Aelaia


Quand tu écris une lettre, pense que, sous le sceau du secret, elle sera communiquée à tout le monde.
Jules Renard, Journal 1893 - 1898.
Quils éveillent les rires ou bien les larmes, quils attisent la curiosité ou bien la haine, quils apaisent le cur ou quils le torturent ; la bretonne rangeait, soigneusement, chacun des mots reçus dans une petite boite en fer, sculptée au poinçon pour les protéger du temps et des intempéries. Ainsi, elle pourrait, à sa guise, les lire et les relire.
Depuis quelle avait quitté le groupe avec lequel elle voyageait depuis plusieurs semaines à la fin du mois de juillet, dans une ambiance quelque peu morose pour certains, elle avait régulièrement pris la plume pour leur écrire, donner et prendre des nouvelles. Comprendre. Sexcuser, parfois à tort. Encaisser. Oublier.
La petite boite ternie par le temps ne semplissait pas si vite ; ses dernières correspondances étant souvent restées sans réponses.
Trois vélins furent envoyés à


Aelaia Ar Moraer a écrit:
Claque,
Peut-être mes lettres resteront-elles encore sans réponse, mais j'aime écrire, et bien que je ne voyage plus avec toi, avec vous, j'ai l'envie et le besoin de prendre de tes nouvelles.
Je t'écris ces quelques mots depuis Orléans où nous sommes arrivés ce matin, et où j'ai appris, assez brusquement, que mon père n'avait pas été vu ni en ville, ni sur les chemins depuis le premier jour de juillet. Cela me peine, m'inquiète, mais j'essaie de me rassurer en me disant qu'il a peut-être repris les méandres des sentiers afin de retrouver ma mère. J'ose espérer que ses origines bretonnes ne lui aient pas causé d'inconvénients...
Écris-moi. Racontes-moi comment se passent ces derniers jours, et vos derniers voyages ?
Je sais t'avoir blessé. Je sais avoir pris une décision hâtive. Mais, une fois de plus, j'ai voulu suivre mon cur, alors que tout me criait de fuir. Je crois avoir pris une bonne décision cette fois. Je le crois sincèrement... Je sais ce que tu penses de Roman, ce que tu as enduré, et pourtant, je suis heureuse ces derniers jours. Je m'en sens presque coupable, tu sais. Il réussit à me donner le sourire et à me faire oublier les moments difficiles. Je repense aux mots de la "parfaite" Kristouly, me demandant de trouver, enfin, un homme à moi. Peut-être l'ai-je trouvé...
Tu me manques, Claque.
À vite, je l'espère.
Ael.
Claque,
Peut-être mes lettres resteront-elles encore sans réponse, mais j'aime écrire, et bien que je ne voyage plus avec toi, avec vous, j'ai l'envie et le besoin de prendre de tes nouvelles.
Je t'écris ces quelques mots depuis Orléans où nous sommes arrivés ce matin, et où j'ai appris, assez brusquement, que mon père n'avait pas été vu ni en ville, ni sur les chemins depuis le premier jour de juillet. Cela me peine, m'inquiète, mais j'essaie de me rassurer en me disant qu'il a peut-être repris les méandres des sentiers afin de retrouver ma mère. J'ose espérer que ses origines bretonnes ne lui aient pas causé d'inconvénients...
Écris-moi. Racontes-moi comment se passent ces derniers jours, et vos derniers voyages ?
Je sais t'avoir blessé. Je sais avoir pris une décision hâtive. Mais, une fois de plus, j'ai voulu suivre mon cur, alors que tout me criait de fuir. Je crois avoir pris une bonne décision cette fois. Je le crois sincèrement... Je sais ce que tu penses de Roman, ce que tu as enduré, et pourtant, je suis heureuse ces derniers jours. Je m'en sens presque coupable, tu sais. Il réussit à me donner le sourire et à me faire oublier les moments difficiles. Je repense aux mots de la "parfaite" Kristouly, me demandant de trouver, enfin, un homme à moi. Peut-être l'ai-je trouvé...
Tu me manques, Claque.
À vite, je l'espère.
Ael.
Aelaia Ar Moraer a écrit:
Claque,
Déjà plus de deux semaines que nous ne nous sommes pas revus, et que je nai plus de nouvelles. Daucun dentre vous. Vous me manquez, tu sais.
Nous sommes rentrés il y a quelques jours à Limoges, où jai finalement décidé de poser, pour un temps, mes bagages. Après lannonce de la disparition de mon père, à Orléans, jai écrit à ma mère. Et ses nouvelles mont rassurée ; mon père est certainement parti en vadrouille avec Jacques, son matelot de toujours. Quant à vous, je suppose que vous avez suivi le plan initial ? Peut-être êtes-vous au front, ou bien auprès dOphélie. Jai rencontré son frère, Roze, à Blois, il est un excellent musicien, tu devrais tentendre avec celui-ci. Il nous a joué une jolie balade, un soir, tard, en taverne, cétait très beau.
Tu mavais prévenu quil faudrait que jassume les conséquences de mon départ. Je le fais. Mais je ten prie, écris-moi. Rien que pour me donner de tes nouvelles. Je nai pas besoin dun étalage de mots puants que tu ne penseras pas ; cest mon truc à moi, ça mais je les pense.
« Peut-être, un jour, ouvriras-tu les yeux, Ael ? ». Cest ce que tu mas dit le jour de mon départ. Et je ne sais toujours pas. Je ne sais toujours pas ce que jai loupé.
Aelaia.
Claque,
Déjà plus de deux semaines que nous ne nous sommes pas revus, et que je nai plus de nouvelles. Daucun dentre vous. Vous me manquez, tu sais.
Nous sommes rentrés il y a quelques jours à Limoges, où jai finalement décidé de poser, pour un temps, mes bagages. Après lannonce de la disparition de mon père, à Orléans, jai écrit à ma mère. Et ses nouvelles mont rassurée ; mon père est certainement parti en vadrouille avec Jacques, son matelot de toujours. Quant à vous, je suppose que vous avez suivi le plan initial ? Peut-être êtes-vous au front, ou bien auprès dOphélie. Jai rencontré son frère, Roze, à Blois, il est un excellent musicien, tu devrais tentendre avec celui-ci. Il nous a joué une jolie balade, un soir, tard, en taverne, cétait très beau.
Tu mavais prévenu quil faudrait que jassume les conséquences de mon départ. Je le fais. Mais je ten prie, écris-moi. Rien que pour me donner de tes nouvelles. Je nai pas besoin dun étalage de mots puants que tu ne penseras pas ; cest mon truc à moi, ça mais je les pense.
« Peut-être, un jour, ouvriras-tu les yeux, Ael ? ». Cest ce que tu mas dit le jour de mon départ. Et je ne sais toujours pas. Je ne sais toujours pas ce que jai loupé.
Aelaia.
Aelaia Ar Moraer a écrit:
Claque,
Cette lettre, si elle te parvient, et si mes mots trouvent grâce à tes yeux, sera la dernière que je tenverrai.
Une relation à sens unique ne mintéresse pas. Si tu tenais à moi à la manière dont tu me le décrivais lors de notre dernière rencontre, jaime à croire que tu aurais pris le soin de me répondre ne serait-ce que pour massurer que tu vas bien. Alors, je préfère arrêter les frais et cesser de me cabosser un peu plus, et je vais abandonner là, oublier que nous avons été amis, je crois, un jour. Pour me préserver de sentiments vains et sans retour.
Je nai pas choisi la légèreté, cette fois, et jenvisage de vivre des jours heureux en compagnie de Roman Di Medici Corleone, oui. Je sais que tu napprouves pas. Je sais que tu as souffert de ses actes, quil a souffert des tiens il a été honnête mais avec moi, cest un homme bien ; et cest, pour lheure, tout ce qui mimporte. Nous sommes tous lennemi de quelquun, il a fallu que cela soit lui pour toi, et toi pour lui. Je tenais à toi tout autant que je tiens à lui, et jaurais aimé ne pas avoir à choisir.
Prends soin de Cyriel. Cest un homme bon, il tient à toi, sincèrement. Sois la bonne personne pour lui, il en vaut la peine, vraiment. Mais surtout, prends soin de toi.
Aelaia Ar Moraer
Claque,
Cette lettre, si elle te parvient, et si mes mots trouvent grâce à tes yeux, sera la dernière que je tenverrai.
Une relation à sens unique ne mintéresse pas. Si tu tenais à moi à la manière dont tu me le décrivais lors de notre dernière rencontre, jaime à croire que tu aurais pris le soin de me répondre ne serait-ce que pour massurer que tu vas bien. Alors, je préfère arrêter les frais et cesser de me cabosser un peu plus, et je vais abandonner là, oublier que nous avons été amis, je crois, un jour. Pour me préserver de sentiments vains et sans retour.
Je nai pas choisi la légèreté, cette fois, et jenvisage de vivre des jours heureux en compagnie de Roman Di Medici Corleone, oui. Je sais que tu napprouves pas. Je sais que tu as souffert de ses actes, quil a souffert des tiens il a été honnête mais avec moi, cest un homme bien ; et cest, pour lheure, tout ce qui mimporte. Nous sommes tous lennemi de quelquun, il a fallu que cela soit lui pour toi, et toi pour lui. Je tenais à toi tout autant que je tiens à lui, et jaurais aimé ne pas avoir à choisir.
Prends soin de Cyriel. Cest un homme bon, il tient à toi, sincèrement. Sois la bonne personne pour lui, il en vaut la peine, vraiment. Mais surtout, prends soin de toi.
Aelaia Ar Moraer
Et enfin, une réponse. Froide.
Claquesous a écrit:
Tes lettres de reproches et culpabilisantes ne m'intéressent pas, tes phrases au passé, tes paroles dans le même sens non plus. On récolte ce que l'on sème.
Si toi tu tenais à moi, tu ne te serais pas jouée de ce que je suis. La relation à sens unique tu l'as choisie toi et tu me l'as imposée, toi.
Oui je suis fâché contre toi, oui j'ai énormément de rancur à ton égard et Roman n'y est pas pour tout.
Tu écris à Cyriel alors tu sais pertinemment comment je vais. Je ne vois dailleurs pas en quoi ça t'intéresse vu que tu avais soit disant besoin d'air et de recul.
J'allais mal à Limoges et encore avant, t'en as jamais rien eu à foutre, ni de mon ressenti ni du mal que tu as pu me faire, alors pourquoi maintenant ? Te donner bonne conscience...ne te donne pas cette peine, vraiment.
Peut-être un jour, je serai plus serein.
Mais pas aujourdhui.
C.
Tes lettres de reproches et culpabilisantes ne m'intéressent pas, tes phrases au passé, tes paroles dans le même sens non plus. On récolte ce que l'on sème.
Si toi tu tenais à moi, tu ne te serais pas jouée de ce que je suis. La relation à sens unique tu l'as choisie toi et tu me l'as imposée, toi.
Oui je suis fâché contre toi, oui j'ai énormément de rancur à ton égard et Roman n'y est pas pour tout.
Tu écris à Cyriel alors tu sais pertinemment comment je vais. Je ne vois dailleurs pas en quoi ça t'intéresse vu que tu avais soit disant besoin d'air et de recul.
J'allais mal à Limoges et encore avant, t'en as jamais rien eu à foutre, ni de mon ressenti ni du mal que tu as pu me faire, alors pourquoi maintenant ? Te donner bonne conscience...ne te donne pas cette peine, vraiment.
Peut-être un jour, je serai plus serein.
Mais pas aujourdhui.
C.
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