Floriantis


[Rouen au mois d'aout]
"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit nest pas un gouffre moins amer."*
Avez vous déjà eu l'impression de vivre à nouveau quelque chose. Quelque chose qui ne vous est pas inconnu, qu'il vous semble avoir déjà vécu mais quelque chose qui vous échappe néanmoins.
Le jeune Alcapari avait posé ses fesses sur une caisse déposée avec quelques autres qui n'attendaient sans doute que d'être chargées à bord, et posé ses prunelles acier une fois de plus au loin délaissant le cordage qu'il tenait entre ses mains, oubliant quelques instants la voix de l'homme qui s'affairait à ses côtés.
L'entrée du port, partir vers l'Ouest, la direction de la mer. L'Ouest c'était à gauche comme lui avait précisé Tit Pom'. Mais pas de Pom ni de Stella Marina à quai. Deux navires, La Clé de Sol qui arborait le pavillon normand , et un autre Le p'tit anique.
Et pourtant un troisième apparaissait, qui faisaient scintiller de petites lumières semblables à des lucioles au fond de ses yeux clairs. Un navire dont la coque avait été entretenue récemment , et dont les voiles latines frissonnaient doucement sous la brise qui balayait le port, laissant s'envoler leur chant encore timide, tandis que le pont résonnait du bruit des bottes et des cris de l'équipage qui s'affairait pour le départ.
Tout avait été nettoyé les jours précédents, le pont lustré, les voiles bien carguées, les drisses enroulées comme il faut afin que tout soit prêt pour le départ, les défenses sur la coque vérifiées à nouveau afin de subir le moins d'avaries possible s'il fallait accoster dans quelque endroit sauvage.
La cargaison était en ordre , le vent favorable pour le départ, et la chemise blanche du Capitaine dansait elle aussi doucement sous le vent, impatiente d'aller respirer l'air du large.
Capitaine nous sommes prêts à déferler
Le capitaine se tourna vers son second et après avoir balayé un instant le pont du regard, donna ses ordres.
allez y, larguez les amarres et cap à l'ouest
amarres larguées !
Le vent qui s'engouffre dans les voiles et fait crisser les mats et chanter les cordages, le doux bruissement de la coque qui glisse sur l'eau et cet air qui vous caresse le visage et vous soutire un soupir de satisfaction comme si les mains d'une femme s'étaient posées sur lui.
alors moussaillon t'as fini ce nud où t'es déjà en mer ?
Hum ? Quel nud ? Ah oui le nud !
Des yeux aussi bleus que pouvaient l'être les flots, une barbe blanche assortie à ses cheveux emmêlés, le teint basané par des années passées sur son navire, le vieil homme relativement petit, observait l'Alcapari d'un air faussement bourru, teinté d'une légère lueur de bienveillance. A ses pieds, des filets qu'il venait de réparer encore et toujours et qui serviraient encore jusqu'à ce que les cordages soient trop usés pour soutenir le poids d'une sardine n'ayant pas atteint l'âge adulte, si temps soit peu qu'une sardine puisse être adulte.
Floriantis inséra le bout de la corde qu'il tenait, dans le dormant avant de présenter fièrement son oeuvre au Capitaine. Et voila ! il suffira de tirer sur le courant comme ça et le dormant pour le défaire ... et de présenter aux yeux de son interlocuteur, la corde tendue qu'il tenait du bout des doigts.
c'est bien moussaillon marmona le vieil homme tout en sortant un petit objet de sa poche sous l'oeil curieux du jeune Alcapari avant de prendre place à ses côtés
Tu vois qu'c'est pas bien difficile. Avec ce noeud là tu pourras faire une échelle et bien d'autres choses
si j'pouvais faire un bateau avec
Le blondinet grimaça avant d'éclater de rire et de tourner son regard à nouveau vers l'eau où le mirage du navire prêt à quitter le port s'estompait doucement. La voix du Capitaine le tira de sa rêverie.
t'es sûr qu'tu veux quitter Rouen ?
oui c'est une question de jours.
il y a des endroits où l'on sent, où l'on sait que quoi que l'on fasse on arrivera à rien.... et de tourner son visage vers le Capitaine. je ne suis jamais resté quelque part sans apprendre quelque chose. Rouen restera l'endroit où grâce à une femme, un de mes rêves s'est réalisé, barrer un bateau.
alors prends ça j'te la donne moi je n'en ai plus besoin.
Et de joindre le geste à la parole en présentant sa main ouverte dans laquelle reposait une boussole en laiton, dont le petit couvercle la protégeant était ouvert.
Prends là elle te servira au moins à venir me saluer
elle est pour moi ?
Une boussole, sans nul doute l'une des plus belles qu'il lui ait été donné de voir. Il se noya en remerciement, gêné et fier de ce geste et la glissa dans sa poche, un large sourire éclairant son visage.
Pour sûr qu'avec elle, il ne perdrait pas le nord.
_______________
Titre inspiré de la BD de Cape et de Crocs
* l'homme et la mer - C. Baudelaire
_________________

- un post sans réponse, ok. 2 post ... faut arrêter le foutage de tronche -
"Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit nest pas un gouffre moins amer."*
Avez vous déjà eu l'impression de vivre à nouveau quelque chose. Quelque chose qui ne vous est pas inconnu, qu'il vous semble avoir déjà vécu mais quelque chose qui vous échappe néanmoins.
Le jeune Alcapari avait posé ses fesses sur une caisse déposée avec quelques autres qui n'attendaient sans doute que d'être chargées à bord, et posé ses prunelles acier une fois de plus au loin délaissant le cordage qu'il tenait entre ses mains, oubliant quelques instants la voix de l'homme qui s'affairait à ses côtés.
L'entrée du port, partir vers l'Ouest, la direction de la mer. L'Ouest c'était à gauche comme lui avait précisé Tit Pom'. Mais pas de Pom ni de Stella Marina à quai. Deux navires, La Clé de Sol qui arborait le pavillon normand , et un autre Le p'tit anique.
Et pourtant un troisième apparaissait, qui faisaient scintiller de petites lumières semblables à des lucioles au fond de ses yeux clairs. Un navire dont la coque avait été entretenue récemment , et dont les voiles latines frissonnaient doucement sous la brise qui balayait le port, laissant s'envoler leur chant encore timide, tandis que le pont résonnait du bruit des bottes et des cris de l'équipage qui s'affairait pour le départ.
Tout avait été nettoyé les jours précédents, le pont lustré, les voiles bien carguées, les drisses enroulées comme il faut afin que tout soit prêt pour le départ, les défenses sur la coque vérifiées à nouveau afin de subir le moins d'avaries possible s'il fallait accoster dans quelque endroit sauvage.
La cargaison était en ordre , le vent favorable pour le départ, et la chemise blanche du Capitaine dansait elle aussi doucement sous le vent, impatiente d'aller respirer l'air du large.
Capitaine nous sommes prêts à déferler
Le capitaine se tourna vers son second et après avoir balayé un instant le pont du regard, donna ses ordres.
allez y, larguez les amarres et cap à l'ouest
amarres larguées !
Le vent qui s'engouffre dans les voiles et fait crisser les mats et chanter les cordages, le doux bruissement de la coque qui glisse sur l'eau et cet air qui vous caresse le visage et vous soutire un soupir de satisfaction comme si les mains d'une femme s'étaient posées sur lui.
alors moussaillon t'as fini ce nud où t'es déjà en mer ?
Hum ? Quel nud ? Ah oui le nud !
Des yeux aussi bleus que pouvaient l'être les flots, une barbe blanche assortie à ses cheveux emmêlés, le teint basané par des années passées sur son navire, le vieil homme relativement petit, observait l'Alcapari d'un air faussement bourru, teinté d'une légère lueur de bienveillance. A ses pieds, des filets qu'il venait de réparer encore et toujours et qui serviraient encore jusqu'à ce que les cordages soient trop usés pour soutenir le poids d'une sardine n'ayant pas atteint l'âge adulte, si temps soit peu qu'une sardine puisse être adulte.
Floriantis inséra le bout de la corde qu'il tenait, dans le dormant avant de présenter fièrement son oeuvre au Capitaine. Et voila ! il suffira de tirer sur le courant comme ça et le dormant pour le défaire ... et de présenter aux yeux de son interlocuteur, la corde tendue qu'il tenait du bout des doigts.
c'est bien moussaillon marmona le vieil homme tout en sortant un petit objet de sa poche sous l'oeil curieux du jeune Alcapari avant de prendre place à ses côtés
Tu vois qu'c'est pas bien difficile. Avec ce noeud là tu pourras faire une échelle et bien d'autres choses
si j'pouvais faire un bateau avec
Le blondinet grimaça avant d'éclater de rire et de tourner son regard à nouveau vers l'eau où le mirage du navire prêt à quitter le port s'estompait doucement. La voix du Capitaine le tira de sa rêverie.
t'es sûr qu'tu veux quitter Rouen ?
oui c'est une question de jours.
il y a des endroits où l'on sent, où l'on sait que quoi que l'on fasse on arrivera à rien.... et de tourner son visage vers le Capitaine. je ne suis jamais resté quelque part sans apprendre quelque chose. Rouen restera l'endroit où grâce à une femme, un de mes rêves s'est réalisé, barrer un bateau.
alors prends ça j'te la donne moi je n'en ai plus besoin.
Et de joindre le geste à la parole en présentant sa main ouverte dans laquelle reposait une boussole en laiton, dont le petit couvercle la protégeant était ouvert.
Prends là elle te servira au moins à venir me saluer
elle est pour moi ?
Une boussole, sans nul doute l'une des plus belles qu'il lui ait été donné de voir. Il se noya en remerciement, gêné et fier de ce geste et la glissa dans sa poche, un large sourire éclairant son visage.
Pour sûr qu'avec elle, il ne perdrait pas le nord.
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Titre inspiré de la BD de Cape et de Crocs
* l'homme et la mer - C. Baudelaire
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