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[RP] Quand l'Ange se brūle les ailes...

Aelaia

« Le seul moyen de se délivrer d'une tentation, c'est d'y céder.
Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit. »

Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray.



      Le retour à Dole n’était pas celui escompté. Il y faisait toujours aussi froid, les montagnes se dessinaient encore au loin telles des ombres inaccessibles et les ruelles escarpées s’entortillaient entre les mêmes remparts. Non, la ville n’avait pas changé ; Aelaia, en revanche, n’y avait ces jours-ci plus le même entrain. En jouant avec le feu, l’Ange avait pris le risque de s’y brûler les ailes, et elle avait perdu. Elle y avait perdu son ami le plus précieux, et comme le lui avait dit Merance ce matin-là :


      « Vous n’êtes plus amis, Aelaia. Vous avez franchi un cap. »



      Il y avait eu depuis le début cette petite étincelle entre les deux amis ; une étincelle noyée au cœur d’une rivière d’occasions manquées. Jamais le bon moment, jamais le bon endroit, et aujourd’hui, à vouloir forcer le destin, le karma les avait rattrapés. Une rencontre loupée à Limoges quelques mois plus tôt et des retrouvailles avec une jeune femme mariée portant la vie en son giron. Une nouvelle rencontre avec une femme bafouée au bord du gouffre, qui, peu à peu retrouve le sourire, portée à bout de bras par un homme tenant une promesse faite à un père inquiet. Puis Brunehilde. Ô Brunehilde, la furie qui lui a volé son cœur. Brunehilde, l’éternelle jalouse.

        Et pourtant…


      La tentation, cet étrange sentiment qui attire et qui enivre. Des lèvres qui se frôlent, une première fois, et qui appellent à y goûter, encore. Le poison du désir qui s’immisce au creux des reins et qui devient brûlant. Et on a beau vouloir y résister, il ne fait que nous posséder, fragment après fragment. Et c’est ainsi que la jolie bretonne avait cédé, franchissant le cap. Celui du non-retour. Celui qu’elle regretterait amèrement, tôt ou tard.



        - Je n'ai pas d'étoiles à t'offrir, ma chambre à l'auberge est certes plus grande que la tienne et possède juste une grande fenêtre qui s'ouvre sur les Alpes... Et je t'ai promis un ciel étoilé...
        - Serait-ce une invitation tout à fait déraisonnable ?
        - Je confirme, c'est entièrement déraisonnable mais je réitère mon invitation...


      L’invitation était donnée, et c’est ainsi qu’elle avait succombé. C’est ainsi qu’elle avait tout gâché. Une fois de plus. Et il était parti. Le cœur lourd, l’âme coupable, elle avait besoin de se confier. Plume à la main, c’est à l’évidente Helvie qu’elle adresserait ses craintes et ses doutes.


        Aelaia Ar Moraer a écrit:
        A Dole,
        Le 30 octobre 1468


            Helvie,


          Ma belle, je me souviens bien évidemment de Misan et je suis déçue qu’il n’ait pas su saisir la chance que tu lui offrais à nouveau. Il le regrettera peut-être un jour, mais pour l’heure, c’est de toi dont il faut prendre soin. Laisse le temps faire son travail, et ces brèves échappées que tu as partagées avec Sextus deviendront des souvenirs agréables qu’il te plaira de te rappeler. Les morceaux ne se recollent jamais à l’identique mais ils sauront réveiller, je te le souhaite, cette amitié qui vous liait, toi et Sextus. La vie nous malmène, elle est terrible ? Renvoyons-la dans ses foyers, vivons comme bon nous semble pour soigner nos cœurs écorchés. Sourions, flirtons avec les interdits, vivons, pourvu qu’on se sente bien… Je te l’avoue, après avoir endormi ma peine dans d’autres draps, il m’est passé par la tête que le faire, encore, et encore, m’aiderait à braver les épreuves ; je crois qu’il s’agissait d’une erreur ; de plaisirs éphémères biaisés. Et tu n’imagineras même pas comment j’en suis arrivée à cette conclusion. Je ne me suis pas tout de suite rendu compte de qui il était, mais au fil des discussions… Soare. Je vous sais en désaccord, mais l’air de rien, il a trouvé les bons mots pour me secouer les puces. Offrir mon corps ne m’aidera pas à aller mieux.

          Mélissandre a quitté Roman et il m’a exprimé ses regrets. J’aurais imaginé que cela me ferait plaisir qu’il se soit planté, mais non. Il a brisé beaucoup de mes espoirs, et j’ai de la peine pour lui. Je dois être complètement maso ? Je me retiens de ne pas plonger, tu sais, même si ce n’est pas facile.

          Pour ce qui est du nom que je souhaite offrir à mon enfant, j’y ai longuement réfléchi, j’ai été partagée, j’ai hésité, j’ai tourné ma décision dans tous les sens, mais je pense pouvoir lui faire confiance. J’ai même rencontré son ancienne compagne qui a tenté de me dire les pires horreurs sur lui, mais je ne suis pas une femme de haine. Il a perdu trop d’enfants pour que je décide de lui retirer à nouveau la chair de sa chair. Je sais que nous saurons discuter calmement de ces décisions qui concerneront l’avenir de notre petit pirate. J’espère ne pas me voiler la face…

          Je t’ai déjà parlé de Laudry ? Cette amitié inattendue qui m’est tombée dessus, sans que je n’y prête attention, est devenue aujourd’hui comme une respiration, vitale. Son cœur est pris depuis des années par une noble quelque peu hautaine, et bien que j’essaie de faire des efforts, nos rencontres sont toujours très froides… voire éclatantes. Elle ne cesse de me balancer mille reproches et de m’accuser de lui voler son homme, alors même qu’elle, devait en épouser un autre par nécessité familiale – mariage arrangé pour asseoir leur puissance, bla-bla-bla. Le problème… c’est qu’à force de nous rabâcher cela, nous avons franchi le pas que nous n’aurions jamais dû franchir. Après avoir partagé quelques baisers à la lueur d’une bougie, nous avons, pendant plusieurs jours, tenté de museler ces envies et ce désir déraisonnable, mais cela n’a fait que l’attiser, l’exacerber. Je te jure que j’ai essayé, vainement… Nous avons partagé plusieurs de nos nuits, à regarder les étoiles et à les dessiner sur nos propres peaux.

          Il est devenu, si vite, un ami précieux, et j’ai eu tellement peur de perdre cette complicité que j’ai tenté d’étouffer ce qui pourrait ressembler à quelques sentiments ; son cœur ne m’appartient pas, mais le mien a commencé à s’engouffrer dans quelques brèches attirantes et je n’ai pas eu envie de l’en empêcher. J’ai peur, une nouvelle fois, de faire une erreur…

          Je serais ravie que tu me rejoignes, peut-être en Bourgogne ? Ou voudrais-tu que je te rejoigne là où tu es ?

          Tu me manques Hel’





        Les dernières lettres de son prénom liées au pied de la lettre, la châtaigne fut interpelée par trois coups frappés à la porte de la confortable chambre louée à La Belle Doloise ; l’aubergiste lui annonçait que le dîner était prêt, et sans se méfier, elle se glissa hors de l’alcôve pour rejoindre le réfectoire, laissant la lettre aux doux secrets sur l’écritoire devant la fenêtre encadrant le paysage jurassien…


          Erreur fatale ?

    _________________
Oggie
    Depuis quelques temps tu as des doutes. Tu observes beaucoup, caché derrière ton masque. Et remarques les coups d'oeil, les taquineries, les gestes qui peuvent paraître anondin ou même parfois hostile pour ne pas laisser apparaître l'attirance où l'attrait. Tu ressens les tensions entre les gens à défaut de les ressentir toi même. Tu ressens les émotions des autres ou plus souvent leur absence, qui, comme les silences en disent souvent bien plus long que les mots. Tu poses aussi beaucoup de questions. Souvent anodine, souvent faussement eronné. Tu prêches le faux pour savoir le vrai, pour qu'autruie se confie. C'est plutôt facile de gagner la confiance des gens et ceux malgré ton apparence. Mais les gens sont narcissique et aiment à parler d'eux. Tes questions dérangent parfois mais très vite sans s'en rendre compte ils se prêtent au jeu et commencent à répondre. Un mot, puis un autre. Avant de faire des phrases et de s'ouvrirent doucement à toi. Tu orientes alors la discussion sur un sujet qui t'intéresse et naïvement Pierre te donne les informations que Paul te cache. C'est ainsi que tu finis par tous savoir. Les expressions des visages, les gestes anodins des mains. Le corps s'expriment autant par la gestuelle que par les mots, et toi tu dechiffres. Tu n'es pas stupide. Cela aide. Ainsi tu joues le jeu. Tu ignores ta patronne en taverne comme si elle n'était qu'une inconnu mais tu saisis chacune des perches qu'elle te tends. Cette perche là pourtant elle ne te la pas demandé. Mais tu as compris seul. Son changement d'attitude envers cette autre femme. Ces regards niais qu'elle porte au barbue. Les femmes amoureuses peuvent être dangereuse et tu as appris à t'en méfier.

    Mais que ce passe t'il quand le duo est un trio ? Tu as le sentiment que la haine naturelle de ta patronne n'est pas anodine. Les femmes ressentent ce genre de choses. Alors tu te fie à cet instinct féminin et tu décides d'agir. De ton propre chef. Pour assouvir ta curiosité. Car si on te paie pour obéir aux ordres, tu n'ai malheuresement pas une marionnette. Tu agis le plus souvent seul. Parfois cela déplaît mais c'est ainsi. Tu n'as jamais aimé les laisses.

    Aussi lorsque la nuit commence à tomber tu suis la jeune femme qui porte le nom d'Aelaia. C'est elle la troisième pièce de ce puzzle. La pièce en trop. Du moins c'est ce que tu penses. Tu veux en avoir le cœur net. Il te faut plus que des simples supposition. Elle est dans sa chambre et tu attends patiemment dans le couloir qu'elle en sorte. Là ou tu es placé elle ne pourra te voir. Tu te dissimules dans un renforcement sombre situé derrière elle. Elle n'a aucune raison de venir vers toi. Attendre ne te pose pas problème. La patience tu en as a revendre. Et au bout de quelques heures elle sort enfin pour se restaurer. Tu attends quelques minutes afin de t'assurer qu'elle ne revienne pas tout de suite prétextant avoir oublié un foulard où une autre connerie de ce genre. Une fois assuré qu'elle est partie se restaurer, tu te diriges vers sa chambre. Ouvrir la serrure est un jeu d'enfant pour toi. Tu es et resteras un voleur avant tout. Tu prends soin de refermer derrière toi et tu observes la pièce un instant. C'est bien rangé. La dame est ordonné. Cela facilitera tes recherches. Tu te diriges en premier lieu vers le bureau car c'est souvent là que l'on rédige courier ou autre carnet secret...

    Une lettre est posé. L'encre sèche doucement. Tu ne la touches pas, tu te contente de la lire en te penchant dessus. Le premier paragraphe est sans intérêt. Mais la fin de la lettre... Bingo. C'est exactement ce que tu cherches. Tu es en veine aujourd'hui. Pas besoin de chercher d'autres preuves. Celle-ci est suffisante. Tu lis et relis plusieurs fois les mots pour bien les imprimer dans ton esprit. Tu ne dois pas faire d'erreur sur l'interprétation de ceux-ci.

    Des bruits de pas sur le palier t'alerte. Tu es resté trop longtemps dans cette chambre. Il est temps pour toi de mettre les voiles. Fantôme tu es et fantôme tu dois rester. Tu ouvres alors la fenêtre et tu te faufiles par le toit en prenant soin de refermer du mieux que tu peux derrière toi. Tu dois rejoindre Brunehilde à présent pour l'informer de ta découverte.

    De chat de gouttière, tu redeviens alors le chien fidèle et loyale qu'on attend de toi.


      TOC, TOC, TOC.


    Trois coups portés à sa porte. Trois coups comme prémisse du destin de la semi rouquine. Destin qui risque de prendre un nouveau tournant à présent...

_________________
Brunehilde
TOC, TOC, TOC.

L'on toque trois coups à la porte.
Trois coups fermes.
Trois coups qui étonnent Brunehilde.

La Frayner, Saint-Valéry depuis peu, s'interroge. Qui cela peut-il bien être ?
Ce ne peut être Laudry, il ne prendrait pas le risque de venir aussi tôt et encore moins celui de passer par la porte d'entrée. La fenêtre, c'était par là qu'il s'invitait auprès d'elle.

Felis ? Là encore peu probable. Le jeune garçon avait pour habitude de donner de la voix pour se faire annoncer. Et puis, Or était sensée rester avec icelui ce soir. Elle ne l'aurait pas laissé sortir de sa chambre, pas à pareille heure.

Peut-être l'aubergiste ? A cette heure ci dans les appartements d'une femme de sa qualité ? Peu probable. Quand à la chambrière, elle n'y croyait pas non plus.

Il n'y avait pas trente six façons de le savoir...
Avec un soupir, Brunehilde reposa son peigne et se fit un chignon rapide qu'elle coinça dans une crépine. Et dire qu'elle venait de passer vingt bonnes minutes à démêler son interminable chevelure et qu'elle était sur le point d'en venir à bout. Elle était bonne pour tout recommencer.

Elle enfila sa houppelande, attacha sa ceinture, et après s'être assurée d'être présentable dans le miroir, pris soin de fermer sa fenêtre avant d'aller ouvrir.
Elle savait que si Laudry arrivait, il patienterait en voyant la fenêtre fermée. Il ne prendrait jamais le risque qu'on puisse les surprendre ensemble en pareille intimité.

A cette pensée, elle sourit. Son époux avait à cœur de la protéger.
Aussi, c'est le cœur léger, qu'elle alla ouvrir. Mais son sourire s'effaça dès qu'elle vit le masqué. Aussitôt, elle s'inquiéta :

- Vous ici ? Que se passe-t-il ?

Elle retient de justesse le "personne ne vous a vu j'espère ?" qui avait failli s'échapper de ses lèvres et qui aurait pu vexer celui qu'elle appelait Oguste. Or s'il y avait bien une chose qu'elle ne souhaitait pas, en particulier lorsqu'elle était seule et vulnérable, c'était bien vexer Oguste.

Entre eux, les rapports s'harmonisaient doucement. Ils apprenaient à se faire confiance. Apprenaient à...collaborer, d'une certaine façon. Et si Brunehilde ne le considérait plus comme une menace immédiate, il n'en demeurait pas moins un prédateur, et elle ne pouvait s'empêcher d'en avoir peur, même si elle faisait de son mieux pour ne pas le montrer.

Après un regard dans le couloir pour s'assurer qu'il n'y avait personne, elle le fit entrer et referma la porte derrière lui. Ils étaient seuls. Dans un endroit clos. Décidemment, elle n'aimait vraiment pas cela, alors comment faisait elle pour provoquer encore et encore cette situation ?

Un jour, espérait elle, elle finirait par s'y habituer ou mieux, à ne pas avoir à le faire. Pour l'heure, elle ne pouvait s'empêcher de penser que s'il était à son service, c'était uniquement parce qu'il le désirait. A elle donc de faire en sorte qu'il trouve plus intéressant de travailler pour elle que de la découper en petits morceaux.

Son regard noisette se posa sur le masqué, visiblement elle attendait qu'il s'explique sur sa présence.
Oggie
    La porte fini par s'ouvrir et c'est une Brunehilde qui n'a pas l'air enchanté de te voir qui apparaît à la porte. Cela t'amuses quand elle regarde autour de toi pour s'assurer que personne ne vous observe. Elle te prends vraiment pour un débutant. C'est amusant. Elle finit par te faire entrer. Trop aimable.
    Tu la laisses refermé soigneusement derrière vous et tu observes un instant la pièce, plus particulièrement la fenêtre dont tu vas naturellement tirez les rideaux afin de vous abriter des regards indiscrets.

    Une fois cela fait tu t'adosse contre le mur près de la fenêtre, bras croisés et ton regard glaciale se pause sur celle qui t'emploi.


    - Pardonnez mon intrusion, je sais que vous préférez que je n'ai pas de contact avec vous mais j'ai des informations qui je pense pourrais vous intéresser.

    Et voilà la petite perche de tendu. Pour attirer le poisson. Ou la poissoine ? C'est vrai ça comment on appelle les poissons femelles ? Tu prends le temps de marquer une pause. Le temps d'observer ses réactions, avant de poursuivre.

    - Cela concerne cette jeune femme que vous n'avez pas l'air de porter dans votre cœur. Aelaia. Elle a eut une relation avec votre compagnon. Laudry. Et il semblerait que cela soit plus qu'une simple histoire charnelle de son côté. J'ai trouvé une lettre dans sa chambre détaillant cela...

    Tu ne prends pas de pincette. Tu énonce simplement les faits. Tu es venue pour lui rapporter la situation, à quoi cela sert de tourner autour du pot. Tu donnes les détails qui te semble important à savoir comme le bon petit chien de chasse que tu es.
    Toujours adossé contre le mur, tu attends sa réaction. Tu n'as pas bougé.

_________________
Brunehilde
- Pardonnez mon intrusion, je sais que vous préférez que je n'ai pas de contact avec vous mais j'ai des informations qui je pense pourrais vous intéresser.

L'homme masqué connait son affaire. Il lance son appât et attend qu'elle morde. Elle, la noble qui n'espérait pas le voir. Et aussitôt, la situation se transforme. Déjà elle veut en savoir davantage. Oublie qu'il ne devrait pas être dans ses appartements, oublie tout ce qui n'est pas "les informations qui pourraient l'intéresser".

La curiosité s'empare du regard noisette, et c'est avec une lueur d'intérêt qu'il observe à présent le masqué. Brunehilde prend siège et d'un geste l'invite à poursuivre.

- Cela concerne cette jeune femme que vous n'avez pas l'air de porter dans votre cœur. Aelaia. Elle a eut une relation avec votre compagnon. Laudry. Et il semblerait que cela soit plus qu'une simple histoire charnelle de son côté. J'ai trouvé une lettre dans sa chambre détaillant cela...

La vérité froide lui saisit le cœur. Déjà elle sent sa colère se réveiller ? Colère ? Non, rage. Haine même peut-être. Mais certainement pas colère. La colère s'était au début quand elle n'avait pas de preuve de ses intentions. C'était au début lorsqu'elle lui mentait en la regardant droit dans les yeux; c'était au début quand Laudry ne lui avait pas avoué leur coucherie; c'était au début quand le masqué n'était pas au courant. Car à présent il savait. Et bientôt le destinataire de la lettre saurait également. Et peut-être même d'autres encore...

Pour l'heure, une certitude : le masqué savait. Pour la tromperie. La souillure. L'innommable. Ce que la catin lui avait fait. Comment elle avait entrainé son Laudry dans la luxure. Oui, il savait que derrière le nom d'ange se cachait l'enfant du sans nom. Il savait ce que nul ne devait savoir, jamais. Aelaia venait de la bafouer une seconde fois en ébruitant l'outrage dont elle avait osé la faire victime. La garce devrait payer ! Allait payer. Cela commençait à suffire. Mais avant…
Avant il fallait qu'elle sache jusqu'où allait l'outrage.

Alors elle interrogea le masqué. L'essora pour en retirer la moindre information qu'il détenait. A qui Aelaia se vantait elle de ce qu'elle avait osé lui faire endurer ? Que disait la lettre exactement ? Comment cela il semblerait que cela soit plus qu'une simple histoire charnelle ?

Alors Oguste - qui ne s'appelait pas vraiment Oguste - lui révéla tout. Dans les moindres détails...

En découvrant les sentiments que la bretonne osait porter à son Laudry, sa vie, son époux, un mélange de peur et de rage l'envahit. Oh non, elle ne laisserait pas Aelaia poser de nouveau ses tentacules sur son amour, elle ne la laisserait plus gâcher son bonheur. Cette fois, elle ne se laisserait pas faire.

Aussi, c'est un regard froid et déterminé que Brunehilde posa sur le masqué. Un regard qui n'avait plus rien de craintif. Un regard qui n'enviait rien à celui du Pique.

Je vous remercie pour votre dévouement, dit elle d'une voix rendue aussi glaciale que son regard. Je ne l'oublierai pas, croyez le bien.

Elle tendit sa main au masqué afin de le remercier ou était ce pour sceller un pacte tacite ? Qu'importe, elle tendit sa main, et cette fois, contrairement à la fois précédente, elle ne tremblait pas.
La fille de l'Implacable, devenait implacable à son tour. Cela tranchait tellement avec ce qu'elle était d'ordinaire que ça en devenait effrayant.

Cela ne s'arrête pas icelieu. Or vous contactera. Nous ne feront qu'une. Désormais, c'est par elle que tout passera. Que cela ne vous empêche pas de garder un œil sur icelle pour autant...

Son regard glacial se fixe dans celui non moins glacial du masqué pour bien faire passé son message. Les choses ne s'arrêtaient pas là.
--Murmures
Il parait qu'il y a eu des révélations.
Il parait que les choses n'allaient pas en rester là.
Il parait que plusieurs minutes après il y eut des allées et venues.
Il parait que des billets furent échangés avant que d'être brûlés.
Il parait que le Diamant s'éveilla.
Il parait qu'il en avait reçu l'ordre.
Il parait qu'il alla trouvé Oggie et que de nouveaux ordres furent transmis.
Il parait qu'il y aurait une vengeance. Oui, mais laquelle ?
Il parait que ce n'était pas d'Aelaia dont on se vengeait.
Il parait que c'était plutôt de Roman. Tiens donc, qu'avait il fait le Corleone ?
Il parait qu'il faut dire qu'avait il encore fait.
Il parait qu'Oggie s'est mis en chasse.
Il parait que le Diamant aussi.
Il parait que Pique ou pas, ça sera toi qui souffrira.
Il parait que l'enfant et la mère vivront seulement si Roman la trouve à temps.
Il parait que la nuit d'Halloween tout peut vraiment arriver.
Il parait que chuuut ! La nuit ne fait que commencer. Le jeu des masques peut se révéler.
Oggie
    Avant de t'éclipser elle t'avait tendu la main, et au lieu de la serrer comme il se devait, tu t'étais incliné et tu avais pressé les lèvres dessinés sur ton masque sur le dos de sa main. Une façon bien à toi de lui faire comprendre que tu apprécies ses remerciements. Tu sors de la chambre par la même façon que tu y es entré. Par la porte tout simplement. Il est inutile de jouer les acorbates quand la simplicité est tout aussi efficace.

    Tu ne tardes d'ailleurs pas à recevoir les nouvelles promise et tu hoches la tête devant la mission que l'on t'as confié un petit sourire satisfait aux coins des lèvres. Tu vas pouvoir laisser libre cours à ta folie et cela te plaît. Mais avant cela, tu dois préparer le terrain. Faire plus ample connaissance avec ta cible. Alors tu la rejoins en taverne. C'est le 31 octobre, la nuit de la veillée de toutes les âmes et elle est déjà bien éméché. Elle te parle d'aller parler aux morts. Parfait. Tu connais à présent son programme pour le reste de la soirée. Tu te fais alors agréable et avenant. Un bon compagnon de beuverie, d'ailleurs tu ajoutes quelques verres à ceux déjà vide devant elle tout en la mettant en garde des potentiels mauvaise rencontre qu'elle peut faire dans cette état d'ébriété. Cela t'amuses oui de prévenir tes victimes. Surment un petit côté sadique. Pour l'heure il est tant pour toi de la laisser. Du moins le temps de quelques heures pour préparer la suite des hostilités. Car méticuleux tu l'es. Personne ne doit savoir que tu es impliqué dans cette histoire. Ni même s'en douter. Même pas elle. Et pour cela tu as un atout non négligeable. Elle ne connais rien d'autre de toi que le son de ta voix et la couleur de tes yeux. C'est là un des intérêts du masque. Si certains se masque pour agir toi tu fais l'inverse...

    L'heure est proche à présent. Tu es dans le cimetière à la vue de tous. Tu as quitté ta cape et tes habits sombre et amples. Tu es vêtu de couleur vive et criarde. Un collant moulant rayé de diverses teinte de bleus, un pourpoint rouge au motif arlequin. Ton corps ainsi dévoiler semble plus grand, moins chétif. Tes bras sont sculptés et ton corps, bien que fin, dégage une certaine force que l'on n'imagine pas vêtu de ta cape. La brûlure à ton bras droit et bien visible. Tes cheveux sont long, très long, noir comme l'ébène, ils font ressortir ton teint pâle et maladif. Tu les a attaché avec un ruban en queue de cheval. Ton visage est nue et tu as accentué son côté effrayant. Tes lèvres fendue jusqu'aux oreilles sont colorés de rouge. Ton propre sang pour être exact que tu as soigneusement appliqué dans chaque recoins de tes cicatrices. Tes yeux naturellement cerné sont peint en noir. Une technique utilisé lors de tes représentation de saltimbanque. Cela modifie légèrement la couleur naturelle de tes yeux. Le noir accentue le bleu, le rendant plus clair, presque blanc.
    Tu l'attends adossé contre une tombe. Dans ta main trois couteaux prêt à être lancer. Tu n'as jamais raté ta cible. Et si parfois ceux ci s'enfonce dans des chaires mollent c'est que tu en as décidé ainsi.

    Tu attends qu'elle est quitté la sorcière. Que ta proie soit seule et sans défense. Elle titube légèrement. Elle toujours un peu ivre. Cela te facilitera d'autant plus la tâche.
    Elle sort du cimetière et se dirige vers la ville, tu la suis dans le dédale des rues Doloise. Tu allonges le pas petit à petit et une fois à porté, là où tu pourrais simplement la saisire par les cheveux, tu préfères une autre méthode et tu l'interpelles... en chantant.


    Y'a un long voyage à faire, je ne sais qui le fera,
    Y'a un long voyage à faire, je ne sais qui le fera,
    Rossignol du vert bocage m'a promis qu'il le ferait...
    Tenez la belle voici la rose, mais le rosier n'y ai pas...


    Chanter te permet d'avoir une voix moins grave, moins caverneuse. Moins reconnaissable. Puis en règle générale ca déstabilise plutôt bien, surtout que tu chantes pas trop mal.
    Évidemment à la fin de ce couplet une rose est tendu à la demoiselle.

_________________
Aelaia
Quel enfant n'a pas aimé trembler, la nuit sur les pentes herbeuses,
à attendre le dahu, n'a pas chanté pour se donner du courage devant les monstres de l'imagi­naire,
vaincre la peur en marchant bravement vers les ombres ?

Bernard Giraudeau, Les Dames de nage.


    Le lever de coude breton semblait se faire connaitre par-delà les contrées bourguignonnes, franc-comtoises et savoyardes, et la réputation de la châtaigne n’était plus vraiment à refaire à ce sujet. Elle n’avait pourtant pas toujours eu cette facilité à l’ivresse, l’on pourrait même parler de quelque chose de récent. En noyant ses premières peines à l’aide de quelques breuvages enivrants, la bretonne avait réussi à repousser ses démons. Temporairement. Le temps d’une brève euphorie. Comme une sensation de douceur qui l’enveloppe, l’âme attristée se gargarise et se moue dans un bain de béatitude et d’allégresse furtive. Tout semble facile. Plus simple. Mais ce n’est qu'un sentiment éphémère, et comme un mal que l’on atténue, il revient, plus fort. L’alcool est un foutu cache-misère, et Dieu qu’il semble bon. Le temps d’un instant.

    Ce jour du 31 octobre 1468, elle savourait ce sentiment d’euphorie, pour masquer sa peine, une nouvelle fois. Au détour d’une rue, elle avait aperçu la silhouette du Saint-Valéry, et bien qu’elle eut envie de lui sauter dans les bras, quelques bribes de sa dernière lettre lui revinrent « Je veux qu’on me foute la paix ». Il avait besoin de temps, elle en avait besoin aussi, pour digérer, oublier, ruminer. Le temps, à la fois votre pire ennemi et votre meilleur allié. Merance avait eu raison, elle avait vu juste ; le jour où elle avait succombé au désir charnel, elle l’avait perdu. Et la bouteille l’avait trouvée. Et l’hyperthymie s’était emparé d’elle, l’étreignant pour l’emmener dans sa décadence, une nouvelle fois.

    La garde avait été baissée, et la discussion s’était faite légère avec le masqué qu'elle s'amusait à appeler Maskaradenn ; sans doute éprouvait-elle une sorte de sordide satisfaction à flirter avec le danger ; son jugement était corrompu par quelques effluves inébriantes. Naïve. Petite naïve…

    Plus tard, jeune châtaigne avait rejoint la Flamboyante et son apprenti pour parler aux morts ; quelle drôle d’idée. Mais l’idée l’amusait plus qu’elle ne la terrifiait, alors elle s’était laissée tenter par sa curiosité et sa douce folie. Étrange soirée que la nuit de Samhain, celle où l’on peut retrouver les morts, parait-il. Le bretonne y croit ; les croyances celtes évoquent le retour des âmes décédées lors de cette nocturne, et il était coutume de laisser quelques victuailles sur la table et une bûche dans l’âtre pour leur offrir un peu de chaleur.

    La lucidité reprenait peu à peu ses quartiers, piquée par la fraîcheur automnale de cette nuit glaçante, alors qu’elle regagnait son auberge pour charger ses affaires dans une charrette en partance pour Dijon. Et pourtant, la suite de cette nuit le serait bien plus. Déambulant dans les quartiers encore éclairés de quelques lanternes, elle bifurquait un peu à gauche, un peu à droite, dans les méandres labyrinthiques de cette ville hypnotique.

    Soudain, une voix s’élève derrière elle. Elle lui parait proche, mais dans sa condition, elle ne discerne plus les distances. Qu’est-ce vraiment le proche, le lointain ? Elle ferme les yeux un instant, comme pour localiser, étudier le ton qui se dresse à son oreille. Aelaia se retourne en fronçant les sourcils, mais peu farouche – l’euphorie qui sommeille encore aidant –, elle avise la silhouette qui lui fait désormais face. La tête se penche un peu pour étudier les traits effrayants de l’homme qui lui fait face, elle ne s’en cache pas et le regard se fait juge, explorant les lignes carmines et noires de ses jades intriguées. Une rose. Il lui tend une fleur.

    Alors que la raison lui intime de partir à toutes jambes, elle s’enracine sur le pavé. Alors que la main de l’homme dont elle ne saurait donner un âge s’approche, une rose aux couleurs de sourire d’ange, ou plutôt du diable, glissée entre les doigts, elle saisit l’épineuse et la porte à son nez pour en humer les fragrances. Inconsciente que tu es… Et toujours cette petite voix qui lui hurle sous les tempes « Fuis, pauvre folle. Fuis… » - Mais l’impulsive est curieuse. L’impulsive répond innocemment.


      - Merci… Que me vaut cet honneur ?




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Diamant
Diamant, c'est mon nom, ou pas d'ailleurs. De toute façon, on ne m'appelle pas. On ne sait pas qui je suis. Je suis peut être l'ombre qui est dans ton dos, ou la personne en face de toi, ou bien dans le coin d'une rue. Je suis ce qu'on veut me donner, et je n'aspire pas à montrer ma véritable personnalité. Pourquoi ? On s'en fiche à vrai dire. La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'on m'a mandaté. Un mandat bien sympathique qui me change pas de mes vieilles habitudes.

Capuche sur la tête, visage fermé, j'approche. On m'a demandé de filer des ordres. Je le fais. Je n'ai aucune sympathie pour eux, et ce qui pouvait se tramait me passer bien au dessus de la tête. Chacun avait ses petits soucis personnels, et franchement, je ne voulais pas savoir le pourquoi du comment.

L'ordre tombait rapidement. Ce qu'il devait faire, et ne pas faire, ce qu'on attendait de lui et quand ça devait être fait : Soit au plus vite. Mais il fallait pas sortir de Saint Cyr pour le savoir.

Moi, j'étais dans mon coin, je repartais telle une feuille après un coup de vent, j'avais autre chose à faire, d'autres chats à fouetter, et contacter. Il fallait contacter quelqu'un pour que le plan roule sur des roulettes. Et sur quatre roulettes de préférence. J'aime pas quand c'est branlant.

    A ma plume... C'est parti. On baisse le rideau. Que le spectacle commence. Et surtout, CHUT, SILENCE, les acteurs sont dans la place... Installez vous bien, le pop-corn en main...
Oggie
    La rose aurait put être empoisonné. Elle aurait put oui, mais ce n'est pas vraiment ta façon d'agir. Non, tu es plus direct, moins fourbe. Toi ce que tu aime c'est le sang, son odeur, son gout. Tu aimes également entendre les os se briser. Tu aimes lire la peur dans le regard de tes victimes ainsi que l'incompréhension grandissante au fond de leur prunelle. Mais pour Aelaia tu devras faire une exception car tu n'as guère le temps de t'amuser. On te demande d'être efficace, et efficace tu le seras.

    Elle se saisit de la rose que tu lui tends. Elle est donc docile, parfait, ce ne sera que plus facile. La suite des évènements se déroule vite. Alors qu'elle vient d'agripper la fleure pour venir sentir son odeur, toi tu t'empare de son poignet et en un pas de danse tu la fait se retourner sur elle même pour venir te plaquer à son dos. La suite du programme est simple, une main pour tordre son poignet dans son dos et l'autre pour se plaquer a ses lèvres et son nez et la privé ainsi d'air. Elle se débat, mais ainsi positionner elle ne peut pas faire grand chose contre toi. Tu sens d'ailleurs que la lutte se fait plus faible avant de sentir son poids du corps se relâcher entièrement. Tu attends pourtant encore quelques instants pour être sur qu'elle ne simule pas, et une fois assuré de son inconscience tu la charge alors sur ton épaule comme un vulgaire sac de pomme de terre.

    Ton plan est simple. L'équation est incorrect. 1+1 n'a jamais fait 3. Aussi tu rectifie le résultat. Tu dépose ton paquet dans une cave humide et sombre en plein centre ville. Les murs sont assez épais pour que personne ne l'entende si l'envie de brailler lui prenait. Tu profite de son inconscience pour lui attaché les mains et les pieds. Tu serres fort, la corde entaille sa chaire. Tu es satisfait. Tu peux passer à la suite.

    Ta lame est de sortie et tu déchire le haut de sa robe. Tant de superflue. Pourquoi les femmes s'embêtent autant dans leur façon de se vêtir ? Tes doigts caressent alors la peau dénudé sur son épaule gauche. Oui, ici se sera parfait. Sans la moindre hésitation ta lame se plante alors dans sa chaire et tu grave avec soin un C. Un C pour Catin. Evidement la douleur lui redonne conscience mais tu ne lui laisse pas le temps de s'exprimer. Tu poses un doigt sur ses lèvres et tu lui intime le silence d'un :


    - Chhhhuuuuutttt...

    Avant de lui écraser ton poing sur la mâchoire pour s'assurer de son silence. Un coup, puis deux, puis trois. Tu te laisses aller à un petit plaisir personnel en laissant tes poings abimé sa jolie petit gueule. Tu ne cesses d'ailleurs que lorsqu'elle plonge à nouveau dans l'inconscience. Le clocher sonne. Tu es attendu. Tu n'as pas vraiment plus de temps a perdre avec elle, alors tu la bâillonnes et tu la laisses là. Seule. C'est cette solitude qui sera son bourreau. Pire encore que n'importe qu'elle torture. Tu lui as laissé un sceau plein d'eau et un autre remplie de grain de mais, de quoi tenir plusieurs jours aussi. Elle pourra se nourrir comme le font les bêtes. Comme la chienne qu'elle est. Encore faut-il qu'elle trouve le moyen de retirer son bâillon seule. Mais tu le sais, la peur de mourir donne des ailes. Surtout quand on est seul et que les rats viennent vous embrasser la nuit.
    Pour faire ces besoins, tu n'a rien prévue en revanche. Ligoté comme tu la ligoté elle n'aura d'autre moyen que de se faire dessus. L'humiliation, la peur, l'humidité, le froid, la solitude et les rats lui feront bien plus de mal que tu aurais put lui en faire toi même.

    Tu la laisse là. Sans un regard et tu pose un lourd cadenas sur la porte de cette cave. La clé tu la jettera quelques heures plus tard en pleine foret...

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Aelaia
Erreur 404 – Aelaia introuvable.
Nous sommes désolés, la bretonne que vous recherchez
est temporairement introuvable ou n’existe plus.
Merci de vous grouiller le séant, parce qu’il fait soif.




    Le parfum de la rose, aux fraîches notes d’abord sucrées de framboise et d’ambre puis aux subtiles fragrances de musc si caractéristiques, sera le dernier à lui chatouiller le nez avant le baisser de rideau.

    Les trois coups sont frappés. Coup de théâtre.

    D’un pas de danse, l’instant de surprise laisse place à la frayeur qui se lit désormais dans son regard alors que l’inconnu se glisse dans son dos. La prise se fait plus ferme et comme prise dans un étau, elle suffoque. Le souffle se fait court et les jambes se font coton. La vue se trouble alors qu’encore elle essaie de lutter ; la tête s’agite, cherchant l’air, le corps se débat, s’évertuant à se défaire de l’ignoble emprise. Et alors qu’elle tente d’entrouvrir les lèvres pour hurler, l’obscurité l’emporte et les larmes sillonnent ses joues. La silhouette bretonne flirtant avec l’inconscience se fait poupée de chiffons et seules les secousses de la démarche abrupte du (dé)masqué l’empêchent de sombrer dans les profondeurs de sa conscience. Elle ressent le cisaillement de la corde saillante sur ses chairs, la morsure humide de l’atmosphère fétide sur sa peau dévêtue, mais ses yeux peinent à s’ouvrir ; ou peut-être ne le veulent-ils pas, comme pour la protéger, comme si la pénombre aiderait à esquiver les ténèbres.

    La pointe de la lame qui lui déchire les pulpes lui arrache un hurlement qui lui cingle les poumons. L’adrénaline lui donne encore la force de se débattre, quelques instants, encore. Et elle crie à en anéantir les tympans de son bourreau ; cri qui se transforme en gémissement quand le poing vient s’abattre sur la pommette. La douleur la ravage à mesure que les impacts écorchent le derme, et peu à peu, le noir s’empare à nouveau d’elle. Entracte.

    Le parfum de la rose n’est plus, non. Peu à peu, Aelaia reprend ses esprits, douleur lancinante lui brûlant l’épiderme, boursouflures lui tiraillant le minois et goût métallique du carmin mêlé au salin des larmes sur la langue. Le moindre mouvement lui crispe les muscles endoloris et la faim lui tord les entrailles ; elle ne saurait dire depuis quand elle est là. Des heures, des jours, elle ne sait pas. Les jades tentent de parcourir le local qui lui sert de cellule, et peut-être bientôt de cercueil – à cette pensée, son cœur s’emballe et les perles coulent à nouveau sur ses joues, lui arrachant de nouvelles grimaces alors qu’elles frôlent les chairs tuméfiées. Elle ne distingue qu’à peine les contours de la pièce vaguement éclairée par les quelques rayons d’un soleil matinal filtrant au travers du petit soupirail – dernier repère, dernière porte vers la vie. Est-elle encore à Dôle ? Est-on aujourd’hui, demain ou après-demain ?

    Mains et pieds liés, elle tente de se redresser, plus vulnérable que jamais, percluse par les tourments qui lui ont été affligés. Sur sa poitrine tressautent ses derniers espoirs au rythme de son cœur qui s’emballe. La médaille d’Aristote, offerte quelques semaines plus tôt par son ami et confident pour lui assurer protection et force dans ses affres, et l’alliance de son mariage éphémère, lui intimant de se battre pour la petite vie qui bat au creux de ses reins. L’espoir éveille quelques brèves facultés qui l’aident à replacer certaines pièces du puzzle. Tadig parlait toujours de la règle de trois lorsqu’il partait au large des côtes bretonnes. La survie affleure ses limites après trois lunes sans sa famille, trois semaines sans se remplir l’estomac, trois jours sans eau, trois minutes sous l’eau…

    La gorge est sèche et douloureuse à chaque déglutition, et déjà des vertiges l’obligent à fermer les yeux, mais elle se meut. Moins de trois jours ont passés, sans doute. L’instinct de survie lui donne la force de ramper jusqu’à ce seau rempli d’un or liquide et précieux qui la nargue. Bien que la folie la guette et que les hallucinations ne tarderont pas, elle sait qu’il lui faut se rationner, ne pas céder au désir de boire tout son soûl et de manger jusqu’à plus faim ce grain écœurant. Mais pour combien de temps ? Personne ne viendra la chercher, elle est seule. Elle crèvera seule dans ce trou. Seule dans le froid, avec la solitude pour ennemi. Dans l’obscurité, elle perd la notion du temps ; au début, elle a tenté de compter les coups de cloche au loin, mais la peur et le manque – de tout – brouillent son discernement.





    [Quelques jours, quelques heures… Quelques temps plus tard]



      - Mamm… O vont 've'er? Aze emaon…. Dont a rez da zañsal ? * Je veux dormir à la maison, il fait froid ici…


    L’eau se fait rare, le maïs s’épuise, et la bretonne commence à divaguer et dans l’urgence de l’instant, l’expression en breton reprend le dessus ; les mots innés effacent ceux appris. Les ecchymoses peu à peu s’estompent, mais les blessures suintent. Les larmes ne coulent plus, elle n’en a plus. Les liens qui lui tailladaient la peau ont cédés, mais chaque mouvement devient une épreuve. L’espoir s’effrite à mesure que le froid lui embrasse les joues pâlies et elle s’abandonne à ces lueurs d’un passé heureux auquel elle tente de s’accrocher, encore un peu. Et toujours, ces prunelles blanches comme l’hiver, cerclées de carmin viennent lui glacer le sang. A nouveau, elle sent le tranchant de la lame sur son épaule.

    Au début, elle a hurlé à s’en briser la voix et à s’en arracher les cordes vocales, en vain. Seul le silence lui a accordé une réponse. Maintenant, elle attend que l’on vienne la cueillir, encore portée par ce foutu espoir de manquer à quelqu’un et qui lentement s’estompe. Qu’a-t-elle pu faire pour mériter tel châtiment ? Etait-ce là un décérébré qui a pêché sa proie à Samhain pour assouvir quelques pulsions meurtrières ? Etait-elle visée, ou était-ce un mauvais hasard ? Tant de questions qui se perdent dans ses méninges, et toujours autant de réponses qui manquent.

    Comme rarement elle l’a fait, elle prie. Elle prie ses Dieux. Elle supplie Ankou de lui épargner la Mort, à la Terre de l’aider à se réveiller de ce cauchemar ou d’abréger le moment. Les mains serrées sur le médaillon de Laudry, comme l’on s’accrocherait à une bouée pour échapper à la noyade, elle en vient à prier son Dieu à lui pour qu’ils épargnent la vie qu’elle porte.

    La lutte s’atténue, le corps se relâche, elle sombre.

    La paupière sursaute au premier choc contre le bois de la porte de sa cellule. Un second coup vient frapper le silence effroyable. Elle ouvre les lèvres pour appeler à l’aide ; mais sa voix se brise. La porte tremble une nouvelle fois. Et l’adrénaline puise dans ses dernières forces.


      - Je… Je… suis là... JE SUIS LÀ !





* Maman… Tu es là ? Je suis là… Tu viens danser ? [Breton]

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Roman.

~Même jour, même endroit...
Après une longue chevauchée et quelques péripéties,
Des jours de recherches, des dizaines de courriers,
Autant de filatures inutiles, beaucoup de d'espionnages vains,
Puis enfin une lettre, la bonne, cette fois; et d'utiles indices. ~


Roman cligna des yeux dans l'éclat de la lumière du jour, quittant la pénombre nauséabonde et froide où était enfermée Aelaia depuis des jours. Dans ses bras, il portait un corps maigre, meurtri et affaibli, aux joues creusées et à la peau pâlie, ce corps qu'il avait si bien connu, et tant aimé, rayonnant de jeunesse et d'éclat.. Et si terne à présent. Mais un instant plus tôt, sous la pression attentive de ses doigts posés sur la gorge de celle qui était toujours son épouse, il avait senti la pulsation de la vie. Elle manquait de forces, mais elle était bien là.

Dans ses bras, Aelig s'était laissée aller, sa tête ayant trouvé refuge dans le coin de l'épaule masculine après avoir ballotté quelques instants. Epuisée, elle avait tout lâché, et ne pleurait même plus. A quelques pas de Roman, Silvio, Andrea et Giovanni marchaient armes au clair, escortant leur maître à la vue de tous; et peu importe pour leur discrétion habituelle. Derrière eux, une porte explosée et un morceau de tronc d'arbre à moitié en charpie gisaient comme témoins de leur intervention. Cette fois, Roman n'avait pas pris le temps de faire dans la subtilité ni la discrétion. Après des jours d'investigation, ses hommes avaient enfin rassemblé assez d'indices qui menaient à cette foutue cave où la jeune femme avait été retenue. Le gros cadenas posé sur la porte avait encore retardé la délivrance d'Aelig, mais Roman avait ordonné que l'on défonce le large panneau de bois. Il avait même pensé à y foutre le feu, et il l'aurait fait de bon coeur s'il n'avait pas craint d'y faire suffoquer la prisonnière.

Peu importe. Il paierait les réparations s'il fallait s'arrêter à de telles basses considérations. Comment aurait-il pu laisser son Aelig crever là, toute seule, enfermée comme un chien abandonné ? Et quelle vengeance allait-il se promettre de perpétrer envers ceux qui avaient malmené cette jeune femme enceinte? Elle portait son enfant. Cet enfant désiré, conçu dans l'amour et dans un bonheur indicible et rayonnant. Oui, cela n'avait été qu'un éclat trop bref dans la vie du Florentin, mais quel éclat !

Quelques minutes plus tard, il la déposait sur un lit, dans une auberge tenue par l'un des nombreux Italiens vivant en France affilié aux Médicis. Au rez-de-chaussée, ses hommes conversaient à voix basse, dans leur langue, dissuadant toute tentative que quiconque eût pu faire de monter à l'étage, où se trouvaient Roman et Aelaia.

Il fit preuve de la plus grande délicatesse dans tous les soins qu'il dut lui prodiguer ce jour-là, et malgré cela, elle laissa échapper des plaintes lorsqu'il passa de la pommade sur ses contusions, et surtout lorsqu'il dut nettoyer et suturer les quelques plaies qu'elle portait. Il en fut mortifié, mais que pouvait-il faire d'autre ? Il ne pouvait pas laisser ces blessures, même superficielles, s'infecter.

Quand il posa doucement ses grandes mains à plat sur le ventre arrondi de la jeune femme inconsciente, il senti l'enfant bouger lentement. Un sourire. Un sourire ému, et personne pour le voir. Il s'attarda un peu. Son enfant.

Enfin, il recouvrit le corps meurtri d'un drap et d'une couverture, laissant le visage trop pâle étaler sa chevelure emmêlée sur l'oreiller.

Lorsqu'il eut achevé les soins nécessaires, il rangea sa sacoche de médecine, lava ses mains, et fit monter l'un de ses hommes pour organiser le rapatriement d'Aelaia et lui à Limoges.

À l'aube, dans une carriole couverte d'une grande toile maintenue par des arceaux et dont les pans retombaient comme ceux d'une tente pour clore la plateforme arrière, Roman et deux de ses lieutenants achevèrent d'installer Aelaia pour le voyage. Il y avait là un épais matelas volé dans une auberge, de bonnes couvertures, des vivres, de l'eau et du vin, et des remèdes que Roman avait passé une partie de la nuit à confectionner. Claudia, une jeune femme dotée de connaissances en médecine, avait pris place dans la carriole pour veiller la passagère blessée.

Roman fit claquer en l'air le fouet qui décida les chevaux à se mettre en branle. Les cahots de la route tirèrent un gémissement à la jeune femme étendue à l'arrière, mais l'épuisement devait sans doute être plus puissant que la douleur, aussi ne dit-elle plus grand chose de tout le trajet qui les mena jusqu'à Limoges. Quatre cavaliers les escortèrent jusqu'à la frontière du Limousin.

Le trajet fut bien long au goût de Roman, et sans aucun doute à celui d'Aelaia et de Claudia, mais il était nécessaire de mettre la jeune femme en sécurité. Et la sécurité, c'était Limoges, et le grand réseau des Médicis pour surveiller, sur ordre de Roman, la moindre tentative de s'approcher du lieu où il la mettrait à l'abri.



~ Limoges, quelques jours plus tard ~


Une paume masculine, délicate, effleura la joue d'Aelaia. On venait de la déposer sur le grand lit confortable qu'elle avait occupé quelques mois plus tôt, aux côtés de Roman. Etait-ce judicieux, d'un point de vue affectif ? Aucune idée, et rien à foutre. C'était le lit le plus confortable.

- Aelig ? Tout va bien. Nous sommes arrivés à la Florentine, à Limoges. Te voici chez... chez nous. Tu y seras en sécurité. Claudia et Marguerite vont veiller sur toi. Gioseppo reste à poste en bas, et tous les autres sont en alerte. Tu ne risques plus rien.

L'Italien se redressa et posa un baiser sur le front pâle de la jeune femme.

- Repose-toi. Ne te préoccupe de rien. Je vais prévenir tes parents que tu es ici.

Sans se retourner, sans vouloir s'attarder, il quitta la chambre, laissant y entrer la jeune Claudia et la vieille Marguerite, armées de tricots, de tisanes, de biscuits et de remèdes savants qu'elles maîtrisaient bien assez pour que Roman puisse leur confier Aelig.

Ewann a écrit:

Roman,

Je n'ai toujours pas de nouvelles d'Aelaia. Vos hommes ont-ils trouvé quelque chose ?
Je commence à m'inquiéter sérieusement...Je pars à l'aube vers la Bourgogne si vous n'avez rien trouvé.

Ewann


Roman a écrit:

Ewann,

Je vous fais porter ce mot dès ce soir, mais je vous en prie, ne venez pas tout de suite. J'ai retrouvé Aelaia. Rassurez-vous, elle n'a pas grand mal. Elle a surtout eu très peur, très faim et très froid. Je la soigne à la Florentine.

Pour sa sécurité, il ne faut surtout pas que cela se sache pour le moment. Je repartirai dans la nuit, et l'un de mes amis poursuivra les soins demain. Deux femmes qui sont aussi de mes amies dormiront avec elle dès cette nuit et la veilleront nuit et jour pour les temps à venir, jusqu'à ce qu'elle se remette. Gioseppo, mon garde, a mes hommes à sa disposition pour intervenir au moindre problème.

Vous pourrez venir la voir demain, j'imagine à quel point vous devez vous sentir inquiets pour elle. Sachez aussi que bien que je sois réellement heureux de l'avoir retrouvée saine et sauve, je ne puis rester pour le moment. Je reviendrai dans quelques semaines. Lorsque je serai plus assuré de sa sécurité, je ferai transférer votre fille chez mon amie Melvina de Malemort, qui est dotée de certains talents en médecine, et surtout d'un grand coeur et d'une oreille attentive. Je gage qu'Aelaia pourra s'y sentir plus à l'aise que chez moi.

Roman


Une brève hésitation... puis il écrivit aussi à Soare.

Roman a écrit:
Salute.

Elle est avec moi, et en vie.

Roman


Et quand cela fut fait, il disparut, quittant la ville par les rues les moins fréquentés, jusqu'à récupérer sa monture qui l'attendait à l'abri d'un bosquet, sous la garde de Silvio. Alors, malgré la fatigue, il se remit en selle, et ayant achevé de prévoir tout le nécessaire pour qu'Aelaia reste en sécurité, il se hâta de rattraper ses compagnons de route, qu'il avait plantés là en catastrophe pour rejoindre la Bourgogne, au secours de cette femme qui lui avait été si chère. Et qui, sans aucun doute, comptait encore beaucoup pour lui.
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Aelaia

    Les paupières closes d’avoir trop longtemps embrassé l’obscurité, elle se laisse aller à l’abandon dans les bras qui la soulèvent. Elle n’a besoin de ses yeux lorsque parmi mille, elle reconnaitrait ce parfum, lorsque dans un brouhaha étourdissant, elle discernerait cette voix aux intonations si particulières. Roman. Elle n’a plus besoin de se battre avec la faim, la peur et la mort ; elle sait que désormais tout ira bien. Enfin, elle relâche chacun de ses muscles tétanisés, ses mains crispées sur l’arrondi de son nombril, douloureusement. L’Italien tient entre ses mains un corps frêle, fragile et tremblant à la peau recouverte d’un carmin séché, un corps sale et miséreux ; mais il semble n’en avoir que faire, resserrant autour de ses épaules l’aile protectrice à mesure qu’elle abandonne la lutte. A la sortie du souterrain, le soleil bas d’hiver martyrise les yeux rougis et le derme pâle de la bretonne, mais seul un mot, faible, à la signification puissante, glisse entre ses lèvres. « Merci… »



~ La Florentine, Limoges, quelques jours plus tard ~


    Le retour vers le Limousin lui avait semblé durer une éternité, les à-coups des chemins chaotiques réveillant de nouvelles douleurs qui la ramenaient à la réalité de ce qu’elle venait de vivre. Et bien que l’épuisement tentait de l’emporter dans un sommeil profond et réparateur, la peur qui l’envahissait petit à petit troublait son repos dont elle sortait en hurlant et en sueur. Là n’était pourtant que le début de l’angoisse qui s’emparerait d’elle à chaque nouvelle nuit.

    D’ordinaire, elle n’aurait aimé se montrer ainsi affaiblie, mais elle ne pouvait le nier, sans Roman et ses avides recherches, elle aurait fini par s’éteindre dans ce trou. Plus les jours passaient, et plus l’espoir s’effilochait ; s’évaporant comme eau au soleil, ou comme l’eau qui manquait insolemment dans sa prison de terreur. Le Corleone avait tout lâché pour lui porter secours et il veillait encore un peu à ses côtés avant de repartir sur les sentiers de l’Italie où l’attendaient ses compagnons de route, et de reprendre sa vie là où il l’avait laissée.

    Le minois inquiet et alors qu’il lui racontait comment il avait réussi à retrouver sa trace – un courrier d’un Valaque inquiet et une lettre anonyme menaçant la vie de la bretonne – il prit en douceur la main d’Aelaia pour y déposer ses lèvres, comme pour s’assurer de sa présence, en chair et en os.


      - Tu es en vie, c’est tout ce qui compte. Et l’enfant bouge.
      - J’ai eu peur… J’ai cru…
      - Je m’en inquiétais aussi. Mais tu es si maigre que je peux le sentir assez facilement, même s'il est encore très petit. Et il a bougé.


    La voix se brisant d’angoisse, elle ne sut finir sa phrase. Ce petit être qui poussait en son sein, elle lui en avait d’abord voulu d’exister quelques mois plus tôt, lui rappelant à chaque instant qu’elle n’avait su réussir ses noces et qu’elle serait une mère seule. Seule, pour élever un enfant conçu à deux, pour deux. Seule, à redéfinir le mot « famille ». Maintes fois, elle aurait aimé qu’il disparaisse, qu’il ne soit qu’un mauvais souvenir, et maintes fois, Laudry le lui avait reproché, lui assurant qu’elle ne pensait pas ces terribles paroles. Et il avait raison, la colère et la tristesse parlaient pour elle ; le désarroi trahissait ses pensées profondes et petit à petit, cette vie qu’elle aimait surnommer son « petit coquillage » était devenu une force, un espoir. Coquillage était devenu une raison de se battre, de lutter pour ne pas sombrer dans la folie. La raison de son sourire, et la ferveur de ses rires.

      - Tu… ne me laisses pas toute seule… ?
      - Je vais te laisser avec Claudia et Marguerite. Et Gioseppo est en bas. Tu ne seras pas seule. Mais je dois repartir, j’étais en voyage et les autres m’attendent et ont besoin de moi.


    Évidemment, elle savait qu’il ne pouvait rester, mais l’idée de perdre à nouveau cette sensation de sécurité et de se retrouver à nouveau au milieu d’inconnus l’effrayait.

      - Tu as… tu as un C, gravé sur l’épaule.
      - Un C… ?
      - Peut-être que c’est… à cause de moi. C’est une éventualité…
      - C…Corleone ?

    A ses mots, il lui montra les cicatrices qui gisaient au creux de sa paume, et qu’elle connaissait déjà. Signature de représailles de Montparnasse à l’encontre de l’italien. Elle lui assura qu’il était impossible qu’ils s’agissent là de leur fait, toujours persuadée d’avoir eu à faire à un dégénéré aux pulsions meurtrières.

    Meurtri de la voir ainsi, Roman laissa ses doigts s’entremêler aux siens tandis que ses lèvres s’attardèrent sur son front et ses mains sur ses joues. La châtaigne ferma les paupières soupirant doucement d’aise à ces tendresses retrouvées et rassurantes. La brèche s’ouvrait lentement, imperceptiblement…


      - Il y en a qui disent... que je ne t'ai pas aimée, que je ne tiens pas à toi. Ils ne savent pas à quel point ils se trompent.
      - Je n’ai jamais eu envie de te détester… malgré… tout.


    La main du florentin vint se perdre dans les mèches emmêlées de la bretonne pour les ébouriffer un peu plus, et bien trop faible pour lutter, elle se contenta d’un léger sourire, presque ému de leur complicité retrouvée.

      - Même comme ça, tu es mignonne.
      - Flatteur…
      - Moi ? Jamais.
      - Et moi, je suis au meilleur de ma forme, c’est ça ? … Flatteur.


    Un sourire, crispé et douloureux, mais amusé.

      - Me voilà… avec ton initiale dans la peau. Fallait demander… au lieu de…
      - Si ça se trouve, ça ne veut même pas dire Corleone. Peut-être « chiante ».
      - Tu mériterais des claques…. Chochotte ? Charmante … ?
      - T’as pas assez de force pour me faire mal.
      - Tu verras dans quelques semaines…
      - Charmante, oui. Mais je ne pense pas que quelqu'un te fasse une blessure pour te le dire de manière si subtile.


    Un baiser déposé sur son épaule dénudée, des doigts glissés dans la chevelure italienne, comme un geste machinal oublié, un pouce qui se perd sur une joue pâle et une étreinte. Un millième merci.

      - Peu importe ce que le reste du monde pense. Peu importe quel nom je pourrais donner à mes sentiments, ou plutôt, peu importe que je ne sache pas quel nom leur donner. Toi, tu m'importes.
      - Roman…


    Un doigt qui caresse les lippes de la châtaigne, une main qui se glisse à sa nuque et des lèvres qui se rencontrent à nouveau, avec tendresse et douceur en un baiser qui coupe les deux anciens amants du reste du monde. Oubliés la douleur, la peur et le passé, effacés les convenances et les regrets ; à cet instant, rien d’autre ne compte.

      - Repose-toi, Aelig.
      - Je t’écrirai.

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--Le_balafre
Retour dans le passé...


Je m'étais pointé à la cave avec les provisions qu'on m'avait demandé d'apporter, il n'y avait personne. J'ai d'abord cru que je m'étais trompé. Je l'ai surtout espéré fortement. Mais il n'y avait aucun doute possible. Le petit oiseau s'était envolé.
- Fait chié ! La garce ! Merde !

Je grattais ma tête chauve. Mon unique œil valide refusant de croire ce qu'il découvrait, car lui et moi savions ce que cela signifiait :
- Je suis foutrement mort là, bordel de mes deux !

Enchainer juron sur juron ne m'apaisait même pas. Je savais que j'avais merdé, que j'avais passé trop de temps entre les cuisses de la Jeannine. La luxure, foutu péché ! A moins que ce ne fut la picole ? Fallait dire, je m'étais bien rincé le gosier avec une partie de la somme qui devait servir à acheter les provisions de la captive.
Je pestais. Je savais que mes années de loyaux services n'y changeraient rien. Je savais comment Ils étaient.
Tant pis ! Au moins j'avais bien vécu.

Je fis faire demi tour à ma carcasse de géant, si je voulais en finir moi-même, il fallait pas que je traine.
Par acquis de conscience, ouais bon, plutôt par espoir mal placé, je cherchais un temps l'emmerdeuse. Mais cette foutue bonne femme avait filé. Les otages, c'étaient vraiment plus ce que c'étaient !

J'embarquais le sac à provisions et me hâtais jusqu'au fleuve le plus proche. Pendant ces quelques jours de fuite effrénée vers ma mort, j'en profitais un maximum : sexe, drogue, alcool. L'alcool...je ne prenais plus la peine de sortir de mon ébriété. Il me fallait au moins ça pour réussir. Et je tenais à aller jusqu'au bout, car si j'aimais torturer, j'aimais beaucoup moins être torturé. Question de principe, le bourreau était sensé se tenir d'un seul côté des sévices.

Je vécus donc à foison toute une vie en quelques heures à peine avant de me diriger d'un bon pas vers la Saône. Une dernière outre de mauvais vin pour la forme et, de ma lame bien affutée, je m'ouvrais la gorge sans une hésitation. J'étais déjà mort lorsque je touchais l'eau. Ma fidèle lame ne m'avait jamais déçu, là encore, elle fut prompte à me satisfaire.
--Murmures
Il parait que sans concertation le chaos survient.
Il parait que dans le mensonge l'incompréhension parait.
Il parait que du vide la vie toujours jaillit.
Il parait que lorsqu'une page se tourne, une autre commence à s'écrire.
Il parait...
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