Louis.esteban
*** Été 1464 port de Saint-Malo
Voici lâpre Océan. La houle vient lécher
Les sables de la grève et le pied du rocher
Où Saint-Malo, quun bloc de sombres tours crénelle,
Semble veiller, debout comme une sentinelle. ***
Voici lâpre Océan. La houle vient lécher
Les sables de la grève et le pied du rocher
Où Saint-Malo, quun bloc de sombres tours crénelle,
Semble veiller, debout comme une sentinelle. ***
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Les hurlements étaient étouffés par une porte cloisonnée et couverts par le brouaha des marins et le cri des mouettes. Sur le pont du bateau, l'effervescence était à son comble et personne ne se tournait les pouces.
Le visage souillé par les larmes, le jeune garçon avait martelé le bois de ses poings jusqu'à ce que la peau ne céde sous les impacts lui arrachant une plainte de jeune chiot blessé. Il s'était ensuite recroquevillé dans un coin, évitant le plancher souillé par son estomac bien trop sensible au dodelinement des vagues, même pour un bateau amarré.
La pénombre régnait dans la cale, une odeur et une chaleur insupportable. L'Ibère supportait très mal d'être enfermé dans un endroit si exigu et peinait à digérer la raclée reçue au préalable. Ce foutu marin et ses potes avaient bien échauffé le corps adolescent pour qu'ensuite le paternel passe aux choses sérieuses.
Louis encaissait bien les coups. Il n'avait pas pleuré, pas gémit, sa mâchoire était restée crispée et son regard glacial tout au long du châtiment. Mais ainsi cloitré et esseulé, il craquait complètement laissant libre court à ses sanglots et son amertume.
Pourquoi Aelig...pourquoi ne m'as-tu pas défendu... ?
Quelle faute pouvait on commettre à 12 ans pour que l'on décide de vous envoyer dans les ordres de la flotte militaire ?
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Ses pensées vagabondaient à la rencontre survenue quelques semaines plutôt alors qu'il débarquait du Portugal avec sa famille, le père, noble commerçant ibérique avait un contrat juteux à passer avec le grand duc de Bretagne et avait décidé de lui présenter les siens...Grand mal lui en prit.
De tempérament boudeur et indiscipliné, Louis avait énervé tout le monde en refusant de trimballer les bagages et décharger la nave, avait tapé du pied et s'était suspendu tête en bas à l'un des cordages du mât, puis avait tiré des cailloux sur les canards et avait pousé un mousse par dessus bord.
Exedée, la matriache avait remis le perturbateur à l'ordre lui redressant l'oreille puis histoire d'avoir la paix l'avait expédié chez le boulanger, muni d'une petite bourse bien remplie. Le regard sévère l'avait dissuadé de désobeir et dépenser les écus en vin ou en friandises.
Louis caracolait donc dans les ruelles de Saint-Malo, un peu à l'aveuglette lorsqu'au détour d'un muret, il se heurta de plein fouet à quelqu'un, piécettes roulant au sol pour venir se perdre dans le caniveau.
Tu ne peux pas faire attention ?
Vorcifera t'il, le séant déjà cuisant de la roustre maternelle s'il ne se présentait pas avec les miches demandées.
Son visage se releva sur le fautif...enfin la fautive parce que cette dernière possédait une sorte de chignon savannement tortillé au sommet du crâne et un regard verdoyant qui le dévisageait de ses deux billes toutes rondes.
Regardes donc ou tu vas !
Poursuivit-il avec un peu moins de conviction.
Quand on a 12 ans, il suffit de deux minutes pour tomber amoureux.
Titre : Ne m'abandonne pas (en portugais) Aelig (ange breton)
Intro de Louis-Honoré Fréchette
Intro de Louis-Honoré Fréchette