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[Rp] Une folle nuit: préquel

Julien_giffard
afin de ne pas le perdre....


Julien_giffard a écrit:



[11 juin, campement de l'armée Thor Aïe]


Après des mois stationné en villégiature à Lisieux, l'armée du Prince avait pris la route pour Rouen, une nouvelle fois depuis ces dix dernières années, si ce n'était plus.

Les sentiments qui le parcouraient étaient on ne peut plus paradoxaux. Triste et en colère car Avranches avait été reprise ce qui était une chronique annoncée depuis la précédente fois. Voire avant. Mais heureux de retrouver Adeline et Kathryn, toutes deux lui manquant.

Haussant les épaules pour ne pas s'encombrer de ces pensées inutiles, il entreprit de faire installer le campement aux portes de la ville. Tente de commandement au centre, il donna les ordres pour que soient abattus les arbres autour afin de dégager et nettoyer le terrain. Il fit alors ériger des fortifications de campagnes autour du campement, organisant un couloir protégé pour rejoindre la forteresse s'ils venaient à être submergés par la Blanche Hermine. Déambulant dans le campement, il ne manqua pas de rectifier certains aménagements prévus et de discuter avec les hommes et femmes qui l'avaient suivi jusque là. Le moral était une part importante de la santé et de l'envie de combattre. La bectance en était une autre. Les travaux suivants leurs cours, il donna consignes à ses officiers d'organiser les tours de garde et de veiller à ce que chacun se repose.

Gagnant alors sa tente, il prit sa plume. Même si la duchesse avait vu une armée débarquer et installer son campement aux pieds du château, que cette armée était prévue et attendue, un petit message s'imposait. Et puis finalement d'autres également.





Ma chère Kathryn,

comme convenu et comme vos gardes vous en ont informé, mon armée est bien arrivée. Mes compagnons d'armes seraient heureux d'une prochaine visite de votre part. Et moi également.
Il me tarde de vous revoir et de passer un moment en votre compagnie.

amitiés,

Julien





Ma douce amie, ô toi ta Magnifique Magnificence

mon armée a fait bonne route. Je finalise notre installation et j'escompte bien que nous pourrons nous retrouver au plus vite. Dix jours que nous ne nous sommes pas vus et j'ai l'impression que cela fait déjà une éternité. Au moins les bretons auront fait une chose de bien: nous permettre de nous retrouver plus vite que prévu!

avec toute mon affection

Ton Altesse


Il serait ensuite temps d'écrire à Martin. Il souhaitait proposer au Cardinal de Rouen de bénir les hommes et femmes qui allaient se battre, ainsi que leurs armes. Mais chaque chose en son temps.

Quittant son écritoire, il se mit alors à genoux pour prier. Après tout, il était toujours chapelain.


Ô Seigneur, réconforte ces frères qui partent en guerre avec Ta grâce et protège la paix de tout mal.

Donne leur la grâce et la pureté, qu'ils bannissent tout ce qui est indigne de Tes éloges et contraire à tes commandements.

Aide-les à combattre pour qu'ils comprennent l'importance de la paix, et s'ils se laissent envahir par le mal, chasse la Créature sans Nom de leurs cœurs et freine leur colère.

Amen

_________________
Julien_giffard
Kathryn.brehnian a écrit:
[nuit du 15 juin, campement de l'armée Thor Aïe]



    A la sortie de la taverne, elle avait hésité. Oscillé aussi mais juste l'espace d'un instant. Rentrer directement chez elle ou laisser ses pas la porter là où elle ne devrait pas se rendre ?
    N'importe quel soir, elle aurait pris la bonne décision. Kathryn aurait attendu le petit jour, aurait recouvré ses esprits et se serait contentée d'une lettre. C'est bien les lettres, pas de risque de débordement avec une lettre. Elle l'aurait relu assez de fois pour s'assurer que tout resterait correct, raisonnable, sage. Est-ce parce qu'elle sort d'une taverne nommée "Le Pas Sage", que c'est le dernier soir avant le départ de l'armée, qu'elle a bu plus que d'ordinaire, ou que la journée a été un désastre ? Un savant mélange de toutes ces propositions probablement.
    Elle se retrouve donc devant la tente de commandement de Thor Aïe et adresse un sourire mécanique au garde planté devant.


    - Bonsoir, le Prince est là ?
    - Oui Votre Grâce, mais ...
    - Il est seul ?
    - Oui, mais...
    -Mais quoi ?
    - Il est tard.
    - Ou tôt, question de point de vue.

    D'un geste plus décidé qu'elle ne l'était vraiment, elle repoussa les pans de la tente, cherchant instinctivement Julien du regard. Dans l'espace confiné, cela ne lui prit guère de temps.

    - Bonsoir...
    Elle anticipa la question probable.
    Tout va bien. Ce commentaire si éloigné de la réalité lui tira un rictus. Enfin, pas de nouvelles urgences pour aller plus mal. Je voulais juste...
    Elle plongea dans son regard n'ayant aucune idée de comment finir la phrase.

    Courbé sur des parchemins, s’abîmant les yeux à la lumière de la bougie, le princitaine (ou capiprince, au choix) releva la tête. Il aurait eu une montre, il aurait regardé son poignet. Oui mais voilà, les montres n’existaient pas. Se fiant à la taille de la bougie, il devait être fort tard. Mais ce n’était pas tant l’heure que le regard de celle qu’il avait en face de lui qui l’interpella. L’alerta même? Et ces quelques mots. Jamais il ne l’avait vu ainsi. Prête à craquer?
    Alors là que faire? D’abord répondre non?[i]

    - Bonsoir Kathryn. Vous êtes consciente que vos premiers mots contredisent la phrase d’après? Et que cela n’a rien pour me rassurer?

    [i]Marquant une courte pause, il poursuivit mortellement sérieux.


    - vous parlez de vous ou de la Normandie?

    Elle fit un pas en sa direction se voulant rassurante et légère, comme d'ordinaire, même si elle se sait à bout.

    - Nous sommes encore à une contradiction près ?

    Elle réalisa la pertinence de la question suivante quand elle se surprit à chercher la réponses quelques instants :

    - Je n'en ai pas la moindre idée, les deux très probablement, je peine un peu à faire la part des choses ces jours-ci. Mais je ne suis pas là en tant que Duchesse.

    Non...ça au moins c'était certain, elle n'allait pas sortir une excuse pour justifier sa présence alors que c'était juste un caprice ou un besoin. Par contre lui expliquer pourquoi elle était là...

    - Je m'excuse pour l'horaire tardif, je n'avais pas prévu de passer, mais je ne pouvais pas vous laisser partir sans vous dire au revoir personnellement.

    Elle baissa les paupières dans l'espoir naïf qu'il ne détecte pas sa peur, viscérale.

    Levant les yeux au ciel en entendant les derniers propos de Kathryn, il se leva et se dirigea dans sa direction.


    - Point d’excuse pour l’horaire, et quand bien même j’aurai été en train de me reposer les yeux, pour vous je serai toujours disponible. Je pensais que vous le saviez.

    Lui prenant la main, il l’entraina vers un siège à côté du brasero.
    Julien est tactile quand elle ne l'est que très peu. Elle l'avait noté depuis un moment mais elle tressaille tout de même quand pendant quelques secondes ses doigts fins se trouvent happés par ceux chauds du capiprince. Elle se laisse donc faire, secrètement soulagée de laisser l'initiative même pour quelques brèves minutes.


    - Venez vous asseoir, vous serez plus à votre aise. Le fond de l’air est encore un peu frais.

    Le Prince en profita pour mettre un peu de bois dans le feu et attrapa une bouteille de calva de feu Vinkolat. Du vrai Gisors qui vous aidait à prendre conscience de votre œsophage.
    Se rapprochant de Kathryn, s’asseyant à côté d’elle, il lui tendit la bouteille.


    - Désolé, je n’ai pas de verre. Il faudra boire directement à la bouteille. Même si je sais que le calva n’est pas ce que vous appréciez le plus, je n’ai rien d’autre.

    Elle prit la bouteille avec une hésitation. Pas concernant le fait de boire à la bouteille, elle s'en contrefiche mais elle avait déjà bu son content de calva ce soir. Justement, une ou deux gorgées de plus ou de moins ne feraient pas une grande différence. Elle sentit le liquide descendre dans sa trachée, incendiant généreusement sur son passage puis lui repassa la bouteille.

    - Votre tente, vos règles, votre poison, Votre Altesse.

    Marquant une courte pause.

    - Cela me touche que vous soyez venu me dire au revoir. Vous comptez beaucoup pour moi. Mais je suis inquiet, vous ne me semblez pas au mieux. Quelque chose vous tracasse? je peux vous aider d’une quelconque manière... chouchou?

    Elle se cala un peu mieux sur son siège, blâmant le brasero et le calva pour la chaleur soudaine. Pour leur éviter des platitudes ou une réponse vide de sens, elle occulta volontairement les premières phrases et questions pour se concentrer sur la dernière, le diminutif réussissant un temps à alléger l'atmosphère.
    Encore une tentation à laquelle il faut résister car elle n'est pas moins joueuse que lui. Mais c'est une chose de taquiner et de provoquer gentiment à l'EM ou en taverne quand ils sont en permanence entourés et une autre de le faire ici, seuls dans une tente à une heure avancée de la nuit. Elle poursuit donc, très sérieuse.


    - Commencez par survivre. Je refuse de vous perdre vous également. Et vous avez encore des promesses à tenir même si je vous en relève pendant la durée de votre absence, je prendrai le relai.

    Instinctivement, elle s'est penchée en avant et ses doigts ont effleuré la minuscule cicatrice témoin de leur discussion voilà des mois. Quand les choses étaient bien plus simples. Tellement de choses ont changé depuis, et cependant cela ne change rien. Elle ignorait quelle décision elle prendrait en arrivant mais devant le regard soucieux et amical, la Duchesse ne peut se résoudre à faire voler les apparences et à formuler la déclaration qui lui brule les lèvres. Voilà, elle parlerait en son nom mais sans trahir personne.
    Elle eut un sourire presque doux mais si amer, si ironique, si plein du givre de la désillusion du devoir accompli qui n'apportait pas du tout la satisfaction escomptée.


    - Vous pouvez faire cela, me promettre que vous ferez tout pour revenir ?

    Des yeux elle cherche la dague du Prince, le défiant de recommencer les déclarations trop solennelles et effusions de sang, ce qui, de sa part, est un comble.

    Frissonnant quand Kathryn effleure la cicatrice de sa main alors que pourtant il n’avait pas froid, il sourit à ce souvenir de leurs retrouvailles et début d’une relation qui prenait une autre tournure que par le passé. Mais ne s’attarde pas sur le frisson. Était ce bien le moment de penser alors que les combats arrivaient?
    La tristesse et la mélancolie dans les paroles de la duchesse l’émurent plus qu’il ne saurait le dire et suivant son regard, il tomba sur sa dague. Se levant pour aller la chercher, il revint vers elle et se mit à genoux devant elle. Décidément, celà devenait une habitude de se mettre à genoux devant les Courcy. Sortant la dague de son fourreau, la prenant par la lame, il lui tendit la garde, la regardant dans les yeux à la faible lueur des bougies et du brasero.


    - Tenez, prenez la. Gardez la pour moi afin que vous soyez certaine que je vienne la rechercher. Je la tiens de Perrinne qui la tenait de Kirah et jamais je ne m’en séparerai. Mais là il s’agira d’une assurance de mon retour. Et elle pourrait vous servir, tant pour votre sécurité que pour la promesse dont vous me relevez temporairement. Vous prendrez soin d’elle? De vous aussi? Vous me le promettez à votre tour?

    Buvant un coup pour se donner une contenance dans ce moment un peu chargé en émotion, il poursuivit sur un ton plus enjoué, bien que toujours à genoux devant elle.

    - Ah oui, je vous ai laissé la petite Kiki dans votre bureau. Ils se tiendront compagnie pendant mon absence. Cela ne vous dérange pas?

    Quand il s'agenouilla et lui tendit la dague, la jeune femme songea à refuser ou au moins à le faire se relever mais elle sait qu'il n'en démordrait pas. Il a cet éclat dans le regard, cette détermination tranquille avec lesquelles elle est familière. Et elle a appris à choisir ses combats.

    - La dague vous attendra. Moi aussi. Et je veillerai sur elle, bien entendu. L'entêtement des Courcy ne va pas faillir quand il devient enfin utile.

    Elle lui adresse un sourire assuré, le premier de toute la conversation. Ils sont là à converser très sérieusement de leurs possibles morts et malgré cela, elle se sent plus en paix que depuis des semaines. Des mois même. Malgré la fatigue, la peur, la multitude d'émotions qu'elle n'arrive pas à faire taire, Kathryn se sent bien. Et même si les choses importantes ont été dites, elle n'a aucune envie de s'arracher à l'atmosphère de la tente pour retrouver sa solitude.

    - Au contraire. Mais une dague et un chat, serait-ce mon anniversaire avant l'heure ? Je n'ai pas rien à vous offrir en retour.

    Par acquis de conscience envers elle même, elle ajouta :

    - Rien de tangible en tout cas.

    Avec l'ombre d'un sourire, elle se pencha vers lui, une main posée sur son épaule alors qu'elle dépose un baiser sur sa joue. Et si celui-ci s'égare près de la commissure des lèvres, c'est surement un hasard.


[écrit à 4 mains et deux cerveaux par jd Kathryn et jd Julien]

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Julien_giffard
Deedee a écrit:
[Nuit du 15 juin – Campement de Normandouille]


    Et une nuit de plus sans dormir…

    Au final, elle ne les comptait plus la Marquise, entre les remparts, l’état-major, son bureau héraldique qu’elle avait déménagé dans sa tente au campement, le château, non, elle ne les comptait plus.
    Le jour, la nuit, les heures passaient et se ressemblaient.

    « La Bretagne ça vous gagne » qu’ils disaient !
    « Vient nous r’joindre en vacances, ça te r’posera » qu’on lui disait.
    Tu parles !
    La Bretagne… Elle rêvait plutôt de les bouffer en galette, en beignet ou même en tripes à la mode de Caen.
    Si encore elle pouvait partir avec le Prince, vadrouillé avec lui, tapé du Breizh, se défouler simplement…
    Mais même pas…
    Au lieu de cela, elle était là, encore, veillant, guettant, arpentant les chemins de ronde, et supportant, il va sans dire les aboiements des petits roquets qu’elle était hélas obligé de croiser.

    D’une humeur morose, a cours de calva, de prune et autre liqueurs, Adeline se frotta doucement le visage pour chasser les marques d’une mauvaise journée et d’une longue nuit qui s’annonçait. Un léger courant d’air vint alors lui chatouiller les pieds et la marquise poussa un long soupire en reconnaissant la, les pan de sa tente que l’on venait d’ouvrir.


    -Quoi encore ? Demanda-t-elle sans même regarder qui venait d’arriver.
    Qui cela pouvait-il être à part… Un messager, un pigeonnier ou un soldat du campement ? Elle ne pouvait même pas espérer voir apparaitre sa cousine, occupée comme elle à courir d’un endroit à un autre. Son fils alors ? Certainement pas ! Avec ses terres occupés par les bouffeurs de chouchen, elle avait eut juste le temps de le faire évacuer vers les terres de son père à Neauphles…
    Julien ?
    Il devait être dans ses préparatifs de départ…

    Alors elle n’avait plus beaucoup d’option sur le visiteur et comme elle l’imaginait… un rapide coup d’œil lui confirma ses suspicions… le cuisinier du campement.
    Un petit bonhomme tout roux et rondouillard, pas méchant mais… pas très dégourdis. Sauf pour sa soupe !
    Qu’elle n’avait pas mangé cela dit en passant.


    -Quoi ? demanda-t-elle de nouveau agacée.
    -C’que… on a plus d’sel.
    -Vous pouvez pas aller en demander au campement voisin ?
    -J’ose pas cap’tain…
    -M’enfin ! Le Prince va pas vous manger quand même !
    -J’sais, mais y m’fait peur. J’prefere combat’e les bretons cap’tain…

    Et se tapant le front de la paume de la main en secouant la tête, Adeline se leva en poussant un long long soupire.

    -Très bien… j’y vais… Mais c’est la dernière fois !

    A vrai dire, elle aurait pu l'envoyer balader et le laisser se débrouiller, mettre tout le monde au régime sans sel et refermer les pan de sa tente pour avoir la paix. Mais... C’était là une excuse toute trouvée, l’occasion rêvée pour aller le voir une dernière fois avant son départ. Lui dire quelque mot en face, des mots que lui seul pouvait entendre, des mots… sensés la rassurée.
    Alors…


[15 juin toujours – Campement de Thor Aie]


    Outre le sel qu’elle ne devait pas oublier en revenant, la marquise s’était répétée sur le chemin, ces quelques phrases qu’elle tenait à lui dire, en face.
    Comme un aveu.
    Lourd de sens.
    Quelques choses du genre… : « j’ai déjà dit au revoir a un être cher, je n’ai pas envie de recommencer » ou… « Il nous reste un bout de chemin à faire alors… tache de revenir en entier » , a vrai dire les mots se bousculaient dans sa tête et Adeline ne savait plus trop dans quel sens les sortir.
    Peut être qu’une fois en face de lui… dans l’intimité de la tente ?

    Passant les gardes et les sentinelles une, a une, Adeline arriva enfin devant la tente principale, la plus grande, la seule encore éclairée aussi.
    Une chance !
    Il ne dormait pas encore !
    Et après un sourire au garde, suivit d’un signe lui montrant de ne pas faire de bruit, et la marquise écarta légèrement les pan de la tente pour découvrir…

    Julien !
      Jusque là… normal.

    Sa cousine !
      Pourquoi pas…

    Mais… dans les bras l’un de l’autre ?
    Gné pas Potib !


    -Oh ! Pardon ! J’ignorais que tu n’étais pas seul…. Déclara alors la marquise en se tournant rapidement, hésitant entre… fuir à toutes jambes ou rester et paraitre faussement confuse d’avoir interrompu leur petit adieu.

    Jalouse ?
      Pas-du-tout !

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Julien_giffard
Kathryn.brehnian a écrit:
[nuit du 15 juin, campement de l'armée Thor Aïe]


Quel contraste entre la chaleur de la tente qui lui brûle le dos et la fraîcheur de la nuit qui lui glace le visage. Adeline hésite à se retourner, de peur d'avoir imaginé, d'avoir cru, d'avoir pensé, une seule seconde...
Derrière elle, elle les voit encore, si proches.
Et si elle avait encore trop bu ?

Ô temps, suspends ton vol.
Kathryn est dos à l’entrée de la tente mais la culpabilité décuple ses instincts. Ou c’est juste le courant d’air qui a trahi l’arrivée d’Adeline. Suivi de la voix trop familière dont la fausse neutralité est plus acérée qu’un hurlement.

Kathryn se redresse vite, trop vite, la tête lui tournant un instant et balbutie, la gorge sèche :

- Ad, attends, ce n’est…

Malheureusement, elle n’a pas le temps de s’embrouiller dans ses explications qui ressembleraient plus ou moins à « Si, c’est exactement ce que tu crois mais cela n’aurait pas été plus loin. Enfin il me semble. Tout est ma faute, il n’y est pour rien. » Car, à ce moment, le vertige s’accroit et elle se sent chuter sans rien pouvoir faire pour l’éviter.
Une dernière pensée lucide « Oh non, pas maintenant » puis c’est le fondu au noir pour la Duchesse.

Frissonnant lors de ce chaste baiser empli de tendresse que Kathryn venait de déposer à la commissure de ses lèvres, le Prince n’eut même pas vraiment le temps de réaliser ce qui venait de se passer qu’Adeline entra dans la tente. Prenant alors conscience de leurs positions respectives, et reprenant quelque peu ses esprits, il faut bien le dire, Julien eut furieusement envie de se lever pour se taper la tête contre le montant du mat de la tente.
Mais à défaut, son regard passa d’une cousine à l’autre pendant quelques trèèèèès longues secondes, impossible de dire quoi que ce soit.
Alors qu’il ouvrit la bouche comme une carpe, il remarqua que Kathryn semblait tourner de l’œil. Il se précipita pour la rattraper et se retrouva face à Adeline, tenant Kathryn dans ses bras.


- euh.... Liline, ce n’est pas ce que tu crois. Même si ça l’est. ’fin je sais pas ce que tu crois en fait.

Finalement, c'était peut être plus simple de se dire et croire qu'Adeline avait décidément trop bu encore ce soir. Que son imagination lui jouait des tours et qu'elle avait cru voir ce qu'elle avait parfaitement vu.
Son esprit sautait d'une remarque à une autre, jouant dangereusement avec ses nerfs et son estomac.
Parce que forcement... celui là se réveillait maintenant !
Comme si c'était le moment !

Regardant Kathryn, inquiet, toujours dans ses bras et s’adressant de nouveau à Adeline, Julien demanda :


- c‘est normal qu’elle soit toute molle?

Julien face à elle, le regard de la marquise allait et venait entre le prince portant dans ses bras sa cousine inconsciente, et sa cousine, dans les bras du Prince.
Le Prince, sa cousine, sa cousine, le Prince.
Dans ses bras ?
Sérieusement ?
Elle n'avait pas trouvé mieux comme excuse ?

Levant les yeux au ciel tellement ses propres propos étaient débiles, tout en lui permettant de conserver une certaine contenance, Julien porta Kathryn telle une jeune mariée pour la déposer sur son lit.

Suivant toujours du regard la scène, le Prince, sa cousine dans ses bras, et les deux s'approchant du lit, Adeline secoua la tête en s'approchant à son tour, tout en se disant quand même, que sa cousine aurait pu trouver autre chose que le coup de la panne...


- Liliiiine! C’est toi la médecin ici. Moi à part lui mettre une paire de claques et lui jeter un seau d’eau, je ne vais pas être très utile. Aller, hop hop hop!!!

Une paire de claque...
Un sourire machiavélique se dessina sur le visage d'Adeline songeant qu'elle n'allait peut etre pas exclure totalement cette option
Une paire de claque...
Ou peut être deux même.
Juste a des fins médicales bien-entendu !


- Apporte moi un peu de calva et de l'eau fraîche ! finit-elle enfin par lâcher, la voix légèrement éraillée.
- Kate réveille toi ! Tu m'entend ? Ouvre les yeux maintenant.


Et si elle s'était promis de ne plus jamais exercer la médecine, l'ex-doyenne de la Faculté de l'Hotel-Dieu retrouvait bien malgré elle ses vieux réflexe, cherchant un battement de cœur, une respiration, un signe quelconque responsable du malaise.

Hein? Du calva? Non mais faut pas gâcher non plus! Quoi que, c'est pour la bonne cause comme on dit. Et Kathryn en était une particulièrement bonne. De cause, voyons, bande de malappris avec un esprit mal placé!!!!
S'exécutant, le Prince attrapa la bouteille qu'ils avaient d'ailleurs déjà attaqué, en pris une bonne rasade et la tendit à Adeline.

Attrapant la bouteille de Calva qu'il venait de rapporter, Adeline porta le goulot à sa bouche et avala, une, puis deux, puis trois, quatre, cinq, bonne gorgée avant de reposer la bouteille à côté de la bassine. Si vous pensiez que le calva était pour la malade, c'est raté !
Mais le médecin, lui, en avait bien besoin pour canaliser ses pulsions et garder la tête froide.
Ou pas....

Il fila ensuite chercher une bassine d'eau et revint en courant avec, la déposant à côté d'Adeline.
Se mettant à genoux à côté du lit, il attrapa la main de Kat et murmura :

- Fais pas l'imbécile Kat, réveille toi. J'ai déjà perdu deux épouses, je ne résisterai pas cette fois en perdant l'une de vous deux.

[i]Ah? Tiens ça bascule sur du tutoiement tout d'un coup. A croire qu'il était vraiment inquiet pour en oublier leur vouvoiement habituel.

Adeline plongea alors machinalement un linge dans la bassine d'eau, non sans jeter une œillade vers Julien lorsque ce dernier prit la main de Kate.


« Ne dit rien…. Ne répond pas… C’est normal… C’est-tout-a-fait-normal… il est inquiet… Et toi aussi.
Mais-quand-même ! » Se répétait, intérieurement la marquise tout en poursuivant son examen.

Relevant la tête vers Adeline, attrapant aussi sa main, il s'adressa à elle.[/i]

- Elle n'a rien de grave? tu vas nous la ramener? tu ne me fais jamais ce coup là toi non plus!!!

Surprise par le contact de Julien, Adeline lâcha le linge qui s’écrasa, gorgé d'eau, sur le visage de l'inconsciente, l'inondant presque. Si être prêt de mourir noyée-étouffée ne la réveillait pas, cela aurait au moins le mérite de la rafraîchir.

-Euh.. Je ne sais pas... Elle a bu ou mangé quelque chose avant de s'évanouir ? Demanda-t-elle en se retenant quand même de lui demander ce qu'ils avaient fait tous les deux dans cette tente avant qu'elle n'arrive.

"Allez Kate... réveille toi que je puisse t'étriper..." Pensa-t-elle intérieurement en essuyant doucement le visage de sa cousine avec le linge humide, tout en songeant, de plus en plus à lui mettre quelque claque.
Ahhhh la bonne vieille méthode des claques !
Apres tout.... pourquoi ne pas joindre l'utile a l'agréable ?


-Kate ! Ouvre les yeux.

Tant pis... Elle l'aurait voulu.

-Bon... et bien je crois que je n'ai pas vraiment le choix.

A la guerre comme à la guerre... Tous les coups sont permis ! La marquise leva alors légèrement la main, prête à commettre l'irréparable.

Ou comment comprendre tous les sens du mot malaise en une nuit…
Revenons donc là où cela reprend pour Kathryn.
Un déclic soudain, et comme une sensation d'humidité, une vague pression autour de l'une de ses mains alors que tout son corps qui semble lourd même si elle en regagne peu à peu le contrôle.
Les paupières sont pesantes mais elle parvient - péniblement - à les soulever.
Entre la pénombre de la tente et la scène assez surréaliste qu'elle a devant les yeux, Kathryn referme les yeux, profondément convaincue qu'elle est encore endormie, évanouie ou qu'il s'agit là d'une hallucination. C'est au final plus crédible que la réalité.

Elle respire, toujours allongée, tentant de réunir les bribes d'informations. Un malaise…c'était bien sa veine. Pas comme si elle était coutumière du fait. Cela ne lui arrivait quasiment jamais, la dernière fois c'était pendant…bref, c'était il y a bien longtemps. Et puis, où est-elle allongée ? La question est rhétorique, les options ne sont pas si nombreuses. Comment est-elle arrivée là en revanche ? Et pourquoi est-elle trempée ? Trop d'interrogations et de doutes dans son cerveau encore léthargique. Mais une certitude néanmoins, celle qu'elle est dans de beaux draps. Pas littéralement bien sûr, même si, bien que partiellement mouillé, elle est rassurée de sentir le poids du tissus épais de sa robe contre sa peau. Il ne manquait plus qu'un examen en règle et elle, en petite tenue, pour parachever le sentiment d'humiliation. Elle cligne de nouveau les yeux, pour confirmer ce qu'elle a brièvement capté la première fois. Oui, c'est bien cela, une main beaucoup trop proche de son visage à son propre gout. Mais qu'elle n'aurait probablement pas volé.
A propos de main…qui tient la sienne ?


- Je vais bien…ne vous en faites pas, articule t-elle sans conviction, les yeux toujours fermés. Sur l'instant, elle considère très sérieusement la possibilité de ne plus jamais croiser leur regard, ni à l'un ni à l'autre.

Gwenn lui avait pourtant dit d'aller se coucher directement. Non pas que celle-ci savait ce que Kathryn avait en tête, mais tout de même, quand on en vient à regretter de ne pas avoir écouté les conseils de Gwenn, c'est que vraiment la soirée a mal tourné.

Et clac !
Trop tard...
Prise dans son élan, la main de la marquise venait de partir toute seule avant de s’écraser - avec délicatesse, quand même - sur la joue délicate de la traitr... duchesse !


-Oup's ! Désolée....
"Menteuse !" Lui cria alors sa petite voix intérieure.

Le Prince regarda la scène comme si elle se déroulait au ralenti. Il se réveilla en entendant le bruit bien sonore de la claque. Il ne put que grimacer en constatant que c’était la main où Adeline portait la bague qu’il lui avait offert. Certes ce n’était pas une arme à proprement parler, mais ce n’était pas non plus une babiole. De là à voir l‘incrustation des petites pierres sur la joue de la duchesse de Normandie... il n’y avait qu’un pas.

Adeline remit ensuite délicatement le linge humide sur le front de sa cousine.


- "Je vais bien... Je vais bien..." Tu viens de t’étaler comme une carpette, mais tu vas bien. A d'autres hein...

Kathryn se massa instinctivement la joue, sonnée par la gifle, et encore embrumée du malaise et de l'alcool absorbé. Même si elle sait l'avoir mérité, cela fait tout de même mal. Elle s'épargna une tentative de réponse laborieuse qui confronterait leurs mauvaises fois respectives. Etrangement, comme l'impression que tout ce qu'elle dira sera retenu contre elle.

Adeline adressa un sourire qui se voulait rassurant vers Julien avant de lui demander doucement.


-Julien ? Est ce que tu pourrais m'apporter un verre d'eau, et... si tu as... Un peu de soupe aussi.

- De la soupe? Non mais je ne suis pas si vieux que ça non plus. J’ai encore mes dents et en bon état! De la soupe. Non mais je t’en ficherai de la soupe.

Se levant, il sortit en grommelant de la tente et rapporta finalement opportunément de la soupe... et de l’eau qu’il tendit à Adeline

Puis attrapant la bouteille de calva, jamais bien loin, la marquise avala quelques rasade avant de se tourner vers la malade-mouillée-réveillée.


- Ouvre les yeux Kate.

Et comme c'est demandé si gentiment, Kathryn finit par s’exécuter, et se redresse sur le lit de camp tant bien que mal tout en déplaçant le chiffon humide de son front à sa joue.

- Tu as toujours le vertige ?
- ...
- Tu as mal quelque part ?
- ...
- Tu as des nausées ?
- ...
- Tu as mangé quelque chose aujourd'hui ?
-...
- Tu n'as pas abusé de cidre ou calva ?
...
-Tu n'es pas enceinte par hasard ?
...

Et son regard d'Adeline de glisser en coin entre la malade et le Prince...

Puis au Prince de regarder la Marquise puis la Duchesse, et vive versa sans vraiment imprimer les derniers propos ni sans en mesurer tous les tenants et les aboutissants.

Quant à Kathryn, elle a laissé la litanie de questions se tarir, ne réagissant presque pas à la dernière, presque attendue, et ce en dépit de la colère qui la gagne malgré elle. Un instant de fugace compassion pour Julien qui la ferait presque douter et puis un simple mot.


- Oui.

Alors celle là... celle là...
Celle là, elle ne l'avait pas vu venir.
Un retour de manivelle comme on les aime, et pouf ! Une marquise qui tombe le séant par terre, la bouche ouverte, comme une gargouille assis sur le toit d'une église.
"Non ! Elle n'a pas fait ça quand même ?"
"Si si ! Elle l'a fait !"
"Mais non, pas lui, pas elle !"
"Si si ! C'est flagrant quand même !"

Lui martelait la petite voix intérieur tandis que le regard d'Adeline allait de Kate à Julien, puis de Julien à Kate, et de re-Kate à re-Julien cherchant quelque part sur leur front une réponse à ses questions.

Le regard gris de Kathryn s'égare lui aussi un instant la direction du Prince. Puis revient se planter dans les prunelles de l'ainée Courcy, assorti d'un infime haussement de sourcil. Le silence est un art familial quand il faut aborder les sujets qui fâchent, même si Adeline le maitrise mieux qu'elle. En toute honnêteté, elle préfère jeter des pavés dans les marres et recoller les morceaux ensuite.
Mais leur échange, tout silencieux qu'il soit, n'en est pas moins lourd de sens et complètement opaque pour le commun des mortels, ou juste pour le principal intéressé.



écrit par les 6 mains et 3 cerveaux des jd Adeline, Julien et Kathryn

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