[Entre vieille fripée et chemise de nuit, chambre des époux Maussac-Théran]
Môme bouche-bée.
Que nenni, comment ça, que nenni, hein, sérieusement ! Elle est en pleine mission, là, zut ! C'est pas une vieille-qui-fait-(presque)-pas-peur qui va l'empêcher d'aller sauver le monde -ou presque- avec un "que nenni", enfin !
- ... Eul' bébé, ch'est Jacob et y reste ichi li. Par contre tizote, j'sais pô quoi qu'tu fiches dans l'maison d'dame Morgane... Ch'est qui qui t'as appris à rentrer chez les aut' sans être invitée ?
- Euh, bah, euh, je, je... Nenfoumldbluck.
Qui veut dire, mot pour mot, en language alyciannéen, "An error occured, please try again later", ou encore qu'il lui faut un peu de temps pour digérer tout ce qui vient de se dire.
Kipu serait Jacob ? Quelle manie d'avoir deux noms, franchement... Et il aurait été donc donné par dame Linon, à dame Morgane, ici présente. Et Alycianne, ce qu'elle fait ici ? Elle sauve le monde, pardi !
Mais la nourrice ne semble pas avoir saisi cette dernière notion, et voilà qu'elle lui pique Kipu, enfin, Jacob des bras. Nan mais ho, là ! Et à la gamine de se rappeler que Kipu n'étant plus volé car donné, il n'y avait plus de raison de vouloir le sauver. Sauf si dame Linon était en réalité la voleuse, et qu'elle s'était ensuite débarrassée du braillant bébé en le fourrant dans les bras de dame Morgane... Heinhein, bonne idée, qui mérite réflexion...
- Cha fait longtemps qu'elle est comme cha ?
Fillette qui bat des paupières, repose ses mirettes sur la nourrice, tout juste revenue. On est poli, on répond.
- Ben en fait, moi j'entends Kipu crier, Jacob crier plutôt, et donc je viens, puisque c'est tout ouvert dans la porte. Et puis je vois que la dame elle va pas bien, et même qu'elle s'endort de fièvre, alors je mets de l'eau, ça fait partir la maladie.
Très bon exposé des faits, Alycianne, se félicite-t-elle.
Mais la voilà déjà pointée du doigt, et assignée à une tâche. Elle s'y attelle aussitôt, habituée par sa mère à ne pas perdre de temps en jérémiades inutiles. Armoire ouverte, et la gamine se hisse sur la pointe des pieds pour chercher de quoi vêtir dame Morgane. Chemise de nuit, chemise de nuit... Son bras se tend pour attraper une robe blanche pliée, semblable à celle que porte la souffrante.
Elle ramène le vêtement à elle, puis entreprend de le déplier. Chemise de nuit qui file traîner par terre, tandis qu'Alycianne la lève par les manches le plus haut possible, du haut de ses 117 centimètres. Aucun doute alors : la chemise de nuit est bien trop grande.
- Mais ça va être dans le trop immense !
Et voilà qu'en plus, elle pose le pied sur le tissu, qui -il le fallait bien- glisse sur le sol, et fait tomber la petite sur son dodu postérieur -qu'elle a fort délicat.
Ne pas se laisser abattre, Alycianne. Et ne pas dire que ça fait mal aux fesses, c'est pas très courageux !
Elle se dépêtre de la chemise de nuit, pour se relever et la tendre à la nourrice.
Puis, discrètement, se frotte son douloureux derrière.