Alycianne
[Dehors, à peu près devant la demeure des Maussac-Théran]
La mioche se promène, le nez en l'air, profitant de ces effluves que même le froid ne peut défaire. Là-bas, c'est le boulanger qui a sorti ses pains chauds. De cette rue à la dernière, on passe de douces senteurs de boeuf cuit avec les derniers champignons de la saison, à l'enivrante odeur de la miche de blé noir toutefois cuite à point.
La mioche se promène, une chansonnette dans la tête, qui l'entraîne toujours plus loin, sans s'occuper de ses mains glacées, de ses chaussettes qui glissent de ses genoux mordus par le vent du Nord. Ravie de retrouver Sémur, ces murs qui lui ont bien manqué.
La mioche se promène, les joues rougies par le froid, s'écartant sur un beau sourire plein de petites quenottes. C'est un simple sourire de bonheur. Ce sourire qu'on a parfois le matin, sans se l'expliquer. Ce sourire que rien -presque rien- ne peut enlever.
OUIIIIIIIIIIIIIIN !
La fillette fronce les sourcils. C'est juste la souvenance...
Tourne la tête vers la maisonnée d'où provient le cri. Une mèche bouclée s'échappe de derrière son oreille, et, machinalement, les petites lèvres la happent pour la mordiller.
C'est juste la souvenance...
Rageant de ne pouvoir mettre le doigt dessus. Elle observe la demeure, encore. Elle ne lui dit absolument rien.
La souvenance...
Oh, c'est juste là, elle le sait. Sur la bout de sa langue. Juste, Juste...
Kipuuuu !
Tout ressurgit dans sa caboche à la vitesse d'un cheval comme il court plus vite que son ombre.
Marko, la margelle, Kipu, l'homme, la vieille horrible, la robe oubliée.
Et ce cri, ce cri, elle peut en jurer par tous les cailloux du monde entier (enfin, presque), c'est celui de Kipu. Parce qu'elle s'en souvient bien, hein. Puisqu'elle lui a sauvé la vie de la noyade. Et il avait crié, crié... De quoi se rappeler un braillement toute une vie.
Enfin, un seul hic : Marcko n'était plus ici, et ce depuis longtemps. Que pouvait donc faire Kipu ici ?
Alors la gamine s'élance vers la porte, qu'elle se met à tambouriner méchamment.
Ouvreeeez ! Ouvrez, c'est Kipu, je sais, je sais ! C'est pas bien de voler ! Ils ont volé Kipuuu !
Elle s'escrime contre la porte, criant, gesticulant, donnant de rapides coups secs dans le bois. Avant de réaliser quelque chose d'assez-plutôt-vraiment formidable : la porte est n'est pas fermée.
Elle l'ouvre alors d'un grand coup de pied digne d'un Mauvais. Et la future sauveuse de Kipu d'entrer vaillamment. Ça c'est de la mission de chevalier, hein !
Le buste bombé, menton redressé, allure souveraine, elle essuie toutefois ses pieds après la porte -eh oui, on peut être chevalière et polie- avant de partir dans l'exploration de la demeure. Se laissant guider par le cri puissant du bébé, elle trouve rapidement le berceau du dit Kipu, sans croiser quiconque. Elle prend donc l'enfant dans ses bras, bien décidée à l'emmener ailleurs. C'est encombrant, lourd, bruyant. Et ça se prend comment ? Le bébé n'en braille que plus. Finalement, une main sous les fesses du petit, l'autre contre son dos, plaqué contre elle, ça a l'air de tenir plutôt bien. Et même qu'il se calme un peu.
Fière de son larcin de larcin, elle s'imagine déjà le rendant à sa famille véritable, en héros. Elle fait quelques pas, sort de la pièce. Avant d'entendre des... gémissements ? Curieuse comme pas deux, et pas un poil intimidée par le décor inconnu, elle s'en rapproche. Entrouvre une autre porte, du pied.
Sur un lit, une dame.
Elle la regarde, par dessus l'épaule de Kipu.
Bonjour.
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La mioche se promène, le nez en l'air, profitant de ces effluves que même le froid ne peut défaire. Là-bas, c'est le boulanger qui a sorti ses pains chauds. De cette rue à la dernière, on passe de douces senteurs de boeuf cuit avec les derniers champignons de la saison, à l'enivrante odeur de la miche de blé noir toutefois cuite à point.
La mioche se promène, une chansonnette dans la tête, qui l'entraîne toujours plus loin, sans s'occuper de ses mains glacées, de ses chaussettes qui glissent de ses genoux mordus par le vent du Nord. Ravie de retrouver Sémur, ces murs qui lui ont bien manqué.
La mioche se promène, les joues rougies par le froid, s'écartant sur un beau sourire plein de petites quenottes. C'est un simple sourire de bonheur. Ce sourire qu'on a parfois le matin, sans se l'expliquer. Ce sourire que rien -presque rien- ne peut enlever.
OUIIIIIIIIIIIIIIN !
La fillette fronce les sourcils. C'est juste la souvenance...
Tourne la tête vers la maisonnée d'où provient le cri. Une mèche bouclée s'échappe de derrière son oreille, et, machinalement, les petites lèvres la happent pour la mordiller.
C'est juste la souvenance...
Rageant de ne pouvoir mettre le doigt dessus. Elle observe la demeure, encore. Elle ne lui dit absolument rien.
La souvenance...
Oh, c'est juste là, elle le sait. Sur la bout de sa langue. Juste, Juste...
Kipuuuu !
Tout ressurgit dans sa caboche à la vitesse d'un cheval comme il court plus vite que son ombre.
Marko, la margelle, Kipu, l'homme, la vieille horrible, la robe oubliée.
Et ce cri, ce cri, elle peut en jurer par tous les cailloux du monde entier (enfin, presque), c'est celui de Kipu. Parce qu'elle s'en souvient bien, hein. Puisqu'elle lui a sauvé la vie de la noyade. Et il avait crié, crié... De quoi se rappeler un braillement toute une vie.
Enfin, un seul hic : Marcko n'était plus ici, et ce depuis longtemps. Que pouvait donc faire Kipu ici ?
Alors la gamine s'élance vers la porte, qu'elle se met à tambouriner méchamment.
Ouvreeeez ! Ouvrez, c'est Kipu, je sais, je sais ! C'est pas bien de voler ! Ils ont volé Kipuuu !
Elle s'escrime contre la porte, criant, gesticulant, donnant de rapides coups secs dans le bois. Avant de réaliser quelque chose d'assez-plutôt-vraiment formidable : la porte est n'est pas fermée.
Elle l'ouvre alors d'un grand coup de pied digne d'un Mauvais. Et la future sauveuse de Kipu d'entrer vaillamment. Ça c'est de la mission de chevalier, hein !
Le buste bombé, menton redressé, allure souveraine, elle essuie toutefois ses pieds après la porte -eh oui, on peut être chevalière et polie- avant de partir dans l'exploration de la demeure. Se laissant guider par le cri puissant du bébé, elle trouve rapidement le berceau du dit Kipu, sans croiser quiconque. Elle prend donc l'enfant dans ses bras, bien décidée à l'emmener ailleurs. C'est encombrant, lourd, bruyant. Et ça se prend comment ? Le bébé n'en braille que plus. Finalement, une main sous les fesses du petit, l'autre contre son dos, plaqué contre elle, ça a l'air de tenir plutôt bien. Et même qu'il se calme un peu.
Fière de son larcin de larcin, elle s'imagine déjà le rendant à sa famille véritable, en héros. Elle fait quelques pas, sort de la pièce. Avant d'entendre des... gémissements ? Curieuse comme pas deux, et pas un poil intimidée par le décor inconnu, elle s'en rapproche. Entrouvre une autre porte, du pied.
Sur un lit, une dame.
Elle la regarde, par dessus l'épaule de Kipu.
Bonjour.
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