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[RP] Les courriers de la châtaigne.

Aelaia

~ Quelque part en Champagne, le 3 octobre 1468 ~


    Une semaine que le Saint-Valéry avait tracé sa propre route, laissant la bretonne sur un terrain glissant. Comme on retirerait les petites roues à un enfant apprenant à faire du vélo "comme les grands", elle avait perdu un appui et un soutien. Elle n'avait pas trébuché pour autant et avait assuré le spectacle. Elle s'était trouvé une mission ; une raison de maintenir le cap : sa promesse de veiller sur Edenaé. Et elle avait tracé la route, accompagnée d'une armée de gamins ; aussi étonnant que cela puisse paraitre, c'était paisible, et presque reposant.

    Au crépuscule, éclairée par les premières lueurs de la lune, elle avait pris la plume pour répondre à celui qu'elle considérait comme son ange gardien.


Aelaia a écrit:


      Laudry,


    Pour ma part, je suis peinée de lire que vous pensiez être devenu un poids pour moi. A l’inverse, vous me rendiez légère ; vous m’allégiez de cette foutue culpabilité qui m’a honteusement habité ces dernières semaines. Il est de ces belles rencontres que l’on n’attend pas ; vous en êtes. Et je vais vous avouer quelque chose. Vous me manquez. Nos discussions me manquent et j’ai envie de vous revoir grimper aux arbres et vous débattre entre ces vilaines branches pour me rattraper. Cap ?

    Votre médaille pend fièrement à mon cou depuis le jour où vous me l’avez confiée ; et elle y restera jusqu’à ce qu’elle orne à nouveau le vôtre. Une promesse est une promesse, n’est-ce pas ? Elle m’accompagnera à chaque nouvelle marche que je gravirai, comme un petit peu de votre présence à mes côtés quand vous êtes loin. Trop loin pour me voir me hisser en haut de cet escalier glissant. Et puis, même si elle est un peu lourde, elle est assez jolie et a parfaitement trouvé sa place aux côtés de mon médaillon familial.

    Je ne prête plus attention à ce que disent les autres, à ce qu’ils pensent. Je l’ai, je crois, bien trop fait et cela ne m’a valu que des déceptions. Voyez, par exemple, au retour de Mélissandre à Limoges, la sachant peinée, j’ai préféré me mettre en retrait pour ne point la froisser. Regardez où cela m’a menée ? Nulle part. Vous avez, encore une fois, raison – et je vous en prie, ne prenez pas la grosse tête –, je vais vivre pour moi, et moi seule (en pensant un petit peu au petit coquillage tout de même). Ce « batifolage » m’a, peut-être, permis de sauter une nouvelle marche. Je vais suivre mes envies, mes impulsivités et ne plus me préoccuper de ceux qui ne le méritent pas. De ceux qui ne me méritent pas. Mon petit cœur brisé ne s’en portera que mieux, brezelour kaer*.

    Croyez-vous vraiment que le grand frisson puisse nous toucher plusieurs fois ? N’est-ce pas son caractère unique qui le rend si précieux ?

    Ma perspicacité m’étonne moi-même. A défaut de voir les murs contre lesquels je risque de m’écraser, il semblerait que je sois un peu plus observatrice pour les personnes qui me sont chères. Profitez de ces instants de douceur que votre Dieu vous offre, mais je vous en prie, ne vous abimez pas plus que de raison pour une cause et un Dieu qui ne vous le rendront pas même au quart. Vous êtes devenu quelqu’un de bien, Laudry, ne vous flagellez pas. La rédemption ne dure pas toute une vie. Et, comme je suis originale, suivez mes conseils. « Ne passez pas à côté de votre vie, vivez, joli damoiseau. Vivez pour vous avant de vivre pour les autres, et pour votre Dieu ».

    Je serai là pour vous écouter, vous changer les idées ou simplement vous offrir ma compagnie si l’envie vous venait.

    Savez-vous d’où je vous écris ? Je suis enroulée dans une multitude de couvertures, assise sur la berge d’un ruisseau agité à quelques jours de marche de Dijon, les doigts crispés par le froid peinant même à tenir la plume. Et la sirène que je suis n’a pas su relever le défi d’y plonger, sans vous. Dépêchez-vous de venir me faire rire et sourire avant que ces eaux ne deviennent bien trop fraiches pour une baignade sous les étoiles. Les Orionides traverseront bientôt les cieux d’octobre, nous avons encore quelques vœux à faire…

    Je veille sur vous, de loin, et je vous embrasse.




    * brezelour kaer : joli guerrier.

_________________
Laudry
    Je m'étais installé dans un taverne, près de la cheminée. Depuis quelques jours j'étais un peu comme le temps, gris et froid.
    Héloise était repartie de son côté et j'avouais sans honte que j'en étais heureux. J'avais le présentiment que si nous étions restés avec elle, les emmerdes nous auraient rattrapé. Et au final, cela me fit penser à Aelaia et son dernier courrier. Apparemment j'étais bon pour perdre les amies auxquelles je tenais les unes après les autres aussi pris-je une plume et du vélin pour envoyer quelques mots à la jolie Bretonne.





    Douce Aelig,

    Voilà quelques jours que nous nous sommes quittés et je suis heureux d’avoir reçu de vos nouvelles. Vous y croiriez si je vous disais que vous me manquez ?
    Prendre soin de vous durant les jours que nous avons passé ensemble au milieu des autres a été pour moi une bouffée d’air après la mobilisation que nous, les soldats, avons subi et je suis heureux que cela ait pu nous permettre de mieux nous connaître.

    Notre première rencontre aurait dû mieux se passer mais j’avoue que vous ne m’avez pas connu à mon avantage. Casser la gueule à Montparnasse n’avait rien d’engageant à partager quelques moments amicaux et pourtant, voyez où nous en sommes !

    Aujourd’hui je suis en Empire. Je vais arriver en Franche Comté où j’ai entendu dire qu’un ami de longue date y est maire d’un petit bourg juste à la limite de Dijon. Du coup j’ai pensé à vous et à cette Bourgogne qui nous a recueillis quelques temps. Avez-vous quitté ces contrées, êtes-vous encore avec ma sœur ? Je n’ai absolument plus aucune nouvelle… je pense qu’elle m’a banni des êtres qu’elle aime une bonne fois pour tout. Ainsi soit entendu sa décision, le Très-Haut en prendra bonne note.

    Ainsi donc une nouvelle marche a été franchie. Parfait, vous vous remettez doucement en selle et peu importe ce qui doit se passer, ne réfléchissait pas et appréciez. Votre petit cœur vous remerciera bien assez tôt d’avoir su le combler. Personne ne vous oblige à tomber à nouveau en amour mais vous verrez, un jour vous m’écrirez à nouveau pour me dire que des sentiments ont refleuri dans le jardin de votre cœur et à ce moment là je vous dirais : je vous l’avais bien dit. Mais pour l’heure c’est trop tôt alors batifolez et amusez-vous. Après tout, il n’y a pas de mal à se faire du bien en pansant sa petite âme qui souffre.

    En ce qui me concerne Aelaia, n’ayez aucune inquiétude à mon sujet. Je vis ma vie comme je l’entends. Personne ne m’a obligé à quoi que ce soit et je suis là où je dois être. Je suis heureux comme ça même si les gens ont du mal à le croire. Je n’en demandais pas autant. J’ai perdu trop d’amis pour savoir que la vie est précieuse et qu’il faut savoir saisir les occasions qui nous sont données. Et à l’heure actuelle c’est ce que je fais. Je n’ai jamais réellement cru être doué pour le bonheur, je ne suis pas de ces personnes qui l’attirent aussi j’ai appris depuis longtemps que les quelques instants fugaces que je vis seront bientôt relégués et conjugués au passé mais je l’ai accepté. C’est la différence entre vous et moi : vous vous accrochez au bonheur lorsque j’ai déjà mis une croix dessus. Vous êtes rêveuse, je suis terre-à-terre. Mais je pense que l’on ne nous refera pas. Et puis mon vécu prend certainement le dessus chez moi tandis que vous avez encore de belles années devant vous pour conquérir le cœur des hommes. Et tel que je vous imagine, vous allez les faire danser.

    Je ne sais pas si nos chemins se recroiseront prochainement mais je vous fais la promesse de regarder tous les soirs dans le ciel étoilé afin de chasser les Orionides. Et si l’une traverse mon ciel alors je penserais bien fort à vous. Peut être que si nous le faisons en même temps, nous ressentirons la présence de l’autre où qu’il soit… j’aime à penser que cela puisse se réaliser. Cela a un petit côté d’éternité…

    Prenez soin de vous et du petit coquillage. Dites-lui qu’oncle Laudry veillera toujours sur vous deux. Et ce n’est pas une promesse en l’air vous le savez.

    Mes sincères pensées vous accompagnent... toujours.



_________________
Aelaia

~ Dijon, le 6 octobre 1468 ~


Aelaia a écrit:


      Laudry, ma ael-mat*,


    Il semblerait que je fasse parfois cet effet, ya. Alors je vais vous croire ; et il me plait de savoir que je vous manque autant que vous me manquez. Une bouffée d’air ? Vraiment, c’est ce à quoi ressemble de devoir s’occuper d’une bretonne au cœur brisé ? Vous êtes donc tombé bien plus bas que je ne l’aurais imaginé – peut-être devrais-je essayer. Toutefois, sachez que je suis heureuse que cela nous ait permis de nous redécouvrir après cette première rencontre particulière. Il semblerait que ce soit courant avec moi, mais je tente de me rattraper ensuite ; j’apprends, j’apprends… Vous aviez croisé, à Limoges, une jeune femme irréfléchie qui faisait souffrir votre sœur au lendemain de son mariage. Mais regardez, le destin vous rattrape toujours, et il ne m’a pas loupée. Nous sommes quittes, désormais, avec ma destinée. Une erreur, une punition ; l’ordre des choses. Ainsi est faite la vie, elle ne vous épargne pas. Jamais.

    Toutefois, vous voir éclater le nez de Montparnasse avait ce petit je ne sais quoi de jouissif après ces quelques semaines passées à ruminer mes égarements. Je ne vous l’avais jamais dit, avant, mais merci. J’avais essayé de faire quelque chose de semblable, mais avez-vous mes petites mains fragiles ? je suis sûre que vous pourriez les envelopper des vôtres aisément. Cette fois-là, c’était mon propre nez qui avait valsé dans un geste presque théâtral ; j’ai préféré ne pas y retourner par la suite.

    Seriez-vous en train de m’avouer passer à quelques lieues de moi sans venir me chercher sur votre fidèle et beau destrier blanc comme les ailes des anges (il parait qu’elles sont blanches avant de parfois être ratatinées dans la boue) ? Je vous l’interdis, si je puis me permettre. La jolie Bourgogne que vous m’aviez fait découvrir me recueille encore un petit peu en ses frontières. Après un petit tour en Champagne avec une mêlée de gamins, je suis de retour à Dijon – la ville est charmante, j’y retrouve des petits airs de Limoges, avec, désormais, le Corleone en moins. En revanche, je ne voyage plus avec Ophélie ; avec votre départ, j’ai préféré, moi aussi, prendre le large et m’ouvrir à de nouvelles opportunités. Revivre le périple du printemps ne m’intéressait guère et j’ai trouvé une porte de sortie… Sans doute m’en voudront-ils, mais j’en avais besoin : de la nouveauté, des gens qui ne me connaissent ni moi, ni mon passé. Une brise de liberté au cœur d’un ouragan de renouveau. Une renaissance, peut-être ?

    J’admire votre capacité à savoir profiter de la simplicité d’un bonheur épars et sporadique. En plus d’être rêveuse, je suis une gourmande qui ne se rassasie que peu ; oui je crois, malgré tout, encore au bonheur intense. Peut-être est-ce parce que je le sais possible ? Un simple regard sur l’histoire de mes parents, et cela fait renaitre de l’espoir. Cependant, votre côté terre-à-terre m’a empêché, ces dernières semaines, je crois, de trop m’égarer, et en cela je vous le jalouse. Vous me complétez ; aussi étonnant que cela puisse paraitre. Revenez me chercher à Dijon, nous avons à discuter bonheurs passés et futurs, cher ami.

    Et c’est ainsi que nos chemins se recroiseront sous peu, et que nous chasserons ensemble les Orionides. Si je passe trop de temps, la tête dans les étoiles, je risque de m’y envoler ; j’ai besoin de votre main pour m’empêcher de gravir trop vite cet escalier…

    J’aime ces images que vous me dessinez au creux des méninges, je ne lâcherai pas le ciel des yeux ce soir, pour être sûre de ne pas vous manquer, et pour vous sentir près de moi. D’ailleurs, vous seriez bien embêté de m’avoir à vos côtés pour l’éternité, vous finiriez par devenir un petit cœur tout mou et sentimental, tata-kozh. C’est aussi contagieux que la glairette, parait-il.

    Je vous embrasse, et pense fort à vous. A chaque instant.



    * ma ael-mat = mon ange gardien

_________________
Aelaia

~ Dijon, le 8 octobre 1468 ~


    La bretonne était à Dijon depuis déjà quelques jours et était presque devenue un pilier de comptoir aux Belles de Jour - attention, nous parlons bien de la taverne, pas de l'antre des vices qu'elle n'avait pas l'intention de visiter - et le tenancier, Soare, avait régulièrement eu besoin de la pousser dehors pour enfin pouvoir fermer les portes de l'établissement. Faut dire qu'elle peut être bavarde la "Belle ivrogne", quand elle veut !

    Ce matin-là, alors qu'elle lisait quelques ouvrages empruntés au Monastère, une jeune femme la rejoint et la discussion se fit plutôt naturellement. Même s'ils étaient séparés, la châtaigne continuait de se présenter comme Aelaia Di Medici puisqu'il serait le nom qu'elle avait décidé d'offrir au petit coquillage qui grandissait derrière son nombril. Elle n'avait pas vraiment remarqué la réaction que ce nom avait provoqué chez la blonde ; et celle qui se présentait comme Lison avait très vite compris qui était l'Ael avec qui elle échangeait, à l'inverse de l'autre protagoniste. Cependant, un trouble avait envahi la chablousse lorsque la progéniture de sa voisine de comptoir était apparu dans l'embrasure de la porte. Un petit brun haut comme trois pommes, au regard qu'elle connaissait bien. Pas le sien exactement, mais l'enfant éveillait d'étranges réminiscences dans sa caboche, et une multitude de doutes et de questions l'envahirent. Maladroitement, elle quitta la taverne avec le besoin urgent et oppressant d'écrire à celui qui avait été son compagnon.


    Aelaia a écrit:
    Citation:
        Roman,

      J’ai quelque peu hésité à t’écrire, parce que je sais que ce n’est pas m’aider à t’oublier, à passer à autre chose. Toutefois, il m’a paru nécessaire de le faire suite à une étrange rencontre que j’ai fait aujourd’hui…

      Si elles t’intéressent, je vais peut-être commencer par te donner quelques nouvelles du petit coquillage que tu as planté dans un moment d’égarement estival. Il confirme sa présence peu à peu, ou bien mes robes rétrécissent – ce qui me parait peu probable. Enfin, toujours est-il que je suis prudente et que tout semble se passer normalement. Quant à moi, je suis de retour à Dijon depuis quelques jours, et je crois que je m’y plais bien.

      Là n’était pas le sujet de mon courrier. Je t’écris parce que j’ai rencontré une jeune femme – boucles blondes et regard noisette – avec un petit garçon d’environ 2 ans. Elle l’appelle Malo, mais il y avait ce quelque chose qui m’a troublé… Peut-être était-ce dans ses traits ou dans son regard, je ne saurais te dire. Je prends le risque de passer pour une folle… - et je t’en prie, n’imagine pas que je t’écris pour ne pas te laisser filer – Je crois qu’il pourrait être ton fils. Décris-moi sa mère ? Celle-ci ne s’est pas présentée comme « Fanette », d’où mes doutes.

      J’espère que tu vas bien.

    Citation:












    Roman a écrit:
    Citation:
        Ael,

      Merci de m'avoir écrit, tu as ramené un sourire qui me manquait un peu. Je suis content de savoir que tu te portes bien et que notre enfant grandit en ton sein. J'espère que tes nausées s'apaisent également. Pour ma part, je viens de revenir à Limoges où je travaille beaucoup à mon échoppe en attendant que ma mère achève le voyage qui la ramènera auprès de moi pour quelques moments partagés.

      Quant à cette femme et cet enfant, il est possible qu'il s'agisse de Fanette et de Milo. As-tu vu le petit ? Il a les yeux de la même couleur que les miens, et il parle un peu italien. Il aime monter à cheval. Essaie de lui parler de son cousin Roméo, c'est le fils de Gabriele, ils se connaissent bien. Dis-lui que Roméo cherche Milo.

      Sa mère a des boucles châtain et blondes, souvent en désordre, elle a les yeux bruns, quelques tâches de rousseur sur une peau claire. Elle n'est pas grande. Elle est plutôt chétive mais ses hanches ont porté des enfants. Elle sait bien s'exprimer, aime raconter des histoires à un auditoire, surtout des enfants. Si tu lui dit mon nom, elle va sans doute réagir, même si elle va sans doute vouloir le cacher.

      Et prends garde à son air de biche effarouchée, c'est une salope.

      Prends soin de toi.

      R.
    Citation:















    Aelaia a écrit:
    Citation:
        Roman,

      Tu me verras surprise d’apprendre que le sourire te manque ; je pensais sincèrement que tu avais fini par trouver un peu de réconfort, et que tu allais bien, à notre dernière rencontre. Tout ne se passe pas comme tu l’avais espéré ? Tu dois être ravi de revoir ta mère, elle te redonnera surement ce sourire qui semble effacé de ton visage, à te lire. Quant à mes nausées, elles sont moins fréquentes ces derniers temps, Dieu merci. Mâcher de la menthe commençait à m’écœurer.

      Oui, je l’ai vu ; et lorsque j’ai observé son visage, je n’ai plus eu de doutes. Il te ressemble tellement… Je n’ai pas eu l’occasion de parler de Roméo avec lui, il a fini par s’endormir comme un loir dans les bras de sa mère. Si cela peut te faire sourire, car je sais que même si tu es loin de lui, il te manque, il m’a semblé heureux comme tout. Il est joueur et malicieux et semble désormais vouer une passion pour les mômes de moins de dix ans à deux pattes, et les bestioles poilues à quatre pattes – il a un petit chien.

      Il s’agissait effectivement de Fanette. Elle a tenté de me raconter encore et encore vos histoires passées. Je t’avoue ne pas avoir eu envie de les écouter, et j’ai fini par lui demander d’arrêter. Ce ne sont pas mes histoires, et je pense avoir suffisamment des miennes à gérer. Malheureusement, je ne saurais te dire vers où ils se dirigent ; tu te doutes que lorsqu’elle a su qui j’étais, elle s’est retenu de me parler d’elle. Elle m’a implorée de ne rien te dire… Mais je ne pouvais te cacher une telle chose, malgré tout.

      Je t’en prie, même si Nous n’existe plus, promets-moi d’être là pour notre enfant. Physiquement. Et pas seulement par quelques bourses pudiquement offertes pour subvenir à nos besoins.

    Citation:













~ Dijon, le 9 octobre 1468 ~


    La réponse à cette lettre se fit attendre pour n'arriver que le lendemain. Et elle n'était pas celle imaginée. Loin de là. C'est un autre trouble qui emplit la jeune femme ; celui qui perturbe et qui écrase toutes ses affirmations. Oui, cette lettre l'avait en quelques sortes déboussolée. Forcément, les sentiments qu'elle avait pour le Corleone étaient loin de s'être envolés, si tant est qu'ils disparaissent un jour. N'oublie-t-on jamais un premier amour ?

    Elle avait laissé passer la journée. La soirée. Le début de la nuit… avant de prendre la plume pour lui répondre. Les mots étaient à la fois doux et les phrases piquantes. Les sentiments étaient toujours là, oui. Mais la rancœur et l'amertume s'y étaient mêlés. L'italien allait devoir donner un peu plus que ça s'il voulait effacer ses erreurs. "On ne ravale pas son vomi" lui avait-on dit.


    Roman a écrit:
    Citation:
        Ael,

      J'allais te répondre, ce matin, et puis j'ai d'abord achevé de copier un manuscrit. Puis j'ai reçu une lettre de Mélissandre, et je ne peux plus t'écrire de la même manière.

      Je t'écris non pour que tu me plaignes mais seulement pour que tu saches. Elle vient de me dire qu'elle mettait fin à toute relation entre nous, qu'elle couchait avec un autre et qu'elle trouvait ça bien. J'ai tout perdu pour elle, et ce fut vain. Je t'ai fait tout perdre, et c'est pire que tout. Et si aujourd'hui je ne me jette pas dans la rivière lesté d'une pierre, c'est seulement pour que mes enfants aient un semblant de père.

      R.
    Citation:









    Aelaia a écrit:
    Citation:
        Roman,

      Ce que tu m’écris me désole, sincèrement, mais ne me surprend, finalement, pas tant. Mais tu le sais déjà, puisque je te l’avais dit – et je sais aussi que mes mots ne t’aideront pas. J’aimerais savoir te dire ce que nombreux me poussent à penser, que c’est bien fait, que l’on récolte ce que l’on sème ; ce genre de choses que je ne pense pas. Et à la place de cela, je m’inquiète. Je m’inquiète pour toi, comme une idiote, parce que tu comptes pour moi.

      Oui, tu as tout perdu pour elle, en totale connaissance de cause. Ce coup-là, elle te l’avait déjà fait, non ? Tu as perdu ma confiance et mes tendresses qui étaient vraies et fidèles au profit de celles d’une tête couronnée qui ne te voit que comme un passe-temps, lorsqu’elle en trouve le temps. Peut-être ressens-tu un semblant de ce que j’ai pu ressentir ce vendredi où nous devions partir en douce pour aller croquer notre lune de miel. Quant à moi, les seules choses que j’ai perdues – excepté toi – sont ma confiance en moi et mes sourires innocents. C’est sans doute pire que tout, si tu le dis. Mais je garde la tête haute et tu devrais en faire de même.

      Et en dépit de tout cela, tu n’as pas perdu ma sympathie – les sentiments sont de ces choses étranges – et je t’en prie, laisse ce foutu Yug tranquille dans cette putain de rivière. Tiens au moins une de tes promesses, celle d’être là pour notre enfant. Respecte au moins ça, sinon je vais devoir venir t’achever de mes propres mains, Roman di Medici Corleone. Sois un bon père et relève-toi. Merde.

      Elle n’en vaut pas la peine, ouvre les yeux.

      Ael, ton imbécile de femme éphémère prête à te maintenir la tête hors de l’eau s’il le fallait.
    Citation:











_________________
Aelaia

~ Poligny, le 12 octobre 1468 ~

Roman a écrit:
Citation:
      Aelig,

    Merci pour ta réponse. Je sais bien que l'on dit à foison autour de toi que je mérite pareil camouflet et que je l'ai bien cherché. Et au fond, n'est-ce pas la vérité ?

    Tu sais, au fond, je survis assez bien à tout cela. J'en suis déçu, blessé, agacé, vexé, déprimé. Mais ce n'est rien à côté de l'immense culpabilité que je ressens à cause du mal que je t'ai causé. Et en plus, ce fut en vain ! J'aurais pu, je crois, me pardonner de t'avoir abandonnée, si j'avais trouvé la paix et ce bonheur que je voulais plus entier qu'il ne l'était déjà. C'était stupide. J'aurais pu choisir de voir les choses de cette manière, en me persuadant d'y poser un regard objectif, comme de peser soigneusement le pour et le contre.

    Je suis comme un môme indiscipliné qui a cassé un jouet et qui se rend compte qu'il n'est pas réparable. Sauf que tu es bien plus qu'un jouet. Et que c'est pour rien que tu as été brisée. Je suis un idiot et un égoïste. Tu peux me détester, me haïr; tu le devrais. Je t'ai retiré ton bonheur comme un salaud insatisfait.

    C'est pour ton enfant que je resterai en vie. Pour mes amis. Pour mes filleuls. Pour mes parents et ma famille. Pour moi, je crois que ça n'en vaut guère la peine. Je sais, je me ridiculise, pourtant j'ai besoin de te l'écrire pour rendre ça plus réel. Cela me passera dans un moment. Ca ira mieux.

    Je passe beaucoup de temps à travailler le bois et à confectionner des meubles. Cela m'empêche de trop penser.

    Promis, je suis vivant.

    Reste en vie, toi aussi. Tu mérites mieux que moi.

    R.
Citation:



















Aelaia a écrit:
Citation:
      Roman,

    Oui. Oui, il y a une grande part de vérité dans ces mots que l’on me dit. Et pour autant, ils ne m’aident pas à avancer. Et te les reprocher ne me rendra en rien plus légère. Je me relève en me perdant dans d’autres occupations et en arrêtant de me poser ces mille questions. On me dit impulsive et irréfléchie – je le suis – mais je crois que tu l’es tout autant et que tu te laisses aveugler par ce que te dicte ton cœur et non ta raison. Comment pourrais-je donc te blâmer alors qu’aux premiers jours de la saison chaude, j’ai foncé, tête baissée, dans une relation toute aussi vaine et aux lourdes conséquences ? Petits cœurs faibles que nous sommes.

    Les mômes indisciplinés ne prennent pas le temps de peser le pour et le contre, cela se saurait, Roman. Alors, peut-être, oui, que tu as été stupide mais le mal est fait et cela ne sert à rien de le ressasser sans cesse et comme la mienne, ta culpabilité passera. Tu trouveras de nouveaux objectifs pour t’aider à te lever le matin, et tu te montreras digne pour tes proches. Je ne connais pas ton père, mais je suis certaine qu’il te remettrait à ta place avec une volée de mots fleuris et un aller-retour de sa main à tes joues. Il aurait raison.

    Tu ne te ridiculises pas, tu fais preuve de repentir. Cela prouve qu’au moins tout n’est pas encore perdu, et que tu n’es pas le connard que l’on me décrit, que je n’ai pas rêvé, le temps d’un instant, en te voyant comme quelqu’un de bien. Et ne survis pas pour les autres, fais-le également pour toi. Autant ne pas être en vie que de n’être que l’ombre de toi-même. Une épave en dérive.

    Fabriquer des meubles est effectivement une activité plus saine que d’autres de tes passe-temps. Je préfère que notre enfant ait un papa auquel il manquerait quelques doigts, plutôt qu’un père disparu au cours de l’une de ses missions familiales. Circey dispose d’un trousseau des clés de ma maison si jamais l’envie te prenait d’y confectionner un berceau. Je dis ça comme ça.

    Pour ma part, nous approchons des hautes montagnes enneigées aux frontières de l’Italie et il commence à y faire particulièrement froid. Je pensais le climat italien plus doux, m’aurais-tu menti ?
    J’ai eu l’immense et incommensurable plaisir de me retrouver face à Montparnasse ; je n’ai pas réussi à rester neutre et il est resté d’un calme effrayant. Trop étrange pour être innocent, à moins que la paternité ne le guide sur le chemin de la rédemption ?

    Prend soin de toi, et j’essaierai de rester en vie.




    PS : Ce n’est pas MON enfant, il est également le tien et il portera ton nom, à la grande inquiétude de mes proches. Que je sache, je ne l’ai pas fait toute seule.
Citation:





















~ Saint-Claude, le 15 octobre 1468 ~


    Roman a écrit:
    Citation:
        Aelig,

      Tu as raison. Tu me connais déjà bien trop... Nous sommes impulsifs toi et moi, c'est vrai. Nous avons foncé tête baissée, l'un et l'autre. Et si c'était à recommencer, je le referai, mais je prendrai un autre chemin afin de ne pas refaire la même erreur en donnant à notre histoire une fin qui ne lui convient en rien. Mais je ne regrette pas, te concernant, d'avoir laissé libre court à mon coeur. Ma raison le suivait pourtant, jusqu'à ce que je me laisse emporter par le vain espoir induit par les paroles d'une amie qui se voulait bienveillante. Je ne lui en veux pas à elle. Je m'en veux à moi, et quoi que tu en penses, j'ai été un connard envers toi.

      Mais je commence, depuis quelques jours, à mieux accepter les faits, la distorsion de mes opinions au sujet de tout cela.... Je ne dérive plus. J'ai accepté de m'échouer quelque part et de reprendre ma respiration avant de me relever. Archibalde est pour moi d'un soutien sans faille, tout en étant sans pitié. Il est l'ami sur qui je peux compter. Il comptait t'écrire, d'ailleurs, j'ignore s'il l'a déjà fait.

      Mes doigts sont toujours entiers, pour le moment. J'avais déjà commencé à fabriquer le berceau le mois dernier. Je passe un moment à le travailler, chaque jour ou presque, lorsque j'ai fini les commandes prévues. J'ai aussi confectionné des jouets pour mes filleuls. Je ne suis pas aussi habile à cela que mon ami Guillianno, mais pour des bébés, je pense que cela fera illusion quelques mois.

      Les frontières de l'Italie... je ne savais pas que tu étais partie si loin. Je n'ai pas encore pris la route, pour ma part, car j'attends encore la visite de ma mère, qui doit arriver dans un ou deux jours, je pense. Où comptes-tu te rendre ?

      Essaie en tout cas d'éviter Montparnasse, même si on ne peut guère prévoir ses déplacements à l'avance. J'espère qu'il ne t'a fait aucun mal.

      Reste en vie, oui. N'essaie pas : fais-le.

      Si tu passes en Italie, présente-toi comme mon épouse, di Medici. Ce nom te protègera. Fais-en usage, pour ta sauvegarde. Exige ce dont tu as besoin. Ne tolère ni les mauvaises auberges ni les repas trop pauvres. Et si jamais tu te trouves menacée, invoque la protection de Lorenzo di Medici. Si j'apprends que tu es malmenée, les coupables seront châtiés.

      Je sais que ces mots te paraissent étrangers, qu'il te mettent sans doute mal à l'aise. Mais mon nom te protègera.

      Lorsque j'aurais passé un peu de temps avec ma mère, je prendrai la route de l'Italie. Melvina est partie dans le Sud avec mon frère Gabriele. Eliza est à Tours avec Tynop. Mon père est toujours en chemin, il se rapproche de la frontière italienne. Amarante est ici à Limoges et prend soin des enfants de Melvina.

      La voir bercer tendrement Gabriel et Aelys me remplit d'une émotion que je ne sais plus contenir. J'aimerais tant que ce soit toi, et qu'ils soient mes enfants.

      R.
    Citation:


























    ~ Saint-Claude, le 20 octobre 1468 ~


    Aelaia a écrit:
    Citation:
        Roman,

      Tu dis aujourd’hui que tu ne prendrais pas le même chemin simplement parce que tu te sens bafoué et trahi, mais tu l’as dit toi-même, cela te passera et tu te laisseras guider par de nouveaux espoirs, qui, cette fois, ne seront pas vains. Je te le souhaite sincèrement, tu sais… Parce que malgré tout, je ne regrette pas une seule seconde de ces deux mois estivaux que tu m’as offerts. Sans doute n’était-ce pas le moment, le lieu. Dans une autre vie, sur d’autres sentiers...

      Je suis ravie d’apprendre qu’Archibalde est présent pour toi. Je crois, effectivement, que ses conseils sans pitié te garderont sur une bonne pente, et je l’en remercie. Il ne m’a pas écrit, non. De quoi voulait-il me parler ?

      Pour ma part, je voyage toujours en compagnie de Laudry, le frère d’Ophélie. Il m’a été, depuis mon départ de Limoges, d’un soutien inattendu mais réellement précieux ; si je n’ai pas sombré, c’est grâce à lui, et pourtant, mille fois, j’aurais dû… j’aurais pu. Ne t’inquiètes pas, je vais mieux et j’en déduis que l’enfant que je porte, aussi. Il veille sur moi autant que je veille sur lui. Nous observons toujours les frontières italiennes de loin ; la future mariée que nous devions accompagner en Savoie semble être tombée malade et il nous a été impossible de continuer le voyage. Je me tiens éloignée d’elle.

      Je voulais aller voir la mer, pour m’apaiser, et je me retrouve à gravir des montagnes – drôle de virage, non ? Je ne crois pas que nous irons jusqu’en Italie – je ne sais, pour être honnête, pas du tout où je serai demain, je me laisse porter au gré des vents –, cependant, mais j’utiliserai ton nom s’il peut me protéger et m’être utile. Autant que ce mariage éphémère trouve une utilité…

      Et toi, que vas-tu faire en Italie ? Retrouver ta famille ?

      Merci de me donner des nouvelles de ce petit monde, même si, je ne vais pas te mentir, avoir des nouvelles de membres de la famille Malemort ne me fait ni chaud ni froid. Donne m’en plutôt de ma famille. Circey ? Mes parents ? Sont-ils toujours à Limoges ? Comment vont-ils ?

      Pour le berceau, j’ai hâte de voir le résultat, je ne doute pas que tu y mettes du cœur à l’ouvrage. J’ai collecté, au fil de mon voyage quelques coquillages trouvés au bord de lacs, cailloux colorés récoltés en forêt, pour confectionner un mobile à suspendre au berceau. Si je trouve suffisamment de matière, j’envisageais d’en fabriquer pour les enfants à venir de ta sœur et de sa sœur.

      Je suis encore en vie. Mes tentatives fonctionnent.

      Ael

      PS : J’aurais aimé que ce soit moi avec notre enfant, mais ce ne sera pas le cas, Roman.
    Citation:





















_________________
Aelaia

~ Correspondances entre une commère et une pipelette ~


    A son départ de Dijon, où elle avait passé quelques jours à sympathiser avec Soare, l'homme aux multiples casquettes ; tantôt tavernier, tantôt rabatteur pour la Maison Close locale, le tout en passant par directeur d'une Arène de castagne et d'une Boutique de peinture - c'est qu'il devait pas s'ennuyer beaucoup la Valaque - elle avait fait promettre au brun de lui écrire, et elle avait promis de repasser pour l'ouverture de l'Atelier des Belles. Bon, ok, elle avait écrit la première, mais c'était juste parce qu'elle était polie, vous enflammez pas. Elle l'appréciait plutôt pas mal, malgré tout.


Aelaia, le 15 octobre 1468 a écrit:
Citation:
      Soare,

    Une promesse est une promesse, et d’ordinaire je ne m’engage pas lorsque je sais que je ne pourrais les tenir. Or, je crois avoir été quelque peu optimiste quant à la durée du trajet et bien que je voyage à cheval, je ne peux me lancer à toute allure – petit coquillage à préserver tout de même !

    J’ose espérer pouvoir arriver ce soir avant que tu ne fermes les portes ; ou peut-être me feras-tu faire une visite, rien que pour moi ? Il me tarde de découvrir votre travail et toutes ces œuvres d’art !

    Je n’ai amené aucune de mes amies – elles sont de ce style un peu trop guindé qui risque de t’horripiler. Mais il va de soi que j’ai parlé de l’Atelier dans mon entourage !

    A ce soir, si les chemins le veulent,

    La plus jolie des ivrognes,


    PS : Une semaine de passée, et toujours pas dans les bras de mon futur ex mari. Je tiens le bon bout !
Citation:
















Soare, le 15 octobre 1468 a écrit:
Citation:
      Ma belle ivrogne,

    Tu vois, tu as fini par écrire en premier. Il faut un début à tout.

    Ne te presse pas, si tu n'arrive pas aujourd'hui tu peux venir plus tard. Ce n'est que l'ouverture et je ne suis pas certain qu'on aura beaucoup de monde, voir personne en fait.

    Pour tes amies, ce n'est pas moi qui ferait l'accueil et la plupart des coincées ont de l'argent alors au contraire emmène les. Je serais ravi qu'on les deleste de quelques écus.

      S.

    P.S: La plus jolie, ne t'emballe pas non plus.
    P.S: Tu as fini par lui écrire ? Il t'a répondu ? T'as couché avec l'amant abandonné?
Citation:














Aelaia, le 15 octobre 1468 a écrit:
Citation:
      Soare,

    Si je t'écris la première, c'est certainement parce que ta lettre a du se perdre quelque part en chemin vers le Franche-Comté. Je ne vois pas d'autres solutions, puisque tu avais bien évidemment écrit pour prendre de mes nouvelles. (Ne répond pas, j'aime bien penser cela, et on ne contredit pas une femme enceinte, parait qu'elles montrent les crocs, sinon ! Terrifiant. Vraiment.)

    Pourquoi dis-tu que vous aurez personne ? Bien sûr qu vous aurez du monde, mais ils observent de loin. Les gens sont parfois un peu trop timide. Ou peut-être est-ce ton fameux fessier à l'éloge international qui intimide les presques téméraires ? Fais gaffe, tu risquerais de faire des jaloux et des jalouses.

    J'ai laissé les nobles à leur place. Passer la journée à entendre les terribles malheurs de Madame la Princesse qui a écorché le bout de sa botte en poussant du pied un mendiant ou bien qui s'inquiète de savoir si les fleurs rouges seront bien rouges dans le jardin de madame la Marquise, trop peu pour moi. Je préfère écouter le chant des oiseaux mêlé au bruissement des feuilles... Bref, elles viendront plus tard, t'en fais pas !

      Ael


    PS : Peut-être pas la plus jolie, mais je me défends pas trop mal ?

    PPS : Je lui ai répondu, il m'a répondu et je lui ai re-répondu. Aussi piquante qu'une rose, parait-il.

    PPPS : On aurait pu, mais la belle ivrogne et l'amant saoul l'étaient justement trop. Ce n'est que partie remise !
Citation:

















    Soare, le 17 octobre 1468 a écrit:
    Citation:
        Ivrogne,

      J'allais pas parler de tes plans fesses devant les autres alors, t'en es où maintenant ?

      Le mariage été bien ? La mariée a pleurniché ?

        S.
    Citation:









      Aelaia, le 20 octobre 1468 a écrit:
      Citation:
          L'artiste,

        Tu m'as vraiment trouvé le plus honteux des surnoms. Sincèrement. En plus je picole moins que toi. Ivrogne.

        Alors comme ça, mes histoires de fesses t'intéressent ? Pour elles, c'est le calme plat, navrée de te décevoir. Elles restent au chaud sous mes jupons.

        Pour ce qui est de l'amant de la mariée... Je joue un peu avec le feu, je l'avoue. Après une soirée fidèle à ma réputation, il y aurait eu rapprochement - malheureusement, je ne m'en souviens pas, c'es con, n'est ce pas ? Alors on a retenté l'expérience, sobres. On profite que la grande jalouse de future princesse soit alitée par je ne sais quels maux...

        Le mariage n'a pas encore eu lieu, et j'avoue ne pas m'y être intéressée. Mais j'ai hâte de la voir pleurer. Je tenterai de cacher mon sourire dans les mille froufrous de ma robe de meringue engoncée.

        A vite,

          Ael
      Citation:















        Soare, le 20 octobre 1468 a écrit:
        Citation:
            Ivrogne,

          Je bosse dans un bordel, les histoires de fesses ça me connait.
          Mais t'as raison, garde tout ça au chaud, devient pas une trainée comme la Putain de France.

          Pour la future mariée et sa jalousie combien paris tu pour que ses soit disant maux soient une grossesse ? Vraie ou pas, elle est capable de le dire pour que son amant reste à ses pieds comme un chien.
          Elle aura qu'à tomber ensuite enceinte de son mari et si ça traine trop elle aura qu'à dire qu'elle l'a perdu et se fera consoler par son toutou.

          Elle ne va pas pleurer, elle va devenir princesse, l'autre n'a rien à lui offrir à par sa queue et ses attentions qui la font se sentir reine avec son bouffon.

          Porte une robe rouge.

            S.
        Citation:















          Aelaia, le 22 octobre 1468 a écrit:
          Citation:
              Soare,

            Je n’ai pas l’intention de lui faire concurrence, t’en fais pas. Je n’ai peut-être pas de couronne sur la tête, mais j’ai bien plus de classe et de jugeote que la fameuse Putain de France - comme tu dis. Tu sais, je crois que Roman s’en mord aujourd’hui les doigts et qu’il est bouffé par les regrets…

            Pour la future mariée, je ne crois pas qu’elle le soit. Elle dit vouloir se préserver pour le futur époux, et impose, en attendant, à l’amant (ancien amant ?) de dormir tout contre elle sans la toucher. Aussi amoureux puisse-t-il être, elle est en train de le perdre… et depuis deux jours, ce n’est pas dans ses bras à elle qu’il dort. Le charme breton a opéré, et si elle l’apprend, je crois qu’on est bon pour le bûcher…

            J’ai prévu de porter une robe rouge ; celle de mon mariage. Pleine de froufrous de noblesse et de petits fils brillants (il était blindé, mon ex époux, et je ne l’ai su qu’au jour du mariage).

            A bientôt, si nous arrivons à passer entre les griffes des brigands – nous essayons de remonter vers Dijon, mais les routes fourmillent de malfrats…

              Ael


            PS : Je t’en prie, trouve-moi un surnom plus joli, tu picoles plus que moi, en plus !
          Citation:















            Soare, le 22 octobre 1468 a écrit:
            Citation:
                Ivrogne,

              Il regrette la Putain ou sa femme ? C'est loin d'être la même chose.
              Je suppose que de ton côté tu ne compte pas retrouver ton mari pour redonner un semblant de visage à ta famille.

              La future mariée est stupide mais l'amant l'est encore plus. Je me doute que tu vas ou que tu as couché avec car tu étais partit pour le faire mais franchement, j'espère qu'il se la joue pas grande gueule virile le reste du temps parce que c'est une vraie couille molle.
              Le charme breton ou le siens en tout cas parce qu'il te faut pas grand chose pour succomber entre ton mari volage et l'amant frustré.

              Tu pense arriver quand?

                S.


              P.S: Il vaut mieux que tu garde Ivrogne
            Citation:















                Vexée par cette dernière lettre, elle n'avait pas répondu. Allez savoir s'il s'agissait d'une question d'hormone made in Coquillage ou une simple vexation de l'égo, mais elle avait décidé de le bouder quelques jours. Bouh, la mauvaise !

              _________________
              Aelaia

              ~ Macôn, le 27 octobre 1468 ~


                Bientôt deux mois que la vie de la châtaigne avait basculé et pris un tournant qui n'avait fait que lui tordre l'âme et le cœur, mais le temps passait, et peu à peu ces derniers reprenaient vie et envie. Et si beaucoup de monde lui manquait, c'était à ses cousines qu'elle pensait ; les deux Cortez au ventre rond. Elle prit alors la plume pour, enfin, prendre de leurs nouvelles.


              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Eliza,

                Je sais avoir tardé à t’écrire et j’en suis navrée. Au début, j’ai préféré prendre mes distances avec tout ce qui me rappellerait Limoges, mais le temps a passé et je n’ai pourtant pas écrit. Je me rattraperai, promis.

                Alors que la courbe de mon ventre s’arrondit jour après jour, je pense à toi, ainsi qu’à Aurore. Comment te portes-tu ? Roman m’a écrit que tu étais en Touraine avec Tynop ? Si mes calculs sont corrects, tu dois bientôt être à terme ? Ne te fatigue pas trop, et prend soin de toi, Eli. J’ai hâte de rencontrer mon cousine ou ma cousine…

                Pour ma part, je voyage toujours en compagnie de Laudry ; nous sommes devenus en quelques sortes inséparables, et il m’a vraiment aidé à retrouver le sourire, et je ne vais pas te mentir, ce n’était pas gagné, au début. Bref, laissons le passé au passé, n’est-ce pas ?

                Aujourd’hui, je vais bien et je me plais bien en Bourgogne – la région est agréable et les vins y sont excellents, je t’en ramènerai quelques bouteilles. Je devais assister à un mariage princier en Savoie, et celui-ci s’est finalement transformé en mariage précipité ; une sacrée longue histoire que je te conterai certainement un jour. Mais pour résumer, Laudry va se marier avec l’ex future princesse qui lui a volé son cœur il y a de ça presqu’une décennie. Drôle de virage, non ?

                A bientôt,

              Citation:














              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Aurore,

                Je prends enfin le temps de t’écrire quelques mots et je m’excuse sincèrement d’avoir pris tant de temps à t’écrire. Il m’a fallu au début prendre du recul, et après les jours sont passés si vite que je n’ai eu le temps de les voir passer…

                Alors que mon ventre s’arrondit doucement, un peu plus chaque jour, et que le charme Cortez semble faire des victimes – je te ferais quelques confidences lorsque je passerai te voir à Tours prochainement je pense – je pensais à toi et au petit descendant Cortez-Cassel en confection dans ton giron. Comment vas-tu ? La grossesse ne te fatigue-t-elle pas trop ?

                Je suis de retour en Bourgogne après quelques jours passés en Savoie avec Laudry, encore et toujours, et sa future épouse. Je ne vais pas te mentir, je ne l’apprécie guère, d’autant plus depuis qu’elle m’a dit être la cousine de Maximilien. Mais je fais des efforts, parce que c’est une vraie teigne et que Laudry semble l’aimer. Je pense rejoindre Tours d’ici quelques semaines, après le fameux mariage impromptu, si vous pouvez toujours m’y accueillir ? J’ai un cadeau pour toi (et pour Eliza aussi, mais j’ai oublié de le lui dire dans la lettre que je viens de faire partir).

                A vite,

                Je t’embrasse,

              Citation:














                Eliza, aussi rapide que son ombre répondait déjà...



              Eliza a écrit:
              Citation:
                  Ael,

                Je ne t'ai pas écrit non plus, nos derniers échanges ayant été glaciaux, je ne peux te reprocher le manque de nouvelles.

                Aurore a accouché il y a moins d'une semaine, je l'ai secondé du mieux que j'ai pu, et elle a donné naissance à un enfant frêle et fragile, né bien trop tôt dans un monde de brutes. Elle le veille avec attention et s'en occupe comme le lait sur le feu, ce qui éteint mes inquiétudes.
                Pour ma part, je suis fatiguée, je sais que l'accouchement approche, j'ignore quand, mais il approche.
                J'étais en Touraine, mais je suis rentrée en urgence en Limousin, seule. Pas besoin que tu me fasses la morale, je vais bien et suis en vie, c'est tout ce qui compte.
                Si ça peut te rassurer, Roman va partir en Italie d'ici la fin de la semaine, il ne va plus être à Limoges pour quelques mois.

                Tu sais, les mariages sont sans doute voués à l'échec à y songer. Dans quoi nous sommes nous embarquées ?

                Prends soin de toi.

              Citation:















              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Eliza,

                L’on ne sait jamais de quoi sera fait demain, et je m’en voudrais que nous restions fâchées pour des raisons qui m’échappent. Nos derniers échanges ont été bien trop froids pour des raisons bien trop ridicules, et je m’en excuse. Sans doute me suis-je mêlée de sujets qui me dépassent et ne me concernent en rien ; pardonne-moi.

                Voilà bientôt deux mois que j’ai quitté la ville de notre rencontre à toutes les deux, et pour la première fois, je me sens seule. J’ai tenu le coup, j’ai affronté quelques-uns de mes démons pour ne pas sombrer, et je vais mieux. Mais plus le temps passe, et plus vous me manquez. Je suis en Empire et je crois que j’aimerais rentrer. Peut-être pas à Limoges, dans un premier temps, mais éventuellement à Tours – je l’ai promis à Aurore et Ezrha. Il faudrait que je trouve une âme charitable pour m’y accompagner, la route est longue…

                Les nouvelles que tu m’écris au sujet d’Aurore ne sont que peu rassurantes, mais je suis certaine qu’elle saura être parfaitement entourée de ses proches et de son époux – j’ai eu l’occasion de voir Ezrha à l’œuvre au début de l’été et je le sais doué à ces choses. Comment se prénomme ce petit ange ?

                Préserve-toi, Eli. J’aimerais être à tes côtés pour te soutenir lorsque ton petit Corleone posera son empreinte dans ce monde de brutes, et pour cela je vais essayer de prendre la route au plus vite. Rassure-moi, tu ne souffres pas ? Cela m’importe peu que Roman soit là ou non – nos relations s’apaisent un peu – puisque c’est toi que je souhaite voir.

                Oh, que s’est-il passé ? Pour que tu rentres seule ? Tu t’es mariée à Tynop ? Que se passe-t-il ?

                Tu me manques, cugina,


              Citation:

















              Eliza a écrit:
              Citation:
                  Ael,

                Beaucoup de questions, je vais essayer de te tenir au courant de tout.
                Je peux te pardonner pour t'être mêlée de ma vie, c'est vrai que tu n'aurais pas dû et que ce n'était pas délicat de ta part, mais je m'en suis remise.

                Roman est encore à Limoges, mais il va bientôt partir avec Alaynna et Archibalde.
                Passe par Tours si tu veux, mais Limoges sera bientôt vidée des Corleone, jusqu'à l'arrivée de papà.
                Aurore ne me répond pas, je lui ai écrit après quelques jours à Limoges, le temps de me reposer et me calmer et elle n'a pas daigné répondre. Tant pis.
                Il me semble que le nom choisi est Thibaud, mais quant à l'orthographe, j'ignore laquelle ils ont choisi, les français sont d'un compliqué...
                Me préserver pour quoi Ael ? Je sens que ça ne devrait plus tarder, les inconforts, petites douleurs, agitements particulier dans mon ventre la fatigue... Tout m'indique l'échéance proche.
                Tu ne seras pas là quand ça arrivera, ni Tynop, ni Roman, encore moins Gabriele.

                Je suis en effet mariée à Tynop, nous avons fait ça en secret en Touraine, seul Archibalde et l'officiante étaient là. Et comme une bonne nouvelle s'accompagne d'une mauvaise : nous nous sommes disputés et j'ai décidé de rentrer.
                Lui non plus ne daigne pas me répondre, et je m'apprête alors à être une mère seule, le rêve.

                Fais attention à toi,

              Citation:


















              _________________
              Aelaia

              ~ Dijon, le 29 octobre 1468 ~


              Laudry a écrit:
              Citation:
                  Ael,

                Tu seras sans doute étonnée de ne pas me trouver ce matin ni en taverne, ni à l’auberge, ni même aux écuries. Et ce n’est pas la peine de me chercher dans toute la ville parce que je ne serais pas là.

                Avec ce qu’il s’est passé hier, je me fais l’effet d’un parfait salaud et je ne peux plus me regarder dans la glace. Brunehilde ne méritait pas ça, oh non, elle ne le méritait pas. Mais moi, sombre crétin, je me suis laissé happer par le pêché de chair et pour quoi au juste, faire gratuitement du mal à la personne pour qui j’avais le plus de respect, pour qui mon cœur battait.

                Aujourd’hui, mon cœur et mon âme souffrent alors j’irais panser mes plaies… seul. Je ne veux voir personne, je ne veux pas qu’on me parle, qu’on m’aide, qu’on me tire vers le haut. Je veux juste qu’on me foute la paix et advienne que pourra.

                Si la mort est au rendez-vous alors j’aurais expié le mal que j’ai fais à mon âme sœur.
                J’espère simplement que la vie lui sera plus douce sans moi à ses côtés.

                Prends soin de toi et de ton coquillage. Dans quelques mois tu pourras admirer son joli minois avec son père et vous dire que vous êtes bénis par le Très-Haut autant que par tes dieux.

                A un jour peut être.

                Avec toute mon amitié

                  Laudry
              Citation:




















              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Laudry,

                Tes mots ont le même parfum que ceux que tu m’avais écrit alors que tu me laissais seule, bancale comme une chaise à laquelle on aurait retiré un pied, il y a de cela un mois. Cette fois-ci, leur goût est empreint d’amertume et de tristesse, et ils m’entrainent dans une nouvelle chute de cet escalier si abrupt.

                Lau, si tu savais comme je m’en veux. Oui je m’en veux de t’infliger cela, parce que dès que je passe quelque part, je ne fais que détruire. Encore. Et encore. Pourquoi est-ce que notre amitié ne m’a-t-elle pas suffi ? Elle était si belle et sincère… Et il a fallu que mes lippes frôlent les tiennes, et comme des lèvres goûteraient au fruit défendu, je t’ai entrainé avec moi dans ma déchéance. Et je n’ai pas su y résister, comme l’on deviendrait dépendant à un poison, fatal. Jamais je n’aurais dû te demander de venir me chercher à Dijon. Jamais. Je n’aurais pas dû répondre à mes envies… Elles ont ce foutu pouvoir de tout gâcher. Toujours. C’était beau, mais ce n’était pas pour nous, pas pour moi. J’ai tout brisé et je t’ai brisé.

                Aujourd’hui, si ton cœur et ton âme souffrent, c’est entièrement de ma faute. Ce n’était pas à toi de partir. Je t’avais dit que je partirais une fois arrivés à Dijon, pour vous laisser le temps de vous découvrir… officiellement. Je t’ai entrainé avec moi dans le pêché, et je m’y suis laissée prendre.

                Prend le temps de panser tes plaies, prend tout le temps qu’il te faudra. Je sais qu’il n’est pas facile d’adoucir ses peines mais je t’en prie, promet-moi de ne pas faire de choses insensées et irréversibles. Laisse-moi une nouvelle chance, un jour, d’être l’amie, et juste l’amie, qui saura trouver les mots. Les mots qui font du bien, ceux qui font mal, les mots qui sont vrais. Les mots d’une amie.

                Prend le temps d’apaiser ton esprit, ton cœur et ton corps, mais prend soin de toi. Et par pitié, donne-moi des nouvelles qui sauront me rassurer. Tes dernières paroles m’inquiètent, non la mort ne sera pas au rendez-vous. Si elle veut t’emmener, elle devra me prendre d’abord, parce que je suis la cause de tous tes soucis. Ecris-moi, même si ce n’est pas aujourd’hui, que tu vas mieux. Que tu es heureux...

                On a tous besoin d’une personne qui nous rappelle à quel point la vie est belle et vaut la peine d’être vécue. Tu es cette personne pour moi. Laisse-moi être celle qui te le rappellera.

                Reviens vite, tu me manqueras, Lau.

              Citation:


















              Brunehilde a écrit:
              Citation:
                C'est de votre faute ! Tout, absolument tout est de votre faute.

                Vous devez vous réjouir, savourer votre triomphe tout en faisant mine d'être affectée.

                J'ai su, dès l'instant où je vous ai vu, déceler la vipère tapit derrière votre visage d'ange. Joli masque que vous portez là ! Croyez bien que je n'oublierai jamais qu'il m'a coûté mon bonheur. Jamais !

                Et s'il n'y avait la protection de Félis à assurer, croyez bien que je vous planterai là vous et vos sourires hypocrites.

                Nous irons donc à Dole, ensemble, puisqu'il me faut vous souffrir encore. Mais n'escomptez aucune amitié de ma part, n'attendez ni n'espérez rien de moi. Et ne vous adressez plus jamais à moi. Pour quoi que ce soit. Il n'y a pas de réconciliation possible entre nous. Et il n'y en aura jamais.

                Vous m'avez pris mon tout, ma vie, ce que j'avais de plus precieux... Que le sans nom vous emporte !

                Soyez damnée,

                  B.
              Citation:















              _________________
              Aelaia

              ~ Dole, le 31 octobre 1468 ~


                Au fil des discussions, les verres se vident et se remplissent ; décidément, Dole était une ville où l'on finissait rarement sobre à la fin de la journée et ce jour avait encore montré le pouvoir dolois. Le matin, la silhouette Saint-Valéry s'était détachée sur un paysage morose et bien qu'elle en mourait d'envie, elle se retint d'aller le serrer dans ses bras se rappelant les mots écrits sur sa dernière lettre. Il avait besoin de temps. Elle devait le lui laisser, pour faire ses choix, et refermer la brèche. Elle serait là, le jour où il aurait besoin, comme elle le lui avait écrit. Il était vivant, rien d'autre n'importait à ce moment. Sentiment de solitude qui envahit l'âme bretonne, c'est dans la discussion avec le masqué sans nom qu'elle trouvait un peu de gaieté. Maskaradenn n'était pas si flippant, au final - du moins, c'est ce qu'elle pensait encore à ce moment là...

                De retour dans sa chambre, la lettre pour sa jolie Helvie fut envoyée vers l'Anjou tandis qu'elle se mit à rédiger quelques nouvelles lettres. L'une pour sa cousine, Aurore ; l'autre pour la commère dijonnaise. Ce soir, après l'expérience nocturne au cimetière avec Merance pour la Nuit des Morts, la petite Châtaigne prendrait la route vers la Touraine pour y retrouver un petit peu de sa famille.

                C'est du moins ce qu'elle pensait... Elle n'était pas à Dijon le lendemain. Non.



              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Aurore,

                Eliza m'a annoncé la nouvelle, Thibaud est un très beau prénom.
                Je prends la route ce soir depuis Dôle, je serai là dans quelques jours pour rencontrer votre merveille.

                A vite,

                Je vous embrasse,

                  Ael
              Citation:











              Aelaia a écrit:
              Citation:
                  Soare,

                Ni l'une ni l'autre, enfin je crois. Je pense qu'il regrette de m'avoir embarquée là dedans, et de m'avoir piétiné le cœur pour au final se retrouver tout aussi bafoué. Au final, ces histoires de destin qui nous rattrape, il n'y a pas que du faux.
                Je ne compte pas ramper comme un vers ou récupérer les miettes comme un cafard sous prétexte de redonner un semblant de visage à ma famille. Ce n'est pas à moi de le faire, et s'il avait voulu le faire, il en avait tout le loisir. Mais il ne l'a pas fait, donc... Ma famille sera une famille à deux entités, ce sont des choses qui arrivent, et je m'en débrouillerai.

                Tu parles de Laudry sans le connaitre, Soare... Et peut-être ne t'ai-je pas décris le meilleur de son portrait. Il n'est pas une grande gueule, ni une "couille molle" comme tu l'écris si poétiquement. Il assume pleinement ses décisions et ses paroles - il n'est pas mon ami pour rien, je les choisis parmi les meilleurs, oui, oui - quand bien même cela est contre sa propre nature. Il est droit et honnête et a bien plus de caractère que tu ne sembles le penser. Bref, il a fini par partir, quelques jours, pour prendre du recul, et à son retour, il a semblé avoir choisi la Princesse qui a annulé son mariage princier pour lui. C'est sans doute une belle preuve d'amour que de risquer d'abandonner titres et famille pour un homme. Je n'avais pour ma part qu'une amitié à offrir. Cela ne pèse pas lourd dans la balance.

                Et depuis, je me dis que j'aurais du museler le charme breton parce que je crois qu'il m'a fait perdre un ami qui m'était précieux et que les retour arrière n'existent que dans nos pensées. Je parle bien du charme breton, mais il ne fonctionne que parce le charme du "mari volage" et de "l'amant frustré" font eux aussi leur effet.

                J'ai besoin de vider quelques fûts et de t'entendre me dire que j'ai merdé. Je serai à Dijon demain à l'Aube. Je pars ce soir.

                  A.
              Citation:













              Soare a écrit:
              Citation:
                  Ivrogne,

                On parlera de tout ça autour d'un verre.
                T'es où ? Personne t'a vu arriver.

                  S.
              Citation:







              Soare, le 3 novembre 1468 a écrit:
              Citation:
                  Ivrogne,

                T'as jusqu'à ce soir pour me répondre sinon je lance l'opération Barrique.

                  S.
              Citation:





              _________________
              Aelaia

              ~ Correspondances d'Est en Ouest entre une Ivrogne et un Tavernier ~


              Soare a écrit:
              Citation:
              De Soare,
              Dijon, le 9 décembre 1468



                  Belle Ivrogne,

                Comment tu vas ? Le moral est remonté ?
                Je suis rentré à Dijon il y a quelques jours alors tu peux venir chercher tes affaires quand tu veux à moins que tu préfère que je te les envoie ?
                Tu as des lettres en plus de tes effets.

                Fais attention à toi.

                  S.

              Citation:













                  Aelaia a écrit:
                  Citation:
                  De Aelaia,
                  Bordeaux, le 10 décembre 1468



                      Grande commère,

                    Te lire me fait plaisir, même après de longues semaines sans nouvelles et sans me voir vider tes fûts, tu ne m'oublies pas, hé ! Sois rassuré, je vais mieux. Vraiment. Les marques physiques ont toutes disparues, ou presque, et les séquelles morales s'effacent peu à peu. Je suis bien entourée et choyée comme jamais, je dois l'avouer. Et je vais même dire que j'en profite plus que nécessaire. Tant que ça marche, après tout...

                    Je suis partie depuis une petite dizaine de jours voir l'Océan avec Helvie. On avait toutes les deux besoin de prendre le large de de respirer un peu, je crois. Jehan, son abruti d'ex mari, a voulu nous suivre pour assurer notre sécurité, et devine quoi ? Il s'est cassé en nous laissant en plan à Bordeaux. Tu parles d'une escorte... Pour couronner tout ça, on a eu une "panne de charrette" hier. Histoire de boucler la boucle, quoi. Mais à part ça, je vais bien.

                    Je préfère éviter encore quelques temps les chemins qui me rapprocheraient de l'Empire. Tant qu'on n'en sait pas plus sur ce qui a pu m'arriver, en tout cas, mais promis, je viendrais faire gonfler ton chiffre d'affaire dès que je me sentirais plus sereine... Par contre, tu sais que tu es toujours le bienvenu pour une livraison de mes affaires ? Je te dois quelques fûts et ça me ferait vraiment plaisir de te revoir. Je pense que j'aurais beaucoup de choses à te raconter.

                    Je fais attention à moi, fais en de même. Il parait que je t'apprécie.

                      A.

                  Citation:
















                      Soare a écrit:
                      Citation:
                      De Soare,
                      Dijon, le 11 décembre 1468



                          Belle Ivrogne,

                        J'oublis pas les amies surtout quand je me suis fait chier à essayer de les retrouver. Je te parle pas du pauvre mot de ton mari pour me dire qu'il t'avait trouvé. Même pas un merci ce bâtard alors que sans moi il aurait même pas été au courant.

                        Helvi a toujours aimé les cons. Elle s'est bien laissée engrosser par moi avant de le buter.
                        Jehan est un abruti c'est pas nouveau. Et si je suis con j'aurais pas laissé ma femme en plan alors que je suis censé la protéger. Y'en a qui ont le sens des priorités, j'espère pour lui que c'était parce qu'on violait sa mère qu'il s'est tiré.

                        La charrette est réparée ? Vous avez beaucoup ? Vous êtes que toutes les deux ?

                        Je verrais quand je passe te voir à Limoges. Matt est malade je préfère la garder au chaud que la faire voyager. Tu pourras dire à ta copine que le connard égoïste il prend soin de son épouse LUI.
                        Franchement quand je te cherchais elle m'a soulé à se victimiser et chercher des poux dans les mots alors que je lui demandais juste si elle avait de tes nouvelles. Bordel celle-là elle a un besoin de toujours vouloir attirer l'attention sur elle alors que c'est toi qui étais en danger. Remarque elle s'est bien trouvé avec Jehan ils ont le même sens des priorités. Et après c'est moi l'égoïste.

                        Je fais toujours attention.
                        Gaffe à toi et au mini-toi.

                          S.

                      Citation:




















                          Aelaia a écrit:
                          Citation:
                          De Aelaia,
                          Castillon, le 11 décembre 1468



                              Soare,

                            Si je te remercie mille fois, que je bats des cils, que je fais de grands sourires et que je te tiens compagnie à ton comptoir un de ces jours, arriverais-tu à faire l'impasse sur ce "pauvre mot" ? J'ose croire qu'il l'ait écrit à la hâte avant de repartir vers l'Italie.

                            Si Helvie a pour habitude de s'enticher des cons, j'espère ne pas avoir cette fichue manie de les apprécier avant d'être déçue. Au début, je ne voyais pas cela d'un bon œil qu'il nous accompagne ; je ne voulais pas tenir la chandelle alors que tout se délite et que dans ma tête, c'est un bordel sans nom. Elle a su me convaincre d'accepter, j'ai même fini par l'apprécier, et au final, je repars complètement dégoûtée. Je ne suis d'ailleurs pas la seule. Si sa mère s'appelle l'Anjou, on peut dire que ça se tient, mais ça n'est pas le cas. Il s'est soi-disant barré pour aller faire la guerre dans un duché fantomatique qui se meurt et qui risque de se faire écraser par nos armées. Tu me fais pas un coup pareil, hein ? J'ai pas envie d'être déçue.

                            La charrette a été réparée et nous avons pu repartir à la nuit tombée. Gioseppo, un des hommes de main de Roman qui nous accompagne, a trouvé de quoi réparer la roue brisée dans un bourg à quelques lieues de là où nous nous trouvions. Donc nous ne sommes pas vraiment toutes seules, mais c'est pour le principe. On ne propose pas d'escorter deux jeunes femmes pour se barrer comme ça sans préavis. Il aurait au moins pu nous proposer de nous raccompagner. J'ai vendu quelques objets de valeur sur la côte, j'espère ne pas faire de mauvaises rencontres... Pour la peine, nous rentrons plus tôt que prévu à Limoges.

                            Matt est malade ? Rassure-moi, rien de grave ? Vous avez vu un médecin ? Prend soin d'elle, et vous viendrez quand tout ira mieux.

                            Je fais gaffe, je lui fais découvrir l'Océan.
                            Je t'embrasse.

                              A.


                            PS : Je ne répondrais pas aux piques sur Helvie. Je sais que c'est pas rose entre vous, je sais que l'un et l'autre vous ne vous supportez pas. Je refuse de m'en mêler parce que je vous aime bien, tous les deux.

                          Citation:



















                              _________________
                              Aelaia

                              Mais son arrivée me tourmente, et pourtant
                              Je me croyais plus forte, usée par notre époque
                              Mes plaies s'ouvrent pour lui, ne faut-il pas que je m'emporte
                              Le vent souffle vers l'est, de rire et de caresse
                              Je tangue autrement.

                              Somnambule, Cœur de Pirate





                              ❈❈❈




                                ~ Quelque part aux alentours d'Aurillac, le 30 décembre 1468 ~


                                Citation:


                                    Ael,


                                  Je voudrais te demander pardon… pardon pour mon comportement, pardon de t’avoir infligé mes sentiments, pardon de ne pas avoir su gérer ton refus, pardon pour tout ce que je ne suis pas et surtout pardon d’avoir pu te causer de la peine.

                                  Je n’ai jamais su être à l’écoute de l’autre, je n’ai jamais su aimer correctement, je n’ai jamais su faire attention à l’autre et aujourd’hui, je ne suis même plus capable d’être l’ami que tu voudrais… j’aimerais… je t’assure que j’aimerais mais je n’y arrive pas. J’ai tellement peur pour toi, pour ce que tu t’apprêtes à vivre, à offrir à Roman alors qu’il t’a fait tellement de mal…

                                  Tu sais très bien que malgré tout ce que je t’ai dis, je serais toujours là pour toi mais… donne-moi juste un peu de temps.
                                  Je sais tes sentiments pour moi et tu sais les miens et j’ai peur qu’en restant auprès l’un de l’autre nous tombions encore dans nos bras et… je doute que tu me le pardonnes… Tu t’en veux déjà alors que nous avions juste l’impression de profiter de la vie et que je pensais aimer Brunehilde alors face à Roman… cela te perdrait à jamais et je ne le souhaite pas, au contraire. Je ferais tout pour te protéger contre toi-même et contre moi.

                                  Mon Orionide, promets-moi juste de faire attention à toi et à coquillage et si tu as besoin, un jour, d’un abri pour vous deux, je t’accueillerais les bras ouverts. Je n’ai pas eu beaucoup de femmes dans ma vie mais Babeth et toi vous êtes les rares pour qui je donnerais ma vie.

                                  Je t’aime Ael et je t’aimerais sans doute toute ma vie mais je sais maintenant que tu ne m’es pas destinée… alors profite de la vie comme je te l’ai toujours conseillé et j’admire ta façon de mettre tout ça en pratique…

                                  File dans le ciel mon orionide, nous nous retrouverons peut être un soir d’été sous la voie lactée.

                                  Je te laisse là, de mes pensées comme de moi-même car si nous continuons à faire route ensemble même de loin, on risque de se faire du mal, trop pour oublier…

                                  A jamais

                                    Laudry



                                ~ Sur les routes du Rouergue, en pleine cambrousse, le 11 janvier 1469 ~


                                Bretonne était assise sur la couche de fortune que Roman avait confortablement installée pour la jeune femme aux courbes qui ne laissait nul doute à la future maternité à venir. A l'abri de la morsure du froid et des intempéries, sous les toiles tendues d'une tente, elle profitait d'un moment solitaire pour, enfin, répondre à celui qui fut son ami le plus proche avant d'être son amant lors de quelques moments d'égarement.

                                La lettre trônait sur le dessus de la pile de courriers qu'elle aimait à garder soigneusement dans sa besace, pour le plaisir de les relire, ou tout simplement pour la valeur que ces derniers avaient à son cœur. De bien trop nombreuses fois, elle avait été lu, relue. Chaque mot avait été décortiqué, mémorisé. Lecture, relecture. Encore. Et chaque fois, elle avait fait face à une page blanche. Terrible page blanche, quand pourtant les mots étaient lourds de sens et méritaient une réponse digne de leurs confidences. Elles avaient été nombreuses les feuilles à se muer en cendres quand les paroles écrites n'étaient pas à la hauteur. Et à mesure que les jours s'égrenaient, la culpabilité de le laisser ainsi sans nouvelle de sa part s'immisçait entre la plume et le vélin. Seule, à attendre le retour du chasseur, elle se prit en main, et l'encre se déversa avec sincérité sur le réceptacle.

                                Elle lui en avait d'abord voulu. Oui, en lui ouvrant les yeux sur ce qu'elle se refusait à entendre depuis de longues semaines, cela lui explosait littéralement à la figure. Elle ne pouvait plus faire la sourde oreille, et le temps d'assumer était venu. Le temps d'assumer sa décision, de choisir entre les deux hommes qui avaient marqué, chacun à leur façon, sa vie.

                                Femme de paroles, la Châtaigne respecterait la promesse faite à l'Italien. "Je t'attendrai".

                                Elle savait, elle savait parfaitement que sa décision en blesserait un, et quand cela lui vrillait les entrailles, la décision était nécessaire. L'honnêteté, tout autant. Et enfin, les mots vinrent se lier au papier. Enfin, le vélin s'envola vers son destinataire.

                                  "Pardonne-moi, Lau. Je t'en prie, pardonne-moi..."




                                Citation:



                                    Laudry,


                                  Pardonne mon silence et mes mots, pardonne-moi mes décisions. Pardonne-moi ces instants d’incertitude et ces questions sans réponse.

                                  Cent fois, j’ai dû relire tes confessions pour, enfin, les graver à mes pensées. Pour enfin les digérer, puis les accepter. Pour accepter qu’après tous ces moments que nous avions partagés, j’étais aujourd’hui l’unique coupable à ton mal-être. Pour qu’accepter qu’en ta présence, il m’était impossible de raisonner correctement. Que cette spontanéité qui nous a autrefois rapproché nous divise et nous déchire aujourd’hui. Parce que je sais désormais que cette alchimie entre nous n’était pas qu’un désir charnel. Tu as su, mieux que moi, oser mettre sur le vélin les mots que je n’arrivais pas encore à entendre, à voir.

                                  Me pardonneras-tu un jour ma naïveté et mon impulsivité ? Ces espoirs que j’ai laissé naître au creux de tes entrailles et ces tendresses que je n’ai su retenir quand nos peaux retrouvaient leurs habitudes ? Me pardonneras-tu d’avoir attisé la flamme qui aurait, ô combien été belle, avant d’y asséner un dernier souffle ? Nous l’avions toujours su, Lau. Nous savions, l’un comme l’autre que tout n’était qu’illusion et que nous deux n’étions voués qu’à une succession d’actes manqués. Que tu avais ta vie, et que j’avais la mienne, et que jamais elles n’auraient pu s’épouser. Ma Ael-mat, ton seul défaut, s’il en est un, est d’être entré dans ma vie après lui.

                                  Tu sais, j’ai peur, moi aussi. J’ai peur parce que je ne suis plus l’Ael au bord du vide que tu as dû retenir du bout des doigts afin qu’elle ne sombre pas. Le temps a fait de moi celle qui aujourd’hui te blesse. Peut-être le regretterais-je amèrement et peut-être m’en rendrais-je compte, trop tard, lorsque je t’aurais perdu. Et si un jour cela arrive, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Je n’ai pas le droit de t’infliger cela.

                                  Mes sentiments envers toi sont réels. Je t’aime, Lau. Je t’aime, d’une manière qui, sans doute, n’est pas celle que tu espérais, d’une manière qui n’est pas celle qui aurait pu nous élever au-dessus du monde et qui aurait pu nous faire traverser les tempêtes. Mes mots sont sincères, tout comme mes gestes et mes tendresses l’ont toujours été. Mais j’ai décidé de redonner une chance au père de mon enfant. Il est le premier à avoir affolé mon palpitant, et en cela, il a gravé son nom au cœur de ma caboche. Tu l’as toujours su, tu me l’as toujours dit. J’ai apaisé mes démons et mes rancœurs et j’ai assaini l’amour que je lui porte. Cette fois, je serai prudente ; je le serai parce que ces derniers mois à tes côtés m’ont appris à être plus forte, à montrer détermination et à ne plus me laisser marcher sur les pieds.

                                  Et je t’en prie, cesse de prendre sur toi chacune de nos erreurs, cesse de dire de telles foutaises, tu as supporté mes jérémiades, mes complaintes et mes indécisions. Tu sais aimer, tu sais écouter, alors que moi, je n’ai pas su écouter et voir les signes, je n’ai pas su te protéger de ce que je sais faire le mieux : tout foutre en l’air. Et aujourd’hui, nous nous déchirons maladroitement.

                                  Et si mes mots te blessent, si mes décisions te broient le cœur, et même si ça me fait mal, je dois te laisser partir. Je dois te laisser filer au vent pour panser tes plaies. Je dois cesser d’être égoïste à vouloir te garder auprès de moi alors que je suis incapable de t’aimer correctement, de t’offrir ce que tu mérites pourtant. Je dois te laisser t’en aller…Puisqu’il nous faut nous rendre à l’évidence. Si ce n’est aujourd’hui, si ce n’est demain, nous aurions fini par nous déchirer et nous blesser, sans retour arrière possible. Les voix éclataient chaque jour un peu plus, et le point de non-retour est parfois si proche.

                                  Alors, je t’en prie, Lau, prend soin de toi. Prend soin de ton fils, et surtout, ne me laisse pas te blesser. Ne me laisse pas agir comme une imbécile impulsive.

                                  Je t’embrasse,

                                    Ton Orionide,
                                    Aelig


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                              Aelaia

                              Now and then I think of when we were together
                              Like when you said you felt so happy you could die
                              Told myself that you were right for me
                              But felt so lonely in your company

                              Somebody that I used to know, Gotye




                              ❈❈❈



                                La Bretonne n'avait pas la confidence facile, et seuls quelques rares amis avaient su percer cette faillie carapace qu'elle s'était façonnée. Alors qu'elle aimait à écouter et apporter soutien - parfois silencieux - aux âmes nécessiteuses d'ouvrir leur cœur, elle, elle ne laissait filtrer qu'au compte-gouttes les fantômes d'un passé ou d'un présent qui pourraient la hanter. Laudry avait été l'épaule sur laquelle les larmes avaient pu se répandre et l'oreille à laquelle elle avait su lâcher les mots et les maux qui la tiraillaient alors. Helvie, bien sûr. La question ne se posait pas puisque la réponse était évidente. La Rouquine connaissait toute sa vie, même si dernièrement, force de voyages bien trop réguliers et de péripéties encore plus cadencées, quelques bribes devaient lui manquer - sans doute faudrait-il réparer cela à son retour de Genève. Puis, il y avait eu Kriev. Kriev, ou Vladimir, avait su abaisser les barrières sans même les pousser. C'était une étrange confiance qu'elle offrait à cet inconnu devenu ami en moins de temps qu'il n'en fallait à un papillon pour battre l'aile. Les mots et es silences se passaient de traduction, et par une fraiche soirée d'hiver, il avait été le seul jusqu'alors à entendre l'histoire qui la suivait depuis son enfance. Celle de Laouenan. Celle qui rongeait encore, et pour toujours, les parcelles de son âme.

                                Alors que la délivrance approchait à trop grande vitesse, l'angoisse de l'après ne cessait de lui nouer l'estomac. Alors qu'elle avait essayé de se confier à Roman, l'époux, le futur père... le pragmatique, sur ses peurs... Elle avait fait face à un mur de froideur et de distance. Un "Dans ce cas, je lui raconterai. Je lui parlerai de toi.", là où un "Tout ira bien." l'aurait apaisée. Ses doutes et ses questionnements, elle n'en avait jusque là fait part à personne, s'évertuant à se rassurer, à se dire qu'elle avait pris la bonne décision. Mais avait-elle pris la bonne ? Certains jours, elle n'en était plus si sûre. L'espoir de retrouver les complicités et les douceurs d'autrefois occupait encore bien trop son esprit. La fierté d'avouer qu'elle avait, peut-être, eu tort, encore trop présente. Mais ce matin-là, la plume parla pour elle. L'encre coulée sur le vélin libérait les non-dits, et les confidences... l'apaiseraient, sans doute.


                                Citation:


                                  Kriev,

                                  Je n’ai pas eu l’occasion de te dire au revoir avant que tu ne partes, et je n’ai pas la moindre idée d’où tu te trouves. Que vas-tu faire, maintenant ? C’est idiot, mais je crois que la présence d’un ami, en ce moment, me manque. Dans ces jours si proches de la délivrance où je passe plus de temps seule qu’avec le père de cet enfant, le doute m’habite et la peur m’enveloppe. Un peu.

                                  Je crois qu’après avoir tant espéré son retour, j’ai dû l’idéaliser et imaginer retrouver ce que nous avions aux beaux jours. Un sentiment de déception m’étreint, et je ne saurais dire s’il n’est que passager. Peut-être que la maternité me rend… trop exigeante. Plus que je ne l’étais alors ? Je ne crois pas avoir été femme exigeante. Evidemment, je tiens à lui, à ce que nous avions construit. Evidemment, mes sentiments sont sincères… Mais tout cela me semble lointain, désormais. Et alors que j’ai peur, un peu plus chaque jour, que tout ne se passe pas comme prévu, les mots d’un ami sauraient être précieux, le soutien chaleureux d’un confident. Un simple « tout ira bien ».

                                  Nous partons demain vers l’Océan. J’aurais aimé attendre le retour d’Hel et Ferdi, mais Roman pense qu’il serait trop risqué de prendre la route si proche du terme. J’aimerais rejoindre la Rochelle – c’est symbolique pour moi. C’était à la Rochelle que j’ai décidé de lui redonner une chance…

                                  Prends soin de toi, Vlad. Et peut-être nos chemins se croiseront vite ?

                                  Ael



                              _________________
                              Aelaia

                              ~ Échanges universitaires entre (Moyen) Maître & Maîtresse du Savoir ~


                                Jhoannes a écrit:
                                A Limoges,
                                Le 5 avril 1469


                                  Ael,
                                  Estimée collègue,

                                  Donnez de vos nouvelles, lorsque vous serez en état d'écrire. Ceci n'est pas un ordre, malgré ce que vous pourriez croire.

                                  J





                                Aelaia a écrit:
                                A Rochechouart,
                                Le 5 avril 1469


                                  Johannes,
                                  Collègue-partenaire-nounou préféré,

                                  Je reviens demain à Limoges avec une petite bouille d'amour prête à vous faire craquer avec son joli regard clair... Je fonds tant que je lui pardonne de ne pas m'avoir laissé le temps de rejoindre l'Océan. Prêt à pouponner, collègue ?

                                  Ma petite Paola a poussé ses premiers cris il y a cinq jours à Angoulême. En Périgord...

                                  A demain,
                                  Ael





                                Aelaia a écrit:
                                Quelque part dans le fin fond de la cambrousse poitevine,
                                Le 12 avril 1469


                                  Moyen Maître du Savoir Associé,

                                  Peut-être Astana vous en a-t-elle déjà soufflé mot, mais c'est un peu - il paraît que je fais souvent dans l'euphémisme - le bordel par chez moi. Je pars gambader un peu sur les chemins avec Paola, Vladimir et Moïra, et accesoirement, refaire mon stock de mots doux bretons, comme "Suner mouilc’hi trenket" ou "Genoù krampouezh"... En Bretagne, forcément.

                                  Parlons donc de choses sérieuses. Je ne vous abandonne pas pour autant parce que vous verrez quand même mes courriers s'échouer sur le Grand Bureau du Savoir ; vous connaissez le principe de roulotte-travail ? C'est quand on travaille au chaud sous la couette depuis chez soi. Il paraît que c'est vachement bien. Suffit juste d'avoir un pigeon haut-débit, mais je suis sûre que l'Université du Limousin et de la Marche sera en mesure de me fournir ça, non ?

                                  Vous voulez que je gère les intervenants très spéciaux ? Bill adore Boule, il ne me refusera rien - j'espère.

                                  Je vous embrasse pas, du fin fond de la cambrousse poitevine.

                                  Ael





                                Jhoannes a écrit:
                                A Limoges,
                                Le 13 avril 1469


                                  Ael,

                                  J'ai mis sept jours à me remettre de la peine que m'a causé votre récente désertion.

                                  Non je déconne, tout se passe à peu près bien. J'ai quelques idées d'intervenantes de mon côté. Écrivez à Bil lorsque le cœur vous en dira — je ne doute pas qu'il sera plus sensible à vos arguments qu'aux miens. J'ouvrirai la salle la semaine prochaine pour l'accueillir s'il est partant.

                                  Je gage que vous êtes déjà entourée de confidents efficaces, mais ne retenez pas votre plume si elle déborde du domaine de l'université — cette phrase est incroyablement mal tournée mais je viens de fumer dans le bureau.

                                  Hâte d'entendre de nouveaux jurons salés impossibles à reproduire correctement.

                                  J





                                Aelaia a écrit:
                                Rieux,
                                Le 19 avril 1469


                                  Johannes,

                                  La pénurie de papelard sur les chemins du Poitou vous aura laissé quelques jours supplémentaires pour vous remettre de cette terrible peine que ma désertion vous inspire. Là, ça va mieux ? Voulez-vous encore un peu de répit ? Toujours est-il que nous sommes arrivés ce matin, aux premières lueurs du jour à Rieux, et sans doute, demain, nous irons visiter les terres de Mesnil-Roc'h où j'ai grandi. Il me tarde de faire découvrir les lieux de mon enfance à ma petite tête blonde. Elle s'en souviendra pas, naturellement, mais au moins pourra-t-elle dire qu'elle a foulé les terres celtes avant même de savoir marcher. Si c'est pas la classe, ça, il faut me dire ce que c'est.

                                  Passons, brièvement - ou un chouïa moins brièvement, à votre convenance - aux choses sérieuses, parce qu'il le faut bien parfois. Je vais écrire à Billou-Biril demain pour lui proposer d'enseigner quelques compétences particulières qu'il maîtrise sans complexe. J'hésite encore entre les cours de jardinage - vous auriez du le voir à l'oeuvre dans la Serre de la cousine Corleone, il parait que Jenifael était au bord de l'implosion. Vrai qu'elle collectionne de jolies plantes, là-dedans. Et je parie même qu'il pratique avec brio certains outils comme les pelles et les râteaux. Et sinon, le classique "Biril & les femmes" ; sujet libre. Deux heures de roue libre pour le viking. Ou encore, pour les navigateurs si nombreux en nos chères terres limousines toutes dénuées de ports en bord de Vienne, l'évident cours de "Comment barrer un drakkar en 53 leçons". J'ai pensé au lancer de troncs, mais c'est un peu violent, et ça risquerait de décourager nos bûcherons, lèvres scellées par tant de puissance et de virilité.

                                  Et vous, vous avez pensé à qui, comme intervenantEs ? Dîtes-moi tout.

                                  Johannes ? Vous savez que vous êtes adorable ? Je sais bien qu'on se connait peu au final. On a, il est vrai, échangé quelques mots d'une douceur sans pareille en breton, et quelques pintes aussi ; et vous m'invitez réellement à vous déverser toutes mes larmes sur un petit papier - je vais devoir trouver une deuxième page si je dois tout vous raconter, nos pauvres forêts bretonnes vont pleurer... - sans hésitation ? Vous êtes certain ?

                                  Non. En réalité, je vais mieux que je ne l'aurais imaginé. Je ne me pensais pas vraiment capable de prendre la décision que j'ai prise sans me broyer le coeur, et pourtant... Chaque jour qui passe, je me dis que c'était la meilleure chose à faire. Pour le moment, c'est cassé. C'est un peu comme un vase ébréché. Au début, c'est une toute petite fellure, alors on tourne le vase pour n'en voir que la face qui a de la gueule. Puis on rajoute un peu d'eau, mais ça fuit quand même. Alors, on rafistole, et ça fuit toujours. Et puis, on finit par lâcher l'affaire, et on range le vase, pour n'en garder que les souvenirs d'un joli pot avec de jolies fleurs. Finalement, on se promène dans les vallées champêtres, et on se rend compte que les fleurs, elles ont vachement plus de classe, à onduler aux vents, librement, au milieu des champs. J'espère juste que Roman comprendra.

                                  Retour aux choses sérieuses. Parce que oui, quand même. VOUS FUMEZ DANS LE BUREAU ?! Vous osez fumer dans le bureau ? Et m'envoyer une petite lettre, là, comme ça, sans partager ? Sachez, très cher collègue, que c'est tout bonnement inadmissible. IN-AD-MIS-SI-BLE. Dîtes... Vous partagerez, un peu ?

                                  Le bas de la page est trop proche, je vais devoir m'arrêter là. Sinon, je ne pourrai plus signer. Ce serait quand même dommage de pas savoir d'où vient ce joli courrier, non ?

                                  Ael,
                                  votre meilleure collègue égarée au fin fond de la Bretagne bucolique.



                              _________________
                              Aelaia

                              ~ D'Ami en Amant. D'Amant en Aimé. ~



                                U
                                n mois et demi que la vie de la jeune mère avait pris un tournant. Un sacré tournant. Elle avait, définitivement, à son histoire avec Roman Di Medici Corleone qui durait depuis près d’un an. Un an à s’aimer, s’éloigner, essayer de se détester – vainement – pour mieux se retrouver et pourtant, ne pas retrouver leurs marques, leur complicité et leurs bonheurs. Comme le disait si délicatement et poétiquement son adorable peste de cousine : « On ne ravale pas son vomis, Ael ».

                                Un mois et demi que la bonne humeur bretonne avait retrouvé le goût des chemins. Elle voyageait aux côtés de Moïra, la délicieuse écossaise, et de Vladimir, l’arrogant ami. Mais d’ami, ils étaient devenus amants. Amants. Confidents. Précieuse présence. Puis… le destin avait décidé de mettre sur leur route une flopée de sentiments que les deux complices s’étaient d’abord refusés à s’avouer. Mais peut-on taire l’évidence éternellement ? Assurément, non. Les langues s’étaient déliées à Limoges – encore une fois – avant que les deux amants ne se séparent, le temps de quelques jours et ne mettent des mots sur ce qui faisait battre leurs cœurs.


                                  VLADIMIR – Va falloir qu'on s'fasse à la réalité, té... On est d'venu un foutu couple. Parfait, donc atypique, sans obligation... Mais un couple, ja. Et... Ça m'déplaît pas.
                                  AELAÏA – Mais... Je.. Oui. Oui, on est un foutu couple... Et, je crois que j'aime bien aussi.
                                  VLADIMIR – Bientôt l'chien et l'crédit pour l'charrette, té.
                                  AELAÏA – Je préfère les chats, té !
                                  VLADIMIR – T'fais chier, ja ? J'pensais pas r'tomber amoureux. J'pensais pas... Mais j'ai confiance 'vec toi.
                                  AELAÏA – Vlad, on avait dit...
                                  VLADIMIR– On a dit beaucoup d’choses, t’sais… « Cette balade sera chaste. Je n’te baiserai pas ». Entre autres. Sans parler du reste…
                                  AELAÏA – Que tu ne passerais pas toutes les nuits avec moi.
                                  VLADIMIR – Et qu’on s’rait pas un couple. Et au final…


                                    Attention. Cœurs de guimauve, s’abstenir. Mignonnerie en vue.


                                  VLADIMIR – R’garde-moi. J'veux passer mes nuits 'vec toi. J'te veux, toujours. J'crève d'plaisir quand tu m'appelles "mon coeur" ou "mon amour", moi qu'ai jamais entendu ça. J'ai l'ventre noué à l'idée d'me séparer d'toi quelques jours. Tu m'manques dès qu't'es pas nichée dans mes bras... Alors... Il t'faut quoi d'plus, Aelaia, dis-moi... ?


                                Chaque jour, ils s’écrivaient. Chaque jour, il se prouvaient un peu plus l’un à l’autre la teneur de leurs sentiments. Chaque jour, oui, ils s’aimaient un peu plus.


                                Citation:
                                Citation:
                                  Limoges, le 19 mai 1469


                                  Mon Amour,
                                  Mon Homme,
                                  Mon Évidence,

                                  C'est étrange cette affolante vitesse à laquelle un cœur peut s'éprendre d'un autre. C'est affolant, mais c'est doux. C'est affolant, mais ça donne envie de vivre, de sourire, d'aimer. Au début, tu n'étais qu'un inconnu arrogant que la main se rêvait de faire taire d'un revers atrocement mérité, puis tu es devenu le complice inattendu d'une promenade qui se voulait banale et qui n'a laissé qu'un goût d'inachevé et d'acte manqué. Un foutu goût de pas assez et de j'en veux encore qu'il a fallu taire, qu'il a fallu feindre d'oublier. On s'est retrouvés, et l'on n'a pas tenu nos promesses. On s'est aimé toute la nuit, et le jour s'est levé, trop tôt. Bien trop tôt. Et tu es parti, me laissant seule avec mes doutes, ma solitude et pourtant ce putain de bonheur au creux des reins.

                                  Mon Amour, aurions-nous osé imaginer que les mois passeraient et que nos corps se languiraient ainsi de se retrouver, de s'effleurer à nouveau d'étreintes aussi vitales que les battements de nos palpitants ? Aurions-nous osé imaginer ces je t'aime qui nous brûlaient les lèvres, ces sentiments qui anéantissent toutes les barrières et ces promesses qui nous changent ?

                                  Tu m'as ouvert ton cœur, et je n'ai pu nier cette réciprocité qui embrase le mien. Je pourrais t'aimer à chaque heure du jour et de la nuit que jamais je n'en serais rassasiée.

                                  Mon Évidence, mon Bonheur, mon Tout, tu t'es fait, petit à petit, cette place de choix, juste auprès de mon cœur, à mes côtés. L'air de rien, et pourtant si naturellement, tu deviens ma famille, mon souffle, ma source de bonheur. L'amant de mes plaisirs, l'Aimé quand mon cœur chavire, le Père de ce joli Coquillage quand je n'y arrive pas, seule.

                                  Avec toi, chéri, je ferme les yeux, et je me laisse guider parce que je n'ai pas peur, ni d'avoir mal, ni d'être déçue. Et chaque jour un peu plus, tu m'en donnes les plus belles preuves. Et chaque matin à tes côtés, je revis. Et chaque jour ancrée à tes bras, je t'aime davantage. Vladimir, je t'aime. Pour tout ce que tu es, pour tout ce que tu m'offres, pour tout ce que nous vivrons, jusqu'à ne plus être que deux âmes bouffées par la vieillesse et les rides et qui pourtant se dévoreront jusqu'à la dernière once du regard, et qui pourtant s'aimeront avec toujours cette ardeur qui me fait perdre pied. Pour tout ce que nous serons.

                                  Aime-moi, Vladimir, chaque jour comme je t'aime, chaque jour un peu plus.

                                  Réserve-moi ta soirée, et toute ta nuit, jusqu'au lever du jour. J'ai une maison à te faire visiter, et un baquet à faire vibrer de nos émois.

                                  Aelig

                                  [A cette lettre sera jointe une clé suspendue à un lacet de cuir. La clé de chez elle.]
                                Citation:


























                                Citation:
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                                  La Trémouille, le 20 mai 1469


                                  Aelig,
                                  Mon Tout,

                                  Jamais.
                                  Jamais, je n'aurai pensé qu'il est possible de s'éprendre ainsi d'un autre être. J'ai cru aimer, j'ai cru pouvoir passer mes jours avec d'autres.
                                  J'ai cru.
                                  Ce n'était, en vérité, que dérisoires amourettes & instables pulsions, en comparaison du moment présent.

                                  Les choses pourraient être terriblement compliquées, nee ? Un homme blessé encore, de chair et d'âme. Une femme au mariage avorté, enfançon dans les bras. Tout pourrait être si compliqué. & tout est limpide.

                                  Danoise, dont on n'aurait de cesse de louer la clarté de la cabèche, voyait clair. Une belle gueule en exposition pour masquer le vide, Beau Parleur pour masquer l'amer. Avec toi, rien de tout cela. Oh, ja, je compte bien te plaire & faire briller tes yeux de bien tendres lueurs & ne saurai jamais te considérer totalement comme acquise, ne t'y trompe pas.

                                  Mais tout est limpide. Cette clé & ce lien de cuir pourraient m'évoquer celle d'une cage, aussi doré soit-elle. Ce n'est pas le cas. Pour la première fois, dans tes draps que je n'ose encore dire nos, je me suis senti chez moi. Sentiment rare, tu peux me croire, que j'ai cru rencontrer en rejoignant Apollonia, seulement pour qu'il me soit mieux arraché.
                                  Cette môme même, pour qui je me surprend parfois à lâcher de la tendre attention, bécot sur le front ou revers d'un index pour caresser y joue, ou je me surprends à chercher tes traits, ton regard, autant de marques de celle pour qui l'admiration confine à la vénération.

                                  Ja, Aelig, tout est limpide, avenir tracé devant mes pas - nos pas. Enfin, le Miraculé se surprend à envisager futur moins sordide, plus enviable demain que ce jour. Enfin, la certitude de m'éveiller à tes côtés, chaque jour, de lâcher du sourire terriblement niais de tendresse devant ton minois ensommeillé. Enfin, la perspective de ces riens que s'offrent les couples, et qui font tout.

                                  Je l'ai déjà dit, ja, mais jamais avec la force de cet aveu, jamais avec la justesse de l'instant : j'aime. Je t'aime. Je serai bien en peine de te promettre calme & volupté pour chacun de nos jours, mais je ne crains pas de te promettre mon épaule & es bras, à chaque instant, quoi qu'il arrive. La première sera toujours là pour t'y appuyer, les seconds seront toujours un refuge ou rien ne t'atteindra.

                                  Puisque nous ne sommes que deux, perdus pour la journée loin de Limoges, sortons, ce soir. Enivrons-nous, fumons, aimons-nous ; notre futur commun ne mérite guère de meilleure célébration.

                                  Je t'aime, Hollgaret. Un peu plus chaque jour, passion furieuse qui ne m'inspire que l'envie de m'y abandonner tout entier.

                                  Ton homme.
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                              _________________
                              Aelaia
                              I’m giving you a nightcall
                              To tell you how I feel
                              I’m gonna drive you through the night
                              Down the hills
                              I’m gonna tell you something
                              You don’t want to hear*



                                Funeste nouvelle. L'heure est au courriers pour prévenir les proches.

                              Citation:
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                                Limoges, le 14 juillet 1469

                                Ferdi, mon Ferdi qui me manque,

                                Sans doute aurais-je dû t’écrire plus tôt. Assurément, même. Le temps file à folle vitesse depuis quelques temps ici, et j’aurais bien mille choses à te conter, mais cette lettre n’y est pas propice. Cette lettre, je l’aurais aimé plus douce et porteuse de belles nouvelles, mais il faut que je te l’écrive.

                                Helvie a fait une mauvaise rencontre sur les routes alors qu’elle voyageait avec Tafar qu’elle venait de rejoindre. Je n’en sais que bien peu au sujet de ce qui leur est arrivé, ni de son état – mais les nouvelles ne sont pas les meilleures, malheureusement, et je m’inquiète énormément. Je sais simplement qu’elle est en vie, et c’est pour l’heure tout ce qui m’importe.

                                Il semblerait qu’une armée bourguignonne ait décidé de les prendre, elle et Tafar pour cible. Tafar était déjà souffrant… Et l’attaque a dû lui être fatale. Helvalia aura, plus que jamais, besoin de nous. Où es-tu ? Reviendras-tu à Limoges ? Jurgen est parti, dès qu’il a appris la nouvelle, en direction de la Franche-Comté où elle a été recueillie dans un hospice de campagne par un médecin qui lui aura écrit.

                                A son retour, je ne la lâcherais pas un instant, et je veillerais à ce qu’elle se rétablisse rapidement ; physiquement au moins. Pour le reste, j’ai peur. J’ai peur que cette épreuve ne s’ajoute aux trop nombreuses qu’elle a dû endurer.

                                Écris-moi. Donne-moi de tes nouvelles, Ferdi.

                                Je t’embrasse,
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                                Limoges, le 14 juillet 1469

                                Dan,

                                Bien que vous ne me portiez guère dans votre coeur, je sais que vous appréciez Helvalia, ma plus chère amie, et que sans doute, vous tenez un peu à elle, alors je vous écris ce pli pour vous donner de ses nouvelles qui ne sont que trop peu réjouissantes.

                                Helvie a fait une mauvaise rencontre sur les routes alors qu’elle voyageait avec son ami qu’elle venait de rejoindre. Je n’en sais que bien peu au sujet de ce qui leur est arrivé si ce n'est qu'une armée bourguignonne semble les avoir pris pour cible, ni de son état – mais les nouvelles ne sont pas les meilleures, malheureusement, et je m’inquiète énormément.

                                Je sais simplement qu’elle est en vie, et c’est pour l’heure tout ce qui m’importe. Deux amis sont partis la chercher, et la ramèneront bientôt, je l'espère, à Limoges pour qu'elle puisse être correctement soignée, et soutenue.

                              Citation:














                              Nightcall - London Grammar
                                Je t'appelle la nuit,
                                Pour te raconter comment je me sens
                                Je vais te conduire à travers la nuit
                                Au pied des collines

                                Je vais te dire quelque chose
                                Que tu ne veux pas entendre...

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