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[RP] De loin en loin

Helvalia
    Citation:
    Sur les routes de Bretagne
    Le 28 juillet 1468

        Ael,


      J'espère que tu ne m'en voudras pas, d'avoir tant tardé à t'écrire. Je veux croire que tu me connais suffisamment, aujourd'hui, pour savoir que tu n'as jamais quitté mes pensées, et que mon silence n'est jamais synonyme d'indifférence. Ce n'est après tout pas la première fois, que le quotidien nous rattrape et espace ainsi nos correspondances. Je conserve toujours la certitude un peu naïve sans doute que tu m'écrirais, si tu étais en danger ou dans l'embarras.
      Aussi ai-je choisi de suivre cet adage bien arrangeant : pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

      J'en ai, pour ma part, une bonne, dont tu dois te douter, si tu as gardé le compte des semaines. Mon fils est né -je t'avais bien dit que ce serait un garçon- au début du mois de juin, et comme tu peux l'imaginer, les dernières semaines ont été quelque peu épuisantes, à tel point que je n'ai pas eu une minute à moi. Nous sommes tous les deux en bonne santé, j'imagine que c'est le principal. Il s'appelle Aloys, et a je crois les mêmes yeux que moi. J'ai hâte que tu le rencontres.

      Les choses se sont, en revanche, détérioré entre son père et moi... Si bien que j'ai pris, hier, la route pour Limoges, en le laissant derrière moi. Il a décidé de s'engager une nouvelle fois en Anjou, et vient d'être élu maire d'Angers. Je crois que nos routes ne sont pas prêtes de se recroiser...

      J'espère que tes jours sont plus radieux que les miens.
      Donne-moi vite de tes nouvelles.





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Merci à JD Jurgen pour la ban
Aelaia
    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    Entre Tulle et Sarlat,
    Le 28 juillet 1468


        Helvie,


      Comment pourrais-je t’en vouloir alors que, moi-même, je n’ai pas pris la plume pour prendre de tes nouvelles ? Amie lamentable que je suis. Et pourtant, les mots et les conseils d’une précieuse amie m’auraient certainement évité bien des mésaventures. Rassure-toi, je n’ai ni été en danger, ni dans de fâcheuses positions. Encore que… Tu me connais, Hel, tu sais à quel point il m’arrive d’être impulsive. J’ai, parfois, pris des décisions un peu hâtives et je les ai regrettées l’instant suivant. Je ne change pas.

      Tu as, encore une fois, eu le nez fin et je suis ravie pour toi. Il me tarde de rencontrer la petite douceur qui accapare désormais tout ton temps ; Aloys est un très joli prénom et je lui souhaite d’avoir la force de caractère de sa maman. Soyez prudents sur les routes, elles ne sont pas sûres en ces temps de guerre.

      Aussi suis-je surprise d’apprendre que Jehan et toi preniez différents chemins si tôt après l’arrivée de votre nouveau-né. Que s’est-il passé ? Tu t’en sors ? Je vis plus ou moins à Limoges depuis quelques temps – encore une histoire à te conter – et je serais ravie de t’y accueillir si tu as besoin d’un peu de temps pour te reposer, pour parler ou bien pour comploter. L’époque où nous faisions les 400 coups me manque.

      Après six mois de voyage sur les chemins de l’Ouest du Royaume, le destin m’a, à nouveau, placé sur celui de Circey. Te souviens-tu d’elle ? La demi-sœur de ma mère avec qui j’ai arpenté les quatre coins des campagnes et des villes, l’été dernier. Elle vit aujourd’hui à Limoges avec Amélia et Eliza, deux de ses filles.

      Et je te garde une belle nouvelle pour conclure cette lettre. J’ai rencontré un homme ; « enfin ! », vas-tu te dire. Et oui... Nous avons tous les deux le goût du voyage et de l’aventure et dès que je pense à lui, je ne peux retenir mes lèvres de sourire et mon cœur de battre la chamade. Je suis toujours aussi sensible, n’est-ce pas ? Et sa façon d’être avec moi n’aide en rien. Je crois qu’il m’aime presqu’autant que je l’aime. J’ai hâte de te le présenter, Helvie.

      Je t’embrasse,
      Prends soin de toi et ton petit ange.




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Aelaia
    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    A Rochechouart,
    Le 08 août 1468


        Hel',


      Même si l’instant a été bref – trop bref –, te revoir et pouvoir te serrer dans mes bras m’a fait un bien fou. J’aurais aimé pouvoir repousser mon départ de quelques jours, passer un peu plus de temps en ta compagnie, te raconter mille histoires et mille voyages ; écouter tes mésaventures et partager de nouveaux souvenirs. Que tu rencontres cette nouvelle famille que je découvre, en d’autres circonstances, autrement que noyé dans l’effervescence retrouvée d’une soirée limousine aux frontières d’une guerre insensée. Que tu aies le temps d’apprécier et d’échanger avec le père de cet enfant que je porte… Oui, Helvie, tu as bien lu.

      Je n’ai jamais été très douée pour annoncer les choses de vive voix ; les coucher à l’encre sur le papier est un exercice difficile que je ne maitrise pas non plus – alors j’ai préféré le glisser innocemment entre deux lignes vierges. Je crois, oui, que je suis enceinte. Que je porte l’enfant de Roman.

      Les choses sont allées si vite, et, je ne vais pas te mentir, j’ai encore du mal à le croire. Il me faudra encore quelques temps, je crois, pour que ce soit réel. Helvie, je ne suis pas prête ; l’étais-tu, toi ? Parle-moi de ces premiers moments où tu as su.

      Je suis partie au front défendre le Limousin et la Marche ; tu avais bel et bien raison, je ne fais pas de tartelettes aux framboises et de confitures de cerises. Bien que je sois une éternelle gourmande, je suis une terrible pâtissière – et ce, malgré mes nombreux efforts, mais passons. J’aimerais te promettre que je reviendrai vite et que tout se passera sans trop d’encombres, mais c’est le flou, l’inconnu, ici, et nous nous attendons, chaque jour, à une mauvaise surprise périgourdine. Eliza, ma cousine, m’a fait promettre d’être prudente et de ne pas prendre de risques inutiles. Un comble, alors qu’enceinte de cinq mois, il a fallu nous y mettre à plusieurs pour la raisonner et l’empêcher de prendre l’épée elle-même. Je suis raisonnable et réfléchie, Hel, et je vais tenter de rester en retrait. Mais je ne vais pas me cacher, comme une pauvre lâche peureuse, une potiche futile.

      Je me suis procuré un arc pour participer au combat à distance ; en espérant que les leçons de Mamm, à Mesnil-Roc’h portent encore leurs fruits. Kelyn et Laouenan jalousaient ma précision à l’époque.

      Helvie, écris-moi. Les soirées sur les remparts sont longues, et un peu trop calmes ; et surtout j’aime te lire et recevoir de tes nouvelles.

      Je t’embrasse, avec tendresse.
      Prends soin de toi, ma belle.




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Helvalia
    Citation:
    Guéret, Comté du Limousin et de la Marche
    Le 10 août 1468

        Ael,


      Comment entamer cette missive autrement qu'en te félicitant ? Nous ne nous sommes pas vues suffisamment longtemps pour que je puisse deviner que tu portais la vie, mais j'en suis sincèrement heureuse pour toi. Bien-sûr, c'est allé un peu vite, je serais bien hypocrite de le nier. Seulement je sais aussi qu'en la matière nous ne décidons de rien. Je suis, moi-même, tombée enceinte de Jehan beaucoup trop vite. Et quand bien même nous sommes séparés aujourd'hui, je ne regretterais la naissance de mon fils pour rien au monde. 

      Je n'essaierais pas de te convaincre de renoncer, mais je t'en prie, Ael, sois prudente. La vie est plus fragile qu'on ne le croit, et même logée au creux de ton ventre, elle n'est jamais tout à fait en sécurité. L'as-tu déjà annoncé au père ? J'aime croire qu'il veillerait sur toi avec plus d'attention encore, s'il le savait. 

      J'aimerais avoir de belles histoires à te raconter, mais j'ai en réalité déjà quitté Limoges moi-même. J'ai appris que Jehan était en route pour m'y rejoindre, et je ne souhaite pas le voir. J'ai en revanche retrouvé un ami qui s'est empressé de me proposer une escapade. Je ne sais pas où nous allons, je sais seulement que je m'éloigne de Limoges, et donc des angevins qui s'en approchent, c'est suffisant pour moi. 

      Ne t'en fais pas malgré tout, j'y reviendrais pour ton retour, et pour l'accouchement de Neijin. 

      Prends soin de toi. 





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Merci à JD Jurgen pour la ban
Aelaia
    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    A Rochechouart,
    Le 10 août 1468


        Helvie,


      Il le sait. Son regard de médecin l'a su avant même que je n'ose y penser. Il a glissé cette idée à mon oreille et il ne m'a fallu que peu de temps, par la suite, pour accepter qu'il avait, effectivement, raison. Il est heureux, et c'est tout ce qu'il me faut pour l'être ; le bonheur est une petite chose contagieuse.

      Sois rassurée, il s'est mis en tête qu'il fallait me protéger comme un petit être fragile et s'est arrangé pour que nous puissions rentrer à Limoges rapidement, loin des combats. Cela ne m'a pas plu, je me suis sentie inutile et incapable, mais j'ai pourtant fini par céder et l'accepter. Roman a été le père de quatre enfants, par le passé ; il ne lui reste que son fils, qui vit désormais loin de lui, avec sa mère. Perdre à nouveau un être cher lui fracasserait le cœur, et sa peine et son inquiétude ont brisé le mien, alors j'ai rendu les armes. Je ne peux lui infliger ça une fois encore. Nous reprenons la route ce soir vers la Capitale.

      Je suis navrée et triste que tu aies dû quitter la ville si vite. J'espère te revoir bientôt ; mais tu me connais, je ne tiens pas en place et il semblerait que nous entamions une grande partie de cache-cache, toutes les deux !

      Jehan vient à Limoges pour te retrouver ? Cet imbécile ne pouvait pas assumer ses responsabilités plus tôt ? Tu sais ce qu'il te veut ? Veux-tu que je l'oriente vers une mauvaise destination, que tu puisses revenir sereinement ?

      Reviens-vite,




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Helvalia
    Citation:
    Limoges, Comté du Limousin et de La Marche
    Le 24 août 1468

        Ael,


      Ton bonheur m'enchante, il illumine mes nuits trop sombres, et de savoir que d'ici quelques mois, tu connaîtras à ton tour la félicité d'être mère, je ne peux m'empêcher de sourire. Je te souhaite également bien du courage, pour affronter les maux qui seront les tiens durant les prochains mois. Le père de ton enfant est médecin, je suis certaine qu'il saura se procurer les plantes nécessaires pour apaiser tes tourments. Mais n'oublie pas, malgré tout, si d'aventure tu avais besoin d'une oreille attentive, qu'il est parfois bon de se confier à une âme qui a traversé les mêmes épreuves. J'ai, tu le sais, vécu deux grossesses. La première achevée trop tôt de bien dramatique façon, et la seconde, bien qu'ayant frôlé la catastrophe, m'a apporté une fin heureuse.
      Tu es forte, tu traverseras tout cela la tête haute, j'en suis persuadée.

      J'ai rejoint Limoges hier, je craignais trop de manquer l'accouchement de Neijin pour m'attarder plus longtemps en Bourgogne. J'ai promis à Jurgen que je serais présente, cette fois, et je ne veux pas manquer à ma promesse. Ils sont partis tous deux pour une ultime escapade en tête à tête, mais je vais tâcher de rester jusqu'à leur retour, et jusqu'à la naissance. En plus de cela, je m'étais laissée embarquer dans un voyage bien loin de tout ce que j'imaginais, j'ai été entraînée dans de bien sordides histoires de prises de mairie auxquelles je ne souhaite plus être mêlée pour le moment. Alors je suis rentrée.

      Jehan est là, lui aussi, et je ne sais pas quoi faire.

      Il tâche de se racheter, je crois, et comme il veut être présent pour son fils, je ne peux pas lui interdire de me suivre, ni de le voir. Il a l'espoir, encore, de sauver notre mariage, et je dois avouer que je ne suis plus en colère comme j'ai pu l'être autrefois. Nous parvenons à discuter ensemble, et même à rire parfois... Mais à toi je peux le dire, Ael', je ne suis pas certaine de vouloir réparer ce qui a été brisé. Je goûte à la liberté, la vraie, pour la première fois, et je crois que j'en apprécie la saveur. Je ne veux pas être de nouveau déçue, trahie, je ne veux pas avoir de comptes à rendre ou dépendre de lui.

      Alors je réfléchis, encore, et j'espère que le temps m'apportera les réponses que j'espère.

      C'est à ton tour, de revenir vite.





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Merci à JD Jurgen pour la ban
Aelaia
    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    A Sainte-Ménéhould,
    Le 1er octobre 1468


        Helvie chérie,


      Je t’en prie, pardonne-moi. Pardonne-moi pour toutes ces choses que je regrette : pour cette lettre idiote que je t’ai écrite alors que je savais pertinemment que tu ne pourrais rien faire, pour ce départ si précipité de Limoges avec si peu d’explications, pour t’avoir entrainée avec moi dans ce mariage éphémère et surtout, surtout pour t’avoir laissée si longtemps sans nouvelles… Je suis la pire des amies que ce monde ait été donné de porter.

      Les premiers jours ont été épouvantables ; ou plutôt, je devais l’être (même Roman l’a dit). Comme une imbécile, il m’a semblé plus facile de noyer ma peine dans l’ivresse plutôt que d’en parler, plus simple de mentir que de me nourrir, plus aisé de fuir comme une lâche… pour au final retrouver fortuitement l’époux à deux reprises sur les chemins. Il est beau le hasard, n’est-ce pas ? Roman, et la femme pour laquelle il m’a quittée. La première fois, j’ai eu envie de m’enfouir sous une montagne de terre pour disparaitre ; la seconde, j’ai été plus forte, je crois. Nous avons su discuter avec calme et sérénité – je n’arrive pas à lui en vouloir, et pourtant, Dieu sait comme j’ai essayé… – et nous avons convenu qu’il serait plus intelligent, pour cet enfant que je porte lourdement, que nous restions, sur le papier tout au moins, mariés jusqu’à sa naissance ; pour pouvoir lui offrir un nom et un avenir plus serein. L’on me l’a reproché ce choix, en me disant qu’en faisant cela je lui offrais la possibilité de me l’enlever, d’avoir la main mise sur moi, et j’en passe. Mais, Helvie, je crois qu’il est important qu’il sache qui est son père, quelles sont ses origines, et qu’il ne soit pas un bâtard. Et même si c’est fini, que j’en souffre terriblement – comme j’aimerais ne pas être aussi sentimentale, putain… – ce futur petit pirate restera le fruit d’un moment heureux. Bref, mais intense.

      Laudry, l’ami qui a veillé sur moi de Limoges à Dijon, m’a tenu à bout de bras chaque jour un peu plus, pour m’aider à effacer mes idées noires, à redessiner ce sourire qui revient peu à peu sur mon visage et à aller de l’avant. Il a été d’une patience incroyable alors que moi j’ai été la pire des saletés… Nous sommes allés voir les étoiles pour me rappeler des souvenirs d’enfance, pique-niquer au sommet de forêts berrichonnes pour observer les villes s’endormir ou encore patauger dans les rivières bourguignonnes. Je vais te le confier à toi, mais à un moment, j’ai eu envie de poser mes lèvres sur les siennes. Je ne sais si c’était le moment qui réveillait des réminiscences anciennes, ou bien si c’est cette sensation de solitude qui a failli me faire faire ce n’importe quoi regrettable… Depuis, il a dû prendre un autre chemin avec une de ses vieilles connaissances et… j’ai tenté d’oublier Roman dans d’autres bras lors d’une escale dijonnaise.

      Je me retrouve aujourd’hui à voyager avec un groupe de mioches rieurs et sans prise de tête, je ne sais pas vraiment où nous allons, et qu’est-ce que c’est bon de se laisser porter… Je me suis engagée à prendre soin de l’adorable petite Edenae, l’ancienne apprentie de Roman. Cette petite est aussi douce que du miel et aussi futée qu’un renardeau, et sa musique m’adoucit le cœur.

      Et toi ? Que deviens-tu ? Parle-moi de la suite de ta chasse aux lucioles !

      Tu me manques, Hel. Terriblement.




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Helvalia
    Citation:
    Niort, Comté du Poitou
    Le 9 octobre 1468,

        Ael,


      Comment peux-tu imaginer un seul instant que je t'en veuille de ton silence ? Je suis bien placée pour savoir que nous n'avons parfois pas d'autre choix que celui de s'éloigner, un peu, pour tenter de retrouver l'air qui nous manque. Je ne t'ai, moi non plus, pas écrit après tout... Et si tu veux tout savoir, j'ai moi aussi fini par prendre la route, sans être bien certaine de ce que je cherchais en le faisant.

      Comment Roman ose-t-il se plaindre de ton état, après ce qu'il t'a fait ? Comment ose-t-il émettre le moindre jugement à ton sujet, décider de ce qui est intelligent ou non, alors que c'est lui qui est parti ? Je comprends que tu souhaites offrir un nom à ton enfant, mais réfléchis bien, Aelaia, car ce nom que tu lui offres, ce sont aussi des droits que tu accordes à Roman sur cet enfant. Je ne le connais pas suffisamment pour lui faire confiance. Es-tu certaine, qu'il n'essaiera pas, dans quelques mois ou dans quelques années, de te l'enlever ? Qu'il ne voudra pas en réclamer la garde exclusive ? Si tu as confiance en lui, au moins à ce sujet, alors fais donc... Mais penses, malgré tout, aux pires éventualités.

      Il n'y a pas de mal, à vouloir oublier Roman dans d'autres bras. Il n'y aurait pas de mal, même si tu te glissais dans les draps de tous les hommes de ce Royaume. Je serais bien mal placée pour juger ta vertu, quand on sait que j'ai si souvent bradé la mienne...

      J'ai d'ailleurs fini par mettre un terme à ce semblant de relation naissante, entre Sextus et moi, lorsqu'un fantôme du passé a ressurgi dans ma vie. Je suis certaine que tu te souviens de Misan... Il est apparu, de nulle part, en prétextant qu'il voulait, cette fois, qu'on se donne enfin une chance de vivre cette histoire que nous n'avions jamais pu vivre, et bien-sûr je n'ai pas su dire non. Crois-le ou non, il a pourtant disparu à nouveau, peut-être deux semaines plus tard seulement, et je n'ai plus de nouvelles de lui à présent.

      Je ne peux dire que je regrette ma décision pour autant, Misan a toujours été le grand acte manqué de ma vie, et j'avais besoin de savoir si nous avions un avenir ou non. Son énième départ me met dans un état difficilement descriptible, bien que je tente de n'en rien montrer, et que j'ai, comme toi, essayé de noyer ma peine au creux d'autres bras. Pour autant, je ne retournerais pas courir après Sextus, je refuse qu'il soit un ridicule lot de consolation, il a toujours mérité bien mieux que ça. J'ai trop de respect, pour lui mais aussi pour moi, pour tenter de recoller les morceaux. Pour être tout à fait franche, je crois qu'avoir dû lutter si fort pour son attention m'a quelque peu esquintée, et je n'ai plus aujourd'hui la force de lutter, pour qui que ce soit.

      Alors je me laisse porter. Douloureusement, difficilement, sans même oser espérer que mes pas me mènent quelque part. Je suis actuellement en route pour Angers, avec Arcane, pour y récupérer mes affaires et les déménager à Limoges. Après cela, je serais libre de mes mouvements, et j'aimerais venir te rejoindre, où que tu sois.

      Fais attention à toi.





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Merci à JD Jurgen pour la ban
Aelaia


    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    A Dole,
    Le 30 octobre 1468


        Helvie,


      Ma belle, je me souviens bien évidemment de Misan et je suis déçue qu’il n’ait pas su saisir la chance que tu lui offrais à nouveau. Il le regrettera peut-être un jour, mais pour l’heure, c’est de toi dont il faut prendre soin. Laisse le temps faire son travail, et ces brèves échappées que tu as partagées avec Sextus deviendront des souvenirs agréables qu’il te plaira de te rappeler. Les morceaux ne se recollent jamais à l’identique mais ils sauront réveiller, je te le souhaite, cette amitié qui vous liait, toi et Sextus. La vie nous malmène, elle est terrible ? Renvoyons-la dans ses foyers, vivons comme bon nous semble pour soigner nos cœurs écorchés. Sourions, flirtons avec les interdits, vivons, pourvu qu’on se sente bien… Je te l’avoue, après avoir endormi ma peine dans d’autres draps, il m’est passé par la tête que le faire, encore, et encore, m’aiderait à braver les épreuves ; je crois qu’il s’agissait d’une erreur ; de plaisirs éphémères biaisés. Et tu n’imagineras même pas comment j’en suis arrivée à cette conclusion. Je ne me suis pas tout de suite rendu compte de qui il était, mais au fil des discussions… Soare. Je vous sais en désaccord, mais l’air de rien, il a trouvé les bons mots pour me secouer les puces. Offrir mon corps ne m’aidera pas à aller mieux.

      Mélissandre a quitté Roman et il m’a exprimé ses regrets. J’aurais imaginé que cela me ferait plaisir qu’il se soit planté, mais non. Il a brisé beaucoup de mes espoirs, et j’ai de la peine pour lui. Je dois être complètement maso ? Je me retiens de ne pas plonger, tu sais, même si ce n’est pas facile.

      Pour ce qui est du nom que je souhaite offrir à mon enfant, j’y ai longuement réfléchi, j’ai été partagée, j’ai hésité, j’ai tourné ma décision dans tous les sens, mais je pense pouvoir lui faire confiance. J’ai même rencontré son ancienne compagne qui a tenté de me dire les pires horreurs sur lui, mais je ne suis pas une femme de haine. Il a perdu trop d’enfants pour que je décide de lui retirer à nouveau la chair de sa chair. Je sais que nous saurons discuter calmement de ces décisions qui concerneront l’avenir de notre petit pirate. J’espère ne pas me voiler la face…

      Je t’ai déjà parlé de Laudry ? Cette amitié inattendue qui m’est tombée dessus, sans que je n’y prête attention, est devenue aujourd’hui comme une respiration, vitale. Son cœur est pris depuis des années par une noble quelque peu hautaine, et bien que j’essaie de faire des efforts, nos rencontres sont toujours très froides… voire éclatantes. Elle ne cesse de me balancer mille reproches et de m’accuser de lui voler son homme, alors même qu’elle, devait en épouser un autre par nécessité familiale – mariage arrangé pour asseoir leur puissance, bla-bla-bla. Le problème… c’est qu’à force de nous rabâcher cela, nous avons franchi le pas que nous n’aurions jamais dû franchir. Après avoir partagé quelques baisers à la lueur d’une bougie, nous avons, pendant plusieurs jours, tenté de museler ces envies et ce désir déraisonnable, mais cela n’a fait que l’attiser, l’exacerber. Je te jure que j’ai essayé, vainement… Nous avons partagé plusieurs de nos nuits, à regarder les étoiles et à les dessiner sur nos propres peaux.

      Il est devenu, si vite, un ami précieux, et j’ai eu tellement peur de perdre cette complicité que j’ai tenté d’étouffer ce qui pourrait ressembler à quelques sentiments ; son cœur ne m’appartient pas, mais le mien a commencé à s’engouffrer dans quelques brèches attirantes et je n’ai pas eu envie de l’en empêcher. J’ai peur, une nouvelle fois, de faire une erreur…

      Je serais ravie que tu me rejoignes, peut-être en Bourgogne ? Ou voudrais-tu que je te rejoigne là où tu es ?

      Tu me manques Hel’



    _________________
Helvalia
    Citation:
    Fribourg, « La taverne fribourgeoise »
    Le 25 mars 1469,

        Aelaia,


      Cela fait si longtemps que je n'ai pas pris la plume pour t'écrire qu'il me semble étrange de le faire aujourd'hui... Pardonne-moi, malgré tout, de ne l'avoir pas fait plus tôt. Je crois que j'ai, ces derniers mois, perdu l'habitude des échanges épistolaires. J'ai eu du mal à entretenir mes correspondances et je ne sais si cela te rassurera, mais tu n'es pas la seule à n'avoir pas eu de mes nouvelles.

      Cette lettre sera brève, malgré tout, car j'ai bon espoir de te voir bientôt, et de pouvoir alors te conter en face les dernières nouvelles.
      Sache seulement que le tournoi s'est bien passé. Je ne suis pas blessée, pas plus que Tafar d'ailleurs, et nous nous en sommes très bien sortis. Mieux que je ne le pensais, en réalité. Je crois que nous sommes parmi les cinq premiers du classement, ou quelque chose comme ça, c'est dire ! En tout cas, je suis certaine que nous sommes devant Vran et Jurgen, et c'est une satisfaction amplement suffisante !

      Je tenais surtout à te prévenir que j'ai informé tout le monde de ton accouchement imminent -si tu n'as pas déjà accouché- et que chacun sait bien à quel point nous devons urgemment rentrer à Limoges.
      Aussi, nous prenons la route ce soir, si tout le monde parvient à rassembler ses affaires, ou demain au plus tard.

      Je ramène Ferdinand dans ma valise.

      Fais bien attention à toi,





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Merci à JD Jurgen pour la ban
Aelaia


    Aelaia Ar Moraer a écrit:
    Dans la brousse guyennaise,
    Le 16 mai 1469


        Helvie, ma jolie Helvie,


      Le temps passe, s’égrène et nos chemins, encore, peinent à se croiser ; petits courants d’air que nous sommes, heureuses à arpenter les routes et les sentiers sans jamais ne cesser. Il semble que le jour où nous nous poserons, l’une et l’autre, sera le jour où il deviendra nécessaire de s’inquiéter, ya ? Sans doute ai-je hérité de l’âme vagabonde et voyageuse et mon père dont la Grande Bleue est et a toujours été la première amante – au grand dam de ma mère qui a pourtant su s’en accommoder, un temps. J’ai, comme lui, toujours aimé sentir la brise me chatouiller les tempes, le vent embrouiller mes tifs en bataille. Là où lui se sent vivant à sentir et écouter le reflux marin agiter la coque de son navire, à en faire grincer le bois ; moi, c’est entendre, au matin, le bruissement des feuilles pour m’extirper d’un juste sommeil sous les étoiles et les canopées rassurantes qui me fait me sentir libre, me sentir exister.

      Après mon départ de Limoges, et ma séparation avec Roman, Paola & moi sommes parties quelques jours retrouver le calme et la sérénité de Mesnil-Roc’h – on a beau se complaire dans la liberté des voyages, il est toujours heureux de retrouver un point d’ancrage quand tout fout le camp. Vladimir nous y a accompagnées, et Moïra nous y a rejoint quelques jours plus tard. J’avais espoir d’y retrouver mes parents ; ma mère, tout au moins, mais ça n’a pas été le cas. Tad a pris le large, seul, quelques semaines plus tôt et n’a plus donné de nouvelles depuis. Si tu savais comme je lui en veux… T’ai-je raconté ce qu’il a fait ? Il a laissé ma mère. Il l’a laissée pour s’enticher d’une gamine – oui, une gamine, plus jeune encore que moi – couronnée en Touraine. Il s’est affiché, sans le moindre scrupule à son côté avant de tout envoyer valser et de disparaitre des radars. Même Jacques, son meilleur ami, n’a plus eu de nouvelles depuis qu’il a levé l’ancre. Près de vingt ans aux côtés de maman pour s’en lasser d’un simple coup de tête. Je crois que plus jamais je ne lui ferai confiance. Il ne vaut pas mieux que Roman dont il fustigeait les agissements ; deux papillons attirés par la lumière d’un morceau de ferraille brillant sur le dessus d’une caboche.

      Et moi, Helvie, je crois qu’encore, je me laisse guider par ce petit palpitant qui ne sait que trop bien, trop souvent, me guider. Encore. Après les rudes déceptions, après Roman et notre mariage qui n’aura su tenir la tempête, après Laudry et nos éternels actes manqués, je m’étais jurée de ne pas sombrer à nouveau dans les limbes de l’affection et de l’amour, et de nous préserver, Paola et moi, de nouvelles mésaventures, et pourtant... Pourtant, Hel, je crois qu’encore j’ai faibli, mais je crois que cette fois-ci c’est différent. Je sais, tu vas me dire que l’on pense, à chaque fois que les choses se passeront mieux, et bla, et bla. Mais, je crois que cette fois-ci, cela peut l’être.

      Tu te doutes, j’en suis sûre, du nom de celui pour qui je me suis éprise. Nous en avions parlé, il m’a permis de me rendre compte – certainement pas de la meilleure manière qui soit, j’en conviens – que l’histoire qui me liait à Roman était à l’agonie, ce soir où j’ai succombé à la chair, anéantissant toutes mes promesses de fidélité. Avec Vladimir, dès le jour de notre rencontre, à l’hiver, et aussi surprenant que cela puisse l’être, il y a eu cet affolant naturel à nous apprécier, à nous découvrir, mais je tenais à redonner une chance au père de l’enfant que je portais, alors nous sommes-nous dérobés, un temps, à ce qui aurait été criant aux yeux de la plupart. Ainsi me suis-je interdit quelconques approches s’écartant de la simple amitié. Au début. Une amitié avec tendresses, une amitié qui apaise et qui se conjugue aux plaisirs charnels s’est liée lors de nos errances vers les terres bretonnes. Il s’est évidemment avéré à mesure que les lieues défilaient qu’il en était plus. On ne se fait guère plus de promesses que celles d’être là, l’un pour l’autre, à un instant T. On s’ouvre, l’un et l’autre la possibilité de se satisfaire dans d’autres draps, dans d’autres bras, et je crois que ces perspectives me plaisent. Peut-être est-ce ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Peut-être est-ce dont j’aurais besoin demain ou après-demain ; ou bien m’en lasserais-je. Mais pour l’heure, c’est ce qui me rend heureuse et fait battre mon cœur bien trop fort. Oui, Hel, je tombe amoureuse. Et je ne peux m’empêcher de sourire niaisement quand je le vois veiller sur Paola, quand il dépose un délicat baiser sur son petit minois blond paisiblement endormi.

      Et toi, ma belle, conte-moi votre voyage sur les chemins du Sud. Comment est-ce ?

      Il me tarde de te revoir, de t’enlacer et rire des nuits entières à tes côtés, à nous raconter nos souvenirs, nos peurs et nos galères. Il me tarde qu’Aloys & Paola soient tous deux en âge de se chamailler pour trois fois rien, et que nous, attendries, nous ne fassions qu’entrechoquer nos verres dans un soupir de satisfaction, comme deux vieilles copines profitant de chaque seconde passées ensemble.

      Tu manques. Je t’aime.




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Helvalia
    Citation:
    Rochechouart, « L'Eternel Tambour Rafistolé »
    Le 19 mai 1469,

        Aelaia,


      Tu as raison, nos chemins ne cessent de se séparer. Il y a pourtant quelque chose de rassurant dans le fait de savoir que tu es toujours là, quelque part, et que nos missives savent toujours nous trouver lorsque le besoin s'en fait ressentir. Même lorsque tu sembles trop loin, même lorsque nous n'avons pas le temps de nous écrire, je ne m'inquiète jamais réellement pour toi. Non pas parce que tu quittes mes pensées, ou parce que je me désintéresse de ton sort, loin de là. Seulement parce que je te sais pleine de ressources, terriblement flexible lorsqu'il te faut t'adapter à de nouvelles situations, et surtout capable de t'entourer, toujours.

      Je ne boude pas, malgré tout, les nouvelles que tu me fais porter. Bien au contraire.

      Tu me vois navrée, cependant, d'apprendre que ton père est ainsi parti, sans même te donner de nouvelles. Pardonne ce que tu prendras peut-être pour de l'amertume, quand je n'y vois que de la lucidité, mais je crois que les hommes sont tous les mêmes, Aelaia. Ils font de jolies promesses qu'ils sont incapables de tenir. Non pas parce qu'ils ne les pensent pas, je suis persuadée qu'ils en pensent, sur l'instant, chaque mot, mais parce qu'ils ont l'inconstance chevillée au corps. Couplé à cela, sans doute ton père nous fait-il une petite crise liée à son âge. Je suis certaine qu'il redonnera signe de vie, lorsqu'il se rendra compte de ce qu'il a laissé derrière lui.

      Je ne suis, en effet, pas particulièrement surprise d'apprendre que tu t'es finalement amourachée de Vladimir. Là encore, bien-sûr, tu risques de m'en vouloir, mais je serais une bien piètre amie si je ne cherchais pas à t'enjoindre à la prudence. Je ne doute pas de vos sentiments mutuels, seulement méfie-toi malgré tout, car Kriev ne me semble pas bien différent de Roman. Lorsque je l'ai rencontré, il était très amoureux d'une femme repartie chez elle, et il ne lui a pourtant pas fallu plus de quelques jours pour déclarer ses sentiments à mon égard. Il désirait même que je le marque d'un tatouage pour me prouver son attachement. Nous avons eu de cette relation forte et pourtant sans obligations que tu sembles me décrire.

      Ne crois pas, je t'en prie, que je cherche à te faire croire qu'il tenait à moi plus qu'il ne tient à toi. Bien au contraire, je suis persuadée que ce qui vous lie est plus fort que ce qui nous a jamais liés, lui et moi, et je n'éprouve pas la moindre jalousie à l'idée que vous soyez ensemble, aujourd'hui. Seulement je ne peux m'empêcher de faire montre de prudence à l'égard des hommes qui semblent ainsi capables de déclarer leur flamme à toutes les femmes qui tombent entre leurs bras. L'on pense toujours être l'exception, bien qu'en ce qui concerne Vladimir j'ai toujours justement refusé de l'être, mais je crois qu'on ne l'est jamais que jusqu'à la prochaine.

      Je veux me concentrer sur le fait que sa présence rassurante t'apaise, et que l'avoir dans ta vie te fait du bien. Je vous souhaite, très sincèrement, d'être heureux ensemble, quel que soit la relation que vous décidez d'avoir. Prends garde, cependant, je t'en conjure, car il m'a semblé qu'il est lui aussi le genre de papillon bien facilement attiré par la lumière.

      Je n'ai, pour ma part, pas grand chose à raconter du voyage qui nous a menés, Ferdinand et moi, jusqu'à Marseille. La route s'est avérée moins plaisante que nous l'espérions, les villes plus mornes et dénuées de vie. J'ai pu recroiser, à Marseille, quelques visages connus, notamment d'agréables personnes rencontrées lors du tournoi de Genève ou même, de façon plus surprenante, Sextus, revenu de son voyage à Alexandrie.

      Ensuite, en revanche, je suis de nouveau partie, sans prévenir personne, cette fois, seule avec Jurgen. Nous avions terriblement besoin de nous retrouver seuls tous les deux, comme ce n'est pas arrivé depuis des années, et nous sommes allés jusqu'à Bordeaux, parce qu'il souhaitait voir la mer. Il m'a emmenée plusieurs fois à bord d'un voilier, d'ailleurs, nous sommes allés danser, boire et jouer aux cartes. Nous avons fumé jusqu'à ce que la tête nous tourne et dormi à la belle étoile. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j'ai tant ri, ou que la vie m'a semblé si légère. A tel point que je suis triste que notre voyage doive prendre fin.

      Nous serons demain de retour à Limoges et je me rassure, cependant, parce que je sais qu'il y sera également, et je crois que je ne suis pas prête à le voir s'éloigner tout de suite.

      A très vite, je l'espère.





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Merci à JD Jurgen pour la ban
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