage de fortune. Elle s’observa dans un petit miroir à la lueur du petit jour, et jugeant son camouflage réussi, termina ses autres préparatifs. Aelaia l’attendrait peut-être un peu ; c’était tant pis. Elle n’était pas du matin.

Saint-Valéry – de Cassel, pardon – se présenta au lieu convenu, plus ou moins en retard, selon la définition que chacun pouvait avoir des « aurores ». Il faisait jour depuis une petite heure déjà. La jeune femme se demanda pourquoi elle s’était laissé dicter l’heure et le lieu par la maîtresse de son mari, puis se souvint qu’elle était trop alcoolisée cette nuit pour répondre autrement que par l’affirmatif. Ophélie se demanda dans la foulée ce qui avait causé un tel enthousiasme chez l’adolescente. Elle ne pensait pas l’amadouer si vite avec son idée de vengeance, et encore moins que la jeune fille en prendrait les rennes. Elle n’était pas mécontente, pourtant ; ce serait l’excuse rêvée pour tout lui mettre sur le dos si jamais cela tournait au fiasco. Manipulatrice, Blondie ? Surtout un peu lâche, depuis qu’elle avait goûté le retour de bâton. Elle ne comptait pas en rester là pour autant, à l’époque.

Blondie s’étira en s’approchant d’Aelaia sans se demander si leur réunion attirerait l’attention. Les hommes ne se méfiaient pas. D’ailleurs, elle évitait Montparnasse du mieux qu’elle pouvait, et lorsqu’elle le voyait, un flot d’injure et de vacheries s’échappaient de sa bouche. Elle gageait qu’en les voyant ensemble, il rebrousserait chemin. Non pas qu’il serait effrayé, bien sûr … Mais Ophélie se doutait qu’il commençait à se lasser d’être attaqué de toute part. C’était bien justifié.

« Me voici donc. J’espère que vous ne m’avez pas attendue trop longtemps. »

Sourire accompagna la formule de politesse, dont elle ne se sentait pas obligée de se parer d’ailleurs ; c’était donc dû à sa sincérité matinale. L’habitude des bonnes manières, aussi. Elle vérifia l’absence de réaction de l’interlocutrice, supposant l’efficacité de son camouflage. Elle refusait d’admettre ce qu’il s’était passé, et particulièrement devant la bretonne. Hors de question de paraître vulnérable. Trop attachée à sa dignité. Et puis elle ne voulait surtout pas s’attirer une pitié supplémentaire. Le rôle de l’épouse bafouée lui offrait déjà l’occasion de passer pour la victime, c’était bien suffisant.

« Vous avez l’air d’avoir réfléchi à ce que vous vouliez faire. Je vous écoute. »

Ophélie décida de garder son propre plan pour plus tard. Elle préféra prendre le temps de la réflexion, car comme dit le dicton, la vengeance est un plat qui se mange froid.
Aelaia
          [Le lendemain matin]

    Jeune châtaigne était arrivée en avance. Elle n’était d’ordinaire pas matinale, bien au contraire. Elle aimait prolonger sa nuit jusqu’aux premières chaleurs du jour. Ce matin-là, quelques minutes avaient suffi à la faire sortir de ses draps. Quelques gouttes d’eau pour rafraichir son visage, un coup de peigne dans sa tignasse emmêlée du matin, et elle était prête. Elle n’avait que peu dormi cette nuit-là. L’alcool et son esprit avait débattu toute la nuit. Elle voulait se venger, oui. Mais pas seulement du brun, non. Il était hors de question que Blondie s’en sorte avec le sourire alors qu’elle était la plus vicieuse. Elle en avait eu des idées, pendant son sommeil. Pions seraient avancés en temps, et en heures. Elle n’était pas née de la dernière pluie, malgré sa jeunesse. Elle laisserait la chablousse dévoiler ses cartes. Elle, elle ferait la gamine naïve et innocente. Elle frapperait plus tard. Plus ou moins fort. Que crois-tu Ophélie, que tu vas m’achever comme ça, sans contrepartie ?

    Escalier fut descendu, silencieusement, sur la pointe des pieds. Porte ouverte et refermée en douceur derrière elle. Assise sur la barrière de bois devant l’auberge, elle attendait. Le temps semblait long, et le soleil montait sérieusement dans le ciel. Et voilà qu’elle arrive, comme une fleur, la tête dans le cul. La bouche en cœur, politesse pathétiques ? Sérieusement. Sourire faux mais un tantinet crédible s’esquisse sur le visage. Naïve et innocente.


      « Vous avez l’air d’avoir réfléchi à ce que vous vouliez faire. Je vous écoute. »


    Non, non, ma jolie, c’est toi qui va me raconter tes plans, bien gentiment. Peau de vache. La châtaigne entraine la blonde avec elle vers l’extérieur de la ville, le long des remparts. A l’abri des regards, et des oreilles indiscrètes.

      « Non, vous. Parlez-moi de cette vengeance que vous avez derrière la tête. »
      « Je ne sais pas trop si c’était une bonne idée. »
      « Mais si vous avez envie de vous venger, je respecterais ma promesse et notre marché. Tant que cela ne me met pas dans une position délicate. »
      « La vengeance est toujours délicate. »

      […]
      « Je vais vous faire une confidence. Nous avons un pari lui et moi. […] Pour résumer, le premier qui tombe amoureux a perdu. Et je ne veux pas perdre. »
      […]
      « Vous allez le séduire. »


    Le séduire ? Il en était hors de question. Autant, son numéro de séduction ne lui avait pas déplu, mais ça elle ne l’avouerait pas. Mais là, rien qu’à le regarder, des éclairs sortaient de ses yeux. Alors le séduire ? Elle lui aurait plutôt planté des piques dans le corps. Les deux mi-blondes-mi-rousses avaient débattu un moment. Aelaia avait qualifié l’acolyte de folle à lier, elle lui avait dévoilé ses autres plans. Châtaigne avait refusé catégoriquement d’aller au front, elle avait dévoilé sa peau meurtrie parée de bleu. Il était convenu d’en reparler plus tard, la gamine ne serait pas le jouet de la vipère, l’appât de cette pétasse.




          [Quelques jours plus tard]

    La première journée de ce doux mois de Juin avait été animée, dans le Berry. Sanglante. Une prise de Mairie tout à fait pacifique, trois lices qui elles, l’étaient un peu moins. Le petit frère semblait boosté, possédé par l’adrénaline de sa nouvelle fonction. Monsieur le Maire qui veut se faire appeler Roi. Passons. Elle l’avait encouragé à l’occasion de chaque duel. Il avait gagné tout en douceur face à un frère perturbé par les atouts féminins de l’épouse. Ridicule. Toutefois, impossible de rivaliser avec le spectacle qui s’était offert à elle le soir même. Aussi adroite qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, l’épouse avait sorti son épée. Et elle s’était blessée, seule. Seule !

    Prise de pitié – car oui, c’était de la pitié, au début – elle avait décidé d’aider la chablousse à se redresser et avait proposé de soigner ses plaies. Il y avait ce côté grisant et satisfaisant de la voir ainsi. Affaiblie, elle semblait presque agréable. L’ecchymose sur la joue de l’épouse battue passerait désormais inaperçu. Bras dessus bras dessous, les deux se dirigèrent vers l’auberge.

      « Et ... Francine, je suis désolée. Je suis une peau de vache, c'est ainsi. Ce n'est pas toujours contre vous. »
      « Ce n'est pas tellement votre faute. Je ne suis pas douée avec les femmes. […] Mes rapports avec les femmes sont biaisés, ce n'est pas votre faute. […] J'aimerais vous dire que je saurais être votre amie. Mais vous savez, je n'y arrive déjà pas avec les femmes en général ... »


    Elle avait dû prendre un sacré coup sur la tête. Elle devenait presque gentille. Sur le trajet entre la Lice et l’Auberge, Ophélie s’était confiée. La gamine laissa la blessée s’installer tandis qu’elle se faufilait derrière le comptoir pour emprunter une bouteille d’alcool fort.

    Linges furent enroulés autour de ses poignets égratignés. Elle n’avait pas grand-chose, mais elle semblait presque à l’agonie. Quelle chochotte. Elle avait envie de rire, mais elle s’en retint. Le moment était mal choisi. Blondie avait abaissé les barrières et se trouvait être presque sympathique. Elle lui parla de ses cours d’escrime, quelques mois plus tôt, qui n'avaient visiblement pas portés leurs fruits. Aelaia avait évoqué ses souvenirs d’enfance. L’une et l’autre s’étaient confiées à tour de rôle. Elles avaient même laissé échapper quelques rires.

    L’adolescente imbiba un autre linge de quelques gouttes d’alcool pour nettoyer la plaie qui pissait le sang sur l’arcade sourcilière de la jeune femme. Elle s’approcha doucement pour tamponner le sang séché. Son visage frôlait presque le sien, sa main posé sa joue pour maintenir son visage pendant qu’elle se concentrait sur sa blessure. La châtaigne était suffisamment proche pour sentir le léger parfum de la Saint-Valéry, mais elle n’y prêta que peu d’attention, appliqué sur… Mais ! Mais que fait-elle ?! Non ?!

    Les lèvres féminines vinrent subitement se plaquer sur celles de la demi-rousse écarlate. Mouvement de recul, instinct de défense, elle observa Ophélie, déconcertée d’abord. Main toujours sur sa joue, les secondes qui suivirent lui parurent des heures. Elle cligna des yeux un instant, comme pour sortir d’un sommeil profond, d’un rêve, ou bien d’un cauchemar dont elle craint l’issue. Le silence qui régnait à ce moment la fit frissonner. Patte ornée d’un anneau d’argent vint attraper la sienne, elle ferma les yeux et lippes repartirent à la rencontre de l’une et de l’autre.

    Tout se bousculait dans la tête de la grande gamine. A quoi jouait-elle ? Il avait dû y aller fort, Claquesous. L’instant précédent, elle était une catin, et voilà que la soi-disant jeune femme de bonne éducation, fraichement mariée, venait goûter à sa bouche, à sa langue. Nouveau mouvement de recul, elle se redressa précipitamment. Coup d’œil vers la porte. Close. Tant mieux, personne ne nous a vu. Elle se leva maladroitement, et quitta la chambre, silencieuse, malhabile. Elle descendit l’escalier en trombe et s’arrêta un instant sur la dernière marche. Elle ne l’avouerait jamais. Ce baiser avait été agréable. Surprenant. Elle passa un doigt sur sa lèvre inférieure, pensive. Tout, dans sa tête, partait en vrille. Elle se concentra sur sa respiration et retourna vers la charrette où tout le monde attendait.


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Lucile_kera
Nous passerons sur les procès, la prise de Châteauroux, l’ennui du Berry, les disputes-réconciliations avec son époux adultère, les jeux à boire, les reprises orthographiques et lexicales de la semi-rousse, et, en général, les événements récents qui avaient mené à cette majestueuse débandade. Débandade ? Que dis-je, ce désordre, cette débâcle, ce chaos ! Le champ de vision perdu sur le côté, des larmes embuant ses yeux, Ophélie mesurait l’étendue du désastre. Elle en deviendrait bientôt l’unité de boulettitude de cette planète. « Alors, à quel point ? Oh, ben sur l’échelle universelle, je dirais au moins trois-quarts d’Ophélie ! ». Bien sûr, l’Ophélie complète restant la mesure suprême, l’ultime boulette de ce monde. Elle aurait sans doute été affligée par ce désespérant constat, malheureusement elle était assaillie par une quantité assez incroyable de stimuli douloureux. Elle souffrait comme rarement auparavant.

Elle ne voyait presque plus rien à travers le sang qui coulait sur sa paupière gauche. Son poignet droit enfoncé dans les côtes prenait un angle étrange et l’élançait affreusement. Ce n’était rien comparé au poids du blanc qui comprimait sa cage thoracique en l’empêchant de respirer. Il riait, en plus ! De l’extérieur, la scène était peut-être hilarante. Une chose est sûre, Saint-Valéry dégustait. Elle râlait plus qu’elle ne demandait de l’aide. Elle était pitoyable – comme jamais auparavant. Le Très-Haut en soit remercié, elle était dans un état proche de l’inconscience et ne se souciait pas encore de l’endroit où s’était cachée sa dignité. D’ailleurs, si quelqu’un la retrouvait quand elle reprendrait ses esprits, une récompense serait probablement attribuée au chevalier servant.

Elle mit quelques instants à se rendre compte qu’elle repassait à la verticale. Francine l’aidait ? Était-ce l’une des hallucinations qu’elle ne savait pas distinguer de la réalité ? Elle aurait juré voir un pingouin se balancer sur l’épaule de Lutécien lorsqu’il s’était relevé. Il dansait la macarena et chantait à tue-tête qu’elle était « mignonne mignonne mignonne mais grosse grosse grosse ». Aelaia la guidait vers l’auberge et un flot de paroles plus ou moins sensées se déversait de la bouche Valéryenne. Il n’y avait que frappée par l’alcool, la foudre – ou dans le cas présent par une migraine affreuse – qu’elle se mettait à déblatérer de la sorte. Sentimentale, Ophélie ? Jamais ! Elle claudiqua jusqu’à la chambre en essayant de se remémorer la première phrase qu’elle avait dite. S’était-elle excusée ? Sincèrement ? Impossible. Ou alors ce dépit méprisant envers la bretonne commençait à s’émousser ? Elle n’avait peut-être pas la rancune si tenace.

Elle se laissa panser par des mains attentives, ne voyant que vaguement ce qu’il se déroulait. Elle s’en voulut énormément pour toutes les vacheries qu’elle avait pu lui envoyer mais garda tout de même comme impression que la jeune femme ne les avait pas totalement volées. Elle eut de nouveau mal et se sentit défaillir. Ce fut encore pire lorsque le linge alcoolisé toucha sa chair à vif. Une foulure au poignet, une plaie à la limite de l’hémorragie et une bonne commotion cérébrale. C’était à cela que la mort ressemblerait ? Des mouches devant les yeux lui brouillèrent à nouveau la vue, un poids dans son estomac lui donna l’impression de sombrer mais le malaise, cette fois-ci, ne fut pas complet. Ophélie fut gardée à sa conscience par une pensée très étrange : « Et si je mourais ce soir, qu’est-ce que je regretterais ? ». De toutes les réponses possibles (Ne pas avoir eu d’enfant. Ne pas avoir senti de couronne sur ma tête. Ne pas avoir vu Aela grandir. Ne pas avoir eu le temps de sauver Montparnasse.), c’est une phrase de ce dernier qui lui revint en mémoire. « Vous rêvez d'embrasser une femme ». Rêver n’était peut-être pas le terme exact, mais c’eût été dommage de mourir idiote, non ?

L’occasion se présenta dans les secondes qui suivirent d’une façon étonnement miraculeuse. Aelaia se penchait et l’Ophélie amochée, déboussolée – et autant le dire, massacrée – y vit une invitation, le moment parfait. Elle ne sut trop si elle avait réellement engagé le baiser ou si c’était encore un tour que lui jouait son esprit. Ses lèvres étaient douces et avaient un goût bien tangible. Elle n’eut pas tout à fait conscience de la honte, même lors du mouvement de recul de la chablousse. Elle pensa à s’allonger et dormir pour le restant de ses jours, un brin déçue par sa découverte : finalement, il n’y avait presque pas de différence. Elle fut surprise alors par le second baiser, l’apprécia peut-être d’autant plus. Aelaia s’enfuit si vite qu’Ophélie se demanda cette scène n’avait pas été le fruit de son imagination. Elle sombra peu après. Elle aurait dû se lever, se rafraîchir et rejoindre la charrette, elle aussi. Ophélie resta inerte, sur place, incapable d’esquisser un mouvement. Par Christos, elle commençait à prendre l’habitude des évanouissements ! Ou peut-être que c’était l’alcool et la fatigue.

Le lendemain … Elle se souvenait. A son grand désespoir. Non seulement elle se souvenait, mais elle se souvenait avec une précision impressionnante pour sa qualité de présence à l’instant T. La honte avait donc eu le temps de s’immiscer et de s’enraciner au plus profond d’elle-même. Elle n’osait plus regarder Montparnasse en face – autant à cause du baiser, mais aussi parce qu’il était resté auprès d’elle quand les autres étaient partis. Elle avait trouvé tous les prétextes et toutes les excuses : la douleur, la fatigue, indisposée, pas envie, bref, plutôt que d’avouer, elle avait joué la chieuse. Joué, vous dites ..?



Ophélie,

J'envoie ce courrier vers l'Auberge où nous avions séjourné à Châteauroux en espérant qu'il y trouve destinataire.

Nous repartons ce soir de Loches où nous pensions vous retrouver. J'espère que vous ne vous êtes pas perdus en chemin et qu'on vous retrouvera sans problème à Châteauroux, demain matin.

Ophélie, vous m'avez surprise, ce soir-là, à Châteauroux. Que s'est-il passé ? Était-ce lié aux émotions de la journée, ou bien en aviez-vous envie ? Je crains d'être perdue. Je n'ai pas eu le courage de vous le demander, et j'ai fui. Puis, nous sommes partis en pensant que vous partiez derrière nous, et que nous nous retrouverions à Loches.

Aelaia.


Heureusement pour la jeune mariée, elle était seule en recevant le pli. Elle était assez nette à ce moment pour savoir qu’il ne fallait surtout, surtout pas répondre. Qu’aurait-elle dit ? Trop d’émotions et de remords, Blondie resta de glace. Pudeur obligeait. Elle rangea bien soigneusement la lettre au fond de sa malle en se demandant sans cesse pourquoi elle ne la brûlait pas. C’était une preuve, et c’était bien la dernière chose qu’elle souhaitait conserver. De toute façon, ils reviendraient tous à Châteauroux suffisamment tôt pour la ramener à l’embarras qui ne la quittait plus.
Aelaia

    Jeune châtaigne avait rejoint le groupe au pied de la porte Sud de la petite ville aux milles émotions – bien que plus effeuillée qu’un cerisier au cœur de l’hiver. Un pas devant l’autre, le regard vide, l’esprit en escale quelque part au milieu de nulle part. Comme un automate, pied posé à l’étrier, elle avait pris place sur la mule. Concentration avait permis à quelques mots de sortir de sa bouche. Aussi froids et monotones qu’un bloc de glace. Elle ne prit pas la peine de feindre un sourire. La nuit la sauvait du regard des autres. Elle aurait mis cela sur le coup de la fatigue. Son corps était là ; son esprit nageait dans un océan trop profond. Elle se sentait coupable. Elle ne l’était pourtant pas, cette fois.


      « Vous devriez aller voir votre épouse, Montparnasse. »


    Regard sceptique et interrogateur s’était posé sur la jeune femme. Elle avait haussé les épaules, il s’était éloigné dans la pénombre nocturne de Châteauroux. Quelques heures passées, les amants n’étaient pas revenus. Clap de départ, la charrette s’élançait dans la forêt. « Ils nous rejoindront. » avait-elle supposé. Cancans avaient eu bon train à l’arrière du convoi, il avait été convenu qu’ils avaient décidé de faire route à deux. Bretonne était satisfaite, malaise s’évaporerait avec leur absence. Tout au moins aurait-elle le temps de ressasser les évènements dans sa tête. Un à un.

    Châtaigne repassait la scène minutieusement dans sa tête. La blonde avait confondu bienveillance et séduction. Elle avait vu une ouverture. Elle avait engagé le baiser. Elle. La femme mariée. La femme qui se permettait de critiquer son éducation. Elle y avait mis du cœur, autant la première fois que la seconde. Aveuglée par la surprise, elle avait gouté au baiser de la Saint-Valery. Les lèvres étaient douces. Légèrement plus douces que celles de l’époux. A l’inverse du baiser montparnassien, celui de la femme avait été brutal. Un baiser osé, sur ses lèvres, déposé. Elle s’est avancée, rien n’avait été organisé. Sur la langue, sa langue amie. Elle avait fui. Que pouvait-elle faire d’autres ?

    A califourchon sur Flocon, la presque rousse était étrangement silencieuse. Poings se serrent, griffes percent la chair maltraitée, douleur brulante la fait sortir de ses pensées. Lorsqu’elle retrouverait la jumelle capillaire, il leur faudrait éclaircir les choses. Urgemment. Précisément.



        [Quelques jours plus tard, de retour à Châteauroux]


    Entrevue avait eu lieu. Ferme et déterminée, elle avait décidé qu’aujourd’hui, Ophélie ne se débinerait pas. Elle n’avait pas répondu à sa lettre. Elle l’avait évitée soigneusement, la garce. Elle répondrait à ses questions, cette fois. Regard passé au travers de la lucarne au préalable, elle était entrée.

      « Et bien. Maintenant que je suis là, vous allez gentiment m’expliquer ce qu’il vous a pris. »
      « Absolument pas. »
      « Je peux, peut-être demander à votre époux ? »
      « Oh mais faites-vous plaisir. Je nierai. Et il vous mettra la rouste de votre vie. »
      « Jouez pas à ça avec moi, Ophélie. Et assumez ce que vous faites, bon sang ! Vous vouliez voir ce que valait la "maitresse" de votre époux ? Hm ? »
      « J'avais envie d'essayer. C'est tout. »
      […]
      « Je garderais votre moment d'égarement pour nous, si vous ne revenez plus sur le sujet de votre mari et moi. »


    Marché scellé par sa main dans celle d’Ophélie. Marché annulant la pseudo-vengeance de la Blondie.


        [Finalement.]


    Laquelle des deux avait craqué la première ? Difficile à dire. Il se pourrait même que les deux aient fini par briser le pacte au même instant. La nuit précédente, un mélange d’alcool, de colère et de peur sans doute, avait troublé les esprits féminins, nouvelle proximité. Confidence avait été faite des lèvres roses de la chablousse à l’oreille blanche ce matin-là. Il avait ri d’abord, l’avait mise en garde, ensuite. Elle n’était pas et ne serait pas au cœur des jeux des jeunes mariés. Elle ne serait pas le jouet sexuel, décrit pas Claquesous.

    Pendant ce temps-là, la semi-blonde rompait elle aussi l’alliance. Confidences sur l’oreiller.

    Elles étaient quittes. Cette histoire quelques peu récente commençait à s’étioler. Elle avait été plus forte qu’elle ne l’aurait imaginée, et les attaques étaient passées au-delà de sa tête. Châtaigne forgeait son caractère. Naïve, elle l’avait été. On ne l’y reprendrait plus. Humeurs adoucies, les blondes avaient gagné l’une et l’autre un soutien indéfectible et précieux. Une complice.

    C’est ainsi que se termine ce second acte. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enf….Euh, non. Elles vécurent à peu près heureuses et firent des efforts. Nous ne sommes pas dans un conte de fée.

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