Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Entre Terre et Mer, des morceaux de vie

Floriantis
hrp : petit endroit pour écrire des morceaux de vie, des choses que l’on ne sait pas où poser, donc parfois des post isolés, le tout étant de les baliser. Bon jeu ;)





- Ouessant, du côté de l'Iroise -


      Je ne serai jamais ni l'ombre d'un homme
      Ni le pâle reflet d'un autre que moi
      Je suis toutes mes failles mes blessures et mes fautes
      Je suis ce que tu vois *




    Le fond de l’air était encore frais en cette matinée de mars alors qu’un léger vent balayait les côtes d’Ouessant, et du rocher sur lequel il venait s’asseoir pour contempler l’Iroise, il respirait à plein poumons ce parfum iodé qu’il aimait tant. Les gens de l’île disaient qu’on ne domptait pas la mer d’Iroise mais qu’on l’apprivoisait et le marin qu’il était en était persuadé depuis de nombreux mois qu’il l’affrontait. Lorsque le vent s’engouffrait dans les voiles pour sembler vouloir mener la barre, le Captain devait lui montrer que c’était lui qui commandait.
    Tout imprudent finissait avec sa coque brisée sur les rochers et les marchandises ou bois flottants que l’eau ramenait régulièrement sur le rivage en était une preuve supplémentaire.

    Sa Flamboyante lui avait refilé l’amour de cette île sauvage et magnifique sur laquelle il se sentait chez lui, en sécurité, en paix, loin des crétins de toutes sortes se prenant pour des biens pensants. Et depuis des semaines, elle lui répétait sans cesse de ne pas oublier d’écrire. Ce à quoi il répondait qu’il allait le faire et ce qu’il ne faisait pas parce qu’il oubliait, parce qu’il était occupé dans son atelier ou du côté de son navire.
    Ce matin là, son nécessaire d’écriture l’avait suivi sur son rocher.
    Le tableau qui s’offrait à ses yeux ne pourrait que l’inspirer pour donner enfin de ses nouvelles après plus de deux années de silence. Mais à sa décharge, la Princesse ne répondait que peu, c’était son excuse.


    elle ne répondra pas forcément donc j’ai bien le temps.
    Mais je vais le faire, promis.


    Bien que la jeune femme ne fasse pas partie de son entourage ou ses amies, elle restait une personne qu’il appréciait, pour l’avoir croisée quelques fois, et avoir échangé le jour où il lui avait demandé ce superbe sceau qu’il gardait précieusement dans son coffre.

    Ce matin là, en plus de son attirail d’écriture, il traînait aussi quelque chose qu’il n’arrivait pas à définir ou du moins à expliquer. Nostalgie ou mélancolie, il ne savait pas très bien ce qui le préoccupait ces dernières semaines.
    Ce dont il était certain, c’était que ça ne concernait pas sa promise auprès de qui il trouvait cette chaleur, ce réconfort et cette présence qui lui avait tant manqué après son épisode italien, épisode que bien sûr il ne regrettait pas le moins du monde, et qui l’avait sans doute aidé à grandir et surtout à devenir ce Capitaine Corsaire de valeur qu’il était aujourd’hui.
    Etrangement, ce mal être venait d’une femme qu’il ne connaissait pas, mais qui revenait le hanter régulièrement comme si elle cherchait à se faire pardonner cette absence, depuis toujours.

    Il chassa ses pensées, se saisit de ses plume et parchemin et après un regard vers l’horizon, coucha ses premiers mots sur le vélin.


    Altesse…

    Il y avait de l’idée, c’était déjà un bon début.
    Il grimaça doucement, regarda à nouveau l’horizon, et secoua la tête.
    Altesse c’était très bien.
    Il aurait très bien pu dire Athénaïs mais il aimait bien l’appeler comme ça. Après tout elle était une Princesse et il avait eu une affection sincère pour sa Reine de mère. Un sourire étira doucement ses lèvres au souvenir d’une soirée assez arrosée en taverne qui lui avait valu une bonne journée à chasser son mal de tête.


    Majestée le brouillard encercle le navire !
    Floriantis nous sommes à terre


    Elle avait disparu quelques jours ou semaines après et avec Kefeya, elle était la seule reine qu’il avait côtoyé aussi simplement. C’était sans doute pour cela, qu’il avait pour la Princesse un respect naturel, non dicté par quelque intérêt, car la politique des coureurs de titres lui passait bien au-dessus du tricorne.

    Son regard se posa à nouveau sur le parchemin avant qu’il ne laisse glisser sa plume.


Citation:


Ouessant le 25 mars 1470


Altesse,


Vous ne rêvez pas, c’est bien moi, le Captain Albator fendant les flots pour venir vous donner quelques nouvelles, et en prendre.

Il y a aussi une certaine Flamboyante à qui vous avez confectionné de si jolies robes et qui me demande régulièrement si je vous ai écrit, et régulièrement je lui réponds que non, mais que je vais le faire. Et comme pour réponse elle me lance de ces regards qui semble me dire qu’elle va vous commander des dizaines et des dizaines de robes, je me dis qu’il faudra ensuite que je coule quelques normands ou vilains de la ... hum "royale", pour trouver les écus nécessaires.

Donc je vous écris.

Je vous espère en bonne santé avant tout, et heureuse.
Je ne sais si vous œuvrez encore dans l’art de la sigillographie mais j’ai toujours ce magnifique sceau que vous m’avez dessiné, bien que sa voile ne prenne pas souvent la mer de mes mots pour quelques voyages. Chaque fois que je l’utilise j’ai une pensée pour vous et aussi pour votre mère qui m’avait fait ce cadeau en me confiant Harfleur, un merci pour ces années à défendre en mer avec la Flotte Corsaire de Tanissa et dont j’étais si fier de faire partie.
Je nous ai jamais vraiment dit ou expliqué que j’avais rendu cette terre à contre cœur, mais il le fallait par respect pour cette terre et pour celle qui me l’avait confiée.
Votre mère m’a dit le jour où j’ai reçu Harfleur, de continuer et garder toujours foi en notre territoire, en ce que je faisais pour le bien commun, et de ne jamais oublier.

J’ai toujours essayé de suivre mon chemin avec droiture et respect, sans changer ma façon d’être, ou ce que je pensais, et j’ai toujours bien souvent écouté mon cœur avant ma tête, en tentant de rester juste.
J’ai toujours assumé mes choix, comme celui de vouloir m’installer en Bretagne alors que j’étais normand.
J’ai attendu le plus possible pour rendre Harfleur, non pour le titre mais pour ce qu’elle représentait, en plus d'être le cadeau d'une Reyne que je respectais et appréciais.
Ca a été difficile. J’espère que de la haut, elle n’est pas fâchée.

Je suis ainsi.
Je me souviens d’un jour où dans l’atlantique, nous venions de croiser une nave génoise dont je connaissais le capitaine. Ce navire faisait partie de la liste des ennemis mais je l’ai laissé prendre de l’avance. Il m’aurait suffit d’une salve pour l’envoyer par le fond comme ça a été le cas pour l’Intrépide, ma nave. Mais je n’en avais pas envie. Je pensais aussi que caraque contre nave, le combat était inégal. Je me suis trouvé des excuses et la nave a été hors de portée.
L’amiral a bien sûr un peu râlé, mais elle a compris, puis elle m’a dit que j’avais toujours un cœur et que j’avais gardé encore de l’humanité malgré que je sois Corsaire.
Et que c’était bien.

L’une des dernières fois où je suis venu au royaume avant de partir d’Avranches, c’était pour ma venue au plaid après mon coulage en juillet 68. Les mots de votre mère résonnaient dans ma tête. Mais je n’ai rencontré qu’un huissier qui a disparu sans doute dans quelques oubliettes, du moins c’est ce que j’espère puisque je ne l’ai jamais revu. J’ai patienté longtemps avant de partir, déçu de ce territoire, et en colère.

J’ai appris ensuite vos déconvenues sous le règne du vinaigré. Mais à mes yeux, vous restez et resterez toujours Votre Altesse, et vous savez que je me fiche éperdument de ce que peuvent bien penser les autres. Je suis marin, Corsaire, blond et filleul de feu la Reine Angélyque donc autant dire, que j’ai un lourd passif, ma marraine m’ayant appris le maniement de la latte assez jeune.

Concernant ma vie en Bretagne, nous vivons la plupart du temps à Ouessant, une île sauvage et magnifique au large de Brest et j’essaie aussi de m’intéresser à la culture celte que je trouve très intéressante.
Je devrais bientôt me faire baptiser druidiquement avec la cérémonie du nom, pour pouvoir ensuite me marier de la même façon. Peut être que je vous dirais le nom que m’aura choisi notre druidesse.
La Bretagne est une belle province, mais elle n’est pas épargnée par les crétins ou les pintades, et donc ressemble à toutes les provinces du royaume... avec la mer en plus et cette Iroise irremplaçable.
Et puis nous trouvons notre équilibre entre terre et mer et nous naviguons régulièrement parce qu'un marin qui reste trop longtemps à terre ressemble davantage à un terrestre.
Si un jour l’envie vous prend de poser vos bottes sur le pont d’un navire et qu’aucun ne se trouve dans vos environs, vous pouvez me faire signe.

Le vent tourne de l'Ouest et la mer devient houleuse, alors je vais faire partir l’emplumé qui me sert de messager, car il ne faudrait pas qu’il s’égare ou s’abîme dans les flots.


Que les vents vous soient favorables Athénaïs.

Maritimement



Floriantis


et parce que c’est vous, j’appose ce sceau.



    et bien tu t’es surpassé Albator

    murmura t il en souriant alors qu’il roulait le parchemin après y avoir apposé son sceau dont il n’était pas peu fier.
    Tua sera contente qu’il se soit enfin décidé.
    Il jeta un dernier regard vers le large avant de se décider à faire partir le messager, toujours préoccupé par cette femme dont il essayait d'imaginer le visage.




* Je ne serai jamais – P.Fiori
_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Athenais
Le monde avait tourné si vite qu'elle avait par moment l'impression de ne pas avoir suffisamment de temps pour s'apercevoir que les gens ont changé de lieu, d'envies, de vies. La jeune femme a elle même bousculé bien des choses et s'est faite bousculé, pour autant elle n'en demeure pas moins rayonnante de vitalité. Une chance en ce bas monde.

Alors quand elle découvrit l'expéditeur, elle ne put retenir un...
Floriantis...

Un bout qu'ils ne s'étaient pas vus ou ne s'étaient écris. Si bien qu'elle s'était demandé s'il s'était remis de sa séparation avec Tanissa, une chose qu'elle avait apprise. Seulement voilà, la Duranxie a un gros défaut celui de mettre un temps fou à répondre aux courriers quand elle ne les oublie pas purement et simplement. Une chose qui la fait paraitre souvent détachée alors qu'elle aborde les nouvelles pour la plupart du temps avec une forme de plaisir non feint.

A mesure qu'elle lisait le courrier un sourire étirait ses lèvres et elle ne put retenir une émotion toute particulière qui réchauffa son coeur. Quelques instants elle ne pensa plus à rien que ce qu'il avait pu écrire. Cela ne dura pas des heures mais suffisamment pour qu'à la fin du courrier elle se fixe pour objectif d'y répondre dans les deux jours. Un objectif qui ne fut pas tenu mais qui motiva néanmoins une réponse au billet.


Citation:
A Floriantis
De nous, Athénaïs de la Duranxie,
______________________

Citation:

    Cher Cap'tain Corsaire,

    Cela fait si longtemps que je me suis souvent demandé si vous vous remettiez des aléas et des embuches que la vie a placé sur votre chemin. J'ai manqué à diverses reprises il me semble de répondre à vos envois et vous en demande pardon. J'ai passé une dernière année haute en couleurs, et si dans cet horizon il y a eu des souffrances et des injustices il n'en demeure pas moins que bien des bonheurs, découvertes et apaisements sont présents alors je n'ai pas envie de vous compter les eaux troubles de mon voyage mais plutôt l'azur de ce qui est devenu mon quotidien en Lyonnais-Dauphiné.

    Et s'il faut commencer ce courrier en vous disant que ma mère ne vous reprocherait pas le fait d'avoir rendu vos terres, je le fais de suite car elle était bien plus attaché à ce que les hommes étaient véritablement plutôt qu'à ce qu'ils possédaient. Elle avait vu en vous possiblement l'impétuosité de la franchise et l'émotion de ses convictions, une tranche précise de ce qui manque à beaucoup de monde en ce Royaume.

    Votre venue au plaid ne me dit rien, à quand remonte-t-elle ?
    Cela fait fort longtemps que j'ai quitté la Pairie et un an maintenant que j'ai renoncé à la Hérauderie préférant m'éloigner de ce que le Louvre & les Institutions Royales devenaient alors je vous dirai que si cela vous a permis de prendre de la distance, de relativiser ce n'est pas plus mal. C'est même nécessaire à toute bonne santé mentale. Un temps dégagé que je met bien autrement à profit en œuvrant au sein du Lyonnais-Dauphiné, ou en faisant de la couture qui finit vraisemblablement en Bretagne ainsi qu'en Empire.

    Je retiens de votre missive une information importante, rassurante et heureuse même ! Vous voilà de nouveau dans la joie, au bras d'une magnifique Bretonne. Vous m'en voyez ravie pour vous.

    Je ne connais que peu la Bretagne et ce n'est pas vraiment la tête de gondole la plus connue qui lui fait bonne presse. et me donne envie de creuser davantage. Peut-être qu'avec le nouveau Grand Duc Equemont cela changera la donne, encore que sans rien avoir contre celle-ci elle est loin dans une période où je n'envisage pas de sillonner tout le Royaume.
    De plus, j'en garde très peu de souvenir de mon passage enfant pour me rendre en Guyenne chez celle qui deviendrait ma Logeuse, la Princesse Zoyah Aurel-Novotny.
    De ce voyage pour tout vous dire, le souvenir le plus vif que j'en ai reste celui de la cabine du Capitaine, assise sur les genoux du mari de ma marraine à hurler tout et n'importe quoi. Je devais avoir 6 ou 8 ans tout au plus. J'étais fière et exaltée, ils auraient pu m'emmener au bout du monde que j'aurais accepté.

    Peut-être que nous aurons l'occasion un jour de naviguer ensemble, j'ai commencé à me pencher sur les navires et les connaissances qu'il faut acquérir pour ne pas se retrouver perdu en mer. Autant dire que j'ai encore du chemin à faire mais si je sais au moins me repérer grâce aux étoiles je devrais pourvoir être d'un petit secours.

    Pour l'heure c'est un tout autre voyage que je fais, celui de la venue au monde d'un petit être. Il grandit pour l'instant et la naissance devrait avoir lieu durant les fortes chaleurs de l'été. Il apporte avec lui beaucoup de réjouissances et une forme nouvelle de rapport à l'existence. Dès qu'il bouge et me fait sentir qu'il est là je prends conscience de tout l'affection que je lui porte déjà. Ce qui confirme ce qui est dit en la matière et me rassure je dois dire.

    Avez-vous eu des enfants ?
    Élevés au sel de Bretagne, cela risque d'être amusant. Vous pourriez alors les punir en leur faisant beurrer des tartines pendant des heures qu'ils pourraient ensuite manger tout en se félicitant.

    Nous aurions été plus proches géographiquement je vous aurais proposé la torture héraldique avec apprentissage de l'art Sigillographique, mais je garde à l'esprit ne pas savoir encore si un mini corsaire gambade à Ouessant.

    En attendant d'avoir le plaisir d'avoir plus encore de vos nouvelles, je vous salue.

    Qu'il vous garde,


___________________________

Le 8 avril 1470.

Athénaïs de la Duranxie








_________________

Allez Zazou ! Allez Zazou !
Floriantis
- Mai 1470 -


    Misère...

    Les semaines avaient passé à la vitesse de l’Idéfix sur les flots, du moins quand il n’était pas bloqué par quelques vents capricieux, et le blond qu’il était n’avait toujours pas répondu à la jeune Duranxie.
    Et pourtant dieu sait que la réponse lui avait fait plaisir après qu'il ne l'ai découverte dans son coffre que quelques jours après.

    Blond un jour,
    Blond toujours.

    Fallait dire à sa décharge que les dernières semaines du Captain s’étaient passées sur le pont d’un navire et que la fatigue des jours et des nuits à la barre ne l’avaient pas vraiment aidé à se poser pour écrire.
    Son temps avait été partagé entre diriger le navire, diriger le navire, et prendre quelque repos de deux heures de temps à autre.

    Mais le voyage avait été intéressant, des relations s'étaient nouées, et il avait fait montre de diplomatie, lui le presque sauvage. Un voyage enrichissant d'expérience, comme il les affectionnait.

    Assis dans le bureau de sa Flamboyante, il prit plume et parchemin et se mit à répondre à la Princesse, attentif à ses questions ou remarques.



Citation:
Princesse,

Tout d’abord, mille excuses pour le retard de ma réponse.

Je n’ai pas connu ma mère, bien qu’elle navigue souvent dans ma tête je ne sais pas pourquoi.
Alors je l’imagine, et je me mets parfois à lui parler. C’est un peu comme si elle voulait que je me souvienne d’elle. Je l’imagine à ma façon et j’envie celles ou ceux qui peuvent mettre un visage sur un sourire maternel.

Il m’a fallu du temps il est vrai pour me remettre de la dernière embuche de Dame la vie sur mon passage. Mais avec la brune italienne, une belle amitié a remplacé ce qui nous liait avant, et j’en suis très heureux. Elle m’a d’ailleurs donné, après le naufrage de mon navire l’Intrépide, l’Idéfix qui lui appartenait au sein de la Flotte Corsaire.
Autant dire que si un gougnafier venait à lui faire quelques trous dans sa coque, aussi minimes soient-ils, il ne subirait pas que mon courroux.

Je suis heureux de voir que votre horizon s’est éclairci après une vilaine année et que l’azur domine. C’est de plus une bien belle couleur. On dit toujours que le beau temps arrive après un gros orage, comme en mer, lorsque la tempête se calme et que l’on aperçoit les rayons du soleil à travers les nuages. Ainsi vous êtes en Lyonnais-Dauphiné, je vous y souhaite une belle vie.

Si votre mère ne m’en veut pas, j’espère qu’elle n’a pas le mal de mer car elle m’accompagne, comme ma marraine Angélyque, dans mes voyages en mer, avec l’astrolabe qu’elle m’a légué et que j’ai appelé l’Astrolabe Dalvi.
Et je peux vous dire que j’y tiens.
A notre dernière expédition au Sanctuaire, mon jeune matelot voulait savoir ce que c’était "ce truc dans le coffre" et je l’avais averti que si elle me l’abimait, elle finirait le voyage attachée à la poupe du navire… et nous étions à Alexandrie.
Je soupçonne votre mère de m'avoir laissé cet objet pour ne pas que je me perde bien sûr, mais surtout pour ne pas que je m’ennuie à bord, car l’instrument est compliqué et il m’a fallu un certain temps pour le maîtriser.
Mais il me fascine en plus d’être magnifique.
Si elle me voyait comme vous le décrivez, j'en suis très fier.
Elle avait cette faculté de vous pousser à relever la tête et avancer avec fierté. Elle m’a donné de l’assurance quand une noble m’en avait privé quelques années auparavant, et elle m’a conforté dans mon choix de cette vie de marin.

J'ai fait un petit séjour au plaid vers fin juillet 1468, après avoir été coulé au large du Cotentin par trois caraques de la royale.
Mais je laisse à ces petites gens leur satisfaction d’avoir coulé une nave génoise isolée, faute d'avoir pu s'attaquer à une flotte de caraques de guerre. La petitesse et le déshonneur de celui posé sur le trône était connu, et je ne m'en suis pas vraiment étonné.
Il est vrai que ce triste épisode m’a été bénéfique, puisqu’il m’a décidé à basculer du côté de la Bretagne en me fichant bien des retombées, et à m’y installer sans l’ombre d’un regret.

Vous avez bien raison de vous initier à l’art de la navigation, en plus de vos talents dans la couture et la Sigillographie. La navigation est quelque chose de passionnant, et même si les connaissances sont longues à maitriser, la finalité vaut la peine de persévérer.
Mais vous y parviendrez j’en suis convaincu.

Et oui j’ai retrouvé le bonheur dans les bras d’une jeune femme magnifique qui ne tarit pas d’éloges sur les robes que vous lui avez confectionnées. Nous partageons la même passion pour la mer et les navires, et nous naviguons dès que nous le pouvons.
Le reste du temps nous vivons sur Brest, ou Ouessant une ile relativement sauvage, balayée par les vents et qui nous permet de vivre sereinement.
J’espère aussi que la Bretagne changera car les forts en gueule ne servent jamais une province.
J’espère qu’elle ouvrira son esprit, autant par la tolérance que par le respect.

Et c'est une belle nouvelle que celle d’attendre la venue d’un enfant.
Et non je n’ai pas encore de petits salés bretons mais j’avoue que j'aimerais en avoir un ou plusieurs. Nous l’avons évoqué quelquefois avec ma douce et peut être qu’elle voudra me faire ce présent un jour.
Je sais que je suis arrivé à un moment de ma vie où j’ai envie de laisser trace de mon passage et besoin de faire profiter quelques héritiers de mes connaissances surtout marines.
Ca me plairait de refiler ma passion de la mer et des navires à un petit Corsaire qui aurait des tartines à beurrer et la menace de l’apprentissage de l’art Sigillographique. Bien que je pense que ce dernier point doit être très intéressant.

Faites attention à vous, et prévenez moi lorsque vous aurez votre Petit Prince.
Et promis je vous donnerai des nouvelles régulièrement.

Que les vents vous soient favorables.

Maritimement


    Rédigé à Ouessant le 23 mai 1470


    Floriantis




_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
- Ouessant aux alentours du 9 juillet -


    Ca n'est pas qu'il détestait écrire, quoi que, mais il remettait toujours au lendemain.
    Incorrigible blond.

    Heureusement, Tua s'était chargé de leur entourage.
    De ce fait, il s'était enfermé dans le bureau de Tua pour rédiger quelques parchemins, mieux valait tard que jamais.

    Tout d'abord ses Suz, Chevaliers Hospitaliers.

Citation:
Ouessant le 10 juillet 1470


Demat ma suzeraine préférée. Si si, même si je n'ai que toi et donc c'est la qualité !

Tout d'abord désolé pour mes piètres résultat en joutes, où comme le disent ton brun et Lily je joue souvent les fruits trop mûrs. Mais je persiste je suis très têtu.


Je t'écris à toi pour vous tous, pour une belle nouvelle.

Le 13 juillet, je prendrai pour épouse Tuatha après quelques années de réflexions, mais je suis blond, et vous êtes invités.
Je sais que quelques lapins crétins agitent votre Duché et je comprendrai votre absence ne vous inquiétez surtout pas pour ça. Je tiens simplement à vous informer de ce jour.

La cérémonie se déroulera à bord de ma caraque de guerre, le Phoenix, je viens de l'acquérir et je cherche un nom breton, amarrée à Ouessant d'où elle ne bougera pas rassurez vous.
Si d'ailleurs vous aviez besoin un jour de mes services de Captain corsaire, je me ferai un plaisir et un honneur de vous aider si je suis disponible, car je navigue dès que je le peux. J'ai des fourmis dans les bottes en restant trop longtemps à terre.

J'espère que tout va bien pour vous tous et que votre Ordre se porte bien, j'ai apprécié l'ambiance respectueuse lors de votre adoubement.

Embrasses les enfants, et salue ton Chevalier pour nous.

Je me permets de t'embrasser fort et surtout vous recommande d'être prudents dans votre tâche d'Hospitaliers.

Maritimement


Floriantis
dict Albator


    Et puis ses anciens compagnons d'aventures, Corsaires libres comme lui ou terrestres, Lalla, Tani, Loanna.
    Côté imagination ça n'était pas extraordinaire, mais il n'avait guère de temps pour personnaliser chaque missive, ça viendrait en son temps. Il avait simplement signalé avoir averti les uns et les autres pour ne pas qu'il y ait de gêne.
    Fallait dire à sa décharge, qu'il était un tant soit peu stressé par ce jour qui approchait.


Citation:
Ouessant le 10 juillet 1470

Ola,

Je ne donne guère de nouvelles car j'essaie de naviguer souvent mais aujourd'hui je me dois de t'informer de celle là.

Tuatha et moi nous marions le 13 juillet à Ouessant, à bord d'une caraque qui restera bien sûr à quai.
C'est un mariage druidique et simple, et si quelques amis corsaires souhaitent y assister ce sera avec plaisir que nous vous recevrons.
Mais pas d'inquiétude, je comprends que tout le monde ne puisse pas venir, je sais que Ouessant c'est un peu le bout du monde.
Il n'y a aucun soucis me concernant.

Je ne sais pas où tu es en ce moment, mais fais attention à toi surtout.

je t'embrasse fort

Ton ami Flo
Captain Corsaire



(hrp pour ceux qui veulent s'amuser mais pas d'obligations c'est l'été et on comprend tout à fait les absents ^^
http://forum2.renaissancekingdoms.com/viewtopic.php?p=29144360#29144360

et le faire part ^^
http://img113.xooimage.com/files/e/2/9/modele_parchemin_...r_r-duit-5910ea8.jpg )

Une petite variante pour la brune italienne, comme quoi il avait un peu d'imagination parfois.
Citation:

Ouessant le 10 juillet 1470

Ola Tani,

Je ne donne guère de nouvelles car j'essaie de naviguer souvent mais aujourd'hui je me dois de t'informer de celle là.

Tuatha et moi nous marions... enfin oui oui... le 13 juillet à Ouessant, à bord d'une caraque qui restera bien sûr à quai.
C'est un mariage druidique et simple, avec les proches et quelques connaissances, et si tu souhaites venir, accompagnée ou pas, et si bien sûr tu le peux, ce sera avec plaisir.

Je ne me vois pas me marier et ne pas t'informer car tu es l'une de mes amies les plus chères.

Mais pas d'inquiétude, je comprends que tout le monde ne puisse pas venir, je sais que Ouessant c'est un peu le bout du monde.
Il n'y a aucun soucis me concernant.

Je fais un petit courrier à Syrin, Loana et Lalla afin de les informer également.

Je ne sais pas où tu es en ce moment, mais fais attention à toi surtout.

je t'embrasse fort

Flo
dict Albator


    Et puis quelques connaissances, par forcément des proches, mais qui soit l'avaient invité à leurs noces, où qu'il appréciait tout simplement et à qui il ferait un simple petit mot

_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
- Ouessant aux alentours du 11 juillet -

    Quelques jours plus tard, des réponses qu'il montrait à sa Flamboyante lui parvenaient.
    D'abord sa brune italienne d'amie, son mentor côté navigation avec Harpège.

Citation:

Hola Flo!

C'est une mereveilleuse nouvelle, je suis en Bretagne maintenant et je ferai bien tout le possible pour assister à votre mariage.

Je te remercie pour la pensée et l'invite.

Un bisou!

Tanissa

    La réponse de la jeune Duchesse champenoise lui soutira un sourire, notamment à l'évocation du petit Tricorne.

Citation:
Bonjour mon vassal préféré !

Alors, ne sois pas désolé pour les joutes, tu t'y débrouilles bien mieux que moi. La raison pour laquelle je préfère maintenant me contenter d'y assister, encourager ceux que j'aime tout en tentant de canaliser l'enthousiasme de Lily. Le principal étant que tu te fasses plaisir quand même, même si les sensations sont, j'en conviens, différentes de celles que l'on peut ressentir sur le pont d'un bateau...

Et d'ailleurs, parlant bateau... pour une bonne nouvelle, c'est une très bonne nouvelle que celle de votre mariage ! Ne crois pas pouvoir t'exonérer de notre présence le 13 juillet sous le prétexte que quelques petits plaisantins s'amusent en Champagne. Bien évidemment que nous serons présents lorsque Tuatha et toi vous direz oui. Lily nous en voudrait énormément de ne pas assister à votre union, et nous nous en voudrions encore plus de ne pas être là. Il faudra simplement faire en sorte que la curiosité naturelle de cette enfant ne la fasse pas passer par dessus bord, et souhaiter que la mer soit calme (et notre fille aussi, tant qu'à faire...)

Par avance, Aimelin et moi vous souhaitons à Tuatha et toi autant de bonheur que nous en avons depuis... tant d'années maintenant, mais quand on aime, on ne compte pas !

A très bientôt, donc. Je t'embrasse fort, ainsi que ta douce.
Affectueusement
Alie


    La réponse de Loanna dont il avait toujours les simples et qu'il faudrait penser à revoir pour les lui donner.

Citation:


Coucou toi
Que dire de moi et mon manque d'assiduité dans les nouvelles? Est-ce que cela serait une réelle surprise pour toi que je t'annonce que j'ai repris du service aux Finances Royales avec Tatou? Même si je n,ai plus jamais voulu mettre les pieds en Normandie, ma route a recroisée la sienne un soir a Limoge. Bon non, je devrais dire ma joue a croisé sa main. Mais, cela est une autre histoire.

Présentement je suis à Dijon, ou pendant l'été je remplace un ami comme mairesse. Mais, il me tarde qu'il reviennent. je n'aime plus avoir l'impression d'être prisonnière d'une institution qu'elle soit municipale ou ducal. Une fois que nous avons pris goût à la liberté, il est difficile de revenir en arrière.

Mais, je suis certaine que Dijon peut survivre une Journée sans moi. Non mais, comment pourrais je râter cette occasion ? Ton mariage. Et puis le bout du monde parfois cela fait rêver.
Et ne t'en fait pas, Syrin et Tanissa ne sont en aucun cas responsable de mon ennuie en Bretagne. Elles ne m'avaient en aucas vendu du rêve et espoir de grande aventure et de liberté. Pour finir enchaîner dans un cabinet médicale comme en Normandie et être un lion en cage.

Au plaisir de te voir pour ton mariage.

Avec toute mon amitié.

Loanna

Agréablement surpris que ces amis se déplacent jusqu'à Ouessant, il rangea soigneusement les courriers qu'il montrerait à sa Flamboyante.
_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
- Premiers jours de janvier 1471, quelque part à terre -


    En terre connue car depuis des semaines qu’il était là, il avait pris ses habitudes. Les habitants étaient accueillants, les autorités également et lui avaient proposé leur aide aussitôt.
    Mais le Captain ne demandait rien, il était Corsaire, habitué à se débrouiller seul depuis toujours, et il n’avait pas vraiment le cœur à discuter ou échanger.

    Jamais deux sans trois disait un adage, et il en avait fait sien.
    Tout d’abord le Plume de pierre, offert par Harpège et que deux caraques pirates attendaient en embuscade derrière des rochers au sud de la Sicile la fin d’été 61. Jeune Capitaine sans expérience, ils avaient été bons avec Pom’ pour nager jusqu’à la côte heureusement proche, accrochés à des morceaux de bois.
    Et puis l’Intrépide, ce maudit jour de juillet 68 où le boulet narbonnais jefflebarde avait ouvert le feu sans même une sommation, parce que forcément ce navire était lié à Tani. Un véritable acte de piraterie passé sous silence, et resté totalement impuni, et dans la foulée ce mépris dont l’Alcapari avait été la cible au plaid avec un roi qui l’avait ignoré, lui envoyant un crétin de portier suffisant qu’il n’était pas prêt d’oublier.

    Et parce que l’Intrépide avait disparu, la brune italienne lui avait donné l’Idéfix.


    - non non tu me le prêtes
    - tssss Flo je te le donne
    - noooon je sais que tu y tiens
    - et toi tu le mérites


    La discussion avait duré bien plus longtemps, et Albator avait cédé. Tout en se disant que sans qu'elle le sache, ce navire était un prêt.
    Tout le monde sait qu'il est pratiquement impossible d'avoir le dernier mot avec une femme, et raison de plus lorsqu'elle est italienne. Mama mia.

    Albator avait le tort de s'attacher à ses navires, et il avait survolé bien des vagues avec sa nave, avait emmené sa fille Mareth en Artois, avait même laissé sa Flamboyante en prendre la barre, chose rare de la part du Corsaire.

    Et puis hélas, ce face à face avec deux caraques pirates au sud de l’Irlande ce jour de décembre dernier.
    C'était toujours un minimum, deux caraques.

    Malade depuis quelques jours, barrant sans cesse depuis des semaines, la nuit avait été longue à guetter les environs, et pour charlie, il n’avait pas vu dans la brume les voiles se rapprocher. Et puis un pigeon venu d’un des navires l’avait quelque peu rassuré. Efesto, ce pirate qui avait navigué avec eux et anne bonny à la barre de la seconde caraque.
    Il ne risquait rien.
    Pas vrai ?
    En principe.

    Les capitaines ont un code d’honneur surtout lorsqu’ils croisent un capitaine qu’ils connaissent, à la barre d’un navire plus modeste. Parce que lorsqu'une nave génoise envoie du boulet sur une caraque, il n'y a pas de quoi faire peur même au plus couard.

    Mais pour Delta, le blond avait vu les derniers bois flottés de son Idéfix éparpillés autour de lui. Dans ces eaux glacées, moins que celles qui avaient vu couler Jack, il n’avait eu la vie sauve que grâce à un navire qui l’avait pris à bord pour le déposer dans ce port le plus proche où il avait fait escale peu de jours avant.
    Comment avait il pu penser qu’un tel individu connaissait l’honneur ?
    les rumeurs allaient pourtant bon train sur cet homme et sa pratique de la sorcellerie.
    Superstitieux comme la plupart des marins, le blond espérait que le pirate finisse au fond de l’eau ou au bûcher.

    Perdre son navire et ses marchandises étaient le risque lorsqu’on naviguait au large, mais l’attitude délibérément provocatrice et ironique du pirate l’avait dégoûté et mis hors de lui.


    Tu couleras. Encore. Ne t’inquiètes pas. Avait il murmuré en roulant en boule la dernière provocation du pauvre gars et en la jetant au feu.

    Les mers n’étaient plus vraiment sûres depuis une paire d’années et il espérait que ça change.
    Les seules patrouilles que le Captain croisaient arboraient bien souvent des pavillons anglais.

    Entre deux travaux, une missive partit pour l’Amiral de France, Merer, qu’il connaissait pour avoir été son second sur le Megalodon de nombreux mois avant d’être Second sur le navire amiral Obélix. Il tenait simplement à l’informer de la présence de pirates dans ce coin.

    effefestitau son emplumé parti, le blond se prépara à rédiger une autre missive à quelqu’un qui devait le penser mort après tant de mois de silence et il n’avait pas envie d’un léger coup de latte de son épouse parce qu’il n’avait pas encore pris la peine de répondre à cette amie.

    Un petit moment plus tard, le courrier était parti direction son amie.
    Il était sauvé.

_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
- février 1473 -


    Assis tout au bout du ponton, une rose blanche entre les mains, il regardait la mer perdu dans le tourbillon de ses pensées.

    Ce soir il avait eu envie de venir parler à sa mère.
    Cette mère qu'il chérissait alors qu'il ne l'avait jamais connue, elle n'était pas là pour lui prodiguer ses conseils, lui filer tout l'amour que seule une mère est capable de donner sans rien attendre en retour, et lui filer aussi une petite tape derrière la tête de temps à autre.
    Sans doute la chose qu'elle lui avait laissé en héritage, cet amour, cette confiance qu'il donnait.  

    Il avait grandi et vécu sans elle, même s'il lui parlait sans cesse comme si elle avait pu l'entendre et pourrait lui répondre. Il ne connaissait même pas son visage, ni son sourire ou la couleur de ses yeux, ni même le son de sa voix.

    C'était un vide pour lui, et pourtant, Capitaine Corsaire, il n'était pas de ceux qui se lamentaient ou se répandaient pour prouver qu'ils existaient.
    Il encaissait les coups durs, comme il avait encaissé ses coulages, lorsqu'il s'enfonçait doucement et que soudain il réalisait qu'il devait remonter à la surface et prendre une grande bouffée d'air parce qu'il avait encore des choses à vivre.
    Il ne le dirait pas, mais il se sentait sombrer doucement malgré qu'il fût rompu à la solitude de la mer, aux batailles, à la rude vie de marin, pas celle que l'on s'invente, mais celle qui vous a pris bien des jour et des années.

    Ce soir il avait besoin de lui parler, de lui dire ce qui le tourmentait, tout le mal qu'il ressentait alors qu'il tentait pourtant de le rejeter et de l'ignorer. Il était marin mais il était fait hélas de sentiments.  
    Il n'avait qu'elle à qui se confier. Ses amies étaient bien loin, sa frangine de coeur occupée à sa propre vie, et tant mieux pour elle.
    Un sourire en pensant à elle.

    Un léger soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il jetait la rose qu'il avait cueilli à Ouessant dans l'eau qui venait battre sur le bois, ses azurs fixés sur elle.
    Le visage de sa fille et de son fils s'affichèrent devant ses yeux.
    Ces deux gosses étaient sa vie.  

    Un murmure s'échappa alors que la rose était ballottée doucement par les vagues.


    pour toi mère.
    J'aurais aimé t'en offrir et voir ton sourire à ce moment là.

    Je l'imagine ton sourire alors que tu dois te dire que tu aurais du me prévenir je sais. Mais tu sais aussi que je ne t'aurais pas écouté.
    Lorsque c'est mon coeur qui parle je deviens idiot. J'aime sincèrement sans faux semblants. C'est ta faute j'en suis sûr. Tu devais être comme ça.
    Mets moi une claque pour avoir été si sot.  
    Pourquoi ne m'as tu pas mis en garde contre cette douleur qui s'insinue même lorsqu'on ne veut pas la voir.
    Mère ton fils ne fait rien de bien.  Tu étais comme ça aussi ?
    J'étais pourtant certain mais je me suis trompé encore une fois.

    Mais c'est promis personne n'en saura rien, tu me connais et de toute façon je tiens mes promesses, et c'est encore ta faute si je suis droit et franc.


    Sans le vouloir, elle était la cause de ce qu'il était, alors qu'il savait que non.

    Comment était mon père au fait ? comme moi ?
    J'aurais tant de questions à te poser encore dans nos discussions. Une chose est sûre, tu me manques.


    Un dernier regard vers la rose qui n'était pas celle reçue, et il tourna les talons, esquissa un sourire parce qu'il devait afficher son visage habituel, et qu'il n'aimait pas que son coeur s'affiche sur son visage.

    Il donnerait le change, ca serait très bien ainsi, et continuerait à avancer pour ces choses qu'il avait encore à vivre et auxquelles il avait bien l'intention de faire honneur.

    Il allait d'abord passer profiter de son fils comme il le faisait toujours, puis irait proposer une petite ballade à sa fille. 

_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
- Février 1473 - En mer, pat' patrouille* -


      Dernière sommation !! Si vous ne vous rendez pas, on… euh… on… on… On mange les otages ! (De Cape et de Crocs)






    Longue vue rivée à l'oeil, Albator observait les voiles qui semblaient s'attarder vers Saint Brieuc.

    quel est ce sagouin qui vient de trop près observer nos quais, avait-il marmonné alors qu'il fronçait les sourcils en repliant sa longue vue qui retrouva sa place à sa ceinture, alors que son propriétaire ne cessait d'observer les voiles.
    Il naviguait depuis suffisamment longtemps pour repérer les voiles douteuses.

    Ca lui avait parfois coûté cher d'aller voir de trop près, et parfois il avait rusé avec succès du temps des équipages de Tanissa. Aujourd'hui il était seul, aucune caraque de guerre en soutien et il servait la Bretagne, et il comptait bien mériter la confiance du Grand Duc, qui pour lui était plus un ami qu'une Majestée.
    Il était comme ça le Captain, toujours du mal avec les titres, même le sien qu'il oubliait souvent, petit mais précieux, plus sentimental qu'autre chose. Paraitrait d'ailleurs que tout ce qui était petit était précieux.
    Non ?
    Faut voir.

    Un coup d'oeil vers sa fille qui survolait l'un des livres qu'il avait à bord, assise sur le pont le dos appuyée contre le bastingage non loin de lui, et souvent dans la mire de son père. Il ne manquait plus qu'elle passe par dessus bord, et ce serait la fin des haricots.
    Elle lui disait son appréhension parfois lorsqu'elle les voyait trop proches d'un navire imposant.
    Quelques jours plus tôt, il avait reçu mot de Anne, pirate connue et redoutée, mais néanmoins l'une de ses connaissances, mot qui l'avait rassuré sur ses intentions le sachant en mer.
    Reprenant la barre il s'orienta vers les cotes, puis dans le sillage des navires, veillant à rester dans les eaux bretonnes par prudence, et ce n'est que quelques rounds plus tard, qu'un pigeon vit se poser sur son épaule.

    Si la signature lui fit froncer les sourcils parce qu'il n'aimait pas le bonhomme, son contenu ne l'étonna pas vraiment.


    Spoiler:
    Citation:
    De Efesto Date d'envoi Le 16 Février 1473
    Objet hi

    Hello Floriantis, I'm glad to see you around again.

    Just one thing, and just to be clear:

    If you're going to Avranches and then I see you come out again, I'll sink you.
    If you keep following our fleet, I'll sink you.
    If you do anything other than enter Avranches and stay there until we're off your map, I'll sink you

    E.

    viens donc me couler. murmura-t-il.

    Lui n'était jamais heureux de croiser le pirate qui n'était pas de ses amis. L'Alcapari était bien plus difficile que ça concernant son entourage amical.  

    Il se souvint alors de ce courrier le saluant, reçu ce jour de décembre 70 au sud de l'Irlande, à bord de l'Idéfix, avant que les deux caraques n'envoient sa nave par le fond, et ce parchemin ironque reçue plus tard, comme si perdre son navire et ses biens n'avaient pas suffit. L'heure de la vengeance sonnerait un jour.
    Le coup de bâton revenait toujours à la face d'un mauvais.

    Un sourire méprisant s'afficha sur ses lèvres alors qu'il observait le pirate se diriger vers Avranches, sans doute pour quelques proies faciles, alors que d'autres voiles attendaient plus au Nord, avant la pointe du Cotentin.

    Le Cotentin, lui aussi témoin d'un coulage Alcaparien.
    Ce qui était certain c'était que le Captain laissait son empreinte partout et qu'il pourrait presque mesurer la hauteur des fonds à certains endroits des mers, jusqu'au plein sud de la Sicile.
    Et puis un sourire empli de tendresse succéda à celui méprisant parce que ce coulage lui avait fait prendre une décision que jamais il ne regretterait.

    Sortant de ses pensées, il transmis les menaces à sa pirate de connaissance, jugeant inutile d'user encre et plume pour l'individu, et la réponse reçue du Haut-Chancelier du Royaume d’Irlande lui-même l'amusa, autant dans le contenu que dans la façon précieusement hypocrite d'écrire.
    Allié.. il lui avait pourtant dit qu'ils étaient neutres.
    Le Captain avait secoué la tête.
    Ainsi ce efesto était l'amiral des one, ce qui lui permettait de couler tous les navires possible, en toute impunité.
    Le tout déposé à l'Amirauté, il continua sa patrouille, copie des échanges ayant rejoint son coffre aux parchemins parce que le Captain n'oubliait jamais les menaces et les coulages.
    La nave resta à l'ancrage quelques heures avant de voir revenir la flotte du vilain qui se dirigea vers lui sans doute pensant l'impressionner, avant de filer au NW, alors que l'Alcapari lui, repartait vers sa surveillance des cotes.

    Il retint un petit rire en se remémorant ce que lui disait Tani lorsqu'ils naviguaient en nave, chose qu'elle détestait, ne se sentant à l'abri que sur le pont d'une Caraque de guerre, avec ce qu'il fallait pour se défendre décemment.
    "haaaa... j'aime voir repartir les grosses caraques parce que là j'avais quand même peur. T'imagines ? boum !
    N'oublies jamais Flo, si tu n'as pas peur en mer, tu coules."
    Elle avait raison, les coulages du blond faisaient suite le plus souvent à quelques témérités de sa part.
    Mais elle, si redoutable en mer, peur ? ça, ça l'avait toujours fait rire.
    Après coup bien sûr.



* j'espère bien vous avoir mis le générique dans la tête...  sinon
_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
Floriantis
-  Brest les derniers jours de mai -


    Elle avait pris ce pli dans son âge enfin
    de venir dans ma chambre un peu chaque matin.
    Je l’attendais ainsi qu’un rayon qu’on espère
    elle entrait et disait : bonjour mon petit père... (V. Hugo)




    A terre depuis quelques jours après une petite virée en mer pour la Bretagne, le Corsaire et sa fille étaient de retour sur Brest.

    Il marchait d’un pas tranquille, mais l’esprit ailleurs, remuant les souvenirs de ces dernières semaines. L’air du large, les tempêtes qui n’avaient cessé de malmener la coque de la caraque durant toute la traversée vers Lisboa. Il avait d’ailleurs été surpris par ce mauvais temps persistant, alors que les beaux jours pointaient déjà à l’horizon.
    Aussi s’était-il montré attentif aux cordages et aux voiles, dormant peu, l’œil aux aguets, guettant autant le danger que la détresse éventuelle d’un navire. En mer, l’entraide était pour lui une évidence, une question d’honneur.
    Seuls les pirates en faisaient fi.

    Il ne pouvait reprendre la mer sans songer à l’Obélix, cette caraque qu'il avait tant barrée en binôme, et qui dormait tristement aujourd'hui, et à ses anciens compagnons d’équipage, les Corsaires de France, devenus Freetalians début 1468.
    Son histoire avec Tanissa, alors Amiral de France, un amiral comme il n’en avait plus connu depuis, l’avait mené à vivre, sans doute, les plus belles années de sa jeune vie.
    Des années forgées sur le pont des navires, dans le sillage d’Harpège.

    Ces deux mentors, deux amies et plus si affinités pour l’italienne, lui manquaient encore aujourd’hui.
    Leurs conseils, leurs regards bienveillants.
    Sa parenthèse flamboyante lui avait permis de croire, un temps, qu’il avait trouvé son port d’attache. Mais la vie de l'Alcapari semblait faite de chimères. Peut-être était-il destiné à poursuivre son chemin seul, avec parfois quelques présences éphémères, qui disparaissaient doucement dans la lumière dorée d’une fin de journée.

    Il était perplexe, résigné peut-être.
    Mais il savait – on le lui avait dit – que ces départs n’étaient pas de sa faute. Une pensée qui l’apaisait. Personne n’aimait être la cause d’une fin, même si la suite se teintait de tendresse et d’amitié, ces liens que personne ne pourrait détruire.
    Il avait deux enfants. Et pour eux, il devait continuer d’avancer. Rester ce capitaine qu’on respectait, et qui, quoi qu’il advienne, gardait le cap.
    Et puis c'était toujours un bonheur de voir le visage de sa fille radieux, lorsqu’elle l’accompagnait en mer.

    Mais à l’approche de Brest, il avait perçu chez elle une ombre : tristesse ou peur, il n’avait su dire. Il s’était promis d’en parler à Tua, et de garder un œil vigilant. Mareth n’avait pas eu la vie facile avant de croiser le chemin d’Ouessant.

    La forge ne chômait pas depuis leur retour. Mareth lui avait demandé une épée, une vraie.
    Il avait été surpris, non pas par la demande, mais par ce qu’il avait ressenti derrière : le besoin d’être armée.


    Il avait bien sûr répondu oui, sans hésiter. Mais en ajoutant à sa façon :

    - Je suis là pour te défendre, ma fille. Et le premier qui s’en prend à toi… il finira avec les tripes à l’air.

    Poétique parfois Albator.

    Il s’était aussitôt remis à l’ouvrage, retrouvant avec plaisir la chaleur de la forge, le chant du marteau sur l’acier, l’odeur du charbon. Lorsqu’il ne naviguait pas, il aimait se perdre entre sa forge et son atelier de charpentier.

    Il avait tout essayé dans sa vie : forgeron, charpentier, et d'autres échoppes, en plus de marin, soldat. La botanique, en revanche… disons que ce n’était pas sa vocation.
    En bon blond tête en l’air, il oubliait souvent qu’une plante a besoin d’eau pour survivre, comme lui parfois, ne survivait que grâce à un petit godet de rhum bien placé.

    Ce jour-là, la forge ronronnait.
    Le blond, concentré, jetait de temps en temps un œil amusé vers la bâtisse voisine. Il se souvenait encore du jour où un vacarme métallique l’avait réveillé en sursaut.
    Aujourd’hui, c’était lui qui faisait le tintamarre.

_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
X.mareth.
Brest fin mai non loin de la forge

Le voyage en mer était fini ; il lui fallait à nouveau rentrer sur Brest. Elle suivait son papa, mais son visage était fermé cette fois-ci. Elle avait trop de haine en elle pour le daron ; son regard si doux, enfantin, plein d'étoiles, avait durci, il était teinté d'un gris acier. Elle ne regardait pas son papa, qui semblait chercher son regard. Elle se renfrogna, tirant sur sa capuche pour mieux se cacher de son regard, ne disant plus un mot, elle suivait simplement. Tout en marchant après un silence pesant, elle articula ces quelques mots.

Dis, tu pourrais me faire une épée, rien que pour moi ?
Tu pourrais m'apprendre à la manier, s'il te plaît, papa ?


Il ne devrait se douter de rien, mais pour l'instant elle ne pourra pas le regarder en face sans se trahir. Elle ne voulait pas qu'il la voie ainsi, elle sursauta quand il lui répondit.

"— Je suis là pour te défendre, ma fille. Et le premier qui s’en prend à toi… il finira avec les tripes à l’air."

D'une voix posée, qu'elle ne se connaissait pas, elle rétorqua.

T'inquiète pas, papa.

Se doutait-il de quelque chose ? Un petit instant, elle paniqua. Non, non, il ne faut pas qu'il sache, je ne veux pas les perdre, pas eux, pas encore une fois, je ne supporterai pas. Serrant la mâchoire, elle avança plus rapidement, pressant le pas.

Ce jour, Brest, à la Forge

Une petite silhouette se faufilait, rapide et silencieuse, passant d'arbre en arbre, de buisson en buisson, complètement encapuchonnée ; elle devait se faire ombre le plus possible. Elle était partie de sa petite cabane, qu'elle affectionnait tant, emportant un maigre baluchon : elle avait pris le nécessaire. Elle vivait à nouveau loin de tous et de tout pour ne pas mettre en danger ceux qu'elle aimait tant encore une fois.

Le Daron était sur son dos, après avoir tué sa grande ficelle, son amie, sa sœur de cœur, celle qui l'avait toujours protégée, soignée quand elle se faisait blesser par le Daron. Il l'avait battu à mort, comme toujours, sais ce qu'il affectionne le plus au monde, cet odieux personnage, il l'avait battu jusqu'à ce qu'elle crache le morceau, et son sang. Il voulait la peau de la crevette, enragé qu'elle ait osé lui échapper. Il la retrouverait et ferait ce qu'il veut de cette peste, lui ferait subir les pires sévices qu'il connaissait ; au pire, il les inventerait. Il voulait la faire mettre à genoux, la voir supplier.

Mais elle ne se laisserait pas avoir si facilement, et elle vengerait son amie par la même occasion, foi de Crevette. Maintenant, elle le savait : ce serait la mort ou la vengeance. Elle avait donc demandé à son papa de lui faire une épée, une qui ne se briserait pas sous les coups, une qui soit assez légère pour elle, légère mais tranchante.
Jamais elle n'avait ressenti ce mélange de haine, de colère ou d'on ne sait quoi.
Il fallait qu'elle reste en vie au moins le temps de venger sa grande Ficelle.
Elle se surprit à se poser une question : « Mais c'était quoi déjà, son prénom ? » Oh mon Dieu, elle avait failli oublier Janiss. Oui, voilà, c'est Janiss. Ouais, parce que le maître mot avec le daron était d'oublier le passé et parfois même le présent : on ne devait plus se servir de nos prénoms, on devait utiliser les noms idiots que lui seul avait le droit de nous donner.
On était ses choses, ses instruments, comme il aimait le dire en éclatant de rire, un rire mauvais plein de haine pour les humains. On dormait à même le sol, se faisant mordre par les rats, couvert de puces ou parfois de poux ; on avait le droit de manger un crouton de pain rassis que si on avait réussi à voler des bourses de marchands ou de passants.
Si on était trop petit, on avait le droit de voler à l'étalage sur les marchés. Mais si on ne ramenait rien, on avait le droit à rien et il nous battait.
Pour les filles, leur sort était bien plus dur. Elle se rappelait encore du jour où Janiss était devenue femme : il l'avait violée et mise sur le marché, comme il disait, elle devait vendre son corps et rapporter le maximum d'écus.

Quand les filles tombaient enceinte, il s'arrangeait avec une tricoteuse et hop, le tour était joué : les filles retournaient sur le marché.

Secouant sa tête comme pour enlever ses pensées, surtout ce maudit passé, qui ne cessait de revenir en boucle : les cauchemars avaient recommencé, la peur, l'incécurité… Elle se sentait au plus mal, mais ne voulait surtout pas que sa fée, sa maman ou son papa, voire pire ses frères et sœurs, tombent dans les mains du Daron, non, sûrement pas, ça se serait le pire, elle ne le supporterait pas. À cette pensée, ses poings se fermèrent sans même qu'elle s'en aperçoive. Son visage et son regard avaient changé. Elle devait à tout prix s'éloigner d'eux, se faire discrète, jusqu'à ce qu'elle soit prête à l'affronter.

Voilà, la forge était là, le regard assez inquiet. Elle regarde tout autour d'elle, puis file vers la forge, pressant le pas pour qu'on ne voie pas qui elle était.

Arrivé dans la forge, enlève son capuchon et essai de paraître nature, elle reprend son attitude enjouée comme toujours et lance :


Coucou Papa, j'suis là !
_________________
Floriantis
-  Brest les derniers jours de mai -


    ... J'y pense chaque soir
    En guettant du regard
    Ton enfance qui joue
    A rompre les amarres... 
    (Regiani)


    Il avait mis la touche finale à l’épée la veille, en fin d’après-midi. Une belle lame, simple mais équilibrée, forgée pour durer, pas pour faire joli.
    Et tant qu’il y était, il avait façonné une seconde lame, plus courte cette fois. Manche légèrement recourbé, et un petit symbole marin gravé discrètement : une ancre. Rien de spectaculaire.
    Juste un signe, pour elle.

    La forge refroidissait lentement, tandis que ses bras, encore noirs de suie, retrouvaient peu à peu la couleur de la peau après un brin de toilette à l’eau du puits. Il avait huilé les gardes, enveloppé les lames dans un tissu gris qu’il réservait à ses ouvrages précieux, puis était allé s’installer à l’ombre du vieux pin, près de la remise.

    Le soleil tombait sur Brest comme une voile qu’on affale. Et le Captain, ce soir-là, s’était enfin autorisé un peu de repos. Il avait décidé que, le lendemain, il les lui remettrait.

    Elle apparut au matin, comme souvent, sans bruit, son pas glissant sur les pierres.
    Il leva les yeux.
    La capuche. Le regard bleu-gris bordé de cils sombres. Cette silhouette frêle, encore enfant, mais qui s’affirmait peu à peu. Elle devenait une jeune femme, doucement, et c’était à la fois une fierté et un pincement.

    Elle était, à elle seule, toute une mer de sentiments.
    Parfois joyeuse comme une môme de quinze printemps, curieuse, vive, posant mille questions.
    Parfois, elle n’était qu’une ombre. Et le père qu’il était avait bien du mal à percer la carapace qu’elle se forgeait jour après jour.

    Il la regarda longuement.
    Se doutait-elle du bien qu’elle lui faisait ?
    De l’apaisement qu’elle semait en lui, rien qu’en étant là ? Toujours volontaire pour une balade, à terre ou en mer. Toujours à chercher son approbation du regard, pour ce qu’elle voulait faire.
    Elle était sa lumière. Sa présence discrète mais essentielle.

    Tua s’était faite distante depuis les premiers mois de 1472. Il n’avait jamais vraiment su pourquoi. Il était pourtant resté le même : ce Capitaine attentif, discret, aimant sans étouffer.
    On lui avait dit qu’il s’effaçait trop. Qu’il se laissait glisser dans l’ombre de celle qu’il aimait.
    Mais il l’aimait. Et ce bonheur-là, même silencieux, suffisait à le nourrir.

    Aujourd’hui, la tendresse et l'amitié étaient là, même si pour lui, l’amour ne disparaissait pas en un claquement de doigts, et c’était loin d’être facile le concernant, même s’il feignait le contraire. Ils échangeait sans doute avec plus de sérénité, et étrangement plus souvent.
    Et puis elle était la mère de son fils, lien éternel entre eux, où qu'ils soient, et ça même le pire individu qui soit ne pourrait le lui enlever.

    Un soupir lui échappa, doux, mêlé d’un sourire.


    - Bonjour ma mouette. Comme promis… je t’ai fait une épée.

    Il se tourna vers l’établi et prit le paquet, qu’il lui tendit.
    Un tissu gris soigneusement noué, comme un petit trésor.


    - Tiens. Elle est à toi. C’est pas un bijou ni une friandise. Mais ça se garde plus longtemps, si on sait s’en servir.
    C’est pas non plus un jouet…
    murmura-t-il. Mais t’es pas une enfant non plus.
    C’est une lame pour tenir bon. Une lame pour défendre ce qui est important.


    Il la regarda.

    - Une épée, ça se donne pas à n’importe qui.
    Faut avoir les épaules… et l’âme. Toi, t’as les deux.


    Il hésita un instant, puis ajouta en sortant une seconde lame de sous l’établi.

    - Et puis… j’me suis dit que parfois, faut pouvoir frapper vite, ou bloquer sans s’embêter. Alors j’ai aussi fait ça.

    Une épée courte, d’un bel équilibre. Plus légère qu'il posa à plat sur ses mains.

    - Pour la main gauche. Ou pour l’inattendu.
    C’est pratique, l’inattendu. Et toi, t’es douée pour ça.
    Avant de manier mon sabre, j’utilisais que ça. L’épée courte.
    Tu dois être au plus près de l’ennemi, mais… elle pardonne pas, si tu sais y faire.


    Il ponctua d’un sourire en coin, avant de se redresser, faisant craquer son dos comme un vieux bout de bois.

    - Allez. Maintenant leçon. T’as demandé, t’as eu. Maintenant tu vas apprendre.
    Et pas de "j’ai faim". T’apprendras à taper même quand t’as faim. Surtout quand t’as faim.
    Et sans râler. Sinon… j’appelle ta mère.


    Un petit rictus accompagna la menace, celle du père qui bluffe. Car tout le monde savait que Tua et la sévérité envers les enfants… ça faisait deux.
    Ca n’était pas la première fois qu’il offrait une belle lame, Tua y avait eu droit avec un bouclier unique aux armes d’Ouessant.
    Une certaine brune y avait eu droit en son temps, car donner à une femme qu'il aimait de quoi se défendre elle-même était pour lui une preuve d’amour.

    Un silence. Puis, plus doucement :


    - Tu m’fais confiance ?

    Sa main se posa sur son épaule.

    - Alors on va faire ça bien. À ta mesure. Pas à la mienne.
    Mais t’inquiète pas… on va s’marrer aussi.


    Et, après cette première leçon, parce qu’il y en aura d’autres, forcément, il lui parlerait.
    Doucement. Avec patience.
    Parce qu’il sentait bien que quelque chose n’allait pas.
    Et parce que ce père-là… n’était pas du genre à détourner les yeux.

_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2025
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)